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Economie - Page 26

  • Deal Corée-Europe, quelle est la compensation ?

    L'Europe vient de passer un accord de libre-échange avec la Corée du Sud. Enfin, quand je dis l'Europe, j'entends par là la Commission, et, de surcroît, pour s'appliquer, le traité doit être ratifié par le Parlement européen. La Commission a été prudente : 

    Les mesures de sauvegarde permettraient à l'UE de suspendre l'octroi de réductions supplémentaires des droits de douane ou d'augmenter ceux-ci pour atteindre les niveaux précédents, au cas où des taux plus bas entraîneraient une augmentation excessive des importations en provenance de Corée du Sud, portant ou menaçant de porter un préjudice grave aux producteurs de l'UE.

    Le texte de l'accord est disponible sur le site du Parlement européen (cliquer sur le 17 février). J'ai évidemment parcouru le texte de l'accord. Il faut préciser qu'une mesure de sauvegarde ne dure que deux ans, exceptionnellement quatre, mais jamais plus.

    Il faut également préciser qu'un état peut faire une demande, mais que c'est la Commission qui prend la décision de juger la demande pertinente ou non.

    Le projet de traité accorde aux produits coréens des baisses de droits de douane tels qu'ils sont actuellement fixés. La Corée fait de même avec les produits européens. Si une mesure de sauvegarde doit s'appliquer, le taux revient à la case départ ou peut même être augmenté, mais attention, à certaines conditions : l'accord UE-Corée demeure encadré par les règles de l'OMC. Les règles de l'OMC prévoient que l'on ne peut pas faire de discriminations (en principe) entre ses divers partenaires commerciaux. C'est ce que l'on appelle la clause de la nation la plus favorisée. La règle prévoit des exceptions, notamment les accords spécifiques de libre-échange. 

    Le projet spécifie qu'une hausse du droit de douane ne peut excéder le taux de la nation la plus favorisée. Ceci signifie, en somme, qu'on ne peut imposer plus les produits coréens que ceux des autres pays non concernés par des accords spécifiques.

    Il est assez étonnant, finalement, ce traité, avec ses sous-entendus et ses non-dits : voyons, qu'est-ce qui pourrait mettre en danger des pans de notre industrie ? Eh bien au premier chef le dumping social, c'est à peu près évident. C'est bien ce qu'a pressenti Marielle de Sarnez, euro-députée MoDem-ADLE, en faisant observer que pour garantir une concurrence qui soit vraiment loyale, il faudra bien que les normes sociales, sanitaires et environnementales soient prises en compte dans les accords commerciaux. Ceci est inéluctable.

    La Commission (pour une fois !) a pris ses précautions. A la fin du projet de traité, il y a une annexe (Annexe I) qui reprend une déclaration de la Commission :

    La Commission observe que la désignation de zones de production délocalisée dans la péninsule coréenne, conformément aux dispositions de l'article 12 du protocole sur les règles d'origine, nécessiterait un accord international entre les parties, auquel le Parlement devrait donner son approbation. La Commission informera pleinement le Parlement concernant les délibérations du comité au sujet des zones de production délocalisée dans la péninsule coréenne.

    Eh oui, pas folle la guêpe...L'accord concerne des zones de production, pas uniquement des États comme entités, histoire de ne pas se faire avoir au tournant. La Corée ne pourra donc pas réaliser tranquillement sa production en Chine puis venir la proposer en Europe comme issue de Corée. Les annexes du traité comportent des mises en garde particulières sur le secteur automobile notamment pour les petites voitures.

    Le dumping social est un aspect, mais il n'est pas suffisant de lutter contre ce dernier pour s'assurer d'être compétitifs. Marielle de Sarnez appelle à une réflexion stratégique au niveau de l'Europe : l'Europe devra se doter, enfin, des instruments nécessaires pour conserver ou retrouver une capacité de production, industrielle ou agricole par exemple, et préserver - c'est absolument vital pour son avenir - son avance technologique.

    C'est une évidence. Il reste désormais au Parlement Européen à s'assurer que le projet d'accord repose sur des garanties solides, puisque pour l'instant, il relève essentiellement de la déclaration d'intention. Comme l'observe Marielle de Sarnez, ce traité est le premier à être signé (proposé pour l'instant) après l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Voyons donc ce que va donner cette Europe-là...

  • Crever à la tâche...

    Florent vient, dans son dernier billet, de pointer l'un des aspects majeurs de l'allongement possible (probable, en fait) de la durée de travail : sa concomittance ou non, non pas avec l'espérance de vie, mais avec l'espérance de vie en bonne santé.

    Les tableaux disponibles sur le site d'eurostat, émanation de la Commission européenne qui produit des statistisques pour toute l'Union européenne, viennent éclairer d'un jour sombre notre futur.

    On entend dire partout que l'espérance de vie croît. On s'en fout. Elle croît, mais dans quel état achevons-nous notre existence ? Par exemple, observons de près l'espérance de vie en bonne santé de 1995 à 2008 en Europe pour les hommes. Ah, ils sont beaux les centenaires dont on nous rebat les oreilles : il n'y a dans aucun pays d'Europe de progression linéaire. Il y a même souvent, d'une année sur l'autre, des régressions, et parfois importantes. En France, nous stagnons depuis 15 ans entre 60 et 63 ans, certaines années, plus proche de 60 ans, d'autres, davantage de 63 ans. En Autriche, les chiffres de dégradent depuis 6 ans. Les Autrichiens pouvaient, jusqu'à l'année 2003 espérer une bonne santé jusqu'à 64-66 ans, mais depuis, ils stagnent à 58 ans ! 6-8 années en moins ! Le Portugal oscille entre 59 et 60 ans depuis 15 ans.

    Que l'on ne s'y trompe pas : les exemples que je choisis ne sont pas des occurences particulières qui serviraient à illustrer spécifiquement mon propos. Non, au contraire, ce ne sont que des exemples parmi tant d'autres dans les données que j'utilise.

    J'observe tout de même dans beaucoup de pays une dégradation, parfois très nette, depuis 2003. L'Alllemagne autrefois entre 63 et 65 ans, n'est même plus à 56 ans pour l'année 2008.

    Ces chiffres lèvent les derniers doutes sur l'enjeu prioritaire qui attend notre société : il est de plus en plus difficile de travailler en raison de la pression continuelle qui s'exerce sur les salariés de toute obédience et de tout niveau. Pour pouvoir travailler plus, il faut être en bonne santé. Améliorer la santé à partir du troisième âge est désormais un enjeu social et économique prioritaire.

    Je ne crois pas aux fariboles gauchistes qui consistent à expliquer que le capital paiera. Oh, certes, on pourra le faire payer un peu, mais il n'y aura pas de taxation efficace qui permettrait de financer l'intégralité de nos recettes. Ce ne peut être que le travail en premier lieu qui peut financer les futures retraites. Mais pour que cela soit possible, il faut que le corps social soit en état de travailler, faute de quoi, nous irons vers une dégradation considérable de nos conditions d'existence.

    Je m'étais intéressé à la DHEA, il y a quelques années, cette hormone capable de redonner tonus et énergie aux hommes et aux femmes dès 45 ans. L'inconvénient, c'est qu'elle est aussi fortement soupçonnée de favoriser le cancer...D'où, par ricochet, la nécessité d'agir contre ce fléau. Nous avons fortement progressé en médecine curative, dans de domaine, mais encore bien peu en médecine préventive, parce que nous peinons toujours à en comprendre les mécanismes et surtout la source. Qu'est-ce qui fait qu'une cellule dégénère ? On ne le sait toujours pas clairement.

    D'une certaine manière, je me dis qu'il y a deux voies pour aborder notre vieillissement : soit tenter de faire face par la science en tentant de dominer notre propre amenuisement, soit se détacher des choses terrestres et du corps, chemin, finalement de la philosophie et de plusieurs religions.

    Le MoDem faisait de la santé l'un de ses biens premiers, dans son programme européen. A ce stade, ce n'est même plus un bien premier, mais une nécessité économique prioritaire...

  • 2020, Odyssée des retraites...

    J'ai été contacté, il y a peu, par l'Observatoire des retraites mis en place par la BPCE (Banque Populaire - Caisse d'Épargne). Il s'agit pour moi de participer à des entretiens avec des experts autour de questions touchant aux retraites et à leur avenir. Le premier thème, hier après-midi, interrogeait la pérénité de la toute récente réforme des retraites.  Il y avait là Librement vôtre, blogue libéral assez connu dans la sphère du même nom,  méridianes, un blogue économique dont je découvrais l'auteur pour l'occasion, et la charmante Agnès Verdier, présidente de l'IFRAP. Nous étions réunis là par les bons offices du cabinet de conseil Image et stratégie.

    En admettant que les estimations de croissance, de chômage et de démographie soient correctes, il apparaît que l'actuelle réforme garantit un équilibre en 2020, mais, après, c'est l'obscurité la plus totale. J'ai cru comprendre que ce qui permettait d'assurer le financement définitif des retraites, dans le plan de Fillon et Sarkozy, c'est le Fond de réserve des retraites mis en place par...Jospin ! Le problème, c'est qu'en 2020, il sera complètement épuisé ; si le système n'a pas trouvé son équilibre à ce moment-là, ce qui est plus que  probable, les retraites entreront dans une zone de très importantes turbulences. Je vous laisse imaginer l'image si je vous dis que des turbulences importantes peuvent provoquer un crash aérien...

    Rien d'étonnant, dans ces conditions, à ce que nous nous soyons penchés sur les diverses perspectives qui s'ouvraient à notre système de retraites. Ce qui paraît en fait patent, c'est que les retraites ne peuvent être traitées efficacement seules : elles participent d'un projet global, quel qu'il soit, qui touche des segments différents de notre société, mais qui ont la particularité de tous être liés entre eux.

    Nous avons choisi lors de cette réunion une perspective finale toutefois unique : celle de travailler davantage. C'est donc autour de cette hypothèse que chacun a essayé de donner sa propre vision des choses. Il est apparu assez vite que nous ne pouvions envisager un allongement de la durée de travail sans évoquer d'une part la mobilité de l'emploi, d'autre part le rapport que les Français entretiennent avec leur travail. Difficile de demander aux Français de travailler davantage s'il n'y a pas un aménagement des fins de carrière, c'est à dire des conditions de travail, et tout autant s'il n'y a pas un plaisir, une réalisation dans le travail. De la même manière, seule une véritable mobilité de l'emploi permet d'envisager plusieurs carrières dans la vie d'un travailleur, y compris quand il parvient à l'âge de la retraite actuelle. 

    L'inconvénient, c'est que l'incroyable multiplicité des régimes de retraites est un frein puissant à cette même mobilité : comment envisager sereinement de changer de vie professionnelle s'il faut reprendre le décompte des cotisations à zéro et que l'on ne s'y retrouve pas ?

    La solution la plus évidente, c'est un système universel. A ma connaissance, seules les formations centristes ou proches du centre (MoDem, Alliance Centriste, Nouveau Centre) y sont favorables. C'est le principe de la retraite par points, ou encore des comptes notionnels, en vigueur en Suède. Agnès Verdier de l'IFRAP m'a semblé quant à elle, partisane d'un alignement pur et simple des retraites, indépendamment de toutes considérations de points ou non.

    Toute réforme dans le domaine des retraites a un impact psychologogique si important que nous n'avons pas esquivé cette dimension essentielle. Notamment, Alain Tourdjman, Directeur des Études, de la Veille et de la Prospection à la BPCE faisait remarquer que les angoisses sur les retraites étaient telles qu'il ne paraît pas pensable de proposer quelque réforme que ce soit dans donner une garantie de sécurité aux Français. Je tends à penser, pour ma part, et je l'ai dit, qu'il faut même leur donner un espoir.

    Yann Benoist-Lucy et Loïc Le Bivant, respectivement Directeur-adjoint et Responsable Veille de l'Observatoire donnaient alors des précisions sur les représentations des Français en ce qui concerne leur retraite ; les Français se représentent leur retraite en trois phases :

    - la retraite heureuse : c'est l'âge des possibles. Dégagé des contingences de la vie professionnelle, et sans doute aussi de la vie familiale, le Français peut se livrer aux activités qu'il a toujours voulu pratiquer sans pouvoir le faire faute de temps et d'état d'esprit disponibles.

    - la santé précaire : passé le cap des dix premières années, les premières alertes importantes en  termes de santé apparaissent. Cet âge-là se replie sur le domicile et sur des problématiques spécifiques à la gérontologie et à la gériatrie.

    - l'âge de la dépendance : c'est le dernier âge, il devient difficile de vivre seul. Le sujet préoccupe les politiques; Nicolas Sarkozy l'a longuement évoquée dans son allocution, la mairie de Paris, quant à elle, envisage un plan de grande ampleur pour y faire face.

    Si les Français ont l'impression de devoir passer directement de la vie professionnelle à la phase 2 (voire 3 !!!) de leur retraite, toute réforme sera très mal engagée, personne n'ayant le désir de renoncer au bonheur espéré.

    Cela pose évidemment la question de notre intégrité physique et mentale à des âges avancés : l'espérance de vie a considérablement progressé, mais il en va tout autrement de notre espérance de bonne santé et de bonne condition physique. Or, ces dernières sont des conditions sine qua non de la retraite heureuse...

    Puisque nous devisions du financement des retraites, je me suis empressé d'enfoncer la porte qui n'était pas ouverte : ce que peuvent proposer des banques aux particuliers terrorisés que nous sommes...Le choix de la BPCE est de garantir une neutralité totale à son observatoire. A cette fin, il a donc été choisi de ne pas étudier cette question dans le cadre de l'observatoire. Elle est pourtant intéressante à mes yeux. Le sort des retraites fait l'objet d'un important déficit de confiance, tous les sondages le montrent. Les complémentaires retraite qui existent à l'heure actuelle ne séduisent guère les Français : peu lisibles, elles donnent l'impression d'absorber des revenus sans garantie claire pour le futur. Sur ce point, Alain Tourdjman faisait même observer qu'il lui paraissait difficile de proposer un produit d'épargne-retraite sans une garantie de l'État.

    Je pense que la vraie question, c'est celle du financement pérenne. Les Français se défient des fonds de pension : soit ils se comportent en hyper-prédateurs extrêmement agressifs sur les marchés financiers, soit, au contraire, en colosses aux pieds d'argile entraînant dans leur chute des milliers si ce n'est des millions d'individus. On l'a encore vu avec les turbulences de la finance ces dernières années. Les libéraux qui rêvent d'une retraite par capitalisation ont donc peu de chances de voir leurs vues triompher avec de telles options.

    Il me semble, pour ma part, qu'une banque qui parviendrait à proposer une épargne-retraite durable, avec un capital émergé et récupérable, capable de rassurer les Français, aurait une carte à jouer. Une très grosse carte à jouer, même. Seulement, voilà, quand je parle de placements pérennes, je ne parle pas de placements à 10 ou 20 ans. Je parle de structures financières qui traversent une, deux, voire trois générations. C'est ainsi qu'il faut penser la retraite. 

    Il n'existe rien de tel en France, les placements les plus lointains finissant à 12 ans, au mieux. Il ne faut donc plus penser en termes de placements, mais en termes de structures financières.

    Des structures financières pérennes existent en droit anglo-saxon : des fondations, des trusts, par exemple, peuvent quasiment traverser un siècle. Pensées pour assurer l'avenir de plusieurs générations successives, ces structures s'adaptent particulièrement bien à nos problématiques de retraites. Si l'on quitte le champ du contournement fiscal et les a priori moraux convenus, il y a là une piste, je le pense, vraiment intéressante à explorer. Sans répliquer exactement ce que font les Anglo-Saxons, on pourrait penser que les banques mettent au point des structures financières destinées à assurer l'avenir et dont la fiscalité serait particulière. Cela suppose évidemment une réflexion et une collaboration au plus haut niveau de l'État sur ce sujet. Une piste, en tout cas, dont j'ai proposé l'exploration lors de ces entretiens.

    Il restait à envisager la retraite sous son aspect philosophique. Il se trouve que je l'ai déjà traité dans un billet précédent, quand j'ai découvert cet observatoire et ses experts. Ce qui a été dit lors de la réunion a globalement repris les observations de Pierre-Henri Tavoillot sur le site de l'Observatoire. Je ne m'étends donc pas dessus.

    J'ai essayé d'être exhaustif, mais, fatalement, parce que la mémoire sélectionne, à tort ou à raison, j'ai certainement omis bien des moments de ces discussions très riches. Je n'exclus donc pas d'y revenir à l'avenir, d'autant que ces conversations ne sont sans doute pas les dernières.

  • Générations futures (MoDem)

    J'aime beaucoup le message que Bayrou et le MoDem adressent à la jeunesse de notre pays. J'y retrouve tous les thèmes qui me sont chers, ou presque.

    - le remboursement de la dette , 1er budget de l'État, et croix des générations futures

    - sanctuarisation des moyens de l'Éducation Nationale

    - écologie positive et réaliste, compatible avec l'économie (c'est le rôle des les politiques que de les rendre compatibles)

    - relocalisation des productions industrielles, artisanales, agricoles et de service, fers de lance d'une nouvelle politique de l'emploi



    CLIP EXPRESSION DIRECTE - GENERATIONS FUTURES
    envoyé par mouvementdemocrate. - L'info internationale vidéo.

  • TVA sociale ?

    Copé vient de relancer le débat sur la TVA sociale. J'y ai bien réfléchi de mon côté. Il me semble que là où le bât blesse, c'est le risque que les entreprises ne répercutent pas les baisses de charges reversées dans la TVA sur les salaires. Dans un tel cas de figure, la TVA sociale aboutirait à diminuer sérieusement le pouvoir d'achat. 

    Il y a peut-être une solution : établir par une loi contraignante la stricte réciprocité entre surcharge de taxe sur la valeur ajoutée et décharge de charges sur les cotisations sociales.

    Solution neutre pour les entreprises, mais qui améliorent leur compétitivité vis-à-vis des concurrentes qui délocalisent ou produisent là où les coûts salariaux servent de variables d'ajustement.

    Dans ces conditions, on pourrait, comme le suggère Jean Arthuis, augmenter la TVA de 5 points. Le surcroît de production locale permettrait de dégager des emplois supplémentaires et des revenus en plus en termes de taxes et d'impôt.

    In fine, compte-tenu du poids de notre protection sociale et de la concurrence sauvage qui sévit sur les marchés, il est foncièrement illogique de faire peser les charges sur le travail et l'entreprise. C'est le produit fini qui doit financer la protection sociale, de manière à ce que le dumping social pèse de moins en moins lourd dans le coût final du produit.

  • Piketty et la météo

    Tiens, j'ai une bonne blague : Thomas Piketty vient de sortir d'une salle de conférence sur sa révolution fiscale.  Le public commence à quitter les lieux de l'exposé. L'un des auditeurs marmonne, passablement agacé par les propos de l'économiste : mais pourquoi Diable, Dieu a-t-il inventé les économistes ?

    Et une accorte jeune auditrice, sa voisine, de lui répondre alors : pour tenir compagnie aux météorologues...

    Texte librement adapté par l'hérétique...

  • Piketty, Révolution et dékoulakisation...

    Il est à la mode Thomas Piketty. Moi, il m'énerve ce gars-là. Je me méfie toujours de ceux qui sont dans la tendance. Sa dernière trouvaille géniale, c'est de taxer plus pour une parité fiscale renouvelée. Polluxe vient d'exposer quelques éléments de sa révolution fiscale. On atteint, là, je le crois, un sommet dans l'hypocrisie et la mauvaise foi. Piketty nous fait un raisonnement à la mord-moi-le-noeud pour nous expliquer que le quotient familial actuel favorise des couples inégalitaires, c'est à dire des couples où l'homme gagne beaucoup et la femme peu. Adieu le quotient familial qui sera remplacé par une exonération forfaitaire selon le nombre d'enfants. Et Piketty de se réjouir : on va ainsi mettre fin à un régime qui favorise l'inégalité. Mon Dieu, si je ne me retenais pas, je crois que les noms d'oiseaux fuseraient tant les bras m'en tombent à contempler le niveau de l'argumentation.

    Piketty qui se pare des oripeaux de la justice sociale veut juste taxer plus. Il entend bien faire des économies sur le dos des familles, parce que son raisonnement démago au possible, il aboutit surtout à taxer davantage les familles nombreuses qui disposent d'un certain revenu. Encore de la dékoulakisation.

    Piketty fait partie de cette meute qui hurle  sur les riches comme les Marat de 1789 jurant d'avoir la peau de tout ce qui pouvait dépasser (de la guillotine...).

    Piketty tord ses raisonnements cheveu par cheveu pour démontrer son propos. Par exemple, il observe que les classes modestes épargnent moins que les plus aisés. Or, considérant le taux de la TVA, il note que les impôts indirects qui s'abattent sur la consommation sont plus importants que ceux qui touchent l'épargne. En somme, plus l'on consomme, plus l'on paie d'impôts. Comme les plus riches mettent plus d'argent de côté que les plus pauvres, parce qu'ils en ont les moyens, une partie conséquente de leurs revenus, celle qui n'est pas dépensée en biens de consommation, est évidemment moins taxée. Et comme il existe des plafonnements, la taxation sur le capital est finalement dégressive au fur et à mesure que celui-ci s'accroît.

    Ja, Der Grösss Kapital ! ça y en a être bien pratiken. Kapitalitsky, ça sonne comme salaud de Kapitalist exploiteur du peuple... C'est le truc de la gauche, en ce moment, et même d'une partie des centristes, MoDem et Alliance centriste inclus : opposer le capital et le travail. Comme si dans les produits de l'épargne, il n'existait pas diverses formes de capitaux s'investissant eux-mêmes différemment. Au passage, quand les revenus du capital consomment, ils paient bien la TVA. Donc, le capital, lui-même, à ce moment-là, devient plus taxé que le revenu du travail. En outre, quid de l'accumulation de capital qui sert à différer un achat ? Quand l'achat se réalise, même phénomène : le revenu est à nouveau taxé. Je ne doute pas de la compétence de Piketty, mais son procédé est un peu gros, et je ne doute pas non plus qu'il occulte sciemment cet aspect des choses.

    A vouloir la simplification fiscale, on s'ôte finalement la latitude d'ajuster finement la fiscalité. Sans être un laudateur inconditionnel de la multiplication des niches, je demeure attaché à un système fiscal capable de cibler des objectifs précis, ce que ne permettrait pas le gros rouleau compresseur de Piketty.

    Piketty a deux buts : a) un objectif technique qui est de faire rentrer le plus de sous possible dans les caisses, et, pour cela, tous les arguments idéologiques bidon sont bons b) un objectif idéologique qui est de sacrifier à la doxa ambiante et de faire du riche le bouc-émissaire de tous les maux de nos sociétés. Sauf que, attention : avec Piketty, on ne parle plus de 1 pour mille des contribuables, mais de 10% qui vont casquer encore plus. Et j'ajoute autre chose : en dehors de la consommation, 50% des foyers français ne paient plus d'impôts sur le revenu. Donc, quand on parle de 10% qui vont casquer, ce sont 20% de ceux qui paient l'impôt direct.

    Piketty, avec ses koulakeries fiscales, nous prépare un sacré coup de matraque (pardon, de massue, plutôt) sur la tête. Et ce sont ceux qui sont déjà taxés qui le seront à nouveau...

  • Bayrou a bien sûr raison, y compris à 1,2 millions !

    Tiens, pan sur les naseaux de mon ruminant favori ! Il reproche à notre François (Bayrou) national une sortie inconsidérée à propos de la future taxe qui frappera résidences principales et résidences secondaires. Motif ? Les résidences principales ne seraient taxées qu'à partir de 1,200 000 d'euros. So, what ? et alors ? 1,200 000 euros c'est le Fouquet's ? Bon sang, il faudrait revenir un peu les pieds sur terre. En dix ans, l'immobilier français a littéralement explosé. Un appartement parisien qui valait 500 000 euros il y a 10 ans en vaut plus du double aujourd'hui. Rien que l'année passée (2010) la pierre a pris 20% dans la capitale. Et le mouvement d'augmentation a touché toutes les grandes villes à des degrés divers. Bien sûr, 1,2 millions, cela vous fait appartenir aux classes favorisées. Et alors ? Faut-il pour autant faire payer ces enc... de salauds de fils de p... (nique leur mère) de bourgeois ? Allez, on dékoulakise, comme en 1932 en Ukraine ? Compte-tenu des hausses vertigineuses, il faut concevoir qu'il n'est plus rare à Paris qu'une famille ne dispose que de son bien immobilier et d'un emprunt non moins vertigineux. La famille peut avoir un bon cash-flow, un très bon cash-flow, même, cela n'en fait pas pour autant une grande fortune.

    Il faut se coller dans la tête, Nom de Zeus, qu'on n'est pas dans un marché de l'immobilier spéculatif, à l'heure actuelle. Les gens cherchent simplement à se loger, et ils n'ont guère le choix de faire autrement que de payer très cher, qu'ils achètent ou qu'ils louent ! Taxer le logement dans les circonstances actuelles, c'est particulièrement inadmissible alors que la pression est déjà très forte.

    Une telle taxe qui s'ajouterait aux droits de mutation va évidemment contribuer à glacer la mobilité, Bayrou a parfaitement raison, et pas qu'à Paris, d'autant que le seuil de 1,2 millions sera vite explosé dans les années à venir. Sans parler des hausses de prix, le seul jeu de l'inflation mettra à portée de taxes une foultitude de propriétaires supplémentaires d'ici 10 années. On sait le sort des nouvelles taxes : conçues et prétextées pour de courtes durées, elles s'installent ensuite dans le paysage.

    Nicolas a en outre complètement occulté la seconde partie du projet, à laquelle s'applique évidemment le fond du raisonnement de Bayrou. L'UMp veut fortement relever les taxes foncières sur les résidences secondaires. Ce sont ces maisons que l'on retape, dont parle Bayrou. A Paris, je connais plusieurs gardiens d'immeubles qui disposent de leur loge, comme résidence principale, et, qui ont acheté à la sueur de leur front, et c'est vraiment le cas de le dire, une petite résidence secondaire en banlieue ou au bord de la mer. Ils vont être les premiers frappés, et ce ne seront pas les seuls. Des Parisiens qui n'ont pas de principale (trop cher !), même aisés, et qui ont une secondaire, j'en connais plein.

    Bayrou, je le rappelle à Nicolas, n'est pas pour la suppression de l'ISF, il est pour sa transformation avec une taxation douce, dans le cadre d'une grande réforme de la fiscalité du patrimoine. Toutefois, en l'état actuel de nos finances, il s'oppose à un projet qui mettrait à mal encore davantage nos finances publiques. Et il s'oppose encore davantage à un projet de suppression qui avaliserait en douce des inégalités croissantes.

    Plus généralement, je suis radicalement opposé à la croissance des taxes sur la résidence principale. Elle est déjà incluse dans l'ISF, ce que j'estime scandaleux et spoliatoire, je l'ai écrit à de nombreuses reprises ici. Attention au discours qui se généralise au sein de toute la classe politique, y compris au MoDem, sur les "riches". Moi, je me souviens encore du "Moi, j'aime pas les riches" de Hollande. On est toujours le riche de quelqu'un, il faut bien se le dire. 

    La résidence principale, c'est la construction d'une vie, c'est ce qu'on laisse à ses enfants. Ce n'est pas spéculatif, Christian Jacob, le patron des députés UMP a raison de la souligner (et j'espère donc qu'il votera en conséquence...). Bref, Bayrou a promis qu'il combattrait le principe même de telles taxes, et je l'en remercie. Je compte sur lui, et j'espère que sa position fera son chemin au sein des troupes centristes et démocrates.

  • La Tunisie et la boîte de Pandore

    Un étrange silence semble avoir gagné la classe politique française dans son ensemble, dès lors que la presse évoque la situation en Tunisie. Michèle Alliot-Marie s'est bien gardée de communiquer, même si son porte-parole a appelé au calme en Tunisie, et, Frédéric Mitterrand s'est refusé à qualifier la Tunisie de dictature univoque.

    L'expérience de la décennie qui vient de s'achever a certainement rendu la classe politique française prudente. Oui, la Tunisie est actuellement sous la coupe d'un régime despotique et corrompu. C'est vrai. Il a été réélu en 2009 avec un score qui dénotait clairement un suffrage bien peu démocratique. Certes. 

    Mais, il convient de considérer l'autre facette de la situation. Quand Ben Ali a été réélu, il était populaire. Sa cote de popularité n'épouse sans doute pas ses scores électoraux, mais elle repose vraisemblablement sur un socle très solide.

    Le pouvoir tunisien, en dépit de ses multiples violations des droits de l'homme, a maintenu le pays en dehors de l'orbite islamiste sans que la population grogne outre mesure. On sait actuellement qu'il y a de l'agitation en Tunisie, on sait même pourquoi, mais on ne saurait déterminer qui profiterait exactement de cette agitation si elle aboutissait à une nouvelle donne politique. Voilà où le bât blesse.

    Considérons l'Irak de Saddam Hussein. Le chef d'État irakien a commis de nombreux crimes plus indignes les uns que les autres, mais, sous son règne, l'Irak avait un niveau de vie convenable, les femmes bénéficiaient d'un statut meilleur et les minorités religieuses jouissaient de droits reconnus. 

    Du point de vue de la morale, éjecter Saddam Hussein était une bonne chose. Mais était-ce une bonne chose pour les Irakiens in fine ? Au prix de combien de morts ? 

    Mon propos n'est pas de dire qu'il faut soutenir le vieux dictateur coûte que coûte ; je me demande simplement quoi faire si l'Europe, particulièrement la France, choisit de prêter une oreille attentive aux actuels insurgés.

    Mon expérience d'observateur de la vie politique internationale me conduit simplement à conclure que si l'on n'a rien de viable à proposer, alors mieux vaut se taire plutôt que d'ouvrir la boîte de Pandore, ou, tout du moins, infléchir  de manière discrète une situation politique intérieure.

    Ce que paie Ben Ali, in fine, je crois, c'est une promesse non-tenue : les Tunisiens pouvaient accepter la chape de plomb qui pèse sur leur pays contre la prospérité économique, ou, au moins, la liberté de commercer. Je crois que c'est ce qu'évoque très justement Mahmoud Saïdi, un étudiant en droit d'origine tunisienne.

    Il me semble, je l'avais observé en commentant ici l'Esprit des Lois de Montesquieu, que c'est la nature des régimes despotiques de tôt ou tard entraver le commerce. La Tunisie ne déroge pas à la règle : les fonctionnaires corrompus se nourrissent d'un juteux commerce de licences à coups de pots de vin, qui finissent par assécher le marché tunisien et empêcher les plus modestes, même quand ils sont entreprenants, de survivre.

    Un régime despotique ne comprend pas le langage du droit appliqué à la démocratie ; en revanche, il est tout à fait capable de se représenter ce que sont des pressions commerciales et la langue du commerce. Si nous Français, ne faisons pas pression dans le domaine politique, nous pouvons le faire, en revanche, dans le domaine commercial, pour exiger des règles de fonctionnement du marché libres et transparentes. C'est d'ailleurs, presque toujours par ce biais que la démocratie libérale s'installe. Soit le régime évolue vers la démocratie, soit il périclite, une fois que le marché s'est installé en son sein.

    Comme l'écrit Mahmoud Saïdi, le gouvernement tunisien, dans son obsession de contrôle, s’est en effet évertué à exercer une maîtrise étroite sur l’économie à travers le système des licences auquel s’est couplée une corruption généralisée des fonctionnaires, conditionnant l’accès à l’emploi et la création d’entreprises. Plus personne ne croit au « miracle économique tunisien », et pour cause : un miracle ne peut survenir dans une économie dirigée de manière autoritaire, pillée par des mafias proches du pouvoir, sclérosée par le clientélisme et la corruption à tous les niveaux. Et même si des efforts de réforme vers plus de transparence ont été menés récemment, le passif est trop lourd. Le gouvernement s’est borné à ravaler la façade de la Maison Tunisie, tandis que ses fondations s’effritaient continuellement. Et il est en train d’en payer le prix

    C'est exactement cela...

  • La bombe démographique sera mondiale

    La population mondiale continue de croître, mais en dehors de certaines zones de l'Afrique, de l'Afghanistan et du Pakistan, et de quelques pays très pauvres, cette croissance n'est que l'effet de l'allongement de la durée de vie. Partout, le taux de fécondité s'est stabilisé, approchant 2 enfants par femme. En Chine, on en est même à songer à inverser la politique de fécondité du régime. En Inde, le taux est de 2.7, mais avec de fortes disparités : 3 et plus au nord, moins de 2 au sud. La Tunisie dont la jeunesse fait connaître bruyamment son mécontentement est à 1.85. Ce n'est pas mieux dans les autres pays du Maghreb.

    Les problèmes démographiques et les thématiques qui leur sont associées (montant des retraites, temps de travail) ne seront donc bientôt plus l'apanage des seuls pays développés. 

    A horizon 2050 ou 2060, avec l'élévation générale du niveau de vie de la planète (même si par ailleurs les inégalités de creusent) et l'amélioration de l'éducation des femmes (puisque dans les pays économiquement peu avancés, le fort taux de fécondité est avant tout l'expression d'une société patriarcale), la population mondiale devrait commencer à stagner, voire décroître.

    Il s'agira alors de bien considérer ce que doivent être les rapports entre les générations, et de reconsidérer le concept-même de génération.

    Il y a un défi absolument urgent pour la médecine : la médecine ne peut pas se contenter de gérer la vieillesse. Elle doit désormais reculer non pas l'âge de la mort, mais l'âge de la vieillesse. Pour qu'une société dont la durée de vie s'allonge soit viable, il convient qu'à 60 ans, on soit encore un jeune homme si l'on doit devenir centenaire.

    Aucune mesure d'allongement du temps de travail n'est tenable sans des recherches (et des résultats !!!) très poussés dans ce champ de la médecine. La gériatrie, la gérontologie, doivent changer de nom : l'athanatologie, néologisme que je forme en écrivant, d'ἄθανατος en grec, qui signifie "immortel" doit prendre leur relais. Comme l'écrit Christian Doré dans le Figaro, il faudra reprogrammer la vie.

    Les enjeux, en plus d'être sociaux et sociétaux, sont économiques : et ils sont mastodontesques. La santé et la jeunesse devenant un enjeu social majeur pour les équilibres des sociétés développées, ce sont des milliers de milliards d'euros qui pourront s'écouler dans le marché de la vie : des opportunités économiques qu'on peine à se représenter.

    Alors ? La vieillesse, une maladie comme les autres, finalement ? Question aux implications éthiques, voire métaphysiques,  lourdes et profondes, mais question qui mérite d'être posée désormais.