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Europe

  • Iran : l'Europe face à l'Amérique...

    Les USA menacent toutes les entreprises qui feraient du commerce avec l'Iran d'en subir les conséquences chez eux. Évidemment, les Européens sont concernés puisque nous sommes censés être de "loyaux alliés" de l'Amérique.

    Ça m'inspire quelques réflexions.

    Pourquoi, nous, Européens, on se couche ? On pourrait penser que se priver du grand marché américain, c'est quelque chose que l'on ne peut pas se permettre économiquement parlant. Mais à ce stade, rien n'empêche de retourner la monnaie de sa pièce à l'Amérique en répliquant avec notre propre marché.

    Je pense deux choses :

    a) on voit mal l'Europe s'aliéner l'Amérique pour un État économiquement mineur et alors même que cet État ne respecte pas 90% de nos normes démocratiques tout en foutant le feu au Proche-Orient au même titre que les Américains ces vingt dernières années. On ne le fait déjà pas pour les démocraties respectables ou mouvements politiques proches de nos standards, comme les Kurdes de Syrie, alors pour les mollahs...

    b) depuis toujours, notre défense est notre point faible. Nous sommes tributaires de l'Amérique de longue date, et, tout en lui crachant régulièrement dessus, nous savons très bien, très hypocritement, que nous avons besoin de son armée. Les Américains le savent bien, et en contre-partie, ils exigent que nous les suivions, même quand leur diplomatie devient délirante. Et là, il y a une quadrature du cercle dont nous ne pouvons sortir. Si nous devions faire le même effort de dépense que les USA, ou il faudrait renoncer à notre système social, ou nous risquerions tous une sérieuse sortie de route budgétaire. Ce n'est pas suffisant d'avoir une industrie européenne d'armement. Ce n'est pas non plus suffisant d'avoir une défense européenne. Il faudrait un budget militaire comparable à celui des USA. Et un équipement en conséquence : réarmement nucléaire, marine digne de nom avec porte-avions nombreux, flotte de chasse, avion AWACS et satellites militaires ad hoc, recherche militaire, et cetera. Je ne dresse pas la liste, je n'en finirais pas.

    Bref, le calcul est vite fait : cela coûte beaucoup moins cher de dédommager le cas échéant les entreprises européennes qui venaient juste de se réinstaller en Iran que d'affronter commercialement les USA d'autant que, contrairement aux Chinois qui détiennent leur dette, nous n'avons que peu de moyens de pression sur eux.

    Tout ça pour dire qu'on l'a dans le baba et qu'il n'y a plus qu'à se coucher.

  • UDI/MoDem comment capitaliser sur leur popularité ?

    Les cotes de popularité du MoDem et de l'UDI affichent une forme insolente dans le dernier sondage BVA du mois d'avril. 51% de bonnes opinions pour l'UDI, 48 pour le MoDem. L'UMP est loin derrière à 39% et toutes les autres formations en-dessous de 29%. De surcroît, les deux partis centristes ont une cote positive, c'est à dire moins de mauvaises opinions que de bonnes : 51 contre 43 pour l'UDI, 48 contre 47 pour le MoDem. Depuis leur association, leurs deux courbes sont devenues jumelles, se suivant à la trace. Et ce n'est pas tout : les deux principales têtes centristes, Bayrou et Borloo, caracolent aux premiers rangs des courbes d'influence et d'avenir.

    De ce côté-là, les indicateurs sont au beau fixe. 

    La difficulté est de parvenir à capitaliser toutes ces bonnes opinions aux élections européennes. Les centristes souffrent d'un handicap : si les Français connaissent tous Bayrou et Borloo, ils peinent à mettre un nom sur la plupart des autres figures centristes. A cela s'ajoute le cap traditionnel des centristes, toujours en faveur de l'Europe au moment où cette dernière n'a pas vraiment bonne presse, c'est le moins que l'on puisse dire.

    Le camp centriste a le mérite de toujours avoir proposé comme candidats des européens sincères, des bosseurs souvent experts, intéressés par les questions européennes. A côté de cela, UMP et PS recasent sans vergogne les défaits et les inaptes de leur propre camp à quelques exceptions près.

    La foi européenne des centristes parviendra-t-elle à bousculer des montagnes ? Je l'espère. Une chose dont je suis certain, et que je partage avec mes amis centristes, c'est que la France a tout à perdre, compte-tenu de son état, à affronter seule la mondialisation qui affecte toutes les économies du monde. Il est très difficile d'imposer ses règles tout seul, pour un pays moyen, mais à plusieurs on le peut. Et s'il se trouve que les partenaires que l'on choisit partagent à peu près vos préoccupations (n'est-ce pas le cas des autres Européens plus que tout autre ?) c'est plus facile.

    Analysons la situation de la France : de quels maux serait responsable l'Europe ? En réalité, aucun. Tout ce dont nous souffrons vient de chez nous.

    L'Alternative, c'est à dire le MoDem et l'UDI, porte l'idée européenne plus que tout autre. Il faudra lui donner les moyens de peser en votant pour elle afin de réformer l'institution européenne qui a bien besoin d'efficacité, de solidarité et de transparence.

  • Des voix fortes pour l'Europe, même sans Borloo !

    On ne peut pas dire que l'annonce de Jean-Louis Borloo tombe au bon moment : il renonce à la plupart de ses mandats et fonctions politiques. A vrai dire, depuis sa pneumonie, je n'étais guère optimiste. Il ne s'agit pas d'une maladie bénigne et s'en remettre prend beaucoup de temps et d'énergie. Incompatible avec une activité politique intense.

    Le malheur, c'est que cela se produit au moment où le centre est un peu en berne pour les élections européennes à venir. Nous sommes peu audibles et devons évoluer en terrain miné, avec une population fâchée contre l'Europe. 

    Nous avons besoin de voix fortes pour faire valoir nos propositions et dénoncer les mensonges éhontés de plusieurs de nos adversaires. 

    Borloo et Bayrou auraient dû être les fers de lance de cette campagne. Le premier est hors combat et le second, replié sur son Béarn.

    C'est vraiment dommage quand on observe que les sondages d'opinion renvoient une très bonne image des deux leaders centristes, désormais (2ème et 3ème chez Opinion Way, par exemple).

    Nous avons des leaders populaires, deux partis, l'UDI et le MoDem pas trop mal considérés, mais il nous manque un message lisible et nous devons évoluer en territoire hostile.

    Voilà une équation difficile. Nous avons choisi d'être Les Européens, ne passons surtout pas pour des eurobéats. Il ne faut en aucun cas défendre l'Europe telle qu'elle fonctionne et ne pas renvoyer les arguments de nos adversaires à de l'europhobie mais bien démonter qu'il y a tromperie sur la marchandise depuis longtemps et que cela, l'Europe n'en est pas comptable. Voilà pourquoi nous voulons une Europe dans laquelle les démagogues et les menteurs n'aient plus le loisir de tromper les peuples ni de berner les Européens dans leur ensemble.

    Je souhaite une campagne offensive, qui ne fasse pas de cadeaux à nos adversaires et qui montre que l'Europe peut bien plus pour les peuples qu'on ne le pense à condition qu'on la libère des chaînes dans lesquelles elle est entravée depuis trop longtemps.

     Je me souviens avec émotion de la plus belle image de ces dernières années en politique : c'est celle de François Bayrou évoquant le Théâtre d'Épidaure pour signifier la place des militants dans le parti politique qu'il venait de créer.

    Il y a là-bas une dalle qui propage le son avec une perfection irréelle vraisemblablement parce que l'édifice a été construit selon les proportions du mythique Nombre d'Or. Trouvons la nôtre et envoyons alors un message d'espoir à tous les Français.

  • D'où vient le succès des Salafistes...

    Je pense depuis longtemps que le djihadisme prospère sur le terreau de nos carences et je crois l'avoir même déjà écrit. J'ai eu plaisir à lire un entretien avec Samir Amghar, spécialiste du salafisme, car ce qu'il dit confirme très exactement ce que je pense.

    Il analyse avec une pertinence impressionnante le principal ressort du succès salafiste non seulement en Afrique ou en Asie mais aussi en Europe :

    Ce succès salafi correspond aussi à une demande de normes très strictes. L’individualité, clé de voûte de notre société moderne, est dure à supporter. Devenir salafi, c’est faire porter le poids de la vie par l’islam : les journées sont alors rythmées par les prières quotidiennes, les faits et gestes normés par un « code salafi ». C’est en quelque sorte une réponse à une crise de l’individualisme de la personne. Celle-ci devient salafie en s’affiliant à des groupes religieux intensifs forts, capables d’offrir des codes de sens et une sécurité apaisante. Ce sont des structures refuges, qui pensent dispenser la vérité, loin de toute forme d’incertitude qui peut paraître angoissante. Cette appartenance est aussi vécue comme un défi manifeste à l’opinion majoritaire. Les salafis pensent incarner un groupe dangereux ou redoutable pour les classes moyennes et supérieures, celles-là même qui, selon eux, maintiennent les musulmans dans un statut de dominés. Rejeté par les nantis, le salafisme fascine ceux qui ont un différend avec l’ordre social. En adhérant à l’islam de ces mouvements, les jeunes pensent s’opposer à la société des « puissants ».

    Ce qu'apporte le salafisme à la jeunesse en déshérence, nous autres Européens sommes incapables de l'apporter aussi, que ce soit sur nos territoires ou que ce soit via notre diplomatie. 

    Quand l'Europe utilise son soft power, c'est toujours via de lourds programmes chargés de bonnes intentions. Dans les faits, même quand on fait de l'humanitaire, on n'est pas efficace sans alliés. Il faut des relais. Les djihadistes le savent et comprennent bien que l'action humanitaire occidentale est sa rivale directe dans le domaine de la solidarité avec les plus précaires.

    Nous n'arrivons pas à nous constituer en réseaux de solidarité avec objectif politique pour contrer les salafistes qui eux, savent très bien associer l'un et l'autre.

    Il faudrait créer un renseignement européen pour identifier les acteurs locaux sur lesquels s'appuyer. Même s'ils ne sont généralement pas très puissants ou influents et que souvent, ils ont bonne presse seulement dans les milieux aisés, les partis libéraux et sociaux-démocrates devraient être nos partenaires privilégiés partout où le salafisme est puissant. Non seulement l'Europe a un intérêt direct à les aider financièrement, mais elle devrait les aider à mettre en place, eux aussi, de puissants réseaux de solidarité. Après tout, si les Communistes ont su le faire, pourquoi les libéraux et les démocrates n'y parviendraient-ils pas ?

    Être solidaires, redonner une dignité à ceux qui n'en ont plus, nourrir, aider à s'enrichir, voilà quelles devraient être nos priorités.

    Déboulonner le salafisme, cela suppose une diplomatie très fine : il faut trouver des alliés acquis aux idéaux démocratiques, experts en leur pays, pas des théoriciens de salons parisiens, londoniens ou genevois. 

    Il y a une particularité de l'Islam : le monde arabe ne représente pas même 10% des Musulmans et pourtant, il rayonne si fortement qu'il influence à lui seul un milliard de fidèles. C'est dire son impact considérable. On pourrait me répliquer que l'Iran chiite représente un pouvoir politique régional majeur. C'est vrai. Mais son impact sociétal sur l'Islam, a fortiori en Europe, est minimal au regard de la force ce frappe salafiste. Les immigrés musulmans d'Europe ignorent généralement tout des chiites et il existe fort peu de mosquées chiites sur notre continent. Dans tous les cas de figure, il n'existe plus de figures charismatiques capables de rayonner, comme le fut l'Ayatollah Khomeiny.

    Au fond, ce qui devient comique, avec l'Europe, c'est que pendant que nous négocions avec les dirigeants des pays arabes et versons des sommes considérables parfois, les Salafistes, appuyés par certains de ces pays, usent chez nous de leur propre soft power !!! Et il est autrement plus efficace que le nôtre si l'on en compare les effets dans chacune des deux sphères.

    Il y a à mon avis toute une branche du renseignement et de la diplomatie à créer ou à recréer. Ce sont des liens directs avec les peuples arabes qu'il nous faut créer, et ce n'est pas simple. En Europe, la France et l'Angleterre ont certainement un rôle à jouer car ce sont ces deux nations qui connaissent le mieux les nations arabes et qui ont le plus d'interconnexions avec leurs peuples. Il faut toutefois une révolution dans les mentalités de nos dirigeants et nos services diplomatiques pour pouvoir en tirer quelque chose d'intéressant.

  • Bourdouleix ou la haine ordinaire du Rom...

    Je me défie comme de la peste des postures moralisantes si chères à la gauche, notamment en matière d'ordre et de sécurité, mais presqu'autant des raccourcis nauséabonds d'une certaine droite, malheureusement essaimée sur tout l'éventail de l'échiquier politique.

    Tout comme l'UDF de Giscard (pas celle de Bayrou), l'UDI a voulu, à sa genèse, reconstituer la formation giscardienne et rassembler un attelage hétéroclite de sensibilités politiques parfois très éloignées les unes des autres.

    On trouve quelques reliquats de feu de le CNIP, une ancienne formation, intermédiaire entre FN et droite traditionnelle, au sein de l'UDI.

    Pas étonnant, dans ces conditions, de voir l'un de ses dignes représentants regretter que Hitler n'ait pas liquidé assez de Roms, comme l'a fait l'actuel maire de Cholet.

    L'UDI a sainement réagi et l'a viré illico presto si tôt la preuve produite. Il reste à mon avis encore du ménage à faire au sein de cette formation.

    Plus largement, cet épisode s'inscrit dans une haine ordinaire du Rom qui se répand comme une traînée de poudre en France, et je la trouve inquiétante pare qu'elle se nourrit de généralisations hâtives.

    Paradoxalement, elle prospère aussi sur un laxisme judiciaire de plus en plus insupportable. Si les maires avaient le pouvoir d'interdire à des nomades de s'installer n'importe où, certains dérapages seraient contrôlés. De même, l'angélisme avec lequel certains Roms sont traités par la justice révolte le quidam exaspéré par les "incivilités" comme on dit en novlangue de gauche.

    Mais, inversement, si les municipalités se décidaient à mettre en place des terrains (et je ne crois pas que cela soit si compliqué) pour les gens du voyage, et, de même, si les autorités nationales et européennes comprenaient enfin que des nomades ne sont pas des sédentaires, je pense que l'on pourrait avancer : d'une certaine manière, avec leur habitude de voyager partout en Europe, les Roms sont les premiers authentiques citoyens européens débarassés des frontières des États-nation...Ce n'est là pas le moindre des paradoxes !

    Il faut donc une législation européenne pour les Roms, et non des législations nationales, et une appréhension de leurs existences sous l'angle du nomadisme et non de la sédentarité.

  • Il va bien falloir renvoyer dans leurs cordes les guignolos du FN

    On parle souvent de dédiabolisation quand on évoque le Front National. C'est bien possible, mais moi, ce qui m'intéresse, c'est ce que ce parti propose.

    C'est dans le domaine économique, surtout, où je ne comprends pas le silence des économistes et la pauvreté du discours politique face au FN.

    On le sait, Marine Le Pen propose de quitter la zone euro, sortir de l'Europe et établir des barrières protectionnistes.

    Il y a bien sûr des nations qui vivent sans faire partie de l'Europe et qui ne s'en portent pas plus mal. C'est souvent ce que fait valoir MLP. Elle oublie un petit détail : ces nations mènent généralement une politique économique plutôt libérale et se gardent bien de fermer leurs frontières comment entend le faire MLP. 

    En sortant de l'euro, nous nous retrouverions immédiatement face à nous-mêmes, c'est à un dire un État endetté jusqu'à la moëlle sans la moindre ressource ni le plus petit soutien amical pour nous assurer les bas taux d'intérêt nécessaires à nos emprunts. 

    A vrai dire, il suffirait de ne pas emprunter, et, pour cela, réduire le déficit budgétaire. Il y a un petit problème : ce n'est pas le programme de Marine Le pen et ses promesses mirobolantes deviendraient intenables sans déficit majeur. 

    Pour rendre sa compétitivité à la France, elle serait contrainte à une sévère dévaluation du franc, de retour sur la scène nationale. Je rigole bien en mon for intérieur en songeant à ses électeurs contraints d'acheter écrans plats, téléphones, robots, et plus généralement objets technologiques importés à des tarifs d'autant plus prohibitifs qu'ils se prendraient dans les dents et la dévaluation de MLP et les taxes aux frontières imposées sur les importations.

    Les ânes qui lui auraient donné leur voix et qui travailleraient dans une industrie ou une entreprise exportatrice n'auraient plus que leurs yeux pour pleurer puisqu'ils se retrouveraient sans travail en raison des barrières douanières que ne manqueraient pas de nous retourner un certain nombre de nos partenaires commerciaux.

    Je ne dis pas que l'Europe  fonctionne bien, loin de là. Je ne dis pas non plus qu'il est impossible de sortir de l'euro. En revanche, je suis sûr d'une chose, c'est que ce que prévoit MLP pour le faire, c'est du pipi de chat.

    MLP espère se faire du fric en mettant fin à l'immigration. Sur l'immigration, il n'y a qu'une seule position qui vaille en France et elle est vraiment de loin la meilleure, c'est celle de Bayrou. C'est le Parlement après débat initié par le gouvernement qui doit voter le seuil d'immigration autorisé et nécessaire en France. A l'heure actuelle, les gouvernements décident, en catimini ou sur des bases idéologiques qui nous devons accueillir ou non. Sur un sujet aussi important, tout devrait être transparent ce qui suppose un passage par la case parlementaire. Il n'y a pas besoin de tout le blabla grandiloquent du FN sur le sujet pour parvenir à contrôler l'immigration. Plutôt que de dire qu'on ramène à tel ou tel chiffre le nombre d'immigrés sur le territoire français, mieux vait laisser le Parlement décider après avoir écouté les experts économiques. Si le Parlement dit que c'est 50 000, eh bien c'est 50 000, s'il dit que c'est zéro, c'est zéro et voilà tout.

    Il y a dans le projet du FN les mêmes travers que dans la méthode Sarkozy : le caractère systématique des mesures. Bayrou a toujours opposé aux roulements de tambour et aux moulinets de bras le cas par cas. Quand on évoque l'immigration, je pense souvent à ce petit tchétchène de 12 ans qui avait sauté d'une fenêtre tout en étant titulaire d'un prix d'orthographe : pourquoi on voulait l'expulser celui-là ? Parce qu'il fallait faire du chiffre. Je ne suis pas contre les expulsions, mais elles doivent être justifiées et, tant qu'à faire, réalisées sur des bases valables. Virer un champion d'orthographe française, par les temps qui courent, c'est particulièrement con. A peu près autant que l'idée imbécile de Guéant, en fin mandat sarkozyste, consistant à emmerder les étudiants étrangers pour les faire partir.

    Tiens, dans la catégorie débile, au FN, j'ai trouvé ça : la fameuse préférence nationale en matière d'emplois :

    Les entreprises se verront inciter à prioriser l’emploi, à compétences égales, des personnes ayant la nationalité française. Afin d’inciter les entreprises à respecter cette pratique de priorité nationale, une loi contraindra Pôle Emploi à proposer, toujours à compétences égales, les emplois disponibles aux demandeurs d’emploi français. Les administrations respecteront également ce principe, et la liste des emplois dits « de souveraineté » sera élargie, notamment dans les secteurs régaliens où les professions seront réservées aux personnes ayant la nationalité française

    Quand je vous dis que ce sont des guignolos, au FN...A deux titres : a) en règle générale, les entreprises privilégient de facto les nationaux b) quand elles engagent des étrangers, c'est qu'elles ne trouvent pas de Français pour faire le job. Feraient mieux de s'occuper de la formation, MLP et le FN...Qu'ils aillent en toucher un mot à la CGME et ses 200 000 emplois non pourvus sur les bras pour comprendre le fond du problème. Mais bon, à des guignolos, faut pas trop leur en demander, au risque de leur faire péter quelques neurones surnuméraires...

    Le programme du FN, c'est toujours de ce tonneau-là : du flan et du creux. Rien ne tient debout, presque tout est idéologique. Au fond, des postures assez communes que l'on retrouve notamment à gauche (pas la nature des postures mais le fait d'en avoir).

    La bataille des européennes approche : j'en bave d'impatience parce que j'ai bien l'intention d'être l'un des tous premiers à mettre en charpie le non-programme du FN. Si jamais j'étais invité à un débat de blogueurs face à un représentant bleu-marine, je m'y colle : il y a des illusions qui voleraient en pièces et on peut compter sur moi pour lui rentrer dans le lard en bonne et dûe forme...

  • L'Europe face aux patents pools

    L'Europe négocie , à l'heure actuelle, des accords de libre-échange avec les USA afin de créer un grand marché transatlantique. J'ai évoqué la nécessaire protection de notre modèle sanitaire si ces échanges doivent aboutir, mais il y a au moins un autre aspect qui m'intrigue en même temps qu'il m'inquiète pour nos PME.

    Il existe en droit anglo-saxon, une société à l'activité et à la structure un peu particulières : la patent pool.

    Son objet est de mutualiser le coût des licences nécessaires à l'exploitation d'une technologie spécifique. Les patents pools sont particulièrement actives dans le domaine des nouvelles technologies de l'information et de la communication.

    Dans le principe, l'idée n'est pas idiote : si 1000 licences différentes sont nécessaires à l'exploitation d'une technologie, la patents pool revend directement le droit nécessaire. L'inconvénient, c'est que la recherche évolue aussi et qu'au bout d'un moment, les licences de technologies  expirées continuent d'être revendues dans le pack.

    L'informatique n'est pas le seul domaine touché : les grandes firmes pharmaceutiques européennes n'hésitent pas à bloquer la production de médicaments génériques ailleurs, y compris ceux dont l'objet est de lutter conte le SIDA comme l'observait avec acuité Actup il y a deux ans.

    Un cas emblématique est celui de la technologie MPEG-2 : les licences de ce format d'encodage vidéo sont possédés par MPEG LA un regroupement de sociétés qui limitent son évolution ou sa réexploitation en imposant l'achat de la totalité d'entre elles.

    D'une certaine manière, il y a abus de position dominante, même si aux USA la patent pool concernée n'est pas tombée sous le coup de la loi anti-trust.

    Il resterait à savoir quel pourrait être l'avis du législateur européen sur la question, surtout s'il cherche à protéger ses PME.

    In fine, en digne hérétique lecteur de Schumpeter, je ne doute pas que cette position ne finisse par devenir instable. De deux choses l'une : soit la patent pool MPEG LA ouvre l'accès à sa technologie soit, tôt ou tard, un autre format émergera, se passant complètement des technologies à l'oeuvre dans MPEG-2 et ce sera alors la fin de cet encodage.

    Méfiance : parce qu'Apple n'a pas compris au début des années 90 qu'il fallait ouvrir ses ordinateurs, la société ne représente plus que 2% des ventes aujourd'hui sur ce domaine.

    Et parce que Microsoft ne comprend pas qu'un système d'exploitation doit être ouvert, Google lui taille des croupières peu à peu, avec un appétit toujours plus dévorant.

    Comme l'observe Steve Pociask sur le Huffington, à l'autre bout de la chaîne, c'est le consommateur qui règle l'addition finale. Gageons qu'il ne tardera pas à se lasser de payer cash pour du gratuit puisqu'au fond, c'est bien ce que fait MPEG en présentant la note pour des brevets qui ont expiré...

  • Europe/USA : Marielle de Sarnez invite la commission à ne pas lâcher n'importe quoi

    Il y a actuellement de monumentales discussions entre Europe et USA pour aboutir à un accord de libre-échange entre les deux zones économiques.

    Comme d'hab, la bien-pensance européenne, particulièrement chez nos voisins, est prête à saborder une partie de notre modèle pour ce qu'ils appellent "la croissance".

    Un jour, on devrait cesser de donner des indicateurs de croissance. La croissance, cela ne signifie pas grand chose au fond. On devrait cesser de la mesurer. Certains libéraux considèrent tous ces indicateurs comme des données falsificatrices qui occultent la seule vraie mesure du marché : l'offre et la demande.

    Bref, les valets de l'OMC et de la mondialisation*, installés à Bruxelles, formés au globish, francs admirateurs du libre-échange en version amerloque (il y a bien échange mais en réalité il n'a rien de libre) sont prêts une fois de plus à tout lâcher et notamment l'exception culturelle avec ces savants arguments :

    - si on ne lâche pas sur la culture, les Américains ne feront pas d'efforts sur la finance et tous nos efforts n'auront servi à rien

    et, encore plus fort

    - si l'accord n'aboutit pas, on sacrifiera les un ou deux points de croissance qu'ils nous rapporteraient.

    C'est marrant, ça me rappelle quelque chose : Bayrou fait souvent valoir que c'est chez nous que résident les problèmes qui entravent notre croissance économique, au contraire d'un Hollande qui espère toujours en un Deus ex machina pour lui porter secours.

    Eh bien, cette fois, c'est Marielle (de Sarnez) qui met en garde les Européns avec le même raisonnement : nos problèmes économiques européens proviennent de l'Europe elle-même. Par conséquent, sacrifier notre modèle européen en espérant un secours américain extérieur est à la fois suicidaire et débile.

    Parce qu'en somme, cela revient à accepter :

    a) de bouffer de la viande aux hormones

    b) de laisser Amazon décider de la ligne éditoriale de nos publications

    c) de renoncer à nos normes (environnementales, sociales, sanitaires)

    d) de couler tranquillement nos PME pendant que les Américains (et je ne parle même pas des Chinois) réservent des parts de marché aux leurs.

    On en revient toujours au même problème : ce n'est pas le Parlement européen, mais une commission non élue qui a le dernier mot, et, accessoirement, les chefs d'État. Tant qu'il n'y aura pas une véritable transparence et que les décisions européennes ne seront pas soumises au verdict démocratique, on continuera, comme le soulignait le rapporteur du dernier congrès du PDE (Parti Démocrate Européen), à voir dans l'Europe le principal vecteur d'une mondialisation imposée aux peuples.

    Comme le disait Bayrou ce matin, on aimerait que Hollande parle le même langage à Paris et à Bruxelles.

    Il paraît que la France est prête à mettre son veto sur l'accord pour préserver l'exception culturelle : que va-t-on nous demander de lâcher en échange ?

    Moi, je le dis, mieux vaut pas d'accord qu'un mauvais accord, primo, et parfois, je me demande si nos voisins européens et nous voulons vraiment la même Europe.

    *NDLR : n'est-ce pas Christian ? :-)

  • Le gouvernement économique européen de Hollande ? Mouarffff

    Bayrou a été vite en besogne en donnant quitus à Hollande de sa volonté de vouloir établir un vrai gouvernement économique en Europe.

    Je ne puis que renvoyer à l'excellente analyse de mon ruminant favori et j'en vulgarise la substantifique moëlle en quelques mots.

    En somme, Hollande propose ni plus ni moins que toute l'Europe écrase d'impôts les Européens sur le modèle de la France avec un service public et un État débordant.

    Comme le note très finement et justement Nicolas quand on veut mettre en place quelque chose de fort avec des partenaires on doit envisager des compromis.

    Je vois mal comment la France surendettée et mal gérée, dont la croissance est en berne et dont le déficit continue de se creuser peut se permettre de donner la moindre leçon aux pays du nord, Allemagne en tête, sur la solidarité et la protection sociale.

    Je les trouve ridicules tous ces socialistes (et pas qu'eux !) qui accusent l'Allemagne pour ne pas endosser la responsabilité de leurs vices et de leur démagogie.

    En réalité, le discours de Hollande est un gros flop. Il n'y a pas le moindre prémice de la plus misérable avancée. Rien pour l'Europe, zéro pragmatisme d'autant que la France n'est vraiment pas le modèle à suivre...

  • Casse du siècle à Chypre

    J'avoue être stupéfait parce qu'il se produit à Chypre et ce dans l'indifférence générale, au moins dans la presse.

    Les comptes crédités de plus de 100 000 euros vont être taxés à 60%.  Tous ceux qui avaient mis de l'argent de côté pour leurs vieux jours vont se trouver à la rue.

    Et il y a eu tout de même un imbécile fini au plus haut sommet de l'Europe pour expliquer que le plan de Chypre pouvait servir de modèle au reste de l'Europe. Quand on songe que Jeroen Dijsselbloem est le président de l'Eurogroupe, on demeure rêveur.

    Il n'y aurait donc qu'en Suisse que les capitaux seraient en sécurité ? Pire : faut-il penser qu'il n'y a de sûrteté pour les dépôts qu'en dehors de la zone euro ?

    Voilà le message. Imbécile !

    Le pire c'est que l'Europe a prouvé également que sa parole n'était pas fiable puisqu'elle avait assuré garantir les dépôts jusqu'à 100 000 euros et que finalement il n'en est rien.

    Dernier point, enfin, on ignore qui a pris la décision et il n'y a personne pour l'expliquer.

    Ce qui m'agace singuluèrement dans cette histoire c'est l'hypocrisie médiatique et l'absence totale de pédagogie pour expliquer le phénomène en cours à Chypre.

    Les moralistes de tout poil s'en donnent à coeur joie en expliquant que Chypre paie l'accroissement exponentiel de son secteur bancaire et ses pratiques en terme d'accueil de fons douteux sinon obscurs.

    Rien n'est plus faux. Cela n'a rien à voir et c'est un mensonge pur et simple. Les banques chypriotes paient leur exposition à la dette grecque.

    Il eût été plus pédagogique au niveau de l'Europe de traiter directement avec les banques chypriotes car ce sont elles qui ont besoin d'argent.

    Les États européens acceptaient de prêter de l'argent aux banques chypriotes mais les laissaient se débrouiller pour couvrir leurs pertes.

    En instaurant une taxe de 60% sur les dépôts, l'État chypriote et l'Europe se donnent tous les torts au lieu de laisser les banques face à leurs responsabilités.

    En somme, on pouvait obtenir le même résultat, sauver les petits épargnants, sans passer pour des voleurs.

    Toute cette histoire est navrante...