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salafisme

  • Le Salafisme rend fou !

    J'attends de disposer de bien plus d'informations sur "l'attentat" en Isère avant de me faire une religion (sans jeu de mots). On me dit que c'est un attentat terroriste. J'avoue mon scepticisme. Pas de complices, pas de préparation en amont, pas d'antécédents en dehors de la fréquentation des milieux salafistes, pas de casier judiciaire et une décapitation du patron. Cela ressemble tellement plus à un sordide règlement de comptes entre employeur et employé que j'ai du mal à croire une autre version. Il ne suffit pas de brandir le drapeau noir de l'État islamique pour pouvoir se cataloguer islamiste terroriste.

    La famille est abasourdie, les voisins également, l'épouse effondrée. Les enfants de l'auteur du crime jouaient tous les jours à l'extérieur de la maison. Personne n'a jamais rien remarqué. Il n'avait même pas de barbe significative ni vraiment de tenue ad hoc.

    On a longtemps fantasmé, à tort ou à raison, pendant la Guerre froide, sur les agents dormants des Soviétiques. Je ne crois pas que l'État islamique dispose d'une telle organisation. Je pense au contraire que c'est une entreprise opportuniste, une sorte de franchise, qui revendique tous les crimes perpétrés en son nom, orchestrés ou pas de concert avec elle.

    Le point commun entre tous les frappés de la cervelle qui ont basculé dans la folie, en revanche, c'est d'avoir toujours côtoyé peu pou prou les milieux salafistes. Beaucoup d'entre eux paraissant mener une vie normale à défaut d'être des gens normaux, on peut raisonnablement en déduire que ce courant de l'Islam rend fous ceux qui le fréquentent.

    La Miviludes (une mission inter-ministérielle) observe depuis plus de dix ans l'activité des sectes en France. Il est grand temps, me semble-t-il, d'associer le salafisme à ce qu'il est vraiment, une inquiétante dérive sectaire de l'Islam, et de l'interdire.

    Cela tombe bien, le 05 juin dernier, elle a auditionné Malek Boutih, député socialiste et ancien président de SOS-Racisme. Cette personnalité politique est sensibilisé depuis longtemps aux dérives islamistes.

    Le temps de prendre des décisions politiques nécessaires est venu. Interdisons le salafisme partout où il se trouve et considérons-le pour ce qu'il est : un mouvement sectaire qui menace la sécurité non seulement de la France mais de la planète toute entière. Son implantation ailleurs ne doit pas poser problème : ce n'est pas parce que l'Église de la Scientologie est puissante en Amérique du Sud ou aux USA qu'elle cesse pour autant d'être une secte pour nous, Français et Européens, qui nous en méfions. Agissons de même envers le salafisme. 

  • D'où vient le succès des Salafistes...

    Je pense depuis longtemps que le djihadisme prospère sur le terreau de nos carences et je crois l'avoir même déjà écrit. J'ai eu plaisir à lire un entretien avec Samir Amghar, spécialiste du salafisme, car ce qu'il dit confirme très exactement ce que je pense.

    Il analyse avec une pertinence impressionnante le principal ressort du succès salafiste non seulement en Afrique ou en Asie mais aussi en Europe :

    Ce succès salafi correspond aussi à une demande de normes très strictes. L’individualité, clé de voûte de notre société moderne, est dure à supporter. Devenir salafi, c’est faire porter le poids de la vie par l’islam : les journées sont alors rythmées par les prières quotidiennes, les faits et gestes normés par un « code salafi ». C’est en quelque sorte une réponse à une crise de l’individualisme de la personne. Celle-ci devient salafie en s’affiliant à des groupes religieux intensifs forts, capables d’offrir des codes de sens et une sécurité apaisante. Ce sont des structures refuges, qui pensent dispenser la vérité, loin de toute forme d’incertitude qui peut paraître angoissante. Cette appartenance est aussi vécue comme un défi manifeste à l’opinion majoritaire. Les salafis pensent incarner un groupe dangereux ou redoutable pour les classes moyennes et supérieures, celles-là même qui, selon eux, maintiennent les musulmans dans un statut de dominés. Rejeté par les nantis, le salafisme fascine ceux qui ont un différend avec l’ordre social. En adhérant à l’islam de ces mouvements, les jeunes pensent s’opposer à la société des « puissants ».

    Ce qu'apporte le salafisme à la jeunesse en déshérence, nous autres Européens sommes incapables de l'apporter aussi, que ce soit sur nos territoires ou que ce soit via notre diplomatie. 

    Quand l'Europe utilise son soft power, c'est toujours via de lourds programmes chargés de bonnes intentions. Dans les faits, même quand on fait de l'humanitaire, on n'est pas efficace sans alliés. Il faut des relais. Les djihadistes le savent et comprennent bien que l'action humanitaire occidentale est sa rivale directe dans le domaine de la solidarité avec les plus précaires.

    Nous n'arrivons pas à nous constituer en réseaux de solidarité avec objectif politique pour contrer les salafistes qui eux, savent très bien associer l'un et l'autre.

    Il faudrait créer un renseignement européen pour identifier les acteurs locaux sur lesquels s'appuyer. Même s'ils ne sont généralement pas très puissants ou influents et que souvent, ils ont bonne presse seulement dans les milieux aisés, les partis libéraux et sociaux-démocrates devraient être nos partenaires privilégiés partout où le salafisme est puissant. Non seulement l'Europe a un intérêt direct à les aider financièrement, mais elle devrait les aider à mettre en place, eux aussi, de puissants réseaux de solidarité. Après tout, si les Communistes ont su le faire, pourquoi les libéraux et les démocrates n'y parviendraient-ils pas ?

    Être solidaires, redonner une dignité à ceux qui n'en ont plus, nourrir, aider à s'enrichir, voilà quelles devraient être nos priorités.

    Déboulonner le salafisme, cela suppose une diplomatie très fine : il faut trouver des alliés acquis aux idéaux démocratiques, experts en leur pays, pas des théoriciens de salons parisiens, londoniens ou genevois. 

    Il y a une particularité de l'Islam : le monde arabe ne représente pas même 10% des Musulmans et pourtant, il rayonne si fortement qu'il influence à lui seul un milliard de fidèles. C'est dire son impact considérable. On pourrait me répliquer que l'Iran chiite représente un pouvoir politique régional majeur. C'est vrai. Mais son impact sociétal sur l'Islam, a fortiori en Europe, est minimal au regard de la force ce frappe salafiste. Les immigrés musulmans d'Europe ignorent généralement tout des chiites et il existe fort peu de mosquées chiites sur notre continent. Dans tous les cas de figure, il n'existe plus de figures charismatiques capables de rayonner, comme le fut l'Ayatollah Khomeiny.

    Au fond, ce qui devient comique, avec l'Europe, c'est que pendant que nous négocions avec les dirigeants des pays arabes et versons des sommes considérables parfois, les Salafistes, appuyés par certains de ces pays, usent chez nous de leur propre soft power !!! Et il est autrement plus efficace que le nôtre si l'on en compare les effets dans chacune des deux sphères.

    Il y a à mon avis toute une branche du renseignement et de la diplomatie à créer ou à recréer. Ce sont des liens directs avec les peuples arabes qu'il nous faut créer, et ce n'est pas simple. En Europe, la France et l'Angleterre ont certainement un rôle à jouer car ce sont ces deux nations qui connaissent le mieux les nations arabes et qui ont le plus d'interconnexions avec leurs peuples. Il faut toutefois une révolution dans les mentalités de nos dirigeants et nos services diplomatiques pour pouvoir en tirer quelque chose d'intéressant.