Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Economie - Page 27

  • Coup de folie sur l'euro !

    Face aux oiseaux de mauvais augure de tout poil, il est toujours bon et rassurant de prendre connaissance de nouvelles heureuses qui vont contre l'opinion pré-conçue ambiante.

    Ainsi, on aime l'euro, en France. Eh oui. Voilà qui enfonce un coin dans le souverainisme. Je ne fais pas partie de deux qui affirment qu'un retour au franc est impossible. En revanche, je fais partie de ceux qui jugent qu'il n'est pas souhaitable. 

    Il est illusoire d'imaginer que la France gagnerait en marge de manoeuvre si elle quittait l'euro et l'Union européenne. 

    Diplomatiquement, elle serait bien plus faible. Bayrou l'a compris, lui qui pense que la diplomatie de la France doit passer par l'Europe, non en sacrifiant les intérêts de notre pays, mais en tentant de convaincre nos partenaires du bien-fondé de nos vues.

    Financièrement, nous gagnerions la liberté qu'obtient un drogué qui quitte prématurément sa cure de désintoxication. Les Souverainistes croient qu'en supprimant les signalisations, on fait disparaître les murs qui s'approchent. En réalité, dans le code de la route, s'il y a des chemins balisés et goudronnés, c'est pour éviter d'envoyer son véhicule dans le décor. Vous pouvez toujours enlever leur mention, vous n'enlèverez pas le danger.

    Sauf à vivre en autarcie comme dans la Roumanie du temps de  Ceaucescu, il est illusoire d'imaginer un seul instant pouvoir pratiquer une politique monétaire indépendante. 

    On peut bien sûr penser à la dévaluation, mais un tel choix n'a de sens que dans la seule mesure où il n'engendre pas de perte de confiance en la monnaie. L'Estonie a choisi de dévaluer parce qu'elle savait qu'elle intégrerait l'euro cette année. Elle a pu ainsi entrer dans l'Europe monétaire dans de bonnes conditions de parité monétaire.

    Nous serions à la merci de la moindre attaque, de toutes les spéculations, faute de disposer du bouclier de l'euro. Notons qu'un gouvernement européen pourrait faire le choix de dévaluer l'euro face aux autres monnaies mondiales. Actuellement, c'est quasiment impossible.

    Ce qui est vrai, et les Souverainistes pointent le doigt là où cela fait mal, évidemment, c'est qu'une monnaie unique peine à fonctionner en Europe : oui, mais en l'état actuel de la construction de l'Europe. Un gouvernement économique ET démocratique intégré de l'Europe permettrait une politique monétaire digne de ce nom. Ce n'est pas le cas actuellement parce que d'une part, les Etats font bien ce qu'ils veulent, et d'autre part, parce que ce sont des Commissaires, même pas élus, qui prennent des décisions au nom des peuples quand ce n'est pas contre eux. Voilà qui prête le flanc, en effet, à la critique souverainiste. 

  • J'ai failli me la garder...

    lordson-lord.jpgÇa faisait un moment que je devais un cadeau à mon frérot cadeau. Je lui avais acheté il y a quelques mois une chemise Arthur en lin, mais trop grande pour lui. Du coup, je l'ai récupérée pour mon compte. Mais il lui fallait bien une compensation.

    Comme je l'ai dit récemment, je suis déterminé à acheter français aussi souvent que cela me sera possible.

    J'ai fait la découverte d'un fabriquant de chemises extra : bon, ça coûte bonbon, mais franchement, magnifique les chemises.

    Comme je ne refuse rien à mon frérot, je me suis dit que j'allais lui offrir un super-cadeau. Et paf, j'ai investi la somme nécessaire dans l'achat de cette chemise de Lord anglais, un travail spécifique à Lordson. Élégante, racée et stylée, non ?

    Bon, ça a été dur : je suis resté à baver devant la chemise pendant un bon 1/4 d'heure, pesant si je donnerais comme adresse de livraison plutôt mon adresse ou celle de mon frérot. Le sens du devoir l'a emporté.

    Outre le plaisir d'offrir un chouette cadeau à mon frérot, il y a aussi le plaisir savouré de savoir que l'argent investi ira dans la poche d'ouvriers du textile français. Comme mon frérot ignore l'existence de mon blog, je peux bien m'épancher ici, il ne risque pas de tomber là-dessus sauf improbable coup du hasard. Onze emplois qui vont se partager le magot. On achète tellement de c****ries, que franchement, ça vaut bien le coup de se faire plaisir, de faire plaisir, et de faire circuler la monnaie sonnante et trébuchante en Gaule !

    Bref, dès que j'aurais suffisamment thésaurisé (l'ignoble capitaliste exploiteur du peuple que je suis, réactionnaire et pré-fasciste nationaliste a un raisonnement parfois anti-économique au possible), je sens que je vais m'en payer une pour aller parader me pavaner dans ma basse-cour.

    Tiens, en visitant l'espace presse de Lordson, j'ai découvert qu'il existait un portail des enseignes vestimentaires de la mode française ! Lordson y figure, évidemment. Attention, je ne suis pas sûr que les marques qui y figurent soit forcément du made in France. Mieux vaut se fier à Hexaconso ou à la Fabrique hexagonale pour acheter en terrain sûr (et gaulois).

    Bien le bonjour à Saint-Marcel dans l'Indre, bon travail, les gars et les filles !

  • 35 heures, témoignage d'une entrepreneuse de TPE

    Valls, l'UMP envisagent de "déverrouiller" les 35 heures. Je tends à penser que cela n'apportera rien d'un point de vue économique, ni pour l'emploi, ni pour la compétitivité. Mais le mieux, c'est encore de donner la parole à un chef d'entreprise : juju41 qui commente de temps en temps ici, mais bien plus sur le forum Demos, dirige une TPE. Elle vient de témoigner à la suite de mon article sur Valls :

    35 heures: les propositions d'Hervé Novelli
    http://www.rmc.fr/editorial/141769/exclu-35-heures-les-propositions-dherve-novelli/

    primo,
    Novelli oublie que les 35 H sont basées sur une annualisation du temps de travail, c'est à dire la possiblité de moduler les horaires en fonction de l'activité, sur un quota d'heures annuelles. avec ses 38 H payées 38,il impose aux entreprises un surcroît horaire et financier , pas forcément nécessaire en temps de crise, le carnet de commande étant déjà maigrelet..à quoi bon payer plus des salariés qui feraient juste du temps de présence, sans produire plus.. ça revient à aggraver la crise dans ces entreprises.sans compter que les salariés ne faisant plus des heures sup perdent en pouvoir d'achat, sauf si on licencie, pour garder le strict minimum de salariés qui bosseraient comme des chinois...

    suppression des RTT: il faudrait calculer l'impact économique des RTT, sur les dépenses des ménages, sorties , culture, achats, sports, bricolage, Tourisme, associations..un lourd manque à gagner à mon avis en cas de suppression des RTT.

    secondo, d'après Novelli
    "l'État échangerait la suppression progressive de ces allègements de charge contre de la flexibilité pour les entreprises et de la sécurité pour les salariés. En d'autres termes, on supprime les 22 milliards de coût pour les finances publiques sur cinq ans, donc l'État est gagnant. Mais on change radicalement la donne en revenant sur la durée légale du travail et on donne plus de latitude sur un certain nombre de domaines du droit social aux entreprises"
    qu'est ce que ça veut dire?
    d'un côté on augmente le coût du travail et donc de la production si les exonérations sont supprimées..
    en échange, il ya flexibilité( on a déjà la flexibilité avec les 35 h) mais ça veut dire quoi de plus? une facilité de licenciement?à part ça, je ne vois pas trop ce que ça veut dire, et en quoi ça pourrait compenser l'augmentation de charges déjà très lourdes.
    il y a aussi "sécurité pour les salariés".. Kézako? mystère et boule de gomme..

    au final, en quoi ça améliore la compétitivité, et en quoi ça fait diminuer le chômage?
    à titre personnel, on a pas besoin d'augmenter nos heures de travail, on ne saurait pas quoi en faire , en gardant tous nos salariés...

    moi j'ai déjà réfléchi.. si la Loi Novelli passe.. on passe aux 40 heures, et je licencie un gars..avec les heures sup( jusqu'à 48h/semaine), je peux compenser avec 4 salariés au lieu de 5..voilà le travail, surtout si il y a facilité de licenciement..parce que je ne peux pas augmenter mes tarifs, quand je suis en concurrence avec des entreprises basées au Luxembourg (impôts, taxes et charges, 14%), déjà qu'on fait au plus serré, avec une marge minimale,on se demande ce qu'on ferait avec des salaires et charges augmentés// Mais D***n Novelli ne pense qu'aux grosses boites comme d'hab.. ben de toutes façons, dans peu de temps, on va se vendre à une grosse boite, parce que justement ras le bol, après je ne garantis plus la qualité du travail payé au lance-pierre, avec des produis interdits, mais bon on n'a pas le choix..c'est la loi du néo-libéralisme , produire de la merde en masse à pas cher..

    je suis prête à parier que le chômage augmentera . si chaque entreprise fait comme moi, en calculant au plus près ce que lui coûtera un salarié, charges augmentées, je garantis les charettes de licenciements. surtout si le licenciement est plus souple..si on peut aller jusqu'à 48 h/ semaine sans pb, ça double le chômage.

  • Deux ans de salaire pour une chambre et une salle de bains !

    Je sais que les artisans aiment bien gémir en expliquant que les charges, décidément, c'est vraiment insupportable, mais quand on voit ce que plombiers, électriciens et maçons vous facturent, je vous assure que je n'ai pas du tout envie de pleurer sur leur sort. Je veux faire une petite rénovation chez moi pour créer une chambre, ce qui suppose de récupérer un bout de couloir et un cabinet de toilettes, et, déplacer un mur. Le reste de l'appartement a été rénové il y a un peu plus de trois ans. Je ne dis pas quelle somme la corporation des "nouveaux pauvres" (si on les écoute) veut me facturer, histoire de ne pas livrer mon salaire d'infâme capitaliste exploiteur du peuple, mais je peux vous dire que cela représente deux années de salaire pour moi ; je fais partie, pour information, de la classe moyenne française. Oui oui, celle qui se fait assommer continuellement par la gauche et par la droite tour à tour.

    Un chantier de cinq semaines pour deux années de salaire ! Eh bien ils peuvent se le foutre au c.. leur chantier de merde. La peinture, je vais la faire moi-même, au rouleau et au pinceau, et, pour le reste, tiens, ben je vais engager un plombier polonais, tiens voilà. Vais faire jouer le concurrence, moi. Les mecs, ils doivent s'en mettre plein la poche, mais à un point qu'on n'imagine même pas. Et ensuite, ils viennent hurler à la misère. D'ailleurs, avec le plombier polonais, au moins, j'aurais peut-être un boulot mieux fait que le vendeur de chaussettes pakistanais qu'ils embauchent au noir et illégalement en le faisant passer pour un plombier afin de finir votre chantier à la sauvette.

  • Aciérie en danger, que peut faire Jean Lassalle ?

    Le député MoDem Jean Lassalle, qu'on sait très sensible au sort de l'industrie dans sa région, escompte faire des pieds et des mains pour sauver une aciérie pyrénéenne. Filiale du groupe Théis France, l'entreprise Laprade, spécialisée dans le laminage à froid de l'acier, a déposé son bilan en décembre 2008. Depuis, les salariés multiplient les efforts pour tenter de sauver leur usine. Au nombre de 13, ils ont engagé chacun 10 000 euros sur le montant de leurs indemnités de licenciement et se sont échinés à trouver des partenaires avec l'aide de leur député, du département et du Conseil Régional. Les choses semblaient avancées, un partenaire solide, le groupe Acier Coste, avait apporté des garanties en avril dernier, mais le liquidataire en a jugé autrement et a repoussé le plan de sauvetage.

    En 2008, l'activité de laminage de l'entreprise est passée de 700 tonnes d'acier mensuelles à 400 tonnes seulement. Ce qui me semble dommage, c'est que dans le même temps, un groupe italien investit des sommes conséquentes pour implanter un laminoir dans les Landes. D'Arudy à Tarnos, la distance ne me semble pas si grande. Je ne suis pas un expert en métallurgie, mais peut-être un rapprochement peut-il être envisagé ? 

    La situation des salariés de Laprade va devenir bientôt critique : à l'issue du premier trimestre 2011, ils cesseront de toucher l'assurance-chômage, et comme ils ont tout investi dans leur entreprise, ils n'auront alors plus rien.

    Le Groupe Theis dont Laprade était une filiale, déclare encore cette entreprise comme une filiale sur son site. Sauf que le lien est brisé...Comme celui de Gorcy la Roche l'est aussi, faut-il en déduire que Théis réduit sa présent en France ?

    A vrai dire, il n'est pas certain que le groupe Théis joue franc-jeu dans cette histoire : il y avait en 2009 encore des commandes en provenance d'Espagne, or, le groupe a refusé de financer l'achat d'acier nécessaire à la confection des pièces laminées. Essaie-t-il de pratiquer une politique de la terre brûlée ? Cédée à un concurrent, en effet, l'entreprise pourrait redevenir un fleuron susceptible de menacer les positions commerciales du groupe.

    La difficulté, c'est que Théis envoyait des pièces d'Allemagne pour les faire revenir ensuite sur place. Dans le même temps, EADS, autrefois client de Laprade et de Theis a réduit ses coûts et, je le subodore, est allé commander de l'acier laminé à froid ailleurs. 

    Je ne doute pas de la bonne volonté de Jean Lassalle, mais que pourra-t-il faire ?

    Je ne sais pas si cela pourrait contribuer à favoriser une reprise, mais à l'heure où l'on s'informe beaucoup sur la Toile, entreprises françaises, j'ai eu toutes les peines du monde à rassembler de l'information sur l'activité exacte du laminoir. Outre qu'elles étaient parcellaires et disséminées sur des pages en cache, dans des discussions de forums et cetera, elles n'étaient bien évidemment pas en anglais.

    Si un dossier technique et commercial pouvait figurer quelque part sur Internet et être facilement identifiable, je tends à penser que cela contribuerait à faciliter les diverses négociations. J'ai passé deux heures à faire des recherches sur le laminoir, et j'ai du mal à identifier clairement son activité. Une entreprise devrait ne pas avoir à y passer plus de dix minutes. Un blogue est créé en une minute, un nom de domaine, pour 10 euros par an, acheté en aussi peu de temps. Jean Lassalle pourrait aussi l'héberger, le cas échéant, et d'ailleurs, plus généralement, je lui suggère de constituer un dossier sur chaque entreprise qu'il veut sauver. C'est peut-être très modeste comme apport, mais il ne faut rien négliger pour favoriser des opportunités.

  • La SNCF peut-elle imploser ?

    Tiens, les déplacements en train, parlons-en. Quand je m'entretiens avec des personnes qui traversent la France de part en part en utilisant le chemin de fer, je suis effaré d'en constater la dégradation continue. Jeune, j'ai beaucoup pris le train. Je ne crois pas avoir été spécialement chanceux quand j'affirme qu'il y a encore 20-25 ans, les retards étaient l'exception. Je me souviens très bien d'avoir été impressionné à de nombreuses reprises par l'exactitude parfaite des trains de la SNCF. Comme dans le même temps je voyageais de temps à autre à l'étranger, je ne pouvais que constater avec fierté à quel point la qualité de notre réseau national l'emportait sur ceux des autres pays.

    Je me suis longtemps demandé comment on en était arrivé au point où nous en sommes aujourd'hui, et, j'en ai pas mal discuté avec des usagers, notamment des usagers anciens.

    Il y a, semble-t-il, une cause première fort simple : l'explosion du trafic. Toujours plus de trains, avec des cadences toujours plus soutenues. La circulation ferrée est tellement intense, avec l'accroissement des échanges, sur le territoire français, qu'elle devient très difficile à gérer.

    A cela s'ajoute un sous-entretien des voies ; les sommes investies pour les maintenir sont très inférieures à ce que consentent les autres pays européens, alors même que la France est une plaque tournante de l'Europe.

    En cinquante ans, les effectifs de la SNCF ont été divisés par deux, c'est à dire qu'ils sont passés de 350 000 individus à environ 175 000. Je veux bien concevoir que le progrès technique explique une partie de ces diminutions, mais j'ai aussi cru comprendre que les progrès en termes de rendement et de rentabilité de l'entreprise étaient en grande partie liés à une politique de contraction de l'emploi.

    Toute la difficulté, désormais, c'est qu'il va bien falloir régler la dette de l'entretien des voies. Ce dernier n'incombe plus à la SNCF, désormais, mais à l'État. Or, la facture se chiffre en milliards d'euros (15 milliards). La SNCF risque de toutes façons d'avoir d'autres chats à fouetter : elle va devoir renouveler son matériel roulant, ce qui suppose des investissements très lourds.

    La solution, pour l'État, qui ne peut se permettre de creuser davantage son déficit, est d'instaurer un droit de péage que la SNCF devra lui régler ; la SNCF ou toute autre compagnie ferroviaire. Mais il deviendra alors difficile de demander à la SNCF de pratiquer des tarifs sociaux. 

    Il va bien falloir se résoudre, in fine, à devoir trancher entre un réseau en mauvais état mais peu coûteux pour l'usager à utiliser, ou au contraire des voies flambantes neuves, mais avec des prix en croissance exponentielle ou presque.

    Dans le même temps, la SNCF doit subir la concurrence des compagnies aériennes low-cost. Peut-être pas indéfiniment, toutefois : le ciel français devient petit à petit aussi encombré que les voies ferrées ou les routes automobiles. 

    J'observe que la problématique du transport touche tous ses modes. Bertrand Delanoë décidant de fermer Paris aux automobiles sur le seul critère de leurs émissions de CO2, c'est ridicule, et cela montre combien l'homme ne réfléchit guère au-delà de son périphérique. Bertrand Delanoë ne se demande ce qu'il peut faire pour fluidifier le transport ; il se demande ce qu'il peut faire pour gentrifier sa ville et, au passage, empoisonner l'existence des automobilistes qui la traversent. Et le plus grave, c'est que les mairies de la petite couronne parisienne commencent à l'imiter...

    Sébastien Musset fait bien de constater l'entassement des transports à Paris. Il n'est d'ailleurs pas le seul. Il voit également juste en visant une décentralisation incomplète. Mais ces deux sympathiques blogueurs de gauche se fourrent le doigt dans l'oeil s'ils espèrent sincèrement que le transport collectif puisse être la solution à leurs maux.

    Peut-être faut-il se demander si nous n'en sommes pas arrivés à saturation quant aux transports sur notre territoire national. Les transports en commun dont nombre de forces politiques se sont faits les apôtres en lieu et place de l'automobile sont-ils seulement en mesure d'absorber un surcroît de voyageurs ? J'ai quelques doutes sur la question.

    Dès lors, si les utilisateurs principaux sont des utilisateurs professionnels, il est à envisager, avec le développement des diverses formes de la communication à distance, de repenser le rapport entre le travail et les déplacements. Leur limitation suppose une autonomisation accrue des taches, et donc, une organisation différente des entreprises en premier lieu, de la société à terme.

     

  • Actions de groupes, les consommateurs l'ont dans le baba...

    Je l'avais annoncé il y a quelque temps déjà, mais en voici la confirmation : les géants de l'agro-alimentaire, de a confection, de la distribution et cetera pourront continuer à nous entuber en toute légalité et il sera toujours aussi difficile de se défendre pour les consommateurs, a fortiori avec une justice qui ferait passer un escargot pour un pur-sang...Parole d'un expert : 

    Robert Rochefort, député européen et responsable de l'Économie au sein du Shadow Cabinet, estime que "le gouvernement renonce à mettre en place les actions de groupes en faveur de la défense des consommateurs", dans un entretien accordé au journal La Tribune.

    Est-ce la fin du projet de "class action" à la française ? Selon Robert Rochefort, député européen, vice président du MoDem en charge des questions économiques, "le gouvernement renonce à mettre en place les actions de groupes en faveur de la défense des consommateurs en France. 

    A plusieurs reprises déjà, Bercy avait reporté l’instauration dans notre pays du système des « class-actions », tout en affirmant avec une grande hypocrisie qu’il en soutenait le principe. Mais en installant hier la Commission de médiation de la consommation, Hervé Novelli a tombé les masques et clairement pris le parti du Medef farouche opposant depuis toujours aux actions de groupe." 

    Robert Rochefort, également spécialiste des questions de consommation, estime que "la médiation, en ce qu’elle évite des procédures judiciaires est souvent une formule excellente mais elle ne peut en aucun cas régler tous les litiges collectifs or elle devient un contre-feu dressé contre la mise en place des actions de groupe. 

    Lorsque ce sont des centaines de consommateurs – voire plus – qui sont lésés pour une somme significative mais de montant modéré, seule leur mobilisation collective, en disposant d’un instrument adéquat, peux leur permettre d’obtenir réparation. C’est à la fois un droit et un moyen précieux de dissuasion à l’égard des abus, dont se sont dotés de nombreux pays. 

    Les médiateurs chargés de traiter les désaccords entre les entreprises et les consommateurs font souvent un travail très utile mais il leur arrive aussi de ne pas jouir de l’indépendance absolue nécessaire par rapport aux producteurs et aux distributeurs qui les rémunèrent. De plus, ils ont fréquemment des réflexes « pro-entreprises », car ils sont souvent des anciens collaborateurs ou des retraités de ces entreprises, ce qui en conséquence ne devrait jamais être le cas. 

    Dès lors, on comprend que l’UFC-Que choisir et la CLCV, les deux plus importantes associations de consommateurs aient décidé de boycotter cette commission la rendant du coup encore moins crédible. Le droit aux actions de groupe reste donc à conquérir. Le mouvement démocrate sera aux côté des consommateurs dans ce combat, notamment à l’occasion de la prochaine élection présidentielle."

     

     

  • Dissection du cadavre d'un camembert normand

    Je m'apprêtais à bâfrer ma dernière bouchée de Lanquetot, délicatement tartinée sur une tranche de baguette elle-même enduite de beurre de baratte, quand il m'a pris l'envie de jeter un oeil aux commentaires de mon blog. Je consulte alors les quelques échanges que j'ai eus avec Christèle, nouvelle commentatrice chez moi, à propos des produits made in France. Ah, tiens, justement, elle m'informe de l'existence d'un site consacré aux productions hexagonales, achetons-français.net. Je m'empresse d'en faire la visite, car généralement, je suis curieux des informations que me fournissent les commentateurs du blog, dès lors qu'elles ne s'apparentent ni à de la propagande, ni à de la monomanie. J'ai l'oeil alors attiré par un titre : faux produits du terroir. Horresco referens : en observant la liste des produits concernés, j'apprends que mon très cher camembert de Normandie est insidieusement falsifié. D'après ce blogue, mais il n'est pas le seul, j'ai trouvé l'information ailleurs, en plus de ne pas comporter de lait cru, nombre de camemberts seraient réalisés avec du lait issu des quatre coins du monde, et notamment du lait chinois ! Oui, oui, ce fameux lait à la mélamine qui a empoisonné des milliers de bébés ! 

    Je manque alors de gerber ma bouchée, et, pris d'une impulsion vérificatrice, je me rue vers le Monoprix local. Enfer et damnation : les camemberts indiquent tous "Camembert fabriqué en Normandie" et non "Camembert de Normandie", à la notable exception d'un camembert Monoprix Gourmet.

    Bon, à propos de mon Lanquetot, j'avais noté qu'il baissait, ces deux dernières années : j'ai compris pourquoi grâce à un débat sur sujet chez Linternaute. On y trouve tout de même des commentaires de l'année 2005 à 2010. Dans un classement Que Choisir, il s'était pourtant classé plus qu'honorablement.

    J'ai voulu en savoir plus et je me suis rendu sur le site de l'Appellation. Et là, horreur et terreur, perds coeur et ardeur, lecteur (joli alexandrin, n'est-il pas, en dépit de son rythme un peu particulier ?), la plupart des marques fameuses, à commencer par mon Lanquetot, ne figurent pas dans la liste des camemberts dignes de ce nom. C'est étonnant, alors même que la fromagerie  des établissements Lanquetot est un  atelier laitier signalé par le site, en AOP (l'équivalent terminologique de l'AOC à l'échelon européen), on trouve du livarot, du pont-l'évêque et quelques autres fromages, mais pas de camembert. Faut dire qu'à remplacer le lait cru par du lait thermisé, il est probable qu'il n'était plus possible de maintenir l'appellation.

    Bien sûr, si les établissements Lanquetot ont des précisions à apporter, ils disposent d'un droit de réponse sur mon blogue. Je ne leur jette pas la pierre plus qu'aux autres, c'est juste que c'était mon camembert favori jusqu'ici...Je n'avais pas percuté que la marque s'était retirée de l'AOC en 2007. Pas vu non plus que depuis 1990, elle avait été rachetée par le groupe Lactalis. A tout hasard, j'ai donc examiné les zones de collecte de lait de Lactalis. Bon, y'a pas la Chine. Mais il y a tout de même un sacré paquet de pays...

    Ce serait long de faire l'enquête camembert par camembert, mais j'imagine que ce n'est pas mieux pour la plupart des autres grandes marques. Pour finir d'être édifié, on peut aussi lire ce qu'a déjà écrit Périco Legasse chez Marianne à ce sujet...

    Lisez, lecteurs, le reste de l'article, et, pleurez et tremblez, amateurs d'huile d'olive française du Midi ou encore de Moutarde de Dijon...

  • Zones franches urbaines, où en est-on ?

    Je lisais il y a quelques jours le titre et l'introduction d'un article du Monde sur le taux de chômage des jeunes hommes dans les zones sensibles : 47% soit un jeune homme sur deux. Je ne suis pas un afficionado des causes sociologiques de la délinquance, mais tout de même, avec un tel "score", cela en fait des individus qui s'ennuient et ne savent pas quoi faire...

    Je me suis du coup souvenu du dispositif qui avait été censé dynamiser ces zones : une idée de Juppé, reprise par Raffarin et Borloo en 2004. Les zones franches urbaines.

    Les Petites et Moyennes entreprises, au sens où l'entend l'Union européenne (pas plus de 250 salariés, moins de 25% du capital contrôlé par une grosse entreprise, moins de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel) y bénéficient d'exonérations fiscales, sociales et patronales.

    Le Conseil Économique et Social a publié un bilan très intéressant sur ce dispositif en février 2009, malheureusement passé inaperçu de la presse. Le dispositif semble porter ses fruits, puisqu'il se traduit dans les zones concernées par de la croissance, de l'emploi, une baisse de l'insécurité (comme quoi !) et une meilleure survie des entreprises créées. Toutefois, de 2003 à 2007, les exonérations, à elles seules, ont coûté 2.7 milliards d'euros quand elles réalisaient en tout et pour tout à peu près 50 000 embauches. Malheureusement, tout en reconnaissant sa nécessité, le rapport n'offre pas la donnée la plus intéressante à mes yeux : le retour sur investissement de l'État. Quels auraient été les coûts si l'État n'avait rien fait ? Il y  figure toutefois quelques éléments de réponse : 

    Selon l’Unedic, le coût d’un chômeur en 2007 indemnisé toute l’année sans interruption représente une dépense d’environ 12 731 euros auxquels il faut ajouter 1 485 euros de versement de l’Unedic aux caisses de retraite complémentaire : soit un coût moyen total de 14 216 euros contre 13 829 euros en 2006.

    Voyons, je suis encore bon en calcul mental :  50 000 X 14 000, cela fait 700 millions d'euros. Rien qu'en chômage, en étant large, l'État aurait du payer aux alentours de cette somme pour ceux qui seraient restés sans emploi.

    Le rapporteur série les conditions essentielles à l'implantation et à la réussite des entreprises dans les zones franches urbaines : 

    • disponibilité de locaux à proximité du foyer de l’entrepreneur ;  
    • accessibilité des locaux par les transports en commun ;  
    • disposer d’un capital d’amorçage personnel : « love money » ou autres ;  
    • avoir été accompagné par un interlocuteur compétent privé ou consulaire. À titre d’exemple, la chambre de commerce et d’industrie de la Seine-Saint-Denis accompagne l’entrepreneur en l’aidant à monter son business plan et à trouver des locaux ;  
    • se sentir en sécurité pour exercer son activité. Les artisans sont exposés au vol et à la destruction de leur matériel. Il faut cependant noter qu’une entreprise sur quatre seulement mentionne des problèmes de sécurité.

    Le rapport établit plusieurs axes de propositions, assez classiques, in fine : la sécurité, tant son absence semble un véritable frein à l'expansion économique et  la qualité de l'éducation, en développant dans les ZFU des voies d'excellence, la disponibilité foncière, l'accompagnement et l'information, un travail sur l'image des quartiers, l'accès aux biens culturels en sont les principaux, 

    Le concept de zone franche est ancien : dès l’Antiquité, des États ont voulu favoriser les activités de commerce en instaurant des ports francs. Au II è siècle av. J.-C., l’île de Delos devint ainsi un centre international d’entreposage et de négoce pour toute la Méditerranée ! Jacques Delors le premier a avancé l'idée de mettre en place des zones franches, en France, en...1981 ! Alors même que le socialisme triomphant submergeait la France. Mais Pierre Mauroy en avait alors refusé le principe : pensez-donc ! Des enclaves hyper-capitalistiques et complètement défiscalisées en terre rose ! quel outrage à la doxa socialiste !

    Comme les Pôles de compétitivité ou encore le statut d'auto-entrepreneur, les zones franches urbaines m'ont paru faire partie de ces mesures qui allaient dans le bon sens. Si ces dispositifs finissent par échouer, au final, c'est que le gouvernement français n'ose jamais aller jusqu'au bout de sa logique, n'ose pas libérer les initiatives. S'il est clair qu'il faut museler les effets d'aubaine, pourquoi ne pas tenter pour autant de créer de véritable Shangaï, c'est à dire des zones totalement libéralisées économiquement, avec toutefois une et une unique contrainte : 90% des employés des entreprises qui s'installent dans ces zones doivent en venir. Fiscalité et contraintes radicalement abaissées, contre contraintes en termes de localisation de l'emploi radicalement appliquées. Voilà ce que pourrait être un deal gagnant. 

     

  • Les agences de notation ont bon dos

    J'y reviens encore, car chaque fois que j'entends parler d'agences de notation indépendantes çà et là, j'ai des ulcères qui me poussent dans l'estomac. Pauvre Robert Rochefort, ses oreilles vont siffler. J'aime beaucoup ce qu'il dit, mais, en la circonstance, si j'agrée une agence indépendante, je crois que ce n'est pas pour la même raison que lui...

    En somme, que reproche-t-on aux agences ? Eh bien de dégrader la notation de pays criblés de dettes jusqu'à la moëlle. En somme, on leur reproche de rétablir la vérité, les traitant comme le Diable.

    En réalité, ce que je pourrais à la rigueur reprocher à ces dernières, c'est d'avoir si longtemps épargné des états impécunieux et dépensiers. Si elles avaient traité les pays comme des entreprises, n'en déplaise à Robert Rochefort, peut-être n'en serions-nous pas là...

    Ce qui est juste, en revanche, c'est de critiquer leur manque de rigueur sur les subprimes. Mais justement, on ne les y reprendra pas, et, du coup, elles se sont certainement décidées à ne pas prendre le risque de refaire une erreur similaire avec les États. Si crise des États il doit y avoir, au moins aura-t-elle été prévenue cette fois.

    J'observe d'ailleurs que sous la menace, les États se décident à réagir. Peut-être éviterons-nous, finalement, la crise de leur endettement grâce, entre autres, à ces avertissements...