Je m'apprêtais à bâfrer ma dernière bouchée de Lanquetot, délicatement tartinée sur une tranche de baguette elle-même enduite de beurre de baratte, quand il m'a pris l'envie de jeter un oeil aux commentaires de mon blog. Je consulte alors les quelques échanges que j'ai eus avec Christèle, nouvelle commentatrice chez moi, à propos des produits made in France. Ah, tiens, justement, elle m'informe de l'existence d'un site consacré aux productions hexagonales, achetons-français.net. Je m'empresse d'en faire la visite, car généralement, je suis curieux des informations que me fournissent les commentateurs du blog, dès lors qu'elles ne s'apparentent ni à de la propagande, ni à de la monomanie. J'ai l'oeil alors attiré par un titre : faux produits du terroir. Horresco referens : en observant la liste des produits concernés, j'apprends que mon très cher camembert de Normandie est insidieusement falsifié. D'après ce blogue, mais il n'est pas le seul, j'ai trouvé l'information ailleurs, en plus de ne pas comporter de lait cru, nombre de camemberts seraient réalisés avec du lait issu des quatre coins du monde, et notamment du lait chinois ! Oui, oui, ce fameux lait à la mélamine qui a empoisonné des milliers de bébés !
Je manque alors de gerber ma bouchée, et, pris d'une impulsion vérificatrice, je me rue vers le Monoprix local. Enfer et damnation : les camemberts indiquent tous "Camembert fabriqué en Normandie" et non "Camembert de Normandie", à la notable exception d'un camembert Monoprix Gourmet.
Bon, à propos de mon Lanquetot, j'avais noté qu'il baissait, ces deux dernières années : j'ai compris pourquoi grâce à un débat sur sujet chez Linternaute. On y trouve tout de même des commentaires de l'année 2005 à 2010. Dans un classement Que Choisir, il s'était pourtant classé plus qu'honorablement.
J'ai voulu en savoir plus et je me suis rendu sur le site de l'Appellation. Et là, horreur et terreur, perds coeur et ardeur, lecteur (joli alexandrin, n'est-il pas, en dépit de son rythme un peu particulier ?), la plupart des marques fameuses, à commencer par mon Lanquetot, ne figurent pas dans la liste des camemberts dignes de ce nom. C'est étonnant, alors même que la fromagerie des établissements Lanquetot est un atelier laitier signalé par le site, en AOP (l'équivalent terminologique de l'AOC à l'échelon européen), on trouve du livarot, du pont-l'évêque et quelques autres fromages, mais pas de camembert. Faut dire qu'à remplacer le lait cru par du lait thermisé, il est probable qu'il n'était plus possible de maintenir l'appellation.
Bien sûr, si les établissements Lanquetot ont des précisions à apporter, ils disposent d'un droit de réponse sur mon blogue. Je ne leur jette pas la pierre plus qu'aux autres, c'est juste que c'était mon camembert favori jusqu'ici...Je n'avais pas percuté que la marque s'était retirée de l'AOC en 2007. Pas vu non plus que depuis 1990, elle avait été rachetée par le groupe Lactalis. A tout hasard, j'ai donc examiné les zones de collecte de lait de Lactalis. Bon, y'a pas la Chine. Mais il y a tout de même un sacré paquet de pays...
Ce serait long de faire l'enquête camembert par camembert, mais j'imagine que ce n'est pas mieux pour la plupart des autres grandes marques. Pour finir d'être édifié, on peut aussi lire ce qu'a déjà écrit Périco Legasse chez Marianne à ce sujet...
Lisez, lecteurs, le reste de l'article, et, pleurez et tremblez, amateurs d'huile d'olive française du Midi ou encore de Moutarde de Dijon...
Commentaires
Pour plus d'information, il vous suffit de lire les articles très pointus le Périco Légasse (journaliste "culinaire" de Marianne) et de retrouver une excellente emission F3 ou F5 sur les conflits concernant les appellations!!!!
@nanougk
Ah, merci, je jette un oeil sur la rubrique de temps à autre, mais je n'avais pris garde au fait qu'il y avait un rédacteur attitré.
Périco Légasse a tiré la sonnette d'alarme à de nombreuses reprises depuis des mois et des mois, et a même commis un ou deux articles très détaillés expliquant bien le processus (il doit être possible de les retrouver dans les archives de cet hebdomadaire au contenu bien plus intéressant que ses couvertures) ; il donne également des références de "vrais camemberts" que l'on peut trouver dans le commerce ou commander aux producteurs...
Bah, moi naan plus, et puis mieux de s'occuper de nos proches en ces périodes de fetes...Suis assez bien placée pour savoir que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et que du jour au lendemain, les piliers peuvent disparaitre soudainement.
Concernant la moutarde de Dijon, ces mots ne désignent pas une AOC mais un mode de fabrication. On peut donc en toute légalité fabriquer de la moutarde de Dijon à Paris, Bonn, Bamako ou Pékin, dés lors que l'on respecte le choix des ingrédients (graine de moutarde, vinaigre) et la recette. Du reste, si Amora et Maille sont toujours installés à Dijon (enfin, dans la périphérie...), la graine de moutarde qu'ils emploient vient pour l'essentiel de Hongrie ou du Canada.
Ah! Enfin un sujet important qui pourrait faire l'unité!
Le camembert au lait traité n'est que le haut de l'iceberg, avez vous entendu parler du fromage analogue? Allez jeter un coup d'œil sur les surgelés qui contiennent en principe du fromage (Pizza, p.e)et renseignez vous sur ce qu'est ce produit.
De plus très heureux de voir mentionné le nom de Perico Légasse, je vous signale, qu'en plus de chroniques sur Marianne, il a réalisé un excellent documentaire télévisé sur le sujet de cette rubrique.
Ayant eu l'occasion de manger de vrais camemberts fermiers au lait cru, je peux dire qu'on sent tellement bien la différence qu'aucun claquosse de supermarché ne peut se faire passer pour ce qu'il n'est pas.
Le prix n'est pas le même, cependant...
comme dirait H16, rien ne vaut le fromage improbable acheté au bord d'une départementale de l'Orne, ou au pire chez le fromager (avec les prix qui vont avec) comme celui à l'angle de St Didier, pas tres bon marché mais bien fourni.
En meme temps, les francais ca ne les jamais gené de fabriquer de la feta http://www.lsa-conso.fr/les-producteurs-francais-de-feta-en-campagne-dans-la-presse-nationale,2661 , de faire du soit disant "Gruyere" http://www.univers-fromages.com/encyclopedie-fromage-Gruyere-francais-AOC-94.htm (à trous en plus, contresens total) bien éloigné du délicieux fromage http://www.gruyere.com/ph/product/index.htm venu de ce petit village http://www.gruyeres.ch/portal/ du canton de Fribourg
J'ai bondi dès la première ligne, lorsque j'ai lu que vous ingériez cette bouse infâme ! Comme camembert au lait cru (et mùoulé à la louche), hors Normandie on trouve assez facilement du Réo, notamment dans les Monoprix, mais aussi dans certains Carrefour et autres usines à bouffe.
Pour ce qui est du Livarot (encore appelé le "colonel"), je vous rassure : le Lanquetot n'est pas plus au lait cru que leur camembert.
Cela étant, il ne faut pas idéalisé la Normandie non plus. J'ai vécu dans l'Orne plusieurs années et le camembert le plus vendu aux populations locale était "le petit Mayennais", un truc plâtreux et ignoble (mais pas cher) fabriqué dans la Sarthe voisine, alors...
@Didier Goux
Je vais tenter le Réo dans ces conditions
J'ai beaucoup vécu aussi en Normandie (Calvados puis Manche) et je connaissais un petit fabricant qui faisait du bon camembert.
Pour le Livarot, le site ment , alors ?
Je me joins à Didier Goux pour vous conseiller le Réo, un camembert de Normandie au lait cru .
c'est pas cool l'hérétique de faire un tel article en cette période de fête....mais c'est évident que l'on se fait avoir sur bon nombre de produits....
Mais bon, les produits de l'agro-alimentaire française restent corrects comparé a ceux de pays du reste de l'UE. Surtout éviter le fromage Allemand.....si on peut appeler ça du fromage!!!!
Joyeux Noel :)
http://www.youtube.com/watch?v=ZQpjM8JLh9Y&feature=related
l' Extrait suivant provient du site
http://www.blogagroalimentaire.com/cargill-innove-dans-la-production-de-fromages-analogues-grace-au-systeme-fonctionnel-lygommeach-optimum
Le système fonctionnel Lygomme™ACH Optimum met fin à ces incertitudes. Le fabricant dispose maintenant d’une alternative économique au fromage pour pizza, grâce à ce nouveau produit qui remplace entièrement les protéines du lait dont le prix fluctue sans cesse. L’apparence, le goût et la texture reproduisent fidèlement ceux des fromages analogues obtenus à partir de protéines laitières. Le produit rappelle les fromages traditionnels à pâte dure tels que le gouda, le cheddar ou le gruyère. Quant au client, il y trouve le même plaisir et la même satisfaction.
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