On le sait, l'école publique est en mauvais état. Mais ce serait une grave erreur de croire que l'école privée est logée à une autre enseigne. Cycee, par exemple, pense que le gouvernement s'apprête à faire un cadeau de 4 millions d'euros à l'école privée, sous prétexte qu'il y aurait eu un arbitrage entre privé et public à propos de ces fonds. C'est oublier un léger détail : en réalité, l'école privée croule sous les demandes, et, faute de fonds et de subventions publiques, se montre incapable de résorber la demande, même avec des classes surchargées. Des pas perdus clame à la trahison au Conseil Régional d'île de France, parce qu'on y participe au financement des écoles privées sous contrat. Soyons raisonnables, SVP, ce n'est pas le moment de rallumer la guerre scolaire. Encore heureux qu'il y ait dans ce conseil, une gauche pas trop sectaire et au final assez réaliste. Ce que Cycee dit sur son blogue à propos des différences de qualification entre enseignants du privé et du public est un aspect de l'école privée, mais la réduire à ce travers serait très simpliste. En réalité, l'école privée française accomplit du bon boulot et offre, particulièrement en ce qui concerne l'enseignement catholique, un espoir à ceux qui n'en ont plus là où il n'y a plus rien. Dans les cités franciliennes, en particulier, dans les familles immigrées où l'on peut consentir l'effort financier et où l'on accorde de l'importance à l'école, c'est bien chez les Catholiques qu'on envoie ses enfants, fût-on soi-même Musulman pratiquant.
Invoquer la laïcité comme le fait la gauche de la gauche (Front de gauche et alternatifs) n'a donc aucun sens en la circonstance. Il ne faudrait pas s'engager dans un débat tout à fait faux à propos de la laïcité...Ce n'est pas la laïcité qui est en danger à l'école, à l'heure actuelle, mais l'école toute entière, publique ou privée.
La plupart des établissements privés sous contrat garantissent un échelonnement des montants des inscriptions à la mesure des situations sociales et financières des familles. Je pense même pouvoir affirmer que pour certaines familles très modestes, dans certains établissements catholiques de province, le coût final de l'école est moins élevé dans le privé que le public.
Quatre millions d'euros, c'est misérable, au regard des montants en jeu. Très insuffisant pour couvrir les besoins des écoles privées, largement aussi touchées que les écoles publiques quand ce n'est pas davantage par les réductions de postes.
J'ajoute qu'il ne suffit pas de brandir les grands principes pour juger de la pertinence de l'aide de l'État aux institutions privées. Prenons l'exemple de Concarneau : on s'alarme parce que là-bas, le montant du forfait familial augmente pour les écoles privées. Et si l'on considérait, pour juger de la pertinence ou non de cette augmentation, non pas la laïcité ou non de la chose mais le service réellement rendu et son coût final ? Pas sûr que l'école privée revienne plus cher que l'école publique, au final.
L'IFRAP a interviewé le sénateur UMP Jean-Claude Carle pour obtenir l'explication de son amendement. Quelques arguments de bon sens (liberté de choix pour les familles, par exemple) en effet, mais il a oublié quelques détails fâcheux dans son raisonnement : on ne joue pas au concours de qui perd le plus de poste gagne. Il eût fallu non pas répartir l'effort, mais abonder et les uns et les autres. Allons, notre bon Sénateur peut se rassurer : l'actuel gouvernement, jamais à court d'astuces, a trouvé une technique gagnante à tous les coups pour motiver (flinguer du prof, quoi), les fidèles suppôts du pouvoir que sont les Recteurs d'Académie : la prime. Un scalp de prof ramené, et toc, une prime de Noël. Beaucoup de scalps de profs => y'a bon très GROSSE prime de Noël...
Eh oui, c'est le Far West, chez nous autres Gaulois : quand on veut la peau de l'ennemi public numéro un, on met sa tête à prix. Ingénieux, non ?
Alors the poor lonesome sarkow boy, Lucky Luke the Chatel, a rétabli une bonne vieille pratique. Il a juste oublié d'afficher la mise prix sur toutes les portes et fenêtres. Le bon prince que je suis a donc décidé de lui refiler un coup de main à titre gratuit (sans prime) pour édifier le bon peuple de Gaule...
Commentaires
Ne pas oublier non plus que l'école privée catholique a aussi, parfois, le sens de sa mission sociale. Prenons le collège Stanislas, à Paris, établissement d'excellence s'il en est (100% de réussite au bac, des élèves placés régulièrement à l'X, à Centrale, à HEC ou autres...). Eh bien, cet établissement offre chaque année 10 places de prépa (internat + enseignement) à des élèves issus de quartier difficiles, des places financées par la communauté des parents d'élèves. Et ce même établissement est en train de construire une filiale... dans le 93 !
@Ch.Romain
euh, peut-être, mais je me suis aussi entendu dire que cet établissement était du 200% pur jus intégriste...
Le Tabligh aussi oeuvre aux choses sociales dans le 93, donc...
"dans les familles immigrées où l'on peut consentir l'effort financier et où l'on accorde de l'importance à l'école, c'est bien chez les Catholiques qu'on envoie ses enfants, fût-on soi-même Musulman pratiquant."
Vrai.
"La plupart des établissements privés sous contrat garantissent un échelonnement des montants des inscriptions à la mesure des situations sociales et financières des familles. Je pense même pouvoir affirmer que pour certaines familles très modestes, "
Tout aussi vrai, meme dans certaines grandes villes.
"Les primes" au cape, ce qui se pratique dans certaines entreprises pour faire passer coute que coute certaines mesures plus ou moins populaires dirons-nous, depuis plusieurs années.
@ L'Hérétique
Stan, intégriste ? Pas vraiment, non. Mais respectueux de la parole de Benoît XVI, oui. Peut-être que vu de chez certains, ça revient au même ? :-)
@Christian
Stan obtient d'excellents résultats, mais il dégage tous les élèves en difficulté au lycée avant le bac. Et j'ai connu au moins un enseignant en mathématiques qui donnait des cours particuliers à ses propres élèves, ce qui me semble contraire à la plus élémentaire des déontologies...
@ L'Hérétique
C'est bien possible. Mon propos n'était pas de faire l'apologie de Stan, mais de donner l'exemple d'un établissement catho privé sous contrat qui se donne un peu de mal (et les parents d'élèves aussi, accessoirement, puisque ce sont eux qui financent) pour aider des gamins défavorisés. J'ai la faiblesse de trouver ça bien.
@Christian,
Il y a aussi d'autres initiatives intéressantes du meme ordre, en ce qui concerne l'achat des fournitures scolaires via le net, lorsque des parents se regoupent pour les achats cela autorisait un taux préférenciel en faveur de plus défavorisés des établissements concernés.
Pas le temps, ce soir de retrouver les liens mais si cela peut intéresser, les déposerai plus tard.
C'est exactement ça, Martine. Une fois de plus, vous avez parfaitement tout compris, bravo !
Ah si, un truc à ajouter pour que cela fonctionne^^^ ! :x
Coups de pied au "c" de solidaire and co. J' adooooore les shadocks!!! Vraiment... :)))
Dans la vie, il y a ceux qui font et puis ceux qui pour récupérer insultent et "blablatent" et sont portés par des forces obscures, n'est-ce pas ???
Tsss,coup de pied au "c" à...Et non pas de.
@Christian,
Ce que j'ai évoqué existe déjà depuis quelques années, pas récent du tout...!!!