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tpe

  • 35 heures, témoignage d'une entrepreneuse de TPE

    Valls, l'UMP envisagent de "déverrouiller" les 35 heures. Je tends à penser que cela n'apportera rien d'un point de vue économique, ni pour l'emploi, ni pour la compétitivité. Mais le mieux, c'est encore de donner la parole à un chef d'entreprise : juju41 qui commente de temps en temps ici, mais bien plus sur le forum Demos, dirige une TPE. Elle vient de témoigner à la suite de mon article sur Valls :

    35 heures: les propositions d'Hervé Novelli
    http://www.rmc.fr/editorial/141769/exclu-35-heures-les-propositions-dherve-novelli/

    primo,
    Novelli oublie que les 35 H sont basées sur une annualisation du temps de travail, c'est à dire la possiblité de moduler les horaires en fonction de l'activité, sur un quota d'heures annuelles. avec ses 38 H payées 38,il impose aux entreprises un surcroît horaire et financier , pas forcément nécessaire en temps de crise, le carnet de commande étant déjà maigrelet..à quoi bon payer plus des salariés qui feraient juste du temps de présence, sans produire plus.. ça revient à aggraver la crise dans ces entreprises.sans compter que les salariés ne faisant plus des heures sup perdent en pouvoir d'achat, sauf si on licencie, pour garder le strict minimum de salariés qui bosseraient comme des chinois...

    suppression des RTT: il faudrait calculer l'impact économique des RTT, sur les dépenses des ménages, sorties , culture, achats, sports, bricolage, Tourisme, associations..un lourd manque à gagner à mon avis en cas de suppression des RTT.

    secondo, d'après Novelli
    "l'État échangerait la suppression progressive de ces allègements de charge contre de la flexibilité pour les entreprises et de la sécurité pour les salariés. En d'autres termes, on supprime les 22 milliards de coût pour les finances publiques sur cinq ans, donc l'État est gagnant. Mais on change radicalement la donne en revenant sur la durée légale du travail et on donne plus de latitude sur un certain nombre de domaines du droit social aux entreprises"
    qu'est ce que ça veut dire?
    d'un côté on augmente le coût du travail et donc de la production si les exonérations sont supprimées..
    en échange, il ya flexibilité( on a déjà la flexibilité avec les 35 h) mais ça veut dire quoi de plus? une facilité de licenciement?à part ça, je ne vois pas trop ce que ça veut dire, et en quoi ça pourrait compenser l'augmentation de charges déjà très lourdes.
    il y a aussi "sécurité pour les salariés".. Kézako? mystère et boule de gomme..

    au final, en quoi ça améliore la compétitivité, et en quoi ça fait diminuer le chômage?
    à titre personnel, on a pas besoin d'augmenter nos heures de travail, on ne saurait pas quoi en faire , en gardant tous nos salariés...

    moi j'ai déjà réfléchi.. si la Loi Novelli passe.. on passe aux 40 heures, et je licencie un gars..avec les heures sup( jusqu'à 48h/semaine), je peux compenser avec 4 salariés au lieu de 5..voilà le travail, surtout si il y a facilité de licenciement..parce que je ne peux pas augmenter mes tarifs, quand je suis en concurrence avec des entreprises basées au Luxembourg (impôts, taxes et charges, 14%), déjà qu'on fait au plus serré, avec une marge minimale,on se demande ce qu'on ferait avec des salaires et charges augmentés// Mais D***n Novelli ne pense qu'aux grosses boites comme d'hab.. ben de toutes façons, dans peu de temps, on va se vendre à une grosse boite, parce que justement ras le bol, après je ne garantis plus la qualité du travail payé au lance-pierre, avec des produis interdits, mais bon on n'a pas le choix..c'est la loi du néo-libéralisme , produire de la merde en masse à pas cher..

    je suis prête à parier que le chômage augmentera . si chaque entreprise fait comme moi, en calculant au plus près ce que lui coûtera un salarié, charges augmentées, je garantis les charettes de licenciements. surtout si le licenciement est plus souple..si on peut aller jusqu'à 48 h/ semaine sans pb, ça double le chômage.

  • Et les TPE, Sarko ?

    Il y a parfois des témoignages pour lesquels tout commentaire serait inutile. Christophe Ginisty remarquait avec justesse, tout récemment, que le plan de Nicolas Sarkozy pour les PME passait à côté de l'essentiel : il observait, notamment, que l'on associe presque mécaniquement (Pavlov ?) PME, innovation et financement de l'innovation. S'il s'agit d'aider les entreprises en difficulté, il est évident que sélectionner celles qui sont éligibles par leur propension à innover, revient à laisser de côté toutes les petites entreprises ordinaires qui ont un problème, in fine, assez simple : la trésorerie.

    Il y a dans les commentaires, un témoignage édifiant d'une militante MoDem qui est chef d'entreprise d'une TPE, juju41. Je le reproduis intégralement ici :

    et les TPE? tout le monde s'en fout...
    j'en sais quelque chose, puisque de 8 salariés, nous sommes passés à 5, avec les ennuis financiers qui vont avec... parce que lorsqu'on licencie pour raison économique, 3 personnes , c'est un licenciement collectif, donc convention de reconversion, départ immédiat des salariés sans effectuer leur préavis, et les 2 mois correspondant au préavis, payés charges comprises au Pôle Emploi.. je vous laisse imaginer ce que ça représente pour une TPE artisanale qui doit sortir l'équivalent de 20 000 euros pour 3 salariés, sans avoir facturé quoique ce soit qui corresponde à ce travail... et que le carnet de commande est bien bas.. La trésorerie étant forcément limitée, on n'a plus qu'à renflouer la boite avec nos biens propres..pour éviter de couler, et d'envoyer 5 autres personnes au chomage, et nous au RMI à 55 ans...voilà ce que c'est que la réalité des TPE, dont sarko se fout comme de sa première rollex...quand à la banque elle nous tolère un découvert de 30 000 euros.. et faut se démerder avec ça... ça en fait des nuits de cauchemards..et on ne voit pas le bout.. on renfoue encore et encore avec nos économies, on finira sur la paille , si ça continue..au bout de 35 ans de travail acharné et passionnant, on a quelques envies de meurtres, et le dégout au bord des lèvres...

    il y en a combien comme nous qui ont fait marcher la machine économique durant des années, honnêtement, en payant bien leurs salariés, en payant des impots assez consistants,sans rechigner et sans en mettre à gauche à l'étranger,et qui aujourd'hui crèvent en silence...

    Ras le bol
    !!!!

    L'État a bien consenti des prêts aux banques : pourquoi ce plan de permettrait-il pas de garantir des facilités de trésorerie aux PME tant que les temps sont durs ? Voilà qui serait bien plus utile. Je pense que le gouvernement et Nicolas Sarkozy devraient être davantage à l'écoute du tissu entrepreneurial, si cher au MoDem, au demeurant. Il y a avec le billet de Christophe Ginisty et le témoignage de juju41 l'avis de deux chefs d'entreprise. Cela vaut le coup qu'on les écoute, non ? Ensuite, il ne faut pas oublier l'autre côté de la chaîne, à preuve, cette fois, un autre témoignage d'un militant MoDem, Fred LN (qui tient un blog) qui déclare : Je crois lire ce qui arrive a mon principal client (et débiteur...).

    Et moi, je m'arrête évidemment sur le mot "débiteur". Il est symptômatique du cercle vicieux dans lequel toute une branche de l'activité économique risque de rentrer en plongeant dans le marasme.

    Des solutions existent, et Démocratix (blogueur lui aussi) en propose une qui me semble censée : une société d'affacturage sur le modèle de la COFACE !

    Et pourquoi ne pas imaginer en temps de crise, un cautionnement de certaines sociétés d'affacturage par l'Etat? Pour couvrir le rachat de certaines créances à un niveau de risque un peu plus élevé (sans aller trop loin toutefois) que ce que des institutions privées sont prêtes à faire. Après tout, c'est déjà ce qui se passe avec la Coface pour l'export, et l'Etat n'a aucun intérêt à voir des entreprises chuter les unes après les autres par effet de "dominos"...

    Il est loin, désormais, le temps où François Bayrou voulait faire de la France un pays pro-entreprise. Il ne reste de cette période qu'un essartz de Small Business Act à l'européenne toujours pas appliqué. Il y a eu pourtant des propositions du MoDem sur l'entreprise. J'essaierai d'en faire une synthèse très prochainement.

  • Jean Lassalle s'oppose aux agios pour les TPE

    Lassalle.jpgEt toc : encore une intervention cousue du bon sens (question écrite n°31893) de la part de Jean Lassalle, député MoDem.

    M. Jean Lassalle attire l'attention de Mme la ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi sur le souhait du syndicat des indépendants (SDI) de voir faciliter les conditions d'accès au crédit pour les très petites entreprises (TPE). En effet, ce syndicat estime qu'il est plus intéressant aujourd'hui pour le système bancaire de restreindre l'accès au crédit lors d'un besoin de financement d'une entreprises (en bénéficiant des frais liés au dépassement d'un découvert) que d'accorder un crédit dont les intérêts rapporteront nettement moins. Il s'agit ici d'un problème majeur pour les très petites entreprises. À l'heure où se déroule l'examen de la loi de modernisation de l'économie visant notamment à fluidifier l'ensemble des tuyaux de l'économie par des circuits de financement facilités, il lui demande de bien vouloir lui faire connaître son sentiment sur ce dossier et quelle mesure elle compte prendre pour répondre à l'attente de ce syndicat.

  • 70 milliards d'euros pour les entreprises

    Je rebondis à mon tour sur les billets de intox2007 et Farid Taha à propos des fonds publics affectés à l'aide aux entreprises. Je reprends notamment le constat  de Manuel de Survie, un commentateur du blog de Farid, car au niveau du constat, je m'accorde avec ce qu'il a écrit. C'est après que cela se gâte...

     Manuel de Survie observe que la question de l'aide aux entreprises a été  traitée bien trop superficiellement lors de la campagne présidentielle de 2007 et fait les remarques suivante. Il évoque les raisons de cette absence :

    1°) D'abord à cause de son poids budgétaire, souvent ignoré, rarement évoqué.

    Par plusieurs centaines de tuyaux administratifs différents, l'Etat "redistribue" aux entreprises exactement autant que ce qu'il perçoit d'elles au titre de l'impôt sur les sociétés. Soit plus de 53 milliards d'euros (70 à 80 selon intox2007).

     Là, j'aimerais bien avoir ses sources.

    2°) Question de transparence, aussi, sous l'aspect de la complexité. Les types d'aides différents approchent la centaine.
    Cela résulte de la diversité des objectifs de l'incitation étatique : recherche, emploi, exportation, politique industrielle, environnement, etc. Mais aussi des critères, des conditions éventuelles (rares), des modes d'attribution, etc.

    3°) Une mention spéciale pour le contrôle de l'emploi qui est fait de ces aides, et pour la mesure et l'évaluation de ses effets économiques et autres : tout cela oscille entre insuffisance et inexistence.

    4°) Il n'existe pas de vue d'ensemble et encore moins de pilotage politique ou même administratif de l'ensemble. Ce n'est en rien un système organisé. C'est depuis toujours un bricolage de droite et de gauche en perpétuel chantier.

    53 milliards d'euros (70 à 80 d'après intox2007) , cela constituerait en réalité le deuxième budget de l'Etat, après celui l'enseignement et de la recherche. Pourquoi cette masse reste-t-elle invisible et incontrôlée ? Probablement, entre autres raisons, parce qu'une part non négligeable de ces aides seraient litigieuses, du point de vue des règles européennes en matière de libre concurrence, si plus de transparence et de contrôle politique les exposaient à l'examen de la Commission.

    5°) En théorie, la France pourrait donc supprimer l'impôt sur les sociétés et cela ne diminuerait en rien ses ressources, pourvu que l'on supprime toute aide aux entreprises en même temps.

    Ce n'est certes pas du tout ce qu'il faut faire. Mais cela donne une idée de la marge de liberté que l'on trouverait rien qu'en faisant le ménage : en découpant rationnellement l'ensemble, en le simplifiant par objectif, et en mesurant en permanence les effets obtenus. Bref, en orientant ce qui est redistribué selon les objectifs d'une politique économique. Et en ne redistribuant que ce qui est efficace.

    La question de l'efficacité avait intéressé François Bayrou. Il avait justement noté que les très petites entreprises (TPE) et les PME avaient avant toutes choses besoin d'aide en intelligence (juriste, expert-comptable, et cetera) plutôt que d'aides directes. Il avait en effet observé que les grosses entreprises disposent de services spécifiques (RH, comptabilité, services juridiques, et cetera...). D'où l'idée de simplifier considérablement les démarches administratives afin de mettre à égalité TPE et PME avec les plus grosses entreprises au moins sur ce point-là.

    Il n’existe pas de définition standardisée des aides publiques, sauf les « aides notifiées » définies par la Commission européenne. Il est excessivement fastidieux,  et ce depuis fort longtemps de disposer d'une description exhaustive de l’offre, s’il en existe une visant les TPE et les micro-entreprises.

    En revanche, il serait fort fâcheux de ne pas inclure les simplifications des démarches administratives, fiscales et de couverture sociale :  elles peuvent améliorer singulièrement  l'existence des petits patrons et le fonctionnement de leurs entreprises. C'est d'ailleurs ce qu'ils veulent de longue date.  Un bon test de la capacité de l’Etat à définir une politique et la faire respecter par d’autres serait d'initier de telles mesures.

    Les entreprises qui comptent moins de dix salariés ont créé 2 millions d’emplois entre 1991 et 1998 ; dans le même temps, les entreprises de plus de cent salariés en ont détruit 1,2 million...En 2001, l’Inspection générale des Finances et l’Inspection générale de l’Industrie et du Commerce avaient réalisé une analyse d’ensemble sur les aides aux créateurs d’entreprises, mais dans une optique d’offre.

    Il en résultait qu'il existait que sur 64 mécanismes identifiés, seuls quinze d'entre eux s'adressaient directement aux jeunes entreprises !

    Il me semble donc que les propositions de Bayrou allaient donc dans le bon sens, puisqu'il reprenait les deux emplois sans charge et la simplification administrative, ce que demandent de longue date les patrons de TPE et de PME. Sans doute aussi parce qu'il était allé sur le terrain et les avait écoutés, et puis aussi parce qu'il avait eu l'idée, sans doute, de lire les sages recommandations du Commissariat au Plan (aujourd'hui supprimé !)