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Economie - Page 31

  • Ryanair, ne pas céder !

    J'ai lu dans Le Figaro que Ryanair menaçait de fermer son terminal à Marseille, parce qu'il veut pouvoir appliquer un droit du travail irlandais et non français sur notre sol.

    Si jamais, nous Français, cédons sur notre droit du travail, nous sommes morts. Cela signifie que demain, ce sera le droit du travail kazakh ou ouzbekh qu'on voudra nous appliquer.

    J'ai à ce sujet quelques remarques : l'autre compagnie low-cost, Easy-Jet a essayé la même chose mais a finalement abdiqué  et s'est pliée à la législation française. Comparez les prix des deux, Easy-jet n'est pas plus chère que Ryanair, en revanche, elle est bien plus fiable.

    Le site Securvol donne des informations sur la fiabilité des compagnies aériennes. Le croirez-vous ? Alors qu'Easyjet est en catégorie A (on ne peut pas faire mieux), tiens tiens, Ryanair est en catégorie C (personnellement, je ne mets pas les pieds dans les compagnies classées catégorie C et en-dessous).

    Sorte de grande muette de l'aviation, Ryanair se garde bien de répondre aux questions embarrassantes, et pas seulement dans le domaine des pratiques sociales, mais aussi de la sécurité. Or, des incidents se sont multipliés en 2005 et 2006 sans que jamais Ryanair ne prenne la peine de donner des éléments d'explications sur ces derniers. Oh, remarquez, les atterrissages dangereux, on peut avoir quelques éléments, avec les périodes de rotation de 25 minutes seulement pour un même pilote...Si ça, c'est irlandais, vous imaginez ce que cela donne en droit kazakh, ouzbekh ou kirgizh ?

    Oui, parce que qui dit doit du travail kazakh finit par dire normes de sécurité kazakhes, tôt ou tard. Ben tiens, ça alors, toutes les compagnies kazakhe sont en catégorie E, c'est à dire interdites ou à interdire dans le ciel européen, genre catégorie cercueils volants, vous voyez...

  • Bayrou, la voix des ouvriers ?

    Dans le sondage sur les cotes de popularité  des personnalités de l'IFOP de début septembre, il y a un point qui avait attiré mon attention : la fort potentiel de sympathie dont dispose François Bayrou parmi les ouvriers : 66% de cote de popularité. Seuls Chirac (72%), Jack Lang et Besancenot (68%) et Delanoë (67%) font mieux. Les autres sont nettement plus bas.

    Bien réfléchi, cela ne m'étonne guère si l'on considère d'une part les visites régulières de Bayrou dans les usines, mais surtout les lignes directrices de son programme, qui commencent à apparaître pour 2012. 

    On connaissait Bayrou sur quelques axes forts comme l'éducation ou la démocratie irréprochable, mais je sais aussi de source sûre qu'il étudie avec acuité les possibilités de relocalisation de l'industrie en France depuis près d'un an et demi.

    Je pense que cela sera un axe très fort de son programme économique en 2012, et que les commissions du MoDem vont plancher dur là-dessus. Il a d'ailleurs commencé à consulter des spécialistes sur la question et projette de s'entourer d'une équipe d'experts. Jean Peyrelevade estime qu'il n'y aura pas de développement durable sans croissance, et pas de croissance forte sans industrie forte. L'industrie sera donc au coeur du projet économique du MoDem, particulièrement les PMI (petite et moyenne industrie) qui intéressent principalement Bayrou.

    Les premiers à profiter d'une telle politique économique, à l'évidence, seraient bien évidemment les ouvriers, le secteur secondaire en général étant friand de leur classe socio-professionnelle, avec la réapparition probable des ouvriers hautement qualifiés.

    Je pense que les ouvriers ne sont donc pas insensibles à ce programme-là et qu'il les séduira de plus en plus au fur et à mesure qu'on se rapprochera de l'élection présidentielle.

    C'est en effet un enjeu majeur qui a été abondamment évoqué lors de l'université de rentrée du MoDem. Gageons qu'on en entendra reparler très bientôt au sein du parti centriste...

  • L'emploi, oui, mais comment faire ?...

    J'ai lu l'entretien que le sociologue Louis Chauvin a accordé à Marianne2. Quand on évoque le financement des retraites, tôt ou tard, on ne peut pas ne pas s'interroger sur la situation de l'emploi depuis la fin des années 70 en France. 10% de taux de chômage environ, des jeunes peinant à s'insérer et des seniors qu'on vire avant l'heure. J'ai parfois le sentiment que la vie professionnelle active, c'est 20-25 ans maxi en France. Et après, on s'étonne qu'il manque des fonds pour financer les retraites.

    Donc, le problème, clairement, c'est l'emploi. Sauf qu'une fois cela dit, on n'a rien dit. Protéger et relancer l'emploi, c'est la quadrature du cercle sur laquelle les politiques de gauche et de droite se cassent les dents depuis 30 ans sans parvenir à la percer.

    J'ai déjà abordé le problème sous l'angle de l'industrie il y a une dizaine de jours.

    Soit on se livre à un véritable protectionnisme pour bloquer les délocalisations, mais on peut s'attendre à des mesures de rétorsion de la part des pays qui se prendront les mesures protectionnistes dans les dents. Et puis franchement, a) cela ne va vraiment pas dans le sens de l'histoire b) tous les pays qui ont mené une politique protectionniste l'ont généralement payé cash sauf quand ils le faisaient très subtilement (USA, Japon, Chine). Après, il y a le protectionnisme fûté qui consiste, comme Jean Arthuis le propose depuis un moment, à accroître les taxes sociales pour réduire l'impact du coût du travail sur le prix final des produits. Le problème, c'est que c'est un tantinet violent pour le pouvoir d'achat des Français...

    Au passage, j'ai souvent entendu nombre d'individus de gauche expliquer que la France était le second pays au monde à attirer les investisseurs étrangers. Cela m'a toujours étonné.  Mais grâce à Jean Arthuis que j'ai écouté (28:00, sqq sur la vidéo) à l'Université de rentrée du MoDem, j'ai la clef du mystère : en fait, ce sont surtout des bons du trésor qu'ils achètent, c'est à dire, en somme de la dette française ! Vous parlez d'investissements ! En somme, plus on investit en France, à l'heure actuelle, plus cela signifie que nous, les Français, nous nous endettons. Chapeau...

    Soit on tente une véritable révolution, un changement de logiciel, comme le proposer Corinne Lepage. C'est sympa sur le papier, mais, dans la pratique, c'est une autre paire de manches. Corinne Lepage compte beaucoup sur les États pour assurer la transition dans son Vivre Autrement. Vu la gueule des États en question (au moins la France, en tout cas), je ne les vois pas assumer quelque rôle leader que ce soit par les temps qui courent. Par ailleurs, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel commençait à s'intéresser au coût de la révolution verte à la laquelle rêve Angela Merkel, et, force était de constater qu'elle a un coût. Un coût monstrueux. Tiens, rien que pour l'énergie, il faudrait que l'Europe investisse 3 000 milliards d'euros pour adapter ses réseaux de distribution et ses infrastructures aux énergies vertes. Alors certes, l'industrie écolo est séduisante dans les discours, sans doute créatrice d'emplois, mais impossible à mettre en place sans une révolution logistique associée, domaine dans lequel presque personne n'a l'ombre ne serait-ce que du quart de la moitié du dixième d'une idée.

    Soit on table sur les services à la personne, mais, très lapidairement, je vais évacuer cette fausse bonne idée. Les services à la personne produisent très peu de valeur ajoutée et ne sont pas exportables ; aucun impact en termes commerciaux, l'assurance d'un appauvrissement du pays à terme s'ils deviennent le coeur de l'emploi dans notre pays.

    Reste les petites mesures au jour le jour. Le crédit d'impôt sur les emplois à domicile, par exemple. Pas fameux, mais mieux que rien : cela permet à pas mal de gens de vivre en gardant des enfants, en aidant des gens âgés, en assurant l'entretien des maisons, et cetera. Dans les mesures proposées, j'avais jugé pertinente celle de Bayrou en 2007 avec ses deux emplois francs. Pas de charges pendant 5 ans sauf 10% destinés à assurer le financement des retraites. Je trouvais, et trouve encore l'idée astucieuse.

    Cela étant, je ne vois dans l'immédiat aucune solution miracle pour l'emploi, et, en tout cas, certainement pas les solutions prônées par la gauche et la gauche de la gauche, qui consisteraient à générer une multitude d'emplois publics ou à rigidifier considérablement le marché de l'emploi sans avoir sécurisé les entreprises au préalable.

     

  • Dette et droits de l'homme

    Marielle de Sarnez, euro-députée et vice-présidente du MoDem, occupe désormais dans le Cabinet Fantôme de François Bayrou le poste des Affaires étrangères.

    L'attitude à adopter face au dumping social et en matière de droits de l'homme me paraissent deux chapitres importants de ce domaine de gouvernance. C'est donc avec intérêt que je fais connaître la position exprimée par Marielle au Parlement Européen à propos de la Chine.

    Intervenant lundi dernier en session plénière du Parlement européen, réuni à Strasbourg, lors d'un débat sur les relations entre l'Union européenne et la République Populaire de Chine, Marielle de Sarnez, vice-Présidente du MoDem, a demandé à la Commission européenne "de définir une stratégie nouvelle". La présidente de la délégation MoDem au sein du Parlement européen a proposé trois directions dans son intervention :

    "Premièrement, nous avons besoin, comme le président du Conseil l'a dit, de réciprocité. Un exemple : les entreprises chinoises ne peuvent continuer à s'installer chez nous alors que nos entreprises sont interdites d'accès à leurs marchés publics. Il faut choisir. J'attends donc des mesures qui vont dans ce sens-là." 

    "Deuxièmement, l'Union ne peut plus accepter plus longtemps sans réagir le dumping social, sanitaire, environnemental qui est responsable directement de trop nombreuses délocalisations de notre territoire européen. Les coûts dérisoires de main-d'œuvre ou les conditions de travail déplorables ne doivent plus être considérés par la Commission comme des "avantages compétitifs naturels". Sur ce point, je demande vigoureusement, Monsieur le Commissaire, un changement de doctrine de la Commission."

    "Troisièmement enfin, nous ne pouvons plus faire l'impasse sur la question des droits de l'Homme. Et le soutien ostensible, par exemple, de Pékin à l'Iran, à la Corée du Nord ou à la Birmanie, pose évidemment problème. L'objectif de l'Union européenne a toujours été de favoriser l'émergence de la démocratie, de démocraties. Sur cette question, là encore, nous ne devons rien céder", a conclu Marielle de Sarnez.

    Bon, très bien sur le principe, mais à la suite de cette intervention de Marielle, il demeure pour moi deux questions assez importantes en suspens :

    - primo, est ce que la diplomatie française en matière de dumping social et de droits de l'homme passe désormais exclusivement par l'Europe ? En somme, la France dispose-t-elle encore d'une diplomatie propre, capable d'agir sans relais européen ?

    - secundo : j'entends bien qu'il s'agit d'imposer à la Chine des normes acceptables tant sociales que juridiques, mais j'imagine bien que la Chine va réclamer des choses en échange ! La diplomatie est yun art de la négociation, et si l'Europe est une grande puissance qui peut parler d'égale à égale à la Chine, elle n'a pas le pouvoir de lui imposer quelque chose sans un retour. Qu'est-ce que l'Europe doit mettre dans la balance dans ces conditions ?

    - tertio, je voudrais rappeler que la Chine possède de nombreux titres d'emprunts d'État des pays occidentaux. Près de 850 milliards de dollars, par exemple, pour l'Amérique.

    En fait, mon questionnement dépasse le seul cas de la Chine. Près de 80% de résidents étrangers détiennent la dette française. Quel peut être notre poids diplomatique quand nous évoquons les droits de l'homme et le dumping social face à des pays dont nous sommes débiteurs ?

    Il y a là une vraie problématique géostratégique que nous ne pouvons éluder. Peser pour obtenir le respect des droits de l'homme a un coût, parfois très élevé. Combien sommes-nous prêts à payer ? Et même si nous sommes prêts à payer, en avons-nous seulement les moyens ?!

  • Anne Laperouze reprend du service

    Laperrouze-little.jpgL'organigramme complet du Cabinet Fantôme du MoDem figure désormais sur son site. C'est une très grande satisfaction pour moi d'y voir figurer Anne Laperrouze dans le domaine où elle est experte par-dessus tout. Je rappelle que cette ex-euro-députée est une chimiste de formation et qu'elle a traité la question de l'énergie en long et en large durant la totalité de son mandat européen.

    Pas de chance, son ancien site, consacré à l'Europe et à l'énergie n'est plus en ligne. C'est bien dommage, c'était une mine d'informations. Par chance, on dispose, à dépôt, de son bilan de mandat comme euro-députée, un bilan qui eût gagné à être davantage connu quand les Français ont voté en juin 2009 pour élire leurs nouveaux représentants. Outre l'énergie, Anne Laperrouze maîtrise très bien les dossiers liés à l'espace rural.

    Avec une personnalité de cette trempe et de cette compétence, le MoDem se dote d'une référence plus que sérieuse dans le domaine de l'énergie.

  • Retraites, le bal des faux-culs

    C'est marrant, mais je suis sceptique depuis un moment face à la fameuse retraite à 60 ans du PS. Sur le fond, d'ailleurs, je ne la pense pas vraiment plus néfaste que le projet de Sarkozy, au sens où ce qui compte, c'est la durée de cotisation. J'avais bien noté que Martine Aubry n'était pas très à l'aise à ce sujet.

    Bon, mes lecteurs me connaissent : ils savent que je n'hésite pas à aller farfouiller dans les programmes quand je veux m'informer. Or, j'ai trouvé ceci dans le programme du PS sur les retraites

    Les socialistes proposent des points d’étape réguliers tous les cinq ans avec les partenaires sociaux et une clause de rendez-vous globale sur le système des retraites en 2025. En cas de nouveaux besoins, il faudrait chercher toutes les sources possibles de financement. Si un allongement de la durée de cotisation devait être envisagé, celui-ci ne devrait pas excéder la moitié des gains d’espérance de vie, alors qu’aujourd’hui il représente deux-tiers d’allongement d’activité, pour un tiers de temps de retraite.

    Amusant, non ? Parce qu'avoir droit à la retraite à 60 ans, c'est bien joli, mais ça te fait une belle jambe, si tu n'as pas tes annuités...

    Bon, Bayrou n'était pas si loin de la vérité en déclarant que le PS envisageait l'allongement sans limites de la durée de cotisation. Il y en a une, et je vais vous la calculer :

    par exemple, en 2002, l'espérance de vie pour les hommes était de 75.8 ans. En 2010 elle est de 77.8 ans. Donc, le PS envisagerait que de 2002 à 2010, il faille une annuité de plus pour toucher sa retraite à taux plein. Il suffit de transposer leur calcul sur les projections à 30-40 ans pour déterminer ce qu'il prépare.

    En 2050, l'espérance de vie serait de 89 ans pour les femmes, 84 pour les hommes. Tac, un peu plus de trois annuités supplémentaires pour avoir sa retraite, soit au minimum 45 annuités. La retraite à 60 ans, à ce moment-là, ce ne sera plus que pour ceux qui ont commencé à travailler illégalement à 14 ans...Avec la généralisation des études longues, la retraite à 60 ans ne sera plus qu'un joli air de pipeau, sauf à s'habituer à vivre avec trois fois rien...

    Et pour les retraites du public, peut-être que ceux qui comptent s'engager dans la fonction publique devraient lire la fin du document : 

    Cependant, la réforme doit tenir compte du sentiment d’injustice très répandu parmi les salariés du privé. Nous proposons donc un principe simple. Les agents des fonctions publiques déjà engagés dans leur carrière se verront maintenir les règles actuelles, car on ne change pas un contrat en cours de route. Pour l’avenir de la fonction publique, nous proposerons des négociations approfondies avec les syndicats pour de nouveaux rapprochements entre les retraites du public et du privé correspondant à une revalorisation des rémunérations dans la fonction publique.

    Oh, je ne vais pas me plaindre de cette position : elle n'est pas loin de ce que proposais il y a quelque temps sur mon blogue. Simplement, il vaut mieux le dire clairement...et...un peu plus fort...!

  • Acht so ! Mais comment font-ils ?

    On se pose la même question que moi, chez les libéraux. La différence, c'est que j'avais la flemme d'écrire un billet, jusqu'ici.

    J'ai beau lire et relire les diverses publications de la Toile, on en arrive toujours au même invariable constat : les Allemands font toujours mieux que nous, les Français, dans le domaine économique.

    Il y a eu une période, celle du franc fort, au cours des années 90, où le commerce extérieur français s'était redressé sérieusement, mais depuis l'euro, paradoxalement, c'est la fuite en avant.

    Je me suis posé mille fois la question : mais comment font-ils ? On en revient toujours au tissu de PME et aux créneaux d'exportation choisis. Les Allemands ont un très gros tissu de petites et moyennes entreprises, pas les Français. Et pourtant, ce n'est pas faute, chez nous, de chanter les louanges de la PME sur tous les airs.

    Comme le dit Christine Murris, l'auteur de l'article que cite Lumière et Liberté, en France, on ne jubile qu'à coups de "grands contrats". Quand Sarkozy fait le VRP, c'est pour les entreprises de luxe ou pour notre la très grande industrie. Les PME, c'est pour le décorum dans nos élections internes, mais une fois que les choses sérieuses commencent, c'est la berezina. 

    En fait, l'industrie française, quand elle cherche à réduire ses coûts, pense d'abord aux délocalisations et jamais à l'amélioration de ses outils de production ou à une innovation dans la gamme de ses produits.

    La désindustralisation de la France ne laisse pas d'inquiéter : c'est l'un des chevaux de bataille de François Bayrou depuis 2007, et cela préoccupe le Sénat puisqu'il a mis en place une mission d'information avec l'ambition d'apporter des éléments d'action à la puissance politique.

    On y réfléchit jusqu'au Ministère de l'Économie et des Finances où un rapport a été rendu en juin 2010.

    J'ai commencé à le lire le rapport : dans la démarche, déjà, il y a des choses qui me frappent. Lilas Demmou observe que la demande de biens industriels baisse à proportion de la hausse des revenus car ceux-ci se tournent alors vers les biens de consommation. Mais raisonner ainsi, c'est compter sur la demande intérieure pour soutenir l'industrie, or, on voit bien, avec l'Allemagne, que c'est la demande extérieure qui soutient la production.

    Par ailleurs, le document constate une baisse (en proportion) de la demande intérieure adressée au secteur industriel : mais est-ce le secteur industriel français ou tout le secteur industriel ? Dans le premier cas, cela signifie simplement que ce secteur-là n'a pas su s'adapter le moment venu, pas que la demande en biens industriels a baissé tant que Lilas Demmou le dit.

    En France, on commande rapport sur rapport sans parvenir à agir efficacement. Le Conseil d'Analyse économique en a produit un en 2005 ; contrairement au document précédent, il a au moins le mérite de ne pas avancer que la déindustrialisation n'est pas nécessairement une évolution naturelle des économies développées. Jean Arthuis, en 1993, s'était posé des questions tout à fait similaires pour le textile, préconisant de donner aux entreprises françaises les moyens de lutter contre la concurrence alors nouvelle des pays du Magrheb, de la Chine et de la Turquie.

    La réalité, c'est que les firmes industrielles se réorganisent sur des bases non plus nationales mais mondiales ; si la France ne peut plus rien apporter à ces firmes en main d'oeuvre ou innovation ou technologies, il est logique que sa part se restreigne.

    J'ai souvent le sentiment qu'il n'y a pas de stratégie de sortie par le haut en France. La seule ébauche de quelque chose de ce type que j'ai pu lire, ces dernières années, mais j'insiste sur le fait que ce n'est qu'une ébauche et qu'il faudrait la débarrasser de sa vulgate à demi altermondialiste, c'est le Vivre Autrement de Corine Lepage, qui comporte un authentique programme industriel et une fiscalité associée.

    Il y a bien eu également la tentative de Raffarin et ses pôles de compétitivité, mais j'ai l'impression que le projet patine, même s'il faudra du temps pour juger de ses effets réels.

    Mais comment font donc les Allemands ?

  • La meilleure régulation, n'est-ce pas la transparence ?

    Je suis très près de partager l'avis de Vincent Bénard qui commente les dernières décisions de l'Union européenne en matière de régulation financière. Les accords Bâle III sont censés contraindre les établissements bancaires à disposer de garanties solides avant d'engranger des titres spéculatifs et potentiellement à risque. Vincent Bénard observe que d'ores et déjà, les entreprises qui disposent d'une garantie d'État, l'État en question fût-il endetté jusqu'à la moëlle, bénéficieront d'un statut particulier quand une banque en détiendra des actions. Ce que soupçonne Vincent Bénard, c'est que le régulateur européen soit très vite tenté de protéger ses intérêts plutôt que d'assurer transparence et sécurisation des transactions.

    De son point de vue, un marché réagit de manière saine dès lors qu'on ne lui cache pas des éléments essentiels. Il croit, en somme, à l'intelligence des acteurs économiques et financiers. Le meilleur régulateur systémique, dans ces conditions, c'est le marché libre, c'est à dire un marché où les États laissent aussi couler et faire faillite les établissements qui se sont ramassés.

    Dès 2008, j'ai aussi tendu à penser que la crise financière était d'abord une crise de l'information.  Polymorphe et dissimulée dans les plis de ses propres métamorphoses, sciemment ou par ignorance, l'information est la clef des marchés, enjeu de pouvoir et de savoir.

    J'appuie et valide donc les quatre propositions de Vincent Bénard, avec toutefois une réserve que j'indiquerai ensuite.

    • En finir avec la comptabilité créative "hors bilan" (les finalités du hors bilan doivent être limitées au dévoilement des cautions et garanties à des tiers, point barre), et punir comme une escroquerie aggravée engageant la responsabilité personnelle des dirigeants sur l'intégralité de leurs biens la dissimulation aux actionnaires de risques pris par le biais de "Special Investment Vehicles" et autres joyeusetés, notamment off shore. 
    • obliger les banques à dévoiler de la façon la plus transparente les "produits primaires", actions, obligations, immobilier, contenus dans tous leurs produits dérivés ou agrégés, 
    • laisser le marché décider qui prend trop de risque, qui n'en prend pas, laisser évoluer les taux d'intérêts naturellement en fonction de ce jugement, sans donner un privilège de notation à quelques agences en position d'oligopole protégé... et de fait en grave conflit d'intérêt. 
    • et surtout, LAISSER LES MAUVAISES BANQUES FAIRE FAILLITE, selon des modalités techniques qui partagent le fardeau entre actionnaires et créanciers, déjà exposées ici.

    J'ajouterai donc une quatrième proposition, et c'est celle de François Bayrou et du MoDem de longue date :

    • séparer à nouveau banque d'affaires et banque de dépôts.

    Si une banque se casse la figure, qu'elle ne mette pas en danger les économies de petits épargnants qui n'ont rien demandé à personne et qu'on n'a jamais informé des risques encourus par leur établissement bancaire.

    J'ai un dernier désaccord avec Vincent Bénard : il commente en fait les réponses apportées par Sylvie Goulard, du MoDem, au quotidien Libération. L'Europe a une propension plus forte à imposer de la transparence que les États. Qu'il y ait donc un comité de supervision est une bonne chose. Ce qui compte, en revanche, c'est de déterminer ce que sera son rôle : et là, en effet, je préférerais qu'il s'occupe de rendre les transactions financières transparentes plutôt que de les interdire.

    Malheureusement, ce traité laisse la part belle aux États, et, ce n'est pas faute, au niveau de l'ADLE, tout du moins, d'avoir tenté de leur rogner les ailes, comme l'explique Sylvie Goulard :

    A chaque étape de la négociation, nous nous sommes heurtés aux Etats. Ainsi, nous n’avons pas réussi à faire sauter l’article qui prévoit qu’un pays peut s’opposer à une décision des autorités européennes si elle a des conséquences pour son budget, comme la nécessité de recapitaliser une banque.

  • Une cagnotte ? Ah, les imbéciles !...

    Je suis sûr qu'Hashtable a le don de prescience. Généralement, côté prophéties, il tape assez juste. D'après l'Express, le cru fiscal devrait être meilleur cette année que la précédente, et, par suite, le déficit budgétaire davantage réduit que prévu. Oh, pas de grand chose : 7.8% à la place de 8%, allez, soyons bon prince, 7.5%. Hashtable qui a du sentir le doux fumet de la revendication déficitaire voit venir de très loin les gros titres sur la cagnotte. Oui, la cagnotte  : vous vous souvenez, sous le gouvernement Jospin, en plein accroissement du déficit tous les abrutis qui ont fait sonner leur timbale en couinant à la redistribution de l'argent n'avait pas ?

    Tenez, imaginez un gars qui saute d'un avion et dont la parachute ne s'ouvre pas : il a un calculateur de vitesse de chute. Hop, un courant d'air ascendant, et il a la bonne surprise de constater qu'il va toucher le sol à 200km/heure, seulement, à la place de 500km/heure. Chouette, non ?

    Parions, comme mon affreux libéral favori, qu'il n'y aura pas long avant que les premières unes hurlent à la collectivisation du surplus...

  • Ouf, une sarkonnerie de moins...

    Ah ! Je lis chez Fred que le gouvernement renoncerait à empêcher la télévision publique de se financer grâce à la publicité. Pas trop tôt : dans la catégorie décisions particulièrement ineptes, celle-là décrochait le pompon. Tout ce battage pour faire plaisir à quelques intellectuels de gauche de salon, était-ce bien nécessaire ? J'ai le souvenir que Copé a été Ministre du Budget de 2004 à 2005. Il avait eu à l'époque une idée assez rigolote : une sorte de simulateur de jeu à destination des Français avec lequel il s'agissait d'établir le budget de l'État français.

    Ouf, d'ailleurs, je l'ai retrouvé : le jeu s'appelle cyber-budget. Il devrait y jouer plus souvent, Sarko. Je parle de Copé, parce qu'au sein de la majorité, c'est lui et quelques uns de ses proches qui ont suggéré qu'en période d'économies budgétaires, on pouvait repousser la mesure. Bon...au MoDem, on l'avait dit dès le début...