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Economie - Page 32

  • Petit wikio deviendra-t-il gros ?

    J'ai appris, il y a peu, que wikio s'apprêtait à fusionner avec overblog. D'après Pierre Chappaz qui s'exprimait sur le blog de Nicolas, l'intérêt de cette fusion est entre autres technique : les informaticiens de la plate-forme excellent en sémantique, c'est à dire la maîtrise des technologies qui permettent de rendre accessible au mieux les contenus aux divers logiciels, programmes et agents logiciels de diffusion de l'information.

    Nicolas, avec une sensibilité toute gauchiste (il adore quand je lui dis qu'il est un gauchiste) a toutefois flairé l'anguille sous la roche et se demande ce qu'il va advenir vraiment de wikio : en effet, l'actionnaire principal d'overblog, c'est TF1, avec 40% de participation. C'est d'ailleurs la régie publicitaire de la chaîne qui commercialise les espaces, depuis 2007.

    Or, ce que se demande Nicolas, en commentaires, c'est si Pierre Chappaz ne pourrait pas être tenté de revendre wikio à TF1 tôt ou tard. Or, à l'heure où j'écris ce billet, cette question est demeurée sans réponse.

    Je l'ai dit en mai dernier, cela ne me gêne pas plus que cela que wikio fasse de l'argent : c'est même bien naturel et nécessaire.

    Après la question que je me pose, c'est la suivante : est-ce wikio qui absorbe overblog ou overblog qui absorbe wikio ? le fait est que tôt ou tard, pour grossir, il faut s'allier. Wikio s'était montré intéressé par la reprise du site lepost.fr en décembre dernier, mais je ne crois pas que l'intérêt ait abouti à quelque chose de concret. En revanche, le fait est qu'overblog et wikio oeuvrent dans le même sens stratégiquement : l'un et l'autre cherchent à s'étendre en Europe.

    Il me semble tout de même que c'est bien wikio qui devrait chapeauter le tout puisqu'elle va servir de holding pour l'ensemble des activités, overblog ne constituant que l'une d'entre elles.

    J'ai cru comprendre que ce serait e-buzzing, la régie publicitaire de wikio, qui monétiserait les contenus participatifs qui émergent des deux plate-formes. On ne devrait donc pas y voir le nez de TF1 avant longtemps.

    Il y a quelque chose qui devrait intéresser les adversaires irréductibles de la junk-blogo (ne cherchez pas, c'est un néologisme que je viens d'inventer) : overblog a mis au point un algorithme qui essaie de détecter l'audience qualitative et non quantitative. C'est certainement ça, la sémantique à laquelle Pierre Chappaz fait allusion en réponse à Nicolas. Il s'agit d'identifier non pas la page sur laquelle des centaines de visiteurs passent, mais celles sur laquelle des dizaines restent !

    Je déduis de cet intérêt que les commerciaux auraient calculé que les lecteurs qualitatifs assurent un meilleur retour sur investissement que les lecteurs quantitatifs.

    Cela ne m'étonne pas trop, j'ai déjà constaté ce fait en dehors de la Toile : des observateurs précis et intéressés par les produits de qualité et l'information de fond sont une clientèle fiable tant qu'ils ne se sentent pas trompés.

    Ainsi, les conseils d'un chauffeur de buzz ne feront pas acheter un seul produit dans la plupart des cas, mais ceux d'un auteur éclairé qui connaît le sujet et s'adresse à une audience d'experts peuvent provoquer bien plus facilement un engouement.

    In fine, on assiste peut-être à l'émergence un leader européen dans le média social, je crois que c'est sur le fond le but de Pierre Chappaz. Souhaitons-lui bonne chance. Il me semble, en observant les pratiques de wikio, qu'il essaie de puiser dans le vivier blogosphérique pour engager des usagers experts susceptibles de devenir conseillers, rédacteurs voire commerciaux chez wikio.

    Il me semble que wikio a cette originalité d'être la seule entreprise de sa catégorie à avoir pris les producteurs de contenus amateurs que nous sommes très au sérieux, au point de faire de certains d'entre eux des salariés. Parce que wikio a compris une part des actions et réactions alchimiques qui se produisent dans le big-bang blogosphérique incessant qui irrigue la Toile, il a un temps d'avance considérable sur d'éventuels concurrents.

    In fine, si cette société parvient à réaliser ses ambitions, elle sera parvenue à exporter une pratique typique du modèle français. Au fond, les premiers blogues sont nées en France, sur le Minitel, bien avant que les premiers réseaux sociaux (Usenet) ne se développent aux USA. Ce petit univers personnel qui correspond si bien au sens de la propriété à la française n'a pas fini de faire parler de lui. On a annoncé déjà plusieurs fois sa mort au moment même où une société en plaine croissance, presqu'entièrement adossée sur ses contenus, wikio, s'apprête à l'exporter dans toute l'Europe...

  • L'Or des fous

    On reconnaît souvent les périodes de crise au rôle de l'or au plus fort d'entre elles. Domenico, un contributeur du Cercle des Échos, a tenté, dès le mois de juin, de mettre en garde contre la spéculation de folie qui touche les produits dérivés adossés à l'or. La pratique la plus courante, c'est d'acheter un tracker or ; un tracker est un titre bancaire censé refléter fidèlement un indice boursier. Il est en principe adossé à des réserves physiques de matières premières s'il s'appuie sur un indice ad hoc. Le problème, c'est que la demande est tellement monstrueuse que la hausse des cours de ces trackers est devenue vertigineuse. Il n'y a vraisemblablement donc plus de rapport réel entre les réserves en or et les titres vendus. En un an, depuis septembre dernier, l'once d'or s'est appréciée de 25%.

    Ce qui inquiète l'auteur de l'article, c'est que plusieurs États commencent à liquider des positions exprimées en dollars pour acheter à la place des titres adossés à l'or. Or, nombre de ces titres n'ont pas de contrepartie. Le marché financier a donc produit ce que l'auteur appelle des junk-securities, c'est à dire des placements censés être sûrs qui ne valent rien : si jamais le marché s'affole et réalise qu'il n'existe pas les stocks d'or suffisants pour couvrir la demande en produits dérivés, il risque de revendre des titres qui ne vaudront plus rien, au risque d'une catastrophe financière. La valeur papier serait 200 fois supérieure à la valeur matérielle ! Tiens tiens...cela ne vous rappelle rien, vous ? Un truc genre subprimes, quoi...

    Les cours de l'or, in fine, ne risquent pas de s'effondrer, loin de là, et mieux vaut en acheter en dur, à l'heure actuelle, quitte à en acheter, mais l'or de papier, lui, pourrait bien connaître le sort des assignats d'un certain Law, quelques années avant une révolution qui changea le sort d'une partie non-négligeable de l'humanité...

    Certains ne s'y sont pas trompés, et les sociétés qui rachètent des bijoux en or à des particuliers se multiplient, comme en faisait état Le Figaro le 30 août dernier. Mieux, en grande surface, à Carrefour ou à Auchan, par exemple, on échange des bons d'achat contre de l'or.

    Dans le jeu de rôle Donjons et Dragons, il existait, dans la seconde édition des règles, un sortilège de magicien, basé sur la magie d'illusion, qui répondait au nom évocateur d'Or des fous :

    Grâce à ce sort, des pièces de cuivre ou des objets en alliage de cuivre peuvent être changés en or, pour un temps limité. La zone d’effet est de 150 centimètres cubiques par niveau, soit un volume de 5 x 5 x 6 cm ou l’équivalent, ce qui représente environ 150 pièces d’or. Toute créature voyant "l'or" bénéficie d'un jet de sauvegarde contre la Magie, pouvant être ajusté par sa Sagesse ; pour chaque niveau du magicien, la victime doit retirer 1 à son jet de dé. Il est donc peu probable que l’Or des Fous soit détecté s’il est créé par un magicien de haut niveau. Si "l’or" est frappé durement par un objet de fer pur, il existe une petite chance pour qu’il retrouve aussitôt son état naturel, en fonction de l’élément matériel utilisé pour le créer.

    Les concepteurs des produits dérivés sont à n'en pas douter des magiciens d'un niveau incommensurable...

     

  • Taxer le capital pour financer les retraites ? ça va pas la tête !

    Bon, Nicolas s'est vexé comme un pou en commentaires à la suite de la réponse que j'ai apporté à son billet dans lequel il m'interpelait : il estime en effet que demander le financement des retraites sur la base des seuls fruits du travail est un postulat et pas un argument.

    Je lui ai donc répondu en deux temps :

    1. C'est toujours marrant de voir comment les mecs de gauche fantasment complètement sur les revenus du capital et la grande finance.

    Ils y voient une source inépuisable, alors que leur valeur est infiniment plus théorique et hasardeuse que celle du travail et de la production.

    Je vais te l'expliquer en termes simples, cher collègue blogueur de gauche, ainsi qu'à tes potes gauchistes :-)

    Quand on évoque la production industrielle, il y a une relative adéquation entre offre et demande, si bien que les prix s'équilibrent à peu près et ne fluctuent pas trop. Bien sûr, les entreprises ont des stocks, parfois importants, mais qui ne représentent pas des centaines de fois ce qu'elles écoulent.
    En ce qui concerne les produits financiers, ce qui s'échange n'est rien à côté de ce qui se stocke. Si un gros Kapitalist (ach so, gröss Kapital, ja) décide de vendre ses actions d'un coup, paf, elles chutent. Mais si tous les produits financiers étaient écoulés d'un coup, ils vaudraient nique nidouille.
    Ils n'ont de valeur que pour autant que les échanges ne soient pas trop importants. 
    Et c'est là-dessus que tu veux asseoir le financement des retraites, inconscient ?
    Finalement, pas mieux que les libéraux qui font le même calcul...pas sous forme de taxes mais de dividendes...

    j'te jure, les gauchistes, faut tout leur expliquer, en économie :-)

    2. Je n'ai pas dit qu'il ne fallait pas engager une réflexion sur le travail, mais c'est un autre problème.

    Le fait est que nos sociétés démocratiques ne survivront que difficilement à la concurrence effrénée que se livrent les pays de la planète sur le marché du travail.
    Il n'y a que deux issues :
    - soit se positionner sur un créneau où il n'y a pas de concurrence, mais cela ne tient qu'un temps
    - soit faire admettre au minimum au niveau régional que le dumping social fausse la concurrence.

    L'excellent TCE a été rejeté par une quantité faramineuse d'ânes sous prétexte que Das Kapital pas assez taxé, ja, vilains Kapitalists vouloir défigurer notre schön doulce France Zozialisten....

    Mais en réalité, avec son préambule exigeant le respect d'une concurrence libre et non faussée, il y avait une excellente brèche pour avaliser que le dumping social constituait un critère de falsification. C'est l'angle sur lequel il faut se battre.

    Tu persistes, dans ta réponse à Dorham, à imaginer que les flux qui se dirigent vers les produits financiers et ceux qui se dirigent vers le travail sont interchangeables. C'est une illusion dangereuse qui ne correspond à aucune réalité que la gauche agite très régulièrement dans ses raisonnements.

    Je ne savais pas quoi publier aujourd'hui, eh bien hop, voilà, c'est plié.

  • Class Actions, aller plus loin

    J'ai lu sur le site du Club Jade l'état des lieux dans le domaine des Class Actions. Des Class Actions ou actions de groupe, permettent à des consommateurs spoliés ou victimes d'ententes illicites, d'engager un avocat conjointement afin d'attaquer en justice une entreprise ou une société.

    Le projet demeure sans doute trop libéral pour notre état jacobin. Même ceux qui l'envisagent, comme André Rouleaux dans on article ou Neelie Kroes, commissaire européen, demeurent bien timorés à mes yeux. Ils se contenteraient d'actions menées par des organisations de consommateurs.

    Cela demeure à mes yeux une restriction de liberté : un véritable marché de la procédure doit pouvoir s'ouvrir parmi les consommateurs, et ils doivent être libres de passer des accords avec d'autres consommateurs floués sans forcément devoir s'adresser à une institution.

  • Orthographe certifiée conforme...

    On certifiait conforme les appellations, jusque là, en France, pour de nombreux produits du terroir. La nouveauté, désormais, c'est la certification de l'orthographe !

    Des entreprises, des universités publiques et privées, des chambres de commerce et des instituts de formation (et même un cabinet d'orthodontie ! Mais pourquoi, au fait ???) se sont associés, en France et en Belgique  pour soutenir la certification Voltaire. Tout le monde connaît le TOEFL, en anglais, assurant la bonne maîtrise de cette langue. Eh bien désormais, faites figurer sur votre CV la certification voltaire, assurant vos qualités rédactionnelles et orthographiques.

    La certification est constituée pour environ 65% de règles grammaticales, 15% de règles sémantiques, 15% de règles lexicales, et pour 5% de règles syntaxiques. À quelques exceptions près, elle s’attache aux difficultés pas ou mal gérées par les correcteurs orthographiques.

    Une équipe d'experts a élaboré les règles sur lesquelles fonctionnent les règles. On trouve en son sein Bruno Dewaele, agrégé de lettres modernes et champion du monde d'orthographe en titre.

    L'examen comprend aussi une petite dictée de quelques lignes (seulement ???). Le score de la Certification Voltaire est compris entre 0 et 1000 points. Les scores obtenus permettent d’appréhender quelles aptitudes sont acquises.

    À titre de référence, un score de 300 points qualifiera un candidat qui n’aura pas de difficultés majeures à rédiger un texte simple ; un score de 500 points qualifiera un candidat qui connaît et applique les règles de l’orthographe d’un français courant ; le candidat qui aura obtenu 700 points disposera d’une très bonne maîtrise des règles orthographiques, des exceptions, des nuances grammaticales ; il est un référent en matière d’orthographe dans les écrits professionnels et pourra utilement relire ceux de ses collègues qui ont un doute ; avec 900 points, le candidat est un expert !

    Pas mal non ?

    Sur le marché de l'emploi, ça ne rigole plus : les DRH en ont ras la casquette des tocards incapables d'écrire plus de trois lignes sans les truffer de fautes ! Du coup, l'orthographe est devenue un critère de recrutement parce qu'elle apparaît comme un gage de rigueur.

    Pour le compte, je regrette de ne pas trouver dans la liste quelques institutions prestigieuses, comme la Sorbonne ; elles ratent le coche sur ce coup-là.

    Bref, j'ai intérêt à m'entraîner, moi, si je veux décrocher un titre.

    P.S : Merci à mipmip pour l'information d'origine !

  • Travail le dimanche ?

    Et Dieu bénit le septième jour, et le sanctifia, parce que ce jour-là il s'était reposé de tous ses travaux, des travaux qu'il avait entrepris de faire.

    Bon, je vous le refais en grec ancien (source, Septante, Genèse,II,3)

    καὶ ηὐλόγησεν ὁ θεὸς τὴν ἡμέραν τὴν ἑβδόμην καὶ ἡγίασεν αὐτήν, ὅτι ἐν αὐτῇ κατέπαυσεν ἀπὸ πάντων τῶν ἔργων αὐτοῦ, ὧν ἤρξατο ὁ θεὸς ποιῆσαι.

    Dieu s'est reposé le 7ème jour après avoir accompli un travail de Titan, et le Préfet de Paris voudrait généraliser l'ouverture des magasins le dimanche ?

    Delanoë (pour une fois) avait joué un bon tour à Sarkozy : ce dernier avait promis que le travail le dimanche ne se ferait que sur la base du volontariat et à salaire double. Or, depuis la loi votée en 2009 sur l'ouverture dominicale, rien de ce type ne s'est mis en place. Fûté, Delanoë, appuyé par le Conseil de Paris dont le MoDem, a proposé dans ces conditions, dans son plan de zones autorisées pour le travail dominical la transformation des zones touristiques en zones PUCE (périmètre d'usage de consommation exceptionnelle).  Cette législation contraint à payer au double l'heure de travail le dimanche et suppose l'adhésion volontaire des salariés pour travailler ce jour-là.

    Par ailleurs, comme l'a observé Delanoë, 20% des commerces sont ouverts le dimanche. Pour moi qui habite la capitale, je juge que c'est largement suffisant et que je parviens à y trouver ce jour-là 90% de ce que je peux rechercher en semaine.

    En outre, comme l'observe Jean-François Martins, conseiller démocrate au Conseil de Paris, ajouter de nouvelles zones n’aurait qu’un seul effet : fragiliser la périphérie de ces zones et les petits commerçants indépendants, avec des conséquences graves en termes d’emplois sur toute la capitale. Habiller Pierre, ce sera, mécaniquement, déshabiller Paul.

    On voudrait tuer le commerce de proximité que l'on ne s'y prendrait pas autrement.

  • L'entreprise et le politiquement correct

    J'ai l'habitude ici de conspuer avec énergie les travers de la gauche, tant ils ont le don de m'horripiler : pseudo-éthique qui couvre des actes biens différents des déclarations, notamment dans le domaine social. On plaide, à gauche, pour la mixité sociale, mais on s'empresse de placer ses enfants dans un établissement privé plutôt que de les voir "mixés" avec les classes populaires, les immigrés voire les délinquants. Et, bien entendu, on se garde bien de mettre les pieds dans les quartiers dits populaires...

    François de la Chevalerie, du Cercle des Échos a eu l'idée de se demander s'il existait un politiquement correct de droite correspondant. Je ne parle évidemment pas des divagations des gauchistes anti-libérales de toute sorte.

    Très subtilement, il a observé qu'à droite, on porte aux nues l'entreprise et la création d'entreprise, mais qu'in fine, les personnalités les plus en vue s'empressent d'aller pantoufler dans la haute administration, les entreprises publiques, ou les très grandes entreprises, toutes planques dont la santé et l'existence ne doivent absolument rien à leur action. Créer une entreprise, comme le souligne l'auteur, c'est difficile et risqué.

    Dès lors, vanter la création d’entreprise s’apparente à de la propagande destinée surtout aux recalés, aux jeunes, aux chômeurs, aux immigrés, à tous ceux qui n’ont pas d’autres choix que de créer leur entreprise, dixit, leur propre emploi.

    Cette dérive aboutit à la mise en œuvre de fausses bonnes solutions, comme par exemple, le statut d’auto preneur ou le concours de création d’entreprises innovantes du Ministère de la Recherche. Dans les deux cas, les résultats sont accablants avec peu de création d’emploi, une instabilité chronique. Qui plus est, ce paradoxe affecte l’ensemble de l’économie.

    Exceptionnellement impliqués à titre personnel dans des créations d’entreprise, les banquiers comprennent mal l’univers peu palpitant des PME, à la trésorerie souvent exsangue. En témoigne leurs difficultés à accéder aux crédits bancaires, voire à des marchés. Cette situation génère des frustrations ou de l’amertume assez comparables à celles que ressentent, de leur coté, animateurs sociaux et éducateurs.

    J'ai un ami qui a créé son entreprise en octobre dernier. Il opère dans le secteur de la sécurité et des alarmes. Sa société s'appelle MSDS et dispose d'un site de présentation. José est mon plus vieil ami, on se connait de très longue date. Je sais que c'est quelqu'un de très rigoureux (je lui dois la moitié des aménagements de mon modeste appartement, toujours faits à titre gracieux, et à chaque fois d'une qualité bien au-delà de ce que j'aurais pu espérer d'un professionnel).

    Il aimait la liberté (c'est un esprit très indépendant), avait de l'expérience, un petit carnet d'adresses pour débuter, et surtout, l'esprit d'entreprise. Il s'est donc lancé il y a près d'un an. Je vous le donne dans le mille, il n'a pas choisi le statut d'auto-entrepreneur dont on entendait parler sur toutes les ondes... Il a choisi la SASU (Société par actions simplifiée unipersonnelle). Pour comprendre les avantages d'un tel choix, je renvoie au site ad hoc.

    Toute la difficulté pour une entreprise jeune comme la sienne, c'est d'assurer un certain roulement. Certains mois, trop de clients, et il est difficile de répondre à la demande. A d'autres moments, pas assez d'affaires ; il met alors à profit ce temps pour prospecter, ce qu'il ne peut faire quand son carnet de commandes est plein. Il faut à la fois trouver de nouveaux clients et fidéliser la clientèle existante (avec des contrats de maintenance, par exemple).

    Une des difficultés, c'est de parvenir à financer son salaire. Il n'y est pas à 100% et demeure encore un peu tributaire des ASSEDIC, avec toutefois, à court-terme, l'espoir de dégager un revenu mensuel suffisant pour disposer d'une garantie. On a beau être entreprenant, il est difficile d'assumer une multiplicité de rôles et de fonctions : chef d'entreprise, technicien, commercial, webdesigner et cetera. A plusieurs reprises il a pu engager quelqu'un mais toujours ponctuellement. Il fait sinon appel à des services spécialisés pour sa comptabilité ou son site internet.

    Quand il voudra créer un emploi, il aura la même difficulté. Un demi-poste, un quart de poste, peut-être, dans un premier temps. Évidemment, il peut faire appel à de l'intérim, mais ce n'est pas une solution viable à long terme.

    Autre souci, bien penser sa gamme de produits : un professionnel est toujours tenté de proposer le meilleur, mais ce qu'il lui a fallu apprendre, c'est que le meilleur était relatif, et, notamment, relatif au budget que le client souhaite mettre dans son installation.

    Ce n'est pas tout : sa clientèle est d'un genre particulier. Elle est d'abord constitué de syndics. Il faut donc s'adapter à son mode de fonctionnement. Les relations avec les fournisseurs ne sont pas moins simples. Ils ne connaissent apparemment pas la crise, ou alors la concurrence est insuffisante. La plupart du temps, il faut appeler trois, quatre, cinq, parfois six fois pour obtenir satisfaction et surtout résister à la féroce envie de leur beugler à la tronche ou de leur raccrocher au nez quand l'attente se fait trop longue et l'énervement devant le temps perdu trop prompt.

    La création de son entreprise n'a pas nécessité de très gros investissements, et il donc quasiment pu se passer d'emprunter. S'il lui fallait aujourd'hui redevenir salarié, il confesse que cela lui serait très difficile. Il a goûté à la liberté et aurait du mal à s'en passer. La charge de travail est très lourde, mais être son seul maître est le plus voluptueux des premiers dividendes de son choix.

    On est assez loin du salaud d'exploiteur du peuple capitaliste dont les gauchistes adorent imaginer la pendaison. Loin aussi du chef d'entreprise au sourire bright invité sur tous les plateaux de télé, dont la propagande gouvernementale vante les qualités.

    Entreprendre, c'est dur, mais apparemment, le jeu en vaut la chandelle. Au moins pour José, du moins. Sans doute parce que c'est avant tout un entrepreneur...A l'évidence, devenir entrepreneur, c'est décidément tout un métier...

  • Cool avec le stress, les banques...

    Je me suis demandé ce que comportaient comme hypothèses basses le coup de stress que se sont infligées récemment 91 banques européennes. J'en sais désormais un peu plus grâce à l'excellent Cercle des Échos. Primo, le scénario ne prévoyait pas que comme en 2008, les banques ne se fissent plus confiance au point d'engendrer une grave crise de liquidités. Deuxio, aucune hypothèse de défaillance d'une dette souveraine ; non que les testeurs se soient dit qu'un état européen pouvait faillir, mais plutôt qu'ils se sont imaginés que le FMI ou la BCE y pourvoiraient d'une manière ou une autre, ce qui n'a rien d'une évidence. Tertio, les hypothèses de récession sont résolument "optimistes.

    Quelques autres nouvelles quelque peu inquiétantes figurent dans l'article de Mory Doré. Les accords de Bâle prévoyaient de resserrer la réglementation pour les banques. Or, j'apprends que les banques n'auront pas à tenir compte de la solvabilité de leurs filiales pour pour calculer leurs propres ratios...

    Bref, je comprends mieux que les marchés, généralement mieux informés que le citoyen ordinaire, soient demeurés de marbre...

    Le mieux, in fine, c'est encore de lire l'article, technique, il est vrai, du blogue que je cite en référence...

  • La loi du marché

    J'ai trouvé très intéressante une réflexion récente de Jean Lassalle, député MoDem, rappelant qu'à l'origine du marché, il y a le contrat :

    La très ancienne notion de contrat pourrait être de nature à transformer le destin de nos paysans et de nos agriculteurs en leur donnant des débouchés sur la durée.
    Aujourd’hui, les marchés de proximité ont tous disparu. Même si l’on fait des efforts pour remettre au goût du jour le lien direct entre le producteur et le consommateur, nous en sommes encore bien loin. Seulement, comme vient de le souligner Mme Langlade, encore faut-il que chacun des contractants ait les moyens de se faire respecter. Un vieux dicton de chez nous dit : « Il faut renforcer l’identité de l’autre pour passer de bons contrats avec lui. » De nos jours, on fait plutôt le contraire : on essaie de pilonner et d’affaiblir l’autre afin qu’il soit le plus faible possible au moment de la signature du contrat.
    Je crois que celui qui signe un contrat à l’intention de le respecter. Le problème est que le plus puissant des deux signataires à tendance à trop en demander à l’autre et à aller au-delà des limites de son partenaire. De contrats en contrats, nous sommes malheureusement en train de dévoyer cette pratique. Monsieur le ministre, je ne dis pas que c’est ce que vous voulez. Au contraire, en inscrivant les contrats dans la loi vous souhaitez protéger cette pratique. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux sont signés entre partenaires de forces inégales. Ainsi celui qui est le plus fort fait disparaître la concurrence et, à terme, il se retrouve seul dans une situation encore plus favorable
    .

    Quand le marché au sens économique du terme est apparu, ce devait être un lieu d'échange. Il s'agissait pour ses usagers de conclure des accords mutuellement avantageux. Le contrat venait les sceller. Or, ce que décrit Jean Lassalle, ce n'est pas une situation de marché mais une situation de guerre.

    Le contexte de la discussion est le suivant : la loi de modernisation de l'agriculture prévoit que les échanges entre producteurs et distributeurs doivent être contractuels pour les productions agricoles. Seulement, si l'État légifère ainsi, il n'est pas prévu qu'il intervienne pour garantir, par exemple, que les agriculteurs recouvrent au moins leurs coûts de production.

    En théorie, j'aurais une préférence pour que le marché s'organise de lui-même, et que l'État n'intervienne pas. Le problème, c'est la distribution : son mode d'organisation vient occulter les échanges. Certes, la distribution prend en charge des coûts d'organisation et de stockage importants, mais, en contrepartie, elle se substitue au marché.

    La difficulté, c'est que je ne perçois pas, pour l'instant, de système capable de concurrencer le pouvoir logistique de la grande distribution. Pourtant, en termes de prix, si on compare par exemple les prix pratiqués par paysan.fr, la différence ne saute pas aux yeux, et, sur certains produits, la coopérative est plus performante.

    L'argument du prix n'est pas suffisant pour expliquer l'avantage pris par la Grande distribution : elle offre aussi un service précieux pour le consommateur : le tout en un. On ne se rend pas dans un super-marché pour obtenir des produits alimentaires. On y trouve aussi toute une série de biens de consommation d'une autre nature.

    Les coopératives ne peuvent pas faire face, en l'état, si elles n'adoptent pas le même mode d'organisation, ce qui revient, sur le fond, à changer de métier...

     

  • Paradis fiscaux : les îles Caymans battues par la France ?

    Passionnant l'entretien qu'Éric Desmorieux, avocat fiscaliste du cabinet Aurélia, a donné au magazine l'Expansion.

    Quand le grand public a pris connaissance du montant réel des impôts payés par Lilianne Bettencourt, au regard de sa fortune, on a entendu un haro généralisé contre le Bouclier fiscal. Tu parles Charles...ça vaut tripette ce bouclier, en fait.

    Liliane Bettencourt paie peu d'impôts non en raison du bouclier fiscal mais parce qu'elle a placé ses sous dans une holding. Très pratique, la holding : détenez 51% d'une holding qui détient 51% d'une société et vous la contrôlez avec 26% de son capital au total. Fort, non ? Bien évidemment, je ne rentre pas dans les calculs astucieux qui mèneraient à détenir 51% d'une holding qui contrôle 51% d'une autre holding qui contrôle elle-même 51% d'une autre holding...la mise en abyme, vous connaissez ?

    Ce n'est pas tout : ces petites bêtes-là ont une écologie fiscale des plus frugales ! En France, c'est l'argent qu'on retire de la holding qui est considéré comme un revenu imposable. De manière générale, en Europe, les holdings bénéficient depuis fort longtemps d'une fiscalité spécifique et avantageuse (depuis 1924, par exemple, en France). Tenez, par exemple, le taux d'impôt sur les sociétés de 33.3% ne s'applique qu'à 5% des dividendes seulement. Taux final d'après Éric Desmorieux, 1.66%. Qui dit mieux ?

    Gauchistes qui lisez ce billet (libéraux, ne vous étranglez pas non plus, vous qui croyez que la France est le pays de la taxe par excellence), munissez-vous d'un défibrillateur pour éviter l'infarctus mortel, car voici ce que conclut Éric Desmorieux à propos de la fiscalité de la France :

    Quand on gagne énormément d'argent, et quand on a les moyens de s'offrir un spécialiste de l'optimisation, la France peut avoir des allures de paradis fiscal.

    Et Nicolas qui s'interroge sur la destination préférée des entreprises étrangères...

    Bon, nuançons tout de même le propos : l'argent de la holding n'est pas (ou peu) imposé...tant qu'il demeure dans la holding ! Le problème, c'est trouver quoi faire de la holding par la suite. Parce que le jour où il faudra liquider les droits de succession, là, en revanche, ça va faire mal. A moins d'avoir trouvé une solution entre temps. En terme d'impôts, on est donc plutôt dans le cadre d'un impôt différé que d'une authentique optimisation.

    Rassurez-vous, Gauchistes qui allez pouvoir hurler au loup, et Libéraux qui reprendrez votre souffle, l'optimisation fiscale n'a pas dit son dernier mot :

    La holding patrimoniale est votre totem ! Créez une holding pour vos enfants en répartissant astucieusement ses parts. Vendez les titres de votre société à la holding qui pourra au passage emprunter pour les acheter et paiera les échéances avec les dividendes des titres achetés. Vous avez compris ? Si vous n'avez pas compris le raisonnement, vous êtes des lumpen-gauchistes ou des libéraux ratés, tas d'andouilles : rien ne se transmet directement entre vous et vos héritiers, donc pas de droit de mutation. Hurlez, gauchistes qui allez pouvoir promettre la corde au Gross Kapital, réjouissez-vous, libéraux, le tour est joué ! Eh oui, tout cela se passe en France...

    En revanche, en ce qui concerne l'impôt sur les sociétés, il ne faut pas oublier que les sociétés dont la holding détient des parts l'ont payé, elles ! Je n'évoque pas non plus l'ISF qui vient s'ajouter à tout cela. S'il faut calculer in fine le taux vraiment acquitté, je pense qu'on est à largement plus de 1.66...

    Ce n'est pas grave : il doit y avoir d'autres astuces, mais je ne suis pas fiscaliste, alors je me contente de choses simples...

    Cela dit, si Liliane veut déshériter sa fille (elle a brandi l'arme atomique), je suis certain qu'il y a des techniques. Personnellement, je penche pour la création d'une Fondation (radical pour régler ses comptes avec sa famille), mais je crois qu'une militante MoDem a quelques suggestions à faire de son côté...