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Economie - Page 36

  • Les spéculateurs parient-ils sur l'insolvabilité de la France ?

    Très court billet pour signaler cette intéressante mais inquiétante mise en garde de Hashtable : il suit, sur les marchés dérivés, les volumes de CDS (Credit Default Swap) achetés. Pour mémoire, les CDS sont des produits financiers permettant de se couvrir contre le défaut de paiement (enfin, en théorie, parce qu'ils peuvent aussi de venir des leviers de spéculation sans équivalent...). Or, actuellement, les CDS contre un défaut de paiement de la France font fureur sur les marchés financiers, auprès des investisseurs-risques. Cela signifie qu'on parie là-bas sur une faillite de nos remboursements et sur une incapacité du gouvernement français à entrer dans un cycle vertueux...

     

  • La voiture est-elle l'avenir de l'homme ?

    Tiens, je viens de lire quelques billets qui m'ont bien fait rigoler ; c'est tout d'abord Olivier, sorti de son antre, qui a décidé de partir à l'aventure et de se rendre de Rodez à Lyon. Un parcours hexagonal transversal, en somme. En fait le plus rigolo, ce n'est pas son annonce, c'est sa relation d'aventure. Après avoir tenté un aller avec la SNCF, maintenant, il a compris comment vivent les Sri-lankais. Je relève tout de même qu'un Néo-Zélandais (à une demi-circonférence terrestre d'ici) lui révèle avoir mis autant de temps pour faire 800 kms en France avec la SNCF que pour venir de son pays jusqu'en France...Au retour, co-voiturage pour limiter les frais : il est tombé sur un gars qui a cessé d'utiliser la SNCF à cause des trains qui ont failli lui coûter son job... Il y a un autre blogueur qui a mal vécu la grève, constatant que les grévistes du SUD de la France, parviennent à semer encore plus de chaos qu'un volcan islandais. Je crois qu'il n'a pas trop apprécié la blague, le Toréador, et je le soupçonne d'avoir vu rouge en essayant de réserver ou prendre un train...

    Il y a peut-être des bouchons sur les routes, mais, admettons que l'automobile, sauf quand elle tombe en panne, est tout de même plus fiable, pour les vacances et les rendez-vous...Voilà pourquoi l'acharnement thérapeutique des uns et des autres pour supprimer l'automobile avec moult promesses de transports en communs plus performants (souvenez-vous des programmes écolo et socialiste pendant les régionales) doit faire doucement rigoler les usagers, j'imagine, à l'heure actuelle. Non, voyez-vous, j'ai bien peur qu'en réalité, les transports en commun aboutissent dans une impasse une fois sur deux...

  • Retraites, on rase gratis chez les Jeunes Socialistes...

    Tiens, en consultant mes abonnés twiter, je ne sais plus trop comment, j'ai cliqué sur un lien qui m'a donné le lien de la position des jeunes socialistes sur les retraites. Il faut admettre qu'ils ont réfléchi sur le sujet, les jeunots et qu'ils opposent des arguments relativement sérieux à toutes les solutions proposées. Dans l'idéal, je suis plutôt d'accord avec ça :

    En somme, ce que propose l’UMP c’est de travailler tant que l’on est valide, exactement comme avant que le système actuel des retraites soit mis en place. C’est donc une véritable régression, sous couvert de modernisation, un grand bon en arrière, que nous propose la droite. Pour nous, la retraite est un droit fondamental, car nous ne considérons pas que le travail doive occuper toute la vie des individus. La baisse du temps de travail est un combat majeur du mouvement ouvrier. La retraite permet de se consacrer aux loisirs, à l’engagement politique ou associatif

    J'ai regardé aussi ce qu'ils disaient de la retraite par points, à laquelle pensait Bayrou, et ce n'est pas inintéressant, même si je ne pense pas que Bayrou voyait la chose ainsi.

    Pensant trouver le remède miracle au problème de financement du système de retraite, des économistes préconisent la mise en place de retraites par point ou de comptes notionnels. Avec ce type de système, le calcul des retraites ne s’effectue plus selon les 25 meilleures années (dans le privé) ou sur les 6 derniers mois (dans le public) mais sur la base de toute la carrière. Mais, selon le COR, ces systèmes verraient en moyenne une baisse de 15% du montant des retraites.

    Dans le système de retraite par point, les cotisations prélevées sur le salaire servent à « acheter » des points. Le montant de la retraite n’est pas fixé et dépend de la valeur des points que l’on ne connaît pas au préalable. On ne prend en compte que le montant des cotisations versées, sans tenir compte du temps passé au travail. Dans ce système, l’âge de départ en retraite ne sert donc plus à rien

    Il n'y a pas de mystères : aucune solution n'existe sans accroître les montants à redistribuer. L'actuel projet du MoDem reprend la proposition de Bayrou, et il conclut en précisant qu'il faut envisager des carrières plus longues, avec de nombreux aménagements, seule manière de générer des recettes supplémentaires pour les caisses de retraite. Le MoDem met en avant dans son projet l'ajustement des points en fonction de la pénibilité, ce à quoi réplique ainsi le MJS :

    Un autre écueil qu’induiraient des modifications du système de retraite, serait de faire de la pénibilité l’alpha et l’oméga de toute réforme. S’il est indiscutable que la pénibilité doit être prise en compte dans les conditions de travail des salariés, son intégration au calcul du départ de l’âge à la retraite paraît difficile. En effet, selon quels critères intégrer la pénibilité et comment la prendre en compte dans le calcul de la retraite ?

    Jusque là, pas mal d'observations de bon sens de la part de nos jeunes socialistes : là où ça se gâte, c'est quand il s'agit de proposer des solutions. On trouve par exemple l'idée brillantissime d'intégrer les années d'études dans le calcul des annuités, ce qui va aggraver encore davantage les déficits, évidemment. Les Jeunes Socialistes veulent aussi revenir sur les exonérations de cotisations sociales dont bénéficient les entreprises : faire ce choix, c'est accroître le coût du travail en France. Vraiment pas malin comme solution et surtout pas le moment.

    Les Jeunes Socialistes font le calcul que le chômage représente un manque à gagner évident : c'est une lapalissade ! tous les gouvernements depuis 20 ans essaient de lutter contre le chômage, et ils ne trouvent pas de solutions. Et que l'on ne me parle pas des emplois jeunes de Jospin, ce ne sont pas des emplois générateurs de recettes puisqu'ils ont été financés par l'endettement.

    Enfin, les Jeunes socialistes veulent mettre à contribution tous les revenus sans exception : intéressement, participation, primes, épargne salariale, stock options, bonus... On y viendra certainement, mais les revenus des Français baisseront certainement. Par exemple, dans la fonction publique, il existe des indemnités et des primes qui feront immédiatement les frais de cette ponction. l'épargne salariale concerne bien plus de Français que ne le pensent les Jeunes Socialistes. En soi, je ne suis pas contre leur idée, mais il faut en peser le pour et le contre.

    Il reste la TVA sociale qui pourrait permettre de financer une partie de notre protection sociale, et donc, les retraites. Il faut à mon avis être très prudent : toute hausse inconsidérée étoufferait immédiatement la consommation. Elle a toutefois le grand avantage de ne pas pénaliser nos entreprises à l'exportation et de les placer davantage sur un pied d'égalité sur notre marché intérieur. Comme notre inflation est très faible, un petit relèvement de la TVA serait pensable. On imagine bien, évidemment, la bêtise crasse qui a conduit l'actuel gouvernement à abaisser la TVA dans la restauration...

    Il me semble, sur ces retraites qu'on ne s'en sortira pas avec des solutions simples : il faut activer plusieurs leviers en même temps. Les Jeunes socialistes portent des coups pertinents contre le système proposé par le MoDem. Il est tout à fait de l'intérêt de ce mouvement politique de prendre en compte les critiques faites et d'améliorer ses propositions dans ce domaine.

    Une chose est certaine : les Français ne veulent ni travailler plus longtemps, ni cotiser davantage, c'est ce qu'ils disent majoritairement quand ils sont consultés. Cela ouvre donc la voie à la TVA sociale. Toutefois, dans ce domaine comme dans bien d'autres, aucune reforme ne sera possible sans une véritable équité : on peut faire admettre certains choix aux Français, mais les efforts devront concerner tout le monde, et les revenus du capital devront à leur tour être taxés (mais pas exclusivement) de manière à adoucir le remède de cheval qu'il faudra bien tôt ou tard administrer aux Français.

  • Le gratuit va payer cher son erreur d'appréciation !

    Je voulais faire un article sur la gratuité, mais, à vrai dire, je suis pris de court par l'excellent billet de Monique Dagnaud sur le sujet chez Telos. Difficile d'en faire autre chose que de la paraphrase. J'ai toujours été sceptique sur les limites de la publicité sur la Toile. S'il y a eu une levée de boucliers contre Hadopi sur la Toile, c'est parce qu'il est devenu un usage courant de considérer que l'information et la culture ont vocation à être gratuite. Une sacrée connerie. Une connerie qui va nous coûter cher, parce qu'on ne finira plus par trouver que des charlots qui s'auto-proclament journalistes ou artistes. Le problème, c'est que le culte de la gratuité massacre petit à petit tout ce qu'il se fait de qualité sur le web : la presse en ligne se casse la gueule, quotidien après quotidien, et/ou se trouve contrainte de revenir à des formules payantes. Soit dit en passant, j'aurais une suggestion en direction de la presse sur la Toile : je ne peux pas me permettre de payer un abonnement par quotidien ou hebdo suivi, en revanche, je suis près à payer un bon montant pour un pot-pourri, genre 15-20 euros par mois. L'idée serait de le proposer en permettant une sélection de titres, le prix final étant fonction du nombre de périodiques choisis.

    Je suis de ceux qui pensent que la qualité se paie. La gratuité assèche la qualité, parce qu'elle amène des non-professionnels à tenter de prendre la place des pros ou encore à payer au lance-pierre de jeunes journalistes (ou même des journalistes chevronnés). Après, on peut hurler au loup, au complot des médias, à la presse de merde, et juger qu'on ne veut pas payer le prix de la presse, mais il faut bien comprendre que la presse d'opinion est par définition une presse...d'opinion ! Par exemple, je trouve qu'il y a une offre bien trop abondante sur mon aile gauche sur la Toile ; c'est un tantinet encombré, de ce côté-là...Libre à chacun de choisir son journal. Pour ma part, même si j'admets qu'il existe quelques bons sites amateurs et quelques bons blogues, dans l'ensemble, il n'y a pas photo, les journalistes sont largement au-dessus du lot. Et c'est normal, c'est leur job. On ne s'improvise pas journaliste. On peut générer de l'information, du contenu, mais on ne devient pas un journaliste ni citoyen ni aucune connerie de ce genre par l'opération du Saint-Esprit. C'est un travail, une formation et de l'expérience. Seuls les meilleurs percent.

    L'art aussi paiera cash cette manie détestable de ne pas vouloir payer sa production : imagine-t-on un seul instant Michel-Ange et sa chapelle Sixtine sans des mécènes pour accepter de financer le travail monumental qu'il accomplit il y a plusieurs siècles ? Seulement, voilà, comme il s'agit sur Internet, de biens immatériels, les usagers ne veulent plus payer. Étonnant, d'ailleurs, en regard, un univers comme Second Life, qui a posé dès le départ des règles diamétralement opposés à ce principe...là-bas, le principe, c'est de vendre de l'immatériel, justement.

    C'est assez comique, finalement, quand l'on voit les sommes de plus en plus monumentales que commencent à dépenser, au fil du temps, les internautes. Quelle ironie !

    Comme le conclut Monique Dagnaud, quand le grand coup de balai viendra, ce sera trop tard : le choeur des pleureuses sera bien trop bruyant et en même temps inaudible pour valoir ne serait-ce qu'une tragédie médiocre. Une forêt d'ego hypertrophiés revendiquera chaque micro-parcelle de culture et d'information décomposées. La merde se vendra à perte par excès définitif de l'offre, le plomb aura partout remplacé l'or avec toute la pesanteur de la nullité qui s'y attache. Comme le dit souvent mon exploiteur du peuple favori, ce pays est vraiment foutu...

    Ah, et maintenant, j'attends la pluie de pierres, parce qu'avec ce que j'ai dit, les anti-hadopi frénétiques et les maniaques du gratuit à tous crins vont certainement me lapider à qui mieux qui peut sans même se demander s'il n'y en a pas un parmi eux qui aurait péché ne serait-ce qu'une fois...

     

  • Fiscalité, enfin une convergence politique !

    Content. Oui, je suis plutôt content : il y a enfin une convergence politique pour sucrer l'ISF tout en remettant à plat les niches fiscales. On savait que c'était la position de François Bayrou depuis longtemps, le temps de l'UDF pour être précis, que certains élus Nouveau Centre avaient un avis similaire, que certains radicaux de gauche partageaient ces propositions, mais aujourd'hui, outre la position officielle du MoDem, c'est celle désormais du Nouveau Centre, de plusieurs élus socialistes, Peillon et Valls entre autres, et d'élus centristes comme Luca, Le fur ou Méhaignerie. J'ajoute à ces voix celle de Jean Arthuis qui en réclame le principe depuis aussi longtemps que Bayrou.

    Apparemment, MoDem, Nouveau Centre et  Alliance centriste sont sur la même longueur d'ondes, de même que plusieurs élus UMP et Socialistes, donc. En revanche, sur l'opportunité de créer une nouvelle tranche d'imposition sur les hauts revenus, il y a des disparités.

    Si on pouvait réunir une majorité transpartisane sur un compromis intelligent, je pense que notre pays ferait un grand pas en avant. Comme je l'ai dit récemment, il me semble que ce sont les niches qui pervertissent le bouclier fiscal, mais cela ne me gêne pas pas de le voir supprimer si on arrive à des résultats justes et pas spoliatrices par un autre biais.

    Des majorités de projet à géométrie variable, voilà comment devrait être gouverné notre pays, à l'instar de ce qui se fait au Parlement européen. Espérons que les débats vont aboutir à quelque chose et que le gouvernement et Nicolas Sarkozy ne chercheront pas à maintenir une mesure minoritaire et rejetée.

  • Un État sans dette ?

    Bon : il se trouve encore des furieux pour affirmer très péremptoirement qu'un État ne peut faire faillite. J'en ai croisé quelques uns sur la Toile, et il y en a même un qui tient un blogue : un spécialiste de la mystification économique... Quand je pense que je viens de le faire référencer chez wikio...je suis trop bon. Nous sommes comme ça, nous autre libéraux : charitables.

    Mon bon mystificateur a un petit problème avec l'argent, et plus généralement, de la monnaie : il a du mal à comprendre que la monnaie n'est pas une création ex nihilo, comme il semble le croire, mais se trouve directement reliée à la création de richesses. Et la valeur de ces richesses n'est pas, évidemment, celle que les divers mystificateurs lui prêtent, mais bien le prix qu'autrui est prêt à les payer.

    Notre bon démystificateur définit donc ainsi la dette :

    une dette c’est de l’argent que l’on doit à quelqu’un. D’où vient cet argent ? Pour faire vite, ce sont les banques qui créent cet argent et qui le prêtent ensuite…moyennant intérêt.

    De l'argent que l'on doit à quelqu'un ou une personne morale, c'est tout à fait une évidence. En revanche, d'utiliser un raccourci pour dire que ce sont les banques qui créent cet argent et le prêtent ensuite moyennant intérêt, c'est une contre-vérité totale, révélateur de notre chasseur de koulaks vert de liquider ces salauds de banquiers. En réalité, c'est totalement faux : il n'existe pas d'emprunt sans une contrepartie. La plupart des emprunts servent à créer l'argent nécessaire pour acheter un service ou un bien.

    En revanche, il est vrai que le système des réserves fractionnaires fait qu'une partie de la création monétaire n'est pas garantie sur des fonds existants (ou du moins, à hauteur d'un pourcentage ridicule). En somme la banque prête de l'argent qu'elle n'a pas. Que la banque n'ait pas l'argent ne signifie pas que l'argent créé ne finisse pas par correspondre à de la création de richesses ; cela finira par se produire, mais avec un décalage dans le temps.

    Il ne faut pas croire que cette création ne soit pas encadrée : des règles prudentielles s'appliquent (Bâle2 entre autres) même si l'on peut en contester la légitimité. De plus, le mécanisme fonctionne dans les deux sens : une fois le crédit remboursé, une destruction monétaire est opérée à la mesure exacte de la création.

    Je sais que pas mal de penseurs libéraux de l'école autrichienne sont très hostiles à cette création-là, la jugeant dangereuse et estimant ainsi la masse monétaire et le crédit artificiellement gonflés. Mais d'un autre côté, la démultiplication du crédit ainsi générée relance plus facilement consommation et investissement.

    Cela dit, je trouve fort du collier de notre démystificateur de s'inspirer d'une analyse libérale des réserves fractionnaires pour en déduire que les États peuvent, eux, créer du crédit et surtout de la monnaie à tour de bras.  D'ailleurs, le texte auquel se réfère notre ami va tout à fait dans ce sens. Il est vrai qu'il est étonnant de voir des penseurs libéraux invoquer ainsi l'État afin de réguler les risques du crédit ; la diversité des établissements des crédits, cela me paraît une condition sine qua non de la liberté d'entreprendre car cela entretient une concurrence nécessaire. En effet, le crédit n'obéit pas seulement à la seule logique du profit : l'estimation que peut faire d'un profit futur un bureaucrate et un banquier n'est à mon avis pas la même. Si seuls les États ouvrent et ferment les robinets de crédit, nous entrerons dans une logique d'étatisation de planification du crédit. Je crois bien, quoi que dise Christian Gomez sur le sujet, que cela n'a pas empêché les États socialistes de s'endetter lourdement par le passé ; et pourtant, ils contrôlaient le crédit sur leur territoire.

    In fine, de toutes façons, ces économistes ne proposent pas de créer de la monnaie pour résorber les dettes, mais de laisser le robinet du crédit entre les seules mains de l'État. En réalité, leur principale préoccupation, c'est de couvrir la création de crédit par des réserves métalliques, c'est à dire, en somme, de revenir au système en vigueur avant 1971, afin d'éviter tout emballement du crédit et mieux réguler les économies nationales.

    Pour revenir à notre démystificateur, il constate la chose suivante :

    « le déficit budgétaire est sensiblement égal au montant des intérêts du service de la dette (en dehors des périodes de crise). La dette est donc en gros, créée par ces mêmes intérêts. La question qui peut alors venir à l’esprit est : pourquoi l’Etat doit il payer (des intérêts) pour quelque chose (la monnaie) qu’il pourrait créer lui-même ? »

    Observons l'interrogation purement rhétorique qui consiste à objecter que l'État pourrait se prêter de l'argent à lui-même. Bien évidemment, c'est de la création monétaire sans contrepartie si elle sert à financer ce que nous finançons à l'heure actuelle, c'est à dire les frais de fonctionnements de l'État. Même s'il s'agit d'investissements, encore faut-il espérer un retour sur cette création monétaire, je le suppose, via la fiscalité produite par les richesses facilitées par ces investissements.

    Quand Gomez écrit qu'un crédit sous contrôle de l'État serait à l'abri des humeurs animales des agents économiques (page 6 en pdf)et que par exemple un boom immobilier comme celui des dernières années aurait été impossible, je suis quelque peu sceptique : aux USA, actuellement, on invente les subprimes d'État, c'est à dire que pour assurer la pérennité des emprunts immobiliers, c'est l'État, désormais, qui garantit la valeur hypothécaire des biens immobiliers. On voit donc bien  qu'un État est tout à fait capable des mêmes erreurs qu'une banque, même s'il est évidemment plus solide.

    Écomystificateur est très sûr de lui et considère ses contradicteurs (enfin... au moins ma personne) comme des demeurés bêlant "la dette, la dette, la dette !". Qu'il comprenne bien que les auteurs du texte qu'il cite ne proposent nullement de faire fonctionner la planche à billets, comme il le suggère. D'ailleurs, Gomez, tout en recevant l'analyse des Autrichiens, est bien contraint d'admettre que son État vertueux serait contraint de créer de la monnaie, à son usage exclusif, certes, mais de créer de la monnaie ex nihilo tout de même (page9).

    Si j'ai bien compris, les banques centrales récupéreraient les derniers crédits des banques afin de financer la création monétaire nécessaire au remboursement des dettes publiques (p13 et 14). Cette opération n'aurait lieu qu'une seule fois, en principe.

    Le document de Gomez mérite évidemment le détour, et son calcul est séduisant en apparence. Il s'appuie toutefois sur l'impression que l'État est un prêteur infaillible. Ensuite, l'imbrication des économies entre elles est telle que la mise en place d'un tel système suppose un accord mondial, or, c'est là une arlésienne : on sait bien que le principal obstacle à la mise en place d'une régulation à l'échelle mondiale, c'est la difficulté à s'accorder entre des États très différents. Il faut donc raisonner sur l'existant, même si on peut tenter de promouvoir des solutions séduisantes au moins intellectuellement.

    In fine, pour bien comprendre les tenants et les aboutissants du débat, il faut lire évidemment le document de Gomez, l'éco-mystificateur a raison sur ce point, et, pas seulement le résumé, bien trop insuffisant pour comprendre la logique du raisonnement.

    On pourrait admettre que la solution proposée par Gomez résorbe à terme la dette, mais elle ne l'enlève pas à l'heure actuelle, et si notre bon mystificateur s'appuie sur la thèse de Gomez pour lancer une telle assertion, il n'a rien compris à la thèse.

    In fine, c'est assez étonnant de voir l'auteur invoquer les Mânes de tant de penseurs libéraux, parce que ces derniers ont estimé que le seul secteur qui ne pouvait et ne devait être libre était celui de la monnaie, privilège des États, sauf à risquer de graves déséquilibres. Peut-être est-ce ma méfiance instinctive de l'État qui me pousse, pour le compte, à me montrer plus libéral que les libéraux eux-mêmes. Peut-être, aussi, qu'après un examen plus attentif, je me laisserai finalement convaincre par cette solution. En fait, je pense que je vais en reprendre la lecture avec une attention renouvelée et aller jeter un oeil du côté de la critique.

     

     

     

     


  • Je ne suis pas contre le Bouclier fiscal

    Paradoxalement, dans les mesures de Sarkozy, je n'étais pas contre le principe d'un bouclier fiscal. Je trouvais en effet quelque peu spoliatoire que quelqu'un dût payer à l'État plus de 50% de ce qu'il obtenait par ses revenus.

    Mais ce bouclier fiscal devient injuste s'il exclut certains revenus de son calcul. En somme, il me semblerait logique de devoir faire un choix entre niches fiscales et bouclier fiscal : on ne devrait pas pouvoir bénéficier de l'un et de l'autre. Cela devrait être l'un ou l'autre.

    Dans le même ordre d'idées, je juge également injuste l'impôt sur les grandes fortunes, dès lors qu'il s'attaque à des biens immobilisés, non-productifs de revenus : non seulement ces biens sont des charges pour leur propriétaire, mais ils doivent de surcroît acquitter des taxes supplémentaires, si bien que la taux théorique de 0.8 à 1.1% de la fortune peut représenter en fait une partie conséquente des revenus, bien supérieure à 50% dans certains cas.

    On peut supprimer le bouclier fiscal, mais alors, dans ces conditions, il faut faire comme en Finlande en 2005 et supprimer dans la foulée l'ISF. Ce serait à mes yeux la réforme la plus pertinente, et, ce pourrait être pour Nicolas Sarkozy et l'UMP une manière intelligente de ne pas perdre la face, au regard de ses déclarations électorales sur le niveau et le montant des impôts en France...

    Pour terminer sur l'ISF, je rappelle la proposition de François Bayrou, toujours valide, qui consistait à le remplacer par un impôt très léger (de l'ordre de un pour mille) sur le patrimoine.

  • La dette ? un petit restaurant entre amis...

    Je ne résiste pas à la tentation de faire connaître l'une de mes dernières découvertes : la page facebook d'un groupe intitulé Réduire la Dette publique. Leur dernière publication sur leur mur m'a fait franchement rigoler ; copie ici :

    La zone euro, c’est comme quand on va au restaurant entre amis, on essaie de prendre les mêmes menus. Là, c’est comme si les Grecs prenaient du caviar, les Français de la langouste et qu’ils laissaient l’addition aux Allemands Comment voulez-vous que le dîner se termine bien !

    Excellent ! :-D

  • Dette, les efforts que les Français sont prêts à consentir...

    Passionnante étude que celle commandée par la Fondapol à l'IFOP sur la crise grecque. Elle touche cinq grand pays européens : Italie, France, Espagne, Allemagne et Royaume-Uni. Si les Français et les Espagnols ont bien conscience de leur situation (ils sont plus de 60% à penser que leur pays pourrait connaître le sort de la Grèce), il n'en va pas de même pour le Royaume-Uni et l'Italie où seule la moitié des citoyens ont ce sentiment. Quant à l'Allemagne, confiante, sans doute, en la force de son économie, un tiers de ses citoyens croit à l'éventualité d'un tel scénario.

    Si Français et Espagnols sont partagés sur l'opportunité d'aider la Grèce, les 3/4 des Allemands et des Anglais ne veulent pas payer pour les Hellènes. A l'inverse, les 2/3 des Italiens sont prêts à être solidaires. A noter qu'en France, les plus convaincus de la chose sont les électeurs et/ou sympathisants du MoDem qui partagent l'avis des Italiens aux deux tiers. A'inverse, ceux qui n'affichent aucune sympathie partisane sont majoritaires (presque 60% pour refuser d'aider la Grèce).

    Seuls Italiens et Espagnols sont favorables, en partie, du moins, à la création d'un impôt européen pour aider les pays en difficulté. Les autres n'en veulent globalement pas (opposés aux trois quart et plus). En France, c'est particulièrement le cas de ceux qui n'ont aucun engagement politique.

    Les Français ont compris qu'il y a une menace sérieuse sur les retraites, plus que toutes les autres nations, puisqu'avec 91% de convaincus, ils détiennent la palme. Pays au hit-parade de la démographie européenne, ils font jeu égal avec les Allemands, nation la moins prolifique, et convaincue à bon escient à 90% de ce risque. Les sympathisants socialistes sont les plus réalistes sur la réalité de la menace : ils sont 98% à la percevoir...Il faut dire que, nombreux dans la fonction publique, si les régimes spéciaux rejoignent le régime général, ils seront, en effet, les premiers touchés...

    Les Français sont non moins inquiets quant aux déficits à et à la dette de leur pays (je m'étonne, dans ces conditions, que le propos de François Bayrou ne percute pas plus, car enfin, il est le premier et de longue date, à mettre en garde contre ce danger) : 88% ! Ceux qui croient que les Français sont des veaux se sont trompés...enfin...attendons de savoir ce qu'ils sont prêts à sacrifier pour résorber leur dette...!

    Je vous le donne dans le mille, la victime expiatoire de tous les pays européens, c'est la défense et l'armée. A la très notable exception du Royaume Uni (13% seulement), ils sont plus de 40% à vouloir faire des économies là-dessus. Viennent ensuite les aides aux entreprises (27% en France, mais...40 en Angleterre !) et puis l'aide aux chômeurs en France (16) et au Royaume-Uni (21) surtout.

    En revanche il n'y en a pas 1% pour toucher aux retraites et à l'éducation, priorités des priorités. Pas du tout enthousiastes non plus pour faire souffrir sécurité et police (3-4% en France, mais 6 au MoDem !), et les hôpitaux. En France, c'est simple : il n'y a même pas le 1% syndical ! personne ne propose de faire des économies sur la santé ! Voilà qui va donner à réfléchir à notre actuel gouvernement, qui supprime à tour de bras des moyens dans tous ces secteurs...

    Cela dit, sur la Défense, qui paraît toujours un poste bien aisé et pratique à ponctionner, il faut bien avoir conscience des enjeux : sans commande nationale, c'est la fin de l'industrie d'armement française, et donc, du dernier îlot d'indépendance face aux Américains et aux Russes.

    Sans une véritable défense, il est hors de question de vouloir prétendre jouer au Grand. Finies les interventions militaires, finis les contingents en Afrique, terminé le porte-avion envoyé dans le Golfe Persique. Corollairement, plus question de mener grande vie au Conseil de Sécurité et de prétendre y dicter la moindre condition au nom de la grandeur de la France. Clairement, le rôle d'un Villepin pour l'Irak n'est plus concevable avec une nouvelle donne en matière de défense. Plus question non plus d'aller se battre en Afghanistan, sachant que c'est laisser la porte ouverte aux Talibans et à l'islamisme radical, avec, du coup, un grand terrain d'entraînement pour le terrorisme. A défaut, c'est admettre que seule l'Amérique décidera du sort du monde occidental. Si jamais l'armée fait les frais de la crise, il ne faudra pas reprocher ensuite au gouvernement une éventuelle inaction en  situation de crise. Dans tous les cas, si elle voit ses moyens diminués, il est hors de question de lui laisser toutes ses missions, et plutôt que de toucher à la qualité de son équipement, je préfère que l'on mette fin immédiatement à toutes les opérations extérieures. Et puis fini de jouer à bateau sur l'eau avec notre gros porte-avion, vu les coûts de fonctionnement du bestiau...

    A ce que j'ai compris, les 3/4 des Français sont prêts à admettre une perte de souveraineté dans le domaine de la Défense afin de favoriser une politique communautaire pour réduire les coûts. Il faudra aller jusqu'au bout et céder notre siège au conseil de Sécurité à l'Europe, dans ces conditions. Simplement, une nouvelle fois, les mêmes qui hurlent sur facebook à l'inaction de la France en Afrique ou ailleurs ne devront plus venir couiner si la France se retrouve incapable d'agir faute de forces adéquates.

    On peut, oui, choisir la défense comme poste de réduction de dépenses, mais que cela soit fait en connaissance de cause.

    Les Français sont accrochés à leurs retraites comme des chapeaux chinois agglutinés sur un rocher à marée basse : je ne sais pas si vous avez déjà essayé d'en enlever un, mais c'est la croix et la bannière, autant tenter de casser le rocher au burin directement...Le problème, c'est que sur les retraites, il y a un vrai problème... Bref, c'est pas gagné...

     

  • Dette, François, tu dois te battre !

    La France a atteint sa cote d'alerte dans l'indifférence générale. Les blogueurs libéraux s'époumonent à alerter en vain l'opinion publique. Toi-même, François, tu as mis en garde maintes et maintes fois les Français face au danger que fait peser sur eux les déficits budgétaires accumulés et répétés. Le Portugal vient de voir sa note dégradée. Ceci signifie qu'il va payer plus cher l'argent qu'il va emprunter. L'Irlande sera la prochaine pièce à tomber. Puis viendra l'Espagne. Et quand les PIIGS auront été égorgés, les marchés commenceront à se dire que la France n'a jamais présenté un budget en équilibre en 35 ans. Et ils auront peur. S'ils ont peur, ils ne voudront plus prêter aussi aisément de l'argent à la France : alors, pour couvrir leurs risques, ils demanderont des taux plus élevés. Et dans le budget de l'État, la part qui est utilisée par le remboursement de l'emprunt sera plus importante : elle passera de 20 à 25%. Mais la France continuera à emprunter, cette fois, pour payer les intérêts de ses emprunts. Jusqu'à la catastrophe finale.

    Nous ne pouvons plus éviter de nous serrer la ceinture, c'est ce que toi, François Bayrou, tu as compris depuis longtemps, et que tu as popularisé en 2007. Nicolas Sarkozy a brassé du vent pendant trois ans en se réclamant de ton inquiétude. Je ne doute pas qu'il continuera à alimenter le courant d'air. La gauche se garde bien de parler du problème : elle sait très bien que pas une de ses promesses n'est tenable.

    Des coupes sombres dans le budget, et des hausses d'impôts, nous y viendrons. C'est tout à fait inévitable. Moi, j'ai peur. J'ai peur pour moi et ce qu'il va advenir de moi dans cette France qui sombrera. Quand Nicolas Sarkozy sera dos au mur, il fera ce qu'ont fait bien des responsables politiques avant lui : il convoquera ses conseillers et ses ministres, et il leur dira, «débrouillez-vous, je veux tant de milliards d'économie pour l'an prochain». Et notre sort à tous sera scellé, mais il sera scellé sans que nous soyons consultés : des technocrates décideront, en fonction de leurs humeurs, ce que nous gardons, comme dépenses, et ce que nous coupons.

    JE VEUX UN DÉBAT PUBLIC sur nos dépenses et les arbitrages qui seront nécessaires. François Bayrou est la seule voix crédible, dans le désert, à pouvoir porter cette demande.

    François, tu ne dois plus te contenter de leur dire que la dette est un danger mortel. Tes adversaires politiques le savent tous. Ils cachent cet état de fait pour pouvoir mentir à leurs concitoyens et éviter de dire ce qu'ils devront faire ce jour-là.

    Toi, on annonce ta mort tous les matins. On considère ton parti comme moribond. Mais tu dis la vérité. Même si tu es le seul à la dire, tu dis la vérité. Moi, François, ce que je veux, c'est que tu proposes aux Français un programme politique et économique qui tienne compte des arbitrages qui seront nécessaires. Dis-le leur : «Français, Françaises, la France est au bord de la faillite. Elle n'a plus les moyens de conserver son train de vie. L'heure des choix a sonné. Nous, Démocrates et Libéraux, voilà ce que nous considérons comme essentiel, et pour lequel nous préserverons les moyens coûte que coûte ».

    Et tes commissions, et toi-même, François, vous l'avez ébauché dans votre programme pour les élections européennes. Vous l'avez dit qu'il y avait des Biens supérieurs : des biens qui ne pouvaient être soumis aux seules lois du marché. Eh bien tu devras dire que ces biens-là, ils ne pourront non plus être soumis aux seuls arbitrages budgétaires.

    Et alors, peut-être que d'autres forces politiques ne seront pas d'accord avec nos priorités. Elles feront d'autres choix, mais le débat sera né, et c'est cela l'important. Nous, nous savons que nous plaçons au-dessus de tout l'Éducation, la Santé et le Justice. Nous savons aussi que nous donnons à la Culture une grande importance. Nous savons enfin que nous voulons libérer les initiatives et que les entreprises, particulièrement les petites doivent avoir le moins d'obstacles possibles pour croître et prospérer.

    Avec nos amis Libéraux, nous, Démocrates, avons des convergences et des divergences : comme nous, ils sont soucieux de l'équilibre des comptes publics, mais en revanche, je ne crois pas qu'ils reconnaissent une catégorie de Biens comme supérieure, tel que nous le faisons. Nous aurons donc des débats avec eux, et nous ne serons pas toujours d'accord. Mais de la confrontation des idées, je suis persuadé que nous ne pourra surgir qu'un bien pour la France.

    François, tu es mon dernier espoir, notre dernier espoir. Ne lâche rien, François, n'abandonne rien, bats-toi, bâts-toi, François ; bâts-toi ! Saisis-toi du sort de la France à bras le corps, embrasse-le, et porte-le sur les fonds baptismaux sans relâche jusqu'à ce que nous obtenions le débat auquel nous avons droit.