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Economie - Page 38

  • Le vrai danger, c'est la Dette, pas le vil spéculateur !

    Il y a quelque chose qui me frappe quand je lis et j'écoute la presse : partout on dénonce le vil koulak spéculateur, l'infâme trader, le banquier capitaliste sans vergogne près à ronger le vertueux état jusqu'à la moëlle, mais, bordell de m... : ce qui menace la stabilité du monde entier, autrement plus que les errements supposés ou réels de certaines banques, subprimes y compris, c'est la dette des États, nom de Dieu ! Oui, la dette ! Tiens, justement de retour de l'antre des libéraux, je viens de tomber sur une information explosive : l'agence Moody's vient de mettre en garde les USA, s'ils ne stabilisent pas leur endettement, ils courent le risque de voir leur note, actuellement AAA, dégradée. Et on ferait mieux de faire gaffe, en France : Fitch Ratings estime que Grande Bretagne, Espagne et France, parmi les pays notés AAA sont les plus vulnérables et donc candidats immédiats à la dégradation. Dans une période de grande méfiance, cela peut avoir des conséquences dramatiques, parce que la part de budget consacré à la dette va exploser. Terminés les promesses du sieur Sarkozy, les aides de toutes sortes, les grands emprunts et compagnie... On saura aussi que toutes promesses de dépenses nouvelles venant des partis politiques n'auront absolument aucune chance d'être réalisées.

    On devrait inventer le concept de crime économique. Un crime économique, par exemple, c'est quand vous dissimulez sciemment les aspects les plus sombres de votre compatibilité pour faire croire que vous êtes solvable. C'est ce que la Grèce a fait avec la complicité de banques qui lui ont fourni les outils financiers pour le faire, mais c'est aussi ce que la France fait en ne provisionnant pas les retraites par répartition.

    Une fois encore, je constate que seul Bayrou tire (en vain) la sonnette d'alarme, et, depuis un moment... DSK s'interdit peut-être des commentaires sur la politique nationale, mais en tant que directeur du FMI, il n'ignore rien des mouvements qui agitent les marchés financiers et donc du danger mortel qui guette la France. Quelqu'un l'a entendu ? Pas moi, en tout cas... Je donne quitus à ce pauvre Alain Lambert de prêcher dans le désert depuis un moment sur le sujet, mais j'ai l'impression que ces derniers temps il baisse les bras. Enfin, récemment, il au moins posé dans les bons termes la question fondamentale de savoir qui finance quoi en France. Je n'ai pas grande estime pour Luc Ferry, ministre nul à l'éducation sous Chirac, mais, récemment, je dois reconnaître qu'il a été très bon sur le libéralisme, la politique compassionnelle et le courage politique.

    Pour revenir sur notre dette, voici un petit billet qui va faire comprendre à ceux qui le liront ce qui les attend...

    Bref, comme le dit souvent un affreux libéral bien connu des amateurs éclairés de la blogosphère politique, ce pays est foutu...

  • Grèce/France, Bayrou a bien raison !

    Non, Monsieur Migaud, François Bayrou a bien raison de comparer l'état de la France et celui de la Grèce. Décevant de voir l'un des deux pères de la LOLF jouer le rôle du pompier incendiaire. C'est bien parce que Bayrou est un homme responsable, un vrai homme d'État, qu'il nous met en garde contre le danger mortel qui nous guette tous.  Un jour viendra, et, je crains qu'il ne soit proche, où le peuple français réalisera soudain que c'est en vain, en prêchant dans le désert, que François Bayrou l'avait prévenu. Seulement, si c'est trop tard...Ni les avertissements répétés de Cassandre, qui a vu venir le danger de très loin, dès le retour de Pâris à Troie, ni la méfiance de Laocoôn, prudent devant le piège du Cheval fabriqué par Ulysse et Epeios, n'ont pu empêcher la chute d'une Troie trop confiante.

    Oh que oui, nous avons une épée de Damoclès qui pèse sur nos têtes. Et elle ne tient plus qu'à un fil. Damoclès a eu la chance de n'être que mis à l'épreuve par Denys de Syracuse, mais nous, oui, nous Français, c'est bien menace aussi insidieuse que néfaste qui est prête à fondre sur nous, avec d'autant plus de force et de vitesse que nous serons encore frappés de stupeur quand il sera déjà trop tard.

    Est-ce l'habitude d'avoir creusé les déficits, eux aussi ? C'est tout de même fort de voir un député socialiste voler au secours de l'impéritie sarkozyste...

  • Grande messe sur les déficits, le MoDem sceptique...

    Suite à la conférence sur les déficits publics, Jean-Jacques Jégou, Sénateur, Vice Président de la commission des finances du Sénat a réagi au nom de Mouvement Démocrate : 

    «Si l'objectif de la conférence des déficits publics convoquée aujourd'hui à l'Elysée de fonder un diagnostic partagé sur la situation des finances publiques, est louable, le temps n'est plus au diagnostic mais à l'action. 

    Le diagnostic est connu depuis bien trop longtemps : la Commission sur la dette publique présidée par Michel Pébereau l'a établi très clairement en 2005 et rien n'a été fait depuis 2007 alors que le candidat Sarkozy s'y était engagé et que le regretté Philippe Séguin, l'été dernier alertait une nouvelle fois le chef de l'Etat lorsqu'il parlait de risque d'emballement de la dette.

    La seule chose que nous pouvons constater aujourd’hui c’est le temps perdu sur ce sujet qui hypothèque chaque jour un peu plus l’avenir des générations futures et de la solidarité nationale.

    Je doute par ailleurs de l'efficacité de ce genre de grand-messe : En janvier 2006, Dominique de Villepin, Premier ministre, avait réuni une conférence nationale des finances publiques qui n'avait débouché sur aucune décision concrète. 
    Une fois de plus encore la montagne accouchera probablement d'une souris ! 

    Il faut en revanche au plus vite sécuriser nos recettes, qui sont en 2009 au même niveau qu'en 1999. Il faut cesser de financer les baisses d'impôts et les cadeaux fiscaux par de la dette. 

    Je crains que désormais le réveil soit très douloureux pour les Français. L'assainissement durable des finances publiques, qui n'a pas été entrepris par l'actuel gouvernement, demandera des réformes structurelles et des efforts importants de la part de tous les Français. Ni la révision générale des politiques publiques (RGPP) Ni le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, dont l'efficacité est discutable, ne permettront de réduire nos déficits abyssaux. 

    Le Mouvement Démocrate rappelle par ailleurs sa proposition d’inscrire dans la constitution l’obligation de présenter des comptes publics équilibrés chaque année pour les budgets de fonctionnement »

  • Google-Chine,la guerre froide a commencé

    La hache de guerre est déterrée entre Google et la Chine. Fabrice Epelboin détaille avec précision les multiples facettes du combat qui s'engage. Il faut dire que Google dispose désormais de l'appui du gouvernement américain : qualifier l'attaque contre les serveurs de Google de Pearl Harbor numérique en dit long sur la manière dont Google et les USA escompte faire passer les évènements aux yeux de l'opinion publique américaine. Derrière la rhétorique martiale de Google, il y a bien sûr d'autres réalités : Google ne parvient pas à s'implanter sur le marché chinois d'une part, d'autre part les internautes ont toujours vu d'un sale oeil ses reculs face aux desiderata des Chinois sur la censure, et enfin, stratégiquement, Google a besoin de redorer son blason, particulièrement en Amérique où la loi sur les monopoles le menace en tant qu'entité économique unique. Comme l'observe avec justesse Fbrice Epelboin, c'est le bon moment pour devenir un outil stratégique majeur aux yeux du gouvernement américain, à l'heure où les deux plus grandes puissances économiques mondiales, les USA et la Chine, commencent à se regarder dans le blanc des yeux. La lutte sera d'autant plus sans merci qu'elle n'est pas véritablement idéologique mais commerciale et économique avant toutes choses. Le communisme de la Chine n'est en effet plus qu'un fard qui recouvre un pays aux réalités politiques éclatées : il s'y conjugue un capitalisme sauvage et échevelé, un zeste de communisme dans les villes, la féodalité la plus dure dans les campagnes et une superstructure bureaucratique qui coiffe le tout, du moins, jusqu'à un certain degré.

    Google, comme toutes les entreprises qui ont tenté de s'implanter en Chine, a découvert que ce pays à ses règles, et que le droit qui y règne n'est pas le droit traditionnel des démocraties occidentales (il n'y a pas fondamentalement de grandes différences entre le droit latin et révolutionnaire de la France et le droit anglo-saxon, tout du moins, pas si la comparaison se fait avec le droit chinois).

    Plutôt que de parler de règles, je devrais évoquer plutôt des micro-règles, pour la Chine. Comme au temps de sa plendeur, la Chine fascine et le mirage chinois est omni-présent dans la sémantique occidentale. Les yeux des entrepreneurs s'agrandissent au furt et à mesure qu'ils considèrent la taille de l'estomac consumériste chinois. La Chine est la première puissance économique d'envergure à être parvenue à un développement véritable, tout en maintenant l'existence de ces micro-règles qui en principe devraient entraver l'établissement d'un marché. Ne me demandez pas comment elles le font, je ne le sais pas.

    Je crois que c'est la principale difficulté des entreprises étrangères : elles ne parviennent pas à intégrer le fonctionnement mental et civilisationnel chinois dans leurs paramètres, y compris quand elles tentent de s'allier avec une entreprise locale. J'observe, d'ailleurs, des difficultés similaires avec le Japon (une culture pourtant différente et dont le droit actuel est assez largement inspiré du droit occidental).

    Il n'en reste pas moins que c'est une lutte sans merci qui se prépare, dans laquelle conflits commerciaux et conflits de valeurs se superposent les uns aux autres. En particulier, le respect de la vie privée et des libertés individuelles est, d'un point de vue commercial, largement lié à l'existence d'un droit de la consommation et des consommateurs. Sans respect de l'individu, ce droit, qui est bien une extension de la sphère commerciale, ne peut exister. En attaquant des comptes gmail, la Chine, aux yeux de Google et de l'Amérique, n'a pas seulement commis une faute morale, mais une faute commerciale. Il y a donc là les ferments d'une guerre durable où les rebondissements seront nombreux.

     

  • Bouclier rural

    Je ne puis que m'associer à l'appel de Jean-Philippe Huelin en faveur de la mise en place d'un bouclier rural. Je le rejoins entièrement pour estimer que les espaces ruraux sont les grands oubliés de la sphère politique. Je voudrais à cet égard souligner que c'est une erreur commune que de confondre les espaces ruraux avec la ruralité. De fait, comme l'observe avec beaucoup d'intelligence et de finesse Jean-Philippe Huelin, les espaces ruraux ne sont pas exclusivement le lieu d'expression et d'évolution du monde agricole, mais, bien au contraire, un déversoir pour d'ex-urbains refoulés des villes devenues trop chères, trop hostiles. C'est là que l'on trouve les précaires, les ouvriers (que la gauche croit disparus), les petites gens, les déqualifiés, les personnes âgées, les femmes seules avec enfants et j'en oublie d'autres, tous ces péri-urbains condamnés à consacrer parfois près d'une demie journée en transport pour pouvoir accéder à leur lieu de travail. La droite décomplexée et bling bling a abandonné de longue date le monde paysan, désormais seul face à ses difficultés. Il reste quelques élus d'exception de toutes obédiences politiques qui tentent d'alerter, mais en vain, l'opinion du danger qui guette nos campagnes : délocalisations, fermetures d'hôpitaux, de lignes de chemin de fer, de tribunaux et d'écoles, disparitions de services postaux, c'est l'État tout entier qui fout le camp dans nos campagnes.

    Onze millions d'invisibles, comme titrait Marianne2 mercredi dernier, onze millions d'invisibles (soit 18% de la population) dont plus personne ne se soucie, en moyenne bien plus pauvres que ces cités dont on nous rebat les oreilles jusqu'à nausée dans les journaux télévisés.

    J'ai lu l'appel de Jean Lassalle (mon député MoDem favori) et André Chassaigne (communiste, mais personne n'est parfait) auquel je souscris totalement. C'est à juste titre que les deux députés dénoncent l'agonie des campagnes prises entre la marteau de la rentabilité et l'enclume des naturalistes (les députés ne l'ont pas écrit, mais moi je pense très très très fort aux Verts et à leurs relais médiatiques et politiques, y compris au sein-même du gouvernement...) qui voudraient en faire des réserves d'Indiens. François Bayrou et Jean Lassalle ont fait de longue date leur cheval de bataille de la pérennité de l'État là où il a déserté. Il ne suffira pas d'assurer la survie d'une agriculture, comme le propose le MoDem, il s'agit de s'occuper des populations qui y résident. La lettre commune d'André Chassaigne et Jean Lassalle, les écrits et la constitution d'un observatoire de la ruralité digne de ce nom par Jean-Philippe Ruelin montrent que cette cause peut réunir des hommes et des femmes par delà les clivages politiques.

    Le MoDem doit à mes yeux être le fer de lance et le porte-voix des oubliés. Le travail demeure à réaliser, parce que je n'ai vu nulle part dans le programme démocrate le moindre embryon de réflexion sur ces Français de l'ombre. Il revient aux seuls Jean Lassalle et François Bayrou d'évoquer leur sort, dans mon propre parti. J'attends donc que la base militante et les commissions démocrates s'emparent de cette cause et produisent autre chose que des poncifs médiatiques sur la chose. Il faudrait en finir avec les appels citoyens, les join causes sur facebook, les sauvez ma planète et autres bisounourseries, parce qu'il est grand temps de commencer à s'intéresser au peuple, désormais...

    Je laisse à Jean-Philippe Huelin le soin d'aller secouer les puces des Socialistes sur le sujet...à chacun sa maison politique...

  • Dette et retraites, Sarkozy marche sur des oeufs

    La situation financière de la France est telle qu'elle a désormais la corde au cou. Pendant toute la campagne présidentielle, François Bayrou a averti sur les risques mortels que faisait peser sur l'économie nationale la dette de la France : en vain. Plus récemment, Marielle de Sarnez exprimait de fortes inquiétudes à ce sujet. Hélas, nous y sommes : nous devions aller dans le mur, et nous y sommes quasiment. Pourquoi ? pour une raison très simple : les agences de notation (dont dépendent les notes des États sur les marchés financiers, et, par suite, le montant de leur taux d'emprunt pour lever des fonds) estiment qu'au-delà de 80% du PIB de dette publique, un pays ne peut pas conserver sa notation AAA. En 2011, notre ratio devrait être de l'ordre de 90% et plus. Nous aurons donc crevé le plafond. Le seul espoir de la France, c'est de faire valoir que cette augmentation exponentielle de la dette est d'ordre conjoncturel et que nous allons remettre de l'ordre au plus vite dans les comptes publics. En fait, si les pouvoirs publics français ne montrent pas leur détermination, les agences de notation n'attendront même pas 2011. Si nos taux d'emprunt grimpent, la charge de la dette augmentera dans le budget, et les économies à faire seront encore plus importantes. Bayrou a maintes et maintes fois expliqué ce mécanisme.

    Nicolas Sarkozy est donc dos au mur : il doit absolument donner des gages de bonne volonté. Il ne peut donc faire autrement que de réformer les retraites, quel qu'en soit le coût politique, et il doit l'annoncer maintenant. Il ne peut pas attendre le lendemain des élections régionales, parce que nos prêteurs n'attendront pas jusque là, eux, pas plus que les agences de notation.

    Cette situation est très grave. Martine Aubry l'a certainement compris. Elle fait preuve de responsabilité. Le MoDem également. Toutefois, PS et MoDem ne devraient pas accepter de rattraper les erreurs de Nicolas Sarkozy sans contrepartie.

    Accepter de discuter sur les retraites, soir, mais Nicolas Sarkozy doit aussi revenir sur les réformes fiscales qui ont plombé les finances de la France. La France n'a plus le choix. Et je crois aussi à titre personnel, qu'il faut déballer toute la dépense publique et la remettre à plat. Non seulement il va falloir payer des impôts pour sortir de la nasse, mais il va falloir également réduire singulièrement nos finances.

    Plutôt que de procéder à des ajustement dans tous les services publics, rendant ainsi chaque jour chacun d'eux toujours plus inopérant, il apparaît nécessaire, je le dis une nouvelle fois, de déterminer ce que nous voulons conserver et ce que nous sommes prêts à abandonner.

    C'est comme dans un jeu : vous avez un sac à dos, mais ce qui est dedans est trop lourd pour votre force : il faut donc jeter des objets. A vous de choisir, les amis... Autre image, vous êtes en ballon, mais il menace de se perdre corps et âme : il faut jeter du lest. Faites le tri, et grouillez-vous de balancer ce que vous ne voulez pas garder, parce que si le ballon descend trop pas, pour reprendre de la hauteur, ce ne sera pas seulement des objets qu'il faudra balancer, mais peut-être bien un passager...

  • La bureaucratie, ennemie de l'économie de la connaissance

    Il y a près de dix ans, les états européens, réunis à Lisbonne, signaient un document qui devait annoncer l'établissement d'une nouvelle économie pour la zone euro : on appelle de memorandum la stratégie de Lisbonne. Elle devait favoriser l'émergence d'un nouveau modèle social et la métamorphose d'une industrie et de services hautement compétitifs. Dix ans après, l'Europe se dégage péniblement d'une très violente crise financière et les objectifs annoncés sont loin d'être atteints.

    Pourquoi un tel échec ? C'est la question à laquelle tente de répondre Charles Wyplosz, un économiste suisse, sur le site Telos. J'ai retenu de son billet le rôle éminent de la bureaucratie dans tous les pays. Pour cet économiste, les effets d'annonce et les tracas administratifs de toute sorte sont un frein significatif à l'éclosion de toute forme d'innovation et étouffe des projets moins ambitieux mais plus réalistes.

    La Folie des Grandeurs est à vrai dire un mal bien français, tout gouvernement confondu : la communication a pris une telle importance que le souci premier de la classe politique et des gouvernants est désormais de soigner les apparences plus que tout autre chose. Aucune mesure, même la plus insignifiante prise, sans des déclarations tonitruantes. On promet par monts et par vaux, on multiplie les effets d'annonce, et derrière, c'est le néant ou l'insignifiance dans le meilleur des cas.

    A cela s'ajoute la manie toute soviétique de multiplier la paperasse et l'arsenal juridique : Nicolas Sarkozy est symptomatique de ce travers, lui qui fait voter lois sur lois pour un oui ou un non, ou simplement parce qu'un fait divers est à la une de l'actualité.

    Je me remémore toujours Christian Blanc évoquant la difficulté à mettre en place les pôles de compétitivité en France : pas un dossier qui ne végétât six mois dans les tiroirs de Bercy quand il eût fallu être réactif dans les trois semaines. L'écosystème de la croissance demeure encore à pérenniser.

    Malgré tout, nous ne sommes pas non plus stationnaires, et les pôles de compétitivité se développent au fil du temps. Mais ce qui me frappe, c'est de constater l'absence des Régions dans leur genèse. Tout passe par l'État, et je vois davantage le Ministère de l'Industrie et Bercy piloter le développement de ces pôles que les Régions. Je n'ai pas non plus parcouru tous les tableaux de bord des pôles, mais, ce qui me frappe, pour ce que j'en ai vu, pour l'instant, c'est la prépondérance des investissements publics et surtout, la difficulté pour les pôles à attirer du capital-risque. Très peu de mises en relation avec les business Angels et les capitaux risqueurs en règle générale dans les tableaux de bord. Les pôles ont donc du mal à sortir, en matière d'investissements, d'une logique purement hexagonale.

    De même quand l'on examine le nombre d'entreprises partenaires membres du pôle et la quantité de celles qui se déplacent à l'étranger, il y a comme un hiatus. Les indicateurs du tableau de bord se contentent de relever le nombre d'entreprises qui réalisent au moins 5% de leur chiffre d'affaires à l'étranger : si la barre est aussi basse, c'est que l'essentiel de leur commerce est hexagonal, alors que les pôles de compétitivité ont vocation à exporter les partenaires qui les constituent.

    In fine, du chemin a été fait, et il faudra du temps, je présume, pour mesurer mieux les effets dus à la constitution de ces pôles. Du temps, il en faudra également pour inciter les universités à s'impliquer davantage dans l'activité des pôles et amener les Régions à dépasser les mesurettes qui font bien dans des magazines mais qui ne font pas l'emploi ni notre commerce extérieur...

  • Bayrou souhaite une fiscalité cohérente et juste

    François Bayrou évoquait la nécessaire réforme de la fiscalité dans ses voeux à la presse, il y a quelques jours. J'ai retrouvé une bonne part de ce qui m'avait attiré vers l'UDF et le Bayrou de 2007. J'apprécie notamment de le voir proposer la suspension de l'ISF (impôt débile). Il prône également une révision des niches fiscales afin d'en trier l'ivraie et le bon grain. J'apprécie le prgamatisme du discours à propos des impasses fiscales dans lesquelles notre pays est souvent plongé.

    «L’autre politique ne transigera pas sur la justice. Tout le monde sait, désormais, que l’effort est devant nous. Nous sommes un grand pays, nous sommes un grand peuple, avec beaucoup d’acquis. Donc, il y a une chose certaine, c’est que nous allons nous en sortir ! Mais pour en sortir, il va falloir de longs et durables efforts. Ces efforts ne seront acceptés que si chacun des Français, dans sa conscience, dans les discussions autour de la table de famille ou au travail, sait avec certitude, que les efforts sont répartis avec justice. Que l’on demande plus à ceux qui peuvent davantage, et que l’on épargne, autant que possible, ceux dont la vie est plus difficile. Et c’est en ce sens qu’une réforme en profondeur de notre fiscalité s’imposera comme condition nécessaire de l’autre politique. Il faudra que cette réforme en profondeur permette de sortir des injustices et des impasses : le labyrinthe des niches, le bouclier fiscal, l’ISF, les évasions fiscales. Sur tous ces points, il faudra qu’une réforme générale obéissant à des principes compréhensibles par tous, favorisant l’activant et garantissant la justice soit mise en place.»

  • Mais si François, il a raison, Schumpeter !

    J'ai lu les voeux à la presse de François Bayrou, et je suis tombé sur cet intéressant passage :

    La vieille loi de l’économie, la loi schumpétérienne de la destruction créatrice, je suis désolé de le dire aux économistes que je lis et respecte, cette loi ne marche plus. On nous disait : « Laissez partir sans regret les entreprises de main d’œuvre. Concentrez vous sur l’innovation, les nouveaux produits et les nouveaux services. Vous créerez plus de valeur ajoutée, vous gagnerez plus de nouveaux emplois que ceux que vous perdrez. », choisissez le haut de gamme contre le bas de gamme et ce sera un avenir heureux, nous disait-on. Peut-on le dire sans ruser ? En France, en tout cas, cela ne marche plus.

    Mais François, l'analyse de Schumpeter, ce n'est pas un remède, c'est juste un constat. Et justement, ce qu'il analyse se produit précisément en France : c'est faute d'innovation, d'une véritable révolution industrielle que les emplois se barrent ailleurs pour les secteurs vieillissant. Il faut changer de logiciel, comme le dit à juste titre parfois Corine Lepage. Je ne dis pas que son logiciel est exactement celui que je prendrais, mais elle a raison sur le principe.

    Nous vivons l'ouragan capitaliste, qui redistribue les cartes, à l'heure actuelle : simplement, pour l'instant, nous avons hissé les voiles en grande partie à contre-vent, et, nous risquons à tout moment d'être balayés.

    Cela dit, tu poses très bien le problème de l'industrie en France :

    La question qui se pose alors est celle de la dérive continue, de la véritable hémorragie, qui déplace notre outil industriel, nos unités de production et finalement nos emplois. Et il n’est pas vrai que ces emplois seront remplacés par d’autres si l’outil industriel est parti. Cela n’est pas vrai.

    Tout comme toi, je pense qu'il convient de mener une véritable politique de relocalisation, mais, en même temps, je ne sais pas si la solution est envisagée en de bons termes.

    Cette politique de relocalisation, elle doit être globale. Nous devons mettre l’Europe devant ses responsabilités dans la guerre des monnaies, banque centrale aussi bien que responsables politiques de l’Union. Ça, c’est l’Europe. Les questions environnementales, elles doivent être traitées au niveau de l’union. Mais beaucoup dépend de nous, Français : nous avons perdu des pans entiers de production, des secteurs industriels entiers qui ont déserté notre pays. Pourtant nous savons produire des avions qui sont les meilleurs du monde, des logiciels, de l’agro-alimentaire, de la chimie. Il n’y a aucune raison que notre nation d’ingénieurs se résigne. Nous croyons à la reconquête de secteurs entiers, grâce à l’automatisation, à la qualité des techniciens, à la proximité, aux process de production numérique, par exemple. Mais cela ne se fera pas tout seul. Il faut que l’État dirige la manœuvre de reconquête. Non pas pour rester, mais pour initier, pour faire essaimer. Et notamment en concentrant l’aide sur les PME naissantes ou en développement. En leur facilitant la vie, en protégeant les jeunes pousses. En allant les chercher ailleurs s’il le faut pour les transplanter sur le sol français dans les secteurs où nous avons abandonné le savoir-faire, le « know how » comme on dit.

    Moi, je doute que nous puissions reconquérir les secteurs perdus, ou, du moins, pas sous la forme sous laquelle nous les avons connus. Mais nous pouvons peut-être en implanter de nouveaux, en revanche...

    Toi, François, tu penses, comme Corinne Lepage, que c'est l'État qui doit promouvoir cela ; je n'en suis pas convaincu. A mon sens, c'est plutôt comme facilitateur que je vois le rôle de l'État. Et je reviens à cet effet à mes premières amours économiques, je pense que c'est Christian Blanc qui avait raison avec ses clusters. Les pôles de compétivité demeurent, à mon avis, l'option à privilégier pour tenter de relancer la mécanique. Sauf que nous n'avons plus beaucoup de temps, désormais, pour reprendre la main ; il ne suffira pas de laisser s'implanter des sociétés, des startup, des SSII et compagnie dans des zones ad hoc : il va falloir vraiment passer à la vitesse supérieure pour leur créer un environnement favorable. C'est, j'en ai l'impression, sur ce point qu'il y a encore un gros travail à faire. Tu voulais faire de la France un pays pro-entreprise, eh bien il y a du boulot. En France, le seul point positif pour les entreprises, ce sont les infrastructures. Le reste...

  • Super idée de magouille budgétaire : mon cadeau à l'État

    Je viens d'avoir une idée brillante. Mais je ne suis peut-être pas le seul à l'avoir eu. Voilà, j'écoutais hier France Info, et j'ai entendu que les Français possédaient encore quatre milliards de francs (soit 600 millions d'euros, environ, à écouler) d'ici février 2012. A mon avis, il y a là typiquement de l'argent oublié ou, du moins, conservé pour des raisons sentimentales.

    Je tiens le pari que d'ici février 2012, la somme sera grosso modo la même. Or, cette somme, elle a bien correspondu à une production de valeur. Donc, si personne n'en profite, en février 2012, cette valeur se sera évaporée dans la nature.

    Voilà ce que pourrait faire l'État : au 1er mars 2012, il peut laisser le matériau (fer, étain, papier-monnaie) aux Français, et récupérer la valeur via un impôt fictif de 100% sur les francs restant.

    Une fois ce petit tour de passe-passe accompli, voilà notre État doté d'une ressource supplémentaire de 600 millions d'euros environ. Astucieux, non ? Je dépose un copyright sur mon idée, et j'aurais trouvé sympa, en 2012, de toucher un minuscule petit 1% sur ma bonne idée, je ne suis pas gourmand...