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Economie - Page 41

  • Et les TPE, Sarko ?

    Il y a parfois des témoignages pour lesquels tout commentaire serait inutile. Christophe Ginisty remarquait avec justesse, tout récemment, que le plan de Nicolas Sarkozy pour les PME passait à côté de l'essentiel : il observait, notamment, que l'on associe presque mécaniquement (Pavlov ?) PME, innovation et financement de l'innovation. S'il s'agit d'aider les entreprises en difficulté, il est évident que sélectionner celles qui sont éligibles par leur propension à innover, revient à laisser de côté toutes les petites entreprises ordinaires qui ont un problème, in fine, assez simple : la trésorerie.

    Il y a dans les commentaires, un témoignage édifiant d'une militante MoDem qui est chef d'entreprise d'une TPE, juju41. Je le reproduis intégralement ici :

    et les TPE? tout le monde s'en fout...
    j'en sais quelque chose, puisque de 8 salariés, nous sommes passés à 5, avec les ennuis financiers qui vont avec... parce que lorsqu'on licencie pour raison économique, 3 personnes , c'est un licenciement collectif, donc convention de reconversion, départ immédiat des salariés sans effectuer leur préavis, et les 2 mois correspondant au préavis, payés charges comprises au Pôle Emploi.. je vous laisse imaginer ce que ça représente pour une TPE artisanale qui doit sortir l'équivalent de 20 000 euros pour 3 salariés, sans avoir facturé quoique ce soit qui corresponde à ce travail... et que le carnet de commande est bien bas.. La trésorerie étant forcément limitée, on n'a plus qu'à renflouer la boite avec nos biens propres..pour éviter de couler, et d'envoyer 5 autres personnes au chomage, et nous au RMI à 55 ans...voilà ce que c'est que la réalité des TPE, dont sarko se fout comme de sa première rollex...quand à la banque elle nous tolère un découvert de 30 000 euros.. et faut se démerder avec ça... ça en fait des nuits de cauchemards..et on ne voit pas le bout.. on renfoue encore et encore avec nos économies, on finira sur la paille , si ça continue..au bout de 35 ans de travail acharné et passionnant, on a quelques envies de meurtres, et le dégout au bord des lèvres...

    il y en a combien comme nous qui ont fait marcher la machine économique durant des années, honnêtement, en payant bien leurs salariés, en payant des impots assez consistants,sans rechigner et sans en mettre à gauche à l'étranger,et qui aujourd'hui crèvent en silence...

    Ras le bol
    !!!!

    L'État a bien consenti des prêts aux banques : pourquoi ce plan de permettrait-il pas de garantir des facilités de trésorerie aux PME tant que les temps sont durs ? Voilà qui serait bien plus utile. Je pense que le gouvernement et Nicolas Sarkozy devraient être davantage à l'écoute du tissu entrepreneurial, si cher au MoDem, au demeurant. Il y a avec le billet de Christophe Ginisty et le témoignage de juju41 l'avis de deux chefs d'entreprise. Cela vaut le coup qu'on les écoute, non ? Ensuite, il ne faut pas oublier l'autre côté de la chaîne, à preuve, cette fois, un autre témoignage d'un militant MoDem, Fred LN (qui tient un blog) qui déclare : Je crois lire ce qui arrive a mon principal client (et débiteur...).

    Et moi, je m'arrête évidemment sur le mot "débiteur". Il est symptômatique du cercle vicieux dans lequel toute une branche de l'activité économique risque de rentrer en plongeant dans le marasme.

    Des solutions existent, et Démocratix (blogueur lui aussi) en propose une qui me semble censée : une société d'affacturage sur le modèle de la COFACE !

    Et pourquoi ne pas imaginer en temps de crise, un cautionnement de certaines sociétés d'affacturage par l'Etat? Pour couvrir le rachat de certaines créances à un niveau de risque un peu plus élevé (sans aller trop loin toutefois) que ce que des institutions privées sont prêtes à faire. Après tout, c'est déjà ce qui se passe avec la Coface pour l'export, et l'Etat n'a aucun intérêt à voir des entreprises chuter les unes après les autres par effet de "dominos"...

    Il est loin, désormais, le temps où François Bayrou voulait faire de la France un pays pro-entreprise. Il ne reste de cette période qu'un essartz de Small Business Act à l'européenne toujours pas appliqué. Il y a eu pourtant des propositions du MoDem sur l'entreprise. J'essaierai d'en faire une synthèse très prochainement.

  • L'argent des autres, c'est génial !

    Il est en forme, h16, en ce moment : je recommande vivement la lecture de son dernier billet et en donne un avant-goût en avant-première...

    Encore une fois, on retombe dans le schéma typiquement et paradoxalement gauchiste où l’argent, qui est haineusement méprisé par ces intellectuels de foire, est utilisé cependant par paquets dodus dès qu’il s’agit de régler un problème. Les hôpitaux sont désorganisés ? Filons-leur de l’argent ! Pas d’intégration, problème dans les cités, misère des populations immigrées ? Cramez des milliards (et / ou des voitures) ! Contre le chômage ? Des thunes, plein ! Les gamins ne savent ni lire ni écrire ? Allez, zou, des moyens, de la maille et des hausses de salaire ! Ils ne viennent plus en cours ? De la cagnotte, de la fraîche, vite !

    Bref : le capitalisme pour les socialauds, c’est l’argent pour les nuls. L’argent, c’est mal. Mais l’argent des autres, c’est génial : il suffit d’aller le chercher de force (impôts, taxes, accises, ponctions, amendes), et pouf, on le jette par ici, et on le crame par là. Facile.

    J'aime bien, c'est clair, net et précis.

  • La privatisation de la Poste et les promesses de Sarkozy

    Soyons clair : en soi, je ne trouve pas que le projet apparent du gouvernement casse trois pattes à un canard, et, si j'avais la certitude qu'il ne recelait aucune malhonnêteté à venir, je ne verrais aucun inconvénient à ce que les salariés de la Poste puisse détenir une part du capital de leur entreprise. Au contraire, je trouve cela bien.

    Je n'aime d'ailleurs pas que certains journaux nous fassent croire que ce serait une directive européenne qui imposerait à la France ce changement de cap. L'Europe a simplement prévenu qu'en 2011, les services postaux seraient ouverts à la concurrence. Elle n'a pas interdit aux états de conserver une entreprise publique de services postaux. De plus, le traité de Lisbonne prévoit toute une série d'exceptions à la directive. Bref, que l'on ne casse pas encore du sucre sur le dos de l'Europe svp.

    En revanche, j'ai souvenir d'un certain ministre Sarkozy qui s'était laissé aller à quelques promesses concernant GDF. Or, les mots ont un sens, ce n'est pas à Gaël que je vais l'apprendre : puisque les images valent mieux que les mots...

    On comprend donc la méfiance des actuels acteurs de la Poste. Le gouvernement ferait mieux de jouer carte sur table, ce serait bien plus sain pour tout le monde. Évidemment, les deux millions de personnes qui sont venues voter étaient motivées : le résultat final n'a pas force de loi, mais il donne tout de même une tendance. Clairement, pourquoi les Français souhaiteraient que la Poste soit privatisée alors qu'ils sont globalement contents du service qu'elle offre ?

    Il faut toutefois ne pas occulter une vraie question : la Poste est endettée jusqu'à la moëlle, et si Nicolas Sarkozy n'a décidé de l'ouvrir qu'aux capitaux publics, c'est peut-être bien faute de trouver des investisseurs privés... Compte-tenu de l'état des comptes de la Poste, j'ai du mal à croire que l'État ne cherchera pas, au moment crucial, dans l'urgence, à attirer des capitaux privés pour financer son développement.

    La Poste, jusqu'à 2006, réduisait régulièrement son endettement, grâce à ses bénéfices (un bon exemple à suivre pour l'État). Mais l'État a opéré alors une sévère ponction sur cette entreprise pour financer des retraites et a de ce fait doublé son endettement (près de 6 milliards d'euros). En dépit de ce lourd handicap, la Poste a recommencé à réduire son endettement.

    Pour finir, la Poste, en France, c'est une institution. Dans les villages de France, il y avait autrefois les instituteurs, les curés et les postiers. Les curés ont disparu, on ferme des écoles, j'aimerais bien que l'on conserve au moins les postiers...

    Je dois ajouter que je suis très sceptique sur la qualité des services postaux privés : j'en ai eu un avant-goût avec la libéralisation des colis express, et à vrai dire, je ne peux pas dire que cela m'enthousiasme.

    Plus généralement, la libéralisation n'a de valeur que si elle s'accompagne d'une protection grandissante des consommateurs. Or, bien loin d'être le cas, c'est exactement l'inverse qui s'est produit en France...

  • Souviens-toi du Titanic !

    J'ai déjà appelé sur ce blog à bien distinguer banques de dépôts et banques d'affaires. Rien d'original, d'autres l'ont fait avant moi, et, sous l'influence de Jean Peyrelevade, c'est une position maintes fois exprimées par le MoDem, désormais. Mais  François Bayrou, qui la sens de le formule et de l'image, m'a tout récemment fait rire :

    Concernant le sommet du G20 et les volontés exprimées de moraliser le capitalisme, le député des Pyrénées-Atlantiques a affirmé : "l'essence du capitalisme est d'être amoral. Je ne dis même pas immoral : amoral". "C'est fait pour faire de l'argent pour ceux qui ont de l'argent. La morale a peu de choses à voir", pour François Bayrou. "Le combat qu'on est en train de livrer, puisqu'on parle du G20, sur les bonus des traders, est un combat largement de diversion. Le problème du capitalisme, c'est pas les traders, c'est le système qui fait que ce qui devrait être protégé --les dépôts des épargnants-- est mis dans des risques excessifs", a-t-il ajouté. "Il faut séparer les activités de banque de dépôt, de protection des épargnants, de financement de l'économie, du risque insensé de jeu, de casino", a-t-il poursuivi. "Si vous faites ça, vous avez un système de cloisons étanches", a rappelé le Président du Mouvement Démocrate, en relevant que le naufrage du Titanic était dû à la non-étanchéité de ses différentes parties.

    Tout en étant d'accord sur le principe, je demeure prudent sur l'application : les mouvements boursiers ne se limitent pas à des tours de roulette russe, et il y a une imbrication plus forte qu'on le pense entre les dépôts, pour les banques d'affaires, et leurs prises de risque. On peut le déplorer, mais ce sont aussi les confortables matelas que constituent les dépôts qui leur permettent de financer de temps à autre des activités risquées. Le tout est de définir des normes prudentielles. Une séparation radicale pourrait aboutir à une chute non moins radicale de leur activité et entraîner par ricochets successifs de fortes contractions de la croissance économique.

  • La BNP rembourse, l'État va se faire du pognon !

    Et paf ! Tiens, qu'est-ce que j'ai dit et défendu à longueur de jours, sur ce blog, à propos des emprunts des grandes banques à l'État ? J'ai toujours dit que c'était une bonne affaire pour l'État et absolument pas un don comme le laissaient supposer divers responsables politiques (dont ceux du MoDem, malheureusement, qui dans cette histoire ont manqué de hauteur de vue).

    Donc, la BNP va rembourser en octobre à l'État les 5.1 milliards d'euros que le gouvernement avait souscrit sous forme de préférences. Avec les intérêts calculés sur 7 mois, s'il vous plaît, soit un bonus de 226 millions d'euros. Et encore, c'est du remboursement anticipé, donc le bénéfice final est moindre qu'attendu. Les autres banques vont payer plus, comparativement, si elles attendent. D'après Baudoin Prot, le PDG de la BNP, le contexte pour rembourser est favorable. De toutes façons, plus les banques tardent, plus elles paient. Ce n'est donc pas de leur intérêt.

    BNP s'apprête à vendre des actions à 40 euros (30% de décote) pour son augmentation de capital. Y'a bon l'action à 40 euros, j'achète, moi !!! Il y en a pour tout le monde, si j'ai bien lu, BNP émet 497.284 actions !

    Bon, il faut aussi dire qu'il y a une relation avec les décisions du G20 qui a décidé que les banques devaient augmenter leurs fonds propres...

  • Frais bancaires indus, ça suffit !

    rochefort1.jpgMeglena Kuneva, commissaire européenne responsable de la Protection des consommateurs, présente mardi 22 septembre 2009 un rapport accablant sur les frais bancaires en Europe qui pointe du doigt certains pays dont La France. Cette présentation est réalisée alors que vient d'être publié l'indicateur semestriel de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF qui indique que les plaintes des consommateurs contre les banques françaises sont en nette augmentation : + 15,1% ).

    Robert Rochefort, député européen du Mouvement Démocrate, s'est entretenu jeudi 17 septembre avec Meglena Kuneva la commissaire européenne en charge du droit de consommateurs. Pour Robert Rochefort : « La France figure en Europe, parmi les pays champions en matière d'opacité des frais bancaires. Non seulement, pour certaines banques, nous sommes en présence de frais couteux et incompréhensibles pour leurs clients mais cela va jusqu'à des frais cachés. » 

    « L'existence de ces frais cachés ou de structures de frais très complexes rend bien évidemment les comparaisons de prix d'une banque à l'autre très difficile pour les citoyens, ce qui explique peut-être que seuls 9% des consommateurs dans l'UE aient transféré leur compte courant vers une autre banque ces deux dernières années. »

    L’ancien directeur du CREDOC a dénoncé la « volonté manifeste pour certaines établissements de compenser une partie de leurs pertes par des hausses globales de tarification bancaire avec notamment la création de nouveaux frais comme ceux pour la mise à disposition de chéquier. Le code de conduite volontaire adopté par le secteur bancaire au niveau européen, et qui devrait entrer en application en novembre prochain, est certes un pas dans la bonne direction, mais il semble d'ores et déjà insuffisant. D'autant que les résultats de l'enquête de la Commission tendent à prouver que la situation actuelle en Europe est contraire à l'application correcte du droit des consommateurs européens, en particulier à la directive sur les pratiques commerciales déloyales. Aussi, un débat ouvert sur un renforcement des règles européennes et de leur mise en œuvre effective par les Etats membres semble plus approprié que la simple mise en place d'un code de conduite volontaire par le secteur. »

    « Les frais bancaires sont malheureusement un problème récurrent en France. Je demande au gouvernement français d’agir avec fermeté et de prendre toutes les mesures nécessaires pour inciter les banques à améliorer le traitement des détenteurs de comptes. » a ajouté Robert Rochefort.

  • Bayrou s'insurge à raison contre l'injustice fiscale

    Le gouvernement est aux abois : il sait que les caisses sont vides et qu'il faut les remplir à tout prix. Tous les moyens sont bons ! C'est tout de même invraisemblable : Nicolas Sarkozy, avec obstination, refuse de revoir bouclier et niches fiscales alors que cela devient clairement nécessaire. Ceci ne signifie pas qu'il faut toutes les supprimer ni pratiquer la politique de la terre brûlée fiscale à la mode gauchiste, mais réexaminer calmement ce qui est utile ou non.

    La nouvelle idée, c'est de taxer l'indemnité des accidentés du travail et les handicapés ! François Bayrou déclarait ce matin sur RTL : « Il me semble que [ces personnes] ne devraient pas être la cible d'un impôt nouveau. Tout se passe comme si en France c'était toujours les plus fragiles qu'on ciblait, les accidentés du travail, les mères de famille».

    On a beau vouloir être ouvert et positif et proposer des solutions, comment voulez-vous ne pas faire un bond quand vous apprenez ce genre de décisions ?

    Bon sang, il y a tout de même une tradition sociale forte, à droite, et au sein du libéralisme on trouve gravée dans le marbre l'idée de l'équité. J'admets, à titre personnel, une contribution quand tous contribuent à mesure de ses moyens. Mais là...les handicapés !... on va taxer les handicapés et les accidentés du travail... Comment peut-on encore soutenir un gouvernement qui promeut de telles mesures ? Comme le dit Bayrou, «pour les forts, il y a bouclier fiscal, parachute, ceinture, bretelles»...

    On pourrait aussi taxer les agonisants, tant qu'on y est, et puis aussi les myopathes, les autistes, les paralytiques, les hémiplégiques et les paraplégiques. Allons, plus de tabous, enfants de l'UMP ! Et puis taxons les naissances, et les portes et les fenêtres, comme au moyen-âge : pourquoi les gueux auraient-ils le droit d'avoir autant de lumière naturelle que les puissants ?

  • SNCF, cas d'école.

    Je fais partie des libéraux assez pragmatiques, à propos des entreprises publiques. Sur le fond, je m'en fous assez qu'une entreprise soit publique ou privée dès lors qu'elle rend un bon service. Par ailleurs, dès lors qu'on touche un secteur éminemment stratégique (transports, du moins certains, énergies) je ne suis pas davantage un hystérique de la concurrence libre et non faussée.

    Pour les transports, je pense surtout au chemin de fer. La valeur ajoutée du chemin de fer dépasse largement ce qu'il dégage pour  une entreprise de transports. Une ligne peut ne pas être rentable mais générer de la richesse pour une localité voire un département.

    Par ailleurs, que l'entreprise devienne privée n'est nullement une garantie de qualité et de savoir-faire. Objectivement, plus la SNCF se privatise, plus elle merdoie. J'ai connu le temps des trains à l'heure à la minute près, des communications téléphoniques à un coût local où l'opérateur, en face, au lieu de vous raconter des conneries et de vous mentir sur les prix vous informait vraiment.

    J'ai connu le temps aussi où quand je regardais les horaires sur les dépliants, ils étaient fiables. On entend beaucoup parler de rentabilité à la SNCF depuis quelques temps. Le problème, c'est que plus la SNCF devient rentable, plus son matériel se dégrade, les lignes ferment, les prix augmentent (et la grille tarifaire devient illisible) et les trains arrivent en retard.

    Que les prix augmentent, cela peut être une nécessité économique, mais on attend de la qualité avec. On est loin du compte. Il y a eu des privatisations réussies. Il y a eu aussi des nationalisations réussies. La SNCF en était un exemple. Je préférerais qu'elle le reste.

  • MoDem : Super Yes (l'hérétique) se paie Super No

    J'ai vu, via Marianne2, que le blogueur Super No, avait décidé de se payer la tête du MoDem en laissant entendre que l'on n'aurait pas de programme. Il s'en prend particulièrement à un entretien de Corinne Lepage sur RFI.

    Super No reprend quelques unes de nos valeurs avec l'intention manifeste d'en tirer les conclusions qui l'arrangent. Tout d'abord, une petite remarque préalable : les programmes de Bayrou et de Corinne Lepage (Cap21) lors de l'élection présidentielle demeurent globalement valides à l'heure actuelle. On peut donc encore largement s'y référer pour savoir ce que pense le MoDem. Les principaux thèmes de ces programmes ont d'ailleurs été repris dans des déclarations de François Bayrou, Marielle de Sarnez et Corinne Lepage tout au long de ces deux dernières années. Corinne Lepage a même publié un véritable livre programme pour une reconversion industrielle verte et un changement de société. J'ai assez largement repris son raisonnement sur la définition du capital et le coût des externalités dans un billet récent sur le MoDem face au chômage et à la désindustrialisation.

    SuperNo se gausse manifestement de l'économie de croissance, fût-elle verte. Je pourrais lui rétorquer via le concept que développe Corinne Lepage dans Vivre Autrement : l'économie circulaire. Le principe de l'économie circulaire, c'est qu'elle ne consomme pas de ressources. Elle s'alimente du recyclage. Autrement dit, l'industrie continue à proposer des modèles de machine sans absorber de nouvelles matières premières mais en recyclant celles des anciennes machines. S'il n'y avait pas le problème de l'énergie, l'industrie automobile commencerait à  se débrouiller assez bien dans ce domaine avec presque 90% de matériaux recyclés pour construire les nouveaux modèles.

    Je suppose que Super No préfère vivre comme un préhistorique et laper l'eau de pluie sur une pierre plate (où aurait pissé un mouton revenu à l'état sauvage), à la manière des primitifs. Très peu pour moi, non merci. La croissance n'est pas un problème si c'est une vraie croissance. Si elle génère des coûts que l'on n'intègre pas dans le prix du produit final, c'est alors une croissance fallacieuse qui nous réserve de véritables bombes à retardement dont il faudra régler la facture tôt ou tard. C'est bien pour cela que Corinne Lepage estime que les ressources naturelles ne doivent plus être gratuites et taillables à merci, mais considérées comme un capital collectif que l'on ne peut plus se permettre d'entamer sans se poser la question de son renouvellement. Comme une tire-lire, en somme : quand tu on l'a vidée, il n'y a plus rien. Sauf que ce plus rien, concernant le capital écologique, serait fatal à toute l'humanité...

    Super No s'offusque que le MoDem prône la liberté de tous les acteurs de la société, acteurs économiques compris : qu'il sache que la liberté ne se partage pas. C'est une conviction profonde au MoDem et rien ne pourra nous y faire renoncer. C'est pour cela qu'il y a une véritable parenté avec les libéraux, et que certains libéraux se retrouvent au MoDem, précisément parce qu'ils refusent de voir accordé à la liberté d'une main ce qu'elle perdra de l'autre.

    Je ne sais plus comment Schopenauer appelle la suite dans son Art d'avoir toujours raison, mais c'est un procédé rhétorique vieux comme le monde : il consiste à prêter des travers les plus loufoques à l'objet dont on veut s'assurer la définition la plus fallacieuse possible.

    Voici donc la manière dont Super No donne une définition toute personnelle du libéralisme : (suppression des fonctionnaires, casse des services publics, diminution de toute forme d’aides sociales (sécu, retraites) et des “charges” sur les entreprises…), à ses moyens (les traités européens, la pub, la propagande), et à ses fins (la croissance perpétuelle, le gavage des actionnaires…)

    Qu'il suffise de dire plutôt que de consulter des définitions compliquées, que le libéralisme met tout simplement la liberté et la responsabilité au coeur de l'action humaine. Quant au rôle de l'État, il existe plusieurs courants au sein de la sphère libérale, mais voici ce qu'en dit Adam Smith, le père de cette philosophie politique dans la Richesse des Nations :

    « Le troisième et dernier devoir du souverain est d’entretenir ces ouvrages ou ces établissements publics dont une grande société retire d’immenses avantages, mais sont néanmoins de nature à ne pouvoir être entrepris ou entretenus par un ou plusieurs particuliers, attendu que, pour ceux-ci, le profit ne saurait jamais leur en rembourser la dépense »

    Si Adam Smith ne reconnaît pas l'État le rôle de réguler l'économie, estimant même que ce serait contre-productif, on comprend bien à la lecture de cette citation qu'il n'aurait pas d'hostilité de principe envers le service public.

    Super No croit que le MoDem est nouvellement converti à la taxe Tobin, à écouter Corinne Lepage et Marielle de Sarnez évoquer leur intérêt pour cette dernière. S'il s'était donné la peine de consulter le programme de Bayrou en 2007 (mais qui avait été élaboré au sein de l'UDF en 2006), il aurait pu constater cette taxe y était nommément citée dans l'article "impôts".

    La fin du billet renvoie à nouveau aux considérations de Super No sur la croissance. Il n'aime décidément pas ce mot. Au moins est-il clair qu'il y a de claires divergences de fond entre cette gauche de la gauche qui appelle à la révolte, donne des leçons de morale, mais n'est pas près d'aider les Conti et autres à retrouver un emploi.

    Non, décidément, Super No n'a rien compris. Rien de plus que les autres...

  • Les cinq milliards de la BNP

    Comme je le dis souvent, disposer de commentateurs de qualité, sur un blog, c'est très utile. Je reprends donc le commentaire de Fangio sur un billet précédent dans lequel j'approuvais la BNP de rémunérer ses traders et ses salariés de son pôle BFI (division finance). L'un des principaux arguments de ceux qui s'indignent de ces salaires, c'est de faire valoir que la BNP a touché de l'argent public (c'est faux, c'était un prêt et pas à un taux d'ami...). Voilà qui devrait édifier Fred, en particulier, (pourtant pas un affreux gauchiste, en principe), mais également éduquer aux saines règles du marché un gauchiste authentique et lui permettre ainsi de soigner ses humeurs :-)

    Je passe les détails, mais les 5 milliards n'ont pas servi à spéculer, ou marginalement, mais à faire face à des obligations de court terme. Il faudrait rappeler que le bilan d'une banque comme BNP, c'est 2 ou 3000 milliards, gardons le sens des proportions. Simplement, les banques font des opérations de refinancement en permanence, et avec le gel du marché interbancaire, toutes les banques, y compris les plus solvables (comme BNP ou la SG) risquaient l'asphyxie. Quant aux "spéculations", je tiens à rappeler (peu de gens le savent ou le comprennent) que le marché des subprimes n'était PAS un marché spéculatif: au contraire, on achetait de la dette AAA, sensée être très sûre, quand on avait besoin de titres sécurisés (c'était une alternative aux titres souverains). Plus largement, la spéculation n'a RIEN, mais alors vraiment rien à voir avec la crise. 

    Quant au fait que les banques n'aient pas "ouvert les vannes du crédit", il faudrait quand même rappeler que c'est le métier de base d'une banque de prêter, que c'est comme ça que la majorité des employés gagnent leur vie (les traders sont une infime minorité -j'en profite pour rappeler que le milliard de BNP profite à beaucoup plus de monde qu'aux seuls traders).

    Pour les risques du trading, ils sont (hors fraudes, comme le cas Kerviel) beaucoup mieux maîtrisés que les gens le croient (je ne vais pas rentrer dans les détails techniques, mais les banques ne jouent pas à pile ou face comme l’apprenti trader moyen sur Boursorama…). 

    Pour finir avec le fameux argument des taux, je vais lui tordre le cou : il est techniquement totalement faux : les taux directeurs déterminent les taux à court terme uniquement, or il n’existe pas de taux unique de marché, mais des taux dépendant des maturités. Aujourd’hui, par exemple, l’Euribor 1 mois (un taux interbancaire très courant) est à 0.491%. En revanche, les banques prêtent (que ce soit aux particuliers ou aux entreprises) généralement à long terme. Or les taux à 20 ans sont aujourd’hui à 3.997%. Ajoutons le fait que les banques se financent elles-mêmes sur les marchés à environ Euribor + 1% (soit dans les 5% à 20 ans) et qu’elles doivent bien sûr mettre une marge (et de ce point de vue, il faudrait souligner que de nombreux économistes, en 2005-2006, tiraient la sonnette d’alarme sur  les marges -au moins dans les activités destinées aux entreprises, mais aussi certains marchés immobiliers, comme les subprimes dont une des erreurs a été de demander des marges trop basses !), on les obtient tes taux à 4% et plus
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