Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Economie - Page 43

  • PME, un capitaine à bord

    Je vois que Florent divague largement : le voilà à remettre en question la pertinence des PME comme modèle d'organisation économique, avec au passage, quelques arguments bien pensés. Je ne vais pas être original, mais simplement reprendre un argument développé par Schumpeter, mais aussi Jean Peyrelevade. Ce qui nuit à l'efficience globale d'une entreprise, c'est d'abord la dilution des responsabilités. Et plus elle est grosse, plus la responsabilité se dilue. Schumpeter voyait dans l'apparition des Conseils d'administration la mort du capitalisme. Ce capitalisme-là, c'est aussi celui que Jean Peyrelevade nomme capitalisme entrepreneurial, par opposition au capitalisme financier. Sans responsabilité, il n'y a plus de pilote à bord, plus d'éclairs de génie, ni de capacité à donner le brusque coup de barre à babord ou à tribord qui permettra à l'entreprise de se dégager d'une mauvaise passe.

    Alors bien sûr, les grosses entreprises disposent de structures qui permettent davantage d'expression, mais l'autorité est inaccessible bien plus que dans une PME puisque plus éloignée. Les idées y circulent donc bien moins vite. Les grosses entreprises sont tout autant tributaires de leurs clients que les petites. Qu'importe la proximité quand les gros sous sont en jeu...!

    Les grosses entreprises réalisent peut-être des économies d'échelle, mais elles génèrent au moins autant de lourdeurs coûteuses. Elles ont souvent le plus grand mal à réorienter leur production et à se diversifier quand il s'agit d'industrie, par exemple. Des PME innovantes aux structures plus légères y parviennent, bien qu'elles aient les reins financiers moins solides.

    J'ai de la sympathie pour le modèle de la SCOP, mais, compte-tenu de son mode de rémunération, je ne vois pas comment les SCOP pourraient lever des capitaux importants, élément essentiel pour initier la R&D. Cela dit, la SCOP offre à mon avis un modèle économique pertinent pour démarrer une TPE ou une entreprise "citoyenne", tel que le projet de Françoise, par exemple, que cite aussi Florent.

  • Contradictions dominicales

    Une majorité de députés a donc adopté un projet de loi accordant des dérogations au principe du jour de repos le dimanche. Il y a pour ma part tout de suite une contradiction qui m'a frappé. Je lis à l'article 2 du projet de loi les choses suivantes :

    « Seuls les salariés volontaires ayant donné leur accord par écrit à leur employeur peuvent travailler le dimanche sur le fondement d’une telle autorisation. Une entreprise bénéficiaire d’une telle autorisation ne peut prendre en considération le refus d’une personne de travailler le dimanche pour refuser de l’embaucher. Le salarié d’une entreprise bénéficiaire d’une telle autorisation qui refuse de travailler le dimanche ne peut faire l’objet d’une mesure discriminatoire dans le cadre de l’exécution de son contrat de travail. Le refus de travailler le dimanche pour un salarié d’une entreprise bénéficiaire d’une telle autorisation ne constitue pas une faute ou un motif de licenciement. »

    Le problème, c'est que dans le même alinéa (Art.L 3132-25-4) on lit également ceci :

    « En l'absence d'accord collectif, le salarié privé de repos dominical conserve la faculté de refuser de travailler trois dimanches de son choix par année civile. Il doit en informer préalablement son employeur en respectant un délai d'un mois.»

    Je comprends de cet énoncé que le salarié ne peut refuser de travailler le dimanche que trois fois l'an, et que, de plus, il est concevable qu'aucun accord de branche ne soit conclu. On me rétorquera que ce passage ne concerne que la réversibilité de l'accord initial conclu, il n'empêche :  ces mots signent  bien une réelle dérégulation. Les grandes chaînes commerciales vont pouvoir imposer davantage de précarité, et ce sont les commerces de proximité qui vont souffrir. En effet le texte prévoit que les hyper-marchés pourront ouvrir jusqu'à 13h le dimanche matin.  Le raisonnement de Robert Rochefort, euro-député MoDem, sur le sujet, me paraît imparable. Nicolas About, sénateur MoDem-Alliance centriste, n'y voit, lui, qu'un texte technique. Tel n'est pas mon avis. Nicolas About ne veut plus que la loi vienne régulariser des transgressions et promet la vigilance. Mais a-t-il bien pris connaissance de ce que déclarait Richard Mallié, le rapporteur du projet ?

    Cela étant, en cette période difficile pour l'économie et l'emploi dans notre pays, plusieurs magasins, qui bénéficiaient en toute bonne foi d'arrêtés préfectoraux, sont attaqués devant la justice afin qu'ils cessent d'employer des salariés le dimanche. Actuellement, il n'est pas possible de faire l'économie de milliers d'emplois.

    C'est tout de même gonflé de présenter les choses ainsi. Ce que je comprends, c'est que la loi est conçue pour permettre aux magasins qu'évoque le député Mallié  de contraindre sans risques juridiques des salariés à travailler le dimanche, que cela leur plaise ou non...On peut même y voir une volonté d'établir une loi pour dépénaliser l'existant. C'est inadmissible de procéder ainsi. Alors quand il assure que le texte est protecteur en reprenant l'article que je cite justement plus haut dans mon billet, j'exprime mon scepticisme...

    En fait, les grands commerces n'auront plus besoin d'autorisations préfectorales. Il n'y aura donc plus le moindre contrôle sur ce qui se fait et dans quelles conditions. J'ajoute autre chose : actuellement, le code du travail et le code du tourisme ont des classements séparés pour établir les zones touristiques. Pour le code du travail, il y en a 500 environ, pour le code du tourisme, 3000. Je tiens le pari que d'ici quelques années, il se trouvera un sarkozy bis qui proposera de simplifier la loi en alignant les deux codes. Dans quel sens cela se fera-t-il, à votre avis ? On peut toujours m'accuser de procès d'intention, c'est évident que cela sera fort tentant de procéder ainsi...

    C'est incroyable que ce soit un Ministre du Travail et de la Famille qui porte un projet de loi aussi régressif. Il est évident que la disparition progressive du dimanche comme jour de repos réduira davantage encore, pour ceux qui travaillent le plus, la possibilité de retrouver leur famille.

    Je voudrais ajouter un dernier détail : j'ai trouvé ridicule la diatribe de Jean-Marc Ayrault contre le Grand Méchant Marché, coupable de tous les maux dont l'ouverture du dimanche.

    Verbatim...

    Oui, chers collègues, nous en parlons beaucoup ces temps-ci : le marché veut tout ! Tous les équilibres auxquels nous sommes parvenus à travers les siècles sont remis en cause. Aujourd’hui, le marché vous demande les dimanches ; hier, il vous a demandé la précarisation du salariat. Demain, c’est sur la vie elle-même qu’il cherchera à étendre son emprise. Le marché n’a pas d’autre objet que la rémunération de capitaux qui exigent un rendement, indépendamment de toute réalité humaine et sociale. Voilà ce qu’est le marché !  Dès lors, faut-il des règles et des protections ? Vous savez bien que le marché veut tout ; au contraire, nous voulons combattre le tout-marché – combat qui a structuré l’histoire du mouvement ouvrier.

    Du bla bla indigeste à la sauce gauchiste et marxisante comme aiment le faire les Socialistes, bien souvent. Le marché est simplement un système d'échanges dans ou par lequel des vendeurs et des acheteurs se retrouvent pour réaliser des échanges. Il m'énerve, Ayrault, avec sa vulgate anti-libérale à deux balles. Moi, je suis libéral, j'adhère à l'économie de marché, mais je ne suis pas favorable à ce projet, parce qu'économiquement, il n'apporte rien de plus, et parce qu'envers les salariés, il ne comporte pas d'équité. C'est tout. Le marché n'y est pour rien, c'est juste Sarko qui veut pouvoir faire ses courses le dimanche après-midi sur l'avenue des Champs-Élysées...Ah, oui : et quelques grandes surfaces qui essaient d'échapper aux justes sanctions qu'elles méritent. Travailler le dimanche, c'est déjà possible avec une autorisation préfectorale. Alors pourquoi cette loi ?

  • TVA sociale, quel modèle pour la France ?

    J'ai évoqué dans une note récente à propos de notre pharaonique dette la piste de la TVA sociale pour apurer nos comptes sociaux. Florian, notre émissaire démocrate au Danemark a eu l'excellente idée de publier une note de synthèse sur l'expérience danoise dans ce domaine. Je constate qu'il parvient aux mêmes conclusions que moi, après analyse de ce choix, c'est qu'il faut associer deux autres mutations profondes à la TVA sociale pour qu'elle soit efficace :

    a) une refonte complète et cohérente de la fiscalité

    b) un rétablissement prononcé de la compétitivité des entreprises.

    Nous vivons à crédit depuis trop longtemps, et, au demeurant, je finis par avancer l'idée qu'une dette insoutenable contribue à générer une croissance insoutenable également. S'il n'associe pas les deux, Florian s'attache à faire de la dette soutenable une priorité politique et économique. Hélas, elle n'est pas à l'ordre du jour dans notre pays...

  • Mobilité des fonctionnaires

    A partir de jeudi, l'Assemblée nationale va examiner un texte déjà approuvé par le Sénat intitulé "projet de loi relatif à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique".

    J'ai lu entièrement le projet de loi et j'avoue que je ne comprends pas ce qui heurte exactement les syndicats, car ceux-ci y sont très hostiles. Ils déclarent que cette loi prépare des licenciements massifs et du travail précaire dans la fonction publique.

    Je pense que c'est l'article 10 qui suscite leurs suspicions. Les administrations ne peuvent aujourd'hui avoir recours aux services d'entreprises de travail temporaire et de salariés intérimaires. Voici comment les Sénateurs en justifiaient l'écriture :

    la présente disposition modifie le statut général et le code du travail pour donner un cadre légal au recours à l'intérim par des organismes publics. Ceux-ci pourront dans ce cadre pourvoir rapidement des vacances temporaires d'emploi ou faire face à des besoins occasionnels, saisonniers ou à des surcroîts d'activité. Par cet article le Gouvernement entend prévoir le même cadre juridique pour le recours à l'intérim par les employeurs publics que celui qui existe pour les employeurs privés, réserve faite de quelques adaptations indispensables à la prise en compte de certaines caractéristiques de l'emploi public.

    Je pense qu'il faudrait obtenir des précisions sur les termes vacances temporaires d'emploi. "temporaire", cela représente quelle durée, exactement ? Ensuite, comment s'assurer que le niveau de qualification et la qualité du service rendu restera la même avec des intérimaires ? En dehors de ces restrictions, cet article me paraît plutôt pas mal. C'est-ce que font souvent les entreprises quand leur santé économique ne leur permet pas de stabiliser un emploi. La fonction publique ne devrait pas pouvoir faire autrement, à mon avis, dès lors, du moins, qu'il n'y a pas sous cette loi un prétexte pour remplacer des emplois stables.

    L'autre article qui fait faire des bonds aux syndicats, c'est certainement l'article 7, dont voici la synthèse :

    Un fonctionnaire de l'État, dont l'emploi est susceptible d'être supprimé dans le cadre d'opérations de restructuration administratives, pourra bénéficier d'une réorientation professionnelle destinée à favoriser sa réaffectation sur un emploi correspondant à son grade. Cette nouvelle situation statutaire donne aux administrations les moyens d'accompagner leurs agents par la mise en oeuvre d'actions d'orientation, de formation ou de validation des acquis de l'expérience. Celles-ci seront appelées dans ce cadre à opérer un suivi individualisé et régulier des démarches de réorientation professionnelles proposées aux agents. Elles peuvent également confier à ces agents des missions temporaires qui s'insèrent dans leur projet. Ces actions sont organisées autour d'un projet personnalisé d'évolution professionnelle qui récapitule l'ensemble des moyens mobilisés dans l'objectif de réaffecter le fonctionnaire sur un emploi créé ou vacant correspondant à son grade et à ses objectifs professionnels. Ce mécanisme novateur s'inspire des dispositifs permettant la prise en charge de fonctionnaires momentanément privés d'emplois dans la fonction publique territoriale et hospitalière, tout en adaptant leur contenu aux spécificités de la fonction publique de l'État.

    Je supppose que le mot "supprimé" a du résonner douloureusement aux oreilles des représentants syndicaux. La réorientation professionnelle a du également mettre le feu aux poudres. Il y a des métiers très différents dans la fonction publique, et un te texte donne la possibilité à l'État de transférer à discrétion un fonctionnaire d'un poste à un autre, dès lors qu'il est de même grade. Appliqué au professorat (c'est sur le site de la FSU que j'ai lu les protestations les plus vives) j'imagine que le texte permettrait de transférer un enseignant certifié vers un poste en lycée professionnel alors qu'un concours différent prépare à ce type d'enseignement.

    Toutefois, dans le texte final, pas l'exposé des motifs, on trouve, sous-section III de l'article 7, article 44-2, la formulation suivante, qui me semble plutôt protectrice :

    « L'administration lui garantit un suivi individualisé et régulier ainsi qu'un appui dans ses démarches de réorientation. Elle fait diligence pour l'affecter, sous réserve des dispositions du quatrième alinéa de l'article 60, dans les emplois créés ou vacants correspondant à son grade et à son projet personnalisé d'évolution professionnelle».

    « Le fonctionnaire peut être appelé à accomplir des missions temporaires pour le compte de son administration ou d'une autre administration. Les missions qui lui sont alors confiées doivent s'insérer dans le projet personnalisé».

    Dernier article qui pourrait aussi inquiéter les fonctionnaires : l'article 8.

    On y trouve ceci :

    1° L'intitulé du chapitre IX bis est remplacé par l'intitulé suivant : « Dispositions applicables aux fonctionnaires de l'État nommés dans des emplois permanents à temps non complet » ;

    2° Les deux premiers alinéas de l'article 72-1 sont remplacés par les dispositions suivantes : « Lorsque les besoins du service le justifient, les fonctionnaires de l'État peuvent, avec leur accord, être nommés dans des emplois permanents à temps non complet cumulés relevant des administrations de l'État, des collectivités territoriales et de leurs établissements publics et des établissements mentionnés à l'article 2 de la loi n° 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière. « Le fonctionnaire doit exercer un service au moins égal au mi-temps dans l'emploi correspondant au grade du corps dont il relève. Le cumul de tels emplois doit assurer au fonctionnaire concerné le bénéfice d'un service équivalent à un temps complet et d'une rémunération correspondante. »

    En résumé, cela signifie que l'on peut cumuler deux mi-temps dans la fonction publique. Mais, il est stipulé que cela doit se faire avec l'accord du fonctionnaire. Donc, cela me semble plutôt une bonne pratique.

    Je ne suis bien sûr pas juriste et pas forcément assez retors pour discerner les points écrits en minuscules qui permettraient de créer des brèches dans le statut de la fonction publique, mais je ne doute pas que nos députés sauront faire preuve de plus de diligence. Quant aux syndicats, s'ils veulent être crédibles, qu'ils ne se contentent pas de slogans incompréhensibles aux non-initiés mais qu'ils expliquent clairement leurs griefs, citation des textes à l'appui. Pour l'instant, on ne peut pas dire que cela soit le cas.

    Il y a toute une discussion très intéressante, au Sénat, sur ces articles. J'en recommande vivement la lecture pour se faire une idée plus claire des enjeux de ce projet de loi. Il y a tout de même un point que je retiens, du point de vue de l'emploi, et c'est ce qu'avait observé les Sénateurs socialistes et communistes : il est vrai que le projet tend tout de même à promouvoir l'emploi partiel : cumul de mi-temps, contrats d'intérim...Mais le statut du fonctionnaire demeure protégé, globalement, et de toutes façons, l'État a lui aussi besoin de marges de manoeuvre, au moins par les temps qui courent. Si les entreprises privées peuvent faire appel à l'intérim, pourquoi pas lui , dès lors que la qualité du service est maintenue, et c'est là le point essentiel à mes yeux, sur lequel je suis dubitatif. Ce que j'ai trouvé en revanche gonflé de la part de Santini, c'est de déclarer qu'il veut éviter l'emploi précaire dans la fonction publique grâce à l'intérim. Et l'intérim, c'est quoi, à son avis ?

    Les Socialistes et les Communistes ont évidemment campé sur leurs positions traditionnels : pour eux, il s'agit de pallier aux insuffisances de l'État par le maintien d'un volant de fonctionnaires remplaçants. Et pour Santini et la droite en général, il faut de la souplesse et assurer la continuité du service public à moindre coût.

    In fine, le problème, c'est qu'il ne peut y avoir de miracle : on ne parviendra pas à réduire le coût du service public sans économies d'échelle. Je ne suis pas hostile aux propositions des Socialistes et des Communistes, mais qu'ils prouvent que c'est économiquement tenable sans augmentation de coût. Il est vrai que les intérimaires se sentiront moins impliqués dans le service public qu'un fonctionnaire qui oeuvre en son sein de longue date. C'est très probable. Mais nous avons un coût de fonctionnement de l'État désormais faramineux, et il faut faire des choix.

    Je crois que Bayrou avait balisé le chemin pendant la présidentielle : il y a trois fonctions publiques. La première manque de moyens (justice, santé) la seconde doit voit ses moyens garantis (Éducation Nationale) et la troisième doit faire des efforts de productivité, avec toutefois une contrainte, que l'État soit présent partout où cela va mal. Je fais miennes ces vues, avec toutefois une restriction (mon amendement à moi) : oui, la santé a besoin de moyens, mais nous ne pourrons pas éviter de les lui donner directement. En ce sens, la mise en place d'un certain nombre de franchises sont nécessaires, et ce, jusqu'à concurrence du comblement de nos déficits dans ce secteur. Je n'exprime là qu'une opinion personnelle.

  • Sarkozy, la folie de l'emprunt

    Je n'avais pas eu encore le temps de m'occuper de la dernière idée de Nicolas Sarkozy, mais en réalité, je suis catastrophé par le principe d'un emprunt de grande ampleur alors que la France a une dette de 1200 milliards d'euros, rembourse déjà 50 milliards d'euros et emprunte 250 milliards d'euros par an. J'aurais à la rigueur pu être favorable à un grand emprunt européen solidaire, comme le préconaisaient François Bayrou et le MoDem, mais un emprunt national dans un tel contexte, par les temps qui courent, c'est de la folie furieuse. Qu'est-ce qu'ils attendent, Gilles Carrez, Charles de Courson, Didier Migaud et Alain Lambert que j'ai connus plus pugnaces et soucieux de notre endettement pour ruer dans les brancards. Il me fait rire Copé, à expliquer que les warnings sont allumés ! Ah bon ? Ah, il le croit vraiment ?  Ah bon. Sur les marchés, un tel emprunt coûterait un taux de 2.5 à 4.5% par an. Pour appâter le chaland national, il va falloir rémunérer au-dessus de 4.5% par an. Je n'invente rien, la plupart des journalistes et des économistes en on fait l'observation.

    Nous empruntons pour financer nos déficits. Ce n'est plus possible de fonctionner comme cela. Revoyons la fiscalité, de concert avec les Français ainsi que nos dépenses. Il n'y a vraiment pas d'autres solutions. Et, Monsieur le Président, de grâce, cessez d'annoncer des gratuités par ci et par là à tour de bras.

    Les gagnants des élections de 2012 vont hériter d'une situation explosive. Nous autres Français, croyons ne pas pouvoir subir le sort de l'Argentine, dans la période 1998-2002 avec un point d'orgue en 2001 (cessation de paiement de sa dette extérieure, ce qui s'était produit en 2001 et risque de se reproduire en 2009). Mais nous y courons en sprintant. On pourrait bien un jour se retrouver avec un Carlos Menem dans les années 90 déclarant : « l'État fédéral ne devra plus s'occuper que de la justice, de l'éducation, de la santé, de la sécurité et des relations internationales. » Ça ferait très très mal...et ça va nous arriver, je le pressens. Nous ne pouvons plus augmenter notre dette. Les députés UMP doivent faire preuve de responsabilité et refuser ce plan. Le Nouveau Centre qui se réclame du programme présidentiel de François Bayrou ne peut pas voter une telle mesure sans se renier complètement. Et on ne peut pas envisager une quelconque forme d'emprunt sans avoir préalablement remis à plat toutes nos dépenses et toutes nos recettes.

  • Âge de la retraite, le foutage de gueule

    J'entends le gouvernement se pâmer, dans le clair-obscur des cabinets ministériels à la seule évocation de l'âge de la retraite actuelle. Ce qui est remarquable, c'est l'agit-prop et l'intoxication organisée auxquelles cela donne lieu dans les rangs gouvernementaux. Soyons clair : je ne serai pas radicalement opposé au principe d'un allongement des annuités d'emploi si emploi il y avait.

    Mais la vérité, c'est qu'il n'en est absolument rien. Il n'y a pas d'emplois pour les seniors. En fait, derrière le pseudo-prétexte de laisser libres les individus de travailler plus longtemps se cache un tout autre projet : allonger la durée de cotisation pour la retraite. Mais comme il ne sera pas possible pour une large part des individus de travailler plus, cela reviendra ni plus ni moins à minorer les pensions de retraite pour en réduire les coûts. Astucieux, non ?

    J'ai évoqué le sort réservé aux Seniors dans un billet daté du 23 février dernier. C'est simple : le gouvernement est pris en sandwich entre tous les jeunes qui vont arriver sur le marché du travail et l'impact grandissant des départ à la retraites qu'il faut financer. Je ne parle même pas du chômage. En fait, passé 50 ans quand ce n'est pas 45, il est très difficile de retrouver du travail si l'on est au chômage.

    La France est dans la nasse et je ne vois pas comment elle va pouvoir en sortir. Une chose est sûre : il  faut taxer le moins possible ceux qui créent de l'emploi, c'est à dire les entreprises. Mais on ne peut pas non plus les exonérer par les temps qui courent parce que nous n'avons pas les moyens de le faire.

    Nicolas Sarkozy a assuré que le gouvernement sera au rendez-vous pour la réforme des retraites en 2010. Doit-on comprendre qu'il attend que les élections régionales soient passées pour éviter un éventuel vote-sanction en raison des difficiles mesures à prendre pour assurer leur équilibre ? Il ferait mieux d'engager immédiatement le débat avec les Français. Il y avait un aspect, dans la manière avec laquelle François Bayrou escomptait traiter le problème, lors de la présidentielle de 2007 qui m'avait beaucoup plu : l'idée absolument nécessaire qu'il fallait, sur les retraites, légiférer par référendum.

    Ne nous leurrons pas, la proposition de Bayrou lui-même, avalisait sur le fond qu'une augmentation des cotisations serait nécessaire. Le principe d'une retraite par point concédait nécessairement que le montant des pensions serait variable selon la durée des cotisations. Toutefois, elle permettait le rachat d'années et mettait le cotisant face à ses choix personnels. Mais le plus important, et je le redis, c'est que Bayrou ne voyait pas d'autres possibilités de régler cette question qu'en consultant directement le peuple. Un acte de courage politique et un langage de vérité qui font cruellement défaut aujourd'hui...

  • Dette, les prophéties de Bayrou

    Si Troie avait écouté Cassandre, le sort de l'Europe s'en fût trouvé changé, et par là, l'histoire du monde. Cassandre, c'est une fille de Priam et surtout une prêtresse d'Apollon qui passa son existence à mettre en garde les Troyens contre les dangers qui les menaçaient. En vain. Troie ne l'écouta pas et s'effondra. Cette défaite sanctionna l'aveuglement des Troyens et permit aux Grecs d'asseoir leur domination sur l'Asie mineure.

    Il n'aura pas échappé aux lecteurs attentifs de ce blog qu'il y figure sur le côté en haut à droite une listes de liens aux noms aussi ésotériques que mystiques. On en compte un, notamment, qui répond au doux nom de "Prophéties". Il renvoie en fait vers le site de campagne de François Bayrou, lors des élections présidentielles, et, très précisément sur ses propositions pour la France.

    C'est impressionnant de voir comment en deux ans, tous les thèmes et les problèmes soulevés par François Bayrou lors de cette campagne reviennent les uns après les autres au premier plan.

    Au hasard, par exemple : la dette. ô surprise, on en reparle. Entre-temps, les choses se sont juste considérablement dégradées, et pas qu'à cause de la crise, contrairement à ce qu'essaient de faire croire le gouvernement et Nicolas Sarkozy.

    C'est édifiant : nous sommes passés de 3-3.5% à 7-7.5%. Cela signifie que les déficits ont plus que doublé en deux ans. Moi j'invite à relire ce que disait François Bayrou fin 2006 et début 2007 et à comparer avec notre situation actuelle. Bayrou est le seul, d'ailleurs, à continuer à évoquer régulièrement ce danger.

    Pour Nicolas Sarkozy, c'est la vie à crédit : si on l'avait écouté, on aurait introduit il y a trois ans les subprimes en France. Résultats, nous aurions alors non seulement un état hyper-endetté mais également des foyers croulant sous un monceau de dettes.

    Est-ce qu'il faut passer en revue toutes les exemptions et décisions qui coûtent cher à la France, ces dernières années ? En fait, je pourrais faire la comptabilité des années Jospin jusqu'à nos jours. De la décision imbécile de supprimer la vignette sur les automobiles, de privatiser les autoroutes au moment où elles commencent à avoir un bon rapport jusqu'à celle de priver la télévision publique de recettes publicitaires, elles sont nombreuses ces mesures qui tôt ou tard finiront par se payer, et pas d'une manière que nous aurons choisie.

    Bayrou observait sur son site : Depuis vingt-cinq ans, tous les gouvernements ont été coupables de ce laisser-aller. Tous les jours, l'État dépense 20 % de plus que ce qui rentre dans ses caisses. Malgré ce constat, que tout le monde fait, les candidats du PS et de l'UMP promettent plus de soixante milliards d’euros de dépenses nouvelles. Cette attitude est irresponsable. C'est pourquoi je ne prendrai aucun engagement qui ne soit financé par une économie correspondante.

    Nous ne pouvons plus augmenter notre dette. Il faut remettre à plat toute notre fiscalité et toutes nos dépenses afin de définir ce que nous pouvons ou devons garder à la charge de l'État et ce qui doit rester à la charge du citoyen.

    En pleine crise économique, avec des déficits aussi lourds, ce n'est vraiment pas le moment de parler de gratuité par ci ou par là.  L'argent doit rentrer dans les caisses de l'État sans casser la machine économique. Et l'État doit restreindre ses dépenses sans sacrifier l'avenir.

    Je ne suis pas le seul à m'inquiéter des déficits colossaux que nous continuons à accumuler. Nous allons devoir tôt ou tard payer notre protection sociale si nous voulons la conserver. Et au prix fort. En fait, l'équation est très simple : soit on la paie (hausse d'impôts) soit on y renonce. Au choix. Je pense que les Français peuvent accepter de payer, mais l'effort doit être équitable et les concerner tous sans exception. Les plus riches, les plus puissants, les mieux en cour ne doivent pas pouvoir y échapper. Seul l'argent qui génère du travail me semble devoir être protégé, dès lors qu'il ne coûte pas d'argent à l'État.

    Il y a solution complémentaire, et je crois qu'on ne peut plus l'esquiver désormais, c'est la TVA sociale. Comme l'expliquait Jean Arthuis en 2006 elle offre quelques avantages : pas d'impact sur nos exportations, rééquilibrage des coûts pour ceux chez qui nous importons et qui font du dumping social, effet relativement limité sur les entreprises si l'on ne taxe que les services. Cela me semblerait d'ailleurs pertinent.

    Toutefois, cette mesure ne devrait pas servir de bouée de sauvetage, parce que ce n'est pas la réforme socialement la plus juste (encore que : in fine, qui consomme le plus est taxé le plus, et qui est le plus riche consomme forcément le plus...). Elle doit venir avec toute une série d'autres mesures qui rétablissent justice fiscale et sociale. Notamment, il doit être hors de question de financer les cadeaux du chef de l'État de cette manière (certaines mesures de la loi TEPA, fin des recettes publicitaires sur les chaînes publiques, gratuité des musées).

    Une loi-cadre devrait établir sans aucune possibilité de dérogation que les recettes de cette TVA seraient affectées exclusivement aux comptes sociaux et à rien d'autre. Cela suppose donc de revenir sur certaines mesures déjà prises. Rien ne se fera sans équité. Enfin, il ne saurait être question d'un transfert total de notre protection sociale sur une TVA sociale. François Bayrou s'était montré très réservé sur une telle option. Il s'agirait plutôt d'un complément destiné à éponger les déficits de nos comptes sociaux.

     

  • La crise des États couve

    Je ne vais pas aller discuter avec Hashtable d'Allègre, je sens que cela va être le sujet qui fâche ; nous n'avons absolument pas le même avis sur le mammouth laineux. Mais,  Hashtable propose tout de même dans sa note de s'intéresser aux choses sérieuses, et comme il suit assidûment l'actualité financière, il nous apprend que la célébrissime mais très sérieuse agence de notation Standard&Poor's envisage de dégrader la notation de la dette souveraine des Britanniques. Ce que ne dit pas H16, mais il le pense évidemment très fort, c'est que sur les marchés, cela a été une panique générale pendant toute la fin de semaine. Les cambistes, à la limite, l'Angleterre, ils s'en foutent, mais ils ont très rapidement pensé que l'agence pourrait bien faire la même chose pour les USA. Et pourtant, j'ai lu ici-même (faut que je retrouve qui) les écrits de quelqu'un m'assurant qu'il était impossible que la notation de pays comme l'Allemagne ou les USA passe en dessous de AAA...CQFD ?

    Un tel danger (les États se retrouveraient à devoir emprunter à des taux très supérieurs avec un risque d'asphyxie financière à court terme faute de liquités ou à la suite d'effondrements budgétaires des états les plus fragiles) doit absolument être anticipé. A l'heure actuelle, seul le MoDem parmi les partis politiques français, semble en avoir pris la mesure : l'emprunt européen, aux yeux du MoDem doit être solidaire justement pour assurer aux états les plus faibles la garantie de cette notation et donc des taux plus bas. Alors, évidemment, il y a une autre solution (et à tous les coups, Hashtable y pense très très très fort même s'il se garde bien de le dire haut et fort) : ne pas emprunter, laisser le marché éliminer les canards boîteux, comme dirait Barre. Sauf que là, ça pourrait faire très très mal. Parce que Barre, à l'époque, quand il évoquait les canards boîteux en question, c'était de quelques PME qu'il parlait. Là, il s'agit d'États tout entiers ! Je ne vous raconte pas les réductions de poste, l'abandon d'un certain nombre de services d'intérêt général et tutti quanti pour parvenir à équilibrer les budgets. Et les dégâts dans la société. Je suis libéral, mais je n'ai pas la même confiance que H16 en la capacité des marchés à parvenir à s'auto-réguler. Pour l'instant, il me semble plus prudent de s'appuyer sur une intervention des États, à condition qu'elle soit concertée ! Dans le cas contraire, ce serait encore pire que pas d'intervention du tout.

     

  • Donnons de l'herbe aux vaches !

    herbe.jpgOn s'inquiète de notre sécurité alimentaire, mais on ferait bien de jeter un oeil aussi sur ce que broutent nos braves bêtes à cornes. Une conférence avait lieu, la semaine à dernière, à Mugron, sur les différents nutriments dont peuvent disposer ces sympathiques ruminants. La conférence était l'occasion de projeter un film, Herbe, dont le fil conducteur est la confrontation entre deux types d'élevage. la première laisse les ruminants brouter paisiblement la bonne herbe verte des prés, et la seconde, en revanche, met à la merci des multinationales de l'agro-alimentaires de grosses exploitations puisque les exploitants achètent massivement du maïs et du soja pour nourrir leurs bêtes.

    Et puis il y a un petit détail qui n'a pas échappé au Canard Enchaîné de la semaine dernière : l'alimentation des vaches modifie la structure moléculaire du lait. Eh oui : le soja et le maïs sont truffés d'oméga-6 et ne contiennent quasiment pas d'oméga-3. En fait, même, par rapport à une vache nourrie avec de l'herbe, de 10 à 20 fois plus d'oméga-6. Or, on sait que de tels déséquilibres de proportions (excès d'oméga-6) favorisent considérablement l'apparition de cancers et de maladies cardio-vasculaires. Le lait n'est pas le seul à être touché : les steacks qui proviennent des mêmes animaux aussi ! Enfin les paysages sont modifiés, les terres rendues stériles et les eaux polluées par des exploitations intensives.

    Nous payons donc cash, au propre comme au figuré, nos choix alimentaires envers les vaches. Je n'y vois que des inconvénients : dépendance alimentaire, saveur du lait affadie, nutriments naturels (contenus dans l'herbe) en moins, et propension à déglinguer nos organismes. Et après on nous fait de la pub pour nous dire que c'est bon de boire du lait. Oui, mais lequel ? Bref, mieux vaut consommer du lait bio, dès lors que la certification est valable, évidemment.

  • Créer deux millions d'emplois !

    J'ai lu avec attention l'appel du 02 mai, dont j'ai pris connaissance via la lecture du blog de Marc Vasseur. J'ai vu qu'y figuraient des propositions de Corine Lepage que je soutiens de longue date ici, et que Marielle de Sarnez (euro-députée MoDem) avait aussi signé cet appel.

    Cet appel propose d'organiser un Grenelle de l'emploi afin d'examiner les propositions faites par des collectifs, des associations, des syndicats et des mouvements politiques afin de parvenir à créer deux millions d'emploi. Cette approche à la fois coopérative et en même temps "concurentielle" est la bonne de mon point de vue.

    Dans les temps troublés que nous vivons, voilà une initiative constructive et conforme à l'idée que je me fais de la responsabilité politique en temps de crise. Soutenir l'appel, cela ne signifie pas soutenir toutes les propositions qui figurent dans l'appel. Cela signifie soutenir simplement le fait qu'elles soient débattues.

    Ce sont les propositions de Cap21 et de Corine Lepage (donc du MoDem aussi) qui ont ma préférence. En effet, j'estime que ce sont les seules propositions qui allient créations d'emploi et inovation au sens schumpeterien de ce  mot. Le seul, à mes yeux, parmi toutes les propositions faites, à amorcer une véritable et nécessaire révolution industrielle.

    Toutefois, tout vaut le coup d'être examiné de près, et je suis le premier à penser que les bonnes idées existent partout. Le tout est d'en faire la synthèse la plus efficiente possible.