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Economie - Page 46

  • Crise financière, le facteur culturel

    Hop hop, je commence à faire le tour des nouveaux blogs (raffraîchissants, au demeurant) apparus sur la toute nouvelle plate-forme du MoDem, lesdemocrates.fr . J'essaierai de rendre compte assez régulièrement de ce que j'y lis d'intéressant.

    Et toc, je suis tombé sur le blog de Marianne,l'Europe que j'aime. Et sur sa toute dernière analyse (en une de la plate-forme, au demeurant) de la crise financière en Europe ; J'ai choisi un morceau qui m'a bien fait rigoler, qui n'est politiquement pas correct, mais que je pense très vrai. Copie ici :

    - Le facteur culturel.
    Pourquoi l’environnement bancaire et financier américain est-il tant sujet à des déficiences de contrôle, que les Européens semblent découvrir maintenant avec effroi et stupeur ? Par exemple les enquêtes et contrôles de la SEC aux Etats-Unis, qui équivaut à l’AMF, sont “sur pièce” (et sur déclaration sur l’honneur) et pratiquement jamais “sur place”, contrairement à chez nous. Idem d’ailleurs au Royaume Uni. Cela vient notamment d’un facteur culturel : dans la culture anglo-saxonne protestante, le mensonge est inadmissible et si un acteur ment ou commet un délit, il se trouvera toujours un délateur pour le dénoncer, ce dernier étant considéré comme un héros et la délation comme un acte civique. Alors que dans les pays latins, le menteur ou celui qui profite du système, fraude le fisc, sait contourner la loi, est un rusé (presque un héros) et le délateur est considéré comme un traître et un collabo. Voyez l’image populaire dont bénéficie Bernard Tapie en France !
    Ceci explique en partie que les Etats-Unis et le Royaume Uni n’aient pas mis en place les dispositifs de vérification et les infrastructures de police financière tels qu’on les connaît en France et en Italie. Mais avec la mondialisation, les cloisonnements ont sauté, les entreprises à l’origine étrangères se sont installées aux Etats-Unis avec leur culture et profitent justement d’y trouver moins de police et de surveillance, et la “morale” s’est un peu relâchée …

    Voilà, c'est exactement comme cela que cela se passe en France, en ce qui concerne la fraude...

  • Régulation démocrate en temps de crise

    Je reviens sur la compétence économique du MoDem que j'évoquais hier en réponse à un article de Philippe Cohen dans Marianne. J'ai lu çà et là quelques réactions. Bien sûr, celles qui figurent en commentaires, mais aussi celles que l'on peut lire sur le sympathique forum pour sympathisants MoDem de Demos. Or, qu'ouïs-je ? Quelqu'un juge que ma réponse n'est pas convaincante sur le délicat sujet des régulations qu'il convient de mettre en place sur les marchés financiers.

    Je voudrais d'abord faire une petite observation à allblues33 : la question qu'il se pose, tout le monde se la pose, actuellement. UMP, PS, FMI, Commission européenne, gouvernement fédéral des USA, Obama, banques, bref, cela ne se limite pas au seul MoDem, et il ne faut peut-être pas s'attendre à une réponse toute faite sur un thème aussi complexe.

    brontosaure.jpgJe ferais ensuite une métaphore pour appréhender plus simplement ce qu'est un marché financier. Un marché financier, c'est une sorte de très gros herbivore particulièrement craintif. Tant qu'il est en confiance, il vit sa vie, mais, il déteste être surpris, et, plus la suprise est brutale, plus sa réaction est incontrôlée et brutale. Si l'économie mondiale était un champ d'herbe grasse, on peut se dire que les marchés financiers, c'est un gros, très gros brontosaure.

    Je ne sais pas si allblues33 a vu la taille de la queue du bestiau, mais quand un brontosaure en panique s'enfuit en courant dans tous les sens, mieux vaut ne pas se trouver du côté où sa queue bat de gauche et de droite, sous peine au mieux d'être sonné, au pire, d'y laisser sa peau.

    Si allblues33 devait réfléchir à la manière dont il va calmer, je ne dis même pas dompter mais seulement calmer, même s'il s'y mettait avec toute la tribu MoDem, il ne trouverait pas la solution tout de suite, à mon avis.

    Un marché financier, c'est à peu près ça : un gros brontosaure qui ne vit que par anticipation. Il broute çà et là, cherchant les bonnes zones herbeuses à souhait. Son long cou lui permet de les détecter de loin (anticipation). Mais si son oeil acéré a repéré de l'herbe grasse, et que lorsqu'il approche le cou, il tombe sur une grosse motte de terre, il va légitiment s'inquiéter. S'il pense brouter à l'abri des prédateurs et qu'il se découvre soudainement encerclé par des fricoraptors enragés et affamés, nul doute qu'il va paniquer.

    Je dois rectifier mon image. En fait, le marché, ce n'est pas un brontosaure. Non, c'est un gros gros gros troupeau de brontosaures avec quelques prédateurs genre vélociraptors qui font des raids de temps à autre.

    Cette image donne le ton et le fil des solutions à appliquer. On ne peut rien faire tant qu'on n'aura pas calmé les brontosaures. Il faut donc rétablir la confiance avant toutes choses.

    Or, pour être en confiance, il faut disposer d'informations fiables, c'est ce que je faisais valoir il y a 10 jours en qualifiant de crise catallactique la crise actuelle. On a quelques éléments de réponse avec les premières réactions de députés ADLE, groupe parlementaire auquel appartient le MoDem. Par exemple, en décembre dernier, Mariela Velichkova Baeva (Bulgarie, ADLE) estimait que l'origine de la crise était à trouver dans "la quête du profit, le manque de connaissances sur le véritable état du marché et sa capacité à faire face à un cataclysme ainsi que dans l'ignorance des conséquences."

    Les informations fiables supposent également des règles fiables ainsi q'un arbitre. C'est ce que précisait dès le mois de septembre une autre députée ADLE. Silvana Koch-Mehrin (DE) pour le groupe ADLE faisait remarquer "qu'il ne s'agit pas juste de quelques banques en crise, car ceux qui perdent ne sont pas des opérateurs de titres, mais des familles qui 'touchent le fond' avec des retraites menacées et des revenus endommagés". Elle appelait alors à agir sur la base de faits : "la réponse ne consiste pas en des marchés libres, nous exigeons la régulation de ces marchés. Les règles doivent être définies et nous exigeons un arbitre pour évaluer leur fonctionnement dans la pratique. Ceux qui ont refusé d'être liés par des règles doivent être accusés, et non le marché en soi". Elle insistait enfin :"nous exigeons des règles pour toute l'économie mondiale".

    En somme, cher allblues33, il ne s'agit pas de réguler pour punir les très méchants capitalistes ni la vilaine finance, comme une sorte de grand Satan à l'origine de tous nos maux, mais de faire en sorte qu'on puisse tous brouter dans le même pré sans se téléscoper parce qu'il y en a qui ne font pas la file.

    Sarnez.jpgEn somme, c'est ce que dit en grande partie Marielle de Sarnez : «Nous voulons une régulation financière mondiale. Nous voulons imposer davantage de contrôles, mais aussi davantage de sanctions. Il revient à l’Europe d’inspirer et de promouvoir un nouveau système de gouvernance et de régulation mondiale. En commençant par mettre en place un régulateur européen, capable de parler à égalité avec son homologue américain

    Tenez, pourquoi pensez-vous que Marielle de Sarnez parle de régulateur européen ? Ben oui, faudrait pas l'oublier : qui a créé les subprimes ? des agents américains, pardi, contrôlés/non-contrôlés par les seuls Américains. Ben oui, elle a bien compris le problème, elle Marielle. Pour que tout le monde puisse évoluer en confiance, il faut aussi des arbitres fiables. C'est bien ce que voulait Silvana Koch-Mehrin et Mariela Velichkova Baeva, l'une avec un arbitre, l'autre avec le véritable état du marché.

    Alors comment concrètement cela va se mettre en place, on ne le sait pas encore, parce que cela va dépendre justement du résultat des élections européennes...Entre le PPE (dont est membre l'UMP) qui ne souhaite modifier les choses qu'à la marge, le PSE (dont est membre le PS) dont les membres disent tout et son contraire puisqu'ils ne sont pas d'accord entre eux, et la gauche de la gauche (Verts compris) qui rêve de décroissance ou de Grand Bond en avant (20 millions de morts avec la Chine, tout de même, à la fin des années 50), sans parler des partis nationalistes et/ou extrémistes qui rêvent de protectionnisme (crise de 10 années en 1929 + une guerre mondiale avec 60 millions de morts), vous voyez, cher allblues33, les jeux sont ouverts et vous avez une large palette de choix pour déterminer quel brontosaure vous souhaitez être...

  • Pour répondre à Marianne, les vues économiques du MoDem

    Je viens de lire un article de Marianne qui s'inquiète des compétences économiques de Bayrou et du MoDem en général.  Comme l'article comporte quelques contre-vérités, je vais me charger de faire quelques mises au point.

    Ce que François Bayrou condamne, ce n'est pas toute forme de déficit, mais tous les déficits qui ne sont pas des déficits d'investissement. Donc, tout le contraire de ce que dit Marianne. En revanche, oui, il estime très dangereux les déficits issus des frais de fonctionnement courant de l'État. D'ailleurs, les déficits pour cause d'investissement sont temporaires alors que les déficits pour frais de fonctionnement tendent à s'installer structurellement.

    De manière générale, les démocrates sont favorables à l'esprit d'entreprise, sous toutes ses formes, pas seulement économique, parce que c'est foncièrement une caractéristique de l'identité européenne d'une part, et d'autre part, parce que cela replace l'homme au centre de l'activité, particulièrement économique, d'où, d'ailleurs, la sympathie des démocrates pour les entrepreneurs.

    Le MoDem considère que l'économie de marché est un bon système économique, mais, qu'en revanche, un certain nombre de biens ne peuvent pas être mis sur le marché, ou, en tout cas, pas considéré comme des marchandises ordinaires. C'est ce que les démocrates appellent les biens supérieurs (éducation, culture, santé en particulier). Ils sont évidemment favorables à une concurrence libre et non faussée et saluent de ce fait le rôle extraordinairement positif et vigilant joué par l'Europe afin de mettre fin aux monopoles (Microsoft, par exemple, mais pas seulement). Bien évidemment, les démocrates se défient autant des monopoles publics que privés. Il va de soi que les démocrates ne confondent pas un monopole public et un service d'intérêt général.

    Concernant les flux financiers, en effet, comme le dit Philippe Cohen, les Démocrates pensent qu'il faut installer des régulations et qu'une fois en place, elles permettront de moraliser et fluidifier ces flux. Ils ont tort ?

    En ce qui concerne l'investissement et la consommation, en cas de relance européenne, Philippe Cohen devraient : 1°) écouter les tribunes de Corine Lepage sur France-Culture ou bien les lire sur son blog 2°) jeter un oeil sur le programme de l'ADLE ainsi que sur celui du PDE (parti démocrate européen, l'un des deux partis européens du groupe ADLE, dont le MoDem est membre fondateur)

    Il ne faut pas raisonner ainsi : il ne s'agit ni de relancer l'investissement en soi, ni de relancer la consommation en soi. Ce qu'il s'agit de faire, c'est d'accompagner la révolution industrielle qui se produit petit à petit sous nos yeux, et qui sera verte et durable. La relance soutiendra donc à la fois la consommation et l'investissement, mais pas au pif, comme un rouleau compresseur, mais de manière ciblée, via, par exemple, des incitations fiscales ciblées, mais pas seulement.

    Si nos partenaires européens refusent un emprunt d'une telle ampleur, il restera possible d'agir au seul niveau de la France, mais, évidemment, avec un impact bien inférieur à celui de l'Europe toute entière. Mais cela, le MoDem ne peut en être comptable. C'est bien pour cela que la campagne européenne est au moins autant européenne que nationale, particulièrement par les temps qui courent. Mais cela, les Démocrates l'ont compris depuis longtemps. Les évènements récents ne donnent que plus de force à leur propos.

    Ce que je dis n'a évidemment rien d'un secret : il suffit de lire et d'écouter ce que disent les chefs de file du MoDem pour en prendre connaissance.

    Un dernier point, enfin : les Démocrates se battront avec la dernière énergie contre la tentation protectionniste. C'est exactement ce travers qui a fait plonger le monde entier dans la crise en 1929. C'est bien sûr une option tentante, mais c'est un mirage très dangereux. Le protectionnisme stratifie les échanges et rend quasiment impossible tout redémarrage de la croissance économique mondiale.

    Ah, j'ajoute une dernière remarque à propos de la croissance : les Démocrates ne partagent absolument pas les vues des Verts sur la décroissance (Daniel Cohn-Bendit a signé une tribune en ce sens avec José Bové). Est-il d'ailleurs raisonnable de parler de décroissance alors que la crise économique aura tué d'ici la fin de l'année 2009 plusieurs centaines de milliers d'emplois (+280 000 chômeurs prévus) ? Non, il faut évidemment une croissance raisonnée et durable. C'est le message de longue date de Cap21, le mouvement de Corinne Lepage, qui s'est depuis fondu dans le MoDem, mais dont les idées ont fait leur chemin dans la pensée économique démocrate.

    D'autres questions ?

  • Crise catallactique dans le capitalisme financier

    J'entends partout dénoncer le capitalisme financier comme source unique et certaine de la crise économique qui frappe le monde, et j'avoue que cette antienne scandée jusqu'à l'écoeurement finit par m'agacer.

    Il y a deux moteurs véritables à la crise : l'avidité humaine, et pas uniquement celle des banquiers, ce serait trop facile, mais de tous ceux qui espèrent des profits monumentaux à court terme, mais surtout et principalement l'absence d'informations fiables. Combien d'individus auraient acheté des titres comportant des subprimes s'ils avaient su ce qu'il y avait exactement dedans ?

    Il y donc un problème de traçabilité, et par là, évidemment, de confiance, car ce qui génère la confiance, dans une économie de marché, a fortiori pour la bourse dont les cours ne s'établissent que par des anticipations, c'est la fiabilité.

    Ce que j'en déduis, c'est que le but prioritaire, dans la réforme du système financier, ce n'est pas la régulation dont on nous serine sur tous les airs connus l'absolue nécessité, mais, la garantie d'une INFORMATION fiable et impartiale. Voilà le véritable enjeu. Et, corollairement, il est absolument nécessaire de garantir la liberté des médias !

    L'école autrichienne d'économie, et au premier rang  Kizner, considère le marché (et c'est a fortiori pertinent pour la Bourse) comme l'expression en actes de la somme de toutes les informations qui le concernent. Mais comme aucun individu ne peut totalement appréhender ces informations, la fixation de prix est toujours le fruit d'une ignorance. Conséquemment, le marché ne produit que des prix de déséquilibres.

    Je lance une piste de réflexion que je n'ai pas les moyens techniques, tant en économie qu'en finance et en mathématiques de faire aboutir mais qui mérite, à mon avis, d'être explorée : si l'on admet corrects les prédicats autrichiens à propos du marché,  on doit conclure que plus l'on réduit l'ignorance, plus les prix tendront à atteindre un certain équilibre. Et, par suite, il semble bien qu'il y ait un lien direct entre l'ampleur des crises et la faible teneur des informations dont disposent les acteurs. En fait, moins les acteurs disposent d'informations, et là, je tiens un raisonnement personnel, plus la correction qui s'ensuit est violente.

    Il me semble donc que tout l'effort de la gouvernance mondiale devrait porter sur la nécessité de donner l'information aux acteurs des marchés, surtout des marchés qui fonctionnent par anticipation.

    Ce n'est pas la première fois que je me pose la question, mais, je n'avais pas eu de réponses la fois précédente. J'ai relancé le débat en octobre dernier. Troisième couche aujourd'hui ! Mais comme entre-temps, j'ai rejoint LHC, peut-être puis-je espérer un avis ou un éclairage de mes amis libéraux qui liront ce billet...

    En somme, est-il possible de penser une nouvelle forme de catallaxie ?

    Il se trouve que j'ai trouvé sur le site du Centre de Recherche sur l'Intégration Économique et Financière (celui-là je vais le mettre dans ma blogroll, super-découverte), un document intéressant datant de 2003 d'Olivier Grosse. Il y évoque notamment l'analyse de Richardson : il intègre dans la définition habituelle du marché par les Autrichiens une dimension supplémentaire liée à l'inévitable inter-connexion entre les productions des entreprises dans un même secteur. Et là, je cite un extrait du document que je viens de lire pour mieux me faire comprendre :

    « Les marchés cessent d’être considérés exclusivement comme des lieux d’une exploitation d’une division du travail a priori mais représentent des lieux sur lesquels les firmes élaborent une division des tâches »(Dulbecco et Garrouste [2000], p.97). Pour sa part, la coopération inter-firmes permet de faire appel à des compétences hétérogènes, nécessitant d’être étroitement coordonnées, sans lesquelles la réalisation d’un produit ou d’un procédé technique serait impossible à obtenir. Néanmoins, le marché reste un mécanisme de coordination déterminant en ce sens que seul l’échange marchand, par la confrontation de l’offre et de la demande, juge la création de valeur ajoutée et, par là-même et de manière indirecte, les compétences des firmes.
    Une telle représentation démultiplie les modalités de coordination des agents et par conséquent élargit le champ des défauts de coordination si l’on considère la coordination hors marché comme n’étant ni donnée, ni parfaitement connue ex ante. En effet, si la spécialisation des agents n’est pas connue d’autrui avec certitude, cela en conséquence des caractères subjectif et dispersé de la connaissance des agents économiques, alors chaque mécanisme prenant part à la coordination globale des acteurs intervient également au travers de l’existence des défauts de coordination associés aux situations de déséquilibre, et cela, eu égard aux types d’activités économiques que ces mécanismes sont censés permettre respectivement de coordonner efficacement. Autrement dit, l’ensemble des mécanismes de coordination est confronté au problème de la « division de la connaissance », que la coordination d’activités économiques qu’ils permettent respectivement de réaliser ait lieu sur
    les marchés ou hors marché.

    Cela n'illustre pas exactement ce que je dis ici, mais plutôt ma note du 10 octobre dernier : il me semble que les différents métiers de la finance sont dans la situation qu'évoque Richardson, et que la division formidable de la connaissance qui s'ensuit génère une complexité croissante que les acteurs financiers ne parviennent plus à maîtriser.

    Je voudrais conclure en disant que ce n'est pas le capitalisme en tant que tel qui pose problème, et encore moins la liberté d'entreprendre qui est à tort associé à l'égoïsme. Il ne faut pas bloquer la liberté d'entreprendre pour réguler les flux financiers. Il faut au contraire, à mon avis, garantir à tous la possibilité d'entreprendre.

    Amartya Sen ferait peut-être une syncope s'il voyait comment je me réapproprie ses raisonnements. Il écrit dans L'économie est une science morale qu'il importe, en termes de liberté et de droits, de considérer concrètement et non pas formellement ce que peuvent ou non faire les individus. De là l'idée qu'il existe des individus plus démunis que d'autres envers lesquels les États et les sociétés ont une responsabilité sociale. Eh bien moi j'en dis autant à propos de l'information que je décrète bien supérieur au même titre que la santé, la culture et l'éducation. Ce devrait être LA cause des économistes et des entrepreneurs. Je dis qu'il faut créer un droit des entrepreneurs à l'information et que ce droit ne peut s'exercer que par une certaine forme de traçabilité des marchandises et des flux financiers. Non pour punir les méchants capitalistes (on va leur faire la peau à ses sales Koulaks ! Parce que nos vies valent plus que leurs profits, hein ?) mais pour rétablir la confiance sur laquelle repose la dynamique structurellement stable des marchés et faire en sorte que chaque individu puisse devenir entrepreneur, que ce soit dans la sphère économique ou non.

    J'ajoute une dernière chose : les crises alimentaires procèdent de la même faille. L'alimentation bio se porte très bien en France, alors que nous sommes en temps de crise, parce qu'elle génère de la confiance. La confiance ne doit pas être réduite à l'éthique et à la morale en économie mais doit pouvoir être établie de manière systémique.

  • Mais comment la France va payer les promesses de Nicolas Sarkozy

    On nage en plein délire. Est-ce que les Français réalisent que les promesses de Nicolas Sarkozy sont parfaitement insensées ? Comment veut-il supprimer une tranche d'impôt sur le revenu, supprimer la taxe professionnelle et réhausser les salaires des enseignants alors que les déficits atteignent des montants abyssaux ? Délirant. Il fait des promesses sans jamais s'occuper de leur financement. Absurde.

    Je ne peux que faire absolument mienne la réaction de François Bayrou :

    Enfin, plus grave, plus inquiétant : tout le discours d’hier soir engage le pays vers des déficits abyssaux. Et cela, nous devrions tous avoir le courage de le refuser. Autant, on doit envisager des interventions de relance fortes, mais ponctuelles, investissements et consommation pour ceux qui vont avoir le plus de mal, autant nous ne devrions pas accepter de dégrader durablement les finances publiques. Or, la suppression de la taxe professionnelle, de la première tranche de l’impôt sur le revenu, la multiplication d’interventions nouvelles et de long terme, tout cela nous entraîne vers une situation catastrophique, de laquelle le pays aura le plus grand mal à sortir. Abandonner les équilibres de long terme pour les effets d’annonce d’une seule émission, ce n’est pas responsable.

     

  • Redistribuer le capital ?

    On va me dire que je suis tombé sur la tête, mais je dis, pourquoi pas ? J'avais déjà évoqué le MIDEP, le Mouvement de l'Instauration pour l'Égalité du Patrimoine, l'année dernière. Mes lecteurs habituels doivent se dire qu'il s'agit certainement d'une officine marxiste. Pas du tout. Au contraire, de purs capitalistes.

    Jugez par vous-mêmes :

    La récession qui s’annonce, avec ses cohortes de chômeurs, son lot quotidien de licenciements et de mouvements sociaux, ne va pas manquer de relancer le débat sur les méfaits du capitalisme, un débat qui dure depuis deux siècles mais qui n’avance guère….
    Ce qu’il faut penser du système capitaliste, nous le savons en effet depuis longtemps : c’est le système économique le plus performant; il permet à chacun de choisir son activité et son mode de vie; et il constitue probablement le meilleur moyen de préserver la paix du monde.
    Mais il présente aussi un grave inconvénient : les inégalités qu’il engendre, excessives et souvent scandaleuses, alimentent un climat de tension permanent et, à chaque crise économique, font courir un risque d’explosion sociale.
    Pour pallier cet inconvénient, les pays capitalistes ont mis en place, à partir des années 1880, un système d’assurances sociales contre la maladie, le chômage, etc. Et surtout, à partir des années 1930, ils ont entrepris de redistribuer les revenus. « Inventée » par les socialistes suédois, la redistribution des revenus par la fiscalité a été l’une des grandes avancées sociales du siècle dernier. Elle est, encore aujourd’hui, l’instrument privilégié de la lutte contre les inégalités. Mais, depuis le choc de la mondialisation, tout indique que la méthode ne fonctionne plus.
    Ainsi, au cours des quinze dernières années, alors même que l’économie mondiale était en forte croissance, les inégalités n’ont cessé de s’accroître, la pauvreté et la précarité de s’étendre, même dans les pays les plus redistributeurs comme la France. Les chefs d’Etat qui s’affairent depuis quelque temps au chevet du capitalisme afin de « refonder » son système bancaire et financier, seraient donc bien avisés de se demander si le malade n’a pas aussi besoin d’une refondation de son système social.

    Est-il raisonnable d’affronter les défis du 3ème millénaire avec un modèle social qui entretient de profonds antagonismes sociaux et qui, à chaque retournement de conjoncture, va plonger des millions d’individus dans la misère et la révolte ? Le temps n’est-il pas venu de doter le capitalisme d’une assise sociale plus solide ? En d’autres termes : la redistribution des revenus n’étant pas capable de corriger les inégalités, le temps n’est-il pas venu de se tourner vers ce qui apparaît comme l’unique solution de rechange : la redistribution du
    capital ?

    Le Midep propose de donner aux jeunes un capital de départ lorsqu'ils démarrent dans la vie, par exemple à 28 ans. Ce capital pourrait être de 50.000 euros, compte tenu de la richesse de la France, et serait attribué sous forme d'avance sur héritage, sans intérêt, avance que chacun rembourserait le jour ou il hériterait (et s'il n'hérite pas, le jour ou il décèderait).

    Le flux croissant des remboursements permettrait au système de s'autofinancer au fil des années, ce qui signifie que le capital de départ pour les jeunes pourrait être mis en oeuvre sans prendre aux uns pour donner aux autres, ce qui est bien le talon d'Achille de la politique actuelle consistant à redistribuer les revenus.

    Astucieux, non ?

     

  • L'i-phone tuera la téléphonie payante

    Je me suis fait une réflexion que je ne dois pas être le premier à m'être fait : puisque les iphone et appareils apparentés permettent désormais de se connecter sur internet en 3G, donc avec un débit relativement élevé, plus rien n'empêche d'adapter la technologie skype sur l'appareil et de disposer de ce fait de communications virtuellement gratuites. J'ai entendu qu'Orange et SFR tentaient de bloquer ce protocole, mais que d'ores et déjà, des utilisateurs avaient mis au point les premières passerelles. Tenez, par exemple, voici un procédé qui date de décembre...2007 ! Mais les premiers essais avaient eu lieu plusieurs mois auparavant. J'imagine qu'il y a bien mieux désormais.

    On peut raisonnablement penser que d'ici 5 ans, si les opérateurs téléphoniques n'ont pas trouvé d'autres services à vendre, ils seront à terre, puisque les communications de portable à portable ne passeront plus par leurs réseaux.

  • Enfouissement des lignes électriques, qui a raison ?

    J'ai écouté François Bayrou, ce matin, se demandant comment la France, pays technologiquement avancé, peinait tant à enfouir ses lignes électriques, ce qui les mettrait à l'abri lors des tempêtes :

    «Je n'arrive pas à imaginer qu'un pays comme le nôtre, dont les technologies et les entreprises sont à ce point en pointe, soit incapable de traiter une question qui paraît aussi simple que l'enfouissement des lignes alors que tant d'autres pays l'ont fait ».

    Mais j'ai lu avec bien plus de surprise encore la réponse de Pierre Gardoneix qui parle d'un coût de 100 000 milliards d'euros pour enterrer tout le réseau. Alors soit c'est une monumentale coquille de l'Express, soit Pierre Gardoneix n'est pas sérieux ! L'enfouissement de la totalité du réseau EDF a été chiffré en 2002 à 61 milliards d'euros ! Mais comme le JDD cite exactement sa phrase, j'ai bien l'impression que c'est en fait 100  milliards dont il parle : «Si nous devions enfouir toutes les lignes à moyenne tension, c'est un chantier pour environ 100 milliards d'euros [...] Je n'ai pas 100 milliards d'euros pour enterrer tout tout de suite.»

    Parce que bon, à 100 000 milliards d'euros, j'aurais compris s'il s'agissait d'enfouir un réseau électrique sous le sol de la planète Mars mais si c'était juste pour la France...L'express devrait tout de même être un minimum sérieux quand ils avancent des chiffres, quand bien même ils  auraient un goût prononcé pour les figures d'amplification, particulièrement pour les hyberboles...

    Cela dit, avec une inflation de 2% par an en moyenne depuis 2002, je comprends mal comment on passe de 61 milliards à 100 milliards...

     

  • Les bénéfices des banques en trompe l'oeil

    C'est intéressant ce qu'on peut lire sur la Toile à propos du secteur bancaire et notamment de leurs bénéfices. Çà et là, on s'indigne de ce que les banques françaises bénéficient d'un plan d'aide alors qu'elles sont bénéficiaires pour la plupart. Il y a une méconnaissance de l'économie, chez les Français, qui me laissera toujours pantois, et pourtant, je ne suis pas un expert.

    Il y a des bénéfices, certes, mais il faut bien que les banques rénumèrent leurs actionnaires si elles veulent espérer en attirer d'autres pour pouvoir lever des fonds, fonds qui serviront à augmenter leurs fonds propres. Par les temps qui courent, c'est une proportion de fonds propres insuffisante qui tend entre autres à inspirer la méfiance envers les établissements bancaires et à faire baisser les notations des agences. Avant de prêter, les banques ont besoin de reconstituer leurs marges afin d'incrémenter leurs fonds propres (ce qu'explique par exemple Charles de Courson, du Nouveau Centre, dans un entretien avec France Info), d'où les frais confortables qu'elles prennent actuellement alors que les taux directeurs des grandes banques centrales ont baissé. La méfiance ne s'estompera pas d'un coup.

    «C'est psychologiquement important que les banques consolident leurs fonds propres. Car plus les banques montrent qu'elles sont solides, plus elles seront enclines à se prêter de l'argent les unes aux autres», estimait tout récemment Eric Delannoy, vice-président du cabinet de conseil Weave, cité dans un article du Nouvel Observateur.

    Quant aux actionnaires, le Français se le représente toujours comme une sorte de vampire avide et assoiffé de sang, le poignard entre les dents. Or, le Français ignore souvent que l'actionnaire en question, c'est lui ! L'actionnariat ne se limite pas aux fameux fonds de pension et aux spéculateurs.

    Il faut ajouter encore quelque chose : l'argent proposé par l'État n'est absolument pas gratuit ; entre 8% et 12% de taux d'intérêt ! Les banques se résolvent à accepter les propositions de l'État essentiellement en raison des incertitudes qui pèsent sur l'avenir, mais non en raison d'une situation qui se serait détériorée au point de faire plonger leurs résultats dans des gouffres abyssaux.

  • Bulle d'états et révolution verte

    En dix ans, le monde a cumulé crise sur crise et bulle sur bulle. 1997-2001 : bulle internet . 2001 : crise financière .2002-2007 : bulle immobilière . 2008 : crise financière. J'ai le sentiment que la prochaine, c'est celle des bulles des États. Ils empruntent tous massivement pour relancer la consommation. Sur le fond, en dépit d'un billet récent, je ne suis pas convaincu de l'efficacité des mesures prises. Relancer indistinctement la consommation risque surtout de surajouter la dette publique à la dette privée.

    Je ne suis pas contre les plans de relance choisis par les leaders mondiaux, mais signer des chèques en blanc aux populations pour consommer me paraît idiot. Il eût mieux valu jouer d'incitations fiscales fortes et ciblées pour favoriser de nouvelles habitudes de consommation : alimentation biologique, énergies renouvelables, automobiles propres, et cetera. En France, Corine Lepage s'échine à le dire depuis longtemps. Elle a fait des propositions en ce sens, reprises par François Bayrou. Mais ils prêchent tous deux, dans le désert. Ségoçlène Royal qui a compris l'enjeu a fait une critique du plan socialiste pour les mêmes raisons : pas de place pour l'écologie. Mais ce n'est pas un peu de place qu'il faut, mais amorcer une révolution industrielle. Et Nicolas Sarkozy, le spécialistes des occasions ratées, en rate une de plus...

    Quant au plan d'Obama, son gigantisme occulte les risques structurels qu'il fait courir à l'économie américaine. Je renvoie à l'excellente analyse d'ecomolinari à ce sujet.