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Economie - Page 49

  • Crise : la danse des Yaka Faukon

    Connaissez-vous la Danse des Yaka Faukon ? C'est une sorte de chant magique accompagné de force hochements de menton que l'on entonne en temps de crise. Je me suis laissé entendre dire que la Danse provient d'un rituel magique entonné par la tribu des Yaka Faukon elle-même.

    Il suffit de marteler le sol à pas lourds en beuglant Yaka faukon !, yaka faukon !, yaka faukon !, et comme par miracle, tous les problèmes trouvent une solution. Parfois, il peut être utile d'ajouter un verset au yaka faukon, qui est l'essentiel de la formule pour que la formule opère.

    Tenez, pour la crise récente, par exemple : ben yaka réguler. Faukon prête de l'argent aux entreprises, aussi. Faukon taxe également les super-profits. Yaka relancer l'économie. Faukon moralise le système financier. Pas mal, comme mantra, non ?

    C'est marrant, tout de même, considérons les banques : on leur reproche d'avoir provoqué la crise pour avoir prêté trop facilement de l'argent. Eh bien devinez ce qu'on leur reproche, aujourd'hui ? de prolonger la crise en ne prêtant pas suffisamment d'argent aux entreprises et aux particuliers ! C'est fort, non ?

    L'avantage du Yaka Faukon, comme rituel, c'est qu'on n'a pas à se soucier d'une quelconque forme de logique ou de raison. La seule chose qui compte, c'est de réciter le mantra dans le bon ordre, et hop, ça marche. Et même si ça ne marche pas, ce n'est pas grave, on peut décliner le yaka faukon dans toutes les langues et sur n'importe quel sujet. Il suffira simplement d'adpater le rite et la formule.

    C'est simple, non ? Yaka l'faire. Faukon l'fasse, même...

  • Retraite à 70 ans, l'art de faire des économies...

    Dans la catégorie des réformes bidons particulièrement pourries qui cachent leurs véritables intentions, la retraite à 70 ans tient la corde pour obtenir la palme. Le plus drôle, c'est que tout le monde ne semble y voir que du feu !!!

    Voyons, le véritable objectif, ce n'est pas de rendre le travail possible jusqu'à 70 ans : le véritable objectif, évidemment, c'est de payer beaucoup moins les retraites par un effet tout à fait mécanique.

    Soyons sérieux : on sait très bien que passé 50-55 ans, les chercheurs d'emploi n'ont quasiment aucun espoir de trouver un emploi, et que dans pas mal d'entreprises on essaie de dégager les seniors.

    Donc, on se doute que les gens ne travailleront pas jusqu'à 70 ans. En revanche, pour le calcul des cotisations, ce ne sera plus 60 ans mais bientot 70 ans qui sera pris en compte.

    Cela permettra donc de baisser à bon compte le montant des retraites actuelles en arguant que les années de cotisation ne sont pas complètes. Ingénieux, non ?

    Conclusion, François Bayrou a bien eu raison de voler dans les plumes du gouvernement sur cette question.  Il a en effet très bien compris l'enjeu qu'il énonce nommément, et je le cite :

    «Un tel amendement ne peut avoir comme objectif que d'inscrire dans un texte que 70 ans est un âge normal pour la retraite", afin d'en faire "une référence».

    Il a très bien compris. Et devinez quoi ? Pas un média n'a repris son intervention. Pire, même sur Internet, je crois être le seul sur Google Actualités à avoir relayé ses déclarations. Même sur la blogosphère MoDem il n'y quasiment pas eu d'échos. Je me disais, il va y avoir une levée de boucliers sur ce coup-là...ben non, silence radio général...

    Au passage, il observe que pas mal d'emplois ne sont exerçables que dans la force de l'âge : en décrétant les 70 ans, on s'assure de payer moins la retraite des gens concernés parce qu'ils ne pourront pas aller jusqu'à 70 ans, sauf à crever à la tâche...

    J'imagine la tête de Zola qui a tant été frappé par la misère de la condition ouvrière s'il devait lire les projets gouvernementaux actuels...

     

  • La Chine peut-elle être un partenaire commercial fiable ?

    Les récentes affaires de produits importés de Chine dangereux ont récemment défrayé la chronique : lait à la mélanine mortel, bottes allergisantes. Je crains hélas que ce ne soient les premiers d'une longue liste à venir, et ce pour une raison bien précise : pour échanger et vendre des biens finis et/ou semi-finis, dans une économie de marché, il faut respecter un cahier des charges. Pour contrôler le respect de ce cahier des charges, des organismes indépendants, clair et transparents sont nécessaires. or, la structure du pouvoir en Chine, particulièrement celui des bureaucraties locales, assimilables à de véritables fiefs dans tout le sens le pire de ce que représente la féodalité, est un véritable obstacle à la moindre transparence.

    Je ne vois pas comment la Chine pourrait, dans ce cas, respecter une déontologie ferme en matière de contrôle, sauf à ce que l'oligarchie au pouvoir soit elle aussi concernée.

    A vrai dire, on trouve cette idée très bien mise en évidence par Montesquieu bau début du Tome II de l'Esprit des Lois, qui porte sur le commerce, mais aussi chez Tocqueville, à le fin du Tome I de "De la démocratie en Amérique", le commerce convient avant tout aux nations de moeurs républicaines, particulièrement les décmoraties. En effet, seul un régime de type républicain peut donner des garanties suffisantes aux commerçants pour qu'ils puissent prendre les risques nécessaires à son entreprise et à l'accumulation de biens. Comment peut-on épargner, dans un régime de type despotique, dès lors qu'à tout moment, le tyran peut décider de vous spolier sur la foi de son seul bon plaisir ?

    Il n'échappe à personne, aujourd'hui, que la Chine se range dans les régimes de type despotique, même s'il ne s'agit pas d'une tyrannie comparable aux dictatures d'Amérique du Sud des années 70 et 80.

    Il n'en reste pas moins que la problématique du lien indissoluble entre droit, commerce et démocratie, lui échappe largement, et que l'on voit mal la Chine continuer à progresser dans le commerce mondial si sa puissance économique croissante ne va pas de pair avec un système de droit non moins croissant. Or, jusqu'à nouvel ordre, aucun autre régime mieux que la démocratie ne peut garantir un tel système de droit.

  • Le PNB ou l'arbre qui cache la forêt

    J'ai, depuis un moment, de fortes préventions quant à la validité du PNB (ou du RNB) pour calculer la richesse d'un pays. Et cela, pour une raison très simple : le calcul du PNB ne prend en compte que les actifs, jamais les passifs. Ainsi, il occulte les dettes monumentales de certains des pays dits les plus riches. Ainsi, le PNB américain était de 13 220 milliards de dollars en 2007. Or, la dette publique des USA a atteint 10 000 milliards de dollars au mois d'octobre 2008. Mais, si l'on considère la dette totale de l'Amérique atteint en mai 2008 53 trillions de dollars (53 000 milliards de dollars, en somme) : 400% du PNB pour se faire une idée claire !!! ce décompte intègre toutefois la somme des dettes publiques et privées de l'Amérique. Ce n'en est pas moins faramineux !!!

    En comparaison, en France, nous en sommes à 2 067 milliards de PNB. Mais notre dette publique est de 1 335 milliards d'euros, c'est à dire, au cours actuel du dollar, 1700 milliards de dollars environ. Nous avons, en fait, une dette publique comparable à la dette publique américaine en proportions. Rendons hommage d'ailleurs au blogueur Laurent Grandsimon qui avait dans une tribune libre lors de l'été 2006 très justement évalué la dette prévisible de la France en 2009.

    Je n'ai pas l'endettement privé des Français, mais je crois me souvenir qu'en 2006, il était à peu près équivalent à la dette publique. Notons, d'ailleurs, que presque les 3/4 de la dette publique de la France sont contractée auprès des Français eux-mêmes...

    Moi, ce que j'aimerais, c'est que trouver la publication d'un classement des pays les plus riches qui tienne compte de leurs passifs, pas uniquement de leurs actifs. Nul doute que le classement actuel en serait quelque peu retourné...

  • Mathématiques de la Crise, Crise des mathématiques

    Il y a une question que je me pose, et, que manifestement, un mathématicien s'est posé avant moi, il y a un mois. Dans la crise financière que nous visons, d'aucuns se sont surtout intéressé aux aspects moraux, alors que pour ma part, j'ai privilégié jusqu'ici les aspects techniques, asseza peu traités par la presse et a fortiori la blogosphère.

    La question que je me pose, c'est de déterminer la responsabilité des mathématiques dans cette crise : en effet, les formules des produits financiers complexes qui déterminent leur niveau de risque sont le fruit de calculs mathématiques complexes.

    Et si, sur le fond, c'était les formules mathématiques qui avaient induit en erreur les premières les financiers ? Je ne pense pas que les grands acteurs du Crédit, tant sur les marchés nationaux quj'internationaux agissent au pifomètre, flairant çà et là la bonne opportunité de crédit et de risques. On le sait depuis longtemps, les mathématiques sont le principal outil intellectuel de la finance.

    L'inconvénient, c'est que je ne suis pas mathématicien, et que ma formation en mathématiques est trop limité pour comprendre des mathématiques probabilistes autres que des dénombrements ou combinaisons de base. Mais, je me suis laissé entendre dire que ce métier, celui de fabriquer des formules pour la finance était celui des analystes quantitatifs. Le site Next-Finance en fait une présentation qui me paraît claire, même pour le non-spécialiste que je suis.

    Je m'étonne, d'ailleurs, qu'en France, seules les Universités se soient intéressées à ce domaine : les Grandes écoles, particulièrement les écoles de commerce, sans doute trop généralistes, en sont complètement absentes. En tout cas, cela ne doit pas courir les rues les titulaires de cette formation, à lire les salaires proposés à Londres.

    J'ai trouvé un avis éclairé sur le forum actualités finance, je le copie ici (c'est à peu près compréhensible, les aspects 100% techniques exceptés) :

    Subprimes, crise financière et crise économique : les données qui ont fait défaut aux analystes quantitatifs et aux agences de notation pour anticiper la faillite des banques et de leurs contreparties

    1- Neutralité des mathématiques


    Pour beaucoup il n'y pas de doute, les premiers responsables de la crise sont les maths appliquées à la finance par les analystes dits " quantitatifs ". Aussi appelés " quants " ils ont une formation non comptable alors qu'ils travaillent dans les banques, sociétés financières et autres institutions et entreprises ayant des activités liées à la finance.

    Avant Bâle2 et la CRD, aucune disposition réglementaire ne contraignait les banques à gérer le risque opérationnel. Comme dans les processus d'assimilation, certains analystes quantitatifs ont tout simplement étendu au risque opérationnel les méthodes mathématiques techniques dont ils avaient l'habitude.

    Or il se trouve que les calculs stochastiques (étude des phénomènes aléatoires dépendant du temps) qui rencontrent leur aboutissement normal dans la théorie des jeux et dans de nombreux domaines (finance mathématique, analyse des risques de marché, notamment l'optimisation de la gestion de portefeuilles, etc) rencontrent rapidement leurs limites lorsqu'il s'agit d'analyser le risque opérationnel dans lequel le facteur humain occupe une place prépondérante. Le calcul intégral et différentiel lié aux processus aléatoires ne suffit plus; les incidents ne sont pas suffisamment répétitifs pour constituer la base de données nécessaires aux simulations.

    D'où la gravité des erreurs et fautes techniques soulignées par la Commission bancaire dans son rapport 2007 vis-à-vis des établissements qui se sont limités aux méthodes stochastiques:

    - Obsolescence d'événements de bases de pertes ;
    - Recours à des données externes de type consortial entraînant un double emploi des données liées aux mêmes événements ;
    - Application des statistiques à des événements aléatoires relevant par définition du domaine des probabilités ;
    - Manque de cohérence comptable de la quantification des incidents ;
    - Non articulation de la collecte de données au contrôle interne pourtant obligatoire ;
    - Absence d'intégration des techniques mathématiques de réduction de l'incertitude des données d'événements collectées (On ne peut prétendre connaître tous les risques opérationnels avec les valeurs enregistrées) ;
    - Manque de cohérence entre les données externes utilisées avec des avis d'experts requis pour l'analyse des scénarios;
    - Difficultés de découpage des événements aléatoires récurrents en classes statistiques;
    - Absence d'use test sur le Résultat Opérationnel (EBIT) et les Fonds propres validant la Valeur d'utilité du dispositif mis en place.

    (cf.http://forum.actufinance.fr/methode-ama-risque-operationnel-opr-releve-de-10-points-critiques-du-premier-bilan-du- processus-d-autorisation-des-approches-internes-dans-le-cadre-du-nouveau-ratio-de-solvabilite--commission-bancaire-P189233/)

    2- L’impasse des méthodes de « rating » (l’analyse patrimoniale) et notation:

    S'ils reconnaissent que les insuffisances de l'approche purement mathématique des risques est bien la cause de la crise, les analystes quantitatifs affirment qu'ils n'ont pu agir ainsi qu'avec la complicité des agences de notation :

    "Les mathématiques ne sont qu'un maillon de la crise, mais pas décisif" (…) ; les agences de notation portent " une grande responsabilité" pour avoir donné des AAA (très bonnes notes) à des produits qui ne le méritaient pas (Mme El Karoui, Professeur des mathématiques financières, Le Monde du 02.10.08).

    - Le rapport du Conseil d'Analyse Economique (CAE) du Premier ministre partage ce point de vue. Le rapport recommande d' « Imposer que les agences de notation intègrent dans leurs évaluations le risque de liquidité et les risques opérationnels, à côté des risques de crédit » (http://www.lafinancepourtous.com/Recommandations-du-rapport-sur-La,980.html).
    En fait, il se trouve que les outils utilisés par les analystes quantitatifs et les agences de notation n’ont pas été conçus pour le risque opérationnel.

    Ainsi les crédits accordés à une clientèle peu solvable, sur la base d'une majoration du taux d'intérêt (subprimes) ne sont pas un risque de crédit, mais un risque opérationnel en rapport avec le risque de crédit (CRD, Art. 367c):

    - le risque opérationnel est le «risque de pertes résultant d'une inadaptation ou d'une défaillance imputable à des procédures, personnels et systèmes internes… » .

    Les pertes de risque opérationnel en rapport avec le risque de crédit affectent le risque de marché par le mécanisme de titrisation :

    - De mauvais risques de crédits immobiliers se sont ainsi retrouvés dans les sicav de trésorerie contaminant les marchés financiers à risque, avant d'atteindre le marché monétaire avec la crise de liquidité qu'on a connue.

    L’Instruction n° 2007-02 de la CB oblige les banques à déclarer les pertes de risque opérationnel en rapport avec le risque de crédit et le risque de marché sur la colonne 8 de l'état OPR LOSS Détails.

    Le risque de crédit concerne la " Probabilité de défaut" (PD) d'une contrepartie sur une période d'un an " (CRD, Art. 4-1e). La PD dépend du résultat opérationnel (EBIT) de la contrepartie, donc de l’efficacité du dispositif actif-passif de la contrepartie :

    - La notation interne est prévue pour permettre aux banques de mesurer cette PD à partir des documents prévisionnels de la contrepartie (cf. Recommandation de juin 2005 aux PME contresignée par la FBF, le MEDEF et la CCI de Paris).

    L'EBIT (earnings before interest and taxes) est le chiffre clé de la comptabilité des sociétés de tous secteurs d’activité. Il correspond au chiffre d'affaires net duquel sont déduites les charges d'exploitation (telles que salaires, charges sociales, matières, énergie, etc.) :

    - L’EBIT mesure la valeur d’utilité (Value in use) du dispositif actif-passif de maîtrise du risque opérationnel des sociétés.

    Ces données sont essentielles pour calculer le ratio de solvabilité d’une entité.
    Un ratio est un «coefficient qui permet de mesurer en analyse financière, la situation financière d'une entreprise tout en comparant ses comptes (bilan, compte de résultat, tableau des flux...) d'une année n sur une autre année n 1, voire avec les comptes ou chiffres d'autres entreprises concurrentes ou du même secteur» (d’où la nécessité des données de sources externes adossées à des avis d’experts):

    - La méthode des scores qui se définit comme « la combinaison d'un certain nombre de ratios significatifs en vue d'obtenir un résultat permettant de déceler la vulnérabilité de l'entreprise » permet d'obtenir des informations sur la base des ratios les plus pertinents choisis par l'entreprise elle-même ; elle ne reflète donc pas la situation financière de l'entreprise dans son intégralité ;
    -
    - L'analyse patrimoniale est obtenue grâce au bilan financier ou patrimonial dans lequel les postes de l'actif du bilan sont évaluées à leur valeur réelle encore appelée « valeur vénale » et classés en fonction de leur liquidité tandis que ceux du passif le sont en fonction de leur exigibilité ;
    -
    - La notation quant à elle est «l'évaluation du risque de non-remboursement d'un emprunt émis sur un marché» ou de la probabilité de défaut d’une contrepartie vis-à-vis de sa banque.

    3- Compléter le SIG en place pour générer les données manquantes


    Le dispositif actif-passif exigé est au service de la GRC (Gouvernance, Risques et Conformité). Il est conforme à la nouvelle réglementation lorsqu’il satisfait aux modalités du COFINREP : COREP (Common reporting) et FINREP (Financial Reporting) pour la remontée vers la contrôle interne :


    A- Des données de Mesure de la performance ajustée pour le risque opérationnel :
    - Pertes inattendues (UL)
    - Pertes attendues (EL)
    - VaR
    - Seuil historique du risk appetite par rapport aux EL
    - Pertes potentiellement recouvrables
    - Seuil nouveau du risk appetite par rapport à la VaR (Marge assurable)


    B- Des Données de la Valeur Actuelle des Profits Futurs (Value of the In Force) pour l’actionnaire prenant en compte les pertes potentiellement recouvrables:
    - Variation du chiffre d’affaires
    - Variation de l’EBIT (résultat opérationnel)
    - Variation de la prime d’objectif-résultat
    - Variation du résultat net
    - Variation des capitaux propres


    C- Des ratios nécessaires au contrôle interne permanent et à l’alerte des responsables opérationnels relatifs aux pertes potentiellement recouvrables (PPR) :
    - PPR/Bénéfice net ;
    - PPR/Frais généraux ;
    - PPR/Charges générales d’exploitation ;
    - PPR /Résultat opérationnel
    - PPR /Chiffres d’affaires.


    D- Des données d’alerte sur le risque d’avertissement sur résultats tenant compte dernier exercice connu et des PPR pour la communication d’entreprise:
    - Objectifs de Chiffres d’affaires ;
    - Objectifs de résultat opérationnel (EBIT) ;
    - Objectifs de Résultat net ;
    - Objectifs de Capitaux propres.


    4- Démarche d’implantation du dispositif actif-passif de GRC:


    Les entreprises disposent déjà pour la plupart d’une base des données ou d’un SIG/cartographie des risques et des processus correspondant au pilier 1 pour la collecte d'incidents de pertes inattendues (UL).

    Pour assurer le passage au pilier 2, il suffit d'interfacer le SIG/Cartographie au système de calcul : calcul de la VaR, des Pertes Potentiellement Recouvrables, de la Marge transférable à l’assurance, des Scénarios des flux de trésorerie futurs, de la Valeur des indicateurs génériques, facteurs ou causes à l’origine des pertes pour alimenter les tableaux de bord de prévention et de pilotage opérationnel.

    - L’interfaçage aboutit à un système intégré Actif-Passif Global de GRC (Gouvernance, Risques et Conformité) permettant de récupérer les pertes , (la VaR constatée), en 2 ou 3 ans à hauteur de 85 % et de transférer 15 % à l’assurance.

    Fonctionnant sur la technologie intranet ce système permet d'harmoniser et d'assurer la coordination de la gestion des risques de l'ensemble des filiales d'un groupe dans le monde, et ainsi d'optimiser en temps réel la contribution de chacune d'elles à l'économie des fonds propres et au ratio de solvabilité.

    La solution s’adapte automatiquement à tous les secteurs d’activité et aux entreprises de toutes tailles en un clic sur le champ « lignes d’activité ».

    Un assistant intégré assure en permanence le transfert de compétences techniques et de contrôle de la conformité réglementaires aux utilisateurs.

    Cette solution a été labellisée pour la Communauté économique européenne par OSEO-ANVAR en décembre 2005.

    5- Prescriptions réglementaires relatives au dispositif actif-passif
    - Recommandations de l’IASB
    - Exigences de la directive CRD relatives à la gestion actif-passif des banques
    - Exigences de solvency 2 relatives à la gestion actif-passif des assurances
    - Contraintes déclaratives de la valeur d’utilité du dispositif actif-passif
    - Exigence de la notation interne des PME pour l’accès au crédit bancaire

  • La BNP plie mais ne rompt pas

    La BNP vient de publier ses résultats. On voit, çà et là, sur la Toile, des titres avec -55% en tête de ligne. En réalité, ce qui se replie, c'est le bénéfice de la BNP qui n'en demeure pas moins excédentaire.

    Mieux : tous les pôles de BNP Paribas sont excédentaires. Elle finit par accuser à son tour l'impact de la crise financière, mais, au final, dans des proportions assez modérées. C'est le pôle BFI (Banque de financement et d'investissement) surtout qui est touché et voit son bénéfice fondre littéralement, puisque son résultat chute de 95% (mais reste bénéficiaire !). Les autres pôles sont peu ou pas atteints, et le produit ent bancaire s'améliore même légèrement au 3ème trimestre 2008 (en France, tout du moins). BNP a surtout encaissé plein pot la faillite de Lehman and Brothers, mais hors BFI, les résultats de ses autres pôles sont meilleurs que prévus par le marché et les analystes. La BNP a par ailleurs eu l'honnêteté de ne pas chercher à dissimuler des actifs douteux en les transférant vers d'autres portefeuilles (un amendement le permet désormais).

    Ensuite, la BNP dispose de 40 milliards d'euros de fonds propres au ratio Tier One, c'est à dire en fonds propres 100% liquides et non avec un mélange de Tier Two (actifs rémunérés selon les résultats) ; or, le minimum recommandé de Tier One est de 6% : BNP est donc largement dans les temps...

    Par ailleurs, la BNP a récemment adopté les principes d'Equateur, des normes volontaires environnementales et sociales applicables au financement de projet. Les Amis de la Terre vont être contents :-)

    Il faut dire aussi que la BNP a été élue prêteur le plus audacieux pour le financement de projet impliquant des énergies renouvelables.

    Les Principes de l’Equateur fixent des exigences sociales et environnementales à l’obtention de prêts supérieurs à 10 M$ (7,87 M€) et destinés à financer des projets de développement. Les Principes ont été révisés, il y a quelques mois pour intégrer une obligation de communication publique sur les prêts accordés. Ces principes sont issus de la politique et les critères de performance en matière de durabilité sociale et environnementale de la Société Financière Internationale et sur les directives générales en matière d’environnement, de santé et de sécurité de la Banque Mondiale. BNP a déjà mis en place des pratiques et procédures d’évaluation des risques environnementaux et sociaux pour son activité de financement de projets. Le groupe a également participé à des initiatives comme celles du Global Compact des Nations Unies, de l’Initiative Financière dans le cadre du Programme pour l’Environnement des Nations Unies (UNEP-FI)…

    (source : le Journal du Développement Durable)

  • Jean Lassalle s'oppose aux agios pour les TPE

    Lassalle.jpgEt toc : encore une intervention cousue du bon sens (question écrite n°31893) de la part de Jean Lassalle, député MoDem.

    M. Jean Lassalle attire l'attention de Mme la ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi sur le souhait du syndicat des indépendants (SDI) de voir faciliter les conditions d'accès au crédit pour les très petites entreprises (TPE). En effet, ce syndicat estime qu'il est plus intéressant aujourd'hui pour le système bancaire de restreindre l'accès au crédit lors d'un besoin de financement d'une entreprises (en bénéficiant des frais liés au dépassement d'un découvert) que d'accorder un crédit dont les intérêts rapporteront nettement moins. Il s'agit ici d'un problème majeur pour les très petites entreprises. À l'heure où se déroule l'examen de la loi de modernisation de l'économie visant notamment à fluidifier l'ensemble des tuyaux de l'économie par des circuits de financement facilités, il lui demande de bien vouloir lui faire connaître son sentiment sur ce dossier et quelle mesure elle compte prendre pour répondre à l'attente de ce syndicat.

  • La consommation baisse ? Et alors ?

    J'étais présent, ce matin, à la Conférence Nationale du MoDem. Après avoir voté deux amendements sans intérêt, tout du moins, à mes yeux, j'ai eu le plaisir de pouvoir écouter des invités de très grande qualité. Je n'ai pu malheureusement, suivre tout l'exposé de Michel Camdessus, et j'espère le retrouver en ligne, tant j'en ai été mortifié, mais, en revanche, j'ai prêté l'oreille avec beaucoup d'attention aux riches analyses Robert Rochefort, le directeur du CREDOC.

    Et il a fait quelques réflexions fort fines sur les indices, et notamment ceux qui mesurent le pouvoir d'achat. D'après les calculs de l'INSEE, nous allons retomber, en France, au niveau du pouvoir d'achat de 2003-2004.

    Est-ce dramatique ? Vivions-nous mal en 2004 ? Dans le calcul de cet indice, Robert Rochefort observe qu'il y a par exemple la propension des Français à ne plus acheter de grosses cylindrées, ou encore celle à boire de l'eau du robinet plutôt que les eaux minérales (dont les ventes s'effondrent autant que les 4X4). Les Français en seront-ils pour autant plus malheureux ?

    J'ai été très impressionné par la pertinence des propos de cet invité, mais, hélas, pas de vidéo en ligne pour pouvoir réfléchir à tête reposée sur tout ce qu'il a dit. J'espère trouver cette précieuse ressources ces jours prochains sur le site du Mouvement Démocrate.

    Yessss ! Je viens de trouver la vidéo de l'intervention !!!

    Bon, maintenant que j'ai la vidéo, je peux continuer mon commentaire. Robert Rochefort a tout de même soulevé des points inquiétants : il a constaté que la totalité des entreprises stoppaient actuellement investissements et commandes, par peur de l'avenir. Ceci aura des conséquences sur le chômage, et d'ailleurs, l'UNEDIC prévoit 50 000 chômeurs de plus, révisant sa prévision de début d'année qui était de 80 000 chômeurs de moins. Nous ne faisons que rentrer dans la crise, aux yeux de Robert Rochefort.

    Il ne faut malgré tout pas céder à la panique et se demander plutôt quels doivent être les secteurs prioritaires dans les quels nous voulons concentrer nos moyens, dans ces conditions, et quelle société voulons-nous voir émerger de la crise.

    Le bâtiment pourrait se retrouver sinistré : on prévoit jusqu'à 180 000 chômeurs dans ce secteur, dans le moment où les mises en chantier s'effondrent. La seconde priorité, ce sont les PME, très inquiètes pour leurs financements. Enfin, la dernière priorité, mais peut-être la plus importante, c'est de définir la société vers laquelle nous voulons aller.

    Pour conclure, Robert Rochefort déplore le manque de pédagogie des pouvoirs publics : il évoque notamment les fameux milliards débloqués par le gouvernement en précisant qu'il ne s'agit que d'une caution, et non de milliards effectifs. Ainsi, le milliard nécessaire au financement du RSA est un milliard effectif, bien réel, alors que les centaines de milliards dont parle le gouvernement et les autres pays européens sont des milliards de caution, non des milliards "réels", au même titre que des parents se portent caution pour leur enfant qui veut louer une chambre d'étudiant...

  • Philosophie de la crise financière

    A nouveau une note plus que remarquable de Marie-Anne Kraft , militante MoDem, et vice-présidente de la Fédaration du Val-de-Marne sur la crise financière. Je la publie intégralement ici :

     

    Philosophie de la crise financière ... et question sur notre civilisation

    Après l’effondrement du système communiste dans les années 90, nous venons de constater la ruine et l’échec du modèle néocapitaliste anglo-saxon libéral, fondé sur la recherche du profit individuel et sur la loi du marché (et la loi du plus fort, quitte à laisser les faibles sur le carreau) supposée équilibrante et autorégulatrice, créatrice de richesses pour le bien-être de tous.

    La question essentielle qui se pose à nous est la suivante : allons-nous colmater les brèches de ce système et continuer à faire tourner le même moteur en le bridant, devons-nous "refonder le capitalisme", ou bien existe-t-il un modèle alternatif ?

     

    Les leçons de la crise sur le modèle néocapitaliste

    Après l’effondrement du modèle communiste au début des années 90, nous venons de constater la ruine et l’échec du modèle néocapitaliste anglo-saxon libéral, fondé sur la recherche du profit individuel et sur la loi du marché (et la loi du plus fort, quitte à laisser les faibles sur le carreau) supposée équilibrante et autorégulatrice, créatrice de richesses pour le bien-être de tous.

    Mais quand ce système crée de la richesse, il accroit en même temps les inégalités, que ce soit au sein des nations ou entre les nations (Nord/sud). Voir mon article en attestant. Ce système n’est pas juste et il n’est pas durable.

    De plus il est basé sur l’illusion. Illusion d’un marché parfait dans la transparence de l’information et la parfaite concurrence, l’équilibre des prix entre l’offre et la demande. Or le marché n’est pas parfait comme l’a démontré Joseph Stiglitz : l’accès à l’information n’est pas le même pour tous, certains étant privilégiés, la concurrence est faussée (effet des concentrations et des lobbyings), le prix de marché à un instant t reflète un prix marginal entre une offre et une demande marginale, le prix que les quelques acteurs en excédent de demande seront prêts à payer (le prix s’appliquant alors à tous), d’où les hausses fulgurantes vues cet été sur le pétrole et les matières premières ; de plus le prix de marché est plus basé sur la spéculation de la valeur future que sur la valeur réelle. Ce prix « marginal » s’appliquant à tout le stock, notamment pour la valorisation d’actifs dans les portefeuilles, dans les bilans (« fair value », « mark-to-market »), il donne l’illusion d’une valeur des biens, des entreprises, des banques, par la valeur de marché, qui en fait n’est pas forcément une valeur réelle représentative des biens.

    Le résultat est qu’on vient de tomber de haut. La bourse a chuté d’environ 50% depuis le 1er janvier 2008. Ce n’est pas une « destruction de valeur » réelle des actifs de l’économie (la capacité des entreprises à produire n’a pas été modifiée), mais c’est tout comme car c’est la prise de conscience que la valeur de patrimoine de l’économie est deux fois moindre que ce que l’on croyait. Sans doute cette chute est-elle d’ailleurs bien trop forte comparée à une valeur « réelle », car l’effet violent du marché est toujours exagéré et en l’occurrence on surestime sans doute trop les risques tant que la confiance est à ce point entamée.

    Illusion, bulle, ... puis désillusion, éclatement de la bulle. Perte potentielle pour les épargnants, les retraites capitalisées, les assurances vies (comparée à ce qu’ils croyaient détenir). Perte brutale pour les banques dans leurs comptes à cause du fameux « mark-to-market », les obligeant à aligner plus de fonds propres pour couvrir ces pertes et faire face au reste de leurs engagements, eux-mêmes devenus plus risqués dans un contexte de récession économique. Pertes induites pour l’Etat et in fine le contribuable (émission de dette d’Etat même si elle est temporaire en attendant des jours meilleurs, afin de renflouer les banques, augmentant ensuite la charge financière de la dette). Pertes induites pour tous lorsque la crise financière devient crise économique (baisse de pouvoir d’achat, chômage) puis crise sociale.

    La question de projet de société, voire de civilisation

    La question est donc finalement la suivante :

    • va-t-on se contenter d’éteindre l’incendie, de colmater les brèches par le plan de soutien aux banques et la mise en place de verrous supplémentaires, d’une régulation renforcée, d’encadrement des abus d’appropriation des profits (parachutes dorés, rémunération des grands patrons et des traders), d’ajustement de normes comptables bancaires, puis continuer à faire tourner cette machine infernale basée sur le même moteur de recherche effrénée du profit individuel ? Est-ce cela « refonder le capitalisme » comme le propose notre président de la république Nicolas Sarkozy ? Apparemment les vœux pieux et contraintes souhaitées de développement durable et de solidarité aux pays les moins avancés n’arrivent pas à s’imposer et devront peut-être s’imposer par d’autres électrochocs ...

    • ou bien réfléchit-on vraiment en profondeur à un autre modèle ?

    C’est la question essentielle, existentielle, de notre civilisation.

    Si le modèle économique actuel ne fonctionne pas, il nous faut réinventer un projet de société et je dirais même plus un projet de civilisation. C’est ce que j’expliquais dans un article paru le 22 décembre 2007, avant même que Nicolas Sarkozy reprenne ce terme sur les conseils de Henri Guaino, s’inspirant du « projet de civilisation » de Edgard Morin.

    Je disais dans cet article que la civilisation actuelle connaît les premiers signes de sa mortalité, notamment au travers du défi écologique. Mais bien au delà de cette mortalité physique, elle souffre également de signes de mortalité morale et spirituelle, de perte d’humanité. Je disais aussi, reprenant François Bayrou, qui à mon avis est l’homme politique en France et même en Europe qui a le mieux analysé notre monde, compris la société actuelle et pressenti tout ce qui allait se passer :

    Le modèle de civilisation dominant est celui du néocapitalisme basé essentiellement sur des valeurs matérialistes, la recherche du profit, la valeur de l’argent, et le règne de l’image, du paraître, au détriment des valeurs humaines et spirituelles. Dans ce modèle règne la loi du plus fort. Ce modèle fertilise son pouvoir sur le terrain de la mondialisation. Il génère des inégalités croissantes dans le monde et dans chacune des sociétés qui le composent. Il ne sait pas venir à bout de la pauvreté dans le monde ni du désastre écologique qui menace la planète, car les intérêts matériels et particuliers à court terme l’emportent toujours sur l’intérêt général à long terme. Il ne paraît pas non plus rendre les gens plus heureux, contribuer à augmenter le niveau de bonheur des populations, sinon par une éphémère impression de bonheur représentée par l’argent, un pouvoir d’achat. La domination du monde par ce modèle induit implicitement cette civilisation à sa propre destruction.

    Les partisans de ce modèle, au travers de partis politiques, ne clament pas bien sûr qu’ils recherchent les inégalités croissantes et la loi du plus fort, qui en fait sont implicites des valeurs matérialistes qu’ils érigent comme prioritaires. Ils aiment se proclamer tenants de la Démocratie et de la République, bien qu’ils n’en respectent pas des principes fondamentaux, galvaudant ces nobles termes pour épicer leurs discours ou les rendre convenables. Leur stratégie politique est basée sur la séduction, le pouvoir des médias, la soumission aux sondages, une forme de populisme, la conservation du pouvoir par les puissants tout en entretenant une volontaire léthargie, passivité des masses, en les divertissant par les jeux, les programmes télévisés, en les faisant rêver par l’entretien d’événements people, le star system, l’espérance de gains où chacun a sa chance (loterie et loto), … et l’illusion que le salut est dans l’action effrénée, quel que soit son aboutissement, du moment que « ça bouge ». C’est la société du « zapping » perpétuel.

    Un autre modèle de civilisation a tenté de s’imposer au XXème siècle avec l’échec que l’on connaît matérialisé par la chute du mur de Berlin en 1989 et la période de la Perestroïka en URSS : le modèle socialiste communiste, très dirigiste, prônant l’appropriation des terres et bien de production par l’Etat, avec une centralisation extrême du pouvoir et de la redistribution des revenus. Ce modèle aboutit à un appauvrissement de la population, une déresponsabilisation des citoyens, à la prise de pouvoir par une oligarchie représentant l’Etat et s’octroyant des privilèges, à la dictature.

     

    Il y a donc bien à présent deux modèles de civilisation qui s’affrontent aujourd’hui sur notre planète, dont la concurrence alimentera le combat politique des prochaines décennies, pas seulement en France mais également chez nos voisins européens comme aux Etats-Unis et même dans le reste du monde, remplaçant le traditionnel clivage « Gauche-droite » en France, aujourd’hui dépassé :
    -d’un côté
    le modèle néocapitaliste basé sur des valeurs matérialistes, la loi du plus fort, qui génère des inégalités croissantes,
    -de l’autre
    le modèle démocrate et humaniste, priorisant les valeurs humaines et spirituelles, visant une justice croissante et un développement humain. Sans cependant nier la réalité économique et le contexte de la mondialisation.

     

    Quel moteur pour un modèle alternatif humaniste ?

    On connait le moteur du modèle néocapitaliste : c’est celui de la recherche et de l’accumulation du profit individuel même s’il s’exerce au détriment de l’intérêt général, celui de la loi du plus fort.

    En son temps, comme nous le rappelle Roger-Pol Droit dans un article du Monde d’hier, Aristote nous avait averti sur les dangers de l’Hybris et de la chrématistique.

    Je reprends les définitions (merci Wikipedia) :

    L’
    hybris (aussi écrit ubris, du grec ancien ϐρις / húbris) est une notion grecque que l'on peut traduire par « démesure ». C'est un sentiment violent inspiré par les passions et plus particulièrement, par l’orgueil. Les Grecs lui opposaient la tempérance ou modération (sophrosune).

    La chrématistique (de khréma, la richesse, la possession) est une notion créée par Aristote pour décrire l'état d'esprit de celui qui accumule le capital pour son plaisir. Aristote condamne cette attitude.

    Selon Aristote, l'accumulation de la monnaie pour la monnaie (la "chrématistique" dite "commerciale") est une activité contre nature et qui déshumanise ceux qui s'y livrent : suivant l’exemple de Platon, il condamne ainsi le goût du profit et l'accumulation de richesses. Le commerce substitue l’argent aux biens ; l’usure crée de l’argent à partir de l’argent ; le marchand ne produit rien : tous sont condamnables d'un point de vue philosophique.

    Bien qu'Aristote traite la chrématistique comme un ensemble de ruses et de stratégies d’acquisition des richesses pour permettre un accroissement du pouvoir politique, il la condamnera toujours en tant que telle et donnera une place beaucoup plus importante à l’économie. Sa théorie fut reprise par plusieurs religions et idéologies :

    • L’Eglise catholique tout au long du Moyen-Âge reprend la critique aristotélicienne contre cette conduite économique et la déclare contraire à la religion. De nombreux auteurs estiment que la mise en œuvre de cette doctrine fut un obstacle au développement économique.

    • L’Islam également. On parle même aujourd’hui d’une « finance islamique » (voir mon article sur le sujet) !

    • Karl Marx dans des pages du Capital reprend l'analyse des conséquences sur les personnes de ce qu'il nomme auris sacra fames (maudite soif de l’or) du nom latin donné à cette passion dévorante de l'argent pour l'argent.

    Le moteur de l’autre modèle humaniste doit être un autre moteur que celui du profit, valorisant l'homme au lieu du profit individuel et des valeurs matérielles. C’est facile à dire, moins à réaliser ! Il ne peut se décréter simplement au nom des valeurs morales. Il nécessite de passer par une prise de conscience des citoyens et une compassion naturelle pour l'autre, retrouver un sentiment de fraternité qui prime sur l'égoïsme. C'est très profond. Pour que l'ensemble des citoyens se comportent chacun en privilégiant ces valeurs et votent pour des gouvernants, pour un modèle de société, qui fonctionnera selon la primauté de ces valeurs.

    En attendant, il va falloir composer avec un modèle capitaliste toujours basé sur le profit individuel mais mieux encadré et régulé, et sous contraintes coercitives de respect de la durabilité (de l'environnement notamment), d'une plus grande justice sociale Nord/Sud et entre classes de populations, de principes moraux interdisant au niveau international des excès (rémunérations abusives) et des évictions à la loi (paradis fiscaux).

    Il va falloir contenir l’Hybris en attendant que s’instaure une sophrosune naturelle !

    A méditer ...

     

  • Mondialisation et Europe

    Cela faisait partie des propositions de François Bayrou pendant l'élection présidentielle : il est patent que Bayrou a été plus que prémonitoire, au regard des derniers évènement, mais, comme d'habitude, on croit Cassandre quand il est un peu tard...Ecoutons-le, c'est extraordinaire : tout du plan européen y est...

    « Le cadre européen nous rendra la souveraineté que nous avons perdue. »

    « La question du modèle économique de la planète est probablement l’une des plus brûlantes que nous aurons à traiter dans les décennies qui viennent. Les pays à haut niveau de protection sociale sont menacés par le vaste mouvement de délocalisations et de concurrence sans règle sociale ou écologique. Et des pays les plus pauvres de la planète, on s’en va, je pense évidemment au continent africain. Que voit-on aujourd’hui ? Des délocalisations d’entreprises qui vont chercher en Europe l’endroit où le social coûte le moins cher. Pour que le dumping social et les délocalisations ne soient pas demain la réalité dominante, il faut une harmonisation de nos règles sociales en Europe. Les marchés financiers sont volatils : on peut donner à l’Europe la capacité d’une réglementation plus serrée, de dire aux marchés financiers : ‘il y a une limite’. En face du crime organisé, des trafics internationaux, des mafias, nous organisons notre impuissance. Les Etats européens avec leurs frontières, leur droit pénal toujours différent de celui du voisin, leur police séparée, c’est une aubaine formidable pour les organisations criminelles. Songez que nous sommes incapables d’aller voir ce qui se passe dans un compte en banque dans un autre pays ! C’est de l’assistance organisée aux mafias. Seule l’échelle européenne permet de résoudre ces questions des migrations économiques, des stratégies monétaires, des régulations du capitalisme financier, de la défense de notre modèle de société ; de traiter les grandes questions du développement durable, du climat, du dumping écologique et du modèle économique de la planète. C’est la vraie vocation de l’Europe : nous rendre la souveraineté que nous avons perdue, que l’échelon national ne peut plus garantir. L’Europe s’affaiblit à voir ses membres jouer les uns contre les autres, par exemple par le dumping fiscal. Je prends l’engagement de tout faire pour changer cette situation. »

    J'inivte mes lecteurs à aller jeter un oeil sur le dernier article de Fred (Démocratie sans frontières) sur la crise : d'une part c'est grâce à cet article que j'ai retrouve ce discours de Bayrou (mais j'ai souvenir de l'avoir déjà cité ici, toutefois) d'autre part, Fred rappelle quelle était et est encore l'essence du projet démocrate : il mettait en avant la responsabilité individuelle dans l'économique et le social. L'UDF, qui a précédé le MoDem, proposait déjà dans ses commissions, des solutions jugées bisounourses par la gauche (préférant l'Etat) et la droite (faisant confiance à la main invisible du marché) et pourtant, les heures de crise que nous connaissons nous donnent raison, puisque les Etats appliquent ce que nous avions proposé...