Les récentes affaires de produits importés de Chine dangereux ont récemment défrayé la chronique : lait à la mélanine mortel, bottes allergisantes. Je crains hélas que ce ne soient les premiers d'une longue liste à venir, et ce pour une raison bien précise : pour échanger et vendre des biens finis et/ou semi-finis, dans une économie de marché, il faut respecter un cahier des charges. Pour contrôler le respect de ce cahier des charges, des organismes indépendants, clair et transparents sont nécessaires. or, la structure du pouvoir en Chine, particulièrement celui des bureaucraties locales, assimilables à de véritables fiefs dans tout le sens le pire de ce que représente la féodalité, est un véritable obstacle à la moindre transparence.
Je ne vois pas comment la Chine pourrait, dans ce cas, respecter une déontologie ferme en matière de contrôle, sauf à ce que l'oligarchie au pouvoir soit elle aussi concernée.
A vrai dire, on trouve cette idée très bien mise en évidence par Montesquieu bau début du Tome II de l'Esprit des Lois, qui porte sur le commerce, mais aussi chez Tocqueville, à le fin du Tome I de "De la démocratie en Amérique", le commerce convient avant tout aux nations de moeurs républicaines, particulièrement les décmoraties. En effet, seul un régime de type républicain peut donner des garanties suffisantes aux commerçants pour qu'ils puissent prendre les risques nécessaires à son entreprise et à l'accumulation de biens. Comment peut-on épargner, dans un régime de type despotique, dès lors qu'à tout moment, le tyran peut décider de vous spolier sur la foi de son seul bon plaisir ?
Il n'échappe à personne, aujourd'hui, que la Chine se range dans les régimes de type despotique, même s'il ne s'agit pas d'une tyrannie comparable aux dictatures d'Amérique du Sud des années 70 et 80.
Il n'en reste pas moins que la problématique du lien indissoluble entre droit, commerce et démocratie, lui échappe largement, et que l'on voit mal la Chine continuer à progresser dans le commerce mondial si sa puissance économique croissante ne va pas de pair avec un système de droit non moins croissant. Or, jusqu'à nouvel ordre, aucun autre régime mieux que la démocratie ne peut garantir un tel système de droit.
Commentaires
Te voilà reparti dans ton délire préféré la sinophobie.
Je te conseille pour ma part de relire quelques visionnaires des années 70 comme Alain Peyrefitte.
Quant à la nos prétendues démocraties qui ont engendré cette crise récente et notre récession, actuelle et à venir, je me demande comment tu peux encore les mettre en avant comme:
lien indissoluble entre droit, commerce et démocratie,
Tous ces américains sans toit : quelle belle victoire de la démocratie dans le domaine économique.
en plus des organismes indépendants, les entreprises chinoises devraient développer comme dans les entreprises occidentales des services de contrôles et qualités internes . ils pourraient ainsi vérifier la conformité des produits avec le cahier des charges.
le hic, c'est que la mise en place de tels services coûte très chèr et si les vérifications montrent des défaillances cela coûte encore plus chèr car il faut rechercher le problème et reproduire.
les produits chinois sont certes compétitifs mais à quels prix?
pour contre-carrer cela ne faudrait-il pas contrôler tous les produits chinois en europe et facturer le cout de ces contrôles aux chinois? le problème c'est que cela serait pris pour du protectionnisme....
Par chance, et compte tenu de l'impact national des défaillances du contrôle de qualité (nous sommes dans une deuxième phase où il s'agit de produits à consommation intérieure et régionale -ASEAN Plus Trois- et non plus seulement voués à l'exportation extra-régionale), la RPC découvre peu à peu les pressions des groupes de consommateurs nationaux (et au delà, les émeutes populaires lorsque les premiers n'obtiennent pas satisfaction), sans en arriver à une démocratisation (encore très parcellaire), elle sont un premier pas vers l'intégration des facteurs liés à la société civile dans la prise de décision du PCC (cela s'observe aussi en matière sanitaire - SARS, H5N1, HIV, etc. - de gestion environnementale -encore à ses débuts, notamment dans les bassins et sources d'eau - et de gestion agricole - libéralisation des productions agricoles - qui démarre dans les provinces orientales).
Au delà, les pressions internationales (OMC, ASEM, APEC, relations bilatérales), mais surtout celles de la société civile de l'UE (premier partenaire commercial), des Etats-Unis et du Japon, voire au delà avec l'Australie et l'Amérique Latine (où les exportations chinoises défaillantes ont tué des nationaux), créent un risque systémique pour les exportations de la RPC en cas de généralisation de la perception de mauvaise qualité, et danger sanitaire de leurs produits. La RPC rentre donc malgré elle dans le système international, où les acteurs dépassent de loin les relations inter-étatiques.
Donc oui, commerce, qualité des produits, respect des consommateurs, et démocratisation sont liés, mais cela doit s'observer au niveau micro, compte tenu des résistances massives de certains éléments du PCC mais surtout des gouvernements provinciaux (dont la réforme semble inévitable vu qu'il s'agit de la principale source de corruption et mauvaise gouvernance).
Pour un complément: http://www.quindiblog.eu/log/2008/10/quindi-gopoliti.html
PS: suis interdit d'Echiquier? :-(
Le coût économique du produit fini Made in RPC est lourd en ce qui concerne :
- l'impact sur l'environnement que sa production induit,
- l'impact sur l'économie d'autres pays en pratiquant un dumping éhonté en matière de coûts salariaux
- l'image désesatreuse des salariés chinois maintenus en quasi esclavage et qui sont soumis à de horaires et une productivité inouîes.
La RPC pervertit en outre le système économique mondial en tolérant la production de contrefaçons de produits.
@ ArnaudH
Tu mérites de devenir Chancelier de l'Echiquier :-)
Il ne faut pas oublier que pour une bonne partie des produits importés de Chine, le cahier des charges est entièrement conçu et contrôlé par les entreprises américaines ou européennes importatrices. C'est notamment le cas pour les fabrications délocalisées.
@ Arnaud
Je ne savais pas que tu voulais y participer ! Je t'ajoute dans la journée !
@ Rosa
Rien à voir avec la sinophobie, juste l'inquiétude de ce qu'il y a dans mon assiette ou avec quels jouets jouent mes enfants.
Quant au progrès : 800 millions de paysans chinois considérablement appauvris depuis le début des années 90 c'est un progrès ? Rosa, dès qu'on parle de Chine, tu as une véritable paire d'oeillères. A ce point, c'est incroyable.
@ Thierry
On est d'accord
@ Arnaud
Je vais lire entièrement ton billet (pas eu encore le temps de l'attaquer) mais on en est aux mêmes conclusions : la Chine va devoir réformer en priorité, et de manière urgente, les pouvoirs locaux. Il leur faut des collectivités locales un minimum indépendantes et contrôlables, donc démocratiques. Si la démocratie s'installe là-bas, cela commencera certainement par là.
@ BGR
Heureusement, parce que s'il fallait compter sur les Chinois...
Comme Rosa : pourquoi toujours parler de la
Chine en se donnant en exemple (démocratique)?
@ Candide
Parce que du point de vue de la démocratie, il est largement préférable de vivre dans n'importe quelle démocratie qu'en Chine.
Candide, l'essentiel est que l'hérétique en soit convaincu que nous sommes dans le plus beau,
le meilleur régime politique du monde.
Et moi je le maintiens
mieux vaut être chinois qu'américain moyen chassé de chez soi par les subprimes.
J'ai vu des Chinois heureux,
ils le sont plus qu'ils ne l'ont jamais été...
@Rosa
Tout à fait d'accord !!
Et puis ce n'est jamais pour de bonnes raisons que l'on clame que l'on élève mieux ses enfants que son voisin les siens.
Sais-t-on jamais, l'Hérétique nous fera peut-être un jour un article sur la Danse
Chinoise (c'est quand même mieux que beaucoup de trépignements approximatifs à Star Académie) ou peut-être sur les avancées technologiques des Chinois dans certains domaines.
@ Rosa et Candide
Y'a pas photo : je préfère vivre et de loin en régime républicain français que tyrannique chinois, et ce, alors même que j'apprécie beaucoup la culture chinoise.
De toutes façons, je suis assez confiant : tôt ou tard, la Chine finira par venir à la démocratie, car elle y sera contrainte par son propre développement.
Son plan de relance est une nouveauté que je trouve de très bon augure en ce sens.