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Economie - Page 50

  • Crise financière : un sénateur MoDem écoute l'avis d'une militante !

    Jegou.jpgAlors ça, cela me fait vraiment très plaisir : qui a dit que les sénateurs ne nous écoutaient pas et ne nous lisaient pas, nous autres militants démocrates ?

    Lisez plutôt :

    Voici ce que Jean-Jacques Jégou, Sénateur MoDem a dit lors d'une séance publique du Sénat le mercredi 08 octobre dernier :

    Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, au cours de son intervention, M. Woerth a évoqué « des pratiques qui n’auraient jamais dû exister ». Au cours des vingt dernières années, les marchés ont subi une triple évolution caractérisée par la déréglementation, la désintermédiation et le décloisonnement.

    Une nouvelle logique financière s’est instaurée, caractérisée par la globalisation. Celle-ci a favorisé le financement des entreprises et de l’économie, mais, contrairement à la logique industrielle, la logique financière privilégie le court terme. De nouveaux produits et de nouvelles techniques financières ont vu le jour, qui confirment la priorité donnée à la rentabilité immédiate, la valeur spéculative divergeant parfois de la réalité économique.


    La sophistication des marchés financiers s’est considérablement accrue. Nous sommes donc passés d’un capitalisme industriel d’entreprenariat et d’une économie financée par le crédit à un capitalisme financier de marché, où non seulement les entreprises, leurs risques, leurs crédits, mais aussi des ensembles d’entreprises, des indices boursiers ou de prix de matières premières énergétiques, de métaux, de denrées alimentaires et même des indices climatiques, des quotas d’émission de CO2, des variations de taux, se négocient comme des marchandises, le prix d’équilibre du marché n’étant pas forcément le reflet d’une réalité économique d’ensemble mais du résultat de spéculations. De nouveaux produits ont vu le jour, toujours plus sophistiqués, comme les opérations de LBO à effet de levier, les nouveaux produits de titrisation ou les CDS – credit default swaps. Ces produits structurés sont d’une telle complexité qu’ils en deviennent opaques pour le commun des mortels et – pire ! – également pour ceux qui sont chargés de leur commercialisation. On en vient à ignorer ce qu’on acquiert exactement !

    Parallèlement, je voudrais vous interroger, monsieur le ministre, sur les nouvelles normes comptables qui ont été imposées. Comment se fait-il que l’Union européenne, et donc la France, ait été aussi apathique pour favoriser une autorégulation des marchés financiers et du système bancaire, où l’efficacité et la stabilité de la profession reposent sur des codes de bonne gouvernance – la compliance – et des normes comptables internationales inspirées des normes américaines, l’IFRS ? Ces nouvelles normes d’origine anglo-saxonne ne vont-elles pas au bout du compte aggraver durablement cette crise ? Les normes généralisées du mark to market visent à valoriser les actifs et les passifs des institutions financières au prix de marché, ce qui a renforcé la volatilité de leurs comptes. Ainsi – et nous en sommes arrivés là aujourd’hui –, lorsque le marché interbancaire est bloqué et que les prix s’effondrent anormalement, de façon temporaire ou sous l’effet d’une spéculation, la banque peut se trouver en défaut, avec un besoin de liquidité pour couvrir la perte, temporaire ou supposée, mesurée à l’instant T. Or, le marché étant moutonnier, la moindre rumeur relative à un problème de liquidité est interprétée comme un potentiel problème de solvabilité, avec le risque de ne pas pouvoir honorer le remboursement de la dette…

    Et maintenant, comparez avec le début de l'excellent billet de Marianne Kraft que j'avais repris ici :

    Une nouvelle logique financière s'est instaurée, se traduisant au-delà des aspects géographiques, c'est pourquoi les spécialistes parlent plutôt de « globalisation » financière que simplement de mondialisation. Cette globalisation financière a favorisé le financement des entreprises, de l’économie, mais contrairement à la logique industrielle la logique financière privilégie le court terme. De nouveaux produits et de nouvelles techniques financières ont vu le jour, qui confirment cette tendance, la priorité donnée à la rentabilité immédiate, à court terme, notamment car la valeur des flux futurs anticipés est évaluée en valeur nette présente, raccourcissant ainsi le temps d’un point de vue financier. Cette valeur tient compte aussi de la probabilité d’envol des taux et des cours ou de défaillance des acteurs impliqués, donc d’une valeur spéculative parfois divergeant de la réalité économique.


    - la sophistication des marchés financiers s'est considérablement accrue, permettant un libre accès aux capitaux, une désintermédiation des acteurs entre les investisseurs et les emprunteurs de capitaux au travers des bourses et du marché. Les actions, obligations et créances négociables, ainsi que les nouveaux instruments financiers de dérivés de taux ou d’actions, se sont progressivement substitués aux traditionnels crédits pour subvenir au financement de l’économie et les crédits sont eux-mêmes devenus négociables, « titrisables », transformés en titres, accentuant la volatilité des marchés, leur sensibilité aux variations d’aléas externes. Les banques sont devenues aussi  des « brokers de dettes ». Nous sommes passés d’un capitalisme industriel d’entreprenariat et d’une économie financée par le crédit (dont la rentabilité était évaluée sur un long terme) à un capitalisme financier de marché, où non seulement les entreprises, leur risques, leurs crédits, mais aussi des ensembles d’entreprises (fonds d’investissement), des indices boursiers ou de prix de matières premières énergétiques, de métaux ou de denrées alimentaires et même des indices climatiques, des variations de taux, se négocient comme des marchandises. Le prix d’équilibre du marché n’étant pas forcément le reflet d’une réalité économique d’ensemble, mais de résultats de spéculation, d’anticipation du prix futur, accentuant les tendances haussières ou baissières et amplifiant les variations de cours et se propageant entre secteurs et entre instruments financiers.

    - de nouveaux produits ont vu le jour, toujours plus sophistiqués.
    Citons quelques exemples :
    - La multiplication des opérations de LBO à effet de levier (« Leveraged Buy Out»), visant à faire acheter sans recours (avec prise de risque très limitée) une entreprise par un fonds spéculatif, sponsor financier, en finançant le rachat de l’entreprise par un emprunt gagé sur les actifs de l’entreprise, puis offrir une perspective d’amélioration de la rentabilité par restructuration, délocalisation, changement du management, en vue de revendre l’entreprise en faisant une plus-value (d’où l’intérêt de viser un profit à court terme) ;
    - Les nouveaux produits de titrisation (« securitization » en anglais), technique financière qui transforme des actifs peu liquides, c’est-à-dire pour lequel il n’y a pas véritablement de marché, en valeurs mobilières facilement négociables comme des obligations. Chaque investisseur acquiert en quelque sorte une fraction du portefeuille d’actifs « titrisés », sur la base des flux financiers futurs des actifs, qui garantissent le remboursement des obligations.
    -
    Les CDS (Credit Default Swaps ), permettant d’acheter et de vendre du risque sur un acteur, une entreprise, ou un ensemble d’entreprises.


    Pour ceux qui veulent comparer toutes les interventions et l'article de Marianne, il suffit de poursuivre la comparaison avec les interventions de Jean-Jacques Jégou.

    C'est une excellente nouvelle, car cela prouve que nos sénateurs sont à l'écoute de notre blogosphère et parviennent à identifier et à reprendre les analyses les meilleures pour les intégrer dans leurs propres analyses. Ainsi, le lien est-il établi entre la base et le sommet. Je ne suis pas du tout certain que les autres partis politiques puissent en dire autant !

     

  • Crise de pauvres...

    Excellent commentaire que celui d'Europium en réponse à Quindi dans les commentaires de mon billet "Europe-Amérique la pression doit monter". J'en fais la copie ici séance tenante :

    Lors d'une émission JFK a dit : la crise des subprimes est le premier exemple de "bulle" orchestrée en misant sur les pauvres. Il n'a pas tort et il est quelque part logique que cela conduirait à la catastrophe.

    Les très faibles taux d'intérêt aux USA et la politique de bush incitant à l'endettement (parce qu'il fallait consommer à tout prix pour soutenir la croissance)ont conduit les banques américaines a prendre des risques inconsidérés sous l'oeil très complaisant de la FED. De plus, le fait que la chine et d'autres achètent la dette américaine faisait qu'il y avait peu d'inflation aux USA.Donc tout allait bien

    Pour gérer le problème les "tricheurs" de la finance,qui ont pris les risques au départ, ont voulu répartir ces derniers sur l'ensemble du système banquier mondial en créant des produits très complexes. Oui, eux savaient ce qu'ils faisaient, d'ailleurs le FBI semblent s'en occuper.

    Le problème est que ce système a fonctionné car ils ont pu berner à la fois les systèmes de régulation et les agences de notation. malheureusement à force de voir ce système fonctionner ils ont perdu toute notion du "risque à prendre"( ce dernier étant en adéquation avec leur métier de banquier...), je dirais qu'ils ont pété les plombs.....ils n'ont pu maitriser le monstre qu'ils avaient créé et l'effet domino a fait le reste.

    Alors que faire? Un économiste disait que les modèles d'intervention classique pour faire face à cette crise sont obsolètes car ils ne prennent pas en compte que l'économie est mondialisée et que ça complique tout. pour lui il faudra créer un modèle qui puisse prévenir une telle crise, vu qu'il est de plus en plus difficile de gérer ce type de crise après son apparition.....

    Il est évident comme le dit arnaud qu'il faut mettre en place une traçabilité du même type que dans l'alimentaire et la santé par exemple. mais est-ce possible avec les paradis fiscaux, qui sont nombreux en europe? cela nécessite de plus beaucoup de transparence dans des métiers ou l'opacité est de rigueur.

    Maintenant trop de régulation n'est pas bon pour l'économie. C'est pour cette raison que le système tolère qu'une partie des comptes soient hors contrôle car il est nécessaire que l'oxygène(l'argent) circule très vite pour faire vire l'économie. Donc il va falloir trouver un juste milieu entre une régulation qui ne soient trop stricte pour éviter que certains essaient d'y échapper.... mais bon la nature humaine étant ce qu'elle est il y aura toujours des petits malins pour tenter d'échapper à toute forme de régulation et de règle...

  • A la mode, et éthique, c'est possible !

    J'ai malheureusement raté l'«Ethical Fashion Show» pour avoir lu trop tard la note de Quitterie à ce sujet. Mais, lot de consolation, je peux encore visualiser le reportage vidéo d'Hervé sur le même thème :-)

    Des initiatives de ce cette sorte font typiquement partie de celles qui m'enthousiasment : reprendre un phénomène de société universel et presque contingent à l'espèce humaine civilisée, le phénomène de la mode. Avec ce phénomène, développer une alternative qui respecte un code éthique tout en faisant du commerce. En fait, l'image idéale du commerce telle que je me le représente dans une société avancée et développée.

    La c....erie que j'ai faite, c'est d'avoir été informé trop tard ! Si je l'avais su avant, je l'aurais annoncé sur plusieurs blogs s'intéressant à la mode, et je pense que certains d'entre eux auraient certainement relayé l'info.

    Sur hautetfort, ma plate-forme de blog, par exemple, les Mod-alités de City, un des blogs les plus lus de hautetfort, aurait peut-être été intéressé par cette manifesation au Carroussel du Louvre. Idem pour Marie Pink, qui aime bien annoncer les bons plans, second blog le plus lu de tout hautetfort ; même pari pour l'atypique "So Glamorous", encore l'un des ténors de hautetfort.

    Cela dit, je crois que Quitterie donne un certain nombre de liens dans son billet, donc ce n'est pas encore perdu.

    Petite observation, au passage, dans l'un de mes derniers billets, Femmes et déesses de l'Olympe, je reprenais une interrogation d'Olympe sur l'absence des femmes dans les classements des blogs ; sur hautetfort, y'a pas photo, elles tiennent, et de loin, le haut du pavé, en tout cas, en classement brut du trafic.

    Dernier point : un petit ban pour Manu avec ses pensées, qui sera certainement intéressée aussi par l'annonce !

  • Bayrou soutient le plan de relance des banques

    François Bayrou votera le plan de secours au secteur bancaire doté de 360 milliards d'euros, défini lundi lors d'un Conseil des ministres extraordinaire.

    Députés et Sénateurs débattront de ce plan demain, avec l'espoir qu'il soit adopté d'ici la fin de la semaine.

    «Oui je voterai ce texte qui permet cette aide», a déclaré François Bayrou sur RTL. «Je le voterai avec une certitude, c'est que quand la réponse est européenne, ça marche, quand la réponse est chacun pour soi ça ne marche pas», a-t-il précisé.

    «Je la vote parce qu'elle va dans le bons sens, je la vote parce qu'elle change les choses. Je suis dans cette attitude que j'ai définie depuis longtemps : intransigeant sur les principes et en même temps, quand les choses vont dans le bons sens, on est capable de le dire».

    Il a reconnu à Nicolas Sarkozy de la présence et de l'engagement comme Président de l'Union Européenne, pour faire face à la crise financière mondiale. «Il a fallu du temps, des semaines qui sans doute ont été des semaines perdues mais après tout la pédagogie, faire entrer dans les esprits des nécessités qui jusqu'alors n'y étaient pas, ça prend quelquefois du temps.»

    «On n'est pas dans une attitude aveugle et systématiquement antagoniste quelles que soient les choses», a précisé le président du MoDem.

    «Ce qui est frappant dans cette crise, c'est que c'est la ruine et l'échec de ce que l'on appelait le modèle américain qui servait de référence à Nicolas Sarkozy au moment de la dernière élection présidentielle, et c'est pour cette raison que j'ai été en confrontation avec lui», a-t-il toutefois tempéré.

    «Ma conviction profonde, c'est que les valeurs de la France sont différentes des valeurs de ce modèle de société qui vient de se crasher sous nos yeux», a-t-il enfin conclu.

    A titre personnel, je suis aussi tout à fait satisfait de ce plan qui correspond, en mieux, à ce que j'espérais. L'Europe sort grandie de cette crise, car ce ne sont pas les annonces américaines, mais bien l'action concerté des pays Européens, qui a ramené le calme sur les marchés financiers.

  • Octobre, halloween pour la finance !

    Tout le monde connaît Halloween : il s'agit d'une fête anglo-saxone d'origine celtique par laquelle on tente de repousser les esprits des morts, les fantômes, vampires, esprits frappeurs et cetera en imitant les esprits de la nuit par des déguisements similaires.

    Je repensais aux crises financières les plus importantes de l'histoire de la Bourse, et je me faisais la réflexion qu'elles avaient presque toujours débuté en octobre. Krach de 1929 , 24 et 25 octobre. Krach de 1987, le 19 octobre. Même l'Union Générale, en 1882 a commencé à tanguer vers ces dates-là (enfin, j'exagère un peu, en fait, c'est en janvier !) ; la banque d'Eugène Bontoux a inspiré d'ailleurs l'ouvrage l'Argent à Emile Zola. Et, au fait, au passage, un certain Crédit Lyonnais s'était à l'époque illustré en suivant avec bonne humeur et ardeur tous les mouvements spéculatifs les plus audacieux. Comme quoi, on ne se refait pas...

    Cela dit, pour en revenir à mon propos, j'ai cru entendre ou lire quelque part, qu'à cette date-là, les grands acteurs des marchés financiers cherchaient à se refaire en liquidités et que cela tendait évidemment à créer des tensions sur le crédit (quand ils empruntent) et sur les titres (quand il les revendent).

    Bon, quelqu'un a au moins son avis là-dessus à Libération. En ce qui me concerne, je suis presque sûr qu'il y a une thèse sur le sujet, mais je ne parviens pas à en retrouver la trace. Si un lecteur retrouve l'information, je suis preneur...

  • Nicolas Sarkozy : l'erreur historique (1)

    J'ai lu entièrement l'ouvrage de Jean Peyrelevade, Sarkozy, l'erreur historique.

    La ligne directrice en est claire : nous vivons au-dessus de nos moyens. Il nous faut assainir les comptes de la nation, favoriser les PME qui contribuent à la production de richesses, particulièrement l'industrie et les PME exportatrices.

    Notre appareil productif est vieilli : il faut le rénover et accroître pour cela les marges des entreprises afin qu'elles puissent réaliser des investissements, car elles sont actuellement les plus faibles d'Europe. Le poids de l'industrie dans le PIB doit être rééquilibré par rapport aux services de plus en plus hypertrophiés. En effet, l'industrie apporte bien plus de valeur ajoutée, donc de richesses, que les services.

    In fine, les perspectives ne sont pas réjouissantes, car seuls les ménages peuvent apurer les comptes de la nation (en tout cas, ceux qui les concernent directement, c'est à dire la protection sociale).

    Il est donc inutile, mensonger et démagogique de parler de hausse du pouvoir d'achat par les temps qui courent, tant il n'y a aucun espoir d'amélioration à court-terme. Nous ne pouvons consommer plus que nous produisons et créons de richesse, or, actuellement, la Demande est bien supérieure à l'Offre en France, ce qui explique, au passage, nos déficits commerciaux records.

    Je développerai plusieurs aspects du livre dans d'autres billets ; celui-ci n'a pour objet que d'en fixer les cadres généraux.

  • Crise financière : la Bulle à l'envers !

    Je trouve la crise financière qui secoue toutes les places boursières finalement assez étonnante. On a pu dire qu'il y a eu une bulle jusqu'à 2001 dans le domaine des nouvelles technologies, mais une bulle à la hausse. Cette fois, c'est exactement l'inverse : il y a une bulle de méfiance à la baisse, bien sûr, et ce alors que les fondamentaux économiques ne sont pas mauvais, et qu'en France au moins, les fondamentaux bancaires et financiers sont bien moins atteints que le marché ne le croit.

    Ceci m'amène d'ailleurs à penser que, de même que la bulle internet a crevé en 2001, la bulle actuelle crèvera aussi tôt ou tard. C'est en tout cas, pour celui qui s'y connaît suffisamment, le moment ou jamais de faire de belles affaires, pour autant que l'on fasse preuve de patience ensuite. Le CAC 40 près de passer en-dessous des 3 000 points, je ne m'y attendais vraiment pas. Il y aura certainement des rebonds techniques. Quand je pense qu'on en était à 6 200 points en janvier 2007...C'est clair, y'a un krach, là...

    Pour ceux qui ont du cash, il va y avoir des opportunités évidentes. Comme dit l'autre, attendons que le fruit soit bien mûr, il n'y aura plus qu'à partir à la cueillette, encore que la cueillette, elle peut déjà commencer à mon avis.

     

  • Crise financière et reporting

    Pour le Béotien (mais sur le fond, j'en suis un aussi) le Reporting, c'est la présentation à intervalles réguliers les résultats des banques de manière lisible. Or, il s'il y a bien un aspect qui a certainement fait défaut, dans l'actuelle crise financière, c'est la communication de l'information entre agents du marché financier. Je crois avoir évoqué, dans une note récente, Au coeur de la crise, les erreurs humaines, liées entre autres à la complexité des montages, et donc à la difficulté à en rendre compte. Par ailleurs, les normes comptables (IRFS,Bâle II) s'étant elles-mêmes complexifiées, c'est d'ailleurs le sens de mon introduction au billet de Marianne Kraft Comprendre la crise financière, j'imagine bien qu'il devient techniquement de plus en plus difficile de communiquer et d'échanger des données toujours plus complexes.

    Hamon.jpgOr, sans doute à la suite de mes derniers billets, j'ai reçu un courriel de Pierre Hamon, chef de l'entreprise etXetera, vraisemblablement une TPE. Il me propose de faire la promotion de son dernier ouvrage, Comprendre XBRL et la taxonomie Comptes Annuels. Si j'ai à peu près compris, le XBRL est une sorte de langage XML qui permet de simplifier l'échange et le traitement d'informations financières et économiques. Je rappelle que l'XML est un métalangage permettant de définir d'autres langages, en somme, XML permet de séparer le contenu et sa présentation. Je crois que le XRBL vise exactement le même concept avec les données économiques et financières échangées entre banques et grands acteurs des marchés financiers. Pierre Hamon n'est pas l'inventeur du XRBL, en revanche, il affirme avoir publié le premier ouvrage de référence en français sur le langage XBRL. Je n'ai, pour ma part, aucune compétence pour juger de la pertinence ou non de son propos ni de sa traduction, mais, par les temps qui courent, son travail ne me paraît pas inutile.

    On peut trouver une présentation de son livre sur BOD. Comme il le dit sur le site de son entreprise, citant Jean Cocteau, «il n'y a pas de précurseurs, il n'existe que des retardataires...». Pas mal.

  • Pour une fois, Attali n'avait pas dit d'âneries

    Récemment, j'écoutais Cyrulnik jouer le prophète sur France-Info. Il faut dire que c'était assez comique, l'individu décrivant une société post-crisique (au fait, crisique n'est pas synonyme de critique) revenue à des valeurs "traditionnelles" ; un salmigondis qui a eu au moins le mérite de bien me faire rire. Les prophètes adorent avoir eu raison avant tout le monde. Cyrulnik a donc fait valoir qu'il y avait 6 pages, dans le rapport Attali (auquel il a participé) sur la crise financière, et qu'à la sortie de ce rapport, on n'avait parlé que des taxis. Du coup, j'ai vérifié ce que le rapport disait vraiment sur la crise.

    Je n'aime pas faire amende honorable, mais je dois reconnaître que le passage que je vais citer m'avait échappé :

    Sous leur forme actuelle, les normes comptables et prudentielles contribuent à aggraver les crises financières en amplifiant la volatilité des cycles. La comptabilisation à la « fair value » privilégie une logique de court terme et peut devenir une source systémique de fragilité financière. La pierre angulaire du référentiel comptable actuel est la notion de fair value, c’est-à-dire l’évaluation d’un nombre très important d’éléments du bilan des entreprises selon les prix du marché (mark-to-market) ou à défaut selon une estimation de celui-ci. La comptabilisation à la fair value est adaptée à une gestion de court terme. Les managers sont ainsi incités à donner un poids prépondérant aux résultats financiers à court terme dans le pilotage des entreprises. Le biais court-termiste et financier de la gestion des entreprises est inéluctable. La fair value augmente ainsi la volatilité des comptes des entreprises, ce qui les incite à réagir avec plus de flexibilité à des chocs financiers en jouant sur les paramètres dont le management a la maîtrise, c’est-à-dire principalement l’emploi et l’investissement. Le principe de fair value peut donc exercer des effets procycliques sur l’économie. De plus, il implique une contrainte forte sur les entreprises, en particulier pour les moyennes et petites entreprises. Les normes IFRS sont donc une source systémique de fragilité financière. Cet effet est encore aggravé pour les établissements publiant des informations financières de façon trimestrielle, ce que les directives européennes et la réglementation AMF ont rendu obligatoire.
    En ce qui concerne les banques, les ratios prudentiels qui leur sont imposés (Bâle II) ont pris en compte les craintes exprimées sur le financement des PME et la procyclicité. La directive européenne prévoit une clause d’examen spécifique sur ces deux points une fois le ratio effectivement et pleinement mis en oeuvre.

    Sur Bâle II, je trouve le rapport peu dissert ; quelques précisions. En principe, dès lors que les banques suivent des règles de bonne gestion, les fonds propres des banques doivent représenter 8% au moins de ce qu'elles prêtent (je simplifie). C'est ce que l'on appelait jusque là le ratio Cooke. Mais une nouvelle norme est intervenue, le ratio McDonough qui intègre les risques de marché (fluctuations des prix des valeurs d'un portefeuille de titres) et les risques opérationnels (fraudes, pannes, et cetera). SAUF que :

    ce ratio diminue de facto le ratio Cooke, puisqu'il est toujours égal à 8%. En fait, l'ex-ratio Cooke (les risques de crédit) ne correspond plus qu'àn 75% de ces 8% soit 6% ! Donc, en fait, même si les normes Bâle II sont plus transparentes que les normes Bâle I, de facto, elles aboutissent à minimiser les risques de crédit. De plus, en termes de risques de crédit, cette méthode ne fait pas de différences entre un emprunteur solvable et un emprunteur à risque. Or, considérons ce qu'il est produit pour les subprimes, et on comprend l'ampleur des risques qu'elle entraîne...

  • Comprendre la crise financière

    Je reprends assez rarement l'intégralité d'un article sur un autre blog, mais l'excellent billet de Marianne Kraft ( (qui m'avait échappé jusque là), membre de la Commission économique du MoDem,  est si exceptionnel, que j'en donne copie intégrale ici-même. Lisez bien en particulier la partie sur les nouvelles normes comptables, qui explique bien des choses (le comble, c'est que j'avais eu une discussion, en 2005, à propos de l'IFRS avec une spécialiste de la question, mais le sujet m'est sorti de la tête par la suite, alors que je m'étais justement interrogé, à l'époque, sur les risques que comportaient dans un bilan comptable l'intégration d'actifs à la valeur de leur cours du jour ; je n'avais pas encore ouvert mon blog à cette date-là, il est vrai. En tout cas, les banques feraient peut-être bien d'avoir un débat sur la pertinence de cette norme. Je sens que je vais revenir sur la question de cette norme dans les prochains jours. L'Enfer est décidément pavé de bonnes intentions...Tant que j'y suis faudra que je parle aussi de Bâle2. Au fait, moi qui évoquais récemment la BNP, il faut savoir que cette banque était complètement contre cette manière d'estimer les actifs - IFRS - et les risques - Bâle2 . Elle s'est furieusement battue contre, en vain...) :

    Pour comprendre la crise financière …

    crise_financiere.jpgFièvre à la bourse, sueurs froides au sein des banques, panique chez les investisseurs, inquiétude des épargnants … Si les experts économiques et financiers se comprennent entre eux, dans leur langage technique sur la volatilité, la liquidité, la solvabilité, le plan Paulson, …, on peut sérieusement se demander si le citoyen lambda y comprend quelque chose sur l’origine de cette crise, ses réactions en chaîne quasi-nucléaires et ses impact potentiels. A vrai dire tout cela le dépasse un peu !

    Que faire ? De mes comptes, de mes économies, ai-je un risque de perdre mon boulot ? Ai-je un risque de ne pas récupérer mes avoirs en banque et ai-je intérêt à retirer mon argent en compte à ma banque ? Telles sont les questions concrètes que se pose le Français ou l’Européen moyen aujourd’hui.

     

    Pour essayer de résumer en quelques mots simples l’origine de cette crise, il faut comprendre quelques notions :

     

    1- Le monde bancaire et financier a considérablement évolué ces dernières années:

    Autrefois les marchés financiers étaient réglementés nationalement (contrôle des changes, contrôle du crédit et de la masse monétaire, …) et cloisonnés (marché boursier, marché monétaire, marché obligataire,…). Sous l'influence du FMI, de la Banque mondiale (Consensus de Washington, en 1989), ainsi que de la Communauté européenne (les « quatre libertés » de l’Acte unique, en 1986) les marchés ont subi une triple évolution (parfois nommée « les 3 D »):

    déréglementation, abolition du contrôle des changes et des restrictions aux mouvements de capitaux ;

    désintermédiation ou accès direct des opérateurs aux sources de financement sans passer nécessairement par des banques ;

    décloisonnement, c’est-à-dire éclatement des compartiments.

     

    Une nouvelle logique financière s'est instaurée, se traduisant au-delà des aspects géographiques, c'est pourquoi les spécialistes parlent plutôt de « globalisation » financière que simplement de mondialisation. Cette globalisation financière a favorisé le financement des entreprises, de l’économie, mais contrairement à la logique industrielle la logique financière privilégie le court terme. De nouveaux produits et de nouvelles techniques financières ont vu le jour, qui confirment cette tendance, la priorité donnée à la rentabilité immédiate, à court terme, notamment car la valeur des flux futurs anticipés est évaluée en valeur nette présente, raccourcissant ainsi le temps d’un point de vue financier. Cette valeur tient compte aussi de la probabilité d’envol des taux et des cours ou de défaillance des acteurs impliqués, donc d’une valeur spéculative parfois divergeant de la réalité économique.


    - la sophistication des marchés financiers s'est considérablement accrue, permettant un libre accès aux capitaux, une désintermédiation des acteurs entre les investisseurs et les emprunteurs de capitaux au travers des bourses et du marché. Les actions, obligations et créances négociables, ainsi que les nouveaux instruments financiers de dérivés de taux ou d’actions, se sont progressivement substitués aux traditionnels crédits pour subvenir au financement de l’économie et les crédits sont eux-mêmes devenus négociables, « titrisables », transformés en titres, accentuant la volatilité des marchés, leur sensibilité aux variations d’aléas externes. Les banques sont devenues aussi  des « brokers de dettes ».  Nous sommes passés d’un capitalisme industriel d’entreprenariat et d’une économie financée par le crédit (dont la rentabilité était évaluée sur un long terme) à un capitalisme financier de marché, où non seulement les entreprises, leur risques, leurs crédits, mais aussi des ensembles d’entreprises (fonds d’investissement), des indices boursiers ou de prix de matières premières énergétiques, de métaux ou de denrées alimentaires et même des indices climatiques, des variations de taux, se négocient comme des marchandises. Le prix d’équilibre du marché n’étant pas forcément le reflet d’une réalité économique d’ensemble, mais de résultats de spéculation, d’anticipation du prix futur, accentuant les tendances haussières ou baissières et amplifiant les variations de cours et se propageant entre secteurs et entre instruments financiers.

     

    - de nouveaux produits ont vu le jour, toujours plus sophistiqués.

    Citons quelques exemples :

    - La multiplication des opérations de LBO à effet de levier (« Leveraged Buy Out»), visant à faire acheter sans recours (avec prise de risque très limitée) une entreprise par un fonds spéculatif, sponsor financier, en finançant le rachat de l’entreprise par un emprunt gagé sur les actifs de l’entreprise, puis offrir une perspective d’amélioration de la rentabilité par restructuration, délocalisation, changement du management, en vue de revendre l’entreprise en faisant une plus-value (d’où l’intérêt de viser un profit à court terme) ;

     

    - Les nouveaux produits de titrisation (« securitization » en anglais), technique financière qui transforme des actifs peu liquides, c’est-à-dire pour lequel il n’y a pas véritablement de marché, en valeurs mobilières facilement négociables comme des obligations. Chaque investisseur acquiert en quelque sorte une fraction du portefeuille d’actifs « titrisés », sur la base des flux financiers futurs des actifs, qui garantissent le remboursement des obligations.

     

    - Les CDS (Credit Default Swaps ), permettant d’acheter et de vendre du risque sur un acteur, une entreprise, ou un ensemble d’entreprises.

     

    - de nouvelles normes comptables ont été imposées :
    pour favoriser une autorégulation des marchés financiers et du système bancaire, l’efficacité et la stabilité de la profession repose sur des codes de bonne gouvernance (compliance) et des normes comptables internationales inspirées des normes américaines (IFRS), des normes d’évaluation des risques (Bâle2). Ces normes ont généralisé le « mark-to » model : elles visent à valoriser les actifs et les passifs des institutions financières au prix de marché, ce qui a renforcé la volatilité de leurs comptes, la sensibilité aux paramètres qui sont utilisés par ces modèles (cours, ratings, probabilités de variation de cours ou de défaillance de clients,…), leur dépendance à l’égard des analystes financiers, des agences de ratings, des « scoops », ...

    Avant 2005, les banques comptabilisaient des actifs à leur cours historiques, respectant des règles de provisionnement en cas de moins values latentes, alors qu’à partir de 2005, avec la nouvelle norme IFRS, tous actif négociable doit être valorisé au bilan et même hors bilan au cours du marché.

    Ainsi, lorsqu’il n’ y a plus de marché où qu’il est bloqué et que les prix s’effondrent anormalement, de façon temporaire ou sous l’effet d’une spéculation, le bilan de la banque peut s’en trouver très affecté, nécessitant un besoin de liquidité pour couvrir la perte (temporaire ou supposée) mesurée à l’instant T. Or, le marché étant moutonnier, la moindre rumeur de problème de liquidité est interprétée comme un potentiel problème de solvabilité (risque de ne pas pouvoir honorer le remboursement de ses dettes) …

    Les normes comptables alignées sur le « mark-to » model, tout en valeur de marché (IFRS pour la compta, Bâle2 pour les risques,...) ont tendance à donner une grande volatilité aux résultats des banques, des entreprises, et à privilégier le court terme au détriment du long terme, de l’investissement durable. Cette méthode est logique dans la théorie, si la valeur potentielle est réalisable (mais ce qui est douteux s’il n’y a plus de marché, plus de liquidité, donc plus de prix de marché réaliste pour les actifs à valoriser) et à condition que le prix de marché reflète la réalité. Autrement dit, la méthode de valorisation comptables des actifs (et des passifs) des banques est contestable, privilégiant une situation instantanée et la référence à des paramètres sous-jacents qui peuvent être erronés ou contestables, à une vision pérenne et stable, reflétant l’activité réelle de la banque.

     

    2-      L’illusion du prix de marché

     

    A force de prôner les vertus de l’économie libérale, de l’autorégulation des acteurs, de la fameuse « main invisible » d’Adam Smith qui au travers du marché parfait apporte prospérité et croissance, on a oublié que les marchés étaient en fait imparfaits, la concurrence faussée, et que l’illusion dominait la réalité. Que les prix de marché pouvaient sérieusement s’écarter des « fondamentaux », des valeurs économiques de la vie réelle. Ainsi, pendant de nombreuses années, la bourse enregistrait des taux de rendements bien supérieurs au taux de croissance des économies, ce qui était anormal. On croyait à une augmentation de valeur alors qu’elle était illusoire, autrement dit c’était de la « fausse monnaie ». Le prix de marché ne représente pas le prix réel d’un bien, d’une entreprise, mais la valeur espérée compte tenu de la valeur future anticipée et de la tension entre l’offre et la demande du bien, de sa liquidité instantanée. Le prix de marché, attisé par la spéculation, un déséquilibre momentané entre l’offre et la demande, un alignement sur un prix « marginal » de l’offre ou de la demande excédentaire, fait que la valeur de bourse, de marché, peut dériver de la réalité.

     

    3- Le contexte : un défaut de régulation  et de surveillance

     

    On réalise a posteriori le défaut de surveillance et de régulation, qui aurait permis de réagir plus tôt au phénomène. :- même si les banques sont soumises à un strict contrôle, les entreprises d’investissement, fonds d’investissement, Hedge funds, qui sont de gros investisseurs ne le sont pas.

    - les agences de notations, garantes de  l’évaluation des risques des acteurs financiers, ne sont pas non plus soumises au contrôle. Or elles se sont trompées, ont coté AAA (sans risques) des fonds basés sur les crédits dits « subprimes », sans prendre la mesure du risque sous-jacent, donnant ainsi blanc seing aux établissements qui désiraient acquérir ces fonds.

    - certains avaient alerté sur la dérive du marché immobilier américain, spéculant sur un marché haussier, et les banques, incitées par le gouvernement à distribuer des prêts ont accepté de prêter à des gens ayant des capacités limites de remboursement, car elles bénéficiait d’une caution sur un bien dont la valeur augmentait … On pressentait le danger et d’aucuns avaient donné des alertes.

     

    4- la cause première de la crise financière a été la bulle immobilière,

     

    entretenue par les créances hypothécaires valorisées au prix de marché, permettant aux particuliers propriétaires d'emprunter de plus en plus, y compris en crédits à la consommation, au fur et à mesure que le prix de l'immobilier montait, servant de garantie à leurs emprunts. Quand ils n'ont plus fait face aux remboursements et que les banques ont voulu effectivement faire jouer l'hypothèque et revendre les biens, en masse, faisant baisser les prix, la bulle a éclaté. Ces crédits ne valaient plus la valeur que l’ont croyait car la probabilité de remboursement s’était dégradée et le prix de l’immobilier sur lequel ils étaient gagés, avait chuté.

    Or, comme expliqué précédemment, ces crédits ont été « titrisés », transformés en titres vendus à des fonds, à des compagnies d’assurances, à des acteurs non seulement américains, mais aussi étrangers, européens, à des taux de rendements attractifs et très bien notés par des agences de notations. Ces actifs ont été enregistrés et valorisés à leur prix de marché. Lorsque le prix de marché s’est effondré et que les notations ont été revues à la baisse, le phénomène de contagion s’est enclenché.

     

    5- L’impact sur les fonds propres, la liquidité et la solvalibité des banques.

     

    Dès lors que les bilans et les résultats des banques s’en trouvèrent impactés, au travers des règles de valorisation comptables que nous avons expliquées, les banques, soumises aux contraintes de ratios de solvabilité, c'est-à-dire à la nécessité de mettre en face d’engagements plus risqués et de pertes potentielles croissantes, un niveau de fonds propres minimum, se sont vite retrouvées en manque de fonds propres, d’où la nécessité de lever des fonds chez leurs actionnaires ou en bourse, par augmentation de capital.

     

    6- La crise de confiance

     

    Les rumeurs attisées par l’annonce des pertes, des risques potentiels portés par les banques, ont entraîné une défiance générale entre banques. Alors qu’en temps normal les banques prêteuses et emprunteuses s’échangent des prêts interbancaires pour équilibrer leurs positions, les banques prêteuses n’osent plus prêter, si ce n’est à la banque centrale. La banque centrale, la Banque de France, et même la BCE, se sont mises à être le pivot central entre les banques prêteuses et emprunteuses.

    L’incertitude sur les marchés augmente l’impression du risque par rapport au risque réel et accentue donc le problème de liquidité et la chute des cours. Comme on ne sait pas exactement dans quelle mesure les banques sont exposées aux subprimes au travers des fonds dans lesquels elles ont investi, et qu’on ne sait pas non plus quelle est vraiment la valeur de ces subprimes, le marché imagine le pire …, les cours reflètent cette angoisse, cette incertitude, amplifiant les mesures de risque et donc les fonds propres à allouer en face de ces risques. Ces produits ont intoxiqué le marché tels des métastases cancéreuses.

    C’est pourquoi le plan Paulson propose de cantonner tous les actifs de bases subprimes dans une structure dédiée, dite de défaisance (comme le CDR du Crédit Lyonnais, garanti lui-même par l’Etat au travers du contrôle de l’EPFR) en garantissant leur valeur à la base, afin que le doute tombe et que leur valeur puisse être garantie en aval au sein des actifs portés par les acteurs détenteurs directs ou indirects de ces produits. Même si ce plan paraît injuste en faisant payer au contribuable les frais d’un système incendiaire dont certains avaient bénéficié sans se trouver ensuite appelé à payer, c’est vraisemblablement le moyen de contenir au mieux une catastrophe pour l’économie, donc pour tous les contribuables sollicités …

    Bien sûr on pourrait penser à un impôt taxant les classes aisées et notamment celles qui avaient bénéficié des bonus des marchés financiers, des cours de bourse passés. De même il faudrait également penser à tous ces ménages entraînés dans le surendettement des subprimes par les banques, en trouvant des solutions pour reprendre leur dette par exemple. Ce serait mieux compris car plus juste.

     

    7- de la crise financière à la crise économique

     

    Le resserrement des fonds propres et des liquidités des banques oblige ces dernières à prioriser sélectivement l’affectation de leurs fonds propres désormais devenus rares et chers aux activités les plus rentables et les moins risquées. L’enveloppe allouée au financement des entreprises et des particuliers baisse, impliquant un resserrement du crédit.

     

    C’est par cet effet contagion que la crise va se répercuter sur les entreprises et les ménages. Moins de crédit, et crédit plus cher !

     

    CONCLUSION

     

    La main invisible est devenue violente et a donné une grande gifle.

    Le particulier et l’épargnant ne doivent pas paniquer ni s’affoler.

    Il est vrai que nous sommes entrés dans une période de crise, voire de récession, qu’il faut s’attendre à une stagnation, voire une récession, une hausse du chômage, une baisse du pouvoir d’achat. Disons la vérité.

    Les dépôts dans les banques françaises font déjà l’objet de garanties par la loi et sont protégés en cas de faillite des banques. Retirer massivement et brutalement ses dépôts ne ferait qu’accélérer les problèmes de liquidité et de solvabilité des banques.

    Dans un contexte d’incertitude boursière, il faut privilégier le livret A, les dépôts à terme rémunérés, à taux de plus en plus attractifs et préservant l’épargne à court terme tout en assurant une liquidité.

    Les plus audacieux profiteront de la crise et des cours qui  ont chuté sur des établissements donc la valeur réelle, économique, est bien supérieure au cours du marché, pour acheter et envisager des profits futurs, ce qui en même temps contribuera à soutenir ces établissements.

     

    Parler de l’éventualité de l’équivalent d’un plan Paulson à l’échelon européen n’a pas vraiment de sens. Les actifs dits « toxiques » d’origine ont été créés aux Etats-Unis et le plan Paulson s’applique directement à ces actifs à cantonner. Agir à la racine au travers de ce plan permettra de rétablir la confiance entre établissements bancaires en Europe de manière à enrayer la crise de liquidité et donc de solvabilité, évaluer moins de risque dans les bilans, donc requérir moins de fonds propres couvrant ces risques, donc redonner de l’oxygène à l’économie au travers des crédits aux entreprises et aux particuliers.

     

    L’intérêt d’un plan européen pour faire face à la crise consiste plutôt à :

    - fournir de la liquidité banque centrale à taux bas aux système bancaire pour résoudre le problème de liquidité,

    - créer un fonds commun européen pour prendre des parts dans les banques et entreprises qui, en situation temporaire d’insolvabilité pour cause de liquidité, ont un besoin urgent de fonds propres,

    - mettre en place un système d’aides aux entreprises, de cautions permettant aux banques de débloquer des prêts à l’économie à moindre risque, éventuellement garanti par ce fonds européen,

    - mettre en place un régulateur européen.

     

    Et si la crise permettait une refondation salutaire de l’Union Européenne ?