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Europe-Amérique, la pression doit monter

Je constate avec satisfaction que l'Europe fait enfin pression sur les USA pour  réformer la finance mondiale. La vérité, et il faut le dire une bonne fois pour toutes, c'est que rien de toute la crise financière ne se serait produit si les USA n'avait pas inondé le monde entier de leurs crédits pourris. Le comble, c'est que bon nombre d'économistes, à commencer par ceux de BNP Paribas (mais pas forcément écoutés au sein même de leur établissement bancaire, d'ailleurs), étaient extrêmement pessimistes sur la situation américaine.

On savait. On le savait. On savait que les subprimes étaient nocives, et on a quand même continué. "on", c'est un pronom indéfini en français. Eh bien il va bien falloir finir par réfléchir sur ce "on". Non pas pour chercher des coupables ponctuels, mais pour contraindre l'Amérique à édicter des règles de crédit qui ne mettent pas en danger l'économie mondiale.

Toutes proportions gardées, c'est comme une centrale nucléaire vieillie et inadaptée. On ne continue pas à la faire fonctionner sans une sérieuse rénovation quand on sait qu'elle est susceptible de vous balancer un nuage radio-actif (qui ne connaît pas les frontières, lui) à tout moment sur la tronche.

Sur cette crise, je trouve que le Premier Ministre anglais, Gordon Brown, a été exemplaire et s'est montré un grand homme d'Etat. C'est lui qui a inventé le plan que les Européens ont ensuite massivement appliqué. Aujourd'hui, il désigne clairement les Etats-Unis : «l'important est de s'assurer que les problèmes qui sont apparus dans le système financier - problèmes qui, nous le savons, ont débuté aux Etats-Unis - ne se produisent plus» a-t-il récemment déclaré.

Nicolas Sarkozy ne vient que se joindre à un mouvement qu'il n'avait nullement initié, puisqu'il voyait au contraire dans le système américain dérégulé un modèle pour la France. Ce n'est pas faute pour François Bayrou d'avoir pourtant joué - en vain - les Cassandre.

Les Européens accusent Washington d'avoir des années durant refusé, au nom du libéralisme économique, de réguler les marchés, fermant les yeux sur les investissements de plus en plus risqués et opaques qu'ils réalisaient. Et ils ont bien raison.

Nicolas Sarkozy et Gordon Brown suggèrent également d'encadrer beaucoup plus étroitement les activités des agences de notation, qui clairement, n'ont pas fait du bon travail. Elles portent également une lourde responsabilité. Ceci risque d'ailleurs, de provoquer un fort effet second sur le crédit. Si les Agences resserrent considérablement leurs critères, bon nombre d'établissements, mais peut-être bien aussi de pays (or la France emprunte massivement sur les marchés internationaux) pourraient voir leurs notes dégringoler, et se retrouver donc contraints d'emprunter à des taux bien plus hauts que ceux qui sont pratiqués actuellement. Pour des pays endettés, il y a certitude de voir le service de la dette augmenter considérablement dans le budget...

Il reste, désormais, à donner un vrai rôle au FMI. Bien que l'on ne l'ait que fort tardivement entendu (Il était en poste depuis un an et je n'ai pas le souvenir de l'avoir entendu s'exprimer sur les dangers que comportent des crédits pourris...) on peut espérer que Dominique Strauss-Khan joue enfin un rôle à cet effet dans cette institution, puisqu'il en est en principe le président...

Commentaires

  • 100% d'accord

    Pour ma part, je pense que cela doit dépasser, et de loin, le cadre monétaire du FMI et de notation des crédits / audits des sociétés et projets, pour rentrer dans un système de régulation financière (une nouvelle institution à créer?) des marchés à terme, de l'assurance et de la réassurance, de la financiarisation des marchés immobiliers et autres formes de crédits aux consommateurs; ainsi que toutes les implications commerciales (OMC), de stabilisation des structures économiques des pays émergents et des pays en développement (impact asymétrique sur le crédit), et de minimisation des risques systémiques dépassant le cadre purement financier (protectionnisme, réduction des échanges, augmentation des tensions autour des corridors énergétiques et de flux des autres matières premières). Bref, une architecture internationale nouvelle, solide et pérenne est à imaginer.

    Gordon Brown prône cela depuis de nombreuses années, son rebond politique est donc parfaitement légitime et pas qu'une question d'opportunisme à court terme.

  • c'est pas sûr que les banques savaient ce qu'elles achetaient. le problème vient du fait qu'elles ont fait confiance aux agences de notation qui elles n'ont pas pas fait leur boulot, sous la pression de qui? pouvaient-elle tout simplement le faire?

    le deuxième problème vient du fait que la régulation existe mais que les petits malins de la finance ont créé des produits toxiques tellement complexes que la régulation, plutôt les régulateurs n'ont pas su s'adapter a cette complexité et n'ont donc pas su anticiper ce qui allait se produire.....
    c'est un peu comme dans le sport, les tricheurs essaient toujours d'avoir un temps d'avance sur ceux qui essaient de les démasquer. il existe des produits dopant indétectables au vu des méthodes d'analyses actuelles......

  • Je suis convaincu que les agences de notation n'ont pas les moyens d'estimer le risque bancaire et de défaillance sur des produits complexes (y compris les outils réguliers de banques d'affaires), encore plus en cas de titrisation. Je pense que cela demande une revue entière du système de contrôle interne et externe (audits, notation) des banques (que ce soit les ratios, les contenus des portefeuilles acceptés, les analyses de risque, leur systématisation et fréquence, etc.).

    Oui pour la régulation, cela devrait ressembler à ce qui se fait dans le domaine de la santé / l'alimentaire: un principe de précaution devrait systématiquement être utilisé lorsque les risques réels de produits complexes ne peuvent pas être correctement estimés.

  • @ Europium
    Les banques ne savaient pas forcément ce qu'elles achetaient. En revanche, ceux qui ont créé les subprimes, eux, savaient bien que les crédits qu'ils consentaient étaient complètement déconnectés de la réalité économique des emprunteurs. Et les Américains ont toujours refusé toute régulation ; pour mémoire en France, un emprunt ne doit pas excéder en mensualité un tiers des revenus...

    @ Arnaud
    Si ce que tu penses se vérifie, alors c'est encore plus grave que je le pensais...

  • lors d'une émission JFK a dit : la crise des subprimes est le premier exemple de "bulle" orchestrée en misant sur les pauvres. il n'a pas tord et il est quelque part logique que cela conduirait à la catastrophe.

    les très faibles taux d'intérêt aux USA et la politique de bush incitant à l'endettement (parce qu'il fallait consommer à tout prix pour soutenir la croissance)ont conduit les banques américaines a prendre des risques inconsidérés sous l'oeil très complaisant de la FED. De plus, le fait que la chine et d'autres achètent la dette américaine faisait qu'il y avait peu d'inflation aux USA.donc tout allait bien

    pour gérer le problème les "tricheurs" de la finance,qui ont pris les risques au départ, ont voulu répartir ces derniers sur l'ensemble du système banquier mondial en créant des produits très complexes. oui, eux savaient ce qu'ils faisaient, d'ailleurs le FBI semblent s'en occuper.

    le problème est que ce système a fonctionné car ils ont pu berner à la fois les systèmes de régulation et les agences de notation. malheureusement à force de voir ce système fonctionner ils ont perdu toute notion du "risque à prendre"( ce dernier étant en adéquation avec leur métier de banquier...), je dirais qu'ils ont pété les plombs.....ils n'ont pu maitriser le monstre qu'ils avaient créé et l'effet domino a fait le reste.

    alors que faire? un économiste disait que les modèles d'intervention classique pour faire face à cette crise sont obsolètes car ils ne prennent pas en compte que l'économie est mondialisée et que ça complique tout. pour lui il faudra créer un modèle qui puisse prévenir une telle crise, vu qu'il est de plus en plus difficile de gérer ce type de crise après son apparition.....

    il est évident comme le dit arnaud qu'il faut mettre en place une traçabilité du même type que dans l'alimentaire et la santé par exemple. mais est-ce possible avec les paradis fiscaux, qui sont nombreux en europe? cela nécessite de plus beaucoup de transparence dans des métiers ou l'opacité est de rigueur.

    maintenant trop de régulation n'est pas bon pour l'économie. c'est pour cette raison que le système tolère qu'une partie des comptes soient hors contrôle car il est nécessaire que l'oxygène(l'argent) circule très vite pour faire vire l'économie. donc il va falloir trouver un juste milieu entre une régulation qui ne soient trop stricte pour éviter que certains essaient d'y échapper.... mais bon la nature humaine étant ce qu'elle est il y aura toujours des petits malins pour tenter d'échapper à toute forme de régulation et de règle...

  • @ Europium

    Vous avez gagné votre galon de rédacteur pour l'Hérétique. excellent commentaire, j'en fais un billet à l'instant.

  • Très bon commentaire en effet ;-)
    Les modèles d'intervention classique ne sont plus adaptés, toute modification doit servir à inventer un nouveau système adapté aux circonstances de l'accélération de la mondialisation mais aussi à la multiplication des acteurs économiques étatiques, para-étatiques, non-étatiques et même individuels.

    Quelques remarques:
    - attention à ne pas intégrer dans cette réflexion le système économique en tant qu'acteur unique et cohérent; les erreurs des uns sont intégrés dans un système qui demande réactivité et adaptation (la titrisation existait avant les subprimes, de même que les défaillances liées à cette prise de risque systémique.
    - sur l'existence de cette bulle d'air, justement, je pense qu'elle fait partie de la solution à trouver car l'appel continu des produits complexes envers ces capitaux déréglementés fragilise justement tout l'édifice.

  • "petite remarque : mon propos n'était pas forcément de répondre à arnaudh...., mais de façon générale"

    il y a un autre problème à régler : les tricheurs ( et même ceux qui sont fait "bernés") ont une rémunération indexée sur les produits qu'ils créaient, soit directement, soit par la valorisation en bourse de leur société, ce qui de plus satisfaisait les actionnaires......plus ils imaginent de produits toxiques plus ils gagnaient..... leurs revenus ont progressé de façon hallucinante ce qui quelque part leur a fait perdre une partie de leur raison......

    quant aux bulles d'air, ne sont elles pas en relation avec le coté "panurgisme" des traders. quand une économie se développe, et qu'il semble qu'elle aura un fort potentiel de développement, il est tentant de miser dessus en faisant miroiter de gros gains à tout le monde, sauf qu'à un moment donné, tout le monde mise sur le même "cheval" ce qui fait que l'économie en développement est sur-cotée par rapport a ce qu'elle vaudra réellement.
    comme le but de la bourse est de préparer l'économie de demain, il y aura discordance quand il s'agira de récupérer les dividentes lors de l'ajustement avec l'économie réelle.....d'ou les trous d'air

  • @ europium

    Oui, il y a une dimension psychologique dans les mouvements financiers. C'est intéressant, votre remarque.

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