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Redistribuer le capital ?

On va me dire que je suis tombé sur la tête, mais je dis, pourquoi pas ? J'avais déjà évoqué le MIDEP, le Mouvement de l'Instauration pour l'Égalité du Patrimoine, l'année dernière. Mes lecteurs habituels doivent se dire qu'il s'agit certainement d'une officine marxiste. Pas du tout. Au contraire, de purs capitalistes.

Jugez par vous-mêmes :

La récession qui s’annonce, avec ses cohortes de chômeurs, son lot quotidien de licenciements et de mouvements sociaux, ne va pas manquer de relancer le débat sur les méfaits du capitalisme, un débat qui dure depuis deux siècles mais qui n’avance guère….
Ce qu’il faut penser du système capitaliste, nous le savons en effet depuis longtemps : c’est le système économique le plus performant; il permet à chacun de choisir son activité et son mode de vie; et il constitue probablement le meilleur moyen de préserver la paix du monde.
Mais il présente aussi un grave inconvénient : les inégalités qu’il engendre, excessives et souvent scandaleuses, alimentent un climat de tension permanent et, à chaque crise économique, font courir un risque d’explosion sociale.
Pour pallier cet inconvénient, les pays capitalistes ont mis en place, à partir des années 1880, un système d’assurances sociales contre la maladie, le chômage, etc. Et surtout, à partir des années 1930, ils ont entrepris de redistribuer les revenus. « Inventée » par les socialistes suédois, la redistribution des revenus par la fiscalité a été l’une des grandes avancées sociales du siècle dernier. Elle est, encore aujourd’hui, l’instrument privilégié de la lutte contre les inégalités. Mais, depuis le choc de la mondialisation, tout indique que la méthode ne fonctionne plus.
Ainsi, au cours des quinze dernières années, alors même que l’économie mondiale était en forte croissance, les inégalités n’ont cessé de s’accroître, la pauvreté et la précarité de s’étendre, même dans les pays les plus redistributeurs comme la France. Les chefs d’Etat qui s’affairent depuis quelque temps au chevet du capitalisme afin de « refonder » son système bancaire et financier, seraient donc bien avisés de se demander si le malade n’a pas aussi besoin d’une refondation de son système social.

Est-il raisonnable d’affronter les défis du 3ème millénaire avec un modèle social qui entretient de profonds antagonismes sociaux et qui, à chaque retournement de conjoncture, va plonger des millions d’individus dans la misère et la révolte ? Le temps n’est-il pas venu de doter le capitalisme d’une assise sociale plus solide ? En d’autres termes : la redistribution des revenus n’étant pas capable de corriger les inégalités, le temps n’est-il pas venu de se tourner vers ce qui apparaît comme l’unique solution de rechange : la redistribution du
capital ?

Le Midep propose de donner aux jeunes un capital de départ lorsqu'ils démarrent dans la vie, par exemple à 28 ans. Ce capital pourrait être de 50.000 euros, compte tenu de la richesse de la France, et serait attribué sous forme d'avance sur héritage, sans intérêt, avance que chacun rembourserait le jour ou il hériterait (et s'il n'hérite pas, le jour ou il décèderait).

Le flux croissant des remboursements permettrait au système de s'autofinancer au fil des années, ce qui signifie que le capital de départ pour les jeunes pourrait être mis en oeuvre sans prendre aux uns pour donner aux autres, ce qui est bien le talon d'Achille de la politique actuelle consistant à redistribuer les revenus.

Astucieux, non ?

 

Commentaires

  • J'ai visité leur site, l'idée est séduisante en effet, mais je ne comprends pas les modalités de mise en pratique.
    Supposons qu'en 2010, 1 million de français atteignent l'âge de 28 ans. D'où l'Etat pourrait-il sortir 50.000.000.000 d'euros ? Expropriation des richesses ? Ne retombe-t-on pas dans la redistribution qu'ils disent dénoncer ?
    Par ailleurs, rien ne garantit un remboursement, même à leur décès. Le patrimoine octroyé risque dans 90 % des cas d'être dépensé en biens de consommation plutôt que fructifié.
    Il me semble plus judicieux de démocratiser l'accès des jeunes aux prêts, à condition que ces jeunes soient porteurs de projets.

  • @ Parménide
    J'en avais discuté avec le président de cette association. Il avait précisé que l'amorce était coûteuse car elle ne pouvait se faire que par de l'argent public.
    Cela dit, en effet, le projet du MiDEP a vocation à être amendé. Il faut aussi songer qu'un tel capital pourrait remplacer un certain nombre de prestations sociales actuelles. Je trouve l'idée du MiDEP astucieuse, mais je demande à en rediscuter les termes exacts.

  • Je pense :

    1) qu'il ne faut pas du Capitalisme pur ou
    de l'étatisme pur,

    que la "manière" est importante,

    la question n'est pas seulement "quel
    est la part de l'état ?"

    mais aussi et surtout l'état joue-t-il
    son rôle de manière claire avec des
    règles et motivations bien déterminées ?

    2) Pourquoi toujours ne voir QUE le point
    de vue INDIVIDUEL notamment dans cette
    distribution de Capital ?

    Rappelons nous la Russie d'avant 1917,
    Les paysans étaient habitués à
    travailler par village.

    Sous prétexte que cela faisait partie
    du Progrès, Les Autorités les ont
    fortement incités à des avantages de
    terre et de matériel de Manière
    Indiviuelle (par Imitation stupide des
    USA déjà !!) et ce fut un Echec .

    Les Paysans n'était pas plus
    rétrogrades que les intellos qui
    prétendaient savoir mieux qu' eux le
    BIEN,

    Simplemen ils envisageaient le progrès
    (tracteurs) en oeuvrant comme ils en
    avaient l'habitude et sur leur mode de
    vie qu'ils aimaient, c'est à dire par
    Village.

    C'est eux qui avaient raison.

  • Je suis d'accord avec toi pour juger que c'est en effet la manière qui est le plus important.

  • Voilà ,un billet qui rejoint un des thèmes qui est ressorti du « Forum Social Mondial » qui s'est déroulé à Bélem au Brésil la semaine dernière.

    Une question ressortait: Que faire avec le capitalisme? Deux réponses se distinguaient
    1-- Revenons au socialisme.
    2-- Développons un marché socialement responsable accompagné d'une démocratie participative.

    Dans cette dernière réponse, les notions « de marché » et de « social » ne sont plus mises en opposition stupidement mais nouées dans un même destin économique.

    Voir:
    http://lamecaniquedelorange.hautetfort.com/archive/2009/01/29/que-faire-avec-le-capitalisme.html

  • Salut Philippe

    Le marché socialement solidaire est une piste. On ne trouve pas suffisamment de produits estampillés commerce équitable à mon goût dans la plupart des magasins.

  • un article à méditer à propos du capitalisme
    http://dechiffrages.blog.lemonde.fr/2008/11/10/des-revenus-aussi-mal-partages-qu%E2%80%99en-1929/

  • @ europium

    Très franchement, je trouve l'article un peu démago. Des formules de ce genre "Dix points de PIB, cela représente en France 160 milliards d’euros." sont évidemment aussi grossières que mensongères.

  • Je pense que cette idée cache une révolution plus grande qui consiste à changer le système de redistribution des revenus pour le remplacer par un système de redistribution du capital.

    La redistribution du capital est la finalité de cette initiative vendue par le MIDEP. Mais en quoi consiste t'elle ?

    L'objectif est de plus ou presque pas ponctionner sur les revenus pour redistribuer.

    L'idée c'est de ponctionner un maximum sur les héritages.

    Car ce qui créé les plus grandes inégalités ce sont les héritages, cette institution que ni la gauche ni la droite n'envisage de toucher et qui est génératrice de tension dans les familles et dans la société.

    Je ne dis pas qu'il faut mettre tout le monde sur le même niveau d'égalité mais en tout cas il faut resserrer les écarts qui se forme avec le temps et qui sont renforcés par les initiatives comme le paquet fiscal de Sarko.

    Voili voilou

  • Le MIDEP...Ah oui...! :D, consonnances proches du Modem mais aux positions un peu trop 'extrèmes' à mon gout...
    La question actuelle est comment relancer la consommation? N'est-ce pas?
    L'argumentation du MIDEP me parait 'sur-réaliste', et tenir peu de cas de notre 'humanité'. :D

  • @ frica228

    L'idée m'intéresse tant qu'elle ne confine pas à la spoliation. Les héritages sont peut-être des inégalités, mais cela doit demeurer un droit pour des parents de vouloir favoriser leurs enfants grâce à leurs biens.

  • Le droit pour des parents de vouloir favoriser leurs enfants grâce à leurs biens est humain mais dans la philosophie du MIDEP ce droit ne peut s'exercer uniquement du vivant des parents.

    Le MIDEP ne s'oppose pas à ce droit, il le met en exergue, le don quelques soit sa forme doit être fait du vivant des donateur.

    Nuances et précisions.

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