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Les bénéfices des banques en trompe l'oeil

C'est intéressant ce qu'on peut lire sur la Toile à propos du secteur bancaire et notamment de leurs bénéfices. Çà et là, on s'indigne de ce que les banques françaises bénéficient d'un plan d'aide alors qu'elles sont bénéficiaires pour la plupart. Il y a une méconnaissance de l'économie, chez les Français, qui me laissera toujours pantois, et pourtant, je ne suis pas un expert.

Il y a des bénéfices, certes, mais il faut bien que les banques rénumèrent leurs actionnaires si elles veulent espérer en attirer d'autres pour pouvoir lever des fonds, fonds qui serviront à augmenter leurs fonds propres. Par les temps qui courent, c'est une proportion de fonds propres insuffisante qui tend entre autres à inspirer la méfiance envers les établissements bancaires et à faire baisser les notations des agences. Avant de prêter, les banques ont besoin de reconstituer leurs marges afin d'incrémenter leurs fonds propres (ce qu'explique par exemple Charles de Courson, du Nouveau Centre, dans un entretien avec France Info), d'où les frais confortables qu'elles prennent actuellement alors que les taux directeurs des grandes banques centrales ont baissé. La méfiance ne s'estompera pas d'un coup.

«C'est psychologiquement important que les banques consolident leurs fonds propres. Car plus les banques montrent qu'elles sont solides, plus elles seront enclines à se prêter de l'argent les unes aux autres», estimait tout récemment Eric Delannoy, vice-président du cabinet de conseil Weave, cité dans un article du Nouvel Observateur.

Quant aux actionnaires, le Français se le représente toujours comme une sorte de vampire avide et assoiffé de sang, le poignard entre les dents. Or, le Français ignore souvent que l'actionnaire en question, c'est lui ! L'actionnariat ne se limite pas aux fameux fonds de pension et aux spéculateurs.

Il faut ajouter encore quelque chose : l'argent proposé par l'État n'est absolument pas gratuit ; entre 8% et 12% de taux d'intérêt ! Les banques se résolvent à accepter les propositions de l'État essentiellement en raison des incertitudes qui pèsent sur l'avenir, mais non en raison d'une situation qui se serait détériorée au point de faire plonger leurs résultats dans des gouffres abyssaux.

Commentaires

  • Moyennement d'accord.
    Les banques ont besoin de bénéfices pour reconstituer leurs fonds propres, tout versement de dividendes (et de bonus) va diminuer ces fonds propres.
    Ce qui est scandaleux chez les banques aidées par l'Etat, ce n'est pas de faire des bénéfices, mais de verser des dividendes et des bonus. Cet argent doit servir à améliorer la solvabilité de la banque.
    Les actionnaires peuvent attendre un an ou deux avant d'avoir leurs dividendes. Le cours de Bourse, lui, augmentera si les bénéfices sont là, pas si on vide la banque de sa substance.

  • Si tu ne verses pas de dividendes, tu ne peux pas attirer des actionnaires supplémentaires pour augmenter tes fonds propres...surtout en temps de crise à un moment où les actionnaires sont méfiants...

  • @ L'hérétique
    Je ne saisis pas tout dans ton argumentaire.
    Selon toi, les dividendes servent à renumérer les actionnaires de leur investissement.OK. Mais là où je ne te suis plus, c'est d'avancer que les dividendes versés en N-1 attirent des investisseurs ultérieurement. Mais je n'ai pas observé que les banques seraient en train de massivement augmenter leur capitaux par l'émission d'actions nouvelles. La dillution du capital n'est-elle pas risquée en période de crise ?

  • Pertinant.

  • @ Thierry

    Wait and see : pour l'instant, ce sont leurs fonds propres qu'elles essaient de reconstituer. Ensuite, je ne pensais pas nécessairement à une recapitalisation. Toutefois, c'est tout de même une option que les banques envisagent. Donc elles ont intérêt à être performantes si jamais cela s'avère nécessaire.

  • Je pense que les dividendes sont petits par rapport à la variation du cours de l'action.

    A titre égoïste, J'aurais préféré que mon banquier me conseille de vendre mes actions au début de la crise, les dividendes sont actuellement une piètre consolation.

    Quand le cours de l'action monte les dividendes sont aussi distribués en pluie fine aux actionnaires, je préfèrerais que cet argent (peu important/variation du cours de l'action) soit bien investi (même en dehors de la société).

    Autrement dit pour chacun des nombreux actionnaires individuels, les dividendes sont de faibles sommes et peut-être serait-il préférable que la somme de ses sommes (qui est importante) soit Investies pour l'économie.

    Encore faudrait-il être confiant en ce que que les investissements soient féconds
    pour des intérêts plus généraux.

    La est la question.

  • @ Chui Kalm

    Ce que vous dites est vrai, mais tout dépend aussi de la quantité d'actions dont vous disposez.

  • @l'hérétique :
    les achats d'actions en Bourse n'ont jamais augmenté les fonds propres de l'entreprise en question. C'est de l'argent qui passe d'un investisseur à l'autre.
    Pour augmenter ses fonds propres, une entreprise a deux possibilités : mettre en réserves ses bénéfices ou faire une augmentation de capital.
    Verser des dividendes ces temps-ci peut attirer des investisseurs, certes, et faire monter le cours (et encore...)? Dans ce cas la banque ne va pas voir ses fonds propres augmenter, tant que de nouvelles actions ne sont pas émises.

  • @l'Héritique
    Tout d'abord, merci pour cet excellent article. La culture des français en matière économique est en effet calmiteuse, ce qui les conduit couramment à prendre des options philosophico-politiques dénuées de fondement, à partir de raisonnements totalement erronés.

    @Florian_germany
    Tout à fait d'accord pour dire que les échanges d'actions en bourse n'augmentent en rien les fonds propres de l'entreprise concernée, établissement financier ou autre. Mais pour ce qui est de l'intervention de l'Etat dont on parle actuellement, il s'agit bel et bien d'une augmentation du capital de la banque par l'apport d'argent public, et donc d'une augmentation de fonds propres.

    @Thierry
    Le versement de dividendes aux actionnaires est la condition sine qua non de la confiance des investisseurs. Ce n'est pas ce versement de dividendes, issus c'est vrai du résultat de N-1, qui attire de nouveaux investisseurs de manière automatique (je veux dire par là que les dividendes ne sont pas versés aux nouveau entrants, et que donc ils n'entrent pas pour cette raison-là), mais c'est la confiance que la rémunération du capital inspire qui les fait venir. C'est en cela que l'Hérétque a tout à fait raison sur ce point.

  • Merci René

    C'est exactement ce que j'entendais. Mais je me suis mal fait comprendre.

  • Il me semble que l'Allemagne a pris des dispositions 'd'encadrement' d'aide aux banques très particulières, ce qui n'est pas le cas chez nous, ah l'eczéma me guette à nouveau!

  • Bon globalement on est d'accord.
    L'Etat a le droit d'exiger le non-versement du dividende cette année, comme le font les anglais.
    On peut considérer que l'argent public a priorité sur l'argent privé et qu'il doit être remboursé en premier. Les actionnaires le savent bien et de toutes façons, ont déjà perdu :(
    @Champomy
    Quant à l'Allemagne, je ne dépeindrais pas le plan de cette manière. Le système bancaire est tellement à genoux ici que la question de payer des dividendes ne se pose pas, les banques croulant sous les pertes. La quasi-faillite de la Commerzbank et sa nationalisation en témoignent.
    La France a la chance d'avoir encore des établissements à peu près sains. A nous d'être vigilants pour que l'argent public serve aux intérêts de tous.

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