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Pour répondre à Marianne, les vues économiques du MoDem

Je viens de lire un article de Marianne qui s'inquiète des compétences économiques de Bayrou et du MoDem en général.  Comme l'article comporte quelques contre-vérités, je vais me charger de faire quelques mises au point.

Ce que François Bayrou condamne, ce n'est pas toute forme de déficit, mais tous les déficits qui ne sont pas des déficits d'investissement. Donc, tout le contraire de ce que dit Marianne. En revanche, oui, il estime très dangereux les déficits issus des frais de fonctionnement courant de l'État. D'ailleurs, les déficits pour cause d'investissement sont temporaires alors que les déficits pour frais de fonctionnement tendent à s'installer structurellement.

De manière générale, les démocrates sont favorables à l'esprit d'entreprise, sous toutes ses formes, pas seulement économique, parce que c'est foncièrement une caractéristique de l'identité européenne d'une part, et d'autre part, parce que cela replace l'homme au centre de l'activité, particulièrement économique, d'où, d'ailleurs, la sympathie des démocrates pour les entrepreneurs.

Le MoDem considère que l'économie de marché est un bon système économique, mais, qu'en revanche, un certain nombre de biens ne peuvent pas être mis sur le marché, ou, en tout cas, pas considéré comme des marchandises ordinaires. C'est ce que les démocrates appellent les biens supérieurs (éducation, culture, santé en particulier). Ils sont évidemment favorables à une concurrence libre et non faussée et saluent de ce fait le rôle extraordinairement positif et vigilant joué par l'Europe afin de mettre fin aux monopoles (Microsoft, par exemple, mais pas seulement). Bien évidemment, les démocrates se défient autant des monopoles publics que privés. Il va de soi que les démocrates ne confondent pas un monopole public et un service d'intérêt général.

Concernant les flux financiers, en effet, comme le dit Philippe Cohen, les Démocrates pensent qu'il faut installer des régulations et qu'une fois en place, elles permettront de moraliser et fluidifier ces flux. Ils ont tort ?

En ce qui concerne l'investissement et la consommation, en cas de relance européenne, Philippe Cohen devraient : 1°) écouter les tribunes de Corine Lepage sur France-Culture ou bien les lire sur son blog 2°) jeter un oeil sur le programme de l'ADLE ainsi que sur celui du PDE (parti démocrate européen, l'un des deux partis européens du groupe ADLE, dont le MoDem est membre fondateur)

Il ne faut pas raisonner ainsi : il ne s'agit ni de relancer l'investissement en soi, ni de relancer la consommation en soi. Ce qu'il s'agit de faire, c'est d'accompagner la révolution industrielle qui se produit petit à petit sous nos yeux, et qui sera verte et durable. La relance soutiendra donc à la fois la consommation et l'investissement, mais pas au pif, comme un rouleau compresseur, mais de manière ciblée, via, par exemple, des incitations fiscales ciblées, mais pas seulement.

Si nos partenaires européens refusent un emprunt d'une telle ampleur, il restera possible d'agir au seul niveau de la France, mais, évidemment, avec un impact bien inférieur à celui de l'Europe toute entière. Mais cela, le MoDem ne peut en être comptable. C'est bien pour cela que la campagne européenne est au moins autant européenne que nationale, particulièrement par les temps qui courent. Mais cela, les Démocrates l'ont compris depuis longtemps. Les évènements récents ne donnent que plus de force à leur propos.

Ce que je dis n'a évidemment rien d'un secret : il suffit de lire et d'écouter ce que disent les chefs de file du MoDem pour en prendre connaissance.

Un dernier point, enfin : les Démocrates se battront avec la dernière énergie contre la tentation protectionniste. C'est exactement ce travers qui a fait plonger le monde entier dans la crise en 1929. C'est bien sûr une option tentante, mais c'est un mirage très dangereux. Le protectionnisme stratifie les échanges et rend quasiment impossible tout redémarrage de la croissance économique mondiale.

Ah, j'ajoute une dernière remarque à propos de la croissance : les Démocrates ne partagent absolument pas les vues des Verts sur la décroissance (Daniel Cohn-Bendit a signé une tribune en ce sens avec José Bové). Est-il d'ailleurs raisonnable de parler de décroissance alors que la crise économique aura tué d'ici la fin de l'année 2009 plusieurs centaines de milliers d'emplois (+280 000 chômeurs prévus) ? Non, il faut évidemment une croissance raisonnée et durable. C'est le message de longue date de Cap21, le mouvement de Corinne Lepage, qui s'est depuis fondu dans le MoDem, mais dont les idées ont fait leur chemin dans la pensée économique démocrate.

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Commentaires

  • Excellent, excellent!
    L'article de Marianne ne m'étonne guère...

  • S'il n'y avait que l'économie pour lesquelles on n'a pas de programme...

    Là où Marianne a raison, c'est que le programme du MoDem en reste à de grandes orientations générales, à des incantations péremptoires. Tout ça parce que les programmes reposent sur des individus isolés (Corinne Lepage, Peyrelevade, Rochefort, etc.)

    Si les cadres du MoDem ne se mettent pas à animer des cellules de travail, à approfondir la réflexion, on ne pourra compter que sur les talents oratoires et populistes de Bayrou, ce qui me semble très/trop maigre. L'ascension de Bayrou aux dernières présidentielles est dû à son positionnement et à sa posture plus qu'à son programme. S'il veut augmenter encore son score, il faudra être une alternative crédible et être un choix positif plus qu'un choix par défaut.

    Ca fait un an qu'on le répète partout, mais de mois en mois, on ne fait que constater la mort du siège, l'ankylose de l'activité des permanents, trop centrés sur le maintien de la structure MoDem.

    Sans cellules de travail, on n'ira jamais plus haut que les 18,5%, et l'électorat continuera lentement à s'éroder, à s'éroder, à s'éroder...

  • Nick,
    Vous savez bien que les programmes n'ont qu'une part très relative dans des élections, sinon ma ville serait orange actuellement, et ne vivrions-nous pas ce qui se déroule inexorablement sous nos yeux.

  • Si les compétences économiques de Bayrou sont faibles, celles du PS et de l'UMP (et Sarkozy en particulier) sont inexistantes.

    Plus sérieusement, je suis confiant sur le programme économique de Bayrou. Il est bien entouré, notamment de Peyrelevade.

  • @ Nick

    Mais c'est surtout que tu n'es pas informé. Des commissions travaillent actuellement, tant sur l'Europe qu'à plus long terme (ce sont des commissions différentes).
    Les commissions Europe préparent le programme pour l'Europe, même si les lignes directrices sont fixées.
    Les autres commissions ne rendent pas encore leurs conclusions dans l'immédiat, mais les têtes de file du MoDem donnent un bon aperçu de nos vues.
    Enfin, il demeure la base programmatique de Bayrou aux présidentielles, qui demeure pour de larges parties, valide.

  • @ Phil
    Je trouve aussi Corine Lepage très pertinente également. Je pense que dans le domaine économique, nous avons des individus compétents, d'autant que l'on ne parle pas de ceux qui ne sont pas connus mais savent de quoi ils parlent et oeuvrent au sein du MoDem.

  • Non, l'Hérétique, ce sont des commissions programmatiques, cela n'a rien à voir. On a eu les mêmes pour les municipales. Accoucher d'un programme et travailler en permanence, ça n'a rien à voir.

    Je croyais que Bayrou devait faire de l'opposition constructive. Le shadow cabinet du MoDem devant faire de l'opposition constructive, on l'attend encore...

  • Merci pour cet article rectificatif, celui de Marianne est un vrai scandale de désinformation.
    Mais comme Nick j'aimerais un peu plus de précisions et la mise en place (qui n'a que trop tardé) d'une forme de shadow cabinet.
    Quant au protectionnisme et à la décroissance, ce sont surtout des querelles sémantiques,, nous en reparlerons.
    Avez-vous des exemples de monopoles publics "injustifiés" et "justifiés" (pour faire vite) pour que l'on cerne bien les différences ?

  • @ Nick

    Pour le shadow cabinet, je le concède, il n'y a pour l'instant rien, et ça manque.
    Marielle de Sarnez avait voulu créer une structure de ce type pour Paris, mais il faut bien voir que c'est très difficile. Cela suppose de la veille, de l'analyse de la veille, des experts en conséquence et pas des individus qui balancent tout par dessus bord au premier désagrément.
    Si tu as déjà oeuvré dans un parti, tu dois savoir que c'est difficile à trouver, d'autant que le MoDem ne bénéficie d'aucune structure d'élus (et pour cause, il n'en a pas, mais je crois que tu as écrit un billet évocateur sur la calvaire des députés non-inscrits, donc tu connais le problème) pour pallier au bénévolat qui a ses limites.

    @ Florent
    France Telecom qui dispose encore du monopole pour une série d'activités liées aux télécommunications et s'en sert contre la concurrence, par exemple.

  • Bravo martine arrétons de nous voiler la face , notre mouvement est en panne.Il n'y a pas de travail programatif. Je fais parti de deux commissions : on ne produit rien. Je suis parti aux cantonales l'année dernière sans même pas une page de grande orientation de Paris . J'aurais pu raconter n'importe quoi dans mon programme le siége n'aurait rien dit. Ce que je dénonce c'est le discours ( que j'ai vu au conseil et à la conférence nationale ) de tout va bien madame la marquise on va faire 15 % aux européennes parce que l'on est les meilleurs et les autres les méchantsi. En politque c'est comme en sport , pas de travail pas de résultat.

  • @ Laurent
    "En politque c'est comme en sport , pas de travail pas de résultat."
    Oui, c'est vrai, mais les temps ont changé et il faut ajouter : "pas de com', pas de résultat."

  • Je suis d'accord avec les grandes lignes de l'article. Mais est-il besoin d'un programme détaillé ? Est-ce vraiment un shadow cabinet qui conviendrait ?
    Une structure (même pas si lourde), si elle n'existe pas, ne serait pas de trop.

  • @ Laurent
    Ah ? dans quelles commissions exactement ?

  • l'article de Marianne est une ineptie et une caricature du programme du MODEM. Je pensais que ce journal était sérieux. je ne vais plus me fier à ses analyses.

    c'est tellement nul comme article que je n'ai même pas essayé d'y répondre.

    pour contre-dire certains un travail sérieux est fait en commission du moins celles du projet Europe...

    les socialistes ont tenté de faire un shadow cabinet, ça n'a pas marché....

  • A ma connaissance cet article est sur le site et pas dans le magazine, ne pas mélanger. De toute façon la rédaction est très hétérogène et il y a certains auteurs auxquels on ne peut pas se fier, c'est assez facile de les repérer, ne mettons pas tout le monde dans le même panier. Mais même pour les autres, il faut toujours rester vigilant et garder un regard critique sur les analyses d'où qu'elles viennent, c'est ainsi avec les journalistes, on ne peut jamais leur faire (totalement) confiance...

  • Nous avons durant des mois défendus la liberté de la presse et des lors qu'un journal qui nous a largement aidé critique le Modem c'est une vague de d'indignation.
    Ce qui me fais peur actuellemnt dans notre mouvement c'est d'une part le manque évident de travail sur le projet et l'abscence totale de sens critique.

  • la presse est libre, mais comme dans tout système libre le droit réponse et de défense est tout aussi libre....

    à ceux qui critiquent l'absence de projet, participez-vous aux diverses commissions?

  • @ aster
    Pas une vague d'indignation, mais franchement, il est très approximatif.

  • @Laurent,
    Vous etes au conseil national, savez-vous que c'était le souhait profond de certaines personnes que j'aime,très motivées, vous devriez etre heureux.

  • Je trouve que l'article de Philippe Cohen Dans marianne2 est tout à fait judicieux ( à l'erreur près sur le déficit public!): il pose les vraies questions et attire notre attention sur l'insuffisance de notre réflexion collective pour l'instant.

    Les positions du modem sont perçues comme "floues" en particulier sur les questions économiques parce que, en réalité, elles n'ont pas encore été tranchées.

    Lors du congrès de l'ADLE, la position de JM Beaupuy -qui se déclare contre toute renationalisation- m'a profondément choquée: c'était certainement un point de vue de l'udf, mais est-ce toujours celle du Modem? Il me semble qu'il y a là au minimum matière à discussion et qu'un représentant de modem devrait pour l'instant jouer la carte d'une certaine prudence!

    Personnellement , je ne vois pas pourquoi on devrait s'interdire à priori cette possibilité dans la mesure où la structure privée fait dans certains cas courir de grands risques à l'intérêt
    public (je pense au secteur de l'énergie, du nucléaire, de la santé, etc...)

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