Je ne vais pas aller discuter avec Hashtable d'Allègre, je sens que cela va être le sujet qui fâche ; nous n'avons absolument pas le même avis sur le mammouth laineux. Mais, Hashtable propose tout de même dans sa note de s'intéresser aux choses sérieuses, et comme il suit assidûment l'actualité financière, il nous apprend que la célébrissime mais très sérieuse agence de notation Standard&Poor's envisage de dégrader la notation de la dette souveraine des Britanniques. Ce que ne dit pas H16, mais il le pense évidemment très fort, c'est que sur les marchés, cela a été une panique générale pendant toute la fin de semaine. Les cambistes, à la limite, l'Angleterre, ils s'en foutent, mais ils ont très rapidement pensé que l'agence pourrait bien faire la même chose pour les USA. Et pourtant, j'ai lu ici-même (faut que je retrouve qui) les écrits de quelqu'un m'assurant qu'il était impossible que la notation de pays comme l'Allemagne ou les USA passe en dessous de AAA...CQFD ?
Un tel danger (les États se retrouveraient à devoir emprunter à des taux très supérieurs avec un risque d'asphyxie financière à court terme faute de liquités ou à la suite d'effondrements budgétaires des états les plus fragiles) doit absolument être anticipé. A l'heure actuelle, seul le MoDem parmi les partis politiques français, semble en avoir pris la mesure : l'emprunt européen, aux yeux du MoDem doit être solidaire justement pour assurer aux états les plus faibles la garantie de cette notation et donc des taux plus bas. Alors, évidemment, il y a une autre solution (et à tous les coups, Hashtable y pense très très très fort même s'il se garde bien de le dire haut et fort) : ne pas emprunter, laisser le marché éliminer les canards boîteux, comme dirait Barre. Sauf que là, ça pourrait faire très très mal. Parce que Barre, à l'époque, quand il évoquait les canards boîteux en question, c'était de quelques PME qu'il parlait. Là, il s'agit d'États tout entiers ! Je ne vous raconte pas les réductions de poste, l'abandon d'un certain nombre de services d'intérêt général et tutti quanti pour parvenir à équilibrer les budgets. Et les dégâts dans la société. Je suis libéral, mais je n'ai pas la même confiance que H16 en la capacité des marchés à parvenir à s'auto-réguler. Pour l'instant, il me semble plus prudent de s'appuyer sur une intervention des États, à condition qu'elle soit concertée ! Dans le cas contraire, ce serait encore pire que pas d'intervention du tout.
Commentaires
:) Décidément, je vois que tu me fais penser très très fort à plein de choses.
Pour le reste, le mal est déjà fait : qu'on laisse ou pas le marché se réguler tout seul, il y aura de toute façon beaucoup de dégâts.
On est ici dans le paradigme du sparadrap. Il y a les tenants d'une intervention "concertée" des états, qui permettrait d'adoucir la transition. On retire le sparadrap (ou la cautère sur la jambe de bois) de façon "progressive" ou, comme tu le dis, "concertée". En pratique, on a observé que cette méthode provoquait des périodes de stagnation économique longue (ex du Japon) et/ou un chômage de masse durable (ex France). Sur le plan social, plus facile à gérer pour les gouvernants qui sont à l'abri des problèmes. Pour les gens d' "en-bas", évidemment, c'est un peu différent.
Il y a les tenants d'un retour immédiat au marché non parasité par les interventions étatiques. On retire le sparadrap - zwip - d'un coup. Là, c'est comme sevrer brutalement un alcoolique ou un héroïnomane. Choc très douloureux, soubresauts, crises violentes. Evidemment, tout le monde a du souci à se faire, y compris les politiques. Et généralement, ça ne se passe pas sans casse. Avantage : la reprise est notoirement plus rapide (on pourrait regarder, dans une certaine mesure, le cas de l'Allemagne après guerre, l'Angleterre, l'Argentine - attention, je dis bien dans une certaine mesure, puisqu'ici les données pointent sur une crise sans précédent pour laquelle il est donc difficile de faire des modélisation).
Mais soyons réalistes : le sparadrap va être retiré car il ne peut en être autrement. Et cela va faire mal.
Je souhaite sincèrement que tout ceci se termine bien (ou mieux que je l'espère) mais n'y crois presque plus.