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  • Sacré Lionel...

    Un court billet pour signaler que j'ai achevé la lecture de Lionel raconte Jospin depuis trois semaines environ. A vrai dire, je n'ai pas vraiment le goût de le commenter : pas l'once d'un début d'auto-critique là-dedans ! Lionel ne s'est jamais trompé, la présidentielle de 2002, s'il l'a perdue c'est de la faute des autres candidats de gauche, pas de la sienne, évidemment. Tiens, il a même conservé une dent contre Chevènement, jugeant sa candidature de l'époque stupide. Le Lionel, il est moins bonhomme que Chirac : sa relation de la cohabitation est à charge contre l'Jacquot. Il  laisse entendre, au passage, que Miterrand n'accordait pas la moindre confiance à Chirac, jugeant que ce dernier mentait à tout bout de champ (c'est les Guignols ou le Canard qui l'avaient surnommé Super-Menteur, au fait ?). Pas beaucoup d'estime non plus pour la vision politique du personnage. Au-delà de ça, je l'ai découvert bien plus critique que je ne l'aurais pensé vis-à-vis de Rocard, et, sans surprise, hostile à la politique de rapprochement du centre et de la gauche de l'homme de Conflans Saint-Honorine.

    L'ouvrage de Jospin n'est pas oeuvre d'auto-justification : c'est pire que cela, c'est une oeuvre toute entière tournée vers l'auto-satisfaction. Il demeure incapable du moindre regard critique sur son action, et ne comprend toujours pas pourquoi seuls 16% des Français ont voté pour lui en 2002. Désespérant...

    Dernier détail, apparemment, ses parents ont été des amis de Marc Sangnier et son père du mouvement du Sillon, si chers à nombre de nos militants et théoriciens démocrates. Lionel, lui, a plutôt choisi le compagnonnage trottskiste, estimant que ce fut une bonne école politique.

  • Dette, les prophéties de Bayrou

    Si Troie avait écouté Cassandre, le sort de l'Europe s'en fût trouvé changé, et par là, l'histoire du monde. Cassandre, c'est une fille de Priam et surtout une prêtresse d'Apollon qui passa son existence à mettre en garde les Troyens contre les dangers qui les menaçaient. En vain. Troie ne l'écouta pas et s'effondra. Cette défaite sanctionna l'aveuglement des Troyens et permit aux Grecs d'asseoir leur domination sur l'Asie mineure.

    Il n'aura pas échappé aux lecteurs attentifs de ce blog qu'il y figure sur le côté en haut à droite une listes de liens aux noms aussi ésotériques que mystiques. On en compte un, notamment, qui répond au doux nom de "Prophéties". Il renvoie en fait vers le site de campagne de François Bayrou, lors des élections présidentielles, et, très précisément sur ses propositions pour la France.

    C'est impressionnant de voir comment en deux ans, tous les thèmes et les problèmes soulevés par François Bayrou lors de cette campagne reviennent les uns après les autres au premier plan.

    Au hasard, par exemple : la dette. ô surprise, on en reparle. Entre-temps, les choses se sont juste considérablement dégradées, et pas qu'à cause de la crise, contrairement à ce qu'essaient de faire croire le gouvernement et Nicolas Sarkozy.

    C'est édifiant : nous sommes passés de 3-3.5% à 7-7.5%. Cela signifie que les déficits ont plus que doublé en deux ans. Moi j'invite à relire ce que disait François Bayrou fin 2006 et début 2007 et à comparer avec notre situation actuelle. Bayrou est le seul, d'ailleurs, à continuer à évoquer régulièrement ce danger.

    Pour Nicolas Sarkozy, c'est la vie à crédit : si on l'avait écouté, on aurait introduit il y a trois ans les subprimes en France. Résultats, nous aurions alors non seulement un état hyper-endetté mais également des foyers croulant sous un monceau de dettes.

    Est-ce qu'il faut passer en revue toutes les exemptions et décisions qui coûtent cher à la France, ces dernières années ? En fait, je pourrais faire la comptabilité des années Jospin jusqu'à nos jours. De la décision imbécile de supprimer la vignette sur les automobiles, de privatiser les autoroutes au moment où elles commencent à avoir un bon rapport jusqu'à celle de priver la télévision publique de recettes publicitaires, elles sont nombreuses ces mesures qui tôt ou tard finiront par se payer, et pas d'une manière que nous aurons choisie.

    Bayrou observait sur son site : Depuis vingt-cinq ans, tous les gouvernements ont été coupables de ce laisser-aller. Tous les jours, l'État dépense 20 % de plus que ce qui rentre dans ses caisses. Malgré ce constat, que tout le monde fait, les candidats du PS et de l'UMP promettent plus de soixante milliards d’euros de dépenses nouvelles. Cette attitude est irresponsable. C'est pourquoi je ne prendrai aucun engagement qui ne soit financé par une économie correspondante.

    Nous ne pouvons plus augmenter notre dette. Il faut remettre à plat toute notre fiscalité et toutes nos dépenses afin de définir ce que nous pouvons ou devons garder à la charge de l'État et ce qui doit rester à la charge du citoyen.

    En pleine crise économique, avec des déficits aussi lourds, ce n'est vraiment pas le moment de parler de gratuité par ci ou par là.  L'argent doit rentrer dans les caisses de l'État sans casser la machine économique. Et l'État doit restreindre ses dépenses sans sacrifier l'avenir.

    Je ne suis pas le seul à m'inquiéter des déficits colossaux que nous continuons à accumuler. Nous allons devoir tôt ou tard payer notre protection sociale si nous voulons la conserver. Et au prix fort. En fait, l'équation est très simple : soit on la paie (hausse d'impôts) soit on y renonce. Au choix. Je pense que les Français peuvent accepter de payer, mais l'effort doit être équitable et les concerner tous sans exception. Les plus riches, les plus puissants, les mieux en cour ne doivent pas pouvoir y échapper. Seul l'argent qui génère du travail me semble devoir être protégé, dès lors qu'il ne coûte pas d'argent à l'État.

    Il y a solution complémentaire, et je crois qu'on ne peut plus l'esquiver désormais, c'est la TVA sociale. Comme l'expliquait Jean Arthuis en 2006 elle offre quelques avantages : pas d'impact sur nos exportations, rééquilibrage des coûts pour ceux chez qui nous importons et qui font du dumping social, effet relativement limité sur les entreprises si l'on ne taxe que les services. Cela me semblerait d'ailleurs pertinent.

    Toutefois, cette mesure ne devrait pas servir de bouée de sauvetage, parce que ce n'est pas la réforme socialement la plus juste (encore que : in fine, qui consomme le plus est taxé le plus, et qui est le plus riche consomme forcément le plus...). Elle doit venir avec toute une série d'autres mesures qui rétablissent justice fiscale et sociale. Notamment, il doit être hors de question de financer les cadeaux du chef de l'État de cette manière (certaines mesures de la loi TEPA, fin des recettes publicitaires sur les chaînes publiques, gratuité des musées).

    Une loi-cadre devrait établir sans aucune possibilité de dérogation que les recettes de cette TVA seraient affectées exclusivement aux comptes sociaux et à rien d'autre. Cela suppose donc de revenir sur certaines mesures déjà prises. Rien ne se fera sans équité. Enfin, il ne saurait être question d'un transfert total de notre protection sociale sur une TVA sociale. François Bayrou s'était montré très réservé sur une telle option. Il s'agirait plutôt d'un complément destiné à éponger les déficits de nos comptes sociaux.

     

  • Jospin matraque Royal !

    Moi, à la limite, cela ne me regarde pas, ce sont les affaires internes du PS, mais, tout de même, je le trouve gonflé, le Lionel : il se permet des jugements de valeurs envers Ségolène Royal, la cantonnant par avance aux seconds rôles et dénonçant son manque d'envergure, alors que lui-même a été éliminé dès le premier tour par un candidat d'extrême-droite.

    Ségolène Royal, elle, en face, a réuni le plus grand nombre de suffrages qu'un candidat de gauche n'ait jamais réuni à une élection présidentielle. Jospin ferait bien de ne pas l'oublier.

    Moi, à sa place, je me tairais et je me planquerais, parce que là, je le trouve particulièrement mal placé pour parler, d'autant qu'on a jamais entendu la moindre auto-critique de sa période de gouvernement.

    Et il y aurait long à dire sur ce sujet. 

    Les Socialistes sont décidément pitoyables envers leur ex-candidate, après l'avoir coulée par l'inanité de leurs propositions pendant la campagne présidentielle. 

  • Grand Corps Malade Enseignant

    J'ai trouvé cet extrait de théâtre remanié, inspiré de Molière sur une liste de professeur lettres. Comme j'ai décidé de prendre quelques vacances, je ne pourrai réagir aux commentaires, mais je programme tout de même la publication de ce pastiche qui m'a franchement bien fait rigoler...

     

     

    Grand Corps Malade Enseignant

     

    Le Médecin – Monsieur, je suis un médecin qui demande à vous voir.

    Le Malade – Quel médecin ?

    Le Médecin – Un médecin de la médecine.

    Le Malade – De la vraie médecine des vrais médecins ?

    Le Médecin – Assurément.

    Le Malade –Approchez. Un malade est toujours bien aise de rencontrer des médecins.

    Le Médecin – Monsieur, agréez que je vienne vous rendre visite et vous offrir mes petits services pour toutes les maladies que vous pouvez avoir. Votre réputation de Grand Corps Malade Enseignant est venue jusqu’à moi, et a aiguisé ma curiosité. Car « enseignant », cela peut s’écrire en un mot,  « enseignant » (il trace dans l’air un trait continu),  ou en deux mots : « en saignant » (il prononce les deux mots distinctement et trace dans l’air deux traits discontinus)

    Le Malade – Je suis fort honoré de cet intérêt.

    Le Médecin – C’est que, Monsieur, je suis à la recherche de malades dignes de m’occuper, qui présentent de fréquents accès de dépression ou d’exaspération, de bonnes fièvres avec inflammation des méninges, de splendides transports au cerveau, et j’ai ouï dire que le corps enseignant était atteint magnifiquement de tous ces symptômes.

    Le Malade – Je vous suis obligé, Monsieur, des bontés que vous avez pour moi.

    Le Médecin – Cela n’est rien.  Qui est à présent votre médecin ?

    Le Malade – Monsieur Sarkozy.

    Le Médecin – Cet homme-là n’est point écrit dans mes tablettes parmi les grands médecins. Quels médecins voyiez-vous avant lui ?

    Le Malade – J’ai consulté Monsieur de Villepin, Monsieur Raffarin et Monsieur Jospin

    Le Médecin – Tous ces « ins, ins » ne me disent rien qui vaille. Y avait-il avec eux des apothicaires ?

    Le Malade – Monsieur Jospin avait un apothicaire nommé Monsieur Allègre. Ce joyeux drille me traitait de mammouth et avait fabriqué une potion amaigrissante, qui ne m’a point réussi, pas plus qu’à lui-même, d’ailleurs. Il était accompagné d’une assistante nommée Dame Royal, qui voulait à toute force que j’écrive sur des bulletins que tout allait bien, quand tout allait mal.  

    Le Médecin – Par ma foi, je ne connais point ces gens-là. De quoi disent-ils que vous êtes malade ?

    Le Malade – Monsieur Sarkozy dit que c’est de ne pas assez travailler, et d’autres disent que c’est de ne point faire de séquences. 

    Le Médecin, après avoir pris le pouls du malade -   Ce sont tous des ignorants. C’est du collège que vous êtes malade.

    Le Malade – Du collège ?

    Le Médecin – Oui. Que sentez-vous ?

    Le Malade – Je sens très souvent des douleurs de tête.

    Le Médecin – Le collège.

    Le Malade – J’ai quelquefois des maux de cœur.

    Le Médecin – Le collège.

    Le Malade – Il me prend parfois des démangeaisons dans les mains, comme si j’avais envie de frapper quelqu’un.

    Le Médecin – Le collège.

    Le Malade – Et à d’autres moments, j’ai envie de pleurer toutes les larmes de mon corps.

    Le Médecin – Le collège, le collège, vous dis-je. Que vous ordonne votre médecin pour votre traitement ?

    Le Malade – Il m’ordonne de bien ancrer mon discours dans la situation d’énonciation.

    Le Médecin – Ignorant.

    Le Malade – De me placer dans un cadre spatio-temporel et d’adopter le point de vue interne, autrement appelé la focalisation.

    Le Médecin – Ignorant.

    Le Malade – De repérer sans faute les phrases jussives, inchoatives et dialogiques.

    Le Médecin –Ignorant.

    Le Malade – Aussi, de choisir bien soigneusement les déictiques, selon la valeur aspectuelle de l’énoncé.

    Le Médecin -  Ignorant .

    Le Malade – De manier avec une précision machinique les outils de la langue.

    Le Médecin – Ignorant.

    Le Malade – De bien discerner quels sont les actants, les adjuvants, les opposants, tant chez le destinataire que chez le destinateur.

    Le Médecin –Ignorant.    

    Le Malade – Et surtout, de ne pas confondre les modes, les modalisateurs, et la modélisation, en tenant fort grand compte du lexique évaluatif.   

    Le Médecin – Ignorantus, ignoranta, ignorantum. Il vous faut revenir à la littérature ; et, pour vous remonter le cœur qui est un peu bas, il vous faut déguster de la poésie bien succulente, des pièces de théâtre bien  savoureuses, des romans d’une moelle bien substantifique, des essais légers au pourchas et hardis à la rencontre, de bons gros films, de bonnes opérettes bien grasses, et des opéras délicieusement nourrissants.

    Le Malade – Ce traitement-là me convient fort bien. Mais quel remède me proposez-vous, si je suis malade du collège, comme vous dites ?

    Le Médecin – Le remède à cela ? Rien n’est plus simple : il faut prendre votre retraite, et aller goûter au dehors la littérature et les arts.

    Le Malade – Ah ! que voilà en effet un remède des plus ingénieux ! Viens, ô Médecin, que je t’embrasse pour ce mot. Et que les Sarkozy, Villepin, Raffarin et Jospin ne prétendent plus nous guérir, pas plus que leurs apothicaires !