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Dette, les prophéties de Bayrou

Si Troie avait écouté Cassandre, le sort de l'Europe s'en fût trouvé changé, et par là, l'histoire du monde. Cassandre, c'est une fille de Priam et surtout une prêtresse d'Apollon qui passa son existence à mettre en garde les Troyens contre les dangers qui les menaçaient. En vain. Troie ne l'écouta pas et s'effondra. Cette défaite sanctionna l'aveuglement des Troyens et permit aux Grecs d'asseoir leur domination sur l'Asie mineure.

Il n'aura pas échappé aux lecteurs attentifs de ce blog qu'il y figure sur le côté en haut à droite une listes de liens aux noms aussi ésotériques que mystiques. On en compte un, notamment, qui répond au doux nom de "Prophéties". Il renvoie en fait vers le site de campagne de François Bayrou, lors des élections présidentielles, et, très précisément sur ses propositions pour la France.

C'est impressionnant de voir comment en deux ans, tous les thèmes et les problèmes soulevés par François Bayrou lors de cette campagne reviennent les uns après les autres au premier plan.

Au hasard, par exemple : la dette. ô surprise, on en reparle. Entre-temps, les choses se sont juste considérablement dégradées, et pas qu'à cause de la crise, contrairement à ce qu'essaient de faire croire le gouvernement et Nicolas Sarkozy.

C'est édifiant : nous sommes passés de 3-3.5% à 7-7.5%. Cela signifie que les déficits ont plus que doublé en deux ans. Moi j'invite à relire ce que disait François Bayrou fin 2006 et début 2007 et à comparer avec notre situation actuelle. Bayrou est le seul, d'ailleurs, à continuer à évoquer régulièrement ce danger.

Pour Nicolas Sarkozy, c'est la vie à crédit : si on l'avait écouté, on aurait introduit il y a trois ans les subprimes en France. Résultats, nous aurions alors non seulement un état hyper-endetté mais également des foyers croulant sous un monceau de dettes.

Est-ce qu'il faut passer en revue toutes les exemptions et décisions qui coûtent cher à la France, ces dernières années ? En fait, je pourrais faire la comptabilité des années Jospin jusqu'à nos jours. De la décision imbécile de supprimer la vignette sur les automobiles, de privatiser les autoroutes au moment où elles commencent à avoir un bon rapport jusqu'à celle de priver la télévision publique de recettes publicitaires, elles sont nombreuses ces mesures qui tôt ou tard finiront par se payer, et pas d'une manière que nous aurons choisie.

Bayrou observait sur son site : Depuis vingt-cinq ans, tous les gouvernements ont été coupables de ce laisser-aller. Tous les jours, l'État dépense 20 % de plus que ce qui rentre dans ses caisses. Malgré ce constat, que tout le monde fait, les candidats du PS et de l'UMP promettent plus de soixante milliards d’euros de dépenses nouvelles. Cette attitude est irresponsable. C'est pourquoi je ne prendrai aucun engagement qui ne soit financé par une économie correspondante.

Nous ne pouvons plus augmenter notre dette. Il faut remettre à plat toute notre fiscalité et toutes nos dépenses afin de définir ce que nous pouvons ou devons garder à la charge de l'État et ce qui doit rester à la charge du citoyen.

En pleine crise économique, avec des déficits aussi lourds, ce n'est vraiment pas le moment de parler de gratuité par ci ou par là.  L'argent doit rentrer dans les caisses de l'État sans casser la machine économique. Et l'État doit restreindre ses dépenses sans sacrifier l'avenir.

Je ne suis pas le seul à m'inquiéter des déficits colossaux que nous continuons à accumuler. Nous allons devoir tôt ou tard payer notre protection sociale si nous voulons la conserver. Et au prix fort. En fait, l'équation est très simple : soit on la paie (hausse d'impôts) soit on y renonce. Au choix. Je pense que les Français peuvent accepter de payer, mais l'effort doit être équitable et les concerner tous sans exception. Les plus riches, les plus puissants, les mieux en cour ne doivent pas pouvoir y échapper. Seul l'argent qui génère du travail me semble devoir être protégé, dès lors qu'il ne coûte pas d'argent à l'État.

Il y a solution complémentaire, et je crois qu'on ne peut plus l'esquiver désormais, c'est la TVA sociale. Comme l'expliquait Jean Arthuis en 2006 elle offre quelques avantages : pas d'impact sur nos exportations, rééquilibrage des coûts pour ceux chez qui nous importons et qui font du dumping social, effet relativement limité sur les entreprises si l'on ne taxe que les services. Cela me semblerait d'ailleurs pertinent.

Toutefois, cette mesure ne devrait pas servir de bouée de sauvetage, parce que ce n'est pas la réforme socialement la plus juste (encore que : in fine, qui consomme le plus est taxé le plus, et qui est le plus riche consomme forcément le plus...). Elle doit venir avec toute une série d'autres mesures qui rétablissent justice fiscale et sociale. Notamment, il doit être hors de question de financer les cadeaux du chef de l'État de cette manière (certaines mesures de la loi TEPA, fin des recettes publicitaires sur les chaînes publiques, gratuité des musées).

Une loi-cadre devrait établir sans aucune possibilité de dérogation que les recettes de cette TVA seraient affectées exclusivement aux comptes sociaux et à rien d'autre. Cela suppose donc de revenir sur certaines mesures déjà prises. Rien ne se fera sans équité. Enfin, il ne saurait être question d'un transfert total de notre protection sociale sur une TVA sociale. François Bayrou s'était montré très réservé sur une telle option. Il s'agirait plutôt d'un complément destiné à éponger les déficits de nos comptes sociaux.

 

Commentaires

  • Grand merci pour cet article.

    Le PS, l'UMP et les journalistes au lieu de casser du Bayrou et se moquer de lui ( suite à l'émission de France 2 par exemple), feraient mieux d'expliquer le problème et/ou de le solutionner.

    Il s'agit quand même de la richesse collective, du financement de notre système de solidarité, de l'éducation, de la police et toute autres tâche régalienne!

    Je remercie Bayrou (et à moindre titre l'hérétique) de rappeler ce problème.

  • en période de forte crise économique l'endettement est inéluctable car il faut investir pour limiter la casse sociale et en plus il y a moins de rentré d'argent vu la baisse de l'activité et l'augmentation du nombre de chômeurs.

    une fois la crise passée il sera nécessaire de s'attaquer au problème de la dette afin de se donner plus de marge de manoeuvre en cas de nouvelle crise économique.

    la TVA sociale, oui mais il faut des conditions économique favorables pour la mettre en place sinon c'est risqué. après il n'y a pas 36 solutions, faire des économies mais ou ? A un moment donné il faudra privilégier certaines choses au détriment d'autres et il faudra du courage politique. Augmenter les impôts peut-être une solution impôts ....

  • Le problème, c'est me semble t-il que dès le départ le gouvernement n'a pas voulu s'attaquer à la dette. Effectivement, 60 milliards de "dons", uniquement pour se faire élire...
    Après, en période de crise, il me semble normal que la dette augmente, mais si on était parti d'un niveau plus bas, clairement on n'en serait pas au chiffre actuel qui est colossal.
    La fin de la publicité sur les chaînes publiques, franchement no comment... C'est vraiment la caricature de ce qu'aura pu faire comme bêtise Sarkozy.
    Pour ce qui est de la TVA sociale, je suis plus réservé: n'oublions-pas que contrairement au discours officiel qu'avait distillé une chaîne comme TF1 à l'époque où on en parlait, il y a dans toute production faite en France une part de matériaux ou de produits "semi-finis" importés: une hausse des prix (certains économistes l'ont estimée à 1 à 2%) est à prévoir, même en achetant du made in France. A moins que les entreprises n'acceptent de rogner sur leur marge, mais ça me paraît très incertain.

  • assez d'accord avec JF le démocrate, le problème de la dette aurait dû être géré depuis longtemps, ce n'est pas en période de crise économique qu'il faut l'aborder...

  • Depuis mai 2007 il semble que les pb des fondamentaux économiques (compétitivité, investissement,dette) soient négligés et surtout éludés, crise ou pas crise. Le comment ils seraient maintenant pris à coeur avec la confiance et une certaine unité que cela suppose, reste un mystère pour moi.

    En tout cas, merci pour cette article, où l'on a un indicateur économique précis.

  • Tout à fait d'accord avec votre analyse. S'endetter pour éviter une cure d'austérité...Il faudrait arrêter de nous prendre pour des cons là...Evidemment, ils vont continuer à nous dire que la dette publique japonaise dépasse les 200% et que nous n'en sommes donc qu'à la moitié du chemin. Mais à ce propos, quel pays est en quasi-stagnation depuis une quinzaine d'années?

  • merci pour ce billet l'héretique, je partage ton analyse et le fait que hélas, bayrou avait vu juste en 2007.

    sarkosy va lancer un emprun parceque l'état n'a tout simplement plus du tout de marge de manoeuvre, je dit que c'est une dette qui s'ajoute à une autre dette!

    Nous sommes en crise et évidement, ce n'est pas le moment de s'attaquer à la dette, mais de grace, arrêtons de creser notre tombe!

  • J'oubliais, les Danois connaissent bien la TVA sociale pour l'avoir mis en oeuvre en 1987 en relevant le taux de TVA de 22 à 25% moyennant un allègement des charges pesant sur les entreprises. Un sujet tout trouvé pour un prochain article...

  • @ Courrier du Danemark

    Si vous en écrivez un chez vous, je le relaie ici !

  • La réduction de la dette, très bien.
    Mais SVP ne nous ressortez pas cette histoire de TVA "sociale" pour diminuer les prélèvements sur les salaires.
    Nombre d'économistes ont montré à quel point l'idée était mauvaise. Rien que sur le web, on a pu lire T.Piketty, O.Bouba Olga, E. Maurin, P. Artus, A. Delaigue, etc.

  • @l'hérétique

    Pour info, la charge "sociale" annuelle pesant sur le travail s'élève à environ 200 milliards d'euros. Un transfert total reviendrait à augmenter la TVA de 50pts à 69,6% !

    @Courrier Danemark

    Je ne conteste pas le modèle danois comme exemplaire en matière budgétaire, sociale et plus généralement économique.

    Toutefois, et sans même entrer dans les détails (pardonnez-moi), attribuer son plein emploi, ses excédents, budgétaire et commercial ainsi que son système performant de protection sociale d’AUJOURD'HUI à sa hausse de la TVA et sa baisse conjointe des charges patronales en 1987 (!) me paraît très contestable voire hasardeux. Je vous invite à consulter le rapport du Sénat sur ce point : vous verrez qu’en termes de légèreté de l’argumentation, il se pose là ! http://www.senat.fr/rap/r04-052/r04-05240.html

    Maintenant, munissez-vous des chiffres de l’OCDE sur le Danemark http://www.oecd.org et vous constaterez que les années 1987 à 1990 furent marquées par une baisse de la consommation des ménages et une stagnation quasi complète du PIB, alors que l’économie mondiale était en pleine expansion : la plupart des pays, y compris la France, avaient un rythme de croissance dépassant 3 %.

    De 1991 à 1993, malgré une timide reprise de la consommation intérieure, l’économie danoise continua à stagner, mais le Danemark n’était plus seul à souffrir. La plupart des pays étaient alors en récession : en 1991, les Etats-Unis et l’Angleterre connurent une croissance négative, puis ce fut le tour de la France et de l’Allemagne en 1993.

    Au total, l’économie danoise resta stagnante pendant sept ans, de 1987 à 1993, le taux de croissance ne dépassant pas 1 %. Peu de pays connaissent des périodes de stagnation aussi prolongées. Cette longue stagnation a permis de redresser la balance des paiements courants, ce qui était l’objectif n°1, cette balance devenant même excédentaire à partir de 1990. Mais elle a eu deux effets négatifs : l’augmentation du déficit budgétaire et du chômage. Le déficit budgétaire augmente généralement dans les périodes de récession, car les impôts rentrent mal et les gouvernements ont alors tendance à laisser filer les dépenses publiques pour soutenir l’économie.

    En 1993, le déficit atteignit 3,9 % du PIB, et la dette publique 78 %. Quant au taux de chômage, il progressa d’année en année, passant de 7,9 % en 1988 à 12,3 % à la fin 1993 !

    Je pense qu’ignorer ces simples observations est parfaitement suicidaire voire criminel. Le modèle danois en matière de TVA sociale est un « mauvais exemple » car ce n’est tout simplement pas un exemple. En tout cas pas pertinent, voilà tout.

    Amicalement.

  • oups, buildfreedom m'a devancé. Effectivement le Danemark a souffert pendant plus dix ans avec la TVA sociale. C'est pour ça que je disais dans mon premier post qu'il faut certaines conditions pour bien la mettre TVA sociale en place car sinon c'est risqué.

  • Parce qu'on vous a dit que "tout" été possible !!

    (ok je sors ..... en attente du billet du Courrier)

  • Ce qui s'est passé au Danemark en 1987 est singulier. Au vu des différences existantes en termes de fiscalité entre nos deux pays, il serait effectivement malhonnête de dire "faisons comme eux et tout ira bien". Je me propose juste d'informer, en ayant à l'esprit qu'il est hors de question de mettre en application la TVA sociale en France sans passer au préalable par une remise à plat intégrale de notre système fiscal.
    D'autre part, loin de moi l'idée d'avancer que c'est grâce à la TVA sociale que le Danemark a atteint le plein emploi, des excédents budgétaires...etc. J'espère avoir pu montrer que les résultats obtenus sont dus à un ensemble de facteurs, la plupart n'ayant d'ailleurs pas nécessairement à voir avec la fiscalité.

  • D'après Sarkoléon, il y a maintenant une bonne dette et une mauvaise dette... la belle affaire. Cette crise n'en finit pas d'être une aubaine pour celui qui a un désir pathologique de s'ériger un sauveur du monde et dont la politique n'avait fait qu'accroître la "mauvaise" dette.
    Et on ne parle plus, évidemment, d'un emprunt européen. Chacun pour soi, voilà la nouvelle dévise... + un Président de la Commission minable garant de l'égomanie de nos Gordon, Silvio, Nicolas...

    Ce discours de Sarko à Versailles, quel manque d'inspiration! Quel spectacle pathétique d'un nain qui veut jouer dans la cour des grands. Ouarf!
    Evidemment, Chevènement et d'autres ont bien apprécié le discours sur la "bonne" dette. Allez, hier c'était la politique de la dévaluation du franc, maintenant, l'emprunt et la dette à tout va? Super! Merci l'UMPS, votre connerie mutuelle nous promet des lendemains qui chantent!

  • @ pastel
    comme dit Bayrou, la bonne et la mauvaise dette, au final, ça ne fait que de la dette qu'il faudra payer un jour...

  • Excellente réaction de Michel Sapin quant au "grand emprunt" du Sarkophage (voir à partir d'une minute 30), comme quoi tout n'est pas perdu au PS:

    http://dailymotion.virgilio.it/video/x9nt04_michel-sapin-franceinfo-23-06-2009_news

  • @ pastel

    Vous plaisantez ? Sapin a été ministre de l'économie et a contribué comme tous les Socialistes au creusement des déficits. ça lui va bien de donner des leçons maintenant...

  • Il n'est jamais trop tard pour apprendre...

  • @Pastel

    Michel Sapin, qu'a donc dit d'intéressant ?

  • Excuses, qu'a-il donc dit d'intéressant ?

  • Voir le lien dans mon message précédent (plus haut!).

  • @Pastel, Oui, j'avais écouté et j'ai réécouté, et je pose toujours la même question !
    (Je vais avoir l'air bête, tans pis...,
    je n'ai jamais mis de lien, seriez vous assez aimable pour me donner des indications pour ce faire ?).

  • - je ne plaisantais pas, j'ai compris : juste un copier coller -
    Sapin s'inquiète avec vertu de cette dérive particulière, il n'est pas le seul. Avec ses voeux pieux, le plan de relance PS (qui répond à peu) et rien d'autre il est bien dans l' UMPS.

  • Pour contribuer au débat:
    http://courrierdanemark.wordpress.com/2009/06/28/tva-sociale-le-cas-danois/

  • @Courrier Danemark

    Très bon article...

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