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travail

  • Éducation, travail, attention aux mauvais signaux...

    Je me défie tout à fait des noms que j'entends pour l'Éducation nationale à l'heure actuelle. J'ai d'abord entendu parler de Corinne Lepage : je ne sais pas trop ce qu'elle viendrait faire sur un ministère qui ne lui est pas familier. L'éducation ne doit pas être un ministère où l'on recase des alliés. Si elle devait être pertinente, c'est à l'environnement pour lequel elle a des idées intéressantes.

    Le nom de Laurent Bigorgne circule : c'est le directeur de l'Institut Montaigne. Dans le domaine de l'école, on peut dire que ce think tank fait partie de ce qui a été produit de plus nocif et fumeux de concert avec la pédagogolâtrie triomphante. C'est à nouveau des idéologues à la rue de Grenelle. Pire que tout et l'assurance que notre école va continuer à être démolie avec des idées et des propositions de merde. 

    L'institut Montaigne a hautement approuvé la réforme des rythmes scolaires (réforme de merde) et voulait également réduire les vacances scolaires d'été (idée de merde).

    Enfin, Laurent Bigorgne applaudissait des deux mains la réforme (de merde) du collège (la preuve ici) jugeant toutefois qu'elle n'allait pas assez loin. 

    Bref un TRÈS MAUVAIS SIGNAL si c'est lui le ministre de l'Éducation Nationale.

    Il n'y a pas que cela : il y aussi le travail.

     Vouloir faire vite pour une nouvelle loi-travail qui passerait par ordonnances c'est l'assurance de se ramasser en beauté, et, à vrai dire, ce serait bien fait. Je me suis fermement opposé à la loi El-Khomri et à son cortège d'injustices. J'espère bien qu'Emmanuel Macron n'a pas l'intention de remettre ça en l'état. Il doit bien comprendre que les Français ne le supporteront pas et que s'il véhicule une loi injuste, son quinquennat est mort. A

    Accessoirement, je suis parti pour le soutenir et lui donner une chance depuis le mois de février, mais il ne faudrait pas continuer à m'envoyer de mauvais signaux...

     

  • Travail : Bayrou face à Macron

    Projet de Macron :

    - faire travailler plus les jeunes pour le même prix. En somme, réduire le chômage en sous-payant la jeunesse. Minable.  Je ne comprends pas comment les jeunes peuvent voir en Macron leur candidat naturel. Il ne leur est pas de pire ennemi dans la classe politique française.

    - faire travailler les seniors moins pour le même prix. Seniors pour Macron, c'est 50 ans et plus. Quel entrepreneur choisirait d'embaucher un "senior" dans ces conditions ? Il y a aussi un présupposé que le + de 50 ans serait nécessairement improductif ? On est vieux à 50 ans ?

    Le faux jeunisme de Macron, son mépris de ceux qui sont déjà faibles m'exaspèrent. Il y a là la suite logique de payer moins les heures du dimanche ou encore de vouloir affaiblir les accords de branche.

    Je ne comprends pas comment mes amis du MoDem s'obstinent à le soutenir et ne voient pas que cet homme-là et François Bayrou ne défendent pas le même modèle.

    Tout le raisonnement de Bayrou sur le travail est de penser qu'on ne fera pas des gains de compétitivité en baissant le salaire des Français. C'est pourtant le calcul de Macron.

     

  • Temps de travail : Hamon a raison sur le fond.

    Puisque j'ai participé à la primaire de la droite, je vais faire la même chose pour celle de la gauche. Après tout, nous autres centristes pouvons voter aussi bien à gauche qu'à droite.

    Et je vais voter pour Hamon. 

    Les autres, ils m'agacent tous avec leur valeur travail à la noix. Il a raison, Hamon, au fond : on ne devrait pas aller vers plus de travail mais vers moins de travail, au fil de l'évolution de nos sociétés.

    Ils sont tous à révérer comme le veau d'or la malédiction biblique que Dieu a infligé à Adam en le chassant d'Eden.

    C'est à la sueur de ton front que tu mangeras ton pain.

    Eh bien non. Je dénie que cela soit l'alpha et l'oméga de la réflexion sur le travail, comme on le trouve par exemple chez cet abruti de Peillon que je ne peux décidément pas supporter.

    Le problème, c'est que le programme économique et fiscal de Hamon devrait être d'une toute nature pour que je songe sérieusement à le soutenir et ce n'est pas demain la veille que cela se produira.

    Il n'empêche, son idée de taxer les machines plutôt que les humains n'est pas idiote. Il faut juste trouver un modèle économique qui rende cette fiscalité pertinente et qui assure de ne pas mettre à mal la compétitivité de nos entreprises. C'est là, où, je le crains, le bât blesse.

    Il n'en apporte pas moins une vraie fraîcheur dans le paysage politique, sur ce thème-là du moins, à l'heure où Fillon rêve de porter la durée légale du travail à 48 heures. Les Macron, Peillon, Valls et consorts sont sur une ligne à peine différente.

  • Trente-cinq heures : la droite se plante complètement (et Macron aussi)

    Je m'inquiète de l'impéritie économique de la droite et d'une partie de la gauche (les sociaux-libéraux). Les voilà tous à croire que les 35 heures sont notre problème majeur. De plus, quand j'entends les incantations des personnalités de droite sur la valeur travail, j'ai la sensation d'écouter des individus d'un autre temps. Ils ne comprennent pas le monde dans lequel nous vivons. L'objectif de société, ce n'est pas d'aller vers plus de travail, mais au contraire, vers moins. Et cet objectif est pleinement cohérent avec l'objectif économique qui est, lui, de gagner en productivité.

    Chaque nouvelle majorité vient mettre le bazar dans l'arsenal de lois pourtant déjà épais de nos codes juridiques à coups de grandes réformes. On ne cesse pourtant de le dire, c'est d'abord l'instabilité fiscale et juridique qui sème le trouble dans la vie entrepreneuriale en France.

    Au passage, c'est amusant (enfin, si l'on peut dire) de constater que le même phénomène se produit dans l'Éducation Nationale avec son lot de sigles, de réformes incompréhensibles et de marques de passage des différents présidents et ministres.

    La sphère politique, mais aussi une partie de la sphère entrepreneuriale, ne comprend pas qu'elle ne réalisera pas les gains espérés en tuant à la tache ses cadres. Il faut arrêter les déclarations imbéciles avec les 35 heures. C'est là où on voit que les "professionnels" de la politique n'ont jamais travaillé. Les cadres de haut niveau accumulent déjà des horaires délirants : les 35 heures, c'est la théorie qui permet tout de même les RTT, mais la réalité, c'est souvent jusqu'à 70 heures de travail certaines semaines.

    Et les idéologues imbéciles veulent en rajouter une couche en faisant sauter le dernier verrou ?

    Au lieu de bêtement chercher à charger la mule toujours plus, la droite (et j'espère le centre) feraient bien de se concentrer sur l'organisation du travail et les mobilités qui y sont associées (les pertes de temps qu'elle induit par sa déficience sont colossales).

    On ferait mieux de prendre exemple sur Google ou encore la Suède qui passe à la journée de six heures, qui ont compris que le bien-être des salariés est un facteur très important de productivité et de dynamisme pour une entreprise. Associer à des rythmes de travail efficaces un management intelligent qui reconnaît l'effort et la compétence, voilà des clefs pertinentes.

    Le but, ce ne devrait pas être de travailler plus mais de travailler mieux. 

    Je me demandais ce que les Régions peuvent faire dans mon dernier billet : je pense que c'est un levier sur lequel elles peuvent avoir une action à condition de le prendre au sérieux. Bien sûr, le transport est un élément très important, dans une telle optique, parce qu'on y consacre souvent beaucoup trop de temps. Il ne s'agit donc pas de pouvoir relier un point à un autre mais que cela soit très rapide, et ce, en incluant dans le décompte final le départ de chez soi jusqu'à l'arrivée sur le lieu de travail. Marielle de Sarnez et Yann Werhling proposaient dans leur document de travail de réfléchir à une articulation entre urbanisme et mobilités, faisant observer qu'il s'agissait d'une réflexion au long cours. Il ne suffit pas de le dire. Il faut le faire, et le faire sans parti pris idéologique. Sur ce point, je rappelle que seule l'automobile permet de relier directement deux points l'un à l'autre quels qu'ils soient. On devrait donc distinguer le problème de la pollution et celui de l'automobile. Le but devrait être de parvenir à des automobiles propres pas de les éliminer et de créer davantage de goulots d'étranglement. Il faudrait que ce soient des gens qui n'ont pas beaucoup de temps (et en perdent beaucoup en transports) qui soient interrogés pour construire le programme mobilités des partis politiques. Nul doute qu'ils apporteraient un sang neuf et un tout autre point de vue.

     

    Mes collègues blogueurs socialistes vont se pâmer d'aise

  • Le dimanche, Dieu aussi se reposa...

    C'est un serpent de mer, le travail du dimanche. On le voit réapparaître régulièrement. Les choses me paraissent pourtant très claires et suffisantes avec la loi actuelle. Une telle possibilité devrait être réservée aux commerces de proximité, ne pas pouvoir être imposée aux salariés et faire l'objet d'un salaire horaire nettement supérieur au salaire de la semaine (de +50% à +100%).

    Je me méfie des grandes enseignes qui affirment que leurs salariés veulent travailler le dimanche. Je vois venir très vite les pressions qui vont s'ensuivre. Restons-en à la loi actuelle. Je suis d'avis de faire payer à Castorama et Leroy-Merlin l'astreinte que la loi prévoit jusqu'à que l'un et l'autre renoncent à leur projet. Sans surprise, les blogueurs de gauche partagent le même avis que moi sur la question.

    Je ne me polarise pas sur le dimanche, du moins quand les salariés n'ont pas d'enfants, mais le principe d'un jour de repos par semaine doit être incontournable.

    En semaine, en revanche, on doit pouvoir travailler comme on le veut, comme l'observe avec justesse Bayrou. Mais, je précise que le "on" doit d'abord être celui des salariés, et, que là encore, le travail du soir doit faire l'objet de rémunérations supplémentaires.

    Chez mes camarades libéraux, c'est un autre son de cloche, évidemment, mais on ne répond jamais à la question qui fâche : moi, je suis d'accord que les gens fassent comme ils le veulent, mais, le dimanche, ce sont les gens ou les patrons qui le veulent ?

    Je me définis souvent comme libéral, mais au fond, je me demande si je ne suis pas plutôt démocrate-chrétien. Il y a évidemment quelques convergences entre libéralisme et démocratie-chrétienne, mais aussi de sacrée divergences : par exemple, le refus, pour nous autres, démocrate-chrétiens, de tout mesurer à l'aune de la merchandisation. C'est une tendance lourde du libéralisme et c'est un tantinet agaçant.

    Je ne peux en aucun cas faire mienne la conclusion de Vincent qui écrit chez Contrepoints

    Le seul moyen efficace de lutter contre les inévitables "patrons abusifs" qui n'ont pas beaucoup de respect pour leurs salariés est de rendre facile, pour un employé mal traité, de changer d'emploi. Pour cela, il faut une économie dynamique, où des opportunités d'affaires se créent constamment, où le chômage est bas et de courte durée, "frictionnel". Or, l’ouverture nocturne ou dominicale des commerces participe de cette dynamique. Ce n'est pas en tuant toute possibilité de faire du commerce au-delà d'une norme étroite établie par la CGT que l'on créera cette société d'opportunités. Au contraire, dans une économie où la peur du chômage est forte, le "petit chef" autoritaire et anxiogène est roi. Les syndicalistes qui réduisent l’enveloppe globale de travail ne rendent absolument pas service aux salariés dont ils prétendent pourtant défendre la condition.

    Alors, il va y avoir une main invisible qui va amener le plein emploi parce qu'on aura ouvert le dimanche ? Je n'en crois rien. Bayrou a fort justement démonté ce raisonnement : ce que les gens achèteront le dimanche, ils ne l'achèteront pas en semaine. Il n'y aura donc pas de surcroît de croissance mais une concurrence impitoyable entre grandes enseignes et des conditions de travail dégradées. Je n'ai pas le sentiment que c'est en détériorant l'environnement de travail que la France progressera. Ce raisonnement est donc nul et non-avenu. 

    Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu'en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu'il avait créée en la faisant. (Genèse II,4)

  • Panique au CNRS : on licencie !

    Trouver le juste milieu entre rigidité et laxisme dans le droit du travail, ce n'est pas une sinécure. Récemment, le gouvernement de gauche a cru bien faire en ordonnant au CNRS de convertir tous les CDD renouvelés en CDI.

    Que croyez-vous qu'il s'est produit ? Les directeurs de labos et de recherches ont reçu l'ordre de leurs chefs de mettre fin à tous les CDD afin de ne pas crouler sous le coût des CDI qui devaient les remplacer.

    Les salariés en CDD qui semblaient les plus indispensables ont réussi à se faire prolonger en modifiant les intitulés de leur poste, ce qui revenait à proposer un emploi différent (sur la forme, du moins).

    L'Enfer est vraiment pavé de bonnes intentions. On veut éviter de créer de la précarité et on finit par générer du chômage et mettre à mal des projets.

    En même temps, en rendant possible le renouvellement illimité des CDD on crée la brèche dans laquelle risque de s'engouffrer une série d'entreprises soucieuses de réduire leurs coûts ou, tout du moins, de ne pas injurier l'avenir.

    Il y a une solution qui me semblerait intéressante : on pourrait accepter en France le cumul des CDD, mais à condition qu'ils suscitent 10% d'augmentation (ou plus, c'est à définir) à chaque renouvellement. Une telle solution permettrait aux administrations et aux entreprises de ne pas s'engager si elles ne sont pas sûres de leur budget mais garantirait aussi aux salariés titulaires de tels contrats des gains substantiels. A 10% supplémentaires à chaque renouvellement, les entreprises finiraient tôt ou tard par peser le pour et le contre et embaucher définitivement leur salarié en CDD s'il correspond à un besoin durable au sein de l'entreprise.

    Cette solution aurait un mérite : elle pourrait s'appliquer indifféremment au public et au privé et mettre fin aux distorsions importantes que constatait récemment Verel dans l'un de ses billets.

  • 800 euros pour vivre ?

    J'ai essayé de suivre au fil du temps le sort des licenciés de l'usine Continental qui ferma ses portes en 2009 et il se trouve que j'ai entendu avant-hier un témoignage aussi triste qu'édifiant.

    La moitié des ouvriers de Continental n'ont pas retrouvé d'emploi, et, arrivés à la fin de leurs indemnités, ils sont désormais dans la misère. Une mère de famille témoignait ainsi de sa situation : avec des enfants, elle ne touchait plus que 800 euros par mois auxquels il fallait retirer 500 euros pour le loyer de son habitation.

    Je vous demande, franchement, comment on peut vivre à 300 euros par mois, a fortiori quand on n'est pas seul. En fait, je me le demande aussi. Je suppose que cette femme doit recevoir quelques aides supplémentaires, compte-tenu de sa situation plus que précaire, et puis, très probablement, des solidarités familiales ou amicales doivent jouer également.

    La précarité est un poison terrible pour notre société. Cette ancienne ouvrière confiait à la journaliste qui l'interogeait voguer d'interim en interim avec parfois des périodes où il n'y avait aucune proposition d'emploi.

    De ce point de vue, j'ai une divergence assez profonde avec mes amis libéraux : je me défie fortement de toute forme de dérégulation de l'emploi. Je trouve, sur ce point, que Bayrou pendant la campagne de 2012 a eu le mérite d'aller à contre-courant en faisant valoir que chercher à concurrencer la main d'oeuvre à bas coût n'était pas une option inévitable.

    On ne peut pas demander aux travailleurs de perdre sur tous les tableaux : exiger à la fois mobilité, insécurité et perte de pouvoir d'achat, ce n'est pas acceptable.

    Il n'y a pas d'ouvriers  ni de précaires parmi ceux qui réclament la dérégulation du marché du travail.

    Je crois qu'on peut être souple avec les très petites entreprises,  dont les effectifs ne dépassent pas 5 à 10 personnes parce que de petits entrepreneurs peuvent avoir besoin d'une certaine flexibilité pour démarrer. Mais au-delà d'un certain cap, tout travailleur devrait pouvoir disposer de garanties solides.

    Je pense vraiment que la relance de l'emploi en France ne se fera pas en permettant aux entreprises de licencier du jour au lendemain au gré des humeurs du DRH.

    En revanche, baisser les charges, faire disparaître les contraintes administratives de toutes sortes, cela, oui, je le crois, peut contribuer à avoir un impact significatif.

    En attendant l'emploi précaire flirte avec les 12% depuis une dizaines d'années maintenant et je ne vois pour l'instant pas d'issue.

    Peut-être existe-t-il des astuces : Arnaud Chéron, Directeur de recherche à l'EDHEC propose un deal pour relancer l'emploi des Seniors : réduire la durée de leur indemnisation de 36 à 24 mois et en contrepartie, une suppression des cotisations salariales et patronales pour ces mêmes seniors quand ils sont embauchés. Il estime à 200 000 le nombre d'emplois ainsi créés dans cette catégorie d'âge et dans le même temps, à 3 milliards d'euros les économies réalisées pour l'Assurance-chômage.

    Je n'aime pas l'idée de créer toujours plus d"insécurité pour des chômeurs en période de crise, car, réduire leur durée d'indemnistation, au final, cela revient à ça ;  l'idée de cet universitaire mériterait d'être testée sur une durée limitée afin de vérifier si elle marche mais, personnellement, ce qui m'agace, c'est de lire ce genre de choses :

    Réduire de 36 à 24 mois la durée maximale d’indemnisation chômage conduit à diminuer l’espérance de revenu au chômage d’un travailleur. Ceci a principalement deux incidences : (i) une incitation à une recherche d’emploi plus intense pour les chômeurs, afin de se préserver d’une perte de revenu qu’induirait le basculement dans le régime de solidarité, et (ii) une incitation pour les employés à accepter plus facilement des modérations salariales, le point de repli en cas de perte d’emploi se trouvant relativement moins avantageux. Il en résulte donc à la fois une stimulation de l’offre et de la demande de travail qui devrait s’avérer favorable à l’emploi.

    Je résume : un bon coup de schlague pour pousser ces fainéants à rechercher plus activement un emploi et leur couper le robinet pour les amener à accepter de manger de la m... Quand on me dit qu'on veut tenter un basculement pour inciter les entreprises à recruter des seniors, ça, j'aime bien, mais quand on finit par dévoiler son jeu avec des sous-entendus au fond très explicites, j'aime déjà moins. Est-ce que Monsieur Chéron accepterait de s'appliquer à lui-même la réforme qu'il prône ?

    L'inconvénient, c'est que ce genre de théories est presque toujours élaboré par des individus qui ne risquent pas d'en subir le contre-coup. Pas de prises de risques pour eux, juste pour les employés, les précaires et les ouvriers...

    Il y a des formules mathématiques complexes dans le document d'Arnaud Chéron. Personnellement, je m'en tiens aux soustractions simples : 36 - 24 = 12 soit 12 mois d'indemnisation chômage en moins et mon ancien salaire - x est forcément plus bas que mon ancien salaire, ce que notre économiste appelle la modération salariale.

  • Mauvais marché...

    On s'imagine toujours le marché comme la quintessence de la tradition française, la garantie d'une qualité révolue : raté, caramba. Il n'en est rien.

    Disposant de plus de temps depuis peu, je m'y rends régulièrement. Et je peste. Les marchands ignorent absolument tout de ce qu'ils vendent, et, pire encore, vous bonimentent absolument n'importe quoi.

    Fruits et légumes ? Ils viennent de gros centres et se ressemblent tous. On peut avoir un coup de chance de temps à autre mais c'est rare. Rien qu'hier, j'ai été heureux :-) Un marchand de légumes vendant de vraies variétés de tomates, avec du goût, et pas seulement : des fraises si sucrées (et en plus sans traitement) et gouteuses que je n'avais pas souvenir d'en avoir goinffré de semblables par le passé. J'ai fait une razzia et me suis renseigné sur ses marchés de prédilection.

    Deux jours avant, j'avais trouvé un étal avec une certification AB. C'est une garantie de pouvoir laisser mes petits manger les fruits avec la peau sans ingérer un délirant cocktail de produits chimiques, mais pas de goût.

    Au moins le producteur bio savait-il qu'il vendait des variétés ordinaires. En règle générale, le maître des lieux vous explique doctement que sa bretonne, sa corse ou toute région est excellente. Ceci ne signifie strictement rien et parfois, ils ignorent purement et simplement l'existence de variétés, constant simplement des différences de goût.

    Côté textile, malheureux, n'achetez jamais sur les marchés : soit votre interlocuteur vous garantit française une pièce qui ne l'est plus depuis longtemps ou ne l'a jamais été, soit il vous regarde fièrement vous invitant à lire l'étiquette. Hier, il y en avait une prête à me vendre sa magnifique collection "certification européenne" en me regardant d'un oeil torve.

    Je vais oser un raccourci : plus le temps s'accélère, plus on demande à ceux qui travaillent de faire vite plutôt que bien, plus la qualité de ce qu'ils font s'en ressent. 

    Les artisans disent et font n'importe quoi à quelques exceptions près désormais. Il en va de même pour les garagistes. Les enfants à l'école écrivent n'importe comment, n'importe quoi et généralement comme des cochons. Ils disent aussi n'importe quoi dans les cours avec une somme d'approximations extraordinaire.

    C'est le fonctionnement même de notre société : tout ce qui la constitue s'y adapte. Toujours plus de consumérisme, donc, plus vite, et, du coup, toujours moins de qualité. Point d'orgue du consumérisme, le low-cost, le discount, derniers-nés des experts en marketing.

    La gauche tout en écrasant d'impôts le citoyen s'accomode d'un monde qui n'est ni libéral ni socialiste. Partout les forces vivent des marchés s'y concentrent, et partout les procédures sont toujours plus d'obstacles à la libre-entreprise. 

    Les libéraux ne songent qu'à mettre à terre le droit du travail et ne se préoccupent que des taxes ou une société hyper-indivualiste au lieu de repenser un monde libre dans sa globalité.

    Et tout ce monde-là au nom du progrès pousse au changement incessant au prix d'une pression de plus en plus écrasante sur ceux qui travaillent.

    Les cadres français en particulier, plus encore que dans les autres pays, par imitation servile et imbécile d'un modèle qui n'est pas le nôtre, sont pressurisés au-delà de toute mesure. Leurs 35 heures ne sont qu'une illusion. L'émergence d'internet permet de les contacter à toute heure tout au long de l'année.

    Tout cela va mal finir. La gauche de la gauche rêve d'une révolution pour remplacer le rêve consumériste par la "qualité" soviétique. 

    Il est très difficile pour le citoyen de résister à l'énorme pression consumériste. Et pourtant, chacun, à son échelle, doit le faire autant qu'il le peut. C'est la seule issue.

    Achetez local, équitable, bio avec certification, dans des AMAP, made in France ou à défaut fabriqué par nos voisins autant que cela vous est possible. Exigez la qualité plutôt que la rapidité (d'ailleurs, au final, très souvent, on finit par avoir de la m... dans un temps qui s'étire, je pense particulièrement à l'artisannat, parce que votre interlocuteur a voulu satisfaire trop de "marchés" en même temps...). Soutenons les Max Havelaar, les AB, les origines France garantie, les coopératives agricoles, les Class actions autant que nous le pouvons. Favorisons les filières courtes.

    Bref imposons le monde que vous voulons avec notre argent car in fine, le bout de la chaîne, c'est le consommateur, et sans lui, rien n'est possible.

  • Une politique sociale made in Bayrou

    François Bayrou tenait aujourd'hui le troisième forum de son agenda 2012-2020. Il s'agissait cette fois de définir de quelle manière l'économique et le social pouvaient se marier harmonieusement (ou non...).

    Travail et droit du travail

    François Bayrou a fait sensation en proposant de liquider toutes les formes de contrats autres que le CDI. Quid de la flexibilité pour les entreprises dont les commandes ne sont pas assurées, alors ? Bayrou suggère que des indemnités importantes et fixées à l'avance, d'un montant équivalent à ce qu'accordent les prudhommes en règle générale, figurent dans le contrat, rendant possible son interruption.

    Puisque le droit à la formation existe, Bayrou suggère qu'il soit activé pendant les périodes de chômage principalement. Compte-tenu du désordre général du financement de la formation continue, Bayrou propose qu'une agence nationale de la formation soit créée dont la mission soit de mettre en ordre ce secteur.

    Santé et retraites

    En ce qui concerne les retraites, Bayrou n'a pas changé d'avis et maintient le principe d'une retraite par répartition, mais avec un système à points. La pénibilité, l'action dans la sphère associative, l'éducation des enfants seront intégrées dans le calcul sous forme de bonus. A terme, chacun décidera de l'heure de son départ à la retraite.

    Pour la santé, il s'agit, tout comme pour les retraites, de parvenir à un équilibre. Pas seulement financier. Un équilibre géographique aussi. Sur ce dernier point, Bayrou propose d'élargir le numerus clausus en fléchant pour quelques années vers les déserts médicaux le parcours des entrants surnuméraires dans les professions médicales. Bayrou estime également que la rationnalisation des moyens ne doit pas mener à fermer des services médicaux de proximité majeurs tels que les maternités,  les urgences cardio-vasculaires et les soins ambulatoires. Bayrou propose l'ouverture de maisons médicales avec du personnel compétent plutôt que d'unités hospitalières pour mailler le territoire.

    L'équilibrage de la sécurité sociale est un vrai problème : sur ce point, Bayrou n'a pas proposé de solutions toutes faites, mais il observe que des complémentaires santé gérée par des syndicats et des organisations professionnelles de santé semblent donner de bons résultats en Alsace et en Moselle : il reste à voir comment cela fonctionne pour réfléchir à une généralisation à l'échelle nationale.

    Bayrou compte consacrer au handicap une réflexion particulière : il l'a donc abordé en spécifiant qu'il privilégierait l'accompagnement humain dans ce domaine, mais il a remis à un forum spécifique ce qu'il compte proposer dans ce domaine.

    Le reste de sa politique sociale fera l'objet d'un billet séparé.

  • Travail et richesse

    C'était un slogan de Nicolas Sarkozy, en 2007 que de proposer de travailler pour gagner plus. Plus généralement, on trouve souvent chez les Conservateurs cette idée que notre société dégénérée ne travaille pas assez. En fait, c'est un gros pipeau. Un énorme pipeau, même. Ce n'est pas la quantité de travail qui produit la richesse. Tenez, Prenez ces malheureux Grecs : on les a parés de tous les atours de la fainéantise, et, particulièrement en Allemagne il a été de bon ton de conseiller à ces bons à rien de se mettre au travail. Sauf que quelques esprits forts se sont soudainement épris de l'idée d'établir une comparaison sérieuse entre Grecs et Allemands : bilan, en 2008 (donc avant la crise) le Grec moyen a travaillé à peu près 700 heures de plus que l'Allemand moyen. Merci, Slate, pour l'information.

    Le problème, c'est que de ce genre de constat, les Socialistes tirent généralement la conséquence absurde qu'en travaillant moins, on va être plus productif, plus compétitif, et, qui sait, peut-être plus riche. Pipeau aussi. Ça ne marche pas comme ça.

    L'article de Slate observe que les Allemands sont nettement plus économes que les Grecs : le fait de ne pas se gaver de biens de consommation de toutes sortes, ou à défaut de les produire sur son sol comme le suggère un François Bayrou, limite à l'évidence la casse.

    Je suis fasciné par la marque d'hyper-consumérisme que constitue la revente de cadeaux de Noël. Toujours étonné également de voir qu'en temps de crise, le budget fêtes, cadeaux et vacances reste stable : c'est pourtant le premier qui devrait morfler.

    En tout cas, tous les discours sur la valeur travail, mais aussi le partage du travail sont des enfumages en bonne et dûe forme. Ce n'est pas la quantité de travail qui crée la richesse, mais la valeur ajoutée sur le travail. 

    Si l'on veut établir un raisonnement économique pertinent sur le sujet, il faut donc raisonner avant toutes choses en termes de valeur ajoutée. Je ne sais pas, si finalement la TVA sociale est ou non une bonne réforme, mais au moins, pour une fois, l'essai va dans le bon sens.

    Tous les auteurs (anciens ou modernes) que j'ai pu lire récemment vont dans ce sens : Christian Blanc dans La croissance ou le chaos, Jean Peyrelevade dans l'erreur historique de Nicolas Sarkozy, ou plus simplement Schumpeter dans Capitalisme, Socialisme et Démocratie le font valoir.

    Ce n'est donc pas la demande qui crée la richesse, comme le voudraient les Socialistes Keynésiens, mais bien l'offre (enfin, plus exactement, la qualité de l'offre), levier que François Bayrou affirme vouloir actionner dans son État d'urgence.