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Le dimanche, Dieu aussi se reposa...

C'est un serpent de mer, le travail du dimanche. On le voit réapparaître régulièrement. Les choses me paraissent pourtant très claires et suffisantes avec la loi actuelle. Une telle possibilité devrait être réservée aux commerces de proximité, ne pas pouvoir être imposée aux salariés et faire l'objet d'un salaire horaire nettement supérieur au salaire de la semaine (de +50% à +100%).

Je me méfie des grandes enseignes qui affirment que leurs salariés veulent travailler le dimanche. Je vois venir très vite les pressions qui vont s'ensuivre. Restons-en à la loi actuelle. Je suis d'avis de faire payer à Castorama et Leroy-Merlin l'astreinte que la loi prévoit jusqu'à que l'un et l'autre renoncent à leur projet. Sans surprise, les blogueurs de gauche partagent le même avis que moi sur la question.

Je ne me polarise pas sur le dimanche, du moins quand les salariés n'ont pas d'enfants, mais le principe d'un jour de repos par semaine doit être incontournable.

En semaine, en revanche, on doit pouvoir travailler comme on le veut, comme l'observe avec justesse Bayrou. Mais, je précise que le "on" doit d'abord être celui des salariés, et, que là encore, le travail du soir doit faire l'objet de rémunérations supplémentaires.

Chez mes camarades libéraux, c'est un autre son de cloche, évidemment, mais on ne répond jamais à la question qui fâche : moi, je suis d'accord que les gens fassent comme ils le veulent, mais, le dimanche, ce sont les gens ou les patrons qui le veulent ?

Je me définis souvent comme libéral, mais au fond, je me demande si je ne suis pas plutôt démocrate-chrétien. Il y a évidemment quelques convergences entre libéralisme et démocratie-chrétienne, mais aussi de sacrée divergences : par exemple, le refus, pour nous autres, démocrate-chrétiens, de tout mesurer à l'aune de la merchandisation. C'est une tendance lourde du libéralisme et c'est un tantinet agaçant.

Je ne peux en aucun cas faire mienne la conclusion de Vincent qui écrit chez Contrepoints

Le seul moyen efficace de lutter contre les inévitables "patrons abusifs" qui n'ont pas beaucoup de respect pour leurs salariés est de rendre facile, pour un employé mal traité, de changer d'emploi. Pour cela, il faut une économie dynamique, où des opportunités d'affaires se créent constamment, où le chômage est bas et de courte durée, "frictionnel". Or, l’ouverture nocturne ou dominicale des commerces participe de cette dynamique. Ce n'est pas en tuant toute possibilité de faire du commerce au-delà d'une norme étroite établie par la CGT que l'on créera cette société d'opportunités. Au contraire, dans une économie où la peur du chômage est forte, le "petit chef" autoritaire et anxiogène est roi. Les syndicalistes qui réduisent l’enveloppe globale de travail ne rendent absolument pas service aux salariés dont ils prétendent pourtant défendre la condition.

Alors, il va y avoir une main invisible qui va amener le plein emploi parce qu'on aura ouvert le dimanche ? Je n'en crois rien. Bayrou a fort justement démonté ce raisonnement : ce que les gens achèteront le dimanche, ils ne l'achèteront pas en semaine. Il n'y aura donc pas de surcroît de croissance mais une concurrence impitoyable entre grandes enseignes et des conditions de travail dégradées. Je n'ai pas le sentiment que c'est en détériorant l'environnement de travail que la France progressera. Ce raisonnement est donc nul et non-avenu. 

Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu'en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu'il avait créée en la faisant. (Genèse II,4)

Commentaires

  • Que diriez vous de ce compromis plus libéral compatible: on fixe un jour de repos minimum par semaine par la loi, et on laisse les gens choisir?

    Ou alors ce qui vous embête le plus, c'est la tradition chrétienne du repos le dimanche?

  • @MJ
    On fixe par la loi un jour par semaine, et on laisse, toujours par la loi, le dimanche aux salariés qui ont des enfants sauf s'ils en décident spontanément autrement.

    Dans tous les cas de figure, le dimanche est payé plus cher.

  • @MJ
    Pour le dimanche, bah, la Genèse ne précise pas que le jour de repos du Seigneur fut un dimanche :-)

  • "moi, je suis d'accord que les gens fassent comme ils le veulent, mais, le dimanche, ce sont les gens ou les patrons qui le veulent ?"

    Pousse le raisonnement jusqu'au bout ? moi, je suis d'accord que les gens fassent comme ils le veulent, mais, les 6 jours ouvrables de la semaine, ce sont les gens ou les patrons qui le veulent ?

    La quasi totalité des gens travaillent pour vivre, personne, pas même les libéraux, ne le niera. Donc par definition, personne ou presque ne "veut" travailler.

  • L'intérêt d'avoir un jour de repos qui soit commun à la totalité (enfin presque) de la population, c'est que cela permet aux gens de se rassembler(famille, amis) et d'avoir des activités qu'ils ne pourraient faire en semaine...
    Si chacun a un jour différent, cela ne pourrait pas fonctionner...
    Après, quant à savoir si çà doit être le dimanche... dans la mesure où c'est le jour de repos en vigueur de très longue date, je ne vois pas trop l'intérêt qu'il y aurait à en changer...

  • @serge92
    Je pense en effet que le mieux est de conserver la situation telle quelle.

  • "Bayrou a fort justement démonté ce raisonnement : ce que les gens achèteront le dimanche, ils ne l'achèteront pas en semaine."


    Entre la réflexion de café du commerce de Bayrou et des études parues dans des revues à comité de lecture, le choix est vite fait.

  • @Pierre
    Quelles études ?

  • Je ne sais pas quelles sont les études évoquées par Pierre mais je sais que, du temps de mes ^propres études, on savait déjà par l'observation et l'expérimentation que les ouvertures tardives ou dominicales génèrent bien des ventes additionnelles (je parle au niveau macro-économique, pas au niveau d'un unique point de vente qui "piquerait" ainsi sur les ventes de ses concurrents). Bien sûr, il y a une partie d'effet d'aubaine mais, dans l'ensemble, il y a consommation supérieure. Bien sûr, cela ne vaut pas pour tous les produits ni pour tous les types de commerce (on ne va pas acheter plus de PQ ou de sel de table sous prétexte que le magasin d'à côté ouvre le dimanche), mais c'est vrai pour les achats d'impulsion ou de biens culturels, par exemple (prêt-à-porter, chaussures, livres, DVD, cinéma). Et c'est vrai aussi pour les achats requérant une certaine réflexion et un côté "coup de coeur" : meubles, voitures, hi-fi haut de gamme... D'ailleurs, observez votre propre comportement : iriez-vous aussi souvent au restaurant ou au cinéma s'ils n'étaient ouverts que certains jours, et le fait de les savoir ouverts n'est-il pas un encouragement à y aller ?

    En écrivant cela, je ne prends pas parti pour ou contre l'ouverture dominicale. Je veux seulement souligner que, comme le dit Pierre, l'argument de Bayrou n'est pas recevable.

  • @Christian
    Cela dépend peut-être du type de commerce : personne ne songe à interdire aux restaurants d'ouvrir le dimanche.
    Pour les biens culturels, il me semble bien qu'il y a justement autorisation d'ouverture le dimanche.

  • @ l'hérétique :

    Les démocrate-chrétiens sont aussi chiant que les libéraux :p

    Prenons l'exemple de la restauration : le travail dominicale y est incontournable alors on s'organise, on établie les plannings en fonction des impératifs de chacun et au final tout le monde y trouve à peu près son compte.


    Le problème de notre législation c'est qu'elle n'a aucune souplesse. Soit on va plus ou moins forcer des gens à bosser, soit on va les en empêcher. On doit quand même pouvoir arriver à un compromis qui permettent à chacun d'accepter des conditions de travail qui lui conviennent tout en le protégeant des abus.

  • @skunker
    :-D
    Cela dit, c'est pas faux ce que tu dis sur l'absence de souplesse de notre législation.
    Mais bon, pour la restauration, après tout, nous mangeons bien le corps du Christ le dimanche, après tout ;-)

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