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travail - Page 2

  • Alors comme ça il devait y avoir pénurie de main d'oeuvre ?...

    Je me souviens encore des articles d'idées que l'on trouvait dans plusieurs magazines et journaux de gauche il y a encore trois à quatre ans. L'immigration de travail y apparaissait comme un phénomène inéluctable en raison du vieillissement de l'Europe et des besoins croissants en main d'oeuvre. Ah oui.

    Sauf qu'aujourd'hui, l'OIT (Organisation Internationale du Travail) tire la sonnette d'alarme. Ce sont des dizaines de millions d'emploi qui sont menacés de disparition dans les années à venir, dans les seuls pays du G20. Et elle observe justement qu'une part croissante de ceux qui ont un emploi l'ont sous un statut précaire.

    A côté de cela, comme je l'ai observé récemment, il ne faut pas confondre l'immigration de travail et la recherche désespérée d'un petit job par les étudiants étrangers. Cela ne frappe pas Guéant plus que cela.

    Autant je pense qu'il ne faut pas avoir trop d'états d'âme avec l'immigration irrégulière, autant les étrangers qui viennent étudier ici devraient être protégés, et d'ailleurs, ils sont en règle.

    Après, si beaucoup d'étudiants étrangers viennent en France, c'est très certainement aussi parce que nous avons réduit notre présence partout à l'étranger. Il serait bien plus astucieux que nos grandes écoles développent des antennes un peu partout dans le monde, et pas seulement des programmes d'échanges avec les super "high-schools" chères au sieur Descoings.

    Si ces antennes existaient, elles auraient bien sûr vocation à se mettre en relation avec les entreprises locales ou avec les entreprises françaises produisant à l'étranger.

    Cela suppose une véritable diplomatie culturelle pour promouvoir la francophonie. Autant dire qu'on est loi, voire très loin, du compte depuis fort longtemps.

  • Valls à côté de la plaque

    Quand j'ai vu l'ampleur que prenaient les propos de Valls sur les 35 heures, et notamment l'indignation généralisée dans la blogoboule de gauche (Rimbus, l'Nicolas, l'Intoxitude entre autres), ça a été vachement tentant d'aller leur porter la contradiction, juste pour le plaisir, quoi.

    Mais bon, faut être honnête, et pour une fois la left blogoboulle a réagi avec des chiffres. En France, les 35 heures n'ont plus aucune signification, et depuis longtemps. Les Français travaillent 38 heures en moyenne, comme l'a relevé l'Rimbus ; par ailleurs le Français est particulièrement productif. 

    Les divers dispositifs ont vidé depuis longtemps les 35 heures de leur essence (il n'y a plus que dans les hôpitaux où ils foutent la grouille).

    Balle au centre voudrait voir dans le programme de Bayrou pour 2012 la suppression des 35 heures. Pas moi. Franchement, dès lors que les 35 heures n'empêchent plus les Français de travailler plus s'ils en ont envie, on s'en tape. Je me vois mal demander à ces malheureux cadres déjà au forfait d'en plus renoncer à leurs RTT. Faut pas déconner non plus. Par ailleurs, gain économique de la mesure ? Nada. Bref, on use de la salive pour rien en en parlant.

    Meilcour (ex-Versac) qui s'informe généralement toujours au plus près des choses dont il parle, a lu le dernier livre de Valls et pris connaissance de ses propositions économiques. Franchement, pas mieux que lui : nihil novi sub sole. Pas une idée neuve là-dedans. Ce n'est pas avec ça qu'on va redresser la barre. 

    J'aime bien Valls, généralement, sur plein de sujets, il a raison de l'ouvrir, mais sur l'économie, pour l'instant, on ne peut pas dire qu'il soit fameux. J'invite à lire complètement le billet de Meilcour pour savoir ce que j'en pense sur le fond (tiens, particulièrement la décentralisation : moi aussi je pense qu'elle s'est mal faite, et que ses coûts astronomiques et incontrôlés mériteraient une re-centralisation finalement plus efficace jusqu'à nouvel ordre...).

    Pour répondre à Balle au Centre, on ferait mieux, au MoDem, de se concentrer sur l'emploi et l'industrie. Moi, je suis toujours à la recherche d'une idée géniale sur la relocalisation. J'en étais resté au recyclage, mais bon, modeste blogueur, je suis tout sauf expert dans le domaine industriel, alors il ne faut pas trop compter sur moi pour faire avancer le schmilblick...

    Pour en rajouter une louche (pauvre Balle au Centre) ses oreilles électroniques vont siffler, je trouveque ses deux mesures combinent le pire de la gauche et de la droite : suppression des 35 heures = mesure de droite qui n'apporte rien, limitation des salaires = mesure gauchiste qui décourage l'initiative privée. Je lui donne juste quitus sur la suppression conjointe du Bouclier fiscal et de l'ISF à condition que nos finances publiques puissent le supporter. Bayrou a longtemps été favorable à la suppression de l'ISF, mais s'il s'est montré bien plus timoré ces derniers temps sur le sujet, c'est qu'il a bien vu que cela ne tenait plus la route avec nos déficits. Arthuis lui-même, y a temporairement renoncé. La seule solution, ce serait ce que proposait Bayrou en 2007, qui reste actuel, un impôt sur le patrimoine avec des taux très doux, mais sans niches fiscales et touchant une base bien plus large.

     

  • On n'a pas fini de parler de la retraite

    La BPCE (ex Caisse d'Épargne et Banque Populaire) vient d'ouvrir un observatoire des retraites. Très intéressant. Bien sûr, cette banque d'abord un oeil financier sur l'allongement de la durée de vie et le financement des retraites. S'il lui semble établi que la retraite par répartition restera le modèle dominant en France, ses experts ont calculé qu'au fil du temps, il y aurait un décrochage entre le revenu des actifs et celui des retraités. Actuellement, un retraité dispose d'un peu plus de 85% du revenu d'un actif. Mais à l'horizon 2050, ce taux devrait être inférieur à 50%, compte-tenu de notre probable évolution démographique.

    Cette banque se positionne donc avec l'espoir de proposer des produits financiers attractifs aux futurs retraités. Toutefois, lucide, elles est consciente que les futures générations de retraités chercheront d'abord à sécuriser leurs revenus. Les soubresauts de la finance internationale ont engendré une grande méfiance envers ses produits. Si elle note que les Français ne craignent pas de placer des sommes assez considérables en épargne et en assurance-vie, elle n'a pas franchi le pas pour les compléments retraites. 

    Bien souvent, c'est la pierre, qui tend à fluctuer assez peu si ce n'est à la hausse, qui paraît aux Français la garantie la plus durable et la plus fiable. On achète donc de quoi se loger avant toutes choses quand on veut sécuriser ses vieilles années.

    Les publicitaires, les économistes et les financiers ont du pain sur la planche. Pour être franc, moi-même qui ai une relative confiance dans les vertus du libéralisme et du capitalisme, je fais partie de ceux qui se défient des caisses complémentaires et des placements de ce type. La rapacité des fonds de pension outre-Atlantique, justement constitués de ce genre de portefeuilles, les faillites traumatisantes qui s'y produisent avec son cortège de malheureux qui se retrouvent sans rien et contraints de reprendre une activité salariée à parfois plus de 70 ans, ne m'inspirent guère confiance.

    Je veux bien être convaincu, mais il va falloir me présenter des arguments (et des contre-arguments à mes objections !) très solides.

    Le projet de cette banque n'en est pas moins très riche et large, car son observatoire a pour objet d'étudier la retraite sous tous ses aspects. Il donne donc aussi la parole à des sociologues, à des économistes, à des philosophes.

    Parmi ces derniers, j'ai écouté avec beaucoup d'attention l'intervention de Pierre Henri-Tavoillot, que j'ai eu l'occasion de rencontrer il y près de dix ans (mais qui ne s'en rappelle probablement pas). J'ai trouvé ses pistes de réflexion très pertinentes.

    Il renvoie notamment à ce que nos Anciens disaient du vieil âge ; il associe particulièrement Cicéron et Saint-Augustin parce que leurs opinions sont diamétralement opposées. Saint-Augustin voit dans le dernier âge l'occasion de se consacrer aux choses essentielles, tandis que Cicéron estime que l'homme âgé doit demeurer le plus actif possible, au sens latin du mot.

    Il se trouve que je connais le De senectute de Cicéron. Je l'ai lu. Il s'agit d'un traité sous forme de dialogue entre les générations. Deux jeunes adultes, Scipion (le général romain victorieux d'Hannibal le Carthaginois) et Laelius, conversent avec Caton l'Ancien, grande figure morale et austère de la Rome républicaine. Cicéron se représente une vieillesse heureuse. Il existe une excellente analyse du texte à laquelle je renvoie, afin de ne pas alourdir ma note. D'une certaine manière, dans la vision de Cicéron des troisième et quatrième âges, il n'y pas de retraite mais une extinction progressive, qui, si l'on demeure actif, nous évite bien des angoisses.

    Toutefois, la vieillesse de Cicéron s'inscrit dans une éthique qui heurte frontalement les valeurs de notre société, toute entière tournée vers le confort, l'amusement, les loisirs et la satisfaction des passions. Il faut avoir pris l'habitude dès le jeune âge de tacher de les maîtriser pour pouvoir en faire son deuil, à l'orée des derniers âges.

    Bien sûr la pensée de Cicéron se heurte à une limite dont il est d'ailleurs conscient : au fil du temps, vivre, c'est éprouver toujours plus l'imminence d'une mort tôt ou tard inévitable. Sénèque recommandait de la chérir, cette mort, Cicéron, lui suggère d'en rire et même de la défier.

    Pierre-Henri Tavoillot observe qu'en 1900, l'espérance de vie était de 40 ans; un siècle plus tard elle atteint 80 ans... Nous avons donc gagné 40 ans, et, du coup, notre philosophe pose une question cruciale : que faire de ce temps de vie en plus ?

    Cicéron faisait valoir que tant que l'intellect demeurait intact chez le vieillard, alors il pouvait défier la mort. Ce constat vient se fracasser frontalement sur l'évolution de notre médecine. Le docteur Beaulieu, célèbre pour ses travaux sur la pilule abortive mais aussi la DHEA, la fameuse hormone de jeunesse, met en garde : dès 85 ans, la moitié du quatrième âge devient sénile, que cela soit en raison d’Alzheimer ou pour une autre cause. Or, le nombre de centenaires va exploser dans un futur proche. La prolongation indéfinie de l'existence biologique a-t-elle un sens sans vie de l'esprit ?

    Le professeur Beaulieu recommande la poursuite d'une activité à la retraite, qui ne doit plus être un retrait du monde, comme elle avait conçue à l'origine. Sans plus de précautions oratoires, il suggère de supprimer purement et simplement toute référence à un âge légal de la retraite, mais, met le doigt sur ce qui est à mes yeux le problème essentiel : il faut que les gens puissent continuer à mener une activité, mais une activité qui leur plaise...

    En ce sens, nous aboutissons ainsi à une question que j'agite souvent ici, qui est celle des conditions de travail. Les Français, selon l'étude de l'Observatoire, se représentent la première retraite comme un âge d'or, non pas celui du repos, mais au contraire l'opportunité d'avoir un surcroît d'activité et d'accomplir ce qu'ils n'ont pu faire jusqu'ici. En somme, les Français ne refusent pas d'être actifs après la retraite, mais refusent de poursuivre leur travail tel que sont ses conditions dans notre société moderne.

    Voilà qui laisse songeur et ouvre la porte à une réflexion globale sur le travail et la retraite.

  • DSK veut ouvrir en grand les vannes de l'immigration

    Les dernières déclarations de DSK, dont Marianne se fait l'écho avec grande justesse, sonnent à mon avis le glas d'une alliance entre un projet centriste et le projet socialiste.

    Enfin...je l'espère !

    L'abdication des élites européennes face à la dénatalité est sidérante. Jusqu'ici, je pensais que l'ouverture tout azimut de notre territoire n'était que le fait de délires de technocrates et commissaires européens bornés et sûrs d'eux, mais je vois que DSK joint sa voix au concert.

    Moi, cela me sidère : c'est un retour au giscardisme des années 70. On sait très bien que l'immigration de travail stimule le dumping social et la dégradation des conditions de travail. J'ai entendu parfois des libéraux m'expliquer que ce n'était là que le jeu de la concurrence et que mes dénis n'aboutiraient qu'à ce que l'emploi se délocalise.

    C'est faux. Le raisonnement ne tient pas. Parce que les emplois concernés par cette immigration de travail sont des emplois de proximité et de services à la personne. Dans l'industrie, il est déjà trop tard, et depuis longtemps. Quant aux services, la plupart du temps, la distance ne pose pas de problèmes et ils se délocalisent aussi. C'est une autre problématique.

    Moi, ce qui me sidère, c'est qu'on a 10% de chômage ou presque, 20 à 25% chez les jeunes, des problèmes d'intégration pour les générations d'immigrés précédentes et que DSK veut en rajouter une couche ! Tout comme Sarkozy, au demeurant, qui, je le rappelle, s'il a roulé des mécaniques, a naturalisé français et sans conditions bien plus que le PS ne l'avait fait de 1997 à 2001.

    Et ce qui m'énerve, c'est d'avaliser que nos pays européens ne seraient pas capables de stimuler leur propre démographie alors que des mesures ad hoc seraient clairement efficaces. Simplement, elles ont un coût et ne sont pas compatibles avec le dumping social.

    A cela s'ajoute que DSK, comme les commissaires arrogants de Bruxelles, rêve d'ôter aux États-Nations tout pouvoir. Je ne puis que le renvoyer à l'excellent programme du MoDem au moment des élections européennes : l'Europe ne se fera pas contre les nations. 

    La construction européenne n’a jamais eu pour objet de faire disparaître les Etats-nations ni les cultures régionales. Au contraire, l’Europe reconnaît le plu- ralisme des identités et des cultures, à travers par exemple la Charte euro- péenne des langues régionales ou minoritaires. Cette diversité incroyable de notre continent est une richesse à entretenir.

    Alors oui, c'est tentant, le globish, le commissaire au plan européen, mais non, ce n'est pas comme cela que l'Europe peut se développer. Pas en passant par-dessus la tête des citoyens, même si je concède à DSK que les États ne sont pas très nets, puisqu'ils avalisent en douce des mesures dont il font ensuite porter le chapeau à l'Europe à voix haute.

    J'adjure le MoDem de ne surtout pas s'aligner sur les positions de la gauche réformiste dans le domaine de la démographie et de l'immigration. Bayrou a été le premier à mettre en exergue la bombe démographique, en 2007, dans son programme. Il existe d'autres solutions, européennes et nationales, que l'immigration. Je souhaite que le MoDem présente un programme de rupture dans ce domaine, associé à une réflexion plus générale sur le travail et les conditions de travail, car enfin, on entend que les Français ne veulent pas effectuer certaines taches ; ah. Moi j'aimerais bien savoir pourquoi. Certaines voix sûres d'elles-mêmes expliquent que les Français sont des fainéants et en veulent plus en ramer une. Cette opinion reçu est contredite par des études internationales qui classent les travailleurs français parmi les plus productifs de la planète.

    Il faudra donc bien tôt ou tard ouvrir le dossier noir des conditions de travail, là où j'attends les syndicats (ils devraient se battre là-dessus) et de véritables propositions des partis politiques.

    La solution de DSK qui trouve notre droit du travail trop restrictif montre bien qu'il s'en soucie comme d'une guigne...

  • Vous avez vu des grévistes, vous ? Moi, pas...

    Instructif le petit journal de Canal +. Les syndicats affirment que la grève actuelle est plus suivie que ne le fut celle de 1995, et, les radios et plusieurs chaînes d'information reprennent sans sourciller les chiffres qu'ils donnent. Le hic, et je m'étonne tout comme Expression Libre , c'est que cela ne correspond pas exactement au décompte réalisé par des sociétés spécialisées dans le décompte des foules. Et puis surtout, le reportage du petit journal nous montre des syndicalistes doublant allègrement et sans état d'âme le nombre de passants. Parmi les dix bonnes raisons de se moquer des grévistes, il y a au moins celle-là.

    Sérieusement, je pense que ces grèves sont un échec patent. Pourquoi ? Parce que ni les syndicats ni l'opposition (de gauche, du moins) n'a quelque chose de sérieux à proposer, et c'est bien là où le bât blesse. Cette réforme n'est pas bonne, mais il n'y a à l'heure actuelle pas d'alternative parce que les forces politiques adverses n'ont pas de plan B (et pour cause : il n'y en a pas !), du moins, pas qui permettrait de conserver la retraite à 60 ans avec une rémunération égale.

    C'est sur le travail et les conditions de travail que devraient se battre les syndicats, la gauche, et même le centre, car aujourd'hui, c'est l'enjeu prioritaire. Mais dans ce domaine, un grand silence plane.

    Si côté gauchiste, on continue à rêver du grand soir (ou tout du moins, à faire tout comme), côté libéraux, on a mal, voire très mal, compris la réalité du travail dans plusieurs grandes entreprises semi-publiques.

    Pour ma part, je trouve que la privatisation des grandes entreprises publiques françaises depuis 15 ans est une véritable catastrophe. Dans ma jeunesse, quand un train SNCF annonçait une arrivée à 15h41, il arrivait à 15h41, pas à 15h42. Quand le guichetier vous annonçait un tarif, il n'y avait pas de surcoût inattendu au dernier moment, et les grilles tarifaires étaient disponibles dans les gares.

    Côté EDF, quand on voulait appliquer le tarif de nuit à son électro-ménager, on ne devait pas accomplir 36 démarches administratives.

    Un coup de téléphone unique à France Telecom réglait tous les problèmes d'un coup.

    Le problème des libéraux, c'est qu'il suffit de prononcer les mots état et entreprise publique pour qu'ils chargent tête baissée. Ils n'ont pas compris que l'ennemi n'est pas forcément l'État, mais la bureaucratie, l'administration tatillonne de l'entreprise, chose, en revanche, qu'avait très bien enregistré Schumpeter, qui y voyait la cause de la fin du capitalisme.

    Il suffit de considérer les récents scandales à France Telecom avec ses suicides pour en prendre conscience : on a là-bas des imbéciles, en nombre de surcroît, qui se prennent pour des managers. Mais il n'y a pas plus opposés que l'imitation servile et imbécile des méthodes manageriales anglo-saxonnes (au demeurant bien plus humaines) d'un côté et l'esprit entrepreneurial public français de l'autre. 

    En tentant de marier les deux, on aboutit à des monstres hybrides qui ne gardent que le pire de l'un et l'autre de ces deux modèles.

    C'est contre l'organisation du travail qui se met en place progressivement dans ces entreprises semi-publiques que devraient se battre les syndicats, parce qu'elle aliène davantage, et dans les proportions inquiétantes le travail de l'être humain. On ne devrait pas pouvoir, par esprit de bougeotte, muter à vue un cadre simplement parce que nos managers en herbe ont décidé que le mouvement était bon et la routine mauvaise car freinant l'innovation et l'esprit d'initiative.

    Un navire a besoin de conserver un cap pour arriver à bon port : ce n'est pas par des mouvements erratiques et d'incessants changements de direction qu'il s'assure le chemin le plus sûr et le plus rapide, bien au contraire.

    L'inquiétant, c'est que ces idées imbéciles font leur chemin dans les principales administrations françaises, peu à peu, et que tout ce que compte de cadres dirigeants la fonction publique pourrait bien se voir géré selon ces principes ineptes et inefficients. 

  • Les conditions de travail plutôt que le temps de travail...

    Tous les derniers combats de la gauche sur le travail, depuis trente ans, se sont concentrés sur le temps de travail plutôt que sa qualité.

    Quand j'analyse les motifs pour lesquels les Français s'arc-boutent sur la retraite à 60 ans, je vois que c'est surtout la pénibilité de leur travail qui les pousse.

    En réalité, presque tous les emplois deviennent les uns après les autres pénibles parce que le stress, la compétition, l'agressivité ont envahi toute la sphère de l'emploi. Concurrence pour trouver un emploi à 25 ans, concurrence pour en garder un à 50 ans, menaces de délocalisation, course à la performance, dévalorisation dans la fonction publique, la liste des maux qui menacent l'exercice même du travail serait longue à établir. Les suicides en entreprise, impensables il y a encore 20 ans se multiplient, désormais ; et la sphère du privée n'est pas la seule touchée. Des cas diplomatiquement tus touchent aussi la fonction publique.

    C'est le sentiment de ne pas pouvoir durer qui plus que tout affole, sans doute à juste titre, ceux qui voient avec effroi leur durée de travail à nouveau s'allonger.

    La question de fond, et je la partage avec Théodore Zeldin, que Karim-Émile Bitar interrogeait dans son Regards sur la France en 2006, c'est la signification de la valeur travail dans nos sociétés modernes.

    Pourquoi les Socialistes ont-ils mis en place les 35 heures ? Au prix d'un reniement des valeurs fondamentales du socialisme, et notamment l'idée que le travail émancipait l'être humain. 35 heures parce que le travail c'est dur. Alors oui, si l'on travaille 35 heures, ce sera encore plus dur, mais cela ne sera que 35 heures ; c'est toujours cela de gagné. Voilà qui en dit long sur l'état de la valeur travail dans l'opinion.

    Les syndicats avaient obtenu des choses intéressantes, dans de nombreux secteurs : comités d'entreprise, aides financières de l'entreprise, statuts, solidarités diverses dont il ne reste rien, au final.

    Voilà un point sur lequel je suis radicalement en désaccord avec Hashtable et Aurélien, le Président du Parti Libéral-Démocrate, par exemple. Aurélien en particulier reproche à la CGT de gérer les loisirs et les vacances des salariés d'EDF. Eh bien la CGT a bien raison, et elle devrait faire de l'idée de la priver de cet avantage un casus belli. Ceci ne l'exonère évidemment pas de publier des comptes corrects, mais le principe d'une inter-pénétration harmonieuse entre vie privée et vie professionnelle via les Comités d'entreprise est loin d'être une idée idiote, quand bien même elle aurait un coût.

    Google est l'exemple même de l'entreprise rêvée pour ceux qu'elle emploie : des horaires aménagés, une grande liberté, des avantages considérables, et, au final...l'envie d'y passer toujours plus de temps.

    Le monde du travail ne devrait pas se résumer à un "chacun pour sa pomme" et "crève ou marche".

    Seulement, pour réinventer un modèle solidaire de vie professionnelle, il y a un chemin très long qu'une société aussi individualiste que la société française a bien du mal à emprunter...

    Il faut enfin se réhabituer à l'idée que le bonheur et le travail ne sont pas nécessairement antinomiques. Il reste alors à poser les fondations d'un système ou l'emploi ne vire pas au cauchemar pour les Français...

  • Taxer le capital pour financer les retraites ? ça va pas la tête !

    Bon, Nicolas s'est vexé comme un pou en commentaires à la suite de la réponse que j'ai apporté à son billet dans lequel il m'interpelait : il estime en effet que demander le financement des retraites sur la base des seuls fruits du travail est un postulat et pas un argument.

    Je lui ai donc répondu en deux temps :

    1. C'est toujours marrant de voir comment les mecs de gauche fantasment complètement sur les revenus du capital et la grande finance.

    Ils y voient une source inépuisable, alors que leur valeur est infiniment plus théorique et hasardeuse que celle du travail et de la production.

    Je vais te l'expliquer en termes simples, cher collègue blogueur de gauche, ainsi qu'à tes potes gauchistes :-)

    Quand on évoque la production industrielle, il y a une relative adéquation entre offre et demande, si bien que les prix s'équilibrent à peu près et ne fluctuent pas trop. Bien sûr, les entreprises ont des stocks, parfois importants, mais qui ne représentent pas des centaines de fois ce qu'elles écoulent.
    En ce qui concerne les produits financiers, ce qui s'échange n'est rien à côté de ce qui se stocke. Si un gros Kapitalist (ach so, gröss Kapital, ja) décide de vendre ses actions d'un coup, paf, elles chutent. Mais si tous les produits financiers étaient écoulés d'un coup, ils vaudraient nique nidouille.
    Ils n'ont de valeur que pour autant que les échanges ne soient pas trop importants. 
    Et c'est là-dessus que tu veux asseoir le financement des retraites, inconscient ?
    Finalement, pas mieux que les libéraux qui font le même calcul...pas sous forme de taxes mais de dividendes...

    j'te jure, les gauchistes, faut tout leur expliquer, en économie :-)

    2. Je n'ai pas dit qu'il ne fallait pas engager une réflexion sur le travail, mais c'est un autre problème.

    Le fait est que nos sociétés démocratiques ne survivront que difficilement à la concurrence effrénée que se livrent les pays de la planète sur le marché du travail.
    Il n'y a que deux issues :
    - soit se positionner sur un créneau où il n'y a pas de concurrence, mais cela ne tient qu'un temps
    - soit faire admettre au minimum au niveau régional que le dumping social fausse la concurrence.

    L'excellent TCE a été rejeté par une quantité faramineuse d'ânes sous prétexte que Das Kapital pas assez taxé, ja, vilains Kapitalists vouloir défigurer notre schön doulce France Zozialisten....

    Mais en réalité, avec son préambule exigeant le respect d'une concurrence libre et non faussée, il y avait une excellente brèche pour avaliser que le dumping social constituait un critère de falsification. C'est l'angle sur lequel il faut se battre.

    Tu persistes, dans ta réponse à Dorham, à imaginer que les flux qui se dirigent vers les produits financiers et ceux qui se dirigent vers le travail sont interchangeables. C'est une illusion dangereuse qui ne correspond à aucune réalité que la gauche agite très régulièrement dans ses raisonnements.

    Je ne savais pas quoi publier aujourd'hui, eh bien hop, voilà, c'est plié.

  • Quelle grève inutile !!!

    La Toile de gauche se déchaîne, aujourd'hui : invitation générale à la grève. On y relaie les propositions délirantes du Front de Gauche, on se fait le porte-parole des Socialistes, on rappelle à Sarkozy ses engagements (sur ce point, on n'a pas tort, d'ailleurs), on évente les possibles calculs de l'actuelle majorité, on dénonce un complot capitaliste destiné à privatiser les retraites et à faire disparaître le service public, on refuse d'admettre que l'espérance de vie s'accroissant, il faudra bien trouver un remède à nos retraites agonisantes ; il n'est pas jusqu'aux écolo-démocrates de Cap21 chez lesquels on ne s'échine à voir dans l'âge de départ une vile tromperie.

    Et pourtant, quelle erreur ! Quel manque de perspicacité. D'aucuns croient voir dans le report de l'âge légal de la retraite un enjeu. Mais non voyons ; tenez, prenons mon cas. Comme beaucoup d'étudiants de ma génération qui ont suivi des formations plus ou moins longues après le bac et ont fait leur service national, j'ai commencé, en dépit de petits boulots, à travailler sur le tard, aux alentours de 26 ans. J'ai déjà calculé qu'il me faudrait cotiser au moins 42 annuités pour avoir ma pension à taux plein. Cela signifie qu'il me faut tabler travailler jusqu'à 68 ans. Alors franchement, que l'on recule l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans, je m'en tape. Peuvent être concernés ceux qui ont commencé à bosser très tôt. Ce sont souvent les ouvriers, pour lesquels justement la pénibilité du travail va être reconnue.

    Les syndicats ont tout faux. A 100%. Ce n'est pas sur l'âge de départ à la retraite qu'il faut se battre, mais sur l'aménagement des fins de carrière, et, plus généralement, dans un univers professionnel de plus en plus stressant et éprouvant, sur les conditions de travail. Je crois que c'est là l'un des principaux enjeux, et surtout l'un des seuls leviers sur lesquels une politique volontariste puisse agir. C'est bien pour cela que le MoDem en a fait l'un des huit axes de ses propositions.

    La question centrale, au fond, aujourd'hui, et la classe politique bute dessus sans parvenir à s'en dépêtrer, c'est celle de l'emploi et du travail. Théodore Zeldin déclarait dans le livre d'entretiens de Karim-Émile Bitar, Regards sur la France, que le véritable défi de la France et de nos sociétés modernes, c'était de modifier notre rapport au travail. C'est d'ailleurs l'objet de sa fondation, Oxford Muse. Sa fondation précise ainsi :

    « If people are soon likely to spend more years in retirement than at work, what will happen? Who will pay their pensions? »... eh oui...Il faut donc leur trouver des motivations pour poursuivre leur activité professionnelle. Ceci ne peut s'envisager que dans un environnement de travail adouci et apaisé.

  • Les Arabes, ils sont sympas et ils bossent tard le soir...

    C'est à la mode, en ce moment, les statistiques ethniques : très tendance. On les présente comme un mystère honteux dont seuls les esprits courageux osent parler. Zemmour avait fait réagir la presse et la Toile il y a un peu plus d'un mois. J'en avais parlé. En réalité, les statistiques, on peut leur faire dire plein de choses différentes, c'est une affaire de point de vue et d'objet observé. Par exemple, Zemmour avait affirmé qu'il y avait plus d'Arabes et de Noirs parmi les délinquants. C'est bien possible, mais j'avais alors montré que le niveau social était peut-être plus pertinent que l'origine ethnique pour juger de la propension à la délinquance.

    Cela dit, je me suis livré à ma petite statistique ethnique, moi aussi : avez-vous remarqué que 90% des supérettes et épiceries ouvertes tard le soir, les jours fériés et les dimanches sont tenues généralement par des Arabes, parfois des Asiatiques ? Où que j'aille (pas seulement dans Paris) j'ai observé ce phénomène. J'ai aussi remarqué qu'on y est toujours bien accueilli, que ces épiceries sont bien dotées, et que les épiciers qui y travaillent sont aimables, cordiaux et prévenants. C'est loin d'être le cas partout. Donc, moi aussi je fais mon Zemmour, et je déduis de l'objet que j'ai ciblé que les Arabes sont cordiaux, sympathiques, aimables et travailleurs.

    CQFD...

  • Retraites, la patate chaude...

    C'est intéressant, les réactions des responsables politiques, à propos des retraites. Personne n'ose jeter de l'huile sur le feu. Ils savent tous qu'on est face à quelque chose de trop sérieux pour faire les c... On est là dans l'ordre de milliers de milliards d'euros pour financer les futures retraites. Après, tout le monde se demande quels sont les moyens de les financer, ces retraites, même si les Français ne veulent pas payer un centime de plus ni plus tard pour partir confortablement passé le délai légal, mais les responsables politiques, eux, savent bien que la potion amère est inévitable. Il va falloir amputer et cautériser sans anesthésie...Le problème, aujourd'hui, c'est que les travailleurs sont usés, carbonisés, parfois, par leur travail. Comme l'observait avec justesse Robert Rochefort, euro-député MoDem, qui a tout de même écrit deux livres sur la question des retraites,  c'est aussi toute notre relation au travail qui doit se modifier pour qu'une réforme passe sans trop de casse. Tous ceux qui travaillent n'en peuvent plus aujourd'hui. On ne le dit pas, mais les cadences d'aujourd'hui n'ont plus rien à avoir avec ce qu'elles ont été aux temps glorieux du plein emploi, et les conditions de travail de plusieurs secteurs de la fonction publique se sont considérablement dégradées (police, enseignement, hôpitaux).

    La réalité, c'est qu'on a tous la trouille avec nos retraites. Les Français croient qu'en manifestant et en votant contre tout gouvernement qui réformera sur les retraites, ils retarderont l'inéluctable, mais, par définition, l'inéluctable est inéluctable...Si la classe politique, gauche et droite confondues s'entend à souhaiter préserver la répartition, quelques voix isolées prônent le fonds de pension comme solution individualisée. C'est le cas d'Aurélien, par exemple. Moi, la question que je pose à Aurélien, c'est : tu fais quoi le jour où un Madoff s'empare de centaines de milliers de fonds de pension de retraités. Soyons plus précis : tu fais quoi des vieillards et des petites vieilles qui se retrouvent un jour à la rue, complètement ruinés, contraints de mendier dans la rue, et qui finissent par crever de faim et de froid ? Soyons sérieux : on ne fait pas transporter des oeufs à un troupeau de gnous affolés...