J'ai suivi la déclaration de politique générale de Valls. Difficile d'en dire grand chose. Sur les grandes orientations, cela m'a l'air pas mal, mais, chat échaudé craint l'eau froide, attendons de voir ce qui va vraiment être fait.
Valls veut faire passer deux projets de loi sur l'immigration et le droit d'asile : comme je ne sais pas en quoi ils consisteront, il est bien difficile de donner un avis.
Il veut aussi assouplir la loi sur les rythmes scolaires de manière à tenir compte des remontées des élus de terrain. Très bien. Et donc ?...
Réduire les régions, bof, je n'ai pas d'avis là-dessus. Ce sont surtout les départements qu'il faut supprimer. Cela tombe bien, Valls veut les faire disparaître d'ici 2021. Mais comment, mystère... Sur ce point, je lui suggérerais bien la méthode Bayrou, la plus pertinente dans cette optique : fusionner les conseils généraux et régionaux en augmentant le nombre d'élus des régions. Ce n'est pas ce que coûtent les élus qui représentent les frais, mais tous les doublons et les frais de fonctionnement. Et puis les conseils généraux sont tellement opaques...J'ajoute que ces réformes ont un sens si les élus des régions le sont à la proportionnelle, faute de quoi se reconstitueront des fiefs propices à toutes les dérives mafieuses. Et le président de région doit être élu au suffrage universel direct.
En ce qui concerne les économies et les baisses de charge et d'impôts, j'attends toujours de voir quelles mesures concrètes vont les permettre. Ce que je pense, c'est que le saupoudrage est une mauvaise méthode. Ce sont des missions superfétatoires et onéreuses qu'il faut reconsidérer et faire purement et simplement disparaître.Je dis ça pour le fonctionnement de l'État.
Mais il n'y a pas que cela.
Il y a les retraites, la sécurité sociale et le chômage. Pour les retraites, je pense que le compte notionnel est la meilleure solution. L'équilibre est assurée de cette manière, et, ce qui est intelligent, c'est que plus on travaille tard, plus le montant de la retraite augmente. Toutefois, il n'est pas envisageable d'allonger la durée du travail sans aménagement de ses conditions pour les seniors. On parle tout le temps de l'allongement de la durée de vie, mais on oublie sans cesse que l'espérance de vie en bonne santé n'a pas augmenté, elle. Au contraire, elle a même légèrement reculé ces dix dernières années.
Du côté de la santé, une franchise de 200 euros par an, c'est énorme. Il ne faut pas procéder ainsi parce que cela pourrait affecter singulièrement la santé publique. Mieux vaut une petite franchise de un à deux euros à chaque consultation. Ensuite, je pense qu'on pourrait envisager un système mixte, quitte à réformer un peu la formation des pharmaciens, dans lequel ces derniers pourraient avoir des pouvoirs de prescription sur des choses simples. Cela pourrait inclure des certificats médicaux de base. Il y a peut-être des causes sur lesquelles il faut agir, mais si l'on regarde la répartition des dépenses, on voit bien que le 3ème âge et la dépendance absorbent une grande part des dépenses. Ainsi, l'Institut Montaigne observait dans une étude en 2008 que les personnes âgées représentent une part croissante des dépenses de santé. Compte tenu de l’allongement de l’espérance de vie et de la déformation de la pyramide des âges, les retraités représentent une part croissante de la population et des dépenses d’assurance maladie. Ainsi, la moyenne d’âge des patients en affection de longue durée (qui représentent 14% des assurés mais près de 60% des dépenses du fait d’une prise en charge à 100% des soins liés à leur affection) est supérieure à 61 ans. Une personne âgée de plus de 75 ans sur deux bénéficie de ce statut d’ALD et donc d’un financement intégral de sa pathologie par l’assurance maladie obligatoire. L'institut jugeait alors inéluctable un accroissement de la contribution des retraités à l'assurance-maladie. Pas sûr que ce soit une solution géniale. J'aimerais que l'on travaille davantage sur les causes des coûts et sur la manière dont on pourrait standardiser et simplifier certains actes plutôt que sur l'hypothèse d'une réduction supplémentaire du pouvoir d'achat des retraités. En tout cas, la gérontologie est une science d'avenir...
Reste le chômage. Je trouve le principe de droits rechargeables bon. Ensuite, j'imagine qu'il faut l'ajuster pour qu'il ne vire pas à l'usine à gaz. On verra de toutes façons ce qu'il produira à la pratique. Si tout va bien, il devrait inciter au retour à l'emploi. Encore faut-il qu'il y en ait, de l'emploi...
La France est le pays au monde qui consacre la plus importante part de son PIB à la protection sociale : 32.1% ! Cela interpelle tout de même et appelle certaines révisions que d'aucuns pourront qualifier de déchirantes mais clairement nécessaires.
C'est bien pour cela que les responsables politiques qui font assaut pour proposer de nouveaux droits et avantages sociaux sont des irresponsables démagogues et dangereux, car nous croulons sous les déficits sociaux.