Je suis en colère, je l'avoue : j'ai l'oeil sur les sondages parisiens et je vois bien que la gauche et Anne Hidalgo ont désormais un grand boulevard vide devant eux. Pire : le PS va même améliorer ses positions, le 5ème tombant certainement dans l'escarcelle socialiste et le 15ème s'avérant en danger. Dans les 12ème et 14ème la partie est d'ores et déjà perdue.
Le problème, c'est la droite qu'on a à Paris depuis trop longtemps. Repliée sur elle-même, nullasse, incapable de proposer la moindre alternative.
Je ne jette pas la pierre à NKM : elle est arrivée et elle a dû faire avec une cour de baronnets arrogants, fainéants et incompétents. Vous croyez qu'ils auraient réfléchi à une alternative pendant 12 ans ? Pensez-vous ! un tel effort intellectuel semble avoir été hors de portée de cette petite cour de féodaux. NKM a dû composer dans l'urgence un programme municipal alors qu'une telle chose se construit sur la durée.
En face, Anne Hidalgo se tient prête depuis un moment. Avec tous les leviers de la ville de Paris, c'est un rouleau compresseur. Elle dispose de moyens phénoménaux. Je vais voir avec rage et amertume se poursuivre la gentrification de Paris. Une ville pour les bobos, les minorités et les touristes, voilà le programme socialiste. Ce qui m'insupporte d'autant plus ce sont les mensonges éhontés de la municipalité affirmant dérouler le tapis rouge aux classes moyennes. Il n'en est rien. Elle investit des centaines de millions d'euros dans des projets pharaoniques, fournit une assistance sans conditions aux Parisiens d'origine immigrée des quartiers nord mais augmente les impôts, les tarifs des services qu'elle propose et se garde bien d'investir dans ceux qui seraient le plus nécessaire aux Parisiens les plus simples.
Et nous cadres moyens, nous voilà coincés au milieu de cadres supérieurs qui applaudissent d'autant plus qu'ils ont les ressources qui leur permettent de s'exonérer des désagréments générés par la gauche.
Il aurait fallu constituer un shadow cabinet en 2008 : c'est ce que voulait faire Marielle de Sarnez. Je le sais parce que je l'ai entendue le dire et l'appeler de ses voeux devant moi. Pauvre MoDem. Entre ses militants occupés à pérorer sur la démocratie, un appareil squelettique aux abonnés absents et des moyens dérisoires, il n'était pas capable d'opposer au rouleau compresseur socialiste une task force susceptible de lui donner du répondant.
Partout, les réactions aux excès socialistes sont venus de la société civile, simples citoyens se mobilisant dans des collectifs ou associations, publications libres tentant de protéger la patrimoine, comme la Tribune de l'Art, élus isolés comme David Alphand, Laurence Dreyfuss ou encore Serge Federbusch. Mieux encore : ce sont parfois les Verts qui ont incarné l'opposition au bétonnage socialiste, un comble.
Le pire, c'est qu'il n'y a eu personne pour imaginer autre chose : à chaque fois, c'est le même scénario. Un réveil en sursaut à quelques mois des échéances et du Delanoëlike jusqu'à l'issue finale.
Les baronnies de droite laissent crever leurs terres par leur inertie. Pas d'idées, pas d'imagination, sans compter des pratiques contestables en matière de démocratie locale. Incapacité totale à s'appuyer sur le tissu citoyen de leurs arrondissements. L'Ancien Régime est tombé, mais pas les féodaux parisiens.
Je trouve que le 16ème est un cas d'école : regardez Goasguen. Il est à l'abri avec Debré dans son arrondissement pépère. Qu'est-ce qu'il propose au 16ème ce gars-là ? Rien. Taittinger ne remuait déjà plus guère, mais avec Goasguen, on est passé dans l'ère de la gangue absolue, sauf pour faire valoir sa pomme dans ses journaux municipaux. Il faut le dégager, ce gars-là. Il est vraiment nul.
Franchement, si je votais dans le 16ème, ma voix irait à David Alphand ou à Valérie Sachs. David Alphand (et Laurence Dreyfuss avec lui) a été de tous les combats contre les mauvais coups portés à cet arrondissement. Valérie est un cas particulièrement emblématique et intéressant pour le 16ème : c'est la seule personne que j'ai vue porter un vrai projet pour l'arrondissement. Je le sais parce que j'ai travaillé dans son groupe, et c'était vraiment passionnant. J'ai eu quelques désaccords avec elle par la suite sur les projets d'aménagement de Delanoë dans le 16ème, mais je lui reconnais une vraie vision et j'ai toujours regretté que le MoDem ne lui ait pas donné sa chance.
A Paris, il faut évidemment faire tomber les fiefs mais pas leur substituer des moulins à vent. Que vaut le Paris Libéré de Beigdeber ? Pas mieux. On ne peut rien penser de bon d'une liste qui se constitue à toute vitesse à l'orée d'une élection importante sans avoir construit un projet de longue date et tissé des liens avec les Parisiens. C'est d'ailleurs le problème principal des listes dissidentes à droite. Elles n'ont pas plus de projet que le leurs homologues régulières.
Conclusion des courses, on est mal barré.