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démographie

  • La bombe démographique sera mondiale

    La population mondiale continue de croître, mais en dehors de certaines zones de l'Afrique, de l'Afghanistan et du Pakistan, et de quelques pays très pauvres, cette croissance n'est que l'effet de l'allongement de la durée de vie. Partout, le taux de fécondité s'est stabilisé, approchant 2 enfants par femme. En Chine, on en est même à songer à inverser la politique de fécondité du régime. En Inde, le taux est de 2.7, mais avec de fortes disparités : 3 et plus au nord, moins de 2 au sud. La Tunisie dont la jeunesse fait connaître bruyamment son mécontentement est à 1.85. Ce n'est pas mieux dans les autres pays du Maghreb.

    Les problèmes démographiques et les thématiques qui leur sont associées (montant des retraites, temps de travail) ne seront donc bientôt plus l'apanage des seuls pays développés. 

    A horizon 2050 ou 2060, avec l'élévation générale du niveau de vie de la planète (même si par ailleurs les inégalités de creusent) et l'amélioration de l'éducation des femmes (puisque dans les pays économiquement peu avancés, le fort taux de fécondité est avant tout l'expression d'une société patriarcale), la population mondiale devrait commencer à stagner, voire décroître.

    Il s'agira alors de bien considérer ce que doivent être les rapports entre les générations, et de reconsidérer le concept-même de génération.

    Il y a un défi absolument urgent pour la médecine : la médecine ne peut pas se contenter de gérer la vieillesse. Elle doit désormais reculer non pas l'âge de la mort, mais l'âge de la vieillesse. Pour qu'une société dont la durée de vie s'allonge soit viable, il convient qu'à 60 ans, on soit encore un jeune homme si l'on doit devenir centenaire.

    Aucune mesure d'allongement du temps de travail n'est tenable sans des recherches (et des résultats !!!) très poussés dans ce champ de la médecine. La gériatrie, la gérontologie, doivent changer de nom : l'athanatologie, néologisme que je forme en écrivant, d'ἄθανατος en grec, qui signifie "immortel" doit prendre leur relais. Comme l'écrit Christian Doré dans le Figaro, il faudra reprogrammer la vie.

    Les enjeux, en plus d'être sociaux et sociétaux, sont économiques : et ils sont mastodontesques. La santé et la jeunesse devenant un enjeu social majeur pour les équilibres des sociétés développées, ce sont des milliers de milliards d'euros qui pourront s'écouler dans le marché de la vie : des opportunités économiques qu'on peine à se représenter.

    Alors ? La vieillesse, une maladie comme les autres, finalement ? Question aux implications éthiques, voire métaphysiques,  lourdes et profondes, mais question qui mérite d'être posée désormais.

  • DSK veut ouvrir en grand les vannes de l'immigration

    Les dernières déclarations de DSK, dont Marianne se fait l'écho avec grande justesse, sonnent à mon avis le glas d'une alliance entre un projet centriste et le projet socialiste.

    Enfin...je l'espère !

    L'abdication des élites européennes face à la dénatalité est sidérante. Jusqu'ici, je pensais que l'ouverture tout azimut de notre territoire n'était que le fait de délires de technocrates et commissaires européens bornés et sûrs d'eux, mais je vois que DSK joint sa voix au concert.

    Moi, cela me sidère : c'est un retour au giscardisme des années 70. On sait très bien que l'immigration de travail stimule le dumping social et la dégradation des conditions de travail. J'ai entendu parfois des libéraux m'expliquer que ce n'était là que le jeu de la concurrence et que mes dénis n'aboutiraient qu'à ce que l'emploi se délocalise.

    C'est faux. Le raisonnement ne tient pas. Parce que les emplois concernés par cette immigration de travail sont des emplois de proximité et de services à la personne. Dans l'industrie, il est déjà trop tard, et depuis longtemps. Quant aux services, la plupart du temps, la distance ne pose pas de problèmes et ils se délocalisent aussi. C'est une autre problématique.

    Moi, ce qui me sidère, c'est qu'on a 10% de chômage ou presque, 20 à 25% chez les jeunes, des problèmes d'intégration pour les générations d'immigrés précédentes et que DSK veut en rajouter une couche ! Tout comme Sarkozy, au demeurant, qui, je le rappelle, s'il a roulé des mécaniques, a naturalisé français et sans conditions bien plus que le PS ne l'avait fait de 1997 à 2001.

    Et ce qui m'énerve, c'est d'avaliser que nos pays européens ne seraient pas capables de stimuler leur propre démographie alors que des mesures ad hoc seraient clairement efficaces. Simplement, elles ont un coût et ne sont pas compatibles avec le dumping social.

    A cela s'ajoute que DSK, comme les commissaires arrogants de Bruxelles, rêve d'ôter aux États-Nations tout pouvoir. Je ne puis que le renvoyer à l'excellent programme du MoDem au moment des élections européennes : l'Europe ne se fera pas contre les nations. 

    La construction européenne n’a jamais eu pour objet de faire disparaître les Etats-nations ni les cultures régionales. Au contraire, l’Europe reconnaît le plu- ralisme des identités et des cultures, à travers par exemple la Charte euro- péenne des langues régionales ou minoritaires. Cette diversité incroyable de notre continent est une richesse à entretenir.

    Alors oui, c'est tentant, le globish, le commissaire au plan européen, mais non, ce n'est pas comme cela que l'Europe peut se développer. Pas en passant par-dessus la tête des citoyens, même si je concède à DSK que les États ne sont pas très nets, puisqu'ils avalisent en douce des mesures dont il font ensuite porter le chapeau à l'Europe à voix haute.

    J'adjure le MoDem de ne surtout pas s'aligner sur les positions de la gauche réformiste dans le domaine de la démographie et de l'immigration. Bayrou a été le premier à mettre en exergue la bombe démographique, en 2007, dans son programme. Il existe d'autres solutions, européennes et nationales, que l'immigration. Je souhaite que le MoDem présente un programme de rupture dans ce domaine, associé à une réflexion plus générale sur le travail et les conditions de travail, car enfin, on entend que les Français ne veulent pas effectuer certaines taches ; ah. Moi j'aimerais bien savoir pourquoi. Certaines voix sûres d'elles-mêmes expliquent que les Français sont des fainéants et en veulent plus en ramer une. Cette opinion reçu est contredite par des études internationales qui classent les travailleurs français parmi les plus productifs de la planète.

    Il faudra donc bien tôt ou tard ouvrir le dossier noir des conditions de travail, là où j'attends les syndicats (ils devraient se battre là-dessus) et de véritables propositions des partis politiques.

    La solution de DSK qui trouve notre droit du travail trop restrictif montre bien qu'il s'en soucie comme d'une guigne...

  • Le PDE réfléchit sur la natalité européenne

    Quand il y a un congrès du Parti Démocrate Européen, le groupe politique auquel appartient le MoDem à l'échelon européen, je le suis avec la plus grande attention, car je suis certain, à tous les coups, d'y trouver une moëlle des plus substantifiques pour ma propre réflexion. Robert Rochefort était chargé de rendre une synthèse sur le modèle social européen. Ce que son groupe de travail a écrit sur la natalité et la stimulation de la natalité européenne est très proche de ce que je pense.

    Dans de nombreux pays européens, la politique familiale est insuffisante. On ne peut renvoyer à la seule vie privée la recherche de conciliation entre les différentes contraintes de la vie moderne qui conduit trop souvent au recul de l'âge de la maternité voire tout simplement à l'abandon du projet d'avoir des enfants. Or la stimulation de la natalité - tout en respectant le désir des familles - est la première des mesures de long terme qui combat le vieillissement de la population européenne. Comment faire ?

    Les gouvernements ont mis en place différentes mesures financières destinées à encourager les parents à concevoir plus d'enfants : des primes de naissance, des réductions fiscales, ou encore des allocations distribuées aux familles pendant toute la durée de l'enfance et souvent de l'adolescence. Comme nous l'avons vu dans le premier chapitre, ces soutiens financiers varient fortement en quantité et en nature d'un Etat membre à l'autre. Cependant, les études montrent que de telles mesures tendent à avoir des impacts très faibles sur la fertilité, et que ceux-ci sont sur le très court terme. Il semblerait notamment que les "bonus" de naissance et autres initiatives de ce type tendent à encourager les parents qui avaient déjà décidé d'avoir un enfant de concevoir celui-ci plus tôt que prévu, mais n'aient que très peu d'impact sur les parents qui n'avaient pas pris la décision de procréer.

    Néanmoins, ce qui est le plus déterminant a trait à la possibilité pour les individus de pouvoir concilier de façon très concrète leur vie professionnelle et leur vie familiale. Pour le Parti Démocrate Européen, c'est sur cela que les pouvoirs publics, nationaux et européens, doivent agir en priorité.

    Il faut d'abord développer les mécanismes de garde des jeunes enfants à disposition des familles et en faciliter l'accès.

    Ainsi, les horaires d'ouverture des écoles maternelles et primaires pourraient être allongés et celles-ci rester ouvertes durant une partie des vacances scolaires en développant les activités extrascolaires. Pour les plus jeunes, il faut développer l'offre de service de garde, en particulier multiplier le nombre de place de crèches, tant en zone rurale qu'en zone urbaine. Dans certains pays de l'Union, cela n'existe pas du tout, et il convient de créer cette forme d'accueil.

    En outre, il faudrait que les ménages les plus modestes puissent bénéficier d'un mécanisme d'aides financières directes à la garde d'enfants. Attention toutefois à ne pas confondre les politiques familiales et celles de lutte contre la pauvreté. L'une et l'autre sont des nécessités mais elles possèdent leur logique propre. La France, pays qui a peut- être le mieux réussi à établir puis à préserver un "package" de mesures destinées à rendre compatible la vie professionnelle et la vie familiale - surtout pour les femmes - obtient des résultats relativement satisfaisant en terme de natalité par la coexistence - toujours menacée - des deux politiques.

    Une idée intéressante est le label "employeur respectueux de la famille", comme le système de certification lancé par la Slovénie en 2007. Celui-ci encourage les employeurs à introduire sur le lieu de travail des politiques prenant en compte les besoins des familles - "chèques garde d'enfants" permettant de subventionner le placement de ceux-ci en centre aéré pendant les vacances, mise à la disposition des salariés une structure de garde durant les vacances scolaires, etc. - en valorisant l'entreprise par l'octroi d'un label spécifique la différenciant de ses concurrents sur le marché de l'emploi.

    Il faut également favoriser le temps partiel avec horaires aménagés. Les outils modernes de communication choisis (webmail, téléphone portable, fax, vidéo conférence, etc.) donnent aux individus toutes les clés pour travailler efficacement depuis leur domicile. Il faut donc encourager les possibilités de télé travail afin de faciliter l'exercice d'une activité professionnelle pour les parents qui gardent leurs jeunes enfants à domicile.

    Il faut aussi promouvoir le congé paternité, qui reste très peu développé en Europe, alors qu'il vise à aider les pères à s'insérer dans leur rôle et participe à l'amélioration du partage des tâches entre les hommes et les femmes.

    Signalons enfin que la politique familiale est par définition interministérielle. Elle touche à tous les autres secteurs de la vie publique. Il faut insister tout particulièrement à cet égard sur la nécessité de prendre en compte les besoins de logements confortables et à prix abordables pour les familles. Or ce n'est pas le cas aujourd'hui dans de très nombreuses villes importantes de l'Union. La hausse des prix des loyers y a été très élevées et les constructions neuves insuffisantes. Lorsque les familles n'ont pas d'autre choix que de rester au cœur des villes dans des logements exigus, ou bien de devoir s'installer dans les périphéries éloignées, cela peut retarder ou endiguer leurs projets de parentalité.
    D'une façon générale on constate dans les pays de l'Union que le nombre "désiré" d'enfants par les couples est inférieur à celui qu'ils procréent (de 0.3 à 0.5 enfants en moyenne). Tout doit être fait pour réduire et tendre à supprimer cet écart. Pour tous les humanistes, existe-t-il un projet plus important que celui de permettre aux familles de réaliser leur projet de descendance ? Le paradoxe de la société d'hyperconsommation réside bien ici : tout est fait pour pouvoir disposer des objets du moment (voiture, écran de télévision à haute définition, téléphones portables, consoles de jeu...) mais cela se fait parfois au détriment du troisième, voire du second enfant pourtant désiré.

  • Non, l'immigration n'est pas la seule solution à la dénatalité !

    J'entends souvent du côté des technocrates européens boboisés que l'immigration serait une fatalité économique car il faudra pourvoir les emplois que notre démographie déclinante ne parvient plus à remplir.

    Il existe une toute autre solution : faire des enfants, tout simplement. Pour que cette option à laquelle nos technocrates ne songent jamais, se réalise, il est évident qu'il convient de mettre en place des dispositifs qui favorisent les familles nombreuses et les modes alternatifs de garde.

    Le travail des femmes va bien évidemment dans le sens de l'histoire. La révolution de la paternité n'est pas encore achevée, elle ne fait que commencer. Il y a donc une phrase transitoire où tout doit être fait pour permettre aux femmes de concilier travail et maternité.

    Ceci suppose la démultiplication de tous les modes de garde : croissance des crèches, y compris des crèches d'entreprise, des déductions fiscales pour les gardes à la maison ou chez les assistantes maternelles.

    Une authentique politique démographique doit toucher tous les aspects de la vie professionnelle d'une femme : elles doivent conserver tous leurs avantages en termes de travail de nuit, retraites, congés parentaux et allocations chômage.

    Une telle politique a certes un coût, mais très probablement bien moindre que celui d'une immigration galopante, alimenté par un regroupement familial aux coûts sociaux et financiers faramineux. 

    L'omerta sur le coût réel de l'immigration commence à se lever petit à petit, puisque les premières estimations chiffrées sont désormais rendues publiques. Il est à observer que de nombreux maires dans les années 70, avaient pressenti la chose, particulièrement dans les communes rouges puisqu'ils la considéraient avec angoisse.

    En ce qui concerne l'emploi, il faudra m'expliquer pourquoi la France aurait besoin d'une immigration de travail alors que le chômage touche aussi fortement les jeunes Français.

    Il y a à cela plusieurs causes :

    a) il y a clairement un problème d'orientation à l'école, c'est à dire une inadéquation entre les formations et l'offre d'emploi.

    b) il y a un problème de salaires : si les Français ne veulent pas de certains métiers, c'est qu'ils ne sont pas attractifs. Dans la restauration et le bâtiment en particulier, dans plusieurs professions artisanales également,  il est nécessaire de prévoir des salaires adaptés aux conditions de travail difficiles. De ce point de vue, le raisonnement du Parti Communiste dans les années 70 reste valide : les entrepreneurs qui font appel aux immigrés le font pour éviter de payer leur dû aux travailleurs locaux. C'est un dumping social déguisé qui a cours depuis trop longtemps.

    Il convient donc de durcir la répression du travail clandestin, en distinguant toutefois bien les gestes humains et la cupidité pure et dure.

    Il ne s'agit bien sûr pas de mettre fin à l'immigration de travail mais de l'ajuster aux besoins réels de la France.

    c) il faut évidemment mettre fin de manière immédiate au regroupement familial lorsqu'il donne lieu à de l'aide sociale. De manière générale, il faut légiférer plus strictement. En outre, le regroupement familial est un frein au co-développement : quand des travailleurs immigrés renvoient une part de leur salaire dans leur pays d'origine, ils contribuent à le développer.

    J'ajoute que je ne saurais en aucun cas avaliser un discours qui s'en prendrait aux immigrés  : les immigrés ne sont pas comptables de toutes ces difficultés. Ce sont les gouvernements mous d'un côté, et les entrepreneurs cupides de l'autre qui sont à la source de ces problèmes.

    Je rejoins entièrement Jean-Claude Barreau, ex-directeur de l'Institut National d'Études Démographiques pour estimer que c'est toute l'Europe qui est concernée par ce défi démographique.

     

  • Nos retraites

    Tiens, Jean-François Copé s'intéresse à l'avenir de nos retraites. Intéressant, puisqu'il prend une position très claire en faveur de la retraite par répartition. Il n'envisage pas non plus de toucher au montant des pensions : c'est en tout cas ce qu'il dit dans son édito. Il a décidé de créer un groupe de travail sur cette délicate question, avec des élus de l'UMP et du Nouveau Centre. La question posée au citoyen lambda sur l'une des pages du site indique que le groupe de travail de Copé envisage prioritairement l'allongement du temps de travail. Il me semble bien avoir lu dans des sondages récents que les Français sont très hostiles à cette solution. Le site a néanmoins le mérite d'exposer clairement à quelle situation nous risquons d'être confrontée dans les années à venir. Patrick Joly, un collègue blogueur après avoir rappelé récemment la position du Parti Socialiste (élargir l'assiette en taxant le capital), envisage lui aussi un accroissement de la durée de cotisation. Le MoDem reprend à peu près l'idée de Bayrou de 2007 de proposer un système de retraites à points, en encourageant l'activité partielle au-delà de la limite légale de la retraite.

    La réforme des retraites est un serpent de mer : il paraît à peu près inévitable d'aligner régimes spéciaux et régimes publics sur les régimes privés, mais cela va être très difficile, car il faut s'attendre à une véritable bronca des fonctionnaires. Il faudra donner quelque chose de fort en contrepartie pour que cela puisse être accepté. Il faut bien comprendre qu'elle était calculée jusqu'ici sur les six derniers mois. En passant aux 25 dernières années, cela va générer des dommages considérables dans les revenus de ces retraités qui pourront se retrouver avec parfois deux fois moins que ce qu'ils avaient prévu.

    S'il y a un embryon de solution, c'est de distinguer ceux qui s'engagent maintenant dans la fonction publique, en remaniant d'ores et déjà leur contrat dans ce domaine. Pour ceux qui ont signé par le passé, difficile de revenir sur un engagement d'État, sauf à ne vraiment pas pouvoir faire autrement. Il faudrait un expert pour chiffrer cela exactement, mais à mon avis, plus on tarde à faire cette réforme, plus on aggrave les déficits futurs des caisses de retraites.

    Le Parti Socialiste essaie à mon avis d'éviter d'affronter le sujet en suscitant l'espoir fou que le «Kapital» paiera...

    Cela me paraît très difficile : nous sommes dans une économie mondialisée, et toute taxe sur le capital a des répercussions sur les mouvements de capitaux. Pour établir des taxes sur les capitaux, il faut passer des accords avec au moins la moitié des pays de la planète. Cela me paraît un peu le miroir aux alouettes.

    Il me semble que Copé pose le problème en termes clairs dans l'article qu'il a écrit sur Slate. Marielle de Sarnez, dans un entretien avec Linternaute, avait été assez claire : elle estimait que l'on pouvait conserver le principe d'un droit à partir en retraite à 60 ans, mais qu'il serait sans doute nécessaire de travailler plus longtemps pour espérer que ce départ se fasse à taux plein.  Elle soulignait, toutefois, qu'en amont de la question des retraites, on trouvait d'abord celui de l'emploi des Seniors. Elle aussi, se montre tout à fait hostile à une retraite par capitalisation, solution que privilégient de nombreux libéraux. A titre personnel, je suis, pour ma part, très méfiant avec les retraites par capitalisation : que des fonds de pension s'écroulent, et des millions de retraités peuvent se retrouver sans ressource aucune du jour au lendemain. Donc, je ne l'exclus pas, mais pour moi, il faut des garanties d'État derrière et un encadrement très strict des placements autorisés avec ce genre de fonds, en contraignant au passage les établissements financiers à séparer leurs activités dans ce domaine , de manière à ce que d'éventuels fonds de pension soient garantis.

    En tout cas, il y a là un débat qui doit absolument dépasser les clivages partisans et auquel nous devons tous prendre part.

     

  • L'Europe face à la question démographique

    François Bayrou s'est exprimé avec beaucoup de justesse sur la question démographique en Europe, lors de la convention démocrate du 08 juin sur l'Europe,  et toutes ses implications. Bravo d'intervenir, parce qu'il est le seul responsable politique d'envergure à s'intéresser à cette bombe à retardement, or, elle va finir par nous péter à la tronche...Je crois avoir évoqué déjà ce sujet ici. Pour l'instant, seule la France et l'Irlande assure le renouvellement des générations en Europe, et encore, de justesse...

    Je le dis en deux mots. Il y a un premier chapitre qui a été abordé de manière tout à fait remarquable ce matin : le chapitre démographique. Jamais, dans l'histoire des hommes, une puissance vieillissante et riche n'a survécu lorsqu'elle était entourée de régions jeunes et pauvres. Cela ne s'est jamais produit.
    Quand Valéry disait : « Nous autres, civilisations, savons aujourd'hui que nous sommes mortels. La mort des civilisations a toujours été sous cette forme : opulence, relâchement, vieillissement, avec à côté, au sens propre, des morts de faim portant une autre vision, une autre idéologie, souvent une autre religion ».
    Ceci est une question européenne et vous voyez que déjà cela fait un pan de crise nouvelle.
    Nous allons être le continent le plus vieux, si nous n'y prenons garde.
    Il y a une énorme réflexion à conduire. D'abord pour que chacun des âges trouve sa place dans le projet de société européen et ensuite pour qu'il y ait une reviviscence. C'était tout à fait vrai ce que disait Gérard Deprez, à savoir que bien entendu, il y a l'immigration, mais il n'existe pas non plus de peuples qui reçoivent des populations venues de l'extérieur, en nombre, sans se trouver profondément déstabilisées dans leur manière d'être.
    La xénophobie, très souvent, c’est le déséquilibre. Et il ne suffit pas de répondre que l'on va rééquilibrer par des migrants, il faut encore que nous pensions aux conséquences qui sont celles des migrations en termes de déséquilibre de la société.
    Je l’ai souvent expliqué en prenant l'exemple mahorais -tout à l'heure notre député de Mayotte était là- il y a des vagues de rejet de l'immigration clandestine comorienne à Mayotte. Et ce n'est pas une question de race : ce sont les mêmes familles, pas seulement les mêmes ethnies, mais les mêmes familles… Même chose en Guadeloupe avec les Haïtiens.
    Ce sont des questions d'équilibre et un chef d'Etat, un homme d'Etat, un militant qui veut être dans la vraie pensée politique ne peut pas penser uniquement en termes de production et de consommation, en termes quantitatifs, et l’on va remplacer les uns par les autres. Parce qu’à ce moment-là vous avez des tremblements de terre et de l'extrémisme, comme en Italie temps-ci.
    Il faut penser à cet équilibre. Démographie.

     

  • Que faire pour nos retraites ? Idées en vrac ...

    Il n'y a pas de mystère : il faut allonger la durée de cotisation, mais ce n'est pas suffisant.

    Idéalement, il faudrait que les retraités puissent mener une activité à mi-temps, afin de percevoir un revenu complémentaire, même au delà de la retraite.

    En ce qui concerne les retraites, il est de toutes façons toujours possible d'envisager par la suite des solutions moins contraignantes si jamais notre croissance fait un bond. En l'état actuel, je crois qu'il faut reculer l'âge de la retraite , en effet, et prévoir une activité complémentaire, mais pas fatigante.
    Le problème, c'est bien sûr la mise en place de tels projets.
    Certains métiers sont pénibles : on ne peut pas envisager de demander à un ouvrier du bâtiment de continuer à 60 ans à utiliser un marteau-piqueur. Ce qu'il faudrait, mais, évidemment, il ne faudrait pas se faire accuser de discrimination, c'est réserver les emplois de bureau aux seniors. Je pense aussi qu'un enseignant, passé un certain âge, aura des difficultés face à un public trop jeune (jeunes enfants, collégiens, voire lycéens) : il faudrait, désormais, au sein de l'E.N réserver une part croissante de ces mêmes emplois à des enseignants qui souhaiteraient des revenus en plus, à l'âge de la retraite.

    Le problème, dans notre société, est surtout structurel : dans le monde du travail, les seniors ne sont pas bien traités. On essaie souvent de les pousser à la porte (car ils coûtent généralement cher) et de jeunes loups poussent pour prendre les places. Leur expérience et leur connaissance du métier est pourtant souvent un atout pour les entreprises.

    La difficulté, c'est de mettre tout cela en place : j'ai du mal à penser que l'Opération du Saint-Marché y parvienne en vertu de la Très Sainte Loi de l'Offre et de la Demande et du Mystère de de la Concurrence Libre et Non Faussée. Non pas que je ne fasse pas confiance au Marché, mais pas pour ce genre de choses. Cette mesure aurait pourtant un impact positif, car non content de réduire les dépenses de l'Etat, elle prolongerait les cotisations et stimulerait la consommation.

    En outre, un mi-temps, voire un quart-temps, laisse du temps aux loisirs et aux soins médicaux s'ils sont nécessaires et pas trop lourds. Il faut quelque chose de modulable et de régulier tout en même temps. Sur la question des retraites, passer en force ne peut fonctionner et cela a été toute l'erreur de François Fillon. Il faut créer un débat public, mettre tout sur la table, et prendre le très gros risque de régler définitivement la question par voie référendaire. Evidemment, mieux vaut ne pas planter le référendum. Mais pour cela, les sondages peuvent servir d'indicateurs.
    Enerver le peuple français ne servira à rien. Je dis cela, parce qu'en dépit de l'urgence, on ne peut faire l'économie d'une nécessaire pédagogie.

  • La contrainte du budget et la démographie

    Pour l'avenir, à considérer le montant astronomique de la dette de l'Etat, aucune politique ne devrait être présentée sans avoir comme préalable l'équilibre budgétaire.

    Les gens sensés sont, je le crois, d'accord sur la nécessité d'une politque résorbant notre monstrueuse dette publique. Donc, la distinction, parmi les gens sensés va se faire sur leur manière de la réduire. Quels budgets faut-il alléger et en taillant dans quoi exactement ?
    Car actuellement, si tout le monde en parle, personne ne propose de choses concrètes à quelques exceptions près. Par exemple François Bayrou et Christian Blanc parient beaucoup sur l'e-adminsitration pour réduire les effectifs des administrations centrales.

    Cette question centrale devrait être traitée de manière trans-partisane.
    Un budget en équilibre exclut-il radicalement par exemple une politique keynésienne ou néo-keynésienne ?


    Une politique keynésienne  est envisageable uniquement dans des circonstances exceptionnelles (crise par exemple) et pour une durée limitée. De plus l'appareil productif de la zone géo-économique menacée par la crise doit être en mesure de répondre à une éventuelle relance par la demande.

    La contrainte budgétaire implique aussi de faire face à de vrais dilemmes cornéliens. Par exemple, on parle actuellement de donner des annuités supplémentaires aux femmes qui ont élevé beaucoup d'enfants et ont du s'arrêter de travailler pour cela. 

     Nous sommes pris, je le crois, en tenailles entre deux barils de poudre : la dette et  la démographie, à mon avis tout aussi inquiétante, et encore, la France n'est pas la plus mal lotie. Augmenter les retraites des femmes qui s'arrêtent n'est peut-être pas une bonne idée, mais dans ce cas, il faut être prêt à participer au financement de crèches près des lieux de travail. Une dépense de plus  ? Certes, mais celle-là, elle me paraît prioritaire, car ce sera nos enfants qui nous prendront en charge à l'avenir. Par ailleurs, cette mesure est peut-être moins coûteuse que l'arrêt de travail et l'augmentation de la retraite.

     La question des retraites est une véritable bombe : un seul espoir, réussir à créer suffisamment de croissance pour combler notre déficit et financer plus tard nos programmes sociaux.

     Démographie, dette publique et contrainte budgétaire, voilà des choses dont on entend fort peu parler dans les programmes politiques actuellement. Seuls quelques parlementaires UDF (Jean Arthuis, Christian Blanc, François Bayrou) semblent s'en préoccuper franchement, et il n'y a eu que l'UDF pour proposer d'inscrire la contrainte budgétaire dans la loi...