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croissance

  • A trop tirer sur la corde, la gauche va tout casser...

    Je suis émerveillé et estomaqué de la persévérance imbécile de la gauche gouvernementale à poursuivre sa chasse aux koulaks. Notre réputation devient exécrable, si des acteurs sur le retour font l'actualité, à la réalité, c'est les départ des jeunes chefs d'enteprise qui sont inquiétants.

    Je n'ai pas suivi le débat Cahuzac-Mélenchon, mais j'ai appris que Cahuzac entendait pérenniser la taxe à 75% sur les très hauts salaires. 

    Depuis la présidentielle, la gauche joue de sa petite partition sur l'un des ressorts les plus mesquins et vils qui soient : la propension naturelle du Français à envier son voisin pour ce qu'il de plus que lui. On pourrait espérer que ce trait suscite une émulation, or, à l'inverse, il fait de nos concitoyens les complices actifs d'une spolation au prétexte d'une solidarité en réalité forcée.

    Hollande et consorts vont payer cash leur incroyable persévérance dans l'erreur. L'économie n'est pas prête de se redresser car les entreprises n'ont aucune marge d'action.

    Il faut en outre en finir avec le mythe idiot qu'un entrepreneur crée son entreprise pour le plaisir d'entreprendre. Il le fait parce qu'il y trouve un avantage en dépit des risques et que cet avantage repose en règle générale sur de grosses perspectives de profits.

    Les Socialistes allument des contre-feux pour tenter de masquer le néant de leur politique économique en agressant bêtement l'Église au risque de finir par générer un véritablement ressentiment dans la société française contre l'union homosexuelle. Pour l'instant, les Français la soutiennent, mais à trop en faire, il pourrait y avoir un revirement.

    Je ne dirais pas que les Socialistes sont responsables de l'emploi qui se délite, mais ils ne prennent aucune mesure qui pourrait permettre de construire l'avenir à défaut de rétablir maintenant la situation. 

    En réalité, ils attendent en espérant un imprévu sursaut de croissance comme une tribu primitive cherchant des temps meilleurs en effectuant une danse de la pluie.

    Certains disent que le vaisseau tangue : la réalité c'est qu'il ne parvient pas même à larguer les amarres...

  • The Economist : l'univers parallèle des Français...

    Cette traduction vous est proposée par une équipe de bénévoles. L’article traduit ici est issu du magazine « The Economist » du 31 mars 2012 et est disponible dans sa version originale à l’adresse http://www.economist.com/node/21551461

     

    L'élection présidentielle: une vérité qui dérange

     

    Quand il s’agit de sécurité, les Français sont attentifs. Mais quand il s’agit des dangers auxquels leur économie est confrontée, ils sont encore peu vigilants.

    Une semaine après que la France fut secouée par les fusillades d'un terroriste dans la ville de Toulouse et ses environs, les candidats à l'élection présidentielle ont repris leur campagne. Le ton est un peu moins strident, les concurrents respectueux de l'humeur sombre. Pourtant, le retour à la campagne électorale a néanmoins une qualité surréaliste, contrairement aux nouvelles inquiétudes sur la sécurité. Les candidats échouent complètement à reconnaître que le pays fait face à une crise économique imminente.

    La vérité qui dérange est que la France, la deuxième plus grosse économie dans la zone euro après l'Allemagne, se retrouve coincée dans l'étau de ses finances publiques. La dépense publique française représente maintenant 56% du PIB (voir le graphique 1), comparé à la moyenne de l'OCDE qui est de 43,3%, ce qui est même plus élevé qu'en Suède. Pendant des années, la France a offert à son peuple un modèle social de services, d'allocations et de protection dans le style suédois, mais a échoué à créer assez de richesses pour le financer.

    Aujourd'hui, la France continue à se comporter comme si elle avait les finances publiques de la Suède ou de l'Allemagne, alors qu'en réalité elles sont plus proches de celles de l'Espagne. Bien que la France et l'Allemagne aient un niveau d'endettement public comparable, supérieur à 80% du PIB, il diminue en Allemagne alors qu'en France, il est à 90% et en augmentation. Une agence de notation a déjà déchu la France de sa note financière AAA, illustrant les inquiétudes à propos d'une dette élevée et d'une croissance faible. L'instance d'audit du pays, la Cour des Comptes, dirigée par Didier Migaud, un ancien député socialiste, a averti qu'à moins que des «décisions difficiles» soient prises cette année et celles à venir, la dette publique pourrait atteindre 100% du PIB d'ici 2015 ou 2016.

    L'érosion de la compétitivité française soulève des questions difficiles sur le contrat social.

     

    Les Français chérissent l'idée que chaque individu ait droit à des services décents dans des délais corrects et un filet de protection généreux pour les mauvaises situations. Mais à quel niveau la France a réellement les moyens d'offrir une protection à ses citoyens en cas de maladie, de chômage, de naissance ou de vieillesse? Comment le pays peut-il justifier son administration publique gigantesque – un millefeuille de communes, de départements, de régions et de l'État central – qui emploie 90 fonctionnaires pour 1000 habitants contre 50 en Allemagne ? Comment la France peut-elle alléger le fardeau fiscal, en incluant les charges sociales sur la masse salarie, pour encourager l'entrepreneuriat et la création d'emplois ?

    Pour faire simple, la France est sur le point de faire face aux durs choix auxquels Gerhard Schröder, l'ancien chancelier allemand, a été confronté au début des années 2000 ou aux choix que la Suède a dus faire au milieu des années 90, quand son propre système social devenu insoutenable s'est effondré. La crise de la zone euro, qui a rendu les marchés obligataires intraitables sur le management économique laxiste, montre que ces décisions sont devenues de plus en plus urgentes et difficiles. Quel que soit le candidat élu à l'issue des deux tours de l'élection présidentielle le 22 avril et le 6 mai, il devra choisir. S'il échoue à être assez rigoureux sur le déficit, les marchés réagiront négativement, et la France pourrait se retrouver au centre d'une nouvelle crise de la zone euro. S'il s'attaque frontalement au déficit avec une hausse des impôts à tous les niveaux et même par des coupes dans les dépenses publiques, les électeurs n'y seront même pas préparés.

    «Le vrai risque pour la zone euro n'est pas la Grèce, mais la France» a dit un haut dirigeant français de la finance. Nicolas Baverez, un commentateur qui avait prévu les problèmes de la dette qui menaçaient le pays dans un ouvrage paru en 2003, est d'accord: «Je suis convaincu que la France sera au centre d'une prochaine crise dans la zone euro»

    Les candidats, cependant, réussissent avec talent à esquiver toutes [ces questions]. Avant que les fusillades de Toulouse n'interviennent, la campagne a tourné autour d'affaires pressantes comme les abattoirs halal, l'immigration et la taxe sur les exilés fiscaux. Bien que Nicolas Sarkozy, le Gaulliste sortant, et François Hollande, son rival socialiste, aient adhéré à la réduction des déficits, chacun jurant de ramener le déficit de la France à 3% du PIB l'année prochaine, aucun n'a promis de le faire par des coupes radicales dans les dépenses publiques.

    Les deux favoris à la présidentielle insistent plutôt sur le rééquilibrage des comptes par des hausses d'impôts. M. Sarkozy a déjà augmenté l'imposition sur les entreprises et les revenus. Il dit qu'il veut taxer même ceux qui ont quitté la France pour échapper à l'impôt. M. Hollande a promis de prélever 75% au delà d'un million d'euros ($ 1,3m) par an, ce qui signifie qu'ils paieront 90% en prenant en compte les charges sociales. Il veut aussi augmenter l'impôt sur le patrimoine, prélevé annuellement sur une assiette de plus de 1,3 millions d'euros et augmenter l'impôt sur les dividendes. Il jure de remonter le salaire minimum, de créer 60 000 emplois d'enseignants, de diminuer l'âge de départ à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler jeune, et de «renégocier» le Pacte de stabilité et de croissance européen, un compris obtenu de haute lutte qui garantit une stricte discipline budgétaire.  

    Comment la France peut-elle continuer à tenir une élection qui a significativement échoué à se confronter aux vraies questions? Quels sont les chances pour que n'importe quel candidat, s'il est élu, soit prêt à faire face à la crise à venir ?

    Un univers parallèle

     

    L'été dernier,  Jean-Pascal Tricoire, le président du directoire de Schneider Electric, une entreprise française dans les services de l'énergie fondée en Bourgogne en 1836, a fait ses bagages pour Hong-Kong pour diriger l'entreprise depuis l'Asie. Il a pris deux hauts dirigeants avec lui ; d'autres ont suivi. Ils se sont joints au nouvel exode français vers Hong-Kong, [qui concerne] plus particulièrement les entrepreneurs. Le siège social officiel de Schneider Electric, et donc sa domiliation fiscale, reste en France. Mais avec seulement 8% de son chiffre annuel réalisé en France actuellement, les yeux de la firme sont tournés vers le reste du monde.

    Passez du temps avec les chefs des plus grandes entreprises françaises, comme Schneider Electric, vous verrez que leurs préoccupations sont globales. Ils parlent du Brésil et de la Chine, et ils regardent constamment leur compétitivité internationale. Avec plus d'entreprises que n'importe quel autre pays européen dans le classement des 500 plus riches entreprises mondiales au palmarès "Fortune 500", la France a un leader mondial dans quasiment chaque secteur, de l'assurance (AXA) aux cosmétiques (L'Oréal). Ces firmes connaissent parfaitement bien les dégats que pourrait occasionner une imposition à 75%. «Une catastrophe» dit un des dirigeants. «Complètement fou» dit un autre.

    Pourtant, les Français ordinaires paraissent presque tous hostiles à ces mêmes entreprises, et aux marchés mondialisés qui ont aide à faire de leur économie la cinquième au monde. Seulement 31% des Français pensent que l'économie de marché est le meilleur système possible, selon un sondage pour Globescan, une entreprise de sondage (voir graphique 3). En dix ans de sondage, les Français ont constamment été les plus méfiants vis-à-vis du capitalisme. C'est la France qui a voté «non» en 2005 au référendum sur le traité constitutionnel européen, dans un contexte de peur de plombiers polonais déferlant en France sous la coupe des règles du marché unique. Et c'est cette France qui a fait d'un livre intitulé «La Démondialisation» un bestseller l'année dernière.  

    Les Français vivent avec cette contradiction nationale – ils profitent de la richesse et des emplois que les entreprises transnationales ont apporté et dénoncent en même temps le système qui les a créés – parce que l'élite dirigeante et les médias les ont convaincu qu'ils sont victimes des marchés mondialisés. Les syndicalistes ont nettement plus de temps d'antenne que les hommes d'affaires. On a constamment raconté aux Français qu'ils sont innocents et victimes de banquiers imprudents qui ont prêté déraisonnablement, ou de spéculateurs sans morale, ou des agences de notations «anglo-saxonnes». M. Sarkozy a appelé à une moralisation du capitalisme pour juguler ses abus. M. Hollande a déclaré que son «principal opposant est le monde de la finance». Peu de politiciens s'attachent à souligner que la plus grande partie du problème est la dette accumulée par les gouvernements français successifs, qu'ils ont eux même accrus les décennies passées. Pourquoi ?

    L'explication est pour moitié une histoire de conviction et pour moitié une question de calcul. La droite et la gauche en France n'ont jamais été en faveur du marché, sauf sous la contrainte. En dépit de l'élan libéral de circonstances, M. Sarkozy fait partie de la famille gaulliste, qui rejette fondamentalement une telle doctrine. La plupart des dirigeants socialistes actuels se sont fait les dents en travaillant pour François Mitterrand (M. Hollande a fait partie de son équipe présidentielle); le parti est toujours beaucoup plus préoccupé par la redistribution que par la création de richesses. «L'âme de la France» a déclaré M. Hollande quand il a lancé sa campagne, «est l'égalité.» Les candidats n'ont rien donné. Dix ans plus tôt, le plus récent candidat de cette mouvance, Alain Madelin a obtenu à peine 3,9% des voix.

    Discours dangereux

     

    C'est la réalité des élections d'aujourd'hui. Plutôt que de réagir à ces attitudes et de secouer les Français pour les faire sortir de leur zone de confort, les deux favoris se plient aux attentes du peuple. A un rassemblement géant à Villepinte, au nord de Paris, M. Sarkozy a craché sur les règles du commerce au sein de l'Union Européenne, qui selon lui est à l'origine d'une concurrence «sauvage» ; il a appellé à un «Buy European Act» pour les marchés publics si les partenaires commerciaux non européens n'ouvraient pas leurs marchés, et il a menacé de retirer le pays de la zone de libre-circulation qu'est l'espace Schengen si les pays membres ne décidaient pas de renforcer le contrôle de l'immigration à l'extérieur de la zone.

    Non sans ironie, ce fils d'un immigré hongrois commence à s'engager sur un terrain glissant, abordant le sujet des "étrangers trop nombreux" en France. Tout celà a pour but de rassurer l'électeur français qui s'agite, pensant que l'Europe ne le protège pas de la concurrence mondiale. 

    Bien sur, Sarkozy peut mettre à son actif quelques réformes libérales utiles, comme le relèvement de l'âge minimum de départ à la retraite de 60 à 62 ans, ou l'autonomie des universités. Il a aussi signalé le poids écrasant des charges sociales françaises sur les employeurs, qui étouffent la création d'emplois et qu'il a raboté un peu. Mais le politicien, qui a écrit qu'il désapprouvait «la France [qui] n’a pas arrêté de décourager l’initiative et de punir le succès», augmente aujourd'hui les impôts sur les riches et tape sur les grands patrons et les banquiers à tout bout de champ.

    Tout ceci est aussi tactique. Au premier tour des élections en France (comme dans les primaires américaines), les candidats essaient de consolider leur base; au tour décisif, ils virent au centre. A l'extrême-droite, M. Sarkozy doit affronter Marine Le Pen, la candidate télégénique du Front National. Les derniers sondages la place à la troisième ou quatrième place avec 16 à 18% des voix au premier tour, contre 28% chacun pour Sarkozy et Hollande. Mais personne n'a oublié son père, Jean-Marie, qui a arraché une place au second tour en 2002 au dépens du candidat socialiste. La fougeuse Mme Le Pen, qui a sorti son parti de son image musclée, n'est pas à même de répéter l'exploit. Sa campagne forte cadre néanmoins beaucoup avec le débat électoral avec ses appels à quitter l'euro, à réindustrialiser le pays et à endiguer l'islamisation.

    M Hollande fait face à une pression similaire sur sa gauche. Avec sa réputation de modéré, qui a promis d'introduire sa propre loi d'équilibre budgétaire, il doit lutter pour repousser la gauche radicale incarnée par Jean-Luc Mélenchon, trotskyste dans sa jeunesse et ancien sénateur socialiste désormais soutenu par le parti communiste (stalinen). A un récent rassemblement organisé, avec un symbolisme théâtral, à la Bastille, M. Mélenchon a appelé à une «insurrection civique» contre «l'ancien régime». Il veut des pensions à taux plein pour tous à 60 ans, une hausse de 20% du salaire minimum et un plafond de 360 000 euros annuels pour les salaires. Avec son style agressif et ses manières bourrues, la campagne de M. Mélenchon a fait sensation. Plus d'un Français sur dix a l'intention de voter pour lui.

    Même si la plupart des électeurs de Mélenchon vont se rassembler derrière M. Hollande au second tour, sa récente pointe dans les sondages grignote quelques points à M. Hollande, tassant la vague qui pourrait l'amener à la victoire. Ainsi, ses propositions pour une nouvelle taxe sur les transactions financières, l'abolition des "stock options" et le taux d'imposition à 75%. De là aussi ses attaques cinglantes sur la finance et les richesses et la dénonciation des nouveaux super riches comme "arrogants et cupides". 

    Opération décryptage

     

    Beaucoup de commentateurs français ne prennent pas en considération ces propositions qu'ils estiment être une simple posture politique.

    Les soutiens des deux favoris assurent, qu'en réalité, chacun comprend ce qui est en jeu. La taxe de 75%, dit Olivier Ferrand, le dirigeant de Terra Nova, un think-tank lié au parti socialiste, n'est "qu'une mesure symbolique". Même M. Hollande a concédé que cela ne rapporterait que peu de recettes. Derrière toute cette réthorique, M. Ferrand insiste, "le parti socialiste s'est modernisé, et il comprend le besoin d'améliorer la compétivité et de contrôler les déficits".

    M. Hollande a un caractère jovial en privé, il rejette l'idée qu'il est dangereux, comme il l'a affirmé – en Anglais – à son arrivée à Londres en février. Il a chargé de sa campagne deux hommes, Pierre Moscovici et Manuel Valls, qui ont été proches du modéré Dominique Strauss-Khan, ancien-patron du FMI, qui a été évincé de la course suite à un scandale sexuel. Une fois au povuoir, les socialistes français peuvent finir par faire des choses bien. Avec M. Strauss-Khan comme ministre des finances, Lionel Jospin, le premier ministre socialiste de 1997 à 2002, a privatisé plus d'entreprises françaises que tous ses prédécesseurs réunis. «Nous avons libéralisé l'économie, ouvert les marchés à la finance et aux privatisations», a rappelé M. Hollande avant de venir à Londres.

    Pourtant, cela nécessite beaucoup d'indulgence de la part de l'électorat d'accepter que le candidat ne fera pas la moitié des choses qu'il a promis de faire. Il y a un risque sérieux de déception si, par exemple, le président Hollande était amené à dire lors de ses prises de fonctions: «Nous avons examiné les comptes publics et, quel dommage, il n'y a plus de monnaie pour faire ce que j'ai promis.» Mais d'abord pour désamorcer ce risque, le nouveau président devrait mettre en place quelques unes de ses idées loufoques, seulement pour une question de posture politique. La dernière mesure de ce type qu'on mise en place les socialistes était la semaine des 35 heures.

    Décoder M. Sarkozy n'est pas facile. Il a lâché du lest sur le côté le plus déplaisant de sa réthorique, mais elle reste en bonne partie tout simplement malhonnête. Il y a déjà, par exemple, une réforme de Schengen qui devrait autoriser les membres à suspendre la liberté de circulation lors de circonstances exceptionnelles. Son idée d'un impôt dans le style américain sur les Français expatriés, mais seulement les exilés fiscaux, serait tout bonnement impossible à appliquer. Peut-être le sait-il, comme beaucoup, et qu'il ne le ferait donc pas. En effet, les amis de Sarkozy affirment qu'il deviendrait un président réformiste s'il est réélu, «Sarkozy a débuté sa campagne en appelant à des réformes dans la veine de celles menées en Allemagne» a dit un des conseillers. «Mais il a réalisé qu'il n'avait aucune chance de gagner avec ça, parce que c'est impopulaire, donc il a préféré plutôt défendre des mesures populistes de droite.» En poste, affirme le même conseiller, il serait un «président réformiste très actif.»

    Au milieu de tout ce double langage, le seul candidat qui a constamment parlé du besoin de réduire la dette publique et de couper dans les dépenses est François Bayrou, un centriste. Il est un concurrent de longue date à la présidentielle, sans soutien d'un parti puissant, il sort de son tracteur dans sa ferme du Béarn tous les cinq ans pour concourir au poste à Paris. M. Bayrou n'est pas un libéral: il veut un «juste prix» pour les produits agricoles, et il propose des droits de vote aux syndicats dans les conseils d'administration des entreprises. Mais il a promis au moins 50 milliards d'euros de coupes budgétaires (parallèlement à 50 milliards d'euros de hausse d'impôts, incluant une nouvelle tranche de l'impôt sur le revenu à 50%, et relevant à 44% la tranche marginale actuelle). Considérant la tranche imposable à 75% d'Hollande comme «insensée», il déplore le [faible] niveau du débat politique. «Nous ne posons aucune des questions dont dépend la survie future de la France» a dit M. Bayrou. «Quand un pays ne se pose aucune de ces questions, il court le risque d'une catastrophe». Pour le moment, les votants ne semblent guère prêter attention à ce message: les chiffres de Bayrou ne sont pas meilleurs que ceux de Mélenchon, qui sont monté jusqu'à 12-13%.

    Promesses de rupture

     

    Tout cela laisse aux électeurs la tâche peu enviable de décrypter les messages de chaque candidat pour en déceler la partie crédible de celle qui est de la pure fantaisie.

    L'idée la plus probable est que les deux favoris, pour leur propre sécurité politique, auraient besoin de mettre en place quelques unes de leurs idées excentriques. Cela pourrait causer d'énormes dégâts. En 2007, après avoir parlé très durement de l'immigration, M. Sarkozy se lança et créa le ministère de l'identité nationale, pour finalement le supprimer plus tard, après avoir causé beaucoup d'indignation en cours de route. Si, une fois président, Hollande mettait en place sa nouvelle tranche d'imposition à 75% –  au moment même où la Grande-Bretagne a diminué le taux de sa tranche marginale de 50 à 45% – cela enverrait un signal négatif à l'étranger sur la façon dont la France traite les succès financiers, comme la semaine des 35 heures a terni l'image du pays pendant des années. Sa politique fiscale pousserait dans l'ensemble les entrepreneurs français à croire qu'ils feraient mieux de lancer leurs nouvelles idées à l'étranger.

    La vérité qui dérange est que quiconque remporte la victoire le 6 mai aura besoin d'une approche rigoureuse du déficit, pour faire face à des marchés obligataires méfiants et à une possible récession. Sarkozy devrait trouver de nouvelles économies budgétaires, en dépit de sa promesse de «protéger» les Français de l'austérité. Hollande serait forcé de remettre à plus tard quelques unes de ses promesses coûteuses, et de goûter à l'inflexibilité allemande s'il insistait à pousser la chancelière Angela Merkel à revoir le pacte de stabilité. De toute façon, le résultat serait une crise pour les Français, et ni l'un ni l'autre ne les a préparés à cela.

     

     
  • La bombe démographique sera mondiale

    La population mondiale continue de croître, mais en dehors de certaines zones de l'Afrique, de l'Afghanistan et du Pakistan, et de quelques pays très pauvres, cette croissance n'est que l'effet de l'allongement de la durée de vie. Partout, le taux de fécondité s'est stabilisé, approchant 2 enfants par femme. En Chine, on en est même à songer à inverser la politique de fécondité du régime. En Inde, le taux est de 2.7, mais avec de fortes disparités : 3 et plus au nord, moins de 2 au sud. La Tunisie dont la jeunesse fait connaître bruyamment son mécontentement est à 1.85. Ce n'est pas mieux dans les autres pays du Maghreb.

    Les problèmes démographiques et les thématiques qui leur sont associées (montant des retraites, temps de travail) ne seront donc bientôt plus l'apanage des seuls pays développés. 

    A horizon 2050 ou 2060, avec l'élévation générale du niveau de vie de la planète (même si par ailleurs les inégalités de creusent) et l'amélioration de l'éducation des femmes (puisque dans les pays économiquement peu avancés, le fort taux de fécondité est avant tout l'expression d'une société patriarcale), la population mondiale devrait commencer à stagner, voire décroître.

    Il s'agira alors de bien considérer ce que doivent être les rapports entre les générations, et de reconsidérer le concept-même de génération.

    Il y a un défi absolument urgent pour la médecine : la médecine ne peut pas se contenter de gérer la vieillesse. Elle doit désormais reculer non pas l'âge de la mort, mais l'âge de la vieillesse. Pour qu'une société dont la durée de vie s'allonge soit viable, il convient qu'à 60 ans, on soit encore un jeune homme si l'on doit devenir centenaire.

    Aucune mesure d'allongement du temps de travail n'est tenable sans des recherches (et des résultats !!!) très poussés dans ce champ de la médecine. La gériatrie, la gérontologie, doivent changer de nom : l'athanatologie, néologisme que je forme en écrivant, d'ἄθανατος en grec, qui signifie "immortel" doit prendre leur relais. Comme l'écrit Christian Doré dans le Figaro, il faudra reprogrammer la vie.

    Les enjeux, en plus d'être sociaux et sociétaux, sont économiques : et ils sont mastodontesques. La santé et la jeunesse devenant un enjeu social majeur pour les équilibres des sociétés développées, ce sont des milliers de milliards d'euros qui pourront s'écouler dans le marché de la vie : des opportunités économiques qu'on peine à se représenter.

    Alors ? La vieillesse, une maladie comme les autres, finalement ? Question aux implications éthiques, voire métaphysiques,  lourdes et profondes, mais question qui mérite d'être posée désormais.

  • Acheter français, acheter ebay, la rédemption...

    Produire en France, a conclu François Bayrou à l'issue du Congrès du MoDem. D'accord. J'ajoute même mon grain de sel : acheter en France, acheter à des Français.

    C'est un peu l'une de nos contradictions, à nous autres Français : nous vouons aux gémonies la libre concurrence, pestons contre le dumping social, mais nous nous empressons d'acheter une quantité de produits made in China ou importés à grands renforts de kérosène et d'énergies diverses d'outre-Océan. Et nous coulons ainsi nos productions indigènes...

    Je me suis fait donc les raisonnement et promesses suivants :

    a) J'achète français tant que je le peux, notamment pour les produits frais, et particulièrement les légumes et fruits, à la notable exception des produits équitables et si possible issus de l'agriculture biologique. En achetant français, je nourris le pouvoir d'achat français qui alimente à son tour la consommation sur notre propre territoire.

    b) J'ai parlé de recyclage hier : à l'action. Au lieu d'acheter une foultitude de jouets neufs, nourrissant ainsi la surconsommation, je récupère et recycle en participant aux enchères sur ebay. De cette manière, je n'alimente pas un cycle de production à 5000 kilomètres de chez moi, et l'argent que je paie va intégralement implémenter le pouvoir d'achats de Français qui cherchent eux aussi à recycler. Vertueux, non ?

    c) Notable exception à ce principe : les jouets fabriqués en France en priorité et par défaut, en Europe.

    Tout ce que je dis n'est évidemment pas suffisant pour fonder un programme économique, tant ces principes sont tributaires de la sphère privée ; mais, ils peuvent au moins asseoir un code de conduite personnel.

    C'est mon commerce équitable made in France à moi...et...j'y trouve les chemins de ma propre rédemption d'affreux libéral capitaliste surconsumériste et excroissant*... :-)

    * par opposition à décroissant...

  • Croissants et décroissants

    Me voilà à écrire un nouveau billet afin de mettre fin aux nombreuses contre-vérités énoncées dans le dernier billet de Super No. Super No souhaiterait que je l'oublie ; je comprends bien que mon argumentation le dérange puisqu'il se montre incapable d'y faire face ni de dépasser le niveau de la déclaration. Sans doute pris d'hallucinations violentes, il déclare avoir été envahi par des hordes de militants démocrates, plus enragés les uns que les autres sur son blog. Ah ? Je n'ai rien vu (ou si peu : un sympathique blogueur du MoDem, assez critique sur son propre parti, au demeurant, venant simplement signaler son désaccord avec les idées véhiculées par l'article...).

    tapisrouge.jpgPlusieurs de ses commentateurs me demandent plus de respect pour leur idole : bon, si ça peut leur faire plaisir... Il semble que le gigot d'agneau chassé à la lance préhistorique accompagné d'une saine rasade d'eau de pluie soit passé un peu de travers chez les décroissants...

    Ces quelques remarques ne sont évidemment qu'un avant-propos... Au-delà des moqueries réciproques, je suis pour ma part content d'engager le débat avec un blogueur dont les positions politiques sont assez éloignées des miennes. Et ce débat est important, parce qu'il recouvre une véritable ligne de fracture quant à la nature de l'écologie et son insertion dans les programmes politiques et économiques.

    La thèse que défend Super-No a été popularisée ces dernières années et fait fureur au sein d'une partie non-négligeable de l'électorat vert ainsi que dans certains milieux de la gauche de la gauche. A ses yeux, la croissance économique est un miroir aux alouettes non compatible avec la préservation de la planète. Il n'existe aucune position intermédiaire, aucune solution médiane ni compromis, il s'agit bien de deux aspirations frontalement antagonistes.

    En face, ce que nous défendons, au MoDem, c'est qu'il existe une croissance économique soutenable. C'est aussi le point de vue que je défends. Pour calculer cette croissance sur la base de données correctes, nous devons intégrer dans nos calculs toute la part de capital que nous n'avons jamais pris en compte, et qui est collective : le capital environnemental (les ressources, l'équilibre des éco-systèmes qui contribuent à les créer et les régénérer et cetera...). Nous pensons donc, qu'à certaines conditions, le mieux vivre et une consommation raisonnable et raisonnée sont compatibles avec le respect du milieu dans lequel nous vivons.

    J'ai lu le billet auquel notre Super Décroissant invite à se référer. Ce qui me frappe, c'est qu'il revient comme un leitmotiv dans son discours l'idée incessamment martelée que la croissance a une fin et que les marchés sont saturés. Ce que Super Décroissant ignore, manifestement, par ce raisonnement, ce sont les mécanismes mêmes des révolutions industrielles. La situation dont il rend compte n'est pas nouvelle : l'humanité l'a vécue à chaque révolution industrielle. Je doute que cela fasse plaisir à Super Décroissant, mais ses observations pourraient avoir leur place dans quelques pages de Capitalisme, Socialisme et Démocratie de Schumpeter. En effet, nous abordons une phase de stagnation toute comparable à celles qui ont prévalu lors des siècles précédents avant qu'une rupture se produise dans l'univers capitaliste et vienne chambouler la donne.

    Donc, oui, Super Décroissant, la croissance telle que nous l'avons connue n'est plus soutenable, et le monde dans lequel nous vivons ne peut pas subsister longtemps. Voilà ce que je vous concède. Mais justement, comme le dit Corinne Lepage dans son Vivre Autrement, et j'insiste vraiment pour que vous le lisiez, il faut changer de logiciel. Or, vous qui conspuez le capitalisme, vous continuez de raisonner avec les structures de ce que vous décriez. C'est là votre erreur.

    Et pourtant, Super Décroissant, vous avez compris que nous vivons la fin d'une ère. Vous dites ainsi :

    De la même manière, les difficultés du secteur automobile ne sont pas entièrement liées à la “crise” : c’est un problème plus vaste, les dirigeants de ces sociétés, aveuglés, contraints ou simplement complices de leurs actionnaires cupides, ont préféré tirer au maximum sur la corde de leur modèle économique sans consacrer le moindre argent à investir dans des voitures sans pétrole. Plus dure sera la chute. Elle a déjà commencé. Et elle sera vertigineuse. Rappelons que sur les 10 plus grosses multinationales du monde (en terme de chiffre d’affaires), 9 sont des compagnies pétrolières ou des constructeurs de bagnoles. Il n’y a pas besoin d’être aussi intelligent et clairvoyant que Sarkozy pour comprendre que les décennies à venir vont voir un bouleversement de l’économie mondiale, et que cela ne se passera pas forcément dans la joie et la sérénité.

    Je vous rejoins à 100%, Super Décroissant, sur ce très juste constat. Et c'est bien pour cela que nous ne pouvons plus attendre, ce que ne semblent pas avoir compris sérieusement ni notre industrie automobile ni notre gouvernement. Quand je lis vos propositions, par la suite, Super-Décroissant, vous n'êtes finalement pas si loin de ce que les salauds de droitiers capitalistes, libéraux et exploiteurs du peuple, que nous sommes au MoDem, proposons. C'est simplement que vous baignez dans un profond scepticisme en imaginant que les technologies vertes ne vont pas évoluer si elles reçoivent des investissements massifs. Oui des éoliennes produisent infiniment moins qu'un EPR, mais c'est que vous persistez dans une logique de distribution d'électricité dépassée avec de grosses centrales. Pourquoi ne pas imaginer (ce que fait Corinne Lepage) de petites unités de production dans chaque maison organisées en réseaux selon les besoins de la consommation, un peu à la manière d'Internet, par exemple.

    Il serait long et fastidieux de reprendre tout le billet que vous invitez à lire, mais, on peut dire, in fine, qu'il repose tout entier sur un profond pessimisme envers la nature humaine et son inventivité, et ce, dans vos deux billets.

    Pour finir sur une touche littéraire, Super Décroissant, je vous renvoie à l'une des plus belles oeuvres que la littérature grecque a produit : Antigone de Sophocle. Ce n'est pas pour Antigone elle-même, qui, je n'en doute pas, est un personnage qui vous plaît probablement, mais pour ce que disent les bons et sages vieillards de la cité de Thèbes dans leur second chant choral à propos de l'Homme :

    Il s’est donné la parole et la pensée rapide et les lois des cités, et il a mis ses demeures à l’abri des gelées et des pluies fâcheuses. Ingénieux en tout, il ne manque jamais de prévoyance en ce qui concerne l’avenir. Il n’y a que le Hadès auquel il ne puisse échapper...

  • MoDem : Super Yes (l'hérétique) se paie Super No

    J'ai vu, via Marianne2, que le blogueur Super No, avait décidé de se payer la tête du MoDem en laissant entendre que l'on n'aurait pas de programme. Il s'en prend particulièrement à un entretien de Corinne Lepage sur RFI.

    Super No reprend quelques unes de nos valeurs avec l'intention manifeste d'en tirer les conclusions qui l'arrangent. Tout d'abord, une petite remarque préalable : les programmes de Bayrou et de Corinne Lepage (Cap21) lors de l'élection présidentielle demeurent globalement valides à l'heure actuelle. On peut donc encore largement s'y référer pour savoir ce que pense le MoDem. Les principaux thèmes de ces programmes ont d'ailleurs été repris dans des déclarations de François Bayrou, Marielle de Sarnez et Corinne Lepage tout au long de ces deux dernières années. Corinne Lepage a même publié un véritable livre programme pour une reconversion industrielle verte et un changement de société. J'ai assez largement repris son raisonnement sur la définition du capital et le coût des externalités dans un billet récent sur le MoDem face au chômage et à la désindustrialisation.

    SuperNo se gausse manifestement de l'économie de croissance, fût-elle verte. Je pourrais lui rétorquer via le concept que développe Corinne Lepage dans Vivre Autrement : l'économie circulaire. Le principe de l'économie circulaire, c'est qu'elle ne consomme pas de ressources. Elle s'alimente du recyclage. Autrement dit, l'industrie continue à proposer des modèles de machine sans absorber de nouvelles matières premières mais en recyclant celles des anciennes machines. S'il n'y avait pas le problème de l'énergie, l'industrie automobile commencerait à  se débrouiller assez bien dans ce domaine avec presque 90% de matériaux recyclés pour construire les nouveaux modèles.

    Je suppose que Super No préfère vivre comme un préhistorique et laper l'eau de pluie sur une pierre plate (où aurait pissé un mouton revenu à l'état sauvage), à la manière des primitifs. Très peu pour moi, non merci. La croissance n'est pas un problème si c'est une vraie croissance. Si elle génère des coûts que l'on n'intègre pas dans le prix du produit final, c'est alors une croissance fallacieuse qui nous réserve de véritables bombes à retardement dont il faudra régler la facture tôt ou tard. C'est bien pour cela que Corinne Lepage estime que les ressources naturelles ne doivent plus être gratuites et taillables à merci, mais considérées comme un capital collectif que l'on ne peut plus se permettre d'entamer sans se poser la question de son renouvellement. Comme une tire-lire, en somme : quand tu on l'a vidée, il n'y a plus rien. Sauf que ce plus rien, concernant le capital écologique, serait fatal à toute l'humanité...

    Super No s'offusque que le MoDem prône la liberté de tous les acteurs de la société, acteurs économiques compris : qu'il sache que la liberté ne se partage pas. C'est une conviction profonde au MoDem et rien ne pourra nous y faire renoncer. C'est pour cela qu'il y a une véritable parenté avec les libéraux, et que certains libéraux se retrouvent au MoDem, précisément parce qu'ils refusent de voir accordé à la liberté d'une main ce qu'elle perdra de l'autre.

    Je ne sais plus comment Schopenauer appelle la suite dans son Art d'avoir toujours raison, mais c'est un procédé rhétorique vieux comme le monde : il consiste à prêter des travers les plus loufoques à l'objet dont on veut s'assurer la définition la plus fallacieuse possible.

    Voici donc la manière dont Super No donne une définition toute personnelle du libéralisme : (suppression des fonctionnaires, casse des services publics, diminution de toute forme d’aides sociales (sécu, retraites) et des “charges” sur les entreprises…), à ses moyens (les traités européens, la pub, la propagande), et à ses fins (la croissance perpétuelle, le gavage des actionnaires…)

    Qu'il suffise de dire plutôt que de consulter des définitions compliquées, que le libéralisme met tout simplement la liberté et la responsabilité au coeur de l'action humaine. Quant au rôle de l'État, il existe plusieurs courants au sein de la sphère libérale, mais voici ce qu'en dit Adam Smith, le père de cette philosophie politique dans la Richesse des Nations :

    « Le troisième et dernier devoir du souverain est d’entretenir ces ouvrages ou ces établissements publics dont une grande société retire d’immenses avantages, mais sont néanmoins de nature à ne pouvoir être entrepris ou entretenus par un ou plusieurs particuliers, attendu que, pour ceux-ci, le profit ne saurait jamais leur en rembourser la dépense »

    Si Adam Smith ne reconnaît pas l'État le rôle de réguler l'économie, estimant même que ce serait contre-productif, on comprend bien à la lecture de cette citation qu'il n'aurait pas d'hostilité de principe envers le service public.

    Super No croit que le MoDem est nouvellement converti à la taxe Tobin, à écouter Corinne Lepage et Marielle de Sarnez évoquer leur intérêt pour cette dernière. S'il s'était donné la peine de consulter le programme de Bayrou en 2007 (mais qui avait été élaboré au sein de l'UDF en 2006), il aurait pu constater cette taxe y était nommément citée dans l'article "impôts".

    La fin du billet renvoie à nouveau aux considérations de Super No sur la croissance. Il n'aime décidément pas ce mot. Au moins est-il clair qu'il y a de claires divergences de fond entre cette gauche de la gauche qui appelle à la révolte, donne des leçons de morale, mais n'est pas près d'aider les Conti et autres à retrouver un emploi.

    Non, décidément, Super No n'a rien compris. Rien de plus que les autres...

  • Situation économique de la France : ça va saigner pour les Français

    Je crains, hélas, que nous n'achevions un cycle. Le président Sarkozy s'obstine à persévérer dans une voie sans issue en essayant de trouver des astuces pour relancer le pouvoir d'achat. Pour améliorer le pouvoir d'achat, il n'y a pas 36 solutions : il faut produire plus en étant plus compétitif pour vendre plus. Cela suppose de restaurer notre industrie, mais aussi nos services par des investissements massifs. Nos entreprises doivent donc dégager des marges supplémentaires.

    Nicolas Sarkozy ayant grillé définitivement nos dernières cartouches budgétaires, il n'y a plus aucune autre issue. Les Français ne pourront éviter de payer plus s'ils veulent préserver leur protection sociale, ce qui suppose d'accroître les cotisations sociales.

    On ne peut pas en l'état, augmenter le pouvoir d'achat, et il va bien falloir avoir le courage de l'annoncer une bonne fois pour toutes aux Français. Les marges budgétaires que l'Etat peut dégager, il doit les affecter en priorité à la dette, et ensuite aux entreprises qui investissent. Il faut s'assurer, en revanche, que toute baisse de la pression fiscale des entreprises ne serve pas à accroître les gains des actionnaires, car ce n'est pas le but recherché.

    Toutefois, c'est peut-être un dommage collatéral de la nécessaire rénovation de notre appareil productif...

    Pour ma part, ce que j'écris ici, je le clame depuis longtemps, et je suis très aise de me trouver sur la même longueur d'onde que Jean Peyrelevade sur ce sujet.

  • La croissance, c'est Villepin, pas Sarkozy

    Le gouvernement actuel se félicite du regain de croissance inattendu tout récent. En réalité, ce sont surtout des chiffres moins mauvais que prévus. Le gouvernement pariait sur 2.5% de croissance, et la France a finalement 2.1 après avoir failli tomber à 1.9.

    En outre, ce chiffre pas si mauvais est à mettre au crédit des 6 premiers mois de l'année 2007, c'est à dire... de Dominique de Villepin. On ne verra les conséquences des premières mesures de Nicolas Sarkozy que dans le courant de l'année 2008...

    Par ailleurs, c'est surtout les allègements fiscaux de Dominique de Villepin, qui ont un peu relancé la croissance, et, je ne pense pas que cela ait été une bonne idée de les faire, compte-tenu de notre déficit budgétaire.

    Ajoutons que c'est, apparemment, une hausse du pouvoir d'achat allemand qui aurait dopé nos exportations...bref, pas de quoi pavoiser, pour l'instant...

  • Rapport Attali, ni excès d'honneur, ni indignité

    Jean Peyrelevade, économiste et candidat UDF-MoDem aux municipales, dans le 16ème arrondissement de Paris,  livre son analyse sur les travaux de la commission Attali : "Il ne mérite ni cet excès d'honneur ni cet excès d'indignité, c'est un rapport comme il en existe tant sur le même sujet. Quand on fait la liste de tous les corporatismes, les privilèges, les archaïsmes de la société française, naturellement, on remplit des pages et des pages. En général, il ne se passe rien ensuite et mon pronostic est qu'à nouveau, il ne se passera rien. Cela ne correspond pas au problème : nous avons un problème de compétitivité en France." "Comme souvent malheureusement avec Nicolas Sarkozy, au lieu de traiter le vrai problème, celui de la compétitivité, on fait de la fumée avec 316 propositions qui ne sont pas la réponse aux problèmes que nous avons. "


    Pas grand chose à ajouter, on a beau s'époumonner à le dire, et ce n'est pas la première fois que je l'exprime sur ce blog, le problème de la France, ce n'est pas la demande, c'est l'offre, c'est à dire en effet la compétitivité des entreprises.

  • Capitalisme, Socialisme et Démocratie (3) : le capitalisme, fondement de la sociale-économie

    J'en suis arrivé aux chapitre V, VI, VII et VIII de Capitalisme, Socialisme et Démocratie qui figurent dans la seconde partie de l'ouvrage.

    Tout d'abord, Schumpeter se livre à quelques fines observations : il note que le capitalisme, en poursuivant la perfomrance qu'il a réalisée au cours de la 1ère moitié du XXème siècle sur sa seconde moitié, éliminerait tous les symptômes de la pauvreté telle qu'elle est définie à son époque.

    Sur ce point, il ne s'est pas trompé si l'on considère les pays développés. Cela vaut, évidemment, dès lors que l'on ne déclare pas la couverture de besoins primaires relative au niveau de développement de la société.

    Et cela ne vaut pas pour nombre de pays pauvres, mais, on pourrait rétorquer que ces pays n'ont justement pas connu de systèmes politiques leur permettant de faire fonctionner leur économie selon des règles capitalistiques. On ne peut également incriminer des évènements politiques extérieurs tels que les guerres et les fléaux naturels, même s'il se trouvera toujours des marxistes tendance alter-mondialiste et/ou tiers-mondiste pour expliquer que c'est la nature du capitalisme d'exploiter les peuples et donc de provoquer les troubles politiques ad hoc. Dans sa première partie, Schumpeter a clairement montré comment la théorie de l'exploitation d'une classe par l'autre ne tenait pas, ce que j'ai résumé lors de mes deux premiers billets sur ce blog. Je n'y reviens donc pas.

    Il observe ainsi que contrairement à une idée reçue, en système capitalisme, les riches ne deviennent pas plus riches tandis que les pauvres deviennent plus pauvres. Certes, dans notre France du XXIème siècle, les écarts se sont accrus, mais, non parce que les pauvres sont devenus plus pauvres, mais parce que les riches le sont devenus en proportion plus vite que les pauvres. Les Marxistes, n'osant plus s'exprimer en valeur absolue, désormais, choissent des parts relatives pour tenter de démontrer l'immoralité des affreux capitalistes. La méthode a fait long feu, et les faits sont obstinés. Schumpeter avait raison,  et il n'est pas possible de se soustraire à l'implacable réalité ni de la tordre pour essayer de lui faire dire ce qu'elle ne peut dire.

    Schumpeter observe également que les reflux réguliers de l'économie capitaliste correspondent simplement au renouvellement des structures industrielles et sont généralement suivis d'une avalanche de biens de consommation à bon  marché. Pour qui douterait de la pertinence actuelle de cette analyse, il suffit de considérer l'apparition de l'informatique au début des années 70 et ce qu'il s'est ensuivi. 

    « en d'autres termes» écrit Schumpeter, «nous constatons que l'évolution capitaliste améliore progressivement le niveau d'existence des masses, non pas en vertu d'une coïncidence, mais de par le fonctionnement même de son mécanisme. L'évolution capitaliste accomplit ce résultat à travers une série de vicissitudes dont la sévérité est proportionnelle à la rapidité du progrès réalisé - mais elle l'accomplit effectivement. Les problèmes relatifs à l'approvisionnement des masses en marchandises ont été, l'un après l'autre, résolus avec succès  , au fur et à mesure qu'ils ont été placés à la portée des méthodes de production capitaliste.»  

    Bien vu. 

    Mieux encore : le capitalisme rend possible des avancées sociales spectaculaires. 

    Citons encore Schumpeter :

    « La technique et l'ambiance de la lutte pour la législation sociale obscurcissent deux faits, évidents en soi, à savoir que, en premier lieu, une partie de cette législation est conditionnée par une réussite capitaliste préalable (en d'autres termes par une création antérieure de richesses due à l'initiative capitaliste) et que, en second lieu, beaucoup de mesures développées et généralisées par la législation sociale ont été auparavant amorcées par l'action de la classe capitaliste elle-même  . Ces deux faits doivent, bien entendu, être ajoutés au total des achèvements capitalistes. Or, si le système pouvait poursuivre sa course comme il l'a fait au cours des soixante années ayant précédé 1928 et si un revenu de $ 1.300 par tête d'habitant venait ainsi à être effectivement réalisé, il est facile de voir que tous les vœux formulés jusqu'à nos jours par n'importe quels réformateurs sociaux - pratiquement sans exception, y compris même la majeure partie des utopistes - ou bien recevraient automatiquement satisfaction, ou bien pourraient être accomplis sans que le fonctionnement du système capitaliste en soit appréciablement troublé. En pareil cas, notamment, de larges allocations versées aux chômeurs représenteraient une charge parfaitement supportable, voire même légère. Certes, un laisser-aller excessif en matière de politique d'emploi ou de financement des secours de chômage pourrait, en tous temps, donner naissance à des problèmes insolubles ».  

    Chapeau Schumpeter : il avait même mis en garde contre les dérives d'un système de protection sociale qui ne serait pas financé. Une demi-siècle plus tard, on retrouve la même observation, sur ce dernier point, tout du moins, dans le livre de Christian Blanc,  la Croissance ou le Chaos, et dans le programme politique et économique de François Bayrou.