Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

industrie

  • Accord pour la vente de 36 rafales : bien joué.

    Mauvaise analyse de Pierre Parillo et de son blogue politiquement incorrect à propos de la vente de rafales conclue par la France. Et la question n'est pas de vendre ou de ne pas vendre comme l'indique le Comptoir de la Comète mais bien plutôt de considérer à quelles conditions se fait la vente.

    Quand il a été question de vendre, initialement, 144 rafales à l'Inde, j'ai été très inquiet à la lecture du contrat. Les trois quarts des rafales allaient être fabriqués en Inde et leur acquisition s'accompagnait d'une transfert de technologie massif. 

    S'il se confirme bien que l'Inde achètera les 36 rafales, j'ai, cette fois, bien vu que cette vente ne s'accompagne d'aucun transfert, et d'ailleurs, ça râle jusqu'en Inde où il se dit que l'affaire n'est pas bonne.

    J'ai déjà écrit sur le rafale pour dire tout le bien que je pense de cet avion : il est polyvalent, et il est le seul à l'être à ce point au monde. Il peut tout faire, ce qui est rare dans l'aéronautique de chasse mondiale. 

    Je pense que les Indiens font un bon achat et les Français une belle vente.

    Hollande et Le Drian ont bien travaillé, les industries Dassault aussi, cela va de soi, et, il faut le dire, nos forces armées et nos pilotes également dont les missions ont montré l'efficacité de notre aéronef.

  • Das Kapital libéral ? Des fondations pour l'industrie.

    Attention, fermez les yeux et éloignez vos enfants de l'écran, je vais prononcer sept fois un TRÈS GROS MOT. Je le mets en petit pour que les coeurs sensibles ne succombent pas à un infarctus violent.

    libéral, libéral, libéral, libéral, libéral, libéral, libéral, attention, fermez les yeux, LIBÉRAL !

    Aaaah : ça fait du bien. Il se trouve que la FONDAPOL, think tank exploiteur du peuple et oppresseur du prolétariat s'il en est, vient d'éditer en ligne de très intéressantes propositions des économistes centristes et libéraux Christian Saint-Étienne et Robin Rivaton afin de relancer l'industrie.

    Ils proposent de mettre en place en France un système de fondations, comme il en existe dans le domaine culturel ou dans les paradis fiscaux,  mais entièrement dédiées à l'industrie.

     Il s’agit de créer un type nouveau de fondation : la « fondation productive » aurait pour objet de détenir des actions de sociétés industrielles et commerciales apportées par des personnes physiques qui n’en auraient plus la libre disponibilité pour des périodes très longues.

    Christian Saint-Étienne imagine ensuite une fiscalité amicale moyennant quelques contreparties. Les fonds investis dans la fondation ne seraient plus comptés pour l'ISF, les revenus soustraits à l'IR et, cerise sur le gâteau, décomptés de la succession pour en calculer les droits. Petit inconvénient, les fonds seraient immobilisés pour 15 ans.

    Moi, je trouve tout simplement cette idée lumineuse. Une très belle alternative à la pierre pour investir en toute sécurité et une belle manière de transmettre son patrimoine en investissant.

    J'ai toujours apprécié Christian Saint-Étienne. Brillant conseiller de Bayrou en 2007 il est malheureusement passé au Nouveau Centre puis à l'UDI par la suite. J'espère qu'il aura une influence sur ce parti.

    Si le gouvernement, qui ne sait plus à quel saint se vouer, pouvait avoir l'intelligence de reprendre et d'appliquer cette proposition, je crois vraiment que nous aurions là un bel instrument pour relancer notre industrie.

    En ajoutant à cela la proposition de Bayrou sur la capital-risque (possibilité de déduire des pertes de l'impôt quand il y a investissement dans l'industrie) et, évidemment, en améliorant l'environnement fiscal et administratif, on pourrait peut-être faire repartir la machine.

    Je dois toutefois préciser que Christian Saint-Étienne assortit son projet de propositions qui ne feront pas forcément l'unanimité. Elles figurent dans l'un de ses derniers billets : +3 points de TVA, +1 point de CSG (mais -5.4% sur les cotisations salariales), 44 années de cotisations et départ à 64 ans pour la retraite, obligation pour les collectivités de voter des budgets en équilibres (c'est précisément ce que je suggère au MoDem d'insérer dans son programme à Paris) et taux de remboursement de santé fonction de l'équilibre global des comptes sociaux avec ajustement trimestriel.

    Plutôt des bonnes mesures, me semble-t-il, mais difficiles à admettre par l'opinion (encore que...un récent sondage sur les retraites montrent que 2/3 des Français ont compris qu'ils doivent travailler plus pour toucher moins désormais).

    Il ya  encore des gens qui réfléchissent en France. Récupérons ces bonnes idées et intégrons-les dans le projet économique du MoDem.

  • Dans la peau d'un ministre de l'Industrie ?

    Je viens d'imaginer un petit jeu de rôle auquel, je l'espère, plusieurs blogueurs vont se prêter. Voilà, vous êtes l'objet d'une promotion foudroyante : en visite chez votre employeur, le plus influent conseiller du Président de la République a constaté l'acuité et la célérité de votre réflexion. Déterminer à vous promouvoir, comme il a l'oreille de la Présidence, il obtient de vous faire nommer Ministre de l'Industrie (et du Commerce). Et pour faire bonne mesure, il bouleverse l'organigramme habituel du gouvernement de la République Française en plaçant Bercy sous vos ordres.

    Vous êtes libre d'agir comme bon vous semble avec votre cortège de réussites et...de catastrophes...

    Quelles sont vos premières mesures ?

    Interrogeons d'abord quelques centristes : Fred, David, Nicolas, Hervé, Marianne, Françoise, Polluxe , Démocratix, une femme parmi d'autres, et Doudette (bien que la politique ne soit pas l'objet principal de son blogue)

    Ensuite, quelques blogues de droite qui pourront se prêter au jeu : en rase campagne, Corto, Vlad et Val , le Faucon et , qui sait ?, Authueil qui tirait à boulets rouges sur le crédit d'impôt des Socialistes il y a trois jours.

    Après quelques blogues libéraux : impossible de ne pas interpeller hashtable , Pierre et Objectif Liberté.

    Reste la gauche : les blogueurs de gouvernement soutiennent par définition le gouvernement donc leurs mesures sont celles du gouvernement. Si Romain de Variae veut me détromper sur cette observation, il le peut, évidemment. En revanche, chez les écologistes et la gauche de la gauche, on est plus critiques, c'est évident. Quand on a un blogue dont l'url commence par spartakiste, on fleure bon Rosa Luxembourg et l'idéologie qu'elle promouvait. Honneur aux femmes, donc, avec Rosaelle. J'imagine mal Gauche de Combat ne pas avoir un avis sur le sujet même si à l'évidence, cela ne va pas être le mien.

    Marc Vasseur ne soutient plus Europe-écologie mais il est en revanche toujours écologiste et c'est une voix autorisée de la blogosphère.

    Ah, dans un tel défi, pas de mesures immanentes. Par exemple, si vous décidez d'alimenter l'industrie via un magnifique plan quinquennal, à vous de dire d'où vous sortez l'argent, que ce soit de la création monétaire ou de l'impôt. Si à l'inverse, vous baissez significativement des charges quelque part, précisez si vous réduisez corollairement des dépenses ou si vous laissez courir un déficit pour les financer...

    N'oubliez pas l'Europe dans votre mini-programme car je ne doute pas que vos décisions affecteront notre imbrication dans l'Union et nos rapports avec nos partenaires.

    J'ai l'intention bien sûr de faire une synthèse des réponses de ceux qui se prêteront au jeu, et, dans la foulée, de me livrer à une critique féroce, y compris quand je suis d'accord avec les mesures proposées. J'ai mon propre programme, mais je l'exposerai que dans une semaine, et ce ne sera pas une reprise pure et simple des propositions de Bayrou.

    Dernier point : il va de soi que dans un tel jeu, nous réduisons la complexité du monde à quelque chose de simpliste. Je suis évidemment conscient de cet écueil : si nous étions ministre, nous aurions avant toutes choses une armée de techniciens et de conseillers pour nous aider à prendre des décisions pesées et pertinentes (ou pas, d'ailleurs).

  • Habillé en Armor Lux, habillé à Quimper ?

    J'ai fait mes petites soldes tout récemment : j'avais entendu parler d'Armor Lux à la suite de la monumentale commande de tee-shirts  réalisée par Bayrou pour le MoDem pendant la campagne présidentielle. Je savais donc que ce fabricant produit en France.

    Je me suis donc empressé d'aller faire un tour dans un entrepôt de vente directe d'Armor Lux. A vrai dire, j'y ai trouvé mon bonheur. Armor Lux réalise des bermudas long (peut-être devrais-je parler de pantacourt) d'une qualité remarquable. Je me suis tout de suite senti bien dedans.

    Très belle chaussures-bateau également avec un cuir extraordinairement souple et doux. 

    Tout content de faire travailler les équipes de Quimper, je me suis également jeté sur les marinières et j'en suis venu à discuter avec la vendeuse.

    En fait, les choses ne sont pas si simples : tous les produits Armor Lux passent par la case Quimper et c'est là-bas qu'il s'y réalise les plus fortes valeurs ajoutées. Mais seuls quelques produits phrare sont intégralement produits en France. C'est le cas des marinières. Le reste fait un détour par la Méditerranée avant de revenir en Bretagne.

    Très simplement, Armor Lux ne dispose pas de toutes les machines nécessaires pour tout produire en terre celtique. 

    Cela ne l'empêche pas pour autant de commencer à exporter son savoir-faire. J'ai cru comprendre qu'une boutique nouvellement ouverte à New-York faisait fureur.

    En fait, ils sont bons sur les vêtements adultes ou dans leur spécialité, mais côté enfants, on voit qu'ils ont plus de mal : les pyjamas, par exemple, jolis pour les motifs, mais pantalons bien trop larges par rapport à l'âge. Une vendeuse m'a dit qu'il y avait peu de demandes en vêtements enfants chez Armor Lux. L'entreprise a tout de même quelques gammes, mais ce n'est pas son domaine de prédilection.

    Si des couturiers ou des couturières s'en sentent l'humeur, l'usine de Quimper commence à s'inquiéter de la succession de ses actuelles ouvrières. Une industrie qui recrute ce n'est pas si fréquent, alors, avis aux amateurs...

  • Oh non, Hollande ne fait pas du Bayrou !

    C'est très tendance chez les militants MoDem de se consoler en faisant valoir que Hollande commence à appliquer le programme de Bayrou. Vade Retro Batavicas, malheureux ! Et puis quoi encore ? N'importe quoi. Non, Hollande, une fois élu, applique ce qu'il annonçait sur son blogue bien avant de concourrir pour les primaires socialistes : accroître les impôts pour résorber la dette.

    C'est son unique horizon, ou presque. Il a bien sûr compris qu'il ne pourrait éviter de tailler dans la dépense publique et a construit une réthorique ad hoc pour emberlificoter ses interlocuteurs, mais, à côté de ces deux antiennes, aucune idée n'émerge du côté des Socialistes. Les gesticulations de Montebourg vont juste achever de réduire l'individu à ce qu'il est vraiment : un guignolo.

    En réalité, il est trop tard pour empêcher les entreprises qui s'apprêtent à le faire de licencier. La question à se poser c'est celle des mesures qu'il conviendrait de trouver pour tenter d'empêcher la reproduction du phénomène. Et là, ce n'est pas gagné, loin de là.

    Les Socialistes, la gauche en général, sont mondialistes. Ils sont  incapables d'avoir une réflexion à l'échelle nationale dans le domaine industriel (ce qui ne signifie pas pour autant qu'il faut verser dans le souverainisme).

    Évidemment, les Socialistes n'ont pas hérité d'une situation facile. Il y a eu quelques idées intéressantes sous le gouvernement Fillon (l'auto-entreprise, le fond stratégique d'investissement, par exemple) mais nous demeurons dans un cercle  vicieux dont nous ne parvenons à briser le cycle infernal.

    Mon sentiment est que beaucoup de choses vont se jouer au niveau de l'Europe et des forces politiques que les Européens vont envoyer dans leur Parlement.

    Ce n'est pas seulement un programme pour la France qu'il faudra, mais une vision de l'Europe toute entière susceptible de redresser le continent. La France me paraît particulièrement malade, mais certains pays européens sont à l'agonie (la Grèce), rongés par la corruption (la Bulgarie, la Roumanie) en sus de voir leurs productions nationales s'écrouler.

    Il faudra donc raisonner non seulement pour notre pays mais pour les autres aussi : favoriser des filières courtes en Europe en règle générale. Ce devrait être un objectif de notre gouvernement qui n'y songe pas.

    Pour nous autres Démocrates, même si nous divergeons par bien des aspects des Écologistes, je pense néanmoins que nous pourrons trouver en eux des alliés objectifs au Parlement si nous travaillons dans cette direction. 

    Il reste à mener la réflexion et ce n'est pas une mince afffaire : il s'agit ni plus ni moins que de trouver la pierre philosophale...

     
  • Semaine de l'Industrie et coup de poker de Lemon Way

    Pendant que l'on discute de tout et de rien (surtout de rien, à vrai dire) dans notre campagne présidentielle, il se déroule sur notre territoire national un évènement qui gagnerait à davantage attirer l'attention des médias : la semaine de l'Industrie. Les entreprises industrielles et les centres de formation organisent un peu partout en France des évènements. On trouve sur le site de gouvernement une série d'outils instructifs, pédagogiques et amusants. Par exemple un jeu d'aventures dans lequel le joueur expérimentera la pertinence de ses intuitions en terme de conception, production, vente et gestion de biens industriels. J'ai testé, et...je crois que j'ai raté ma vocation ! :-)

    Qui le sait ? L'industrie française est la 5ème exportatrice mondiale, tient le deuxième rang en Europe, regroupe 150 000 entreprises, assure trois millions d'emplois directs et en génère 4 à 9 millions d'indirects. Pas mal, non ? Alors le produire en France de Bayrou, crédible, non ?

    En île de France, il y en a vraiment pour tous les goûts. Tout (ou presque) est intéressant, mais j'aime particulièrement le concept imaginé par la société Lemon Way et l'IUT de la Plaine à Saint-Denis. Jugez-donc vous-même l'idée : 

    L'IUT de la Plaine, dépendant de l'université Paris XIII, et la société Lemon Way organisent, avec 50 étudiants en provenance de 6 pays Européens sélectionnés pour leur motivation et leur capacité à challenger, une semaine de think tank. Le challenge en question : le lancement d'une marque culte française dans toute l'Europe, qui va révolutionner le monde high-tech et celui du paiement au quotidien, en résorbant une partie des problématiques actuelles de la banque, dans un contexte de crise.

    C'est audacieux, et il fallait y penser. J'espère qu'il en sortira quelque chose.

    Bien vu aussi le café-contact organisé par la CCI de l'Essone pour mettre en contact les demandeurs d'emploi et les industries qui recrutent.

    J'avais signalé il y a quelque temps, à la suite d'une conférence du MoDem et de l'Alliance centriste le projet d'emmener une classe au coeur d'une usine. Une entreprise de Meudon a bouclé le projet pour des collégiens.

    Notez que je me suis polarisé sur l'île de France parce que j'y habite, mais toutes les régions de France sont concernées.

  • L'industrie d'abord, la concurrence non faussée ensuite

    Toute la législation actuelle est pourtant dominée par une seule crainte : empêcher qu'un pays membre fausse la concurrence en avantageant ses entreprises au détriment de celle des autres.

    Je dis que nous devons avoir une politique active en commun, une politique industrielle et qu'elle ne doit pas se limiter à de rares grands programmes, fussent-ils aussi prestigieux qu'Airbus l'a été autrefois. C'est le complément naturel de l'intimité entre nos économies.

    Dans tous les secteurs d'activité, il faut se fixer un objectif stratégique. L'Europe ne peut pas accepter d'être complètement absente d'aucun des grands secteurs d'activité. Elle doit raisonnablement être présente dans la concurrence sur son propre marché. Il ne doit pas, il ne devrait pas pouvoir exister de secteurs de production dans lesquels l'Europe ne vise à atteindre de l'ordre de 50 % de son propre marché.

    La France proposera à ses partenaires européens un plan de reconquête des marchés dont elle est absente et en particulier dans les secteurs de haute technologie, cela sans protectionnisme, avec une démarche fondée sur l'offre, sur la qualité.

    made in Bayrou

  • Redémarrer l'industrie et...l'emploi avec Bayrou !

    J'étais hier soir au forum "Produire en France, oui, mais comment ?" organisé par l'Alliance Centriste pour le compte de François Bayrou. Il y avait là des pointures avec notamment Robert Rochefort, l'euro-député MoDem, Jean-Pierre Peyrelevade, Pierre Gattaz, PDG de Radial et Aurélien Véron, président du Parti Libéral Démocrate.

    Je ne connaissais pas Pierre Gattaz, mais je l'ai découvert : très intéressant ! J'ai retenu de son intervention les choses suivantes

    - il n'y a déjà pas beaucoup de petites industries, écrasées par le poids des très grosses entreprises, mais encore moins d'ETI (Entreprises de taille intermédiaire) quasiment inexistantes en France.

    - opposer petites et grandes entreprises est stérile : il faut au contraire les assoscier (sur cet aspect, un premier bon point pour Bayrou qui propose un crédit d'impôts pour les entreprises qui prennent une participation dans une petite entreprise).

    - Il faut revaloriser l'industrie aux yeux de la jeunesse. Notamment, finance et assurance absorbent tous les ingénieurs, or, pour innover, l'industrie intermédiaire a besoin de personnels formés et diplômés. Une idée très astucieuse : faire venir des enseignants dans les usines et sur les lieux de production pendant une journée. Qu'ils fassent cours dans l'usine, mais en s'arrêtant toutes les deux heures pour que les élèves discutent avec les personnels. Cela peut être fait dès le collège.

    - s'appuyer sur les marchés intérieurs pour disposer d'une assurance avant de se lancer dans l'exportation. Les commandes locales permettent de garder des usines sur place et ce repli possible est fort apprécié en temps de crise. De ce point de vue, les collectivités ne jouent pas leur rôle (Robert Rochefort a évoqué la mairie socialiste de Toulouse qui importe du pavé chinois pour refaire une rue alors qu'il y a une carrière de pierres à quelques kilomètres...)

    - simplifier les normes et au minimum, commencer par les imposer à tous également, par exemple aux entreprises chinoises qui nous inondent de produits fabriqués en Chine.

    - baisser les charges pour permettre l'investissement et l'emploi. Sur ce point, Jean-Pierre Peyrelevade est à 200% sur l'analyse d'Yves Gattaz et rappelle que les entreprises françaises ont les marges les plus basses d'Europe.

    Aurélien Véron a de son côté évoqué les Business Angels rappelant que l'environnement fiscal français ne leur était pas favorable. Bayrou dans son programme prévoit de leur permettre de déduire des impôts leurs pertes. Rappelons que les Business Angels sont des fonds de capitaux qui choisissent de prendre des risques en investissant dans des start-up (entreprises qui démarrent). Aurélien Véron a fait observer que la difficulté à obtenir des financements des banques venait de ce qu'elles devaient renforcer leurs fonds propres, et...elles devaient renforcer leurs fonds propres en raison de la quantité d'actifs pourris d'origine étatique qu'elles avaient été contraintes d'acheter en 2009. 

    C'est près de un million d'emplois qui pourraient être créés en France simplement en réimplantant une industrie manufacturière de biens de consommation. C'est l'un des chevaux de bataille de Robert Rochefort qui constate que pour de nombreux biens, la production n'existe purement et simplement pas ou plus en France.

    Il y a des données qui laissent songeur : Matthieu Lambeaux, le PDG de Findus (spécialiste des surgelés) déclarait qu'il suffirait que chaque foyer français achète deux boites par an (oui, vous avez bien lu ! deux par an seulement !!!) pour créer 100 emplois à plein temps en France !

    - contre le bas de gamme, Robert Rochefort observe aussi que l'absence de produits résistants et le consumérisme forcené nous amène à nous munir de biens que nous remplaçons. Y gagnons-nous ? Non, pas du tout. Acheter deux à trois produits bas de gamme en trois-quatre ans revient même plus cher que d'en acheter un seul dans le même délai. il y a donc une habitude de consommation à modifier mais aussi de production : l'industrie pourrait réaliser une large partie de son chiffre d'affaire sur le service après-vente et les pièces détachées. C'est le cas des automobiles : les moteurs actuels sont quasiment immortels au regard de leurs prédécesseurs, particulièrement la technologie HDI mise au point par peugeot. Il faut donc miser sur la qualité.

    Il y a des gisements de développement énormes en termes d'emploi et de développement dans notre réindustrialisation mais seul François Bayrou semble en avoir pris la mesure avec ses propositions.

  • Bayrou entre emploi et réarmement industriel

    J'avais déjà évoqué le 20 janvier dernier des éléments de la stratégie industrielle de François Bayrou. Le dévoilement et le chiffrage de son projet, ce matin, me permettent d'ajouter quelques éléments.

    Jean Peyrelevade, l'un de ses proches conseillers, s'exprimait ce matin sur France Info et faisait valoir que c'est à tort qu'on faisait porter au coût du travail la baisse de notre compétitivité. En fait, remarque Peyrelevade, nous avons des champions industriels, mais nous avons abandonné une quantité assez invraisemblable de créneaux. Chaque créneau est petit, mais leur somme est mastodontesque. Nous avons un problème de gamme, en somme. Il citait quelques exemples, mais j'ai tout de même retenu que nous importions nos lunettes de plongée du Japon parce que nous n'en produisons pas en France !

    D'une certaine manière, Bayrou tente de prendre en tenailles le problème : il est convaincu qu'il ne faut pas toucher aux salaires car ils sont la garantie de la consommation. Ainsi, s'il escompte bien faire des économies dans les dépenses de l'État, il ne veut absolument pas qu'elles se fassent au détriment des revenus des salariés de la fonction publique. Pas de blocage de points d'indice ni de grilles de salaires avec lui.

    C'est pour cette raison aussi qu'il récuse la facilité (en apparence) qui consisterait à lutter contre les coûts du travail avec d'autres pays. C'est pour cette même raison qu'il estime que la TVA sociale ne saurait en aucun cas apporter un surcroît de compétitivité. Si TVA il doit y avoir (il prévoit une hausse de 1%) c'est exclusivement pour faire partie d'un pack destiné à désendetter l'État.

    La PME demeure pour lui la clef du réarmement industriel. Toutefois, il est difficile d'en favoriser la création ex nihilo, et, s'il approuve l'existence de stratagèmes public, il pense aussi qu'ils ne suffiront pas. Oui à Oseo, bien sûr, mais il faut aller plus loin : il faut que l'investissement puisse s'associer directement à l'industrie. Pour cela, il escompte actionner deux leviers :

    a) l'investissement des particuliers avec un livret épargne industrie qui pourrait proposer d'assez fort rendements et drainer ainsi l'épargne des particuliers.

    b) celui des plus gros acteurs à commencer par les grandes entreprises : l' avantage fiscal lorsqu’une grande entreprise aura créé une structure d'investissement en direction des PME ou pris une participation dans une telle structure me paraît particulièrement astucieux.

    Il y a là une mesure propre à favoriser la constitution de clusters, ces grappes d'entreprises qui ont fait et font encore le bonheur et le dynamisme de la Silicon Valley.

    Bayrou n'a jamais été un admirateur des conflits dans le travail : plutôt que des grèves dures, il préfère la co-gestion. Mais pour lui donner une substance bien plus consistante que la traditionnelle négociation à flux tendus, il suggère d'acter par une loi la participation en dur des représentants des salariés, les syndicats, en somme, aux Conseils d'Administration de toutes les entreprises.

    Voilà qui ferait un bien fou à la démocratie sociale dans le travail. J'imagine la tête des gros actionnaires face aux représentants syndicaux quand il va s'agir de proposer d'éventuelles délocalisations. Nul doute qu'il ne sera plus possible d'agir dans le dos des salariés. Mais ce sera aussi l'occasion de proposer cartes sur table des stratégies. La méfiance se nourrit du secret.

    Le capital-risque doit pouvoir trouver son compte et des compensations dans les risques qu'il prend : l'idée de proposer aux Business Angels la possibilité de déduire leurs pertes de leurs impôts sur le revenu est très forte et très bien pensée. Très bonne incitation fiscale ciblée.

    Les PME auront besoin de pouvoir employer : un emploi sans charge pour les entreprises de moins de 50 salariés pendant deux ans, c'est une sécurité pour les TPE qui grossisssent. Quel est le problème ? Votre entreprise grossit, il y a trop de travail pour vous, mais peut-être pas assez pour votre premier salarié. L'exemption des charges pendant deux ans est un sacré coup de pouce pour voir venir...

    J'ai suffisamment parlé du Made in France et notamment du label que Bayrou entend développer pour y revenir. Je signale toutefois un sondage qui fera taire tous ceux qui affirment que l'ambition de Bayrou relève d'une douce rêverie : 83% des Français sont prêts à payer plus cher pour acheter un produit français. Il n'y a plus que les dirigeants socialistes pour affirmer le contraire. L'idée de Bayrou, qui épousait une aspiration profonde du peuple français continue de faire son chemin.

    Je n'ai pas présenté ici la totalité des mesures de François Bayrou, mais si avec cela, si jamais Bayrou est élu, nous ne retrouvons pas le chemin de la croissance et de l'emploi, je veux bien manger mon ordinateur portable sans aucun assaisonnement...

  • Bayrou et l'industrie

    Impossible de s'intéresser aux problèmes de l'industrie en France sans lire si possible en détail le rapport sénatorial piloté et déposé par Alain Chatillon (Sénateur UMP) le 05 avril dernier sur le sujet.

    Quand j'ai lu l'État d'urgence de François Bayrou, je m'étais interrogé sur sa volonté de laisser les industries françaises externaliser certains segments de leur production. Cela me semblait s'opposer au Made in France qu'il prônait. C'est en lisant le rapport que j'ai compris.

    En fait, c'est exactement ce que font les Allemands : contrairement aux Français, ils ne délocalisent jamais toute une production, mais des segments seulement. En France, dès que l'on exporte, on tend à produire tout dans le pays du marché visé. Il n'y a pas de réflexion véritable sur la segmentation de l'industrie, alors que nous devrions nous préoccuper au premier chef de conserver sur place tout ce qui porte une forte valeur ajoutée.

    Il y a de ce fait toute une réflexion à mener sur la formation de nos ouvriers. On a eu, à mon avis, grand tort de supprimer dans l'enseignement les filières E, du temps des bacs A, B,C, D et cetera. A la place, on a créé l'inspide section STI dont les débouchés professionnels ne sont guère clairs. Avec les bac E, la France avait pourtant généré des techniciens-ingénieurs d'une qualité exceptionnelle. Comme le disait récemment Bayrou au Figaro, nous étions un pays d'ingénieurs nous sommes devenu un pays de financiers.

    On doit repenser le métier d'ouvrier, à n'en pas douter, de manière à ce qu'il devienne celui d'un technicien supérieur. De ce fait, il y a une vraie réflexion à mener sur les filières techniques et professionnelles. Pour l'instant, on essaie bien de donner de la valeur ajoutée à ces filières par création de diplômes supérieurs ad hoc, mais le résultat se fait attendre.

    Bayrou voulait faire de la France un pays pro-entreprises en 2007 et toute son action est tournée vers les PME. Je pense qu'il n'est pas le seul à avoir ce souci, mais dans les faits, la consanguinité est si forte entre les grands groupes et les principaux partis, que les PME sont toujours les laissées pour compte des pratiques des grands partis. 

    L'environnement global français ne leur demeure donc pas favorable. Bayrou voulait en 2007 (et le propose à nouveau pour 2012) simplifier profondément l'environnement juridique et fiscal de l'entreprise. Sarkozy s'est emparé de la question en 2008, et, le résultat des courses, c'est qu'il a créé 500 pages supplémentaires de codes divers. Il faut, je le pense, une véritable détermination pour atteindre cet objectif. 

    L'une des faiblesses de l'industrie française, c'est ses investissements en recherche et développement : insuffisants il ne permettent pas de faire émerger des produits à la fois hauts de gamme, high tech et de qualité. Il est donc essentiel pour les entreprises de dégager des marges. Si la taxe sur les transactions financières est mise en place, Bayrou escompte en utiliser une partie pour faire baisser les charges qui pèsent sur le travail. Ce faisant, évidemment, les entreprises retrouveraient de petites marges de manoeuvre.

    En somme, si je récapitule le programme de Bayrou tel qu'il s'esquisse, voilà ce que j'y trouve :

    - Favoriser la segmentation de  l'industrie : externalisation des segments à basse valeur ajoutée et  localisation de ceux qui ont une forte valeur ajoutée.

    - simplifier considérablement le cadre juridique dans lequel évoluent les entreprises, particulièrement les PME.

    - développer une filière professionnelle et technique de haute qualification.

    - accroître les marges des entreprises en dégageant des marges de manoeuvre sur les charges du travail, de manière à permettre des investissements plus importants en RD

    - favoriser les rapprochements en réseaux des entreprises, et faire de l'État un acteur stratégique de ces rapprochements

    - développer un label Made in France afin de faire des consommateurs des acteurs du redressement de leur propre pays

    Il a évidemment d'autres idées en tête, mais je pense que ce sont les grandes lignes.