Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

industrie - Page 3

  • L'emploi, l'emploi, oui, mais comment faire ?

    J'ai écouté l'entretien que donnait François Bayrou sur Sud-Radio et je m'accorde avec lui pour penser qu'on rééquilibrera difficilement les retraites dans donner du travail aux juniors et aux seniors.

    La question, c'est comment faire ? Enfin, soyons plus précis : comment donner des emplois avec des salaires acceptables et pas financés sur fonds publics ?

    La relocalisation de l'industrie est certainement, au moins dans le secteur secondaire, l'une des clefs de la lutte contre le chômage, mais là encore, comment amener les entreprises à se réinstaller dans nos campagnes et dans nos villes ? Turbomeca à Bordères, est un exemple réussi de partenariat public-privé via un pôle ce compétitivité (Aerospace Valley).

    J'ai eu la curiosité de consulter la fiche d'Aerospace Valley ainsi que son site. Parmi les objectifs, il y a celui de créer 40 à 50 000 emplois en 20 ans. En Midi-Pyrénées, par exemple, là où se trouve Turbomeca, ce n'est pas moins de la moitié des emplois de cadre créés entre 2010 et 2015 qui devraient l'être dans le cadre d'un pôle de compétitivité.

    Le Ministère de l'industrie a rendu en 2009 un rapport complet sur l'industrie. J'y entrevois bien ce qu'il faut faire, mais pas comment y parvenir.

    Il y a en tout cas là du travail sur la planche pour les commissions parlementaires et les groupes d'études.

     

     

  • Financement de l'industrie ? Merci la CGT !

    Je viens d'entendre que Sarkozy s'intéresse à l'industrie. Bayrou a approuvé. Pas trop tôt, cela ne fait jamais qu'il dit, avec le MoDem, que l'industrie est une urgence. Quant au livret épargne industrie proposé par Sarkozy, je suis allé me renseigner auprès des véritables promoteurs de l'idée : la CGT ! Et leur idée n'est pas idiote, car elle part du constat que l'industrie ne supporte plus des rendements exigés à deux chiffres :

    Cinquième priorité : le financement. L’Industrie est incompatible avec les taux de rentabilité à deux chiffres exigés ces dernières années. La CGT considère qu’un pôle public de financement du développement industriel est possible dès maintenant en utilisant un livret d’épargne industrie et emploi. Les bases de ce pôle existent avec la Caisse des Dépôts et OSEO, qui finance l’innovation des PME et la Banque postale. Les Banques doivent consacrer l’essentiel de leur activité au service de l’emploi, des projets industriels.

    Oui, pas mal trouvé du tout. Maintenant, il faudrait aussi que Sarkozy aille au bout de l'idée en étendant considérablement le montant maximal de dépôts autorisés sur le LDD futur LDDI. 6000 euros maxi, c'est trois fois rien. Il faudrait au moins monter jusqu'à 10-15 000 euros. Si la chose se fait, j'en ouvre un. Par ailleurs, 1.25%, ce n'est pas fameux, comme rétribution. Mieux vaudrait distinguer le Livret de Développement Durable, et un livret pour l'industrie à 2-3% de taux d'intérêt.

  • La bureaucratie, ennemie de l'économie de la connaissance

    Il y a près de dix ans, les états européens, réunis à Lisbonne, signaient un document qui devait annoncer l'établissement d'une nouvelle économie pour la zone euro : on appelle de memorandum la stratégie de Lisbonne. Elle devait favoriser l'émergence d'un nouveau modèle social et la métamorphose d'une industrie et de services hautement compétitifs. Dix ans après, l'Europe se dégage péniblement d'une très violente crise financière et les objectifs annoncés sont loin d'être atteints.

    Pourquoi un tel échec ? C'est la question à laquelle tente de répondre Charles Wyplosz, un économiste suisse, sur le site Telos. J'ai retenu de son billet le rôle éminent de la bureaucratie dans tous les pays. Pour cet économiste, les effets d'annonce et les tracas administratifs de toute sorte sont un frein significatif à l'éclosion de toute forme d'innovation et étouffe des projets moins ambitieux mais plus réalistes.

    La Folie des Grandeurs est à vrai dire un mal bien français, tout gouvernement confondu : la communication a pris une telle importance que le souci premier de la classe politique et des gouvernants est désormais de soigner les apparences plus que tout autre chose. Aucune mesure, même la plus insignifiante prise, sans des déclarations tonitruantes. On promet par monts et par vaux, on multiplie les effets d'annonce, et derrière, c'est le néant ou l'insignifiance dans le meilleur des cas.

    A cela s'ajoute la manie toute soviétique de multiplier la paperasse et l'arsenal juridique : Nicolas Sarkozy est symptomatique de ce travers, lui qui fait voter lois sur lois pour un oui ou un non, ou simplement parce qu'un fait divers est à la une de l'actualité.

    Je me remémore toujours Christian Blanc évoquant la difficulté à mettre en place les pôles de compétitivité en France : pas un dossier qui ne végétât six mois dans les tiroirs de Bercy quand il eût fallu être réactif dans les trois semaines. L'écosystème de la croissance demeure encore à pérenniser.

    Malgré tout, nous ne sommes pas non plus stationnaires, et les pôles de compétitivité se développent au fil du temps. Mais ce qui me frappe, c'est de constater l'absence des Régions dans leur genèse. Tout passe par l'État, et je vois davantage le Ministère de l'Industrie et Bercy piloter le développement de ces pôles que les Régions. Je n'ai pas non plus parcouru tous les tableaux de bord des pôles, mais, ce qui me frappe, pour ce que j'en ai vu, pour l'instant, c'est la prépondérance des investissements publics et surtout, la difficulté pour les pôles à attirer du capital-risque. Très peu de mises en relation avec les business Angels et les capitaux risqueurs en règle générale dans les tableaux de bord. Les pôles ont donc du mal à sortir, en matière d'investissements, d'une logique purement hexagonale.

    De même quand l'on examine le nombre d'entreprises partenaires membres du pôle et la quantité de celles qui se déplacent à l'étranger, il y a comme un hiatus. Les indicateurs du tableau de bord se contentent de relever le nombre d'entreprises qui réalisent au moins 5% de leur chiffre d'affaires à l'étranger : si la barre est aussi basse, c'est que l'essentiel de leur commerce est hexagonal, alors que les pôles de compétitivité ont vocation à exporter les partenaires qui les constituent.

    In fine, du chemin a été fait, et il faudra du temps, je présume, pour mesurer mieux les effets dus à la constitution de ces pôles. Du temps, il en faudra également pour inciter les universités à s'impliquer davantage dans l'activité des pôles et amener les Régions à dépasser les mesurettes qui font bien dans des magazines mais qui ne font pas l'emploi ni notre commerce extérieur...

  • Mais si François, il a raison, Schumpeter !

    J'ai lu les voeux à la presse de François Bayrou, et je suis tombé sur cet intéressant passage :

    La vieille loi de l’économie, la loi schumpétérienne de la destruction créatrice, je suis désolé de le dire aux économistes que je lis et respecte, cette loi ne marche plus. On nous disait : « Laissez partir sans regret les entreprises de main d’œuvre. Concentrez vous sur l’innovation, les nouveaux produits et les nouveaux services. Vous créerez plus de valeur ajoutée, vous gagnerez plus de nouveaux emplois que ceux que vous perdrez. », choisissez le haut de gamme contre le bas de gamme et ce sera un avenir heureux, nous disait-on. Peut-on le dire sans ruser ? En France, en tout cas, cela ne marche plus.

    Mais François, l'analyse de Schumpeter, ce n'est pas un remède, c'est juste un constat. Et justement, ce qu'il analyse se produit précisément en France : c'est faute d'innovation, d'une véritable révolution industrielle que les emplois se barrent ailleurs pour les secteurs vieillissant. Il faut changer de logiciel, comme le dit à juste titre parfois Corine Lepage. Je ne dis pas que son logiciel est exactement celui que je prendrais, mais elle a raison sur le principe.

    Nous vivons l'ouragan capitaliste, qui redistribue les cartes, à l'heure actuelle : simplement, pour l'instant, nous avons hissé les voiles en grande partie à contre-vent, et, nous risquons à tout moment d'être balayés.

    Cela dit, tu poses très bien le problème de l'industrie en France :

    La question qui se pose alors est celle de la dérive continue, de la véritable hémorragie, qui déplace notre outil industriel, nos unités de production et finalement nos emplois. Et il n’est pas vrai que ces emplois seront remplacés par d’autres si l’outil industriel est parti. Cela n’est pas vrai.

    Tout comme toi, je pense qu'il convient de mener une véritable politique de relocalisation, mais, en même temps, je ne sais pas si la solution est envisagée en de bons termes.

    Cette politique de relocalisation, elle doit être globale. Nous devons mettre l’Europe devant ses responsabilités dans la guerre des monnaies, banque centrale aussi bien que responsables politiques de l’Union. Ça, c’est l’Europe. Les questions environnementales, elles doivent être traitées au niveau de l’union. Mais beaucoup dépend de nous, Français : nous avons perdu des pans entiers de production, des secteurs industriels entiers qui ont déserté notre pays. Pourtant nous savons produire des avions qui sont les meilleurs du monde, des logiciels, de l’agro-alimentaire, de la chimie. Il n’y a aucune raison que notre nation d’ingénieurs se résigne. Nous croyons à la reconquête de secteurs entiers, grâce à l’automatisation, à la qualité des techniciens, à la proximité, aux process de production numérique, par exemple. Mais cela ne se fera pas tout seul. Il faut que l’État dirige la manœuvre de reconquête. Non pas pour rester, mais pour initier, pour faire essaimer. Et notamment en concentrant l’aide sur les PME naissantes ou en développement. En leur facilitant la vie, en protégeant les jeunes pousses. En allant les chercher ailleurs s’il le faut pour les transplanter sur le sol français dans les secteurs où nous avons abandonné le savoir-faire, le « know how » comme on dit.

    Moi, je doute que nous puissions reconquérir les secteurs perdus, ou, du moins, pas sous la forme sous laquelle nous les avons connus. Mais nous pouvons peut-être en implanter de nouveaux, en revanche...

    Toi, François, tu penses, comme Corinne Lepage, que c'est l'État qui doit promouvoir cela ; je n'en suis pas convaincu. A mon sens, c'est plutôt comme facilitateur que je vois le rôle de l'État. Et je reviens à cet effet à mes premières amours économiques, je pense que c'est Christian Blanc qui avait raison avec ses clusters. Les pôles de compétivité demeurent, à mon avis, l'option à privilégier pour tenter de relancer la mécanique. Sauf que nous n'avons plus beaucoup de temps, désormais, pour reprendre la main ; il ne suffira pas de laisser s'implanter des sociétés, des startup, des SSII et compagnie dans des zones ad hoc : il va falloir vraiment passer à la vitesse supérieure pour leur créer un environnement favorable. C'est, j'en ai l'impression, sur ce point qu'il y a encore un gros travail à faire. Tu voulais faire de la France un pays pro-entreprise, eh bien il y a du boulot. En France, le seul point positif pour les entreprises, ce sont les infrastructures. Le reste...

  • Où sont les ouvriers ? Où est le peuple ?

    Je parcours, depuis quelques jours, les pages de l'ouvrage de deux sociologues, Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin (tiens, un ancien du MRC...). Il s'intitule "Recherche le peuple désespérement". Ce livre s'adresse préférentiellement à la gauche, mais il m'intéresse beaucoup, parce que les observations faites par les deux auteurs recoupent une partie de mes interrogations et également bon nombre de mes observations.

    En particulier, on a cru, au sein du landernau politico-médiatique (et pas seulement à gauche), à l'exclusion, malheureusement et il faut le dire, du Front National, que la classe ouvrière n'existait plus en France. Le PS, les communistes et même les Trotskistes se sont satisfaits des populations multi-assistées des  logements sociaux des centre-villes ou des proches banlieues qui leur permettaient de se trouver une caution populaire à bon compte. Pendant ce temps, les classes populaires, repoussées bien au-delà des grandes banlieues, plongées dans une grande détresse, précarisées, affrontaient seules et abandonnées de plein fouet les effets pervers de la mondialisation.

    Parce que l'industrie s'est réduite comme peau de chagrin, la gauche qui ne connaissait plus de classes populaires hors la bonne vieille industrie issue du XIXème siècle, n'a pas vu la précarisation croissante de tout un secteur de la population, péri-urbanisée, parfois rurale. Il a été plus simple d'y voir des beaufs, des électeurs du FN, des mineurs politiques dont il était préférable de limiter l'exercice des droits civiques, ces derniers ayant tendance à voter pas toujours comme il le fallait.

    La gauche verdâtrisée a ignoré tous ces hommes et ces femmes, qui font jusqu'à 5 heures de trajet aller et retour pour venir travailler dans les métropoles, vivent dans des communes-dortoir de moins de 1000 habitants, n'ont d'autres choix pour se déplacer que d'utiliser leur automobile et ne connaissent plus des services publics que le nom que l'on en donne aux émissions télévisées, leur principale distraction.

    Qui s'intéresse à ces gens ordinaires, qui vivent généralement de 100 à 200 kilomètres des grands centres urbains ? Quels partis politiques s'y déplacent ? Non, les préoccupations des populations boboisées des villes sont bien plus intéressantes, bien sûr !

    Qui s'intéresse à la question ne sera pas étonné de découvrir que ces nouveaux ouvriers sont désormais en grande majorité des ouvrières...des femmes seules, souvent avec un enfant ou plus.  La demande de productivité toujours plus forte a rendu la vie impossible aux ouvriers qui travaillent encore dans les secteurs industriels, d'autant que le maintien de leurs usines et ateliers dépend désormais de leur propension à faire mieux et moins coûteux que ceux des pays qui pratiquent le dumping social. L'externalisation des services, leur automatisation, mettent aussi sur le carreau les caissières, les opératrices diverses et variées, elles aussi soumises à des "objectifs" et à des cadences infernales.

    La gauche, les verts, ont été très forts pour proposer de la culture, quelques allocations et empoisonner l'existence du petit peuple que désormais ces partis méprisent. Mais rien dans leurs propositions politiques, n'a été pensé pour leur redonner un espoir. Quant à la droite, sous l'égide de Nicolas Sarkozy, elle a consciencieusement appliqué le vieux principe qui dit que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent... Les visites dans les usines ? de la poudre aux yeux. Même le vieux thème porteur de la sécurité (qui s'appuie sur la peur d'un déclassement social toujours plus violent pour ces populations fragilisées) aura fait long feu. Je l'ai dit ce matin, le gouvernement réduit toujours plus les moyens de fonctionnement de la sécurité intérieure : le peuple n'aura même pas cette consolation-là.

    La précarité ne touche pas seulement des ouvriers sans qualification, c'est toute une génération de jeunes diplômés, désormais, qui est assomée par la vie chère, par les CDD et l'incertitude de leurs revenus, même à bac+5. Les jeunes sont les premiers à faire les frais de cette nouvelle donne. Bac+5 et le SMIG, cela devient désormais la norme pour une part croissante de la jeunesse diplômée. Et même pour ceux qui disposent d'un emploi statutaire, garanti à vie, l'avenir demeure incertain : n'est-ce pas Robert Rochefort, euro-député MoDem, qui observait récemment que dans l'Académie de Versailles, près de deux cent enseignants reçoivent une aide alimentaire d'urgence de la part des services du rectorat ?

    Je n'ai pas fini de lire le livre de Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin, j'en reparlerai donc ici. Je pense que sa lecture est salutaire pour tous les mouvements politiques. Je doute fort de recevoir les solutions préconisées par les deux auteurs, encore que, mais, j'estime que les populations péri-urbaines devraient faire l'objet de l'attention particulière de chaque parti.

    En ce sens, j'appelle le MoDem à ne pas se laisser boboiser, notamment par des enjeux écologiques plaisants dans le principe, mais dont ces classes sociales feraient encore les frais. Le MoDem a été, je le crois, l'un des premiers partis à envisager sérieusement la nécessaire réindustrialisation de la France. Jean Peyrelevade, en particulier, en affirme l'absolue nécessité en raison de l'amplitude de la valeur ajoutée qui caractérise cette production économique. L'industrie n'a pas seulement un rôle économique, elle a un rôle social.

    Ouf, c 'est l'une des priorités absolues du nouveau programme du MoDem. Dans ce programme, le premier chapitre porte sur l'économie, et le 1er sous-chapitre sur l'emploi. Le 13ème amendement du projet est le suivant : Développer l’emploi industriel par la relocalisation de certaines fabrications en France et en Europe ; évidemment, il faut le faire. Il faudra plancher même très sérieusement sur le sujet.

    Ce sont les conditions de travail qui viennent juste après, dans le document préparatoire ; il y a un amendement, mais il n'engage à pas grand chose. Ce devrait être un axe prioritaire de notre réflexion.

    Ensuite, nous devrions mener une réflexion sur la précarité qui ne se limite pas à l'industrie, mais qui touche les services et l'agriculture (et les ouvriers agricoles, alors !!!).

    Soyons très clairs : ce n'est pas la peine de blablater sur le développement durable auprès des populations péri-urbaines. Ils ont d'autres choix à fouetter. Il faut leur proposer des solutions concrètes : par exemple, l'implantation d'une usine de production de panneaux photo-voltaïques, du côté d'Agen, c'est une réponse concrète.

    Bref, nous autres démocrates et libéraux, reprenons la main et tendons-là aux populations abandonnées à leur sort depuis trop longtemps. Et ce n'est pas du lumpen-prolétariat des cités dont je parle, mais bien des honnêtes citoyens qui se crèvent la carcasse à ramener trois francs six sous chez eux. Ceux-là, personne ne leur dit jamais rien : innovons et incarnons, au MoDem, une véritable rupture. Si François Bayrou veut pouvoir continuer à parler au nom du Tiers État, il doit le prouver.

    Ce n'est pas seulement le MoDem que j'invite à réfléchir, mais aussi les libéraux, qui se sont complètement désintéressés des classes populaires depuis un moment. Quelles propositions libérales pour les ouvriers ? Voilà un beau et délicat sujet de réflexion que les libéraux s'honoreraient à traiter avec d'autres réponses que les seul critères de productivité et de compétitivité...

  • Le plan risqué du MoDem pour relancer l'industrie

    J'ai déjà traité dans un article récent les mesures immédiates que prendrait le MoDem pour relancer l'emploi et donc lutter contre le chômage. Mais, le MoDem a un autre plan, plus audacieux et plus risqué. Corinne Lepage en développe les grandes lignes dans son livre Vivre autrement. Évidemment, un tel plan, à forte coloration verte et écologique, s'inscrit sur le long-terme.

    Ce plan repose sur un changement de "logiciel" dans le calcul des coûts de production. Jusqu'ici, pour établir un coût, l'entreprise n'intègre pas les externalités que sont les conséquence sociales et environnementales de sa production et de son mode de production. Comprenons-nous bien : il ne s'agit pas de faire ici de gauchisme dégoûlinant, mais bien de parler de gros sous. Or, un sou est un sou, et donc, le sou que je vais payer dans dix ans n'est pas différent du sou que je paye aujourd'hui, à la différence que je ne me rends pas forcément compte que ce sou à payer m'attend dans dix ans. Il en va, de ce point de vue, de la dette comme de l'écologie. Plus inquiétant, je peux ne pas me rendre compte que le sou que je paie aujourd'hui va se voir adjoindre un coût additionnel de cinq ou six sous dans dix ans.

    Dans ce cas, on ne peut plus dire qu'un sou est un sou, mais, bien souvent qu'un sou est cinq ou six sous...voilà le système économique dans lequel nous vivons.

    Ce que propose donc Corinne Lepage, c'est d'intégrer les exernalités dans les coûts des biens de consommation afin de rétablir la vérité des prix.

    Ce choix est bien sûr très risqué et très audacieux économiquement. Mais, à l'évidence, il entraînerait immédiatement une véritable tempête industrielle, un véritable ouragan capitaliste, pour reprendre les termes mêmes de la théorie de la destruction créatrice de Schumpeter.

    Cette reconversion industrielle réorienterait considérablement l'emploi vers les éco-industries et notre tissu industriel s'en trouverait retourné et bouleversé en profondeur. On imagine l'impact d'un tel retournement s'il était appliqué au niveau européen.

    Mais, comme dans tout processus d'innovation, nul doute qu'il entraînerait la destruction massive des emplois de l'ancien monde industriel dans lequel nous avons vécu. Les nouveaux emplois ne seraient pas immédiatement opérationnels, et il faudrait presqu'une décennie pour que la mutation de notre appareil productif soit complètement achevée.

    Ce qui s'applique à l'industrie aurait vocation à valoir pour la finance : si une opération financière entraîne de la destruction de capital, à l'heure actuelle, on la considère comme nocive. Que l'on intègre les externalités environnementales dans le calcul du capital, et les circuits financiers seront à leur tour bouleversés.

    Corinne Lepage pense que les entreprises ne peuvent pas gérer une telle mutation et que seul les États ont le pouvoir de colmater les brèches ainsi occasionnées dans le tissu économique.

    Une politique de grands travaux afin d'adapter les infra-structures à ce nouveau mode de production pourrait permettre le réemploi massif des chômeurs issus de l'ancienne industrie. Elle pourrait s'accompagner de formations techniques pour s'adapter à la nouvelle économie.

    Dans ce scénario, ce ne serait pas tout l'emploi qui serait touché, mais surtout celui de l'industrie. La prise en compte des externalités aboutirait vraisemblablement à des relocalisations en France.

    Jean Peyrelevade jugeait dans son livre, l'erreur historique de Nicolas Sarkozy, que l'un des principaux enjeux en France, était de réindustrialiser la France. En effet, seule l'industrie dégage de fortes valeurs ajoutées et permet donc des investissements importants. François Bayrou, dans son programme présidentiel, faisait de l'industrie la pierre angulaire de l'emploi. Le MoDem a repris par la suite cette proposition, mais aucune synthèse n'a encore été réalisée des analyses et propositions de ces trois leaders du MoDem. C'est donc un essai auquel je me livre ainsi, passant sous silence d'autres aspects de leur raisonnement parce que l'on ne peut pas tout dire.

    Ce qu'il faut désormais, c'est le courage politique d'aller jusqu'au bout, et de cesser de parler de taxes dès lors que l'État demande par anticipation aux entreprises de régler la part de capital qu'elles endommagent (je pense à la taxe carbonne, qui n'est pas un impôt mais simplement un remboursement, à mes yeux).

  • Je vais le fumer, le crapaud !

    Bon, j'ai réagi hier à un billet du Crapaud du Marais, mais seulement dans les commentaires et sans plus de précisions. Voilà ce que le crapouillot propose (en vrac) pour relancer la machine France.

    Dans quels secteurs la France joue encore une place ou pourrait en jouer une ?

    Le luxe, le tourisme, les services, l'agriculture, la culture et les technologies de pointe. La dénomination de ces secteurs peut être redondante (par exemple, le tourisme du luxe).

    Et donc, parce que nous ne serions présents que dans ces secteurs, il conviendrait, selon le Crapaud, de prendre des mesures pour favoriser ces secteurs. 1ère brillante idée du crapouillot, développer l'étude quasi-exclusive de l'anglais dès la maternelle. Le crapouillot n'a rien compris à ce qu'est une langue s'il s'imagine qu'il suffit d'anôner des goud morningue et maille nême ise Krapouillot pour apprendre l'anglais. En réalité, une langue, c'est avant tout une structure de pensée dont la grammaire et son histoire propre rendent compte. Donc, pour apprendre une langue, le mieux, c'est de maîtriser les notions grammaticales qui sont communes à toutes les langues. Ensuite, si les petits Français commençaient par maîtriser le français, ils seraient certainement plus à l'aise pour apprendre l'anglais ou toute autre langue ensuite. Il faut commencer par le B-A B-A comme on dit. Surtout en maternelle...

    Il m'a fait mourir de rire, le Crapaud : développer l'apprentissage du chinois...mais oui, tout cela parce qu'il imagine voir des dizaine de millions de touristes chinois déferler sur notre doulce France. Il faut dire qu'il écrit texto que notre pays va de toutes façons devenir un Eurodisney géant.

    Ben désolé, mais perso, j'ai d'autres ambitions pour la France, et j'espère bien que les Démocrates (MoDem) les ont aussi.

    La Crapaud propose aussi de laisser tomber tout ce qui ne sert à rien, par exemple, la psychologie, la philosophie, la géographie  ou  encore le latin et le grec. Ben voyons. Soyons des boeufs, c'est mieux. Moi, pas avoir besoin de réfléchir : moi prendre femelle dans le foin et brouter le foin après. Moi pas avoir besoin préliminaires idiots. Pas utiliser assiette et cuillère non plus.  Ça servir à rien. Meeeeuuuuuuhhh !  Quand Moi vois, moi tape, euuuuuh euh, heu heu, meeeeeeuoooûûûh ! Moi, pas avoir besoin de réfléchir , moi pas aimer les embrouilles et les mots compliqués.

    Pour le latin et le grec, j'ai compris : c'est vieux, et cela ne sert à rien. Je propose justement d'appliquer le même principe aux Seniors. C'est vieux, et ça ne sert à rien, allez, hop, Soleil vert ! On va en faire du Soylent. Et pour les jolies filles (ou beaux mecs), hop, mobilier !

    Bon, en ce qui concerne la fiscalité, si je rejoins l'idée de sucrer l'ISF, je suis très réservé sur l'augmentation de la TVA. Pas trop, parce que aïe l'inflation et la baisse du pouvoir d'achat. D'ailleurs, pas la peine de réclamer une hausse là pour suggérer une même baisse de la dite TVA sur les activités de tourisme et de restauration.

    Justement, c'est un truc qui m'énerve personnellement, et que je trouve peu flatteur pour notre pays, de le voir réduit à une simple destination touristique avec images d'Épinal à la clef. On va devenir quoi ? des mendiants tributaires du bon vouloir des Bwanas venus du Golfe et de Chine ?

    Quant à accroître l'impôt sur les successions, encore un truc qui m'énerve. Je m'agace tout à fait de ce qu'en France, on s'érige le droit moral de juger qu'autrui ne mérite pas de recevoir du fric de sa famille. Et le loto, alors, c'est davantage mérité ? Toujours ce vieux fond judéo-chrétien pas sain avec l'argent. Encore une connerie qui va provoquer d'authentiques fuites de capitaux, et à raison. Dis donc, Crapaud, c'est pas la peine de se déclarer de centre-droit pour virer ensuite socialo-marxiste.

    En fait, il y a une seule idée que je rejoins, mais qui demande à être améliorée nettement, c'est l'idée d'une filière professionnelle d'excellence (au passage, c'est pas un peu contradictoire de vouloir les flinguer en voie générale dans le même temps ?). Mais il faudrait justement sortir du syndrôme CAP/BEP pour vraiment créer des écoles de l'artisannat avec un statut à part, synonyme d'excellence.

    Ce qui me frappe, dans son projet, c'est la volonté de formater l'éducation et de faire en plus des coupes dedans. A l'opposé de ma vision personnelle, et, je le pense, de celle que Bayrou proposait dans son projet d'espoir. Cela participe d'une même logique que celle qui consisterait à réduire une France devenue franchouillarde à un gigantesque parc d'attractions. Non, non, et non.

     

  • Que faire pour nos ouvriers et notre industrie ?

    Il ne se passe pas un jour ou presque sans que j'entende parler de licenciements. L'industrie plus que tous les autres secteurs est touchée. Ce sont des milliers d'ouvriers et d'employés qui passent ainsi à la trappe. Et quand je pense à eux, je suis pâle. Comment les aider ? Que faire ? J'imagine ceux qui viennent d'acquérir leur maison sur emprunt et qui vont devoir la revendre dans l'actuel marasme immobilier. Et ceux qui viennent de mettre au monde un enfant. Et ceux qui ont une personne à charge, père, mère, et cetera...ou qui voudraient payer les études de leurs enfants. Bref, il y a un drame humain qui se joue à chaque fois et auquel je ne sais qu'apporter comme réponse en dehors des bonnes paroles convenues. Les séquestrations ? j'y vois surtout l'énergie du désespoir de ceux qui ont tout perdu. Imaginez-vous un instant : vous aviez une situation, un emploi sûr, qui ne payait pas si mal, vous aviez 26 ans de boutique, et du jour au lendemain, vous voilà débarqué parce que votre entreprise perd de l'argent, ne vend plus ou a besoin de reconstituer ses marges.

    Mais qu'est-ce qu'ils vont faire tous ces gens-là, sans emploi ? La seule perspective, me semble-t-il, c'est de relancer globalement la machine, d'où l'idée du MoDem d'un grand emprunt européen de 3% du budget de l'Union pour soutenir l'activité économique. Je pense que le plan de Sarkozy et Fillon essaie de sauver les meubles en tentant de conserver vivante l'industrie automobile et en colmatant le navire qui fait eau de toutes parts avec ce qu'il y a sous la main (c'est à dire pas grand chose).

    Le chômage qui va exploser aggravera dans des proportions délirantes les déficits des comptes sociaux. Balladur et Séguin, qui sont désormais relativement dégagés de la politique politicienne, l'ont compris et n'hésitent désormais plus à annoncer sans fard qu'il faudra accroître les impôts. Oui, mais sur qui ? Sur les bénéfices des entreprises déjà fragilisées ? le gouvernement s'y refuse. A raison. Ce serait briser le moindre espoir de reprise via leur compétitivité ! sur les particuliers ? Baisse de la demande intérieure assurée. Or, la demande intérieur soutient l'activité autant que les exportations.

    Réorienter toutes les aides publiques et la fiscalité vers les nouvelles industries et énergies, comme le suggère Corine Lepage ? Certes, bonne idée, mais en combien de temps ? Une telle mutation ne peut se produire que sur plusieurs années, et les dommages collatéraux sont inévitables ! Et que deviendront les ouvriers qui produisaient des moteurs diesel si du jour au lendemain on leur demande de fabriquer un moteur à hydrogène et qu'ils ne savent pas le faire ? Que se passera-t-il si l'amorce d'une nouvelle consommation durable ne prend pas ?

    Pour ma part, quitte à taxer quelque chose, autant que ce soient les services, et de préférence ceux qui ne peuvent être délocalisés (pas de risque de concurrence ainsi). Jean Peyrelevade, conseiller économique de François Bayrou, observe dans son livre, l'échec historique de Nicolas Sarkozy, que c'est l'industrie qui apporte la plus forte valeur ajoutée. C'est donc elle qui peut le plus sûrement financer notre croissance économique.

    Pour développer les nouvelles énergies et la croissance verte, idéalement, il nous faudrait une sorte de MITI vert, à l'instar de ce qu'a fait le Japon dans les années 70 et 80 pour le développement de son industrie de pointe. Une sorte de super-ministère qui rachète de manière systématique tous les brevets innovants et les met à disposition moyennant des coûts abordables et flexibles à un tissu de PME oeuvrant dans les secteurs ad hoc.

    Et pour nos ouvriers, il faudrait que nos Pôle-emploi centralisent les demandes de l'industrie et s'adressent au CNAM ou à des CFA pour des formations courtes accélérées. On pourrait imaginer un système où dans un bassin industriel, les entreprises feraient remonter des demandes de formation au pôle-emploi qui répercuteraient alors sur les CFA et les CNAM les besoins. Tout ceci pourrait être organisé au niveau de la Région, comme le suggérait Christian Blanc dans la Croissance ou le Chaos.

    J'ai lu enfin la tribune de Dominique de Villepin dans le Figaro, dont je partage pas mal de points de vue (pas tous) mais, je me suis arrêté sur sa proposition de lancer une politique industrielle commune. Cela m'intéresse, parce que je me demande si ce n'est pas le prochain défi de l'Europe. Je ne pense pas que la PAC pourrait exactement servir de modèle pour une telle initiative, mais, elle a montré la voie puisque les Européens ont su s'unir pour la maintenir des origines jusqu'à nos jours.

    Cela dit, pour revenir au plus près des préoccupations de nos concitoyens, je citerai ce que disait très justement Robert Rochefort, directeur du CREDOC et tête de liste MoDem aux élections européennes lors de la convention du MoDem "la France et l'Europe face à la crise"

    Finalement, pour beaucoup de Français des classes moyennes, l'image qu'ils ont aujourd'hui de notre société, c'est celle d'un train tiré par une locomotive poussive, qui n'a pas l'énergie que l'on aimerait qu'elle ait et, dans ce train il y a des wagons et ces wagons représentent la structuration économico-sociale.  La structuration sociale de notre société dans le premier wagon qui est juste derrière la locomotive, c'est le wagon "première classe". C'est un wagon dans lequel cela ne se passe pas trop mal. Les plats servis sont encore tout à fait succulents. C'est évidemment, dans le contexte actuel, le wagon de ceux qui, grâce au bouclier fiscal, se sont faits rembourser plus de 360 000 €. Dans tout le reste du train, il y a les wagons des classes moyennes, des classes intermédiaires et, enfin, il y a les wagons des pauvres. [...] Finalement, la question qui préoccupe beaucoup de nos concitoyens, c'est de savoir si le train va lâcher progressivement les wagons qui sont ceux, d'abord en queue du train, puis un peu moins en queue et, selon la position où l'on est, que l'on occupe dans ces catégories moyennes, est-ce que l'on va être dans un wagon qui va être lâché avec le train qui va continuer sans ce wagon-là ?

    Robert Rochefort a je crois très exactement résumé le questionnement de fond des Français. Ce devrait être à mon avis la priorité absolue de tous les partis que de répondre en priorité à ce questionnement à l'occasion des élections européennes.

  • L'Amour du commerce en Amérique

    J'en ai presque fini, désormais, avec le livre fameux de Tocqueville, de la Démocratie en Amérique. J'ai achevé le chapitre XVIII de la 3ème partie du Tome II. Tocqueville entreprend une comparaison entre les sociétés aristocratique et démocratique. A la première un goût immodéré pour l'honneur, à la seconde pour la richesse.

    J'aime assez d'ailleurs, les remarques générales de Tocqueville sur l'honneur :

    Le genre humain éprouve des besoins permanents et généraux, qui ont fait naître des lois morales à l'inobservation desquelles tous les hommes ont naturellement atta­ché, en tous lieux et en tous temps, l'idée du blâme et de la honte. Ils ont appelé faire mal s'y soustraire, faire bien s'y soumettre.

    L'honneur n'est autre chose que cette règle particulière fondée sur un état particu­lier, à l'aide de laquelle un peuple ou une classe distribue le blâme ou la louange.

    Pas mal vu, je trouve.


    Il y a certains penchants condamnables aux yeux de la raison générale et de la conscience universelle du genre humain, qui se trouvent être d'accord avec les besoins particuliers et momentanés de l'association américaine; et elle ne les réprouve que faiblement, quelquefois elle les loue; je citerai particulièrement l'amour des richesses et les penchants secondaires qui s'y rattachent. Pour défricher, féconder, transformer ce vaste continent inhabité qui est son domaine, il faut à l'Américain l'appui journalier d'une passion énergique; cette passion ne saurait être que l'amour des richesses; la passion des richesses n'est donc point flétrie en Amérique, et, pourvu qu'elle ne dépasse pas les limites que l'ordre public lui assigne, on l'honore. L'Américain appelle noble et estimable ambition ce que nos pères du Moyen Âge nommaient cupidité ser­vile; de même qu'il donne le nom de fureur aveugle et barbare à l'ardeur con­quérante et à l'humeur guerrière qui les jetaient chaque jour dans de nouveaux combats.

    C'est marrant, parce que ça, c'est un trait tout à fait américain. La France a hérité de son long passé cette espèce de morale médiévale qui consiste à voir dans le riche et la richesse la quintessence de la déliquescence.

    Aux États-Unis, les fortunes se détruisent et se relèvent sans peine. Le pays est sans bornes et plein de ressources inépuisables. Le peuple a tous les besoins et tous les appétits d'un être qui croît, et, quelques efforts qu'il fasse, il est toujours environné de plus de biens qu'il n'en peut saisir. Ce qui est à craindre chez un pareil peuple, ce n'est pas la ruine de quelques individus, bientôt réparée, c’est l'inactivité et la mollesse de tous. L'audace dans les entreprises industrielles est la première cause de ses progrès rapides, de sa force, de sa grandeur. L'industrie est pour lui comme une vaste loterie où un petit nombre d'hommes perdent chaque jour, mais où l'État gagne sans cesse; un semblable peuple doit donc voir avec faveur et honorer l'audace en matière d'industrie. Or, toute entreprise audacieuse compromet la fortune de celui qui s'y livre et la fortune de tous ceux qui se fient à lui. Les Américains, qui font de la témérité commerciale une sorte de vertu, ne sauraient, en aucun cas, flétrir les téméraires.

    On devrait en prendre de la graine en France. Le téméraire, en France, est vu au contraire comme un intriguant qui espère devenir calife à la place du calife. Le premier souci du "supérieur hiérachique" est de le tenir à l'écart dans le meilleur des cas, de l'éliminer dans le pire. S'il n'est pas vu comme un intriguant, il est alors considéré comme un doux rêveur, un utopiste ou un fantaisiste...

    Ces choses ne sont pas aussi incohérentes qu'on le suppose. L'opinion publique, aux États-Unis, ne réprime que mollement l'amour des richesses, qui sert à la gran­deur industrielle et à la prospérité de la nation; et elle condamne particulièrement les mauvaises mœurs, qui distraient l'esprit humain de la recherche du bien-être et troublent l'ordre intérieur de la famille, si nécessaire au succès des affaires.

    C'est clairement un trait libéral assumé que de penser ainsi. La somme des bien-êtres individuels sert le bien-être collectif. En France, on tend généralement à penser le contraire, et quand on ne le pense pas, on confond bien-être individuel et égoïsme forcené...

    L'une des deux éditions (10 18) dans lequel je lis l'oeuvre de Tocqueville a donné son propre titre à ce passage. Je vous le donne dans le mille, c'est intitulé le culte de l'argent...Incorrigibles, ces Français...

  • J'ai la trouille pour l'industrie automobile !

    Plus j'entends l'information, et plus je fais même le sentiment de Carlos Ghosn : les scénarii les plus fous deviennent, hélas, possibles. Ce qui m'effraie, c'est que les équipementiers sont touchés aussi. A preuve la fermeture d'une usine par Plastic Omnium au Havre. La baisse des taux directeurs de la BCE ne doit pas faire illusion.Tant qu'il n'y aura pas une amélioration de la circulation des liquidités, il restera difficile d'emprunter.

    Ce qui m'effraie, c'est l'effet domino : l'industrie automobile fait travailler nombre de sous-traitants. En admettant que les grands constructeurs parviennent à sauver leur peau, à l'issue de la crise, que restera-t-il des sous-traitants ? Nous risquons de voir s'accélérer le processus de désindustrialisation qui touche la France avec de nombreuses délocalisations à la clef.

    Clairement, tout plan de sauvetage doit intégrer les deux bouts de la chaîne. Je ne sais pas comment cela peut se faire exactement, mais, je suis convaincu de l'absolue nécessité de le faire. Je sais que l'État a prévu d'engager 100 millions d'euros, aux côtés de PSA et Renault (100 millions chacun) mais cela suffira-t-il ? Quant à la prime à la casse, on peut craindre un effet boomerang désastreux quand elle prendra fin.