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peuple

  • Moi, je suis le peuple, pas la France insoumise !

    Elle me soûle sérieusement la France insoumise. Les mecs et les nanas, ils se croient en 1793. Ils croient parler au nom du peuple. Ça m'irrite particulièrement. La France insoumise est moins légitime qu'En Marche, elle l'oublie et c'est encore plus agaçant quand elle parle du vote blanc et des abstentionnistes.

    Je me suis abstenu, parfois. Quand j'entends des gens parler au nom des abstentionnistes, j'aimerais pouvoir leur coller deux claques. Chacun s'abstient pour des raisons qui lui sont propres et ceux qui viennent faire de l'agit-prop en se permettant de se revendiquer comme porte-voix de l'abstention, ils m'insupportent.

    Bref, foutez la paix au peuple et aux abstentionnistes, ils ne vous ont rien demandé, merci.

  • La volonté des peuples

    Il y a des manières d'agir qui sont vraiment minables. Papandréou s'est bien moqué de son peuple ! Il a utilisé la "menace" d'un référendum comme moyen de pression pour conserver un soutien au parlement grec. Il y a eu comme un lâche soupir de soulagement après l'annonce de l'annulation du projet de référendum. Bon sang, quand un peuple doit affronter une échéance majeure, c'est bien le moins de le consulter.

    C'est marrant, toute cette classe politique qui a constamment peur d'affronter le verdict des urnes, considérant le peuple comme nécessairement demeuré et inculte. Enfin, marrant...non, moi, ça ne me fait pas marrer, en fait.

    J'aime bien Bayrou parce que, parmi les pro-Européens, c'est le seul qui n'a pas peur d'y aller et de demander aux gens leur avis. Il était favorable à un référendum pour le Traité de Lisbonne et l'a conseillé en vain à Sarkozy.

    C'est tout à fait à raison qu'il juge, cette fois que c'est une erreur de construire l'avenir d'un pays contre son peuple.

    Je ne dis pas que je regrette le référendum, je dis qu’à l’égard des peuples il y a là pour le moins une maladresse. Pour un peuple, ça veut dire que c’est de l’extérieur que viennent les pressions qui vont réduire à une situation de plus en plus difficile […]. Sur le fond, considérer que c’est une victoire d’avoir interdit à un peuple de s’exprimer me paraît quelque chose de dangereux.

    Pas mieux.

    On a l'impression qu'une partie importante de la classe politique a peur de dire la vérité aux électeurs. Là, il fallait y aller, mais en revanche, franco : il fallait avoir le courage de dire aux Grecs, à la Démosthène, tiens, mesdames et messieurs, soit on refuse le plan européen mais on se démerde tout seul, soit on l'accepte mais il y a telle et telle condition à respecter. Faites votre choix.

    Quand on a foi en la démocratie, on en admet les aléas. Tiens, cela me fait penser à la Tunisie. Eh oui, là-bas, ce sont les Islamistes qui ont remporté le jackpot. Eh bien c'est comme cela, et personne n'y peut rien. On ne peut pas aller contre la volonté des peuples. Près de 80% des Tunisiens ont voté et c'est clair, il y en a presqu'une moitié qui souhaite un retour du spirituel dans le temporel. Évidemment, l'autre moitié n'a sans doute pas le même avis sur la chose. Mais bon, c'est le jeu de la démocratie, il faut le respecter.

    L'Algérie se serait certainement évité bien des malheurs si elle avait laissé à la fin des années 80 le FIS gouverner, l'armée se tenant à prudente distance des décisions des Islamistes. Le pays aurait sans doute passé une décennie sous le joug islamiste, après quoi, sa population se serait probablement lassée.

    Bref, la démocratie comporte bien des ingrédients, et c'est une recette assurément compliquée, une sauce longue à prendre. Mais à son départ, il y a le Démos et Δῆμος  en grec, cela signifie le peuple. CQFD.

  • Où sont les ouvriers ? Où est le peuple ?

    Je parcours, depuis quelques jours, les pages de l'ouvrage de deux sociologues, Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin (tiens, un ancien du MRC...). Il s'intitule "Recherche le peuple désespérement". Ce livre s'adresse préférentiellement à la gauche, mais il m'intéresse beaucoup, parce que les observations faites par les deux auteurs recoupent une partie de mes interrogations et également bon nombre de mes observations.

    En particulier, on a cru, au sein du landernau politico-médiatique (et pas seulement à gauche), à l'exclusion, malheureusement et il faut le dire, du Front National, que la classe ouvrière n'existait plus en France. Le PS, les communistes et même les Trotskistes se sont satisfaits des populations multi-assistées des  logements sociaux des centre-villes ou des proches banlieues qui leur permettaient de se trouver une caution populaire à bon compte. Pendant ce temps, les classes populaires, repoussées bien au-delà des grandes banlieues, plongées dans une grande détresse, précarisées, affrontaient seules et abandonnées de plein fouet les effets pervers de la mondialisation.

    Parce que l'industrie s'est réduite comme peau de chagrin, la gauche qui ne connaissait plus de classes populaires hors la bonne vieille industrie issue du XIXème siècle, n'a pas vu la précarisation croissante de tout un secteur de la population, péri-urbanisée, parfois rurale. Il a été plus simple d'y voir des beaufs, des électeurs du FN, des mineurs politiques dont il était préférable de limiter l'exercice des droits civiques, ces derniers ayant tendance à voter pas toujours comme il le fallait.

    La gauche verdâtrisée a ignoré tous ces hommes et ces femmes, qui font jusqu'à 5 heures de trajet aller et retour pour venir travailler dans les métropoles, vivent dans des communes-dortoir de moins de 1000 habitants, n'ont d'autres choix pour se déplacer que d'utiliser leur automobile et ne connaissent plus des services publics que le nom que l'on en donne aux émissions télévisées, leur principale distraction.

    Qui s'intéresse à ces gens ordinaires, qui vivent généralement de 100 à 200 kilomètres des grands centres urbains ? Quels partis politiques s'y déplacent ? Non, les préoccupations des populations boboisées des villes sont bien plus intéressantes, bien sûr !

    Qui s'intéresse à la question ne sera pas étonné de découvrir que ces nouveaux ouvriers sont désormais en grande majorité des ouvrières...des femmes seules, souvent avec un enfant ou plus.  La demande de productivité toujours plus forte a rendu la vie impossible aux ouvriers qui travaillent encore dans les secteurs industriels, d'autant que le maintien de leurs usines et ateliers dépend désormais de leur propension à faire mieux et moins coûteux que ceux des pays qui pratiquent le dumping social. L'externalisation des services, leur automatisation, mettent aussi sur le carreau les caissières, les opératrices diverses et variées, elles aussi soumises à des "objectifs" et à des cadences infernales.

    La gauche, les verts, ont été très forts pour proposer de la culture, quelques allocations et empoisonner l'existence du petit peuple que désormais ces partis méprisent. Mais rien dans leurs propositions politiques, n'a été pensé pour leur redonner un espoir. Quant à la droite, sous l'égide de Nicolas Sarkozy, elle a consciencieusement appliqué le vieux principe qui dit que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent... Les visites dans les usines ? de la poudre aux yeux. Même le vieux thème porteur de la sécurité (qui s'appuie sur la peur d'un déclassement social toujours plus violent pour ces populations fragilisées) aura fait long feu. Je l'ai dit ce matin, le gouvernement réduit toujours plus les moyens de fonctionnement de la sécurité intérieure : le peuple n'aura même pas cette consolation-là.

    La précarité ne touche pas seulement des ouvriers sans qualification, c'est toute une génération de jeunes diplômés, désormais, qui est assomée par la vie chère, par les CDD et l'incertitude de leurs revenus, même à bac+5. Les jeunes sont les premiers à faire les frais de cette nouvelle donne. Bac+5 et le SMIG, cela devient désormais la norme pour une part croissante de la jeunesse diplômée. Et même pour ceux qui disposent d'un emploi statutaire, garanti à vie, l'avenir demeure incertain : n'est-ce pas Robert Rochefort, euro-député MoDem, qui observait récemment que dans l'Académie de Versailles, près de deux cent enseignants reçoivent une aide alimentaire d'urgence de la part des services du rectorat ?

    Je n'ai pas fini de lire le livre de Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin, j'en reparlerai donc ici. Je pense que sa lecture est salutaire pour tous les mouvements politiques. Je doute fort de recevoir les solutions préconisées par les deux auteurs, encore que, mais, j'estime que les populations péri-urbaines devraient faire l'objet de l'attention particulière de chaque parti.

    En ce sens, j'appelle le MoDem à ne pas se laisser boboiser, notamment par des enjeux écologiques plaisants dans le principe, mais dont ces classes sociales feraient encore les frais. Le MoDem a été, je le crois, l'un des premiers partis à envisager sérieusement la nécessaire réindustrialisation de la France. Jean Peyrelevade, en particulier, en affirme l'absolue nécessité en raison de l'amplitude de la valeur ajoutée qui caractérise cette production économique. L'industrie n'a pas seulement un rôle économique, elle a un rôle social.

    Ouf, c 'est l'une des priorités absolues du nouveau programme du MoDem. Dans ce programme, le premier chapitre porte sur l'économie, et le 1er sous-chapitre sur l'emploi. Le 13ème amendement du projet est le suivant : Développer l’emploi industriel par la relocalisation de certaines fabrications en France et en Europe ; évidemment, il faut le faire. Il faudra plancher même très sérieusement sur le sujet.

    Ce sont les conditions de travail qui viennent juste après, dans le document préparatoire ; il y a un amendement, mais il n'engage à pas grand chose. Ce devrait être un axe prioritaire de notre réflexion.

    Ensuite, nous devrions mener une réflexion sur la précarité qui ne se limite pas à l'industrie, mais qui touche les services et l'agriculture (et les ouvriers agricoles, alors !!!).

    Soyons très clairs : ce n'est pas la peine de blablater sur le développement durable auprès des populations péri-urbaines. Ils ont d'autres choix à fouetter. Il faut leur proposer des solutions concrètes : par exemple, l'implantation d'une usine de production de panneaux photo-voltaïques, du côté d'Agen, c'est une réponse concrète.

    Bref, nous autres démocrates et libéraux, reprenons la main et tendons-là aux populations abandonnées à leur sort depuis trop longtemps. Et ce n'est pas du lumpen-prolétariat des cités dont je parle, mais bien des honnêtes citoyens qui se crèvent la carcasse à ramener trois francs six sous chez eux. Ceux-là, personne ne leur dit jamais rien : innovons et incarnons, au MoDem, une véritable rupture. Si François Bayrou veut pouvoir continuer à parler au nom du Tiers État, il doit le prouver.

    Ce n'est pas seulement le MoDem que j'invite à réfléchir, mais aussi les libéraux, qui se sont complètement désintéressés des classes populaires depuis un moment. Quelles propositions libérales pour les ouvriers ? Voilà un beau et délicat sujet de réflexion que les libéraux s'honoreraient à traiter avec d'autres réponses que les seul critères de productivité et de compétitivité...

  • Déni de démocratie

    Quatremer, mais il n'est pas le seul, m'énerve, ce matin : Quatremer ne supporte pas que le peuple s'exprime. Il se trouve que les Suisses ont décidé que les minarets n'avaient pas droit de cité dans leur paysage. C'est leur droit le plus strict. Prompt à dénoncer l'extrémisme, Jean Quatremer serait bien inspiré de protester avec la même vigueur quand ce sont les droits des minorités religieuses qui sont bafoués dans plusieurs pays musulmans. Quant à construire une église là-bas, n'y pensons pas, même en rêve.

    Personnellement, je n'ai pas d'avis sur le sujet : je ne pense pas que des minarets soient en soi dangereux. Ce qui compte, ce sont plutôt les gens qui sont dedans et qui s'y expriment. Ce trait de Quatremer n'est pas nouveau : chaque fois qu'un référendum ne lui convient pas, il éructe contre le peuple.

    C'est ce trait détestable que je trouve souvent, chez la gauche moderne : expliquer que le peuple fantasme, qu'il est versatile, qu'il est soumis constamment à la dictature de l'émotion. On trouve cette même idée chez les principaux adversaires, parmi les philosophes grecs, du régime démocratique. Par exemple, dans la République, Platon s'imagine le peuple comme une sorte d'hydre dont les multiples têtes incarnent autant de désirs inassouvis et insatiables.

    Bien sûr, c'est mieux de prendre des décisions entre technocrates, entre gens de l'élite qui se comprennent. Ce mépris du peuple a le don de m'insupporter.

    Pas mieux chez Authueil qui considère que le peuple n'a vocation qu'à choisir des tarés comme leaders politiques. Je crois au contraire, tout comme Schumpeter, que si le peuple peut se tromper, il finit toujours par réaliser ses erreurs et que l'on ne peut pas l'induire en erreur indéfiniment.

    Plus généralement, je ne vois pas en quoi le peuple serait plus dangereux que les idéologues de tout poil qui veulent lui imposer leurs remèdes faisandés et saumâtres. Comme l'observe très justement Laurent de Boissieu, l'essence de la démocratie, c'est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple.

    On donne souvent deux exemples comme erreurs majeures de la part du peuple : l'arrivée des nazis au pouvoir et le procès de Socrate. En ce qui concerne les Nazis, ils n'ont jamais été majoritaires en Allemagne. Ce n'est que parce que la droite conservatrice a fait l'erreur de s'allier avec eux que les Nazis ont pu s'emparer du pouvoir. Au plus fort de leur représentation électorale, les nazis n'ont jamais dépassé 1/3 des votes.

    En ce qui concerne Socrate, il ne faudrait pas oublier que la plupart de ses disciples ont trahi ou sont devenus des tyrans et que lui-même avait exprimé des opinions assez peu démocratiques. Il estimait, notamment, que la compétence devait l'emporter absolument sur l'opinion. Un peu comme Quatremer, in fine : c'est que Socrate n'avait, il est vrai, jamais expérimenté le pouvoir des technocrates...Il n'en reste pas moins qu'il a aussi fait l'éloge de régimes oligarchiques (Sparte, Crète). On peut comprendre qu'un certain nombre d'individus lui en aient tenu grief et qu'on l'ait donc considéré, lors de la restauration démocratique, comme un adversaire de la démocratie.

    Pour revenir au référendum suisse : l'indignation de Kouchner est ridicule. Il ferait mieux de s'occuper des droits de l'homme en Lybie ou en Afghanistan, celui-là. N'est-ce pas lui dont il était arrivé aux oreilles du Canard par une indiscrétion, qui avait déclaré récemment que peu importait que Karzaï et son entourage soient corrompus, puisque c'était le poulain de l'Occident ?