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Quelle grève inutile !!!

La Toile de gauche se déchaîne, aujourd'hui : invitation générale à la grève. On y relaie les propositions délirantes du Front de Gauche, on se fait le porte-parole des Socialistes, on rappelle à Sarkozy ses engagements (sur ce point, on n'a pas tort, d'ailleurs), on évente les possibles calculs de l'actuelle majorité, on dénonce un complot capitaliste destiné à privatiser les retraites et à faire disparaître le service public, on refuse d'admettre que l'espérance de vie s'accroissant, il faudra bien trouver un remède à nos retraites agonisantes ; il n'est pas jusqu'aux écolo-démocrates de Cap21 chez lesquels on ne s'échine à voir dans l'âge de départ une vile tromperie.

Et pourtant, quelle erreur ! Quel manque de perspicacité. D'aucuns croient voir dans le report de l'âge légal de la retraite un enjeu. Mais non voyons ; tenez, prenons mon cas. Comme beaucoup d'étudiants de ma génération qui ont suivi des formations plus ou moins longues après le bac et ont fait leur service national, j'ai commencé, en dépit de petits boulots, à travailler sur le tard, aux alentours de 26 ans. J'ai déjà calculé qu'il me faudrait cotiser au moins 42 annuités pour avoir ma pension à taux plein. Cela signifie qu'il me faut tabler travailler jusqu'à 68 ans. Alors franchement, que l'on recule l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans, je m'en tape. Peuvent être concernés ceux qui ont commencé à bosser très tôt. Ce sont souvent les ouvriers, pour lesquels justement la pénibilité du travail va être reconnue.

Les syndicats ont tout faux. A 100%. Ce n'est pas sur l'âge de départ à la retraite qu'il faut se battre, mais sur l'aménagement des fins de carrière, et, plus généralement, dans un univers professionnel de plus en plus stressant et éprouvant, sur les conditions de travail. Je crois que c'est là l'un des principaux enjeux, et surtout l'un des seuls leviers sur lesquels une politique volontariste puisse agir. C'est bien pour cela que le MoDem en a fait l'un des huit axes de ses propositions.

La question centrale, au fond, aujourd'hui, et la classe politique bute dessus sans parvenir à s'en dépêtrer, c'est celle de l'emploi et du travail. Théodore Zeldin déclarait dans le livre d'entretiens de Karim-Émile Bitar, Regards sur la France, que le véritable défi de la France et de nos sociétés modernes, c'était de modifier notre rapport au travail. C'est d'ailleurs l'objet de sa fondation, Oxford Muse. Sa fondation précise ainsi :

« If people are soon likely to spend more years in retirement than at work, what will happen? Who will pay their pensions? »... eh oui...Il faut donc leur trouver des motivations pour poursuivre leur activité professionnelle. Ceci ne peut s'envisager que dans un environnement de travail adouci et apaisé.

Commentaires

  • Tout le problème est contenu dans ta phrase :

    "J'ai déjà calculé qu'il me faudrait cotiser au moins 42 annuités pour avoir ma pension à taux plein. Cela signifie qu'il me faut tabler travailler jusqu'à 68 ans. Alors franchement, que l'on recule l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans, je m'en tape"

    La politique ce n'est pas pour soit mais pour un ensemble de personnes. Le progrès social est au bénéfice de l'homme et pas autre chose.

    Enfin, je précise que je n'appelle pas à la grève générale (http://perdre-la-raison.blogspot.com/) comme tu l'indiques, j'ai essayé de restituer le contexte et de rappeler que dans l'histoire les droits et avantages sociaux dont chacun bénéficie maintenant, ne sont pas tombés du ciel mais l'ont été après quelques révoltes, révolutions et élections.

  • Sue le fond, je suis assez d'accord avec toi...

  • Poser les bonnes questions c'est déjà y répondre !
    Peut_on oui ou non garantir à tous une retraite à taux plein à 60 ans avec un taux de remplacement de 75% minimum du dernier salaire d'activité?
    Cela soulève :
    1- la question des la prise en compte des années d'études mais pas seulement la question des années dites d'inactivités (chômage, maternité, année d'études et de formation, etc)
    2- la question du financement et là un réajustement du partage des richesses ne ruinerait pas les riches, les actionnaires et serait bénéfiques pour l'ensemble des salariés et retraités. De plus c'est un formidable levier pour la relance de la consommation et donc de l'emploi.
    3- Il y a besoin de prendre en compte la pénibilité, les carrières longues et le niveau des retraite.

    Au lendemain de la guerre, la France était ruinée et la protection sociale a été un élement majeur pour le développement de notre pays.

    C'est donc un choix de société mais on peut aussi revenir à 10 heures de travail par jour, y compris pour les enfants, sur 6 jours par semaine et sans congès annuels.

    Mais ce sera sans moi !

  • @Hellwich

    Il y a une constante macabre à laquelle vous ne pourrez échapper, c'est la question du financement...Et ce n'est pas un autre partage des richesses qui règlera le problème. Les gens vraiment riches ne sont plus en France depuis belle lurette.

  • Où est passé l'Hérétique qui hurlait avec FB quand le gouvernement reculait de 65 à 70 ans l'âge de mise en retraite d'office par l'employeur...? Se serait il penché plus avant sur son cas personnel entre temps ? ;)

  • @zapataz
    Pas du tout pareil. Je me disais bien que quelqu'un qui suit le blogue régulièrement me le ressortirait :-)
    70 ans et 62 à 65 ans, ce n'est pas la même échelle.
    Bon, cela dit, je reconnais que je soutiens parfois des positions du MoDem qui ne sont pas 100% les miennes. C'est l'inconvénient d'être un militant discipliné...

  • @ L'Hérétique

    tu écris à propos des salariés : "Il faut donc leur trouver des motivations pour poursuivre leur activité professionnelle."

    Ouais. Il faudrait surtout leur trouver des employeurs. Parce que je te signale que le sport national, dans les grandes entreprises, c'est de virer les salariés (et plus particulièrement les cadres) qui atteignent les 55 ans. J'en ai un paquet autour de moi : chez Bosch (une directrice Export virée à 54 ans), chez Faurecia (un directeur Achats poussé dehors à 55 ans), chez Peugeot (un responsable Com reconduit vers la sortie à 56 ans)... A mon avis, le vrai problème est là, et je te souhaite bien du plaisir pour arriver à conserver un job salarié jusqu'à 68 ans comme tu as calculé que tu devrais le faire.

  • @ l'hérétique
    tu réponds à Hellwich :
    "Il y a une constante macabre à laquelle vous ne pourrez échapper, c'est la question du financement...Et ce n'est pas un autre partage des richesses qui règlera le problème. Les gens vraiment riches ne sont plus en France depuis belle lurette."
    Il faudra bien sûr en passer par un autre partage des richesses et les riches qui ne sont plus en France ne participent plus à cette création de richesse nationale.
    Mais surtout, il faudra en passer par un autre partage, celui du travail. Et cette question là, tu la poses comme étant centrale mais en y apportant une réponse qui ne va pas au bout de ta réflexion : tu parles d'un environnement de travail adouci et apaisé, et Christian Romain te mets sur la bonne piste "il faudrait surtout des employeurs" donc des emplois.
    Il est peut-être temps de remettre sur la table la question du partage du temps de travail.
    Aujourd'hui le partage est inefficace : une majorité travaille à temps complet, une autre partie subit plus qu'elle ne choisit emplois précaires et temps partiel, tandis que les derniers chôment faute d'emplois.
    Il serait peut-être temps de rééquilibrer tout cela... semaine de 4 jours à 32H, qu'en penses-tu ?

  • @Ch.Romain
    Oui, je le sais. On est sur un chantier énorme. En France, il ne faut ni être jeune ni être vieux, sur le marché du travail.
    Pour l'instant, j'avoue que je n'ai pas d'idées particulières, mais je ne désespère pas que quelqu'un en trouve à ma place...Dans la fonction publique, je pense qu'il y a des choses faisables avec de la volonté, mais dans la sphère privée, ça va être autre chose.
    Le problème, c'est que l'organisation du travail fait que ton salaire augmente continûment tout au long de ton existence professionnelle ; or, ta performance ne suit pas la même courbe, tout du moins, compte-tenu de ce que l'on demande aux salariés à l'heure actuelle.
    @Lorenzo
    Parfaitement incompatible avec les nécessités de la compétitivité sauf à baisser les salaires drastiquement : est-ce ce que tu proposes ?

  • @ l'hérétique,

    Oui, écolo-démocrate ce positionnement me plaît bien...

    Revenons maintenant sur les retraites, je pense qu'il est insupportable de constater les énormes injustices qui se préparent et il faut donner la possibilité de partir à partir de 60 ans. Celui qui veut faire plus le fait, les autres doivent pouvoir partir.

    l'âge de départ à la retraire a reculé mécaniquement par la durée de cotisation et l'âge moyen est maintenant de 61,5 ans, il n'est donc pas nécessaire de faire cette loi !

    Pour moi, il faut commencer par donner du travail aux jeunes qui ont leur vie à construire, qui doivent pouvoir se projeter dans l'avenir.

    Ensuite, il faut que les 65% de plus de 52 ans puissent travailler.

    Il faut uniformiser les régimes car certains salariés sont en retraite à 50 ans (régimes SNCF, RATP, EDF...) alors que d'autres devront aller jusqu'à 65 ans .

    Après, seulement quand les jeunes et le 50/60 ans seront au travail, il sera utile de regarder si il faut modifier l'âge de départ.

    Donc, les problèmes actuels ne sont pas liées à l'âge mais au manque d'activité économique. C'est donc d'abord sur ce point qu'il faut travailler et c'est le grand échec des plans de relance qui n'ont pas créer d'activité.

    dominique

  • Ah la la ces obsessions de la retraite à 50 ans...
    Il me semblerait sage de se renseigner mieux^^^Il s'agit de possibilité d'ouverture de droit au départ et le système est encadré, couplé avec l'obtention d'un nombre suffisant d'annuités, à l'origine ce mécanisme fut créé en raison de la pénibilité et d'une espérance de vie limitée de certains corps professionnels puis étendu à l'ensemble par souci "d'égalitarisme".

  • @ Martine,

    Une retraite juste, c'est un régime unique avec un départ pour tous à partir de 60 ans.

    Après, rien n'empêche de prévoir des années de minoration en fonction de la pénibilité du travail. Ce n'est pas très difficile de connaître, par des études épidémiologiques sérieuses, l'impact de telle ou telle profession sur l'espérance de vie.

    Dans la pénibilité, il faut tout étudier : les expositions, la dureté physique, le stress.

    Ce qui n'est pas normal, c'est de conserver des systèmes qui se justifiaient à une époque donnée et que l'on commence par dire que tout le monde sera touché sauf les régimes spéciaux. Si on avait touché à ces régimes, je pense que la France aurait été complétement paralysée hier !

  • @Dominique
    Pas d'accord, je ne vois aucune justification autre que "marketing" dans le chiffre 60.
    Que ce soit une date pour ouverture des droits ok mais c'est tout!

  • Oups, date pour possibilité d'ouverture de droit...Que le choix de rester ou partir reste du domaine du libre arbitre.
    Bonne journée

  • Pas d'accord il ne s'agit pas principalement d'une question de dépense mais bien d'un problème de recettes, même si je suis bien d'accord avec l'hérétique pour penser que la question essentielle est la quantité de travail fournie. Pour les recettes une période qui alla de 1997 à 2002 montra, les chiffres du chômage s'étant améliorés, que les comptes des ASSEDIC étaient passés au vert ainsi que ceux des retraites complémentaires qui assurent une part importante du niveau des retraites. Or pour faire plaisir au patronat (CNPF de l'époque) il fut décidé de diminuer les cotisations, évidemment lorsque l'inverse se produisit il fut impossible de remonter le niveau des cotisations. Premier point.
    J'en arrive donc à ma conclusion le reproche que l'on peut faire aux divers gouvernements de "gauche" de 1981 à 2002 c'est d'avoir supprimé la répartition des gains de productivités comme cela était le cas jusqu'en 1980 à savoir 1/3 entreprises, 1/3 salariat, 1/3 actionnaires. Or aujourd'hui ce n'est plus le cas d'où un manque à gagner notable qui ne pourra être corrigé qu'en supprimant durant un temps toute rémunération du capital. Et que l'on ne dise pas qu'il va y avoir défaut de financement lorsque l'on voit les sociétés racheter leur capital... Par contre ce ne sera jamais possible avec ces états libéraux au sens économique du terme tant qu'un gouvernement n'osera pas imposer cette réorientation (faites le calcul sur trente ans de ce que cela représenterait en possibilité de financer les retraites et toute protection sociale). J'arrête là je reprendrai le clavier une autre fois pour me pencher sur les calculs actuariels qui devraient sous toute réflexion sur le risque retraite et qui justifie , si l'on refuse de s'attaquer aux recettes, d'allonger la durée du travail.

  • @tartuf rit
    Oui, s'il y a eu une belle erreur, c'est en effet de toucher à cette répartition, qui avait le mérite d'être honnête. Le problème, c'est qu'on hérite d'une situation telle quelle...

  • Il est urgent de créer des emplois et cela dans tous les domaines. Prioritairement dans l'industrie. Pas seulement dans les services à la personne.
    Qu'est-ce que je peux rigoler lorsque je vois toutes ces personnes qui ne visent qu'une retraite anticipée. Mais la retraite c'est pour la fin de la vie ! Il faut y aspirer le plus tard possible.

    Nous aurons presque tous l'énergie pour travailler longtemps après nos 60 ans si nos différents postes ont évolué au cours de notre carrière. Robert Rochefort en a très bien parlé dans ses livres et ses différentes interviews. C'est avant tout effectivement veiller à une répartition des travaux pénibles. Ce qu'on appelle "aménagement de poste" peut s'appliquer à un "aménagement des carrières".
    Perso, je vais travailler au moins jusqu'à 70 ans. Si ma santé me le permet. Pourquoi ? Tout bêtement parce qu'en suivant un (ex!)époux militaire de carrière à l'étranger, qui a doublé et donc gagné lui des annuités (et qui est à la retraite depuis l'âge de 53 ans!), j'en ai perdu en contrepartie. Au moins 7 ans...

    Mais ça tombe bien, j'adore le travail. Encore faut-il que quelqu'un veuille bien m'en donner. Alors je vais en créer. Je vais faire une SCOP : si certains se sentent concernés, qu'ils m'écrivent... Merci L'hérétique de ne pas me faire payer cet encart publicitaire ! ;-))

  • les syndicats ont peut-être tout faux mais vous aussi car vous ne connaissez même pas l'état de vos droits.
    Quand vous dites, j'ai commencé vraiment à bosser à 26 ans ,sachez que ce n'est pas à partir de là, forcément, que vos trimestres seront comptabilisés mais ça peut être plus tôt.
    Déjà si vous avez fait 12 mois de service national c'est 4 trimestres de validés.Et oui faut le savoir avant de raler.
    Les petits boulot ça compte aussi ! (à condiion, d'avoir eu des feuilles de salaire).
    Il suffit parfois d'avoir gagné 1000 euros dans une année complète (en petits boulots) pour avoir 1 ou 2 trimestres de validés.

  • Bonjour Michel
    J'ai fait 20 mois de service civil. Mais je ne sais pas sur quoi je peux tabler. Les petits boulots, en dépit de fiches de salaire, je ne récupère qu'un trimestre de cotisation. Trois fois rien.
    Cela ne change pas fondamentalement le raisonnement.

  • bonsoir,

    20 mois de service,valide,en principe, 6 trimestres.
    Il faut que tu t'inscrives sur le site de la cnav pour recevoir un password et pouvoir déjà visualiser ton compte de trimestres acquis année par année.
    Peut-être, auras-tu la bonne surprise de voir davantage de trimestres validés par tes gains , au cours des années où tu as eu des petits boulots (si les employeurs t'ont bien déclaré).
    Par contre,la période de service national n'apparaitra pas dans le relevé, car les trimestres ne sont validés qu'en fin de carrière sur fourniture de justificatifs .

  • des collègues sont opérateurs de production, trois d'entres-eux sont déjà atteint de troubles musculo-squelitiques. Ils ont entre 30 et 35 ans. Ils ne supportent déjà plus les cadences et le travail. La direction leur a fait passer un inspecteur du travail afin de vérifier qu'ils étaient bien chez eux. voici la réponse dans une usine de Ré&D et de prod (start up domaine haute techno).

    Alors, même si je suis dans ton cas avec une retraite à 65 balai, en train de grenouiller comme cadre, ou comme manager, c'est selon.

    Je ne peux pas me foutre de ces collègues, à qui on ne propose rien si ce n'est recommencer les mêmes mouvements toutes la journée. Ils n(ont même pas 35 ans. Imagine un peu 60 ans ou 63 ans pour eux !

  • @ Michel salcedo: le problème n'est pas l'age de départ à la retraite, ce sont les conditions de travail. Les TMS sont traitées dans les entreprises qui s'en donnent la peine par des ergonomes et autres spécialistes.
    Les opérateurs de productions en Europe du nord partant a la retraite à 65 ans partent ils directement à l'hôpital voire dans leur tombe? NON.

  • C'est sur que quand l'on fait partie de l'élite qui se goinfre depuis des années sur le dos des travailleurs ont trouve toujours les grèves inutiles. Voyez vous donc Charles Henry cela ces gueux osent nous faire perdre des milliers d'euros !

  • @Front de Gauche 2012
    Voyons, Philibert, vous n'imaginez tout de même pas que ces sales pauvres crasseux vont venir souiller nos belles demeures ! Qu'ils restent donc dans leurs usines de filature à travailler dans la fange, hors de question de se mêler à ces gens-là ; pensez-donc, ces bêtes-là sont bien incapables de profiter de loisirs qui en nourrissant leur oisiveté les conduiraient inéluctablement à leur perte. Non, le travail, c'est la santé pour ces marauds-là, et c'est bien leur rendre service que de s'assurer qu'ils ne finissent vautrés dans une alcoolémie paresseuse.

  • @peuples
    Ben on est bien dans le coeur du problème : les conditions de travail. C'est cela qui pèse, en effet. C'est donc sur cela qu'il faudrait faire porter l'effort.

  • @FrontdeGauche2012: je ne vois pas en quoi les agents de la SNCF, RATP, EDF, GDF, etc... sont des gueux, ils sont dans notre société plutôt des nantis et n'en ont même pas conscience.

  • Y-a-t-il en France un économiste sérieux (donc forcément partisan de la décroissance), qui pourrait se pencher sur l’impact de la stratégie « naturelle » suivante :

    Et si on proposait un salaire maternelle jusqu’à ce que le dernier entre en seconde, et une retraite maternelle, combien cela libèrerait-il d’emplois pour les jeunes ?. Sans négliger le fait que cela en détruirait quelque peu, par exemple dans les entreprises qui produisent les préparations alimentaire que ces mamans auraient le temps de faire elle-mêmes, avec y compris des bénéfices pour la santé.

    De toute évidence pour qui sait voir, il y aurait des économies dans les écoles (moins de redoublement entre autres) et dans les prisons et dans les hôpitaux et à la Sécu. Il y aurait aussi une vie sociale sensiblement améliorée, car il ne serait pas question de confiner ces mamans au foyer mais, par exemple, de les retrouver dans des conseils municipaux et de quartier et dans des activités auprès du troisième et quatrième âge.

    Et tant pis si ça devait déranger les féministes. Vive les couplistes ! Car évidemment ça ne dispenserait pas les pères du partage des responsabilités et tâches à la maison.

  • @ L'Hérétique,

    Beaucoup de choses passionnantes ont été dites dans ce billet et dans les commentaires. Je voudrais introduire ma contribution du jour par deux citations de philosophes contemporains qui ont réfléchi sur la valeur travail, mais en des termes et avec des approches bien différentes : "L'Homme naît libre et partout il est dans les fers" (Rousseau, introduction au discours sur les origines des inégalités parmi les hommes). "On dit que le travail rend libre et pourtant il aliène" (citation de Marx). Je crois en fait que la question de la réforme des retraite n'est qu'une question transversale parmi tant d'autres, inhérentes à nos sociétés postindustrielles et à notre devenir commun dans la polis chère aux Démocrates.

    L'appréciation de la valeur travail est aujourd'hui totalement déconnectée d'une sphère culturelle en voie d'extinction, une sphère culturelle qui était pourtant l'une des caractéristiques majeures de l'Occident. Dire qu'il y a eu ces dernières décennies une substitution de la valeur du capital à la valeur travail participe sans doute d'une logique un peu simpliste, mais ce raisonnement, pas totalement faux, a au moins pour mérite de faire émerger la surface immergée de l'iceberg : les effets implicites de la mondialisation ont conduit à une chasse à la plus value et à des exigences de rationalité comptable qui s'exercent à plusieurs leviers : la rationalité qu'exerce une entreprise sur ses effectifs (cf commentaire de Ch.Romain) ne sera pas la même que celle qu'exercera l'Etat français sur la réforme des retraites; et pourtant, un point commun affleure de cette comparaison, c'est que le travail- avec sa raréfaction - est devenu une donnée de plus en plus problématique dans nos sociétés post-modernistes où on laisse prévaloir en surface une démocratie d'opinion. Où se trouve alors la réalité lorsqu'on cherche à sonder ses profondeurs économiques ? Le constat, c'est qu'effectivement l'offre de travail se raréfie en écrêtant la masse, c'est à dire les tranches d'âge défavorisées dans l'accès ou le retour à l'emploi (les jeunes et les seniors); corrolairement, on retrouve au sommet, dans une société d'inégalités croissantes, une petite élite dirigeante ou influente, à l'abri des contingences matérielles et des difficultés pécuniaires. Dans le même registre, on pourrait parler également de la massification programmée du chômage des jeunes qui ont globalement un niveau de compétences bien en deçà des critères d'employabilité les plus élémentaires. La réforme des retraites participe de cette même logique d'entonnoir : lorsque la masse croissante des retraités surpasse la masse décroissante des actifs, le financement de nos système de protection sociale se pose en des termes très aigus, pour ne pas dire insolubles.

    Pour conclure, je crois qu'il faut réconcilier le travail avec la culture en insistant plus sur les hommes que sur les institutions. L'Education nationale, les virtuelles Universités populaires et les virtuelles Universités des seniors réclameraient à corps et à cris un plan Marshall de la culture mais il y a fort à parier qu'on investira sans doute jamais massivement dans ce domaine. La mise en oeuvre des moyens serait trop complexe et l'exigence de résultats trop aléatoire. Y a t'il encore un avenir démocrate pour une visibilité politique à trente ans ? Il est permis de s'interroger.

    Je terminerai par un petit message militant : politiquement parlant, je crois qu'il est particulièrement vain de prôner une quelconque "théologie de la libération" en brandissant notre petit livret orange à chaque coin de rue; "aller aux masses" n'est ni de notre ressort ni notre vocation : il faut poursuivre inlassablement dans notre direction, à savoir persévérer dans une voie réformiste, humaniste et démocrate.

  • Bonjour Jourdan

    Merci pour votre très intéressante analyse. Je la partage, bien sûr.

  • Et il y a encore pire, pour tout savoir sur les retraites, en dehors des discours officiels, cliquez sur l'URL du lien !!!

  • @Incognitototo
    sacré boulot

  • Oui, énorme travail, je n'ai pas tout lu mais le choix de questions/réponses est pertinent et le rend accessible à ceux "qui n'y comprennent plus rien du tout". :)

  • Merci, de votre soutien... oui, un sacré boulot, d'autant plus que l'INSEE ne fait pas le sien et que j'ai dû passer un temps infini à trouver et recouper les informations.
    Dommage Martine que vous ne soyez pas allé au bout, le "presque meilleur" se trouve dans les parties 3 et 4 : ce que les gouvernements ET les syndicats ne disent pas...

  • @Incognitototo,
    Aye j'ai réparé . Je me sens très proche de votre analyse :)

  • @ Martine,

    Oui, je pense que nous sommes de plus en plus nombreux à ne plus nous laisser enfumer et endormir par les discours officiels... les faits ne mentent pas, eux.

    Le problème, c'est qu'il n'y a personne dans la classe politique, ni parmi les syndicats pour porter ces analyses et en tirer les conséquences... tout le monde a trop de choses à perdre pour remettre en cause le système globalement...

  • @Incognitototo,
    Je ne sais trop, si la raison principale est que trop de choses à perdre, je crois au contraire que quand un système ne fonctionne plus il vaut mieux tout remettre à plat et tout reprendre depuis le début, plutot que d'appliquer des "rustines", qui ne resteront jamais que ce qu'elles sont...
    Cependant, une telle démarche peut effrayer, l'inconnu fait généralement peur et puis peu ont une vision globale de l'ensemble, chacun s'attache à son domaine il y a une forme de cloisonnement des structures tant mental qu'organique.

  • @ Martine,

    Votre analyse n'est pas contradictoire avec la mienne... cependant, ce n'est pas d'avoir peur du changement que je leur reproche, c'est de prendre tout à fait consciemment des positions qui masquent ce qui les justifie réellement et pour être clair de mentir délibérément.
    Prenons un exemple simple, les syndicats sont farouchement contre la TVA sociale, considérée comme injuste et patati, patata... Cependant quand on connait notre système de prélèvements sociaux, totalement injuste puisque les bas salaires sont proportionnellement beaucoup plus taxés que les hauts salaires, on ne comprend plus leur position sur la TVA sociale qui frapperait tout le monde de façon égalitaire (selon un système, dont je vous joins le lien). En fait ce qu'ils ne disent jamais, c'est que s'ils sont farouchement contre la fiscalisation des prélèvements sociaux (sauf pour les revenus de capitaux, ça va de soit...), c'est qu'ils savent que toutes les structures de recouvrement dans lesquelles ils émargent actuellement deviendraient inutiles... C'est quoi qu'ils préservent alors ? Le système social de solidarité ou les salaires et avantages qu'ils en tirent ?
    Cette malhonnêteté-là est criminelle et elle perdure à tous les niveaux de notre société. C'est pourquoi, je pense que c'est surtout ce qu'ils ont à perdre qui est le frein aux changements politiques profonds, dont nous avons besoin... En analyse systémique, on appelle ça l'homéostasie... C'est-à-dire la capacité d'un système à reproduire à l'infini des réponses inadaptées au contexte, juste pour préserver les lois qui justifient ledit système.

  • J'avais correctement entendu. :)

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