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Economie - Page 39

  • Déficit de pensée, déficit budgétaire

    J'ai écouté la réaction de Robert Rochefort, après l'annonce présidentielle, pour la nouvelle année, et à vrai dire, j'y retrouve l'essentiel de ce que je reproche au Président et à son gouvernement. C'est, en effet, tout de même gonflé de venir déclarer les déficits grande cause nationale après avoir contribué plus que tout autre chef d'état avant lui à les creuser. Le pire avec Nicolas Sarkozy, c'est qu'il ne suit aucune ligne cohérente : il aurait pu par exemple assumer une ligne libérale qui aurait eu le mérite de la tenue et de la logique. Mais ce n'est même pas le cas. On cumule, actuellement, en France, les désavantages du pire de l'étatisme et du mauvais libéralisme.

    Voici ce que déclarait Robert Rochefort, euro-député MoDem/ADLE mercredi dernier

    «Je considère que le président de la République s'est avant tout livré à un exercice d'autojustification des décisions prises l'an passé. Cet exercice a été d'autant moins crédible, que Nicolas Sarkozy a voulu faire croire que les mesures prises en 2009 étaient cohérentes et efficaces contre la crise, alors qu'elles ont été ouvertement disparates, contradictoires et n'ont pas produit les résultats qu'il a annoncés ce jour. Globalement le président de la République persiste dans l’absence de discours de fond pour préparer l’avenir. Les réponses court-termistes, et les mesures pansements annoncées aujourd’hui comme mises en place depuis le début de la crise n’offrent ni perspectives durables, ni d’investissements pour préparer l’avenir. -L’élément phare de son discours semble être sa prise de conscience de la dégradation des comptes publics dont il est en réalité le premier responsable en ayant depuis près de 2 ans contribué plus qu’aucun autre président avant lui à l’accroissement vertigineux de la dette : bouclier fiscal, baisse de la TVA dans la restauration, suppression de la taxe professionnelle en particulier. -Le président de la République annonce une grande réunion sur les comptes publics et la réduction des dépenses de l’Etat. Il ne peut affirmer que les économies budgétaires suffiront à sortir la France de la situation budgétaire dramatique dans laquelle il l’a lui-même plongée. En réalité, de nouveaux prélèvements seront évidemment à prévoir et nous devrons garantir que ceux-ci respectent une vraie logique de justice sociale, et de préservation de l’efficacité économique de la France. Enfin je regrette une nouvelle fois que Nicolas Sarkozy n’ait dit que très peu de choses sur la politique économique européenne, seul vrai levier pour répondre aux enjeux mondiaux de la crise économique En bref, Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois démontré le grand déficit de pensée économique claire et cohérente de cette majorité et de ce gouvernement, démontrée maintes fois depuis le début du quinquennat.»

    Il y a une chose qui me paraît absolument certaine, et c'est ce qui me gêne, d'ailleurs, parfois, chez mes amis libéraux : il est hors de question d'envisager une quelconque forme de baisse des impôts et des taxes avant d'avoir au préalable établi quelle économie la compensera. Et, très précisément, la bonne méthode, c'est de faire D'ABORD l'économie, et ensuite, seulement, affecter les fonds dégagés à une éventuelle baisse d'impôts. Mais à vrai dire, à l'heure actuelle, nous n'en sommes même pas là : toute économie réalisée ne peut être affectée qu'à la réduction de notre dette et à rien d'autre. Et on n'aura aucun marge tant que l'on n'aura pas commencé par cela. Il faut donc lancer un grand débat sur ce qu'il convient de réduire comme dépenses publiques. Le problème, c'est que ce débat ne peut être crédible sans revenir sur les baisses d'impôts consenties depuis deux ans. Revenir sur ces baisses d'impôts ne signifie pas pour autant ne pas envisager d'abaisser ponctuellement la fiscalité, mais cela doit être fait à l'aune de l'efficacité avant toutes choses.

    J'ai malheureusement le sentiment que Nicolas Sarkozy n'écoute plus personne, pris dans un exercice du pouvoir de plus en plus solitaire. Seul pilote à bord, il dirige l'esquif France droit vers la tempête. Je crois que la seule manière de promouvoir d'autres têtes au sein de l'UMP pour s'opposer à sa politique désastreuse et le contraindre à écouter ceux qui renâclent, au sein de sa propre majorité, c'est de lui infliger une défaite électorale sans précédent. En même temps, à titre personnel, je ne souhaite en aucun cas que cette défaite profite à la gauche et aux solutions non moins désastreuses que celles de Sarkozy qu'elle propose. Il faut donc, je le pense, promouvoir les partis centristes partout où ils se présentent de manière autonome. Je regrette profondément que le Nouveau Centre ne fasse pas le choix de l'autonomie. A défaut, il demeure le MoDem et l'Alliance Centriste, ainsi que de petits partis centristes et libéraux, comme Alternative Libérale ou le Parti Libéral Démocrate. Si personnellement, mon obédience va au MoDem, pour les électeurs de droite qui ne se retrouveraient pas dans mon parti, il y a ceux que je viens de citer. Quant aux électeurs de gauche, il leur faut voter pour la gauche raisonnable quand elle est là, et sinon, pour le MoDem s'ils veulent faire valoir leurs préoccupations.

    Je pense que la fiscalité et l'emploi (en plus des transports) seront au coeur de la campagne des Régionales. Tous les services rendus ont un coût, il faudra bien en débattre. Tous les défaussements de l'État ont aussi une conséquence sur la fiscalité des Régions, a fortiori les décisions ubuesques. Les Régions font plus pour l'économie d'un pays que l'État, mais le chef de l'État est un Néron budgétaire qui peut choisir à lui seul de mettre le feu à notre Rome moderne sans que personne ne puisse l'arrêter. C'est à cette situation très grave qu'il faut mettre un frein.

    Le pire, c'est que tout comme Néron, il se regarde chaque matin (les brèves du Canard en attestent) en songeant comme l'empereur fou : qualis artifex pereo ! le problème, c'est que ce n'est pas lui qui périt mais notre pays, et que pas plus que Néron il n'est un artiste...

  • La fiscalité entre les principes et l'efficacité

    Il est comique, et à la fois ridicule, Éric Woerth, avec ses éructations et ses menaces contre les évadés fiscaux. En France, le pouvoir politique est incapable de la moindre forme de pragmatisme. Pas une réforme qui  soit cohérente et qui rapporte de l'argent. Il en va de même avec la fiscalité. L'Italie a eu l'intelligence de voter la loi d'amnistie nécessaire pour ramener à elle les fonds qui avaient fui une imposition trop lourde. En France, on préfère laisser des dizaines d'euros de milliards à l'étranger, tentant maladroitement de manier le bâton et la carotte (tellement minable qu'elle n'intéresserait pas le dernier des lapins) plutôt que d'adopter un point de vue pragmatique comme nous y invite sagement Nicolas et son troupeau de vaches. Comme le dit Nicolas, 95 milliards d’euros…qui pourraient grossir jusqu’à atteindre 125 milliards ! C’est 3 fois le montant du petit Grand emprunt et c’est pour le haut de fourchette quasiment le déficit budgétaire français pour 2009.

    C'est le montant total rapatrié par l'Italie avec son amnistie. Et Nicolas se livre à de savants calculs : l'Italie a taxé à 5% contre la promesse d'amnistie et d'exonération du reste les sommes revenues. Bilan, 5 milliards d'euros dans ces caisses, sans compter les effets d'un tel retour sur l'investissement et les impôts indirects, via la consommation. Nicolas propose que la France s'y mette avec toutefois une contrepartie de 10 à 15% du total. C'est trop. Beaucoup trop. Pour que les fonds reviennent, les taux ne doivent pas être spoliatoires. 5%, c'est un maximum. Et il faut assujettir ce retour à une réforme de fond sur la fiscalité du patrimoine, comme le proposait Bayrou en 2007. L'Alliance Centriste a repris clairement cette idée, le MoDem de manière nettement plus ambigüe.

    Une taxation de 1 pour mille sur le patrimoine, sans niches, ne découragerait sans doute pas les grandes fortunes. Mais bon, j'imagine qu'Éric Woerth se voit plus populaire à rouler les mécaniques et montrer ses petits biceps fiscaux.

     

  • Crédit P2P, le cauchemar des banques

    On trouve de tout dans le journal de rue l'Itinérant. Vendu à Paris par des SDF, c'est la seule presse que j'achète très régulièrement (quasiment chaque semaine) avec mon bon vieux Canard. On y trouve toujours un billet particulier, un thème original, souvent à contre-temps, mais toujours passionnant. Dans son dernier numéro (788), l'hebdomadaire s'est intéressé à une forme très particulière de micro-crédit : le crédit peer to peer. Il existe de longue date, sous une forme très rudimentaire dans de nombreux pays, et consiste tout simplement à emprunter une somme d'argent à sa famille ou à son voisin en cas de nécessité. Sauf que rien qu'en France, cette pratique brasse tout de même pas loin de deux milliards d'euros par an ! Du coup, cela a donné des idées à pas mal de petits malins : des plate-formes de prêts entre particuliers apparaissent.

    Le taux de l'usure est à l'heure actuelle de 21.43%. Aucun taux d'intérêt ne peut lui être supérieur. 14.79% , c'est le taux moyen constaté en France pour un crédit de plus de 1524 euros , et de 16.09% pour un montant inférieur. Ne vous laissez pas emberlificoter par les annonces mirobolantes, c'est du flan, ça ne concerne qu'une minorité et quelques cas précis. La réalité moyenne, ce sont les taux moyens constatés.

    Imaginez maintenant que les particuliers qui touchent 1.25% avec leur livret A commencent à penser que ce n'est guère rémunérateur, comme taux : eh bien ils pourraient avoir l'idée de déposer des fonds sur une plate-forme de particuliers, et même, plus fûté encore, de mutualiser les risques en constituant des fonds de particulier. Voyons, si les banques font du 14 à 16%, les particuliers peuvent se contenter de 8 à 10%. En tout cas, moi, oui : à 8%, je suis prêteur d'une partie de mes économies à plusieurs acteurs particuliers (je ne parle pas de fonds spéculatifs, mais bien d'individus).

    Il y en a qui sont dans les starting-blocks pour permettre ces beaux scénarii. Caramba ! Raté, la loi française ne permet pas de telles ententes. Il ne reste plus qu'à convaincre des parlementaires de se lancer dans la bataille et de produire un projet de loi. Évidemment, les banques vont ruer dans les brancards...

  • Et si on relocalisait les jouets ?

    Je lisais le dernier Canard, il y a peu, et ce-faisant, je suis tombé sur un article où le volatile se gaussait des entreprises revenues penaudes de l'étranger, contraintes de relocaliser leur production en France. Délais dépassés, malfaçons, la liste des désillusions est longue pour nos valeureux capitaines d'industrie. Former décemment de bons ouvriers, c'est long, cela demande du savoir-faire, et cela coûte cher... Si les standards de qualité ne sont pas respectés, cela peut finir par coûter cher.

    Je juge symptomatique de cet état de fait l'industrie du jouet : on dit de la Chine qu'elle est le grenier à jouets du monde. Certes, mais je constate que les grandes marques produisent à tire-larigot des jouets toujours différents chaque année. Il n'existe quasiment aucun service après-vente dès que l'imprimatur "made in China" figure au verso de l'objet. De la même manière, il n'existe quasiment pas de gammes de qualité pour les jouets. De toutes façons, tout le monde s'en fout : ce qu'il faut, c'est consommer et surconsommer : offrir toujours plus, toujours plus nouveau, et peu importe que le jouet finisse cassé ou oublié dans les 48 heures. Et puis pour les gnards, pas la peine de se donner la peine de prévoir de la qualité. Dans 15 jours, ce sera à la poubelle, dans le fond du coffre, ou remplacé, alors...

    Personnellement, j'aimerais bien acheter français ou européen, sans être contraint de me coltiner les traditionnels jouets en bois et autres loisirs "créatifs", mais pas moyen de trouver l'objet recherché. Il y a évidemment des listes, mais comment je fais, moi, si je veux mon sabre-laser Dark Vador made in France ? Ou ma super 607 peugeot en métal avec toutes les portes qui s'ouvrent made in France ?

    Ouf, j'ai fini par trouver un site qui a l'air de détailler plusieurs produits, relativement variés, en principe produits en France. Tiens, à ce sujet, Kapla, outre le fait d'être français, fabriquerait ses planchettes de bois en France. Une confirmation d'un lecteur ? Ils n'ont tout de même pas du pin maritime, les Chinois ? C'est le bois utilisé pour produire les kaplas. Voyons voyons, on lit sous les boites de kaplas que la maison-mère se trouve à Saint-Louis de Montferrand, en Gironde. Ah, ça tombe bien, on trouve ces pins-là au bord de l'Atlantique, entre autres, et notamment dans la forêt de la Double ainsi que dans les Landes (là, ça tombe bien, c'est pour une large partie en Gironde !).

    Tant mieux si c'est vrai, je viens d'en offrir deux boîtes colorées à mes petits à l'occasion des fêtes de fin d'année (oui, je sais, ce sont des jouets en bois...).

  • Quels impôts après les régionales ?

    J'aimerais bien qu'à l'approche des régionales, on évoque la question de la fiscalité. On le sait, notre État est déjà endetté jusqu'à la moëlle. Certains sonnent l'alarme en vain depuis longtemps. Ce que je crains, c'est que les Régions se transforment en autant de mini-États, eux-mêmes à leur tour endettés avec un service de la dette croissant. On aurait alors tous les ingrédients réunis pour une explosion fiscale, budgétaire puis économique sans précédent.

    Les citoyens doivent pouvoir choisir ce qu'ils paient. Tout doit être mis sur la table : pas question de se retrouver avec des hausses d'impôts monumentales après les élections. Tout a un coût, et nous, citoyens, devons pouvoir choisir. Les partis politiques doivent jouer cartes sur table et préciser clairement ce qu'ils comptent financer, avec quel argent, et s'ils voteront ou non des hausses d'impôts.

    D'ailleurs, tout programme qui ne donnera pas de chiffres précis sera à mes yeux fallacieux. Je crois qu'il faut par-delà les partis s'unir pour exiger la vérité et le débat. Par exemple, en île de France, Huchon vient de voter un budget qui provoquera une hausse de 28% de la dette de l'île de France, soit une hausse sans précédent. C'est d'ailleurs bien pour cela que le MoDem en île de France a refusé de voter la partie dépenses. Et encore, à ce que je comprends, ils n'ont pas voté contre parce que ce nouveau budget réduisait de 21 millions d'euros l'enveloppe d'emprunt. Dans le budget 2009, la charge de la dette représentait déjà un peu plus de 395 millions d'euros, soit 9% du budget total.

    La communication, les aides diverses et variées, les fêtes, le soutien à la culture, tout cela coûte de l'argent. Et même quand l'on parle de transports, ce n'est pas la même chose que d'accroître l'offre de transports et de réaménager les stations du forum des halles, par exemple. Le projet va coûter 130 millions d'euros. S'il me paraît légitime d'aménager des accès pour les personnes handicapées, en termes de priorité, je préfère qu'on crée un service qui supplée aux grévistes du RER A plutôt que l'on dépense des sommes faramineuses pour améliorer les marquages au sol ou que l'on agrandisse la salle réservée aux voyageurs et cetera. Pourquoi les voyageurs sont compressés, à certaines heures à Châtelet ? Ce n'est pas que la salle n'est pas assez grande, mais plutôt qu'il n'y a pas assez de transports pour les Franciliens.

    Alors voilà, j'espère pouvoir fouiller exactement ce que comportent les différents budgets pour m'assurer que l'on va bien à l'essentiel et que l'argent de NOS impôts n'est pas gaspillé en paillettes et aménagements inutiles.

    J'espère bien que le MoDem va s'engouffrer dans cette opération-vérité là...

  • Les arnaques du Grand Emprunt

    Intéressant, le commentaire de Robert Rochefort sur le Grand Emprunt lancé par Nicolas Sarkozy. Il y a dénonce quelques tartufferies : par exemple, l'argent consacré aux campus n'est en fait que l'exécution d'une promesse ancienne et faite sans financement. Ou encore : l'installation d'un centre de recherche sur les énergies nouvelles au coeur même du CEA.

    J'ai trouvé, par ailleurs, le commentaire d'un lecteur-auditeur de l'article (coolfifi), sur le site du MoDem, particulièrement pertinent. J'en rends donc compte ici :


    «Je pense que sur 10 projets innovants, 1 seul au final sera le projet du futur et rapportera de l'argent. On ne peut donc absolument pas être certain que cet emprunt, un jour, rapportera de l'argent. Est-ce qu'il appartient bien à l'Etat de faire le choix sur quels projets industriels investir? Est-il en quoi que ce soit compétent pour le faire, alors que les spécialistes de l'industrie ont eux-mêmes tant de mal à le faire? Je crains que non. Que l'Etat mette en place toutes les facilités administratives et fiscales pour encourager les entreprises quelle que soit leur taille, quelle que soit leur domaine, pour investir dans la recherche et l'innovation: je pense que c'est bien son rôle. Mais d'être celui qui décide quel domaine sera demain celui qui devrait être rentable, c'est ne rien connaître à l'histoire des sciences et techniques, et à la vie des projets industriels. Que l'Etat investisse dans la recherche fondamentale, oui, car il est le seul à pouvoir porter des recherches à long terme mais qu'il vienne au secours de marchés déjà porteurs comme les nanotechnologies, c'est juste une manière de fausser le marché, alors qu'il faudrait au contraire pousser les recherches qui s'interrogent sur les dangers (ou l'inocuité éventuelle) de propagation de ces micros particules, recherche qui par essence n'est pas économiquement rentable et que les industriels ne feront pas, alors que ça pourrait coûter très cher à la solidarité nationale, si comme l'amiante, dans 20 ans on réalise que ces nanoparticules sont dangereuses. J'aurais compris qu'on utilise cet emprunt pour de grandes infrastructures qui donneraient un avantage pour le développement économique et écologique du pays (ferroutage, canaux, etc). Peut-être le prêt aux universités est-il justifié et un bon investissement pour l'avenir. Mais faire un grand campus à Saclay, je m'interroge. Si c'est un investissement, ce campus va également entraîner des frais de fonctionnement qui vont chaque année, venir alourdir le budget. Dans le même ordre d'idée, il était peut-être plus urgent de construire rapidement des logements sociaux et très sociaux pour loger tous ces travailleurs pauvres qui sont trés mal logés dans des hôtels hors de prix, au frais de l'Etat. Au final, cela allègerait largement le budget social de l'Etat ou de le redéployer autrement. Tout autant que proposer un plan d'isolation des bâtiments publics, de façon à réduire les dépenses énergétiques et donc les frais de fonctionnement. Dans ce que j'ai pu entendre du saupoudrage proposé, je suis assez sceptique et sur l'efficacité des investissements, et sur la rentabilité à moyen ou long terme des investissements proposés par ce grand emprunt. Il me semble que pour l'essentiel, il n'est qu'un emprunt supplémentaire pour le fonctionnement global de l'Etat, avec quelques cadeaux supplémentaires à quelques domaines économiques déjà largement favorisés par la fiscalité et les allègements de charges. Bref, je suis peut-être pessimiste, mais je n'ai pas une claire visibilité de tous ces milliards déjà dépensés pour la relance...Peut-être l'idée de ce prêt aux universités, est-il interessant, sauf que si je comprends bien elles ne pourront pas le dépenser mais devront l'utiliser dans les réseaux financiers pour rembourser à l'Etat des intérêts, donc cet argent va profiter aux réseaux financiers, immédiatement sans pouvoir réellement profiter aux étudiants ou aux professeurs, ou chercheurs...c'est assez étrange.»

    J'ajoute à ce commentaire les recommandations de Jean-Paul Karsenty, adhérent du MoDem, dans le commentaire suivant, qui tient par ailleurs un blog sur médiapart.

    Je partage l'esprit et la lettre des deux commentaires précédents. J'y ajouterais volontiers ceci. La décision, parmi les plus importantes, qui a été prise à Arras a consisté à vouloir donner de la force politique au "droit des nouvelles générations". Cela, me semble-t-il, implique deux attitudes contradictoires et indissociables: - la réduction de nos dépenses doit être notre guide sans faille - toute nouvelle dépense relative à des productions probables de richesses économiques et sociales à venir à moyen ou à long terme devrait être favorisée mais gagée par une réduction équivalente et immédiate de dépenses actuelles (de façon à préserver la capacité des générations futures à engager leurs propres choix). Le Grand Emprunt relève incontestablement de cette seconde attitude et catégorie, et je pense qu'il faudrait l'affirmer ainsi. Enfin, je proposerais volontiers que notre Mouvement insiste pour que l'un de nos quelques parlementaires puisse participer au Comité de surveillance de l'Emprunt national qui va incessamment se mettre en place de façon que vigilance et transparence puissent présider aux choix concrets qui seront finalement effectués.
  • Paradis fiscaux, le bouc-émissaire pratique

    Je vais encore pousser un coup de gueule à rebours de la doxa ambiante, mais il y a des facilités qui m'exaspèrent vraiment trop ; la classe politique mondiale a trouvé le moyen idéal de détourner des regards les véritables causes de la crise financière : les paradis fiscaux sont des bouc-émissaires idéaux. On les accuse de tous les maux. Dans le même temps, on se préoccupe des bonus des uns et des autres, alors que les véritables questions de fond, ce sont les normes comptables et la régulation des fonds propres des banques. Mais évidemment, comme c'est abscons et que cela ne parle pas à l'électeur, nul n'en dit mot à part quelques esprits lucides.

    Or, dans ce domaine, le G20 n'a strictement rien apporté : aucune avancée, et d'ailleurs, les USA n'en veulent pas. Pointer les petits pays que sont le Luxembourg ou les îles Caymans, c'est très pratique ; cela évite d'avoir à faire le ménage chez soi.

    La volonté de faire payer une taxe aux banques est idiote et montre bien l'inanité et la bêtise (l'ignorance ?) crasse de la classe politique. Le terme même de "taxe" est démagogique et renvoie à la vulgate socialiste. Il eût été bien plus censé de réclamer aux banques françaises de payer des assurances en fonction du niveau de risque pris : la prime de l'assurance augmenterait alors selon le niveau du risque. Évidemment, cela suppose un organisme de contrôle indépendant (pourquoi pas la Banque Centrale Européenne ?) et que les États acceptent de lui déléguer certaines prérogatives (ça, c'est pas demain la veille).

    A vrai dire, pendant qu'on jase sur les vilains banquiers, on en oublie les effets kisscool du Grand Emprunt, en France. Mais il se trouve (attention, je vais prononcer un très très gros mot) que quelques libéraux veillent au grain, et au bon : il n'a pas échappé à l'ami hashtable ce qui pend au nez de nos finances. On le sait, Sarkozy a voulu donner un caractère "populaire" à son grand emprunt : ce caractère à un coût, les taux d'intérêt vont en être nettement plus élevés, contribuant à dégrader significativement notre endettement et notre capacité à faire face à la charge de la dette. Or, cela commence à inquiéter sérieusement les agences qui nous attribuent notre note de confiance. Jusqu'ici, la France était l'un des quatre seuls pays à disposer d'une note AAA, assurant ainsi de bénéficier de liquidités sur les marchés aux taux les plus intéressants. Or, compte-tenu de la dérive vertigineuse de nos finances publiques, il est fortement question, chez quelques unes des agences de notation, de dégrader notre note de solvabilité. Dans un tel cas de figure, nos emprunts deviendraient bien plus coûteux, car les taux demandés seraient bien plus élevés. Pour emprunter la même somme, il faudrait alors payer plus sur le budget de l'État, donc, par suite, réduire les autres postes budgétaires.

    Voilà où nous en sommes, et c'est très grave. En fait, on n'aborde aucune question de fond, préférant l'écume de l'actualité nous bercer de rêves rédempteurs.

    Je me serais attendu à ce que le MoDem, François Bayrou, habitués pourtant à dévoiler la vérité derrière les apparences, tirent la sonette d'alarme. Au lieu de cela, je n'ai entendu que les platitudes et les billevisées qui sont le plat de résistance de toute la classe politique. J'avoue que cela m'agace assez fortement, parce que j'attends le courage de dire la vérité aux Français de la part du MoDem et de ses responsables politiques. Sur la dette, je leur donne quitus, mais sur les banques, ils ne gagnent à mon avis strictement rien à vouloir glapir et bêler plus fort que la gauche.

  • Vive les banques et les banquiers...français !

    S'il y a un lieu commun  qui m'énerve, par les temps qui courent, c'est l'hystérie généralisée autour des banques et des banquiers, dont on fait la cause universelle de tous les maux qui frappent les économies occidentales. J'admets que l'on mette en accusation certaines banques américaines, mais je ne vois pas ce que l'on peut reprocher aux banques françaises, dans l'ensemble.

    Comme le disait Baudouin Prot sur France Info récemment, si les banques remboursent aussi tôt leurs emprunts, c'est tout simplement qu'elles avaient des bases saines. Maintenant, bien sûr, elles ne pourront pas éviter les soubresauts sectoriels qui continueront d'agiter la finance mondiale, mais il me semble qu'elles constituent un modèle de bonne gestion à imiter dans de nombreux pays, à commencer par ceux de la sphère anglo-saxonne.

    Toutes les banques françaises ont remboursé les aides reçues, soit 12.7 milliards d'euros, avec des intérêts de 713 millions en sus : chapeau les artistes ! Cela dit, c'est le modèle d'activité universelle de la BNP qui remporte la palme : une fois encore cette banque est un modèle pour le monde entier. J'ai cru comprendre, d'ailleurs, qu'elle lorgnait discrètement à nouveau sur la Société Générale...

    Le vrai problème, et il faut le dire, c'est, une fois encore, l'attitude des USA qui refusent de tirer les conséquences de la crise financière et persévèrent dans les mêmes errements.

    Taxer les transactions financières pour constituer des réserves au cas où le système bancaire souffrirait à nouveau n'est pas inintéressant, mais ni le Canada ni les USA ne veulent en entendre parler, et DSK, directeur du FMI, au nom de cette institution, juge qu'une telle taxe est impossible à mettre en oeuvre. Les choses ne risquent pas de changer... Cela dit, le FMI étudie l'opportunité d'une taxe proportionnelle aux risques pris sciemment par les banques. L'inconvénient, c'est que j'aimerais bien savoir comment on va évaluer les risques en question, et qui va le faire. Et puis l'idée ne fait pas encore consensus, même si, du côté britannique, on a clairement évolué sur la question...

     

  • Déficit et protection sociale, l'Express ouvre le débat

    François Fillon a promis de ramener d'ici 2014 le déficit budgétaire à 3%. Moi, très dubitatif, je lui demande comment, et je constate avec satisfaction qu'au moins un organe de presse fait son boulot et pose les questions crues.

    C'est clair, et on le sait, même avec de la croissance, nous ne viendrons pas à bout de notre déficit ;  il n'y a donc pas 36 solutions et l'Express en fait très vite le tour.

    a) soit on réduit les dépenses

    b) soit on augmente les impôts.

    Moi, j'ajoute une option c) partie pour se profiler, vu l'ampleur de nos déficits : on réduit nos dépenses ET on augmente nos impôts...

    Après, il faut un vrai débat pour savoir comment on procède : CSG ? TVA ? Impôt sur le revenu ? qu'augmente-t-on ?

    Côté dépenses, c'est simple : soit on renonce à certaines prestations et à certains services, et dans ce cas, il faut commencer à débattre pour déterminer lesquels, soit on paie ces services et ces prestations, mais ça va coûter cher, et cela nous renvoie soit à nos dépenses personnelles, soit aux impôts. Attention : ce qui est en jeu, ce sont les indemnités d'assurance maladie, celles du chômage et encore les retraites. Et nous n'allons pas y couper. J'avoue que cela m'angoisse, et que je préfère que l'on me dise la vérité tout de suite, même si ça fait mal, afin de commencer à discuter des remèdes.

    Le problème, c'est que pour débattre de cela, encore faut-il en arriver au point de départ, or, nous n'y sommes pas !

  • Grand emprunt : droit dans le mur !

    Suite à une réunion à Matignon, mercredi 4 novembre, François Bayrou a mis en garde le gouvernement contre le "dérapage" des finances publiques.

    Le Président du Mouvement Démocrate a également affirmé que "la raison" voudrait que le gouvernement "renonce" à son projet de grand emprunt.

    "La situation est une situation de dérapage absolu. On ne peut pas imaginer un grand emprunt sans réfléchir à la situation qui est celle du pays aujourd'hui", a-t-il encore précisé.

    François Bayrou a encore ajouté : "Aujourd'hui la charge de la dette c'est l'équivalent de la totalité de l'impôt sur le revenu des Français" ; "sur ce rythme là, on va à une catastrophe que probablement on sous-estime".

    "J'ai dit au Premier ministre que la raison serait qu'on renonce (...). J'ai même proposé une voie alternative qui est la voie européenne", qui puisse "convaincre nos partenaires de faire un emprunt ensemble".

    "Dans le débat, j'allais presque dire combat, qui a lieu aujourd'hui à l'intérieur du pouvoir actuel entre des gens comme Michel Rocard et Alain Juppé qui disent s'ils vous plaît soyez raisonnables et qui évoquent des chiffres de 20/30 milliards+ (...) et d'autres qui disent il faut 100 milliards, nous sommes du côté des raisonnables", a rappelé le Président du Mouvement Démocrate.

    "J'ai l'impression depuis le début que François Fillon est du côté des raisonnables, pas des déraisonnables. Je n'ai pas eu l'impression qu'il y avait contradiction entre sa pensée et ce que je développais comme analyse", a observé François Bayrou.

    Au final, "s'ils choisissent d'emprunter contre toute raison, je suis sûr qu'ils le feront au moindre taux (et) le moindre taux sera évidemment sur les marchés", a assuré le président du MoDem, qui avait fait de la maîtrise de la dette l'un des thèmes-phares de sa campagne présidentielle en 2007.

    Trente milliards, a-t-il fait valoir "c'est deux points de PIB de la France. On est déjà à 9% de déficit, on passe à 11, ce qui veut dire qu'on va se trouver avec un stock de dette incontrôlable, irremboursable"