J'ai écouté la réaction de Robert Rochefort, après l'annonce présidentielle, pour la nouvelle année, et à vrai dire, j'y retrouve l'essentiel de ce que je reproche au Président et à son gouvernement. C'est, en effet, tout de même gonflé de venir déclarer les déficits grande cause nationale après avoir contribué plus que tout autre chef d'état avant lui à les creuser. Le pire avec Nicolas Sarkozy, c'est qu'il ne suit aucune ligne cohérente : il aurait pu par exemple assumer une ligne libérale qui aurait eu le mérite de la tenue et de la logique. Mais ce n'est même pas le cas. On cumule, actuellement, en France, les désavantages du pire de l'étatisme et du mauvais libéralisme.
Voici ce que déclarait Robert Rochefort, euro-député MoDem/ADLE mercredi dernier
«Je considère que le président de la République s'est avant tout livré à un exercice d'autojustification des décisions prises l'an passé. Cet exercice a été d'autant moins crédible, que Nicolas Sarkozy a voulu faire croire que les mesures prises en 2009 étaient cohérentes et efficaces contre la crise, alors qu'elles ont été ouvertement disparates, contradictoires et n'ont pas produit les résultats qu'il a annoncés ce jour. Globalement le président de la République persiste dans l’absence de discours de fond pour préparer l’avenir. Les réponses court-termistes, et les mesures pansements annoncées aujourd’hui comme mises en place depuis le début de la crise n’offrent ni perspectives durables, ni d’investissements pour préparer l’avenir. -L’élément phare de son discours semble être sa prise de conscience de la dégradation des comptes publics dont il est en réalité le premier responsable en ayant depuis près de 2 ans contribué plus qu’aucun autre président avant lui à l’accroissement vertigineux de la dette : bouclier fiscal, baisse de la TVA dans la restauration, suppression de la taxe professionnelle en particulier. -Le président de la République annonce une grande réunion sur les comptes publics et la réduction des dépenses de l’Etat. Il ne peut affirmer que les économies budgétaires suffiront à sortir la France de la situation budgétaire dramatique dans laquelle il l’a lui-même plongée. En réalité, de nouveaux prélèvements seront évidemment à prévoir et nous devrons garantir que ceux-ci respectent une vraie logique de justice sociale, et de préservation de l’efficacité économique de la France. Enfin je regrette une nouvelle fois que Nicolas Sarkozy n’ait dit que très peu de choses sur la politique économique européenne, seul vrai levier pour répondre aux enjeux mondiaux de la crise économique En bref, Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois démontré le grand déficit de pensée économique claire et cohérente de cette majorité et de ce gouvernement, démontrée maintes fois depuis le début du quinquennat.»
Il y a une chose qui me paraît absolument certaine, et c'est ce qui me gêne, d'ailleurs, parfois, chez mes amis libéraux : il est hors de question d'envisager une quelconque forme de baisse des impôts et des taxes avant d'avoir au préalable établi quelle économie la compensera. Et, très précisément, la bonne méthode, c'est de faire D'ABORD l'économie, et ensuite, seulement, affecter les fonds dégagés à une éventuelle baisse d'impôts. Mais à vrai dire, à l'heure actuelle, nous n'en sommes même pas là : toute économie réalisée ne peut être affectée qu'à la réduction de notre dette et à rien d'autre. Et on n'aura aucun marge tant que l'on n'aura pas commencé par cela. Il faut donc lancer un grand débat sur ce qu'il convient de réduire comme dépenses publiques. Le problème, c'est que ce débat ne peut être crédible sans revenir sur les baisses d'impôts consenties depuis deux ans. Revenir sur ces baisses d'impôts ne signifie pas pour autant ne pas envisager d'abaisser ponctuellement la fiscalité, mais cela doit être fait à l'aune de l'efficacité avant toutes choses.
J'ai malheureusement le sentiment que Nicolas Sarkozy n'écoute plus personne, pris dans un exercice du pouvoir de plus en plus solitaire. Seul pilote à bord, il dirige l'esquif France droit vers la tempête. Je crois que la seule manière de promouvoir d'autres têtes au sein de l'UMP pour s'opposer à sa politique désastreuse et le contraindre à écouter ceux qui renâclent, au sein de sa propre majorité, c'est de lui infliger une défaite électorale sans précédent. En même temps, à titre personnel, je ne souhaite en aucun cas que cette défaite profite à la gauche et aux solutions non moins désastreuses que celles de Sarkozy qu'elle propose. Il faut donc, je le pense, promouvoir les partis centristes partout où ils se présentent de manière autonome. Je regrette profondément que le Nouveau Centre ne fasse pas le choix de l'autonomie. A défaut, il demeure le MoDem et l'Alliance Centriste, ainsi que de petits partis centristes et libéraux, comme Alternative Libérale ou le Parti Libéral Démocrate. Si personnellement, mon obédience va au MoDem, pour les électeurs de droite qui ne se retrouveraient pas dans mon parti, il y a ceux que je viens de citer. Quant aux électeurs de gauche, il leur faut voter pour la gauche raisonnable quand elle est là, et sinon, pour le MoDem s'ils veulent faire valoir leurs préoccupations.
Je pense que la fiscalité et l'emploi (en plus des transports) seront au coeur de la campagne des Régionales. Tous les services rendus ont un coût, il faudra bien en débattre. Tous les défaussements de l'État ont aussi une conséquence sur la fiscalité des Régions, a fortiori les décisions ubuesques. Les Régions font plus pour l'économie d'un pays que l'État, mais le chef de l'État est un Néron budgétaire qui peut choisir à lui seul de mettre le feu à notre Rome moderne sans que personne ne puisse l'arrêter. C'est à cette situation très grave qu'il faut mettre un frein.
Le pire, c'est que tout comme Néron, il se regarde chaque matin (les brèves du Canard en attestent) en songeant comme l'empereur fou : qualis artifex pereo ! le problème, c'est que ce n'est pas lui qui périt mais notre pays, et que pas plus que Néron il n'est un artiste...
Commentaires
Je ne comprends pas trop ou est le mauvais libéralisme ( ni le libéralisme d'ailleurs) dans la gestion de Nicolas Sarkozy. Et oui n'ayons pas peur des mots au Modem contrairement aux membres de la pensée unique, le libéralisme, héritage des lumières dont nous essayons de nous revendiquer n'a jamais trouvés un grand échos ni une forte présence dans ce pays, et c'est bien dommage. Et je penses également que la fiscalité sera un des thèmes majeurs de la futur campagne, et que nous devons mettre le maximum là dessus, en condamnant les dépenses excessives des socialistes tout en rappelant aux gens la gestion UMP, leurs taxes quasi-journalières et dépenses excessives. Et ne pas hésiter à alerter les gens sur la futur catastrophe économique qui s'annonce ( dette, dépenses, ...).
@ démocrate
Le terme est sans doute exagéré, je voulais entendre par là, que certaines recettes dites libérales ne conviennent pas à la situation que nous vivons.
"J'ai malheureusement le sentiment que Nicolas Sarkozy n'écoute plus personne"
Tu n'es pas le seul à avoir ce sentiment.
Merci pour ce billet. L'autosatisfaction criarde de ces voeux ainsi que l'incohérence des propos me paraissent avoir été sanctionnées par le dernier sondage IFOP ou Sarkozy perd deux points pour se retrouver au plus bas à 32% de satisfaits. Il faut noter qu'à la suite des voeux précédents il avait gagné 5 points et là il en perd deux. Souhaitons comme tu le dis si bien qu'il soit aussi sanctionné durement pour les régionales.
Je crains un coup bas de dernière minute pour faire remonter sa cote au dernier moment.
Il y a peux d'espoir en ce début 2010, de voir un politicien de réveiller.. Séguin, qui avait renforcé l'indépendance de la Cours de Comptes, va sûrement être remplacé par un "puppet". (Un Sarkoyesman) Cela n'ogure rien de bon.
http://laurentgrandsimon.hautetfort.com/archive/2009/11/08/3-ans-deja.html
« … dégradation des comptes publics dont il est en réalité le premier responsable»
Tout à fait juste ce que dit Robert Rochefort !
En Juin la Cour des Comptes dans son « Rapport de la haute juridiction financière sur les résultats et la gestion budgétaire de l’Etat » et son regretté Président ne disaient pas autre chose !
Ils écrivaient noir sur blanc que :
- Nicolas Sarkozy et son Gouvernement, malgré les promesses faites et les efforts indéniables, n’ont pas réussi à inverser la tendance à la hausse des dépenses de l’Etat !
- Les cadeaux fiscaux de la loi TEPA n’étaient pas financés et qu’ils n’ont pas eu la moindre efficacité économique !
- Qu’en conséquence, comme les années précédentes, l'augmentation du déficit s'explique essentiellement non par la faible croissance du PIB, mais par l'action du gouvernement en matière de finances publiques !
Et c’était avant le cadeau de 3 milliards annuels aux restaurateurs !
« …Il ne peut affirmer que les économies budgétaires suffiront à sortir la France de la situation budgétaire dramatique dans laquelle il l’a lui-même plongée »...et pour cause, au train actuel il s’en faut de beaucoup !
Et encore le crédo de non remplacement d’un fonctionnaire sur 2 partant à la retraite tel qu’il est bêtement appliqué, a été très fortement contesté par la Chambre des Comptes !
Qu’il faille un débat sur le sujet, bien évidemment, même si c’est le signe qu’il ne sait pas vraiment comment faire, mais ce n’est pas simplement sur la manière de réduire la dépense publique qu’il faut débattre mais plus globalement sur la manière de réduire le déficit public !
Le choix de Société dans lequel toute la classe politique doit s’impliquer, il est là, comment faire pour que la France ne vive plus au dessus de ses moyens ?...
Sarko est manifestement un autocrate égocentrique et il est incapable de se remettre en cause. Je pense que les Régionales seront un bon coup de semonce mais si c’est le PS et Europe Ecolo qui en profitent, le signal ne sera pas efficace parce que le moins que l’on puisse dire c’est que ce ne sont pas des « pousse à la rigueur budgétaire » !
Au contraire, cela pourrait pousser Sarko à surenchérir dans la démagogie !
C’est effectivement au centre qu’il faut voter et de préférence pour le MoDem ;)