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Entre Versac et Meilcour

Je faisais partie de ce petit public discret qui suivait l'ex-blog de Nicolas Vanbremeersch, dit Versac. Aujourd'hui, je jette un oeil non moins discret sur son successeur, Meilcour. Le changement m'a fait sourire, à vrai dire, et je me suis demandé s'il ne cachait pas un changement de perspective. Je suis sûr que bien peu de lecteurs se sont demandés pourquoi Nicolas Vanbremeersch avait choisi des noms aussi ésotériques et sophistiqués que Versac et Meilcour.

Cela devient beaucoup plus évident dès lors que l'on connaît un peu les Égarements du cœur et de l'esprit, l'oeuvre majeure de Crébillon fils. Un ouvrage méconnu injustement, parce qu'il préfigure à plus d'un égard le célébrissime les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Dans le livre de Claude Prosper (c'est le prénom de Crébillon fils), il se trouve que le Comte de Versac et Monsieur de Meilcour sont deux personnages essentiels. Le premier est un libertin notoire qui préfigure à plus d'un égard le Valmont de Choderlos, tandis que le second est un tout jeune homme, dix-sept ans à peine, qui découvre le monde. Mais le second est aussi le narrateur.

Alors, changement de point de vue ? Est-ce Versac qui a fait l'éducation de Meilcour ?

C'est étrange, finalement, les noms que nous donnons à nos blogues. Ils signifient toujours quelque chose. Changer de nom, ce n'est pas anodin,c 'est se refaire une identité, et il en va, à mon avis, de même avec les blogues. Tenez, moi, si je devais choisir, aujourd'hui, un autre nom, j'opterais pour l'Orthodoxe, qui me plaît bien. Mais entre Versac et Meilcour, il y a une vraie filiation : c'est le premier qui a accompagné (fait ?) l'initiation du second. L'Égarement finit de façon étrange. On a du mal, d'ailleurs, à concevoir que sa fin en soit bien une. Meilcour révèle que les sentiments que lui inspirent Madame de Lursay ne sont plus très vifs. Il ne songe, en fait, qu'à Hortense, qu'il ne possède pas. Un homme qui n'agit, envers une femme, plus que sous le coup du remords cède à une pitié des plus dangereuses.

In fine, pourquoi avoir choisi ces personnages comme étendards ? Eh bien je me le demande bien...Versac se contente juste d'évoquer l'oeuvre de Crébillon dans l'à propos de son Meilcour. L'idée lui est sans doute venue après coup, puisque dans l'à propos de son versac, il précise que son pseudo ne vient pas du livre.

Commentaires

  • Bonne question. Pourquoi se cacher derrière un pseudo ? C'est une vraie question qui se posera de plus en plus avec le développement croissant du web.

  • touché par l'interrogation... Amusant d'ailleurs, puisque tu m'appelles toujours versac, pas Nicolas, ou Meilcour... Comme quoi, changer d'identité numérique n'est pas toujours facile.

    Quelques confidences, donc.

    1. A l'origine, versac, comme premier nom de blog, en 2003, ne vient en effet pas du roman, que je n'avais pas encore lu. Il vient d'un bout de l'anagramme de mon nom. Que j'utilisais comme pseudo online depuis la fin des années 90, et parfois comme pseudo sur des newsgroups ou BBS. Mais pas que j('avais, et j'ai toujours, d'autres identités, comme tout le monde).

    Ensuite, j'ai lu Crébillon, et j'ai beaucoup aimé. J'ai de toute façon un faible pour la belle langue, et le 18ème siècle. Et Crébillon fils, s'il n'est pas Choderlos de Laclos, qui a vraiment une langue superbe, est très beau.

    J'ai pas mal aimé après coup cette association à versac, qui est à peu près tout mon contraire. Mondain à un point pas possible, cynique et aveuglé, tentant de pervertir ce pauvre petit meilcour... Un sous-Valmont, qui n'a même pas sa superbe.

    Quand j'ai tué versac, j'ai un peu voulu tuer ce monstre médiatique, qui ne m'appartenait plus, n'était pas moi : le baron des blogs, le mondain, le médiatique...

    Et quand j'ai voulu recommencer, je me suis dit qu'il fallait un clin d'oeil, et aussi changer mon rapport à la publication. C'est pour ça que j'ai plus mis mon nom en avant, et adopté un nom de blog qui soit clairement celui d'une publication. En mêm temps, jouer sur un nom peu prononcable, donc pas un pseudonyme. Et puis;, évoquer une filiation, ne pas se renier. Tout en évoquant un redémarrage à zéro, sans lecteurs, sans audience, sans lourd bagage.

    D'où Meilcour. Ca me semblait pas mal. Revenir au monde du blog avec un regard neuf, voire naïf, retrouver les goûts de mes premières années de blogueur...

    Meilcour est un peu versac enfant. C'est ainsi que j'ai lu la fin des Egarements : Meilcour prend la pente de son ainé, après toute une série de passages initiatiques dans le Monde. C'est comme un avertissement pour mon blog : tenter de faire mentir Crébillon, et ne pas devenir ce que le blog que je tenais dans les derniers mois fut, un truc que je n'aimais plus beaucoup, où la facilité et le flux l'emportait sur l'essence...


    Voilà donc :) Ce qui donne l'occasio nde relire Crébillon encore, et ce n'est pas désagréable...

  • Je voulais changer le miens aussi, car à l'origine je souhaitais un blog collaboratif, mais mes collaborateurs n'ont quasiment jamais posté...

    Du coup comme c'est un blog personnel, je mettrais bien quelque chose de plus... personnel. Reste à trouver quoi.

  • @ L'Hérétique
    J'aime beaucoup cette oeuvre de Crébillon ;-)
    extrait à méditer :
    "L'arrangement ou plutôt l'abus de mots, tient lieu de pensées. J'ai vu beaucoup de gens stériles, qui ne pensent, ni ne raisonnent jamais , à qui la justesse et les grâces sont interdites, mais qui parlent avec capacité des choses mêmes qu'ils connaissent le moins, joignent la volubité à l'impudence, et mentent aussi souvent qu'ils racontent, l'emporter sur des gens de beaucoup d'esprit, qui, modestes, naturels et vrais, méprisent également le mensonge et le jargon. Souvenez-vous donc que la modestie anéantit les grâces et les talents, qu'en songeant à ce que l'on a dire, on perd le temps de parler, et que pour persuader, il faut étourdir."

  • à "nv" (l'autre, celui de meilcour) : un anagramme ! ben oui, j'ai passé 2005-2006 à triturer ton nom dans tous les sens en me demandant ... pourquoi ces lettres là et pas d'autres ... si celles laissées de côté avaient ensemble un sens particulier ... J'aurais mieux fait de te poser la question, mais il y avait dans l'a propos de ton blog à l'époque une formule définitive et dissuasive : "pourquoi 'versac' ? google a la réponse". Un duel contre google, le défi était tentant, je ne l'ai pas remporté. Il a fallu la note de lancement de meilcour.

  • @ Christophe
    Pour plein de raisons différentes. Sans doute, et avant tout à mon avis, parce que c'est un jeu que de se créer un personnage de fiction. Ensuite, parce que dans bien des cas, c'est une protection contre la malveillance ou encore un devoir de réserve.
    @ nv
    Je me suis fait le raisonnement que vous exposez, mais justement, j'étais surpris du retour vers Meilcour : parce que justement, il me semble qu'il a largement perdu de sa naïveté à l'issue de l'Égarement. On voit bien qu'il est tout de même obnubilé par Hortense. Ce n'est pas encore un Versac, mais les pensées troubles qui l'agitent laissent envisager une évolution en ce sens.
    Je me doute que vous avez voulu tuer Versac, tout en lui faisant un enfant, à tout hasard. Mais on ne se refait, pas vous savez ;-) Il n'y a rien à faire, vous êtes Versac bien avant d'être Meilcour.
    @ Thierry
    Ok, mais là, c'est largement pompé à La Bruyère, voire à Théophraste et si on veut remonter à la source probable, à Aristote. Plus loin encore Socrate/Platon ne disent pas autre chose des Sophistes. Cela dit, j'aime bien moi aussi cet avertissement.
    @ Fred
    Perso, je ne voyais pas d'autres sources que Crébillon : à mon avis, c'est son premier pseudo qui lui a fait découvrir le livre de Crébillon. D'où ça vient à l'origine, je ne sais. Tout ce que je peux te dire, c'est que la première fois que je l'ai lu/entendu, Versac, cela m'a fait penser à la mer. Peut-être à cause de ressac, et du son "èr" qui fait penser à la mer. Comme une sorte de vague. Voilà ce que cela m'évoquait, et m'évoque encore, d'ailleurs, comme sensations.
    Il existe sinon bien une rue de Versac à Saint Lupicin, mais j'imagine qu'il n'y a pas de rapport.

  • @ vincent
    même souci : on était plusieurs au départ, et là, ça se délite sérieusement depuis plus d'un an...

  • @ L'Hérétique
    Je viens de relire quelques passages de La Bruyère. Il y aurait en effet une similitude dans le propos. Mais n'est-ce pas là le signe que ces traits touchent à l'universel ?

  • Ah, justement, L'hérétique, je voulais savoir pourquoi tu as choisi "aussi" le nom de "César Borgia" ?! Tu l'as peut-être déjà expliqué mais je devais être absente ce jour-là. A moins de me tromper complètement, César Borgia était bien un personnage peu scrupuleux non ?

    Et toi Vincent, que je connais maintenant, que cherches-tu comme style de pseudo ? Il te faudrait un nom qui te définisse dans tes préoccupations écologiques par exemple mais humanistes en même temps...

    Franchement, je trouve les pseudos très sympas sauf si l'on en profite pour proférer des insultes que l'on ne dirait jamais en temps normal, à visage découvert ! Parce que cela, ça existe hélas et c'est bien dommage.
    Miss Marple

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