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Dette, les efforts que les Français sont prêts à consentir...

Passionnante étude que celle commandée par la Fondapol à l'IFOP sur la crise grecque. Elle touche cinq grand pays européens : Italie, France, Espagne, Allemagne et Royaume-Uni. Si les Français et les Espagnols ont bien conscience de leur situation (ils sont plus de 60% à penser que leur pays pourrait connaître le sort de la Grèce), il n'en va pas de même pour le Royaume-Uni et l'Italie où seule la moitié des citoyens ont ce sentiment. Quant à l'Allemagne, confiante, sans doute, en la force de son économie, un tiers de ses citoyens croit à l'éventualité d'un tel scénario.

Si Français et Espagnols sont partagés sur l'opportunité d'aider la Grèce, les 3/4 des Allemands et des Anglais ne veulent pas payer pour les Hellènes. A l'inverse, les 2/3 des Italiens sont prêts à être solidaires. A noter qu'en France, les plus convaincus de la chose sont les électeurs et/ou sympathisants du MoDem qui partagent l'avis des Italiens aux deux tiers. A'inverse, ceux qui n'affichent aucune sympathie partisane sont majoritaires (presque 60% pour refuser d'aider la Grèce).

Seuls Italiens et Espagnols sont favorables, en partie, du moins, à la création d'un impôt européen pour aider les pays en difficulté. Les autres n'en veulent globalement pas (opposés aux trois quart et plus). En France, c'est particulièrement le cas de ceux qui n'ont aucun engagement politique.

Les Français ont compris qu'il y a une menace sérieuse sur les retraites, plus que toutes les autres nations, puisqu'avec 91% de convaincus, ils détiennent la palme. Pays au hit-parade de la démographie européenne, ils font jeu égal avec les Allemands, nation la moins prolifique, et convaincue à bon escient à 90% de ce risque. Les sympathisants socialistes sont les plus réalistes sur la réalité de la menace : ils sont 98% à la percevoir...Il faut dire que, nombreux dans la fonction publique, si les régimes spéciaux rejoignent le régime général, ils seront, en effet, les premiers touchés...

Les Français sont non moins inquiets quant aux déficits à et à la dette de leur pays (je m'étonne, dans ces conditions, que le propos de François Bayrou ne percute pas plus, car enfin, il est le premier et de longue date, à mettre en garde contre ce danger) : 88% ! Ceux qui croient que les Français sont des veaux se sont trompés...enfin...attendons de savoir ce qu'ils sont prêts à sacrifier pour résorber leur dette...!

Je vous le donne dans le mille, la victime expiatoire de tous les pays européens, c'est la défense et l'armée. A la très notable exception du Royaume Uni (13% seulement), ils sont plus de 40% à vouloir faire des économies là-dessus. Viennent ensuite les aides aux entreprises (27% en France, mais...40 en Angleterre !) et puis l'aide aux chômeurs en France (16) et au Royaume-Uni (21) surtout.

En revanche il n'y en a pas 1% pour toucher aux retraites et à l'éducation, priorités des priorités. Pas du tout enthousiastes non plus pour faire souffrir sécurité et police (3-4% en France, mais 6 au MoDem !), et les hôpitaux. En France, c'est simple : il n'y a même pas le 1% syndical ! personne ne propose de faire des économies sur la santé ! Voilà qui va donner à réfléchir à notre actuel gouvernement, qui supprime à tour de bras des moyens dans tous ces secteurs...

Cela dit, sur la Défense, qui paraît toujours un poste bien aisé et pratique à ponctionner, il faut bien avoir conscience des enjeux : sans commande nationale, c'est la fin de l'industrie d'armement française, et donc, du dernier îlot d'indépendance face aux Américains et aux Russes.

Sans une véritable défense, il est hors de question de vouloir prétendre jouer au Grand. Finies les interventions militaires, finis les contingents en Afrique, terminé le porte-avion envoyé dans le Golfe Persique. Corollairement, plus question de mener grande vie au Conseil de Sécurité et de prétendre y dicter la moindre condition au nom de la grandeur de la France. Clairement, le rôle d'un Villepin pour l'Irak n'est plus concevable avec une nouvelle donne en matière de défense. Plus question non plus d'aller se battre en Afghanistan, sachant que c'est laisser la porte ouverte aux Talibans et à l'islamisme radical, avec, du coup, un grand terrain d'entraînement pour le terrorisme. A défaut, c'est admettre que seule l'Amérique décidera du sort du monde occidental. Si jamais l'armée fait les frais de la crise, il ne faudra pas reprocher ensuite au gouvernement une éventuelle inaction en  situation de crise. Dans tous les cas, si elle voit ses moyens diminués, il est hors de question de lui laisser toutes ses missions, et plutôt que de toucher à la qualité de son équipement, je préfère que l'on mette fin immédiatement à toutes les opérations extérieures. Et puis fini de jouer à bateau sur l'eau avec notre gros porte-avion, vu les coûts de fonctionnement du bestiau...

A ce que j'ai compris, les 3/4 des Français sont prêts à admettre une perte de souveraineté dans le domaine de la Défense afin de favoriser une politique communautaire pour réduire les coûts. Il faudra aller jusqu'au bout et céder notre siège au conseil de Sécurité à l'Europe, dans ces conditions. Simplement, une nouvelle fois, les mêmes qui hurlent sur facebook à l'inaction de la France en Afrique ou ailleurs ne devront plus venir couiner si la France se retrouve incapable d'agir faute de forces adéquates.

On peut, oui, choisir la défense comme poste de réduction de dépenses, mais que cela soit fait en connaissance de cause.

Les Français sont accrochés à leurs retraites comme des chapeaux chinois agglutinés sur un rocher à marée basse : je ne sais pas si vous avez déjà essayé d'en enlever un, mais c'est la croix et la bannière, autant tenter de casser le rocher au burin directement...Le problème, c'est que sur les retraites, il y a un vrai problème... Bref, c'est pas gagné...

 

Commentaires

  • Bon billet à bien des égards.
    je rebondis juste sur ce point :
    "Il faudra aller jusqu'au bout et céder notre siège au conseil de Sécurité à l'Europe, dans ces conditions."
    => N'oublie pas que cela supposerait que le Royaume-Uni en fasse de même. Nos voisins d'Outre-Manche seraient-ils prêts à renoncer à leur voix au Conseil de Sécurité ? Poser cette question contient la réponse, ce n'est pas pour demain.
    Mais faisons comme si... Ce siège "surnuméraire" pourrait idéalement être dévolu au Brésil ou à l'Afrique du Sud. Ce serait plus délicat de l'accorder à l'Inde en raison de l'état de tension quasi permanent dans lequel ce pays est avec son voisin pakistanais.

  • @Thierry
    Il faut le céder à qui est prêt à l'assumer. Être un grand pays ne justifie pas d'avoir un siège :il il faut aussi être capable de faire face à des responsabilités mondiales. Ce n'est le cas d'aucun des pays que tu cites.
    Les Britanniques sont les seuls, dans le sondage, à ne pas souhaiter sacrifier leur défense ; il n'y a donc pas de raison de leur appliquer cette logique.

  • La France a sacrifié bien plus que sa Défense extérieure en ne permettant plus aux "jeunes" de faire leur service militaire. C'était une expérience enrichissante pour tous ceux qui l'ont fait: mixité sociale garantie, apprentissage de l'obéissance à des jeunes marginaux ou têtes brûlées, etc. De plus le contingent était une force interne que l'on pouvait envoyer pour aider lors de catastrophes naturelles dans notre pays. Les inondés de Vendée auraient bien aimé que des jeunes bras de l'armée viennent les aider à remettre en état leur village !
    Résultat, en France on ne fait plus qu'appel aux gens de "bonne volonté" (les associations, aux porte-monnaies de ceux qui le peuvent encore) mais plus du tout à l'esprit de citoyenneté gratuit des uns envers les autres.

  • "Seuls Italiens et Espagnols sont favorables, en partie, du moins, à la création d'un impôt européen pour aider les pays en difficulté"

    Trop drôle, les Italiens et les espagnols ont bien compris qu'avec un tel impôt, ils en seraient les premiers bénéficiaires ...
    alors que les français, eux, n'ont pas encore pigé que, qu'ils sont à 2 doigts d'entrer en fanfare dans la même catégorie des "pays en difficulté" !

  • Je vais être (un peu) méchant : on a les dirigeants qu'on mérite. D'où, je pense le score faible de certains politiques :)
    Les Européens sont "debellicized" comme disent les Américains. La guerre n'existe plus ; c'est un vague avatar d'un autre siècle uniquement utile pour scénariser un blockbuster.

  • Très bon billet en effet !
    Mais au fond que nous manque-t-il pour résoudre tous ces maux ?
    - plus de services publics (armée, police, hôpitaux)
    - plus "d'intelligence fiscale" (c'est à la mode)
    - plus de cohésion entre les états Européens.
    ....
    En somme il nous manque une Europe Forte, Unie, Solidaire ....
    Quoi que l'on dise le référendum raté sur la constitution Européenne nous pèse encore ...
    Vous parlez de créer un Impôt Européen ?
    Pourquoi ne pas mutualiser toute la fiscalité indirecte ?
    Il faudra bien que notre pays comprenne que la "Grandeur" de la France se conjugue au passé ! Nous n'avons plus les moyens de notre train de vie :
    - un beau porte-avion mais très lent et très SEUL
    - des avions de combats invendables et donc bien trop chers pour notre seule nation
    - Des chars Leclerc bien sophistiqués, mais trop cher aussi.

    De plus les Français sont bien "réalistes" selon votre sondage.
    Mais la question centrale n'est pas posée :
    "Comment payer ?"
    "Combien d'impôt supplémentaire êtes-vous prêt à consentir ?"
    Là je suis sûr de la réponse !
    "Pas moi, mais il y en a d'autres !"

    Non, il est grand temps de passer à une Europe bien plus "intégrée" !
    Pour ce faire il faudra aussi que les Français soient moins prétentieux, un consensus est obligatoire il faudra comprendre que la meilleure voie n'est pas obligatoirement celle des Français !
    Maintenant pour nos dirigeants faire comprendre à la population, qu'ils brossent tous les jours dans le sens du poil au gré des sondages, que leur "toute puissance" n'est qu'une illusion ... quel aveu d'impuissance !

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