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Je ne suis pas contre le Bouclier fiscal

Paradoxalement, dans les mesures de Sarkozy, je n'étais pas contre le principe d'un bouclier fiscal. Je trouvais en effet quelque peu spoliatoire que quelqu'un dût payer à l'État plus de 50% de ce qu'il obtenait par ses revenus.

Mais ce bouclier fiscal devient injuste s'il exclut certains revenus de son calcul. En somme, il me semblerait logique de devoir faire un choix entre niches fiscales et bouclier fiscal : on ne devrait pas pouvoir bénéficier de l'un et de l'autre. Cela devrait être l'un ou l'autre.

Dans le même ordre d'idées, je juge également injuste l'impôt sur les grandes fortunes, dès lors qu'il s'attaque à des biens immobilisés, non-productifs de revenus : non seulement ces biens sont des charges pour leur propriétaire, mais ils doivent de surcroît acquitter des taxes supplémentaires, si bien que la taux théorique de 0.8 à 1.1% de la fortune peut représenter en fait une partie conséquente des revenus, bien supérieure à 50% dans certains cas.

On peut supprimer le bouclier fiscal, mais alors, dans ces conditions, il faut faire comme en Finlande en 2005 et supprimer dans la foulée l'ISF. Ce serait à mes yeux la réforme la plus pertinente, et, ce pourrait être pour Nicolas Sarkozy et l'UMP une manière intelligente de ne pas perdre la face, au regard de ses déclarations électorales sur le niveau et le montant des impôts en France...

Pour terminer sur l'ISF, je rappelle la proposition de François Bayrou, toujours valide, qui consistait à le remplacer par un impôt très léger (de l'ordre de un pour mille) sur le patrimoine.

Commentaires

  • 100 % d'accord. Tout d'abord l'IRPP reste l'impôt citoyen par excellence et sa progressivité est le symbole de la solidarité nationale. Le problème est qu'il est tavelé de niches et d'exemptions qui le rend obscur. L'ISF est devenu de son côté un impôt très complexe à mettre en oeuvre, facilement contournable (surtout par le jeu du bouclier fiscal sur certains revenus catégoriels, un bon fiscaliste vous expliquera ça mieux que moi) et de très mauvais rendement. Un peu de simplification fiscale en supprimant l'ISF, en rétablissant un vrai IRPP contributif, avec par exemple un montant minimal symbolique à payer au titre de la solidarité nationale, et avec un assainissement des crédits d'impôts, cela va dans le bon sens.

  • Peut-être...
    Je crois surtout que le bouclier fiscal ne devrait pas intégrer la CSG ni le CRDS, qui sont des cotisations pour la sécurité sociale.
    Dans le même ordre d'idées, il ne devrait pas tenir compte de la taxe d'habitation.

  • Exactement ce que disait un économiste hier à la télé: seul un recalcul des tranches d'impôt permettrait de redorer le budget de l'Etat. il FAUT imposer les plus riches sans les faire fuir.
    Mais Sarko tient à son bouclier: le lâcher le ferait se désavouer...?

  • Non, je ne suis pas d'accord. Un niveau d'imposition important ( > à 50%, voire confiscatoire) sur de très haut revenus est nécessaire. Je pense que cela permettrait d'orienter la redistribution de valeur entre les différentes catégories de salariés.

  • @ crapaud (qui n'est pas LE crapaud, je crois)

    expliquez moi ça ... donc la personne qui travaille comme un taré parce que il souhaite devenir "riche" mérite une imposition "confiscatoire" ... drôle de conception du respect de la liberté et du travail d'autrui.

  • A Claudio Pirrone : je suis un crapaud "ordinaire", simple citoyen lambda.
    Attention, je pense que vous vous méprenez sur ma suggestion. Le but n'est pas de confisquer pour punir. Le but est d'altérer la répartition de revenus afin de relancer une demande intérieure en baisse, préjudiciable à tous.
    Cordialement,

  • Vaste problème, qui est en fait celui de la JUSTICE FISCALE, plus que des niches ou du fameux "bouclier"...
    C'est tout le principe de la fiscalité qui est aberrant. Un impôt juste, c'est un impôt qui frappe tout le monde de manière égale.
    Le poblème est beaucoup plus vaste, mais aussi beaucoup plus simple qu'il n'y parait au prime abord. J'ai commis un billet là-dessus : http://politiqueliberale.blogspot.com/2010/03/quelle-reforme-pour-la-fiscalite.html

  • A René : votre billet est très intéressant, même si je ne suis pas en accord complet.
    J'aime particulièrement l'idée de revoir globalement la fiscalité qui est devenu totalement illisible.

  • @Claudio,
    Le crapaud est favorable à une fiscalité similaire aux pays nordiques, semble-t-il.
    Mais comme toujours, "on pioche" une partie en oubliant les "à cotés"^^^

  • C'est fou comme tu peux toujours défendre le fric, à en croire que ça te fascine... POurtant ce n'est pas avec ton salaire que tu peux palpé, tu es issu d'un milieu très aisé ou quoi ?
    Je veux bien supprimer l'ISF car il ne sert à rien mais c'est normal que les riches contribuent davantage.

  • "C'est normal que les riches contribuent davantage" :
    C'est normal que chacun contribue proportionnellement à ses revenus, et donc, mécaniquement, "les riches" davantage que les autres !

    Mais l'impôt progressif, c'est le contraire de la justice fiscale.

    Et il n'est pas besoin d'être "d'un milieu très aisé" pour comprendre ça...

  • @LCDM
    Non, je ne suis pas un sale koulak, mais si un jour je veux en être, je veux pouvoir au moins en avoir la liberté.
    @René
    Oui, tout à fait.

  • @ Crapaud

    Je vous signale que les politiques keynésiennes (justement de relance par la consommation) ont fait naufrage dans les années 70 (80 pour la France).

  • dans la théorie économique lorsqu'on a pas les revenus de son patrimoine on liquide son patrimoine. Ceci étant dit la supression de lisf ne saurait pas injustifiée si elle s'accompagne dune supression des niches fiscales qui permette de saffranchir de l'impôt sur le revenu et qui sont presque tjrs inefficace!

  • A Claudio Pirrone : C'est en partie vraie. On peut dire la même chose de la castration des Etats à partir des années 90. Je ne prétends pas que cela sera une recette magique, mais je suis persuadé que nous ne repartirons pas correctement sans cela.
    IMHO, outre l'aspect purement économique, il existe aussi un besoin à longue échéance : éviter la constitution d'une oligarchie dirigeante coupée des réalités.

  • @Le Crapaud,
    Euh...Rien compris, si vous pouviez "décoder" ? Merci :)

  • L'ISF n'est pas qu'un épouvantail.
    C'est un impot inquisiteur. Anti Constitutionnel car pour l'être l'obligation déclarative devrait etre générale.
    Le pire c'est que c'est un impot qui décourage l'investissement productif réel en France. Il faut supprimer Bouclier fiscal augmenter les impositions sur les tranches les plus élevées de l'IR et en compensation annuler ou étioler à terme l'ISF. Le seul pays au monde assez stupide pour avoir un tel impot la Grèce... est en faillite. D'ailleurs en Grèce beaucoup fraudent, et une économie parallèle s'est installée à cause entre autres de cet impot.

  • Le retour des "yaka faukon" version anonyme.

  • quel pourcentage d'impôt sur le revenu doivent payer les Américains les plus riches ?

    Cliquez sur "Tableau 23", puis regardez la colonne "Highest bracket" :

    http://www.irs.gov/pub/irs-soi/histab23.xls


    En 1944, les Américains les plus riches payaient 94 % d'impôt sur le revenu.

    Vous avez bien lu : 94 % d'impôt sur le revenu.

    En 1945, les Américains les plus riches payaient 94 % d'impôt sur le revenu.
    En 1946, les Américains les plus riches payaient 86,45 % d'impôt sur le revenu.
    En 1948, les Américains les plus riches payaient 82,13 % d'impôt sur le revenu.
    En 1950, les Américains les plus riches payaient 84,36 % d'impôt sur le revenu.
    En 1951, les Américains les plus riches payaient 91 % d'impôt sur le revenu.
    En 1952, les Américains les plus riches payaient 92 % d'impôt sur le revenu.
    En 1954, les Américains les plus riches payaient 91 % d'impôt sur le revenu.

    De 1954 à 1964, le pourcentage d'impôt pour les Américains les plus riches reste à 91 %. Je remarque que les années 1944-1964 étaient des années de prospérité économique aux Etats-Unis.

    En 1964, les Américains les plus riches payaient 77 % d'impôt sur le revenu.
    En 1965, les Américains les plus riches payaient 70 % d'impôt sur le revenu.
    En 1981, les Américains les plus riches payaient 69,125 % d'impôt sur le revenu.

    A partir de cette année, Ronald Reagan inaugure une nouvelle idéologie. Dorénavant, les plus riches voient leur pourcentage d'impôt diminuer. Cette nouvelle idéologie peut se résumer par ce slogan : "Les plus riches doivent payer 50 % d'impôt grand maximum".

    C'est l'idéologie de Nicolas Sarkozy.

    Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy ne cesse de répéter : "Les plus riches doivent payer 50 % d'impôt grand maximum".

    En 1982, les Américains les plus riches payaient 50 % d'impôt sur le revenu.
    En 1987, les Américains les plus riches payaient 38,5 % d'impôt sur le revenu.
    En 1988, les Américains les plus riches payaient 28 % d'impôt sur le revenu.
    En 1991, les Américains les plus riches payaient 31 % d'impôt sur le revenu.
    En 1993, les Américains les plus riches payaient 39,6 % d'impôt sur le revenu.
    En 2002, les Américains les plus riches payaient 38,6 % d'impôt sur le revenu.
    En 2003, les Américains les plus riches payaient 35 % d'impôt sur le revenu.
    En 2008, les Américains les plus riches payaient 35 % d'impôt sur le revenu.

    Conclusion : de 1954 à 1964, les Américains les plus riches payaient 91 % d'impôt.

    De 1964 à 1981, ils payaient environ 70 % d'impôt. Pourtant, ça n'a pas empêché la prospérité économique aux Etats-Unis.

    En revanche, à partir de 1981, tout change.

    A partir de 1981, Ronald Reagan baisse les impôts des Américains les plus riches. Aujourd'hui, ils paient seulement 35 % d'impôt. Pourtant, ça n'a pas empêché l'appauvrissement généralisé aux Etats-Unis.

  • Jolie démonstration BA, quid des taxes, et autres impots?

  • BA, je pense que vos chiffres sont justes. Autre avantage majeur de l'impot confiscatoire à haut niveau : aligner les intêrets des élites sur celle de la majorité. Je m'explique : une différence de revenus trop importante crée une importante différence d'intérets entre dirigeants et dirigés. Cela peut aboutir à terme à des prises de décisions catastrophiques au sein des sociétés, voire à l'effondrement.
    Ce n'est qu'un avis personel discutable, bien entendu. Je vais tenter de trouver du temps pour mieux expliquer mon point de vue sur mon blog...

  • @ BA
    - A mon avis, les taux que vous nous présentez ne peuvent être que ceux de la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, ce qu'en France on appelle le "taux marginal", et pas le taux d'imposition global effectif...
    - En outre, pour comparer aux 50% du fameux "bouclier fiscal", il faudrait recalculer ces taux en prenant en compte les autres prélèvements contenus dans ce "bouclier", ce qui rabaisserait très considérablement ce que vous nous présentez comme le taux d'imposition américain !
    - En supposant même que vous ayez raison (et dans ce cas je ne vois vraiment pas quel est l'abruti qui resterait aux USA avec des revenus conséquents !), ça ne constituerait pas un argument valable. Qui a dit que le raisonnable était nécessairement ce qui était pratiqué ailleurs ? Faudrait-il copier le régime chinois ou le régime coréen du nord, par exemple, pour leurs aspects qui nous arrangeraient éventuellement ? Le fait qu'une connerie soit pratiquée ailleurs, fût-ce dans un grand pays, est-il suffisant comme excuse pour faire la même ici ?
    - Sur le fond, et en restant sérieux, je maintiens qu'un taux de prélèvements obligatoires supérieur à 30 % est confiscatoire. On en est bien loin ici, même avec ce "bouclier" inefficace et poreux. Si vous incluez les impôts indirects, vous crevez allègrement ce soi-disant plafond de 50 %. C'est totalement inadmissible dans un pays soi-disant libre. Nous sommes (et pas seulement les plus riches) spoliés par un Etat tentaculaire, et, qui plus est, mauvais gestionnaire...

  • Concernant les taux d'imposition pratiqués aux USA avant 1981, René écrit :

    "je ne vois vraiment pas quel est l'abruti qui resterait aux USA avec des revenus conséquents !"

    Réponse :

    il n'y a pas que les abrutis qui resteraient aux USA malgré ces taux d'imposition très élevés.

    Il y a aussi les patriotes.

  • Etre patriote au point de laisser 91% de ses revenus à l'Etat, c'est être un abruti. Point barre.

  • René écrit :

    "Etre patriote au point de laisser 91% de ses revenus à l'Etat, c'est être un abruti. Point barre."

    C'est classique.

    C'est l'éternelle incompréhension des partisans du libéralisme économique devant le patriotisme.

    Les partisans du libéralisme économique ne peuvent pas comprendre les patriotes.

    Ils ne peuvent pas comprendre : ça les dépasse.

  • La caricature est facile ! Et la facilité décrédibilise...
    Je comprends parfaitment le patriotisme, et je suis moi-même fier d'être Français; et je milite pour la défense de notre culture; et je suis prêt à faire certains efforts pour mon pays.
    Mais il y a des limites ! Les taux d'imposition que vous évoquez sont tout simplement ridicules, même s'ils étaient réels. Et il faut être ridicule pour accepter une telle spoliation.
    Vous avez le droit de penser le contraire : vous avez le droit d'être ridicule; mais ce n'est pas le libéralisme qui est en cause. C'est seulement l'intelligence.

  • Concernant le taux d'imposition aux Etats-Unis, cliquez sur "Tableau 23" :

    http://www.irs.gov/pub/irs-soi/histab23.xls

    Les taux d'imposition aux Etats-Unis montrent une chose :

    les Américains les plus riches sont patriotes.

    Mais ça, vous ne pouvez pas comprendre.

  • @BA
    euh...91% je trouve cela délirant et inadmissible. Ce n'est même plus de la spoliation, c'est du vol organisé : même la maffia ne demande pas autant à ses "protégés"...
    Sur le fond, je pense que plutôt que le vrai problème, c'est les niches.
    Ce qui n'est pas normal, c'est quand un mec richissime se retrouve à 0% d'impôts, non à cause du bouclier, mais à cause des niches fiscales.
    Il faut les revoir sérieusement, et ne laisser que celles qui favorisent clairement l'emploi sans être trop coûteuses.
    Et en même temps supprimer l'ISF et le cas échéant, laisser le bouclier fiscal, qui ne me choque pas plus que ça.

  • 91 % d'impôt pour les revenus des plus riches. Je rappelle que ces taux d'imposition concernaient les Américains les plus riches de 1944 à 1964.

    Ensuite, leurs taux d'imposition sont passés à 70 % de 1964 à 1981.

    Ces taux vous semblent délirants ?

    Les gouvernements des Etats-Unis étaient délirants ?

    Relisez les propres chiffres du gouvernement des Etats-Unis :

    http://www.irs.gov/pub/irs-soi/histab23.xls

  • 91% c'est le taux d'imposition pour le montant des revenus supérieur à 200 000 puis 400 000 dollars. Ce taux ne s'applique donc pas à l'ensemble des revenus !!
    De plus durant ces périodes il existait un bouclier fiscal de l'ordre de 87%
    Pour info 400 000 dollars en 1954 sont équivalents à environ 3 300 000 dollars d'aujourd'hui, ce qui représente le salaire d'environ 200 personnes gagnant le SMIC

  • C'est donc bien ce que je disais : il s'agit du taux marginal de l'impôt sur le revenu !

    Ca n'enlève rien, d'ailleurs, au caractère confiscatoire d'un tel impôt.

    Le quantum des revenus taxés n'a en outre AUCUNE IMPORTANCE. C'est le PRINCIPE même d'un taux aussi MONSTRUEUX qui en fait un VOL au sens propre du terme.

    Je sais bien que toute espèce de sens moral s'évanouit dans l'esprit de certains quand il s'agit de "faire payer les riches". En oubliant que ces "riches"-là sont ceux qui font tourner l'économie et qui créent des emplois.

    Mais là, je vais me faire huer : on me traitera de "libéral" avec toute la haine que ce mot inspire à ceux qui n'ont rien compris. Il est vrai que, pour ceux-là, il n'est de meilleur créateur d'emplois que l'état ou ses satellites...

    On ne peut vraiment pas se comprendre ! Dommage...

  • Roosevelt n’épargnait pas les riches.

    La taxation confiscatoire des revenus exorbitants est non seulement possible économiquement, mais souhaitable. En 1932, quand Roosevelt arrive au pouvoir, le taux de l’impôt fédéral sur le revenu applicable aux plus riches était de 25 % aux Etats-Unis. Le nouveau président décide de le porter immédiatement à 63 %, puis 79 % en 1936, 91 % en 1941, niveau qui s’appliqua jusqu’en 1964, avant d’être réduit à 77 %, puis 70 % en 1970.

    Pendant près de cinquante ans, des années 30 jusqu’en 1980, jamais le taux supérieur ne descendit au-dessous de 70 %, et il fut en moyenne de plus de 80 %.

    Cela n’a pas tué le capitalisme et n’a pas empêché l’économie américaine de fonctionner. Pour une raison simple : ces taux ne s’appliquaient qu’à des revenus très, très élevés. En 1941, Roosevelt fixe le seuil du taux de 91 % à 200 000 dollars de l’époque, soit 1 million de dollars d’aujourd’hui (770 000 euros). Or à ces niveaux de revenus, ce ne sont pas les compétences ou le dynamisme que l’on rémunère : ce sont la rapacité, le court-termisme et des prises de risque excessives.

    Il ne s’agissait donc pas de matraquer n’importe quel cadre supérieur ou entrepreneur sortant du lot, ce qui aurait été dévastateur économiquement. En France, comme dans la plupart des pays développés, le taux supérieur atteint 90 % pendant l’entre-deux-guerres, puis se stabilisa autour de 70 % pendant les Trente Glorieuses - ce qui n’a pas empêché des taux de croissance économique de l’ordre de 4 % à 5 % par an tout au long de cette période.

    Puis Reagan et Bush père et fils décidèrent, pour des raisons purement idéologiques, d’abaisser brutalement le taux supérieur à environ 30 %-35 %, soit à peine plus que les niveaux appliqués avant 1932.

    J’ai acquis la conviction que ce tournant fiscal explique pour une large part l’invraisemblable progression des inégalités observée aux Etats-Unis depuis les années 80, avec pour conséquence un transfert de l’ordre de 15 points de revenu national en direction des 1 % les plus riches et la stagnation du pouvoir d’achat du reste de la population. Les cadres dirigeants des grandes entreprises ont pris le contrôle et se votent à eux-mêmes des revenus exorbitants, sans rapport avec leur productivité. Pour une raison économique simple : pour ces fonctions peu réplicables, les productivités individuelles sont impossibles à mesurer.

    Dans le secteur financier, ces rémunérations indécentes ont en outre stimulé des comportements insensés en termes de prise de risque et ont clairement contribué à la crise actuelle. Face à une telle dérive, la seule réponse crédible est une taxation accrue des très hauts revenus - solution qui commence à émerger aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et qui finira bien par atteindre la France, si Nicolas Sarkozy parvient à comprendre que le bouclier fiscal est l’erreur de son quinquennat.

    Le bouclier fiscal peut avoir un sens pour des revenus «normaux», y compris ceux nettement plus élevés que la moyenne (100 000 euros par an, voire d’avantage) - à condition toutefois de pratiquer une vérité fiscale complète, en intégrant la fiscalité indirecte, qui pour les bas revenus représentent plusieurs mois de salaire. Mais appliquer le bouclier fiscal sans aucun plafond n’a aucun sens. Antoine Zacharias, patron de Vinci, a ponctionné 120 millions d’euros de rémunérations à son entreprise. Au nom de quelle folie idéologique devrait-on lui garantir qu’il conservera quoi qu’il arrive 50 % de cette somme ? Même avec un taux d’imposition de 90 %, cela lui laisserait tout de même 10 millions d’euros d’argent de poche…

    Thomas Piketty.

  • Un taux d'impôt absolument démesuré me semble être une réponse satisfaisante à des écarts de salaires absolument démesurés. Le smic est supposé être un salaire minimum, il ne devrait pas être la règle. Comment justifier des salaires de 100, 200 voir 500 smics ?

    Les gens ne sont pas égaux, mais je doute qu'un individu isolé, aussi "compétent" soit-il puisse être aussi efficace/productif qu'une centaine d'autres êtres humains. Une entreprise ne peut pas se faire uniquement avec des patrons et managers, les salariés des échelons inférieurs contribuent aussi a la création de valeur.

    Des écarts de rémunérations sont justifiés, mais devraient être plafonnés à un multiple (50 fois ?) du plus bas salaire de l'entreprise ET de ses sous traitants ET des sous traitants des sous traitants, et ainsi de suite.

    Je suppose qu'une telle mesure tirerait les salaires vers le haut, et lutterait efficacement contre la délocalisation.

  • Les deux derniers commentaires sont l'expression de cette idée absurde que l'on appelle à tort "justice sociale" et qui en engendre une autre tout aussi absurde : la "justice fiscale" (la seconde étant sensée être le moyen de la première).

    C'est tout simplement ignorer (volontaireent ?...) le sens du mot "justice". La justice en matière fiscale, autrement appelée "équité", consiste à traiter tous les citoyens de la même manière. La véritable équité, ou justice fiscale, comme vous voudrez, c'est l'impôt proportionnel payé par tous.

    L'impôt progressif est donc déjà, par nature, une iniquité en soi; et a fortiori quand il devient confiscatoire !...

    Vous prônez tout bonnement un système totalitaire. Vous en avez le droit, mais dites-le clairement !

    Et, s'il vous plait, ne vous cachez pas derrière Roosevelt ou derrière qui que ce soit : ayez le courage de vos opinions !

  • @René : Un taux d'impôt confiscatoire et également payé par tous serait donc plus juste, mais serait-il souhaitable ?

  • Ai-je dit quelque chose de semblable ?
    Un impôt payé par tous serait-il forcément confiscatoire ?

    Que l'impôt ne serve (enfin !) qu'à financer ce qui est du domaine légitime de l'état, et qu'il soit payé équitablement par tous, oui, c'est souhaitale !

  • Je rappelle à René les chiffres donnés par le gouvernement des Etats-Unis :

    En 1945, les Américains les plus riches payaient 94 % d'impôt sur le revenu.
    En 1946, les Américains les plus riches payaient 86,45 % d'impôt sur le revenu.
    En 1948, les Américains les plus riches payaient 82,13 % d'impôt sur le revenu.
    En 1950, les Américains les plus riches payaient 84,36 % d'impôt sur le revenu.
    En 1951, les Américains les plus riches payaient 91 % d'impôt sur le revenu.
    En 1952, les Américains les plus riches payaient 92 % d'impôt sur le revenu.
    En 1954, les Américains les plus riches payaient 91 % d'impôt sur le revenu.

    De 1954 à 1964, le pourcentage d'impôt pour les Américains les plus riches reste à 91 %. Je remarque que les années 1944-1964 étaient des années de prospérité économique aux Etats-Unis.

    En 1964, les Américains les plus riches payaient 77 % d'impôt sur le revenu.
    En 1965, les Américains les plus riches payaient 70 % d'impôt sur le revenu.
    En 1981, les Américains les plus riches payaient 69,125 % d'impôt sur le revenu.

    http://www.irs.gov/pub/irs-soi/histab23.xls

    Ce n'était pas un impôt proportionnel. Les Etats-Unis avaient un impôt progressif.

    René écrit :

    "L'impôt progressif est donc déjà, par nature, une iniquité en soi; et a fortiori quand il devient confiscatoire !... Vous prônez tout bonnement un système totalitaire."

    Les Etats-Unis de 1944 à 1981 : un système totalitaire.

  • BA a dit :"Les Etats-Unis de 1944 à 1981 : un système totalitaire."
    Sur le plan fiscal, je confirme !

  • @BA
    Mais attendez, 91%, vous vous rendez compte ! 91% de ce que quelqu'un gagne. Même s'il gagne des centaines de milliers d'euros, c'est inacceptable. D'ailleurs, il doit y avoir un truc qui cloche dans vos chiffres, tant cela me semble irréel.

    Je ne suis pourtant pas catalogué comme ultra-libéral, mais face à un taux comme celui-là, je fais un bon.
    Par ailleurs, quand on commence à raisonner ainsi, mieux vaut se méfier, parce qu'on est toujours le riche de quelqu'un d'autre, il vaut mieux se le dire.

  • @L'Hérétique : C'est le taux d'imposition applicable à la tranche la plus haute. Le chiffre qu'on m'indique, c'est entre 200 000 et 400 000 dollars de revenus.

    Mais, même ça, ça me révolte !

    Ensuite, tout à fait d'accord avec votre dernière remarque ! De quel droit décidera-t-on du plafond au-delà duquel les revenus seront indécents au point de devoir être confisqués ? Selon l'endroit où on mettra le curseur, on vous volera plus ou moins. Mais on vous volera de toute façon ! Je le répète : c'est du totalitarisme.

  • @René
    Oui, mais même ainsi, je suis tout de même indigné par ce principe. De toutes façons, j'estime que l'on ne devrait pas être taxé à plus de 50% d'un revenu, quel que soit le montant d'un revenu. Sous réserve, évidemment, que des niches ne permettent pas de dépasser ce revenu.
    C'est dingue que l'on s'imagine les USA comme le pays du libéralisme avec des taxes semblables...

  • @L'Hérétique
    Je suis tout à fait d'accord avec vous sur la première partie de votre propos.

    Quant à la deuxième, je soutiens que les Etats Unis NE SONT PAS un pays libéral.

    Il faut lire Bastiat, Turgo, Hayek, pour savoir ce qu'est vraiment le libéralisme, et pour se rendre compte qu'aujourd'hui aucun pays au monde ne le met en pratique.

    Et je suis de ceux qui le regrettent amèrement, surtout pour ce qui est de mon propre pays...

  • @René et l'hérétique
    Je crois que vous avez survolé un peu vite le commentaire de BA citant Thomas Piketty :
    "Pendant près de cinquante ans, des années 30 jusqu’en 1980, jamais le taux supérieur ne descendit au-dessous de 70 %, et il fut en moyenne de plus de 80 %.

    Cela n’a pas tué le capitalisme et n’a pas empêché l’économie américaine de fonctionner. Pour une raison simple : ces taux ne s’appliquaient qu’à des revenus très, très élevés. En 1941, Roosevelt fixe le seuil du taux de 91 % à 200 000 dollars de l’époque, soit 1 million de dollars d’aujourd’hui (770 000 euros). Or à ces niveaux de revenus, ce ne sont pas les compétences ou le dynamisme que l’on rémunère : ce sont la rapacité, le court-termisme et des prises de risque excessives. "
    Que pensez-vous de cette dernière phrase ?

  • juste pour m'abonner au fil

  • @Lorenzo
    quand je pense à un type comme Bill Gates, qui a donné plus à l'Afrique que 90% des pays du monde et pas pour des armes, lui, qui a lutté toute sa vie contre la NRA Rifle, participé à moult causes humanitaires, souvent discrètement, cela invalide totalement des assertions finales du genre de celle que vous soulignez.
    Ensuite, on peut être pauvre et non moins rapace que le plus riche des riches.

  • @l'hérétique
    J'entends bien la générosité de Bill Gates envers sa fondation aux buts louables...
    J'entends encore mieux les propos de son meilleur ami et contributeur Warren Buffet en faveur d'une fiscalité très progressive et pour l'impôt sur les successions.
    Enfin les assertions que je souligne émanent de Thomas Piketty, spécialiste, s'il en est, des inégalités. On les retrouve dans les écrits d'"affreux gauchistes" comme Stiglitz, par exemple dans son dernier livre "le triomphe de la cupidité" ou Aristote dans sa dénonciation de la chrématistique...

  • @lorenzo
    donc, vous voyez qu'être riche ne signifie pas forcément être rapace :-)

  • @l'hérétique
    Ne mélangeons pas causes et conséquences.
    La rapacité ou cupidité produit des niveaux de revenus que ne justifient pas le travail et les compétences.
    Après, que quelques uns parmi les plus riches aient leurs bonnes oeuvres n'enlève rien à la manière dont s'est formé ce revenu.
    Au delà de cet échange sur la rapacité, l'important reste qu'on peut avec raison remettre en cause la faiblesse actuelle des taux marginaux d'imposition et les faire progresser vers des taux confiscatoires pour des niveaux exorbitants de revenus. Il reste à définir ces niveaux et les taux correspondants, ainsi que l'assiette car les différents types de revenus sont inégaux face à l'impôt...
    D'autre part, je te suis tout à fait dans l'optique de nettoyage des niches fiscales, mais il faut pousser le raisonnement jusqu'au bout et supprimer le bouclier fiscal. En effet rien ne servirait de récupérer du côté des niches fiscales si c'est pour le rendre ensuite au titre du bouclier...
    A moins de ne laisser contribuer davantage que ceux qui, sous la barre des 50%, sont ponctionnables jusqu'à atteindre cette barre. Belle justice que celle-là... (voir le financement du RSA)

  • Rien à faire, on a vraiment l'impression que certains ne sont pas capables de sortir de leurs sempiternels dogmes !
    Qui a dit, qui a LE DROIT de dire, que tel type de revenus est plus respectable que tel autre ? Qui décide que tel niveau de revenu est condamnable ? De quel droit juge-t-on de la "rapacité" de certains ?

    Et autre chose : qui a le droit de mépriser les intérêts de l'individu au motif fallatieux qu'ils seraient contraires à la bonne marche de l'économie ? La bonne santé de l'économie serait-elle liée à des revenus plafonnés, ou à un certain nivellement ?

    Le seul droit que l'état possède, c'est de garantir la liberté du citoyen, y compris celle de profiter de ses revenus légaux, quelle qu'en soit la provenance. Et ce n'est pas un droit, en fait, c'est son DEVOIR, sa seule raison d'être avec la charge de garantir la sécurité du même citoyen.

    Prélever autoritairement une partie des biens (capital ou revenus) de certains au profit des autres est un larcin et un abus de pouvoir. Arrangez ça comme vous le voulez !

    Pour ce qui est des niches fiscales, qui est un sujet annexe, elles sont une iniquité évidente et doivent évidemment disparaître.

    Parmi les quelques centaines qui existent, le seuil d'imposition en est une. La progessivité de l'impôt en est une autre.

    Dernière chose : le financement du RSA est inique, en effet. Mais le pire n'est pas son financement, mais son existence même. De même que le smic est générateur de chômage, le RSA est générateur d'exclusion. Encore deux évidences que ne veulent pas voir les constructivistes acharnés de tous poils...

    C'est toute une éducation politique qui reste à refaire, celle de respecter enfin l'individu, et de cesser d'imaginer un Etat tout puissant capable de tout organiser dans l'intérêt du citoyen, intérêt dont il serait le seul juge. C'est une hérésie intellectuelle, et un crime contre l'humain.

    C'est pourtant le système dans lequel nous baignons...

  • @ Lorenzo : l'impot confiscatoire est aussi (et peut être même avant tout) un système de protection de la société. En ponctionnant jusqu'à la presque totalité d'un revenu au delà d'un certain seuil, on réduit le risque de constitution d'une classe dirigeante par trop coupée du reste de la société. Sans cela, le risque est fort de voir se constituer une oligarchie dirigeante qui prendrait des décisions beaucoup trop différentes de l'intéret général, parfois d'ailleurs en toute bonne foi. Les Pasquans ont peut être subi ce genre de dérive...
    @ tous : restez Zen, ce n'est qu'une discussion sur un monde idéal.

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