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  • Retour à l'or ?

    Aurélien Véron s'inquiète des velléités de la FED américaine : Obama crée artificiellement, sans aucune contrepartie des centaines de milliards de dollars : pas de surproduction de biens ou de services derrière, mais uniquement à effet d'acheter des bons du trésor américain au fur et à mesure que les USA gonflent leur déficit. A vrai dire, côté européen, je me demande aussi d'où la Banque Centrale européenne tire les fonds qui lui sont nécessaires pour racheter les titres de la dette grecque...

    Entre une Chine, seconde puissance mondiale, qui sous-évalue outrageusement sa monnaie, et une Amérique, première puissance mondiale, tentée par une très forte poussée inflationniste avec pour issue une dévaluation rampante de sa monnaie, le désordre monétaire pourrait s'installer dans le monde entier.

    De nombreux pays s'inquiètent de cette évolution, et l'idée de remplacer définitivement le dollar comme monnaie de réserve fait son chemin.

    A l'heure actuelle, les banques nationales complètent leurs réserves de change avec des DTS (Droits de tirage spéciaux) : ces actifs appuient leur valeur sur un panier de quatre grandes devises, nécessairement convertibles puisque les DTS sont échangeables contre des devises librement utilisables. Le FMI a créé les DTS en 1969.

    A l'origine, le DTS valait 0.88 grammes d'or fin, mais il a été remplacé par un panier de monnaies comprenant le dollar, la livre sterling, le yen et l'euro. 

    La dernière réévaluation des DTS a eu lieu en novembre 2005, or on en revoit la composition tous les cinq ans. Nous y sommes donc.

    Robert Zoellick, le Président de la Banque Mondiale vient de balancer un très gros pavé dans la marre : il propose ni plus ni moins de revenir à l'étalon-or. Zoellick prend simplement acte de faits patents : en période de crise, l'or demeure une valeur refuge. Or, il flambe, actuellement. Il suggère donc la mise en place d'un système dont l'or serait le point de référence, impliquant les monnaies des économies les plus puissantes de la planète, c'est à dire le dollar, l'euro, le yuan et le yen.

    Ça va être sportif au G20 : convaincre la Chine de rendre sa monnaie convertible, cela me paraît très très difficile, tant ce pays est soucieux de contrôler de A jusqu'à Z son développement économique.

    Quant à l'or, il me semble que Zoellick a surtout voulu, à quelques jours du sommet du G20, tirer la sonnette d'alarme. Réintroduire l'or dans le système monétaire international rendrait ce dernier dépendant de la production de ce minerai et donnerait un poids très important aux pays producteurs d'or, inégalement répartis sur la planète.

    Toutefois, comme l'or est un bon indicateur des tendances des marchés, le réintroduire comme élément de référence (mais pas le seul !) pourrait permettre aux banques centrales d'en surveiller l'évolution des cours, alors qu'à l'heure actuelle, ce sont seulement les prix des biens qui les amènent à évaluer l'inflation.

    Il convient toutefois de demeurer extrêmement prudent ; j'en ai fait état dans mon Or des fous : c'est une chose de disposer de réserves d'or en dur, c'en est une autre d'échanger des dollars contre des titres adossés à l'or ! Je reprends ce que je disais début septembre :

    Nombre de ces titres n'ont pas de contrepartie. Le marché financier a donc produit ce que l'auteur appelle des junk-securities, c'est à dire des placements censés être sûrs qui ne valent rien : si jamais le marché s'affole et réalise qu'il n'existe pas les stocks d'or suffisants pour couvrir la demande en produits dérivés, il risque de revendre des titres qui ne vaudront plus rien, au risque d'une catastrophe financière. La valeur papier serait 200 fois supérieure à la valeur matérielle !

    Il y a là, me semble-t-il, les ingrédients d'une crise de même type que celle des subprimes.

    Zoellick appelle enfin Chine et USA à agir, la première en développant davantage sa demande intérieure et en contrôlant à un niveau acceptable ses exportations, les seconds en réduisant leur dette. Ce que l'on constate, in fine, c'est que les deux principales puissances économiques mondiales mettent en danger le reste de la planète par égoïsme. L'Europe va devoir faire entendre sa voix, et cela ne va pas être simple. Espérons que Nicolas Sarkozy sera à la hauteur des enjeux qui attendent la nouvelle présidence du G20, car la diplomatie devra être de haut vol pour trouver des issues satisfaisantes.

    A lire : un point de vue de Libertas (pas le même que le mien) sur la pertinence de l'or comme monnaie naturelle.

  • L'Or des fous

    On reconnaît souvent les périodes de crise au rôle de l'or au plus fort d'entre elles. Domenico, un contributeur du Cercle des Échos, a tenté, dès le mois de juin, de mettre en garde contre la spéculation de folie qui touche les produits dérivés adossés à l'or. La pratique la plus courante, c'est d'acheter un tracker or ; un tracker est un titre bancaire censé refléter fidèlement un indice boursier. Il est en principe adossé à des réserves physiques de matières premières s'il s'appuie sur un indice ad hoc. Le problème, c'est que la demande est tellement monstrueuse que la hausse des cours de ces trackers est devenue vertigineuse. Il n'y a vraisemblablement donc plus de rapport réel entre les réserves en or et les titres vendus. En un an, depuis septembre dernier, l'once d'or s'est appréciée de 25%.

    Ce qui inquiète l'auteur de l'article, c'est que plusieurs États commencent à liquider des positions exprimées en dollars pour acheter à la place des titres adossés à l'or. Or, nombre de ces titres n'ont pas de contrepartie. Le marché financier a donc produit ce que l'auteur appelle des junk-securities, c'est à dire des placements censés être sûrs qui ne valent rien : si jamais le marché s'affole et réalise qu'il n'existe pas les stocks d'or suffisants pour couvrir la demande en produits dérivés, il risque de revendre des titres qui ne vaudront plus rien, au risque d'une catastrophe financière. La valeur papier serait 200 fois supérieure à la valeur matérielle ! Tiens tiens...cela ne vous rappelle rien, vous ? Un truc genre subprimes, quoi...

    Les cours de l'or, in fine, ne risquent pas de s'effondrer, loin de là, et mieux vaut en acheter en dur, à l'heure actuelle, quitte à en acheter, mais l'or de papier, lui, pourrait bien connaître le sort des assignats d'un certain Law, quelques années avant une révolution qui changea le sort d'une partie non-négligeable de l'humanité...

    Certains ne s'y sont pas trompés, et les sociétés qui rachètent des bijoux en or à des particuliers se multiplient, comme en faisait état Le Figaro le 30 août dernier. Mieux, en grande surface, à Carrefour ou à Auchan, par exemple, on échange des bons d'achat contre de l'or.

    Dans le jeu de rôle Donjons et Dragons, il existait, dans la seconde édition des règles, un sortilège de magicien, basé sur la magie d'illusion, qui répondait au nom évocateur d'Or des fous :

    Grâce à ce sort, des pièces de cuivre ou des objets en alliage de cuivre peuvent être changés en or, pour un temps limité. La zone d’effet est de 150 centimètres cubiques par niveau, soit un volume de 5 x 5 x 6 cm ou l’équivalent, ce qui représente environ 150 pièces d’or. Toute créature voyant "l'or" bénéficie d'un jet de sauvegarde contre la Magie, pouvant être ajusté par sa Sagesse ; pour chaque niveau du magicien, la victime doit retirer 1 à son jet de dé. Il est donc peu probable que l’Or des Fous soit détecté s’il est créé par un magicien de haut niveau. Si "l’or" est frappé durement par un objet de fer pur, il existe une petite chance pour qu’il retrouve aussitôt son état naturel, en fonction de l’élément matériel utilisé pour le créer.

    Les concepteurs des produits dérivés sont à n'en pas douter des magiciens d'un niveau incommensurable...

     

  • Corruption, ça ne rigole pas à la BNP

    Eh bing !  c'est le Figaro qui l'annonce : le numéro quatre de la BNP, Jacques-Philippe Marson (je ne sais pas pourquoi le Figaro titre Jean, il s'appelle Jacques !), impliqué dans une tentative de récupération de commissions illégales s'est fait révoquer tout aussi sec. Pour l'instant, il n'est pas aisé de dénouer l'écheveau de l'affaire : il aurait tenté de récupérer des commissions à l'occasion du financement d'une mine d'or au Mali, via une Société Anonyme implantée en Belgique. Un bon scénario de film. Seulement, voilà, ses avocats font valoir qu'il y a en réalité tentative d'extorsion de fonds par le propriétaire de la mine, un homme d'affaires local du nom d'Aliou Diallo. Je m'étais demandé pourquoi il avait été démis de ses fonctions, le 26 novembre dernier. A mon avis, vu la tournure que prennent les choses, ça chauffe entre l'ancien Directeur Général de Securities Service et la banque. Il avait rejoint la BNP en 1998 après avoir été conseiller auprès de Juncker. Il aurait cherché à toucher 6% des 200 millions de dollars nécessaires à l'exploitation de la mine, via la société anonyme.

    Je n'ai pas réussi à avoir le fin mot de l'histoire, mais un titre de la lettre A (zut, faudrait que je m'y abonne à celle-là, elle a l'air d'avoir souvent des infos intéressantes), laisse à penser qu'il y aurait de sourdes luttes internes et notamment des lettres de dénonciation anonymes à la clef...Plusieurs lettres auraient été adressées à Baudoin Prot cet été ainsi qu'à plusieurs membres du comité exécutif. Des lettres très bien informées.

    En tout cas, la réaction de la BNP me semble augure une véritable volonté de transparence et le choix clair et net de demeurer conforme à une éthique professionnelle. Le caractère singulier de cette révocation donne également à penser qu'il s'agit d'un cas isolé, vraisemblablement un épiphénomène. Je n'en attends pas moins la suite du feuilleton avec intérêt ; comme je l'ai dit, il y a là tous les ingrédients d'un bon polar...