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Corruption, ça ne rigole pas à la BNP

Eh bing !  c'est le Figaro qui l'annonce : le numéro quatre de la BNP, Jacques-Philippe Marson (je ne sais pas pourquoi le Figaro titre Jean, il s'appelle Jacques !), impliqué dans une tentative de récupération de commissions illégales s'est fait révoquer tout aussi sec. Pour l'instant, il n'est pas aisé de dénouer l'écheveau de l'affaire : il aurait tenté de récupérer des commissions à l'occasion du financement d'une mine d'or au Mali, via une Société Anonyme implantée en Belgique. Un bon scénario de film. Seulement, voilà, ses avocats font valoir qu'il y a en réalité tentative d'extorsion de fonds par le propriétaire de la mine, un homme d'affaires local du nom d'Aliou Diallo. Je m'étais demandé pourquoi il avait été démis de ses fonctions, le 26 novembre dernier. A mon avis, vu la tournure que prennent les choses, ça chauffe entre l'ancien Directeur Général de Securities Service et la banque. Il avait rejoint la BNP en 1998 après avoir été conseiller auprès de Juncker. Il aurait cherché à toucher 6% des 200 millions de dollars nécessaires à l'exploitation de la mine, via la société anonyme.

Je n'ai pas réussi à avoir le fin mot de l'histoire, mais un titre de la lettre A (zut, faudrait que je m'y abonne à celle-là, elle a l'air d'avoir souvent des infos intéressantes), laisse à penser qu'il y aurait de sourdes luttes internes et notamment des lettres de dénonciation anonymes à la clef...Plusieurs lettres auraient été adressées à Baudoin Prot cet été ainsi qu'à plusieurs membres du comité exécutif. Des lettres très bien informées.

En tout cas, la réaction de la BNP me semble augure une véritable volonté de transparence et le choix clair et net de demeurer conforme à une éthique professionnelle. Le caractère singulier de cette révocation donne également à penser qu'il s'agit d'un cas isolé, vraisemblablement un épiphénomène. Je n'en attends pas moins la suite du feuilleton avec intérêt ; comme je l'ai dit, il y a là tous les ingrédients d'un bon polar...

Commentaires

  • tant mieux si une banque se décide à jouer le jeu ...
    en ce qui concerne la lettre A, je suis abonnée à sa newsletter, des titres ronflants, mais après paiement (il s'agit d'un porte-monnaie électronique) plus grand chose dans l'article... très cher pour ce que c'est !

  • Wassoul’Or SA : Le fossoyeur démasqué.
    14/01/2010 03:59:00 LE REPUBLICAIN
    Taille de la police:

    Suite à des rumeurs au sujet de la suspension de M. Jacques-Philippe MARSON de ses fonctions de PDG de BNP PARIBAS SECURITIES SERVICES, Mr Aliou Boubacar DIALLO, PDG de Wassoul’Or et PDG de MANSA MOUSSA GOLD FUND nous a donné sa version. En effet, ne souhaitant pas que ses propos soient interprétés par certains comme un « faux fuyant » aux retards connus dans la mise en exploitation industrielle de la mine d’or de Wassoul’Or SA, M. DIALLO a insisté auprès de nous que les enjeux de cette cabale contre son entreprise et le Mali entier lui imposaient d’éclairer l’opinion publique avec la vérité des faits.
    JACQUES-PHILIPPE MARSON, précédemment PDG de BNP PARIBAS SECURITIES SERVICES jusqu’au 27 Novembre 2009, avait obtenu un mandat exclusif pour la vente future d’une partie de la production de la mine d’or de Wassoul’Or SA à travers MANSA MOUSSA GOLD FUND. Le « hedging » est une pratique courante et normale souvent utilisée par les sociétés minières qui consiste à vendre par anticipation une partie de la production future de la mine à un prix donné.
    Dans le cadre de cette opération de « hedging », le mandat exclusif que JACQUES-PHILIPPE MARSON a obtenu auprès de MANSA MOUSSA GOLD FUND avait une validité d’un mois et avait expiré en fin Octobre 2008. Ce mandat accordé à Jacques-Philippe Marson consistait à vendre des certificats d’une maturité de trois ans de MANSA MOUSSA GOLD FUND, partenaire de la mine d’or Wassoul’Or SA, au prix courant de l’or à cette période, avec une garantie de protection contre la baisse du prix de l’or et une garantie de rendement sur la même période.
    JACQUES-PHILIPPE MARSON, alors PDG de BNP PARIBAS SECURITIES SERVICES, a souhaité le renouvellement du mandat à la fin Octobre 2008, ce qui lui a été accordé. Le 6 décembre 2008, JACQUES-PHILIPPE MARSON me confirme que la transaction a été acceptée sur la base des 800 USD l’once, et que le paiement se fera par sa banque directement en faveur du dépositaire Canadien du fonds.
    Le 7 Décembre 2008, JACQUES-PHILIPPE MARSON demande officiellement de lui préparer et envoyer les deux certificats d’une maturité de trois ans correspondants à la transaction pour une contre valeur de 200 Millions USD, l’engagement de paiement de la commission et le bulletin de souscription dûment signé par moi-même et MOSTAFA BELKHAYATE et que la garantie associée à cette transaction soit émise par le dépositaire du fonds.
    Tous ces documents (bulletin de souscription, certificats, lettre de garantie et engagement de paiement de la commission) lui ont été envoyés par le dépositaire comme il l’avait demandé.
    Après trois renouvellements du mandat de JACQUES-PHILIPPE MARSON à sa demande, il confirme le 21 décembre 2008 que le dossier est complet et bouclé, c’est à dire que le client a signé le bulletin de souscription, qu’il a reçu les deux certificats et la lettre de garantie et que la compliance déontologie de BNP PARIBAS SECURITIES SERVICES a accepté la transaction.
    Entre-temps la mine d’or continuait avec succès les essais de la petite unité expérimentale d’une capacité maximale de traitement de 1000 Tonnes de minerais /Jour. Cette usine expérimentale a été construite grâce aux efforts des premiers investisseurs de MANSA MOUSSA GOLD FUND qui était la première étape du programme de construction d’une première grande usine de traitement de 11000 Tonnes de minerais /Jour sur le même site et sur la même plateforme.
    Même les rejets de cette usine expérimentale avaient une teneur en or avoisinant 1 gramme/tonne. Wassoul’or SA, avec ses coûts de production qui sont très bas, parce que n’utilisant pas de produits chimiques, a un seuil de rentabilité autour de 0,2 gramme/tonne. Cela confirme que même les rejets de cette mine constituent un gisement rentable.
    Comme tout financement important, il y a un usage de fonds qui est prévu.
    Dans le cadre de ce financement des 200 Millions USD, les usages prévus étaient les suivants :
    1. Finition de la grande usine d’une capacité de 11000 Tonnes de minerais /Jour et avec paiement des sous-traitants et des fournisseurs du projet qui avaient accordé des délais de paiement.
    2. Financement de l’agrandissement de la capacité de l’usine sur une plateforme différente pour atteindre une capacité de traitement journalière de 21000 Tonnes de minerais /Jour.
    3. Financement du développement de l’exploration sur les 98 KM² restants du permis d’exploitation qui contient quatre autres gisements d’or satellites (KOBADA, DAOULILA, SATIGUILA et TRAORELA qui est le placer d’orpaillage traditionnel sur lequel la pépite de 2,7Kg a été ramassée l’année dernière).
    4. Une partie du financement devait servir à l’acquisition des propriétés minières aurifères voisines en exploitation ou en niveau avancé de l’exploration dans le but d’augmenter la capacité de collecte d’or fin par MANSA MOUSSA GOLD FUND.
    5. Il était prévu de modifier les statuts de MANSA MOUSSA GOLD FUND en vue d’inclure dans son champ d’activités le diamant et le pétrole pour lui permettre de financer cette diversification. En rappel, étant promoteur de Wassoul’Or SA, je suis également présent dans l’exploration du diamant, du pétrole et du gaz au Mali.
    6. Un paiement anticipé des dividendes à l’état du Mali était prévu.
    7. Comme tout financement, il fallait également payer une commission de placement.
    Voici résumé l’usage des fonds dans le cadre du financement des 200 Millions USD.
    Il n’a jamais été prévu de rembourser les souscripteurs de MANSA MOUSSA GOLD FUND par ces fonds. Par contre, ce financement aurait permis de finir très vite la grande usine pour permettre à Wassoul’Or SA et MANSA MOUSSA GOLD FUND d’être à la hauteur des remboursements prévus par l’or provenant de la mine comme précisé dans le mémorandum du fonds. En plus de cette possibilité que le mémorandum de MANSA MOUSSA GOLD FUND nous permet d’utiliser, il est proposé aux souscripteurs de MANSA MOUSSA GOLD FUND qui le souhaitent d’opter soit pour le renouvellement de leurs souscriptions ou l’appel à la garantie qui permet au souscripteur d’être actionnaire de la mine.
    Pour diverses raisons, en cas de retard de la mise en production, notamment pour des problèmes liés au financement, la majorité des souscripteurs de MANSA MOUSSA GOLD FUND ont opté pour ces deux dernières possibilités qui leur sont offertes.
    Les actionnaires de MANSA MOUSSA GOLD FUND sont garantis par un actif minier qui a été expertisé en 2009 par des experts de renom. Cette mine a fait aussi l’objet d’études récentes en 2009 par des sociétés internationales de renom avec une valorisation de plus de 1 Milliard USD sur seulement les 2% connus de la superficie du permis d’exploitation qui ont fait l’objet des essais de production de gros volume.
    A date, MANSA MOUSSA GOLD FUND a enregistré des demandes de conversion de ses investisseurs d’un montant de plus de 70 Millions d’Euros correspondant à environ 10% de la mine.
    Nous sommes bien loin du scénario de déshabiller Jean pour habiller Paul.
    Après cette parenthèse sur l’usage prévu du financement, la présentation de la mine et le fonctionnement de MANSA MOUSSA GOLD FUND, revenons sur le paiement annoncé le 21 décembre 2008 par JACQUES-PHILIPPE MARSON, alors PDG de BNP PARIBAS SECURITIES SERVICES, et oui, aussi incroyable que cela puisse paraître et après d’autres renouvellements de son mandat à sa demande jusqu’au 15 Février 2009, nous n’avons toujours rien reçu.
    Fort de la confiance qu’on avait dans la finalisation de ce financement, nous avions annoncé au ministère des mines l’ouverture officielle de la grande usine pour Avril 2009 et nous avions décidé d’arrêter les essais de la petite usine et de démonter sa chaîne de concassage et de broyage pour nous concentrer sur la finition de la construction de la grande usine qui se trouve sur le même site et le même plancher que la petite usine.
    Cette décision permettait, avec l’obtention du financement annoncé par JACQUES-PHILIPPE MARSON, de terminer en quatre mois les travaux restants de la grande usine et de respecter ainsi le délai d’ouverture officielle annoncée au ministère.
    Aussi pour des raisons de sécurité du personnel et de l’or provenant de la petite usine, cette décision d’arrêt des essais était incontournable parce que continuer de produire et construire la grande usine sur la même plateforme était trop risqué.
    Dès l’arrêt de la petite unité, les sous-traitants se sont mis sur le chantier avant même d’être payés pour avancer dans la construction du projet de la grande usine.
    Vu que le financement annoncé par JACQUES-PHILIPPE MARSON n’a jamais été reçu, la date d’ouverture officielle annoncée a été reportée avec toutes les conséquences qui en découlent.
    Suite à l’avortement de ce financement, MANSA MOUSSA GOLD FUND a demandé le retour des documents envoyés et reçus par JACQUES-PHILIPPE MARSON. Après plusieurs demandes et relances du dépositaire Canadien, JACQUES-PHILIPPE MARSON a fini par retourner les certificats et les bulletins de souscription en effaçant la signature et le nom de l’investisseur, en y mettant la mention « annulé ».
    Nous avons informé la direction générale de BNP PARIBAS de cette situation qui a pris des sanctions contre JACQUES-PHILIPPE MARSON en le suspendant de ses fonctions de PDG de BNP PARIBAS SECURITIES SERVICES le 27 novembre 2009.
    Le prétexte trouvé aujourd’hui par JACQUES-PHILIPPE MARSON, qui consiste à dire que c’est du Madoff Malien pour justifier son attitude irresponsable et préjudiciable, c'est-à-dire que l’investissement aurait été utilisé pour payer d’autres investisseurs de MANSA MOUSSA GOLD FUND est tout simplement diffamatoire. L’investissement n’a pas été fait et spéculer sur ce qui serait fait au cas où il aurait été réalisé est calomnieux et infamant.
    Après avoir reçu toutes les contreparties exigées par JACQUES-PHILIPPE MARSON, promettre, assurer, confirmer et annoncer le paiement de 200 Millions USD en faveur d’un projet vital pour l’économie d’un des pays les plus pauvres du monde, comme le Mali, et l’annuler frôle les génocides économiques.
    Ce qui a été fait par le management de MANSA MOUSSA GOLD FUND est courageux et élogieux, il a anticipé une hausse du prix de l’or et il l’a partiellement garanti en l’adossant à un actif minier réel.
    Cette façon innovante de concevoir des financements des projets dans le secteur minier permet aux Africains de garder le contrôle d’un secteur à fort potentiel de valeur ajoutée pour le grand bonheur des peuples Africains.
    Rappelons que ce que MANSA MOUSSA GOLD FUND et Wassoul’Or SA ont fait mérite respect et considération en ces moments de crise sans précédent sur les marchés financiers, où toutes sortes de vendeurs d’illusion proposent des produits financiers recommandés par des analystes qui savent prédire ce qui s’est passé hier derrière des parapluies et des couvertures, tout en laissant les clients investisseurs s’exposer sans garantie.
    En cinq ans, MANSA MOUSSA GOLD FUND a garantit 100% du rendement basé sur la hausse du prix de l’or, et sur la même période, l’or a enregistré une augmentation de plus de 200%.
    En l’or nous croyons, le Mali a une crédibilité certaine dans la production du métal jaune, nous sommes convaincus que nous sommes dans un cycle haussier, nous l’avions anticipé et le marché nous a donné raison.
    Nous résisterons à toutes tentatives de déstabilisation qui ne cherchent qu’à précipiter les bons projets Africains sous le contrôle des prédateurs.

  • @PRX
    Très intéressante cette explication. Merci de l'avoir publiée, j'ai compris.
    En somme la ligne de défense de Marson, c'est de dire qu'il a annulé le prêt parce que la société minière présentait des risques.
    Bon...et l'histoire de la commission demandée, alors, est-ce que vous pouvez nous en dire plus ? Est-ce qu'il y a eu une rétro-commission demandée sur les 200 millions ?

  • Les projets miniers se prêtent facilement aux spéculations, montages juridiques acrobatiques et interprétations divergentes, puisque tant que le minerai ne sort pas, on n'a qu'une idée approximative des coûts et du rendement.

    Dans le billet comme le commentaire signé P RX, il reste trois points qui sont confus (en tout cas pour moi) et qui me semblent les seuls importants :

    * y a-t-il eu des commissions illégales versées par qui à qui,

    * qui est en cause dans l'affaire : M. Marson intervenait-il en son nom propre ou était-ce la BNP représentée par M. Marson ?

    * qu'est-ce qui atteste que le montant d'investissement annoncé correspondait au coût du projet ? (s'il était très supérieur au coût du projet, cela laisse penser que celui-ci était en partie un projet prétexte, canal vers d'autres destinataires, à la façon du projet polonais évoqué au tome I du roman "Millenium").

  • @Fred
    voilà, moi aussi, j'aimerais avoir des compléments d'information. Je vois bien le titre d'un prochain billet : l'or du Mali.

  • Je trouve dans Le Monde la réponse à la question 2 : c'était une intervention personnelle de M. Marson, la BNP n'était pas financièrement partie prenante.

    "L'or du Mali" : les empires du Ghana (qui se trouvait au Mali actuel) puis du Mali étaient, au Moyen Age, les Etats les plus riches du monde grâce à leurs mines d'or.

    Richesse virtuelle à vrai dire car l'or ne sert que s'il y a quelque chose à acheter : l'essentiel de la valeur du commerce international était consommée par la traversée du Sahara. La valeur réelle des importations était donc faible.

    A un moment de l'histoire, cette richesse a été visible de l'étranger : le pélerinage à La Mecque de l'empereur (Mansa) Kankan Moussa, auquel le nom de la société fait référence. Il a fait de telles dépenses que le cours de l'or a été déprimé pour des années à La Mecque. Il en est revenu avec des architectes qui ont créé le fameux style "soudanien" (mosquées de Djenné ou Mopti…).

    L'ouverture des routes commerciales maritimes par les navigateurs portugais et méditerranéens aurait pu faire du Mali l'équivalent de l'Arabie actuelle, un Etat riche et rentier dans la mondialisation. Mais elle a eu l'effet inverse : la découverte du Nouveau Monde, capable de produire environ 10 fois plus d'or que le Mali, a ruiné celui-ci.

    La rente commerciale est passée des commerçants transsahariens berbères et arabes, aux galions espagnols. Jusqu'à ce que la marine britannique prenne le contrôle des mers, etc.

  • Je trouve ça bien que BNP Paribas n'ait pas cherché à cacher cette histoire ça montre qu'elle vraiment à être transparente et sincère envers ses clients.

  • @damdam
    Je crois que la direction ne rigole vraiment pas avec ce genre de choses, en effet.
    @Fred
    tiens, merci pour l'historique : intéressante, la remarque sur la valeur bouffée par la traversé du Sahara...

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