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consommation

  • Un socialiste reste un socialiste, même réformateur...

    Il y a encore deux jours, je commençais à presque regretter de ne pas avoir voté pour un socialiste (c'était un candidat PRG en fait) au second tour de l'élection législative car les décisions gouvernementales me semblaient commencer à aller vraiment dans le bon sens. 

    Un point toutefois me chagrinait : la droite le dit et elle n'a pas tort de le dire, les entreprises françaises ont besoin d'un choc de compétitivité. Ayrault, paraît-il, réfléchit à un allègement des charges des entreprises et Bayrou s'en réjouissait même. Réfléchir, c'est bien, mais in fine quel est le constat ?

    En pleine crise, aucune mesure et, pire encore, le gouvernement s'apprête à revenir sur le statut d'auto-entrepreneur. J'avais jugé cette mesure bien trop inaboutie sous le gouvernement Fillon mais elle avait au moins le mérite de stimuler l'esprit d'initiative, en dépit de ses travers et de ses limitations.

    La mesure prise par le gouvernement revient à faire payer tous ceux qui envisagent de devenir auto-enrepreneur même quand ils ne font pas de chiffre d'affaire. Radical pour tuer l'esprit d'entreprise.

    Bien sûr, je suis content de voir les Socialistes s'attaquer au déficit budgétaire, je ne vais pas dire le contraire, mais ils le font avant toutes choses à coups d'impôts et pourraient de ce fait entrer très vite dans un cercle vicieux si notre pays ne parvient plus à produire de richesses.

    Monteboug qui jouait les matadors s'est reconverti dans celui du pompier incendiaire. La gauche essaie coûte que coûte de limiter les dégâts en pertes d'emploi, mais la vie économique des entreprises ne se décrète pas...

    L'équation est en réalité simple et elle sera douloureuse d'une manière ou d'une autre :

    - soit les entreprises paient mais leur compétitivité en sera affectée et mécaniquement des baisses de recettes s'ensuivront sur les impôts parce qu'elles ne feront plus assez de bénéfices

    - soit le salarié paie et et dans ce cas, il y aura des conséquences sur la consommation ; tout dépendra alors des choix effectués par le consommateur. S'il réduit la voilure sur les biens d'importation (par exemple la high-tech), notre balance commerciale s'en réjouira mais tout le secteur commercial en souffrira.

    - soit l'État réduit ses dépenses, et là, il faut commencer à bien considérer lesquelles. L'État ne peut qu'abandonner certaines missions car je ne crois pas vraiment qu'il soit possible de maintenir un même service avec des moyens en baisse. Ce qui n'empêche pas de chasser les gaspillages (90% des agences Branquignol et Guignolo dont la Cour des Comptes dénonçait l'enflure démesurée par exemple...).

    Le problème, si l'État réduit ses dépenses c'est que cela peut impacter la protection sociale. On dit la France un pays riche, mais le salaire de bien des travailleurs, rapporté au coût de la vie, les réduit souvent à une situation personnelle proche de la précarité. 

    Quand je lis les solutions proposées par mon affreux libéral favori, je constate qu'il renvoie tout aux accords passés entre individus. Mais que deviennent alors les plus faibles ? Tributaires des aléas du Charity Business, s'il n'y a pas plus d'état ?

    Je ne crois pas aux solutions simples car nous vivons dans un monde complexe. On dit souvent qu'il faut en finir avec les normes. Dans l'idéal, je suis en phase avec cette volonté, mais si le résultat final, c'est l'opacité totale sur ce que l'on consomme parce qu'il n'y a à la fois pas d'information et plus de normes, le remère est pire que le mal !

    Le devoir d'information du consommateur, de l'usager, des contractants, devrait être la règle numéro un du marché. La transparence, en somme. Au fond, cela ne me gêne pas tant que cela que certains se satisfassent d'OGM, mais qu'on ne me les impose pas et que l'on soit certain également qu'une grave crise sanitaire en forme de bombe à retardement ne se cache pas derrière, car, même si elle ne me concerne pas directement, j'estime que la société n'est pas seulement le fruit d'une coalition d'intérêts bien compris et réciproques mais aussi un contrat solidaire, y compris avec les individus pour lesquels je n'ai aucune affinité personnelle.

  • Actions de groupes, les consommateurs l'ont dans le baba...

    Je l'avais annoncé il y a quelque temps déjà, mais en voici la confirmation : les géants de l'agro-alimentaire, de a confection, de la distribution et cetera pourront continuer à nous entuber en toute légalité et il sera toujours aussi difficile de se défendre pour les consommateurs, a fortiori avec une justice qui ferait passer un escargot pour un pur-sang...Parole d'un expert : 

    Robert Rochefort, député européen et responsable de l'Économie au sein du Shadow Cabinet, estime que "le gouvernement renonce à mettre en place les actions de groupes en faveur de la défense des consommateurs", dans un entretien accordé au journal La Tribune.

    Est-ce la fin du projet de "class action" à la française ? Selon Robert Rochefort, député européen, vice président du MoDem en charge des questions économiques, "le gouvernement renonce à mettre en place les actions de groupes en faveur de la défense des consommateurs en France. 

    A plusieurs reprises déjà, Bercy avait reporté l’instauration dans notre pays du système des « class-actions », tout en affirmant avec une grande hypocrisie qu’il en soutenait le principe. Mais en installant hier la Commission de médiation de la consommation, Hervé Novelli a tombé les masques et clairement pris le parti du Medef farouche opposant depuis toujours aux actions de groupe." 

    Robert Rochefort, également spécialiste des questions de consommation, estime que "la médiation, en ce qu’elle évite des procédures judiciaires est souvent une formule excellente mais elle ne peut en aucun cas régler tous les litiges collectifs or elle devient un contre-feu dressé contre la mise en place des actions de groupe. 

    Lorsque ce sont des centaines de consommateurs – voire plus – qui sont lésés pour une somme significative mais de montant modéré, seule leur mobilisation collective, en disposant d’un instrument adéquat, peux leur permettre d’obtenir réparation. C’est à la fois un droit et un moyen précieux de dissuasion à l’égard des abus, dont se sont dotés de nombreux pays. 

    Les médiateurs chargés de traiter les désaccords entre les entreprises et les consommateurs font souvent un travail très utile mais il leur arrive aussi de ne pas jouir de l’indépendance absolue nécessaire par rapport aux producteurs et aux distributeurs qui les rémunèrent. De plus, ils ont fréquemment des réflexes « pro-entreprises », car ils sont souvent des anciens collaborateurs ou des retraités de ces entreprises, ce qui en conséquence ne devrait jamais être le cas. 

    Dès lors, on comprend que l’UFC-Que choisir et la CLCV, les deux plus importantes associations de consommateurs aient décidé de boycotter cette commission la rendant du coup encore moins crédible. Le droit aux actions de groupe reste donc à conquérir. Le mouvement démocrate sera aux côté des consommateurs dans ce combat, notamment à l’occasion de la prochaine élection présidentielle."

     

     

  • Yesss : le cybermonday !

    Tiens, je vais faire ma fashionita, avec le cybermonday. Le cybermonday, c'est une semaine pendant laquelle de nombreux acteurs de la vente en ligne s'engagent à proposer des promotions attractives à leurs e-clients.

    Cette année, ce sont 290 enseignes et marques qui participent à l'opération. Votre serviteur s'est donc rendu sur le site qui récapitule les principales offres, et, à vrai dire, il a été passablement déçu. Quelques misérables promotions tournant autour de 10 à 20% en moyenne. Pas de quoi casser trois pattes à un canard. Il y a tout de même quelques enseignes qui ont fait, un effort, je pense particulièrement à la Source Quelle. Évidemment, ils sont malins : on voit en gros -75% sur tout le magasin sur la page d'accueil de leur site, et on se frotte déjà les mains, sauf que, juste au-dessus du 75, il y a écrit en tout petit, à peine visible «jusqu'à». Astucieux non ? J'ai tout de même fait un tour du magasin en ligne, et il y a objectivement de très bonnes affaires, même si, bien entendu, tout n'est pas à -75%. Les Trois Suisses ont fait aussi un effort (bien moindre, toutefois) avec de bonnes promotions (plutôt de l'ordre de 40%).

    Le reste, franchement...bof ! Attention à bien passer par le portail cybermonday, certains sites pouvant se réclamer de cette semaine particulière sans en respecter la charte et les engagements. En ces temps de fêtes, l'arnaque n'est jamais loin. D'ailleurs, pour être certain de ne pas tomber sur des truands, tapez "arnaque" ou "litige" suivi du nom de l'enseigne dans un moteur de recherche. S'il y a trop de résultats, méfiez-vous d'emblée.

    Comme je n'ai honte de rien (sautons sur l'occasion) j'en profite pour signaler une promo au MoDem :-) Offrez une adhésion au MoDem à vos amis. Cotisation ramenée à 5 euros en cas de difficultés financières. Bénéficiez de 66% de réduction (crédit d'impôt) sur le montant de votre adhésion. Vous êtes par exemple au RMI, et vous voulez soutenir l'action du Mouvement Démocrate : votre adhésion vous coûte en principe 5 euros. Mais, avec le crédit d'impôts, elle ne vous revient plus qu'à 33% de 5 euros, soit, 1.66 euros, et tout cela pour une année, avec une validité de deux années pour les votes. Trop génial, non ?

    Notez que si vous tapez dans un Moteur de recherche "Mouvement Démocrate litige" ou, en langage boléen Mouvement Démocrate AND litige" mis à part le règlement intérieur, vous ne trouverez pas grand chose, et encore moins pour l'item "arnaque". C'est donc une enseigne honnête et sans histoires :-D

    Notez également que nous avons, au MoDem, avec Robert Rochefort, ex-directeur du CREDOC et actuel eurodéputé, un spécialiste du commerce et de la consommation. Il est donc tout à fait à même de répondre à des questions sur les ventes en ligne, il connaît bien le sujet. Il répond quand on lui pose des questions sur son site via le formulaire de contact...

  • Assises de la consommation : où le MoDem reparle des Class actions

    Corinne Lepage et Robert Rochefort, députés européens du Mouvement Démocrate, ont réagi à la tenue lundi 26 octobre d'Assises de la consommation, organisées à l'initiative du gouvernement.

    Corinne Lepage juge ces assises "très décevantes" alors que Robert Rochefort demande à Hervé Novelli de "revoir sa copie". Les deux députés défendent l'importance de la mise ne place d'actions collectives ou class actions.


    Pour Robert Rochefort, député européen et rapporteur pour l'ADLE dans le cadre de la discussion du projet de directive sur les droits des consommateurs : "Ces assises ont été une vaste mascarade que ce soit en terme d’organisation, de participation des associations de protection des consommateurs (absence de l'UFC-Que Choisir et non caution de la CLCV) ainsi qu’en matière de propositions émises. Le gouvernement nous avait dit qu’il voulait aider les consommateurs, ill a fait deux erreurs majeures :

    La première, c’est qu’il entérine une fois de plus le report des class actions sous l’influence du MEDEF en restant au niveau de la médiation. Oui, il faut privilégier la médiation quand c’est possible mais c’est loin d’être suffisant, on ne peut pas régler tous les problèmes comme cela. On a d’un côte des marchés où l’on a uniquement 2 ou 3 opérateurs et en face des millions de personnes. Les citoyens-consommateurs doivent disposer d’une arme pour se défendre et cette arme s’appelle les actions de groupe.

    La seconde réside dans cette proposition de « super agrément » nécessitant pour les associations de gagner des « unités de reconnaissance ». Mais depuis quand est-ce à l’Etat de décider quelle association doit exister ou non ?

    Je demande donc à Mr Novelli de revoir sa copie, de supprimer ce « super agrément » et  de mettre en place rapidement le principe des class actions en France, comme Nicolas Sarkozy s’y était engagé. A partir du moment où cela sera fait, les associations se regrouperont d’elles-mêmes pour peser d’avantage."


    Corinne Lepage : des Assises de la consommation "très décevantes alors que le sujet est majeur"

    Pour Corinne Lepage, députée européenne, les Assises de la Consommation, qui se tenaient aujourd’hui à l’initiative du gouvernement, « sont très décevantes, alors que le sujet est majeur. La montée en puissance du pouvoir des consommateurs, qui constitue en réalité le contre-pouvoir le plus puissant pour protéger la santé publique et assurer la protection du cadre de vie et des ressources naturelles, est une nécessité politique autant qu'économique » a-t-elle déclaré.
    « Nous avons besoin d’un mouvement consumériste fort en France. 17 ou 19 associations de consommateurs c’est évidemment le bon moyen de diviser tout le monde et de n’avoir aucun pouvoir du consommateur face au producteur. Je suis donc favorable à tout ce qui peut renforcer le mouvement consumériste y compris en essayant de favoriser de très grandes associations comme c’est le cas dans d’autres pays. Renforcer les associations de consommateurs, oui mais ça veut dire dans le même temps leur donner d’avantage de droit et d’avantage de moyen au niveau de la justice. C’est la raison pour laquelle je défends le principe des class actions. Seule l'action de groupes, ouverte largement - sous réserve d'un encadrement très strict des avocats - peut permettre de rétablir un équilibre entre les producteurs qui veulent plus de liberté et des consommateurs qui veulent plus de sécurité et de juste prix. » a-t-elle ajouté.

    « À moyen terme, bien loin d'être une menace pour l'activité économique nationale ou européenne, l'action de classe constitue au contraire un outil de moralisation des choix, d’allégement de la charge publique (qui en cas contraire est contrainte de payer pour les vrais responsables comme dans le cas de l'amiante ou du sang contaminé) et de pérennité des entreprises qui ont fait le seul choix qui vaille : celui de la soutenabilité », a-t-elle conclu.

  • Seule avec des enfants, une aube sans promesse

    Je repensais, tout récemment, à une lecture ancienne : la promesse de l'aube, de Romain Gary. Il s'agit d'une autobiographie. S'il y a bien une figure marquante, dans cet ouvrage, c'est celle de la mère de Romain Gary, qui, seule et sans mari, parvient à faire de son fils, à force d'énergie sans faille, un homme.

    J'ai le sentiment qu'aujourd'hui, ce ne serait plus possible. Plus possible, si l'on est seule, avec plusieurs enfants, de parvenir à s'en occuper suffisamment pour leur faire faire des études. Plus possible, surtout, si l'on est seule et sans diplômes, il est vrai.

    Le temps manque, les sources de loisir se multiplient, et, quand on est épuisée, il est difficile de résister à la tentation de laisser ses enfants devant un écran, plutôt que de lutter pour les mettre à leurs devoirs.

    Il y a comme un couperet inéluctable, dans nos sociétés, qui fait de la femme seule avec enfants la victime expiatoire du culte que nous vouons à la performance. Paradoxalement, jamais jusqu'ici notre pays n'a disposé d'une telle protection sociale, jamais l'assistance aux personnes en difficultés n'a atteint un tel niveau, et jamais, pour autant, elle n'a été aussi peu efficace, en proportion.

    Notre société de consommation est un Enfer parsemé de tentations multiples et irrésistibles. Tout le monde consomme, du plus modeste, du SDF, même, jusqu'au capitaine d'industrie ou au chef du service financier. Nous ne cherchons plus le mieux, mais le plus ; toujours plus. Aussi, dans un monde où c'est le plus que l'on recherche, et non le mieux, tout se jette et tout s'achète, rien ne se recycle.

    La force d'âme, finalement, se mesure à l'aune de la tentation et de la résistance que l'on y oppose. Facile à dire : quel plaisir que de se vautrer dans les délices du consumérisme à tout crin ! D'autant plus que ne pas consommer, dans une société de consommation, c'est forcément vivre en marge de la société, avec toutes les conséquences que cela implique en termes d'intégration. Ensuite, il s'opère une distinction entre consommer "bien" et consommer "mal", mais l'important, c'est de consommer.

    Alors, la femme seule, avec ses trois enfants, elle est un peu condamnée à consommer mal. Pas de la culture, mais du TF1 et du discount, de l'écran plat et du jeu vidéo pour ses enfants. Et si jamais elle a du mal à consommer, le crédit revolving est là pour lui offrir des solutions. Tiens, d'ailleurs, on en discute, à l'Assemblée nationale.

     

     

  • Class Actions à la trappe, une fois de plus

    J'avais bien dit que les Français se feraient avoir ; souvenez-vous de la fameuse loi de modernisation économique : le projet d'introduire des class actions en droit français en avait été retiré, je l'avais signalé, et le gouvernement avait expliqué qu'il fallait créer un groupe de réflexion sur le sujet. On sait, dans ce genre de cas, ce qu'il advient des comités Théodule. Les class actions permettent à des consommateurs lésés de se regrouper pour engager un avocat unique afin de défendre leurs intérêts respectifs. Cela limite les frais de chacun d'entre eux et permet de faire appel à des cabinets puissants et compétents.

    Or que vient d'annoncer Hervé Novelli, le 11 septembre dernier ? le report, une fois de plus, de cette introduction. Cela a fait réagir l'euro-député MoDem Robert Rochefort, qui y voit une reculade inquiétante au moment où les actions collectives sont des plus nécessaires pour protéger les consommateurs face aux importantes concentrations des entreprises. Les Class Actions figuraient pourtant dans le rapport de Luc Châtel en 2005.

    «Une fois de plus, le gouvernement, par l'intermédiaire d'Hervé Novelli, annonce le report de la mise en place des class actions (recours collectifs des consommateurs). Il cède ainsi aux pressions du MEDEF qui y a toujours été opposé, alors qu'il n'a jamais été aussi indispensable, dans un contexte de concentration des entreprises rendant de plus en plus difficile la possibilité pour un consommateur isolé de faire valoir ses droits. Il est urgent de mettre en place ce droit nouveau dans de nombreux secteurs comme ceux de la téléphonie, des transports, des assurances, de la télévision payante.»

    Le nouveau prétexte, cette fois, c'est la discussion en cours au Parlement européen. L'ADLE, le groupe auquel appartient le MoDem est plus que largement favorable à cette procédure juridique. Mais, une fois de plus, il ne faudra pas compter sur la bonne volonté du pouvoir politique français pour faire le moindre effort en ce sens. Quelle hypocrisie ! Consolation, ce sera l'Europe qui nous protègera, une fois de plus, en passant outre les intérêts locaux bien compris.

    Puisque François Bayrou compte mettre en place au plus vite son Parlement de l'Alternance avec les personnalités politiques de bonne volonté, Robert Rochefort se propose de soumettre ce premier sujet afin qu'il soit débattu.

    On en revient toujours à l'Abus de Pouvoir, finalement, tel que l'a écrit François Bayrou. Ce n'est pas que je veuille passer pour un prophète, mais j'ai dit, après la défaite des européennes, que l'on rendrait un jour justice à Bayrou de l'avoir écrit. Je ne souscris pas aisément aux thèses complotistes, mais franchement, en la circonstance, quel intérêt peut bien avoir la majorité à ne pas amener ce sujet sur le tapis si ce n'est de servir les intérêts des plus grosses entreprises ?

     

  • Les pauvres sont riches !

    J'ai commencé le livre de C.K. Pralahad, 4 milliards de nouveaux consommateurs. Passionnant ! J'avais pris connaissance de l'ouvrage grâce à un compte-rendu d'un militant (ou sympathisant MoDem).

    Une manière totalement inédite d'aborder le problème de la pauvreté. Je viens juste de commencer le 1er chapitre (le marché à la base de la pyramide) de la 1ère partie (la nouvelle création de richesses). L'idée de base est brillantissime de simplicité : en gros, il n'y a pas de petits profits, et donc, les pauvres, en dépit de revenus très faibles, constituent un marché immense, avec un pouvoir d'achat conséquent. Il y a là un immense marché latent, une société de consommateurs dont les grandes multinationales ne se sont jamais préoccupées jusqu'ici, et c'est bien cela le plus grand tort qu'elles lui ont fait, à cette société.

    Pralahad, dès ce premier chapitre balaie un certain nombre d'idées reçues. Il appelle ce marché le BOP (Bottom of Pyramid). Les pauvres représentent à ses yeux un marché viable. Leur nombre fait leur pouvoir économique. Même à 200 dollars par mois, un pouvoir d'achat, multiplié par 4 milliards de consommateurs, cela donne un marché de 800 milliards de dollars par mois ! Oui, par mois ! Une opportunité de profits monumentale. Il essaie de démontrer que contrairement aux idées reçues, mettre en place des réseaux de distribution sur ces marchés n'a rien d'insurmontable. Par exemple, nombre de sociétés rurales sont difficilement joignables, mais la connectivité sans fil, qui s'est considérablement développée change radicalement la donne. Il donne l'exemple de deux sociétés l'une indienne, l'autre brésilienne, qui ont formé aux techniques commerciales des femmes des villages, devenues ainsi leurs représentantes de commerce jusqu'au fin fond de la brousse.

    Il y a en fait, trois pré-requis à la création de la capacité de consommer :

    - un prix abordable. (c'est la base. Notons que les acheteurs pauvres aiment autant le luxe que les acheteurs riches et en consomment dans la même proportion. Ce qu'il faut, c'est le mettre à leur portée en prévoyant des unités de consommation à la mesure de ces acheteurs. Par exemple, vendre de minutes d'abonnement de téléphone portable, des doses d'huile d'olive à l'unité, et cetera...)

    - l'accès (eh oui : les acheteurs pauvres ne peuvent guère venir jusqu'aux marchandises. Il faut donc que les marchandises viennent jusqu'à eux.)

    - la disponibilité (cette dernière est très importante car les acheteurs pauvres ne peuvent généralement différer leurs actes d'achat. Il faut donc qu'ils aient à portée de manière immédiate ce qu'ils sont en mesure d'acheter un instant T.

    J'en suis là, donc je ne peux rien en dire de plus dans l'immédiat, mais ce livre m'enthousiasme. Pralahad observe que les bons sentiments et les aides diverses n'ont en rien résolu le problème de la pauvreté. Les priorités des pauvres ne sont pas forcément les nôtres. Nous pensons, nous Européens, tout de suite à l'éducation, la culture, la santé, et cetera...Comme si ces formules plaquées convenaient en tous lieux et en tous temps. De quoi amorcer une pomémique poussée sur la notion de biens supérieurs...C'est en créant des éco-systèmes de la richesse que nous pouvons envisager d'aider les populations en déshérence. Et pour cela, le mieux est de les considérer comme des consommateurs à l'égal de ce que nous sommes dans nos sociétés développées. Ce qu'il faut, désormais, c'est que les entreprises, françaises, européennes, fassent la démarche intellectuelle dans les têtes de leurs dirigeants ; mais je crois que cela commence à germer au sein de certaines d'entre-elles notamment les géants de l'agro-alimentaire.

    C'est singulier, quand j'y pense, de considérer à quel point cette analyse conforte l'interprétation autrichienne de ce qu'est un marché et le modèle catallactique en général. Passionnant. Je rigole aussi derrière mon écran en pensant à la tête des gauchistes et des gens bien intentionnés (cathos de gauche, par exemple, sans parler des tiers-mondiste, des décroissants et des alter) qui vont lire ces lignes. Une solution libérale et capitaliste pour le tiers-monde, horrescunt referrentes, hé hé hé...