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prahalad

  • Hélas, il faudra se référer à ses écrits, désormais...

    Un ami blogueur à ses heures et twitonaute averti me signalait la dernière tribune d'un groupe de haut-fonctionnaires français, les Maquizards. J'ai donc parcouru une de leurs tribunes qui portait sur la notion de pays pauvre et pays riche.

    Les Maquisards observent que les Français manquent toujours d'imagination dès qu'il faut envisager l'avenir, et, particulièrement, avaient raté le coche sur le développement des nations. Il est toujours plus aisé de prophétiser le passer que le futur, évidemment, et j'attends des analyses d'une toute autre qualité que celles qui consistent à enfoncer les portes ouvertes. Toutefois, ces remarques n'ont pas été sans me faire penser à C.K Prahalad, cet économiste indien hétérodoxe qui pensait que les pays pauvres et émergents représentaient un gigantesque marché parce qu'eux aussi consommaient. En termes de marché, c'est même un énorme marché. Le problème, c'est que nos entreprises ne savent produire que pour les pays riches et les gens riches, et se montrent incapables d'adapter leur production, leur distribution et leurs prix au "bottom up" de la pyramide, dixit Prahalad lui-même.

    Du coup, je me disais, tiens, ce serait une bonne idée que de suggérer aux instances du MoDem d'inviter Prahalad (avec un traducteur) lors d'une université populaire sur le commerce international et l'entreprise.

    Je me mets alors à effectuer une recherche sur google, et là, stupeur et consternation : Prahalad est décédé il y a très exactement un an.

    C'est vraiment quelqu'un dont l'ouvrage majeur, The Fortune at the bottom of the Pyramid, devait être un classique dans les écoles de commerce. De mon point de vue, Prahalad est le Schumpeter de ce début de siècle. Je le mets au même niveau. Son livre est traduit en français puisque je le lis :-) Je le recommande très vivement.

  • Les pauvres sont riches !

    J'ai commencé le livre de C.K. Pralahad, 4 milliards de nouveaux consommateurs. Passionnant ! J'avais pris connaissance de l'ouvrage grâce à un compte-rendu d'un militant (ou sympathisant MoDem).

    Une manière totalement inédite d'aborder le problème de la pauvreté. Je viens juste de commencer le 1er chapitre (le marché à la base de la pyramide) de la 1ère partie (la nouvelle création de richesses). L'idée de base est brillantissime de simplicité : en gros, il n'y a pas de petits profits, et donc, les pauvres, en dépit de revenus très faibles, constituent un marché immense, avec un pouvoir d'achat conséquent. Il y a là un immense marché latent, une société de consommateurs dont les grandes multinationales ne se sont jamais préoccupées jusqu'ici, et c'est bien cela le plus grand tort qu'elles lui ont fait, à cette société.

    Pralahad, dès ce premier chapitre balaie un certain nombre d'idées reçues. Il appelle ce marché le BOP (Bottom of Pyramid). Les pauvres représentent à ses yeux un marché viable. Leur nombre fait leur pouvoir économique. Même à 200 dollars par mois, un pouvoir d'achat, multiplié par 4 milliards de consommateurs, cela donne un marché de 800 milliards de dollars par mois ! Oui, par mois ! Une opportunité de profits monumentale. Il essaie de démontrer que contrairement aux idées reçues, mettre en place des réseaux de distribution sur ces marchés n'a rien d'insurmontable. Par exemple, nombre de sociétés rurales sont difficilement joignables, mais la connectivité sans fil, qui s'est considérablement développée change radicalement la donne. Il donne l'exemple de deux sociétés l'une indienne, l'autre brésilienne, qui ont formé aux techniques commerciales des femmes des villages, devenues ainsi leurs représentantes de commerce jusqu'au fin fond de la brousse.

    Il y a en fait, trois pré-requis à la création de la capacité de consommer :

    - un prix abordable. (c'est la base. Notons que les acheteurs pauvres aiment autant le luxe que les acheteurs riches et en consomment dans la même proportion. Ce qu'il faut, c'est le mettre à leur portée en prévoyant des unités de consommation à la mesure de ces acheteurs. Par exemple, vendre de minutes d'abonnement de téléphone portable, des doses d'huile d'olive à l'unité, et cetera...)

    - l'accès (eh oui : les acheteurs pauvres ne peuvent guère venir jusqu'aux marchandises. Il faut donc que les marchandises viennent jusqu'à eux.)

    - la disponibilité (cette dernière est très importante car les acheteurs pauvres ne peuvent généralement différer leurs actes d'achat. Il faut donc qu'ils aient à portée de manière immédiate ce qu'ils sont en mesure d'acheter un instant T.

    J'en suis là, donc je ne peux rien en dire de plus dans l'immédiat, mais ce livre m'enthousiasme. Pralahad observe que les bons sentiments et les aides diverses n'ont en rien résolu le problème de la pauvreté. Les priorités des pauvres ne sont pas forcément les nôtres. Nous pensons, nous Européens, tout de suite à l'éducation, la culture, la santé, et cetera...Comme si ces formules plaquées convenaient en tous lieux et en tous temps. De quoi amorcer une pomémique poussée sur la notion de biens supérieurs...C'est en créant des éco-systèmes de la richesse que nous pouvons envisager d'aider les populations en déshérence. Et pour cela, le mieux est de les considérer comme des consommateurs à l'égal de ce que nous sommes dans nos sociétés développées. Ce qu'il faut, désormais, c'est que les entreprises, françaises, européennes, fassent la démarche intellectuelle dans les têtes de leurs dirigeants ; mais je crois que cela commence à germer au sein de certaines d'entre-elles notamment les géants de l'agro-alimentaire.

    C'est singulier, quand j'y pense, de considérer à quel point cette analyse conforte l'interprétation autrichienne de ce qu'est un marché et le modèle catallactique en général. Passionnant. Je rigole aussi derrière mon écran en pensant à la tête des gauchistes et des gens bien intentionnés (cathos de gauche, par exemple, sans parler des tiers-mondiste, des décroissants et des alter) qui vont lire ces lignes. Une solution libérale et capitaliste pour le tiers-monde, horrescunt referrentes, hé hé hé...

  • Éco-système de la richesse pour les pauvres

    Je viens de faire un tour chez humaniste, et j'ai lu son excellent compte-rendu de lecture du livre de de C.K Prahalad, Quatre milliards de nouveaux consommateurs. L'idée est qu'un marché existe aussi dans les pays pauvres, y compris pour ceux qui vivent avec quelques dollars par jour. J'aime beaucoup les idées développées là-bas qui vont à l'encontre des traditionnelles antiennes des comptempteurs de l'économie de marché. Je cite Humaniste :

    «Le but est de faire en sorte que les consommateurs pauvres aient accès par eux-mêmes à un marché de produits à prix abordables, grâce notamment à la libre entreprise.»

    «A juste titre, Prahalad rappelle qu'il est inutile de vouloir appliquer au BOP des formules économiques issues des pays développés. Il parle plutôt d'écosystème pour la création de richesses, dans lequel interviennent toutes sortes d'acteurs privés entendus au sens large : de la micro-entreprise à la multinationale, en passant par les PME, les coopératives et les ONG. L'auteur est partisan de l'idée selon laquelle les pays pauvres ne le sont pas en actifs mais en capital. Or la formation de capital local et le fonctionnement des marchés sont bloqués par l'absence d'institutions fortes et respectées. Si l'on veut dissoudre la corruption, il faudra passer par un Etat fort et respecté. A ce niveau de l'analyse, il fait référence à Hernando de Sotos Prahalad peaufine sa thèse en évoquant la notion de gouvernance de transaction : un système de lois qui permette le respect et la transmission de la propriété ; des institutions qui rendent possible l'application équitable de la loi, dans des délais raisonnables et de manière transparente. Du point de vue du citoyen, la gouvernance de transaction présente les caractéristiques suivante : accès à l'information et transparence pour toutes ces transactions ; processus clair visant à réduire au maximum la marge d'interprétation des bureaucrates.»

    Je n'allais pas reformuler ce qui était très bien écrit chez humaniste, tout de même :-) En tout cas, il m'a donné la très forte envie de lire ce livre. Je cours le commander à ma librairie favorie, et je jure devant Dieu (que je sois maudit sur sept générations si je ne tiens pas ma promesse) d'en faire un compte-rendu ici-même, le cas échéant en plusieurs billets. Je suis sûr que nous avons là, au MoDem, les éléments d'une réflexion très intéressante sur le co-développement.

    Par ailleurs, je signale la conclusion d'humanite, qui me paraît très sensée : Prahalad ne s'intéresse qu'à l'aspect économique, or, pour humaniste, il est difficilement imaginable de promouvoir l'esprit d'entreprise en dehors d'une démocratie libérale. Je suis 100% d'accord avec lui, et c'est ce que je dis souvent ici, d'ailleurs. Seule la démocratie peut garantir un droit et une justice fiable et laisser suffisamment d'espace de liberté pour que les initiatives privées puissent s'exprimer. On trouve ces idées très bien dites chez Montesquieu et Tocqueville, par ailleurs.