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Éco-système de la richesse pour les pauvres

Je viens de faire un tour chez humaniste, et j'ai lu son excellent compte-rendu de lecture du livre de de C.K Prahalad, Quatre milliards de nouveaux consommateurs. L'idée est qu'un marché existe aussi dans les pays pauvres, y compris pour ceux qui vivent avec quelques dollars par jour. J'aime beaucoup les idées développées là-bas qui vont à l'encontre des traditionnelles antiennes des comptempteurs de l'économie de marché. Je cite Humaniste :

«Le but est de faire en sorte que les consommateurs pauvres aient accès par eux-mêmes à un marché de produits à prix abordables, grâce notamment à la libre entreprise.»

«A juste titre, Prahalad rappelle qu'il est inutile de vouloir appliquer au BOP des formules économiques issues des pays développés. Il parle plutôt d'écosystème pour la création de richesses, dans lequel interviennent toutes sortes d'acteurs privés entendus au sens large : de la micro-entreprise à la multinationale, en passant par les PME, les coopératives et les ONG. L'auteur est partisan de l'idée selon laquelle les pays pauvres ne le sont pas en actifs mais en capital. Or la formation de capital local et le fonctionnement des marchés sont bloqués par l'absence d'institutions fortes et respectées. Si l'on veut dissoudre la corruption, il faudra passer par un Etat fort et respecté. A ce niveau de l'analyse, il fait référence à Hernando de Sotos Prahalad peaufine sa thèse en évoquant la notion de gouvernance de transaction : un système de lois qui permette le respect et la transmission de la propriété ; des institutions qui rendent possible l'application équitable de la loi, dans des délais raisonnables et de manière transparente. Du point de vue du citoyen, la gouvernance de transaction présente les caractéristiques suivante : accès à l'information et transparence pour toutes ces transactions ; processus clair visant à réduire au maximum la marge d'interprétation des bureaucrates.»

Je n'allais pas reformuler ce qui était très bien écrit chez humaniste, tout de même :-) En tout cas, il m'a donné la très forte envie de lire ce livre. Je cours le commander à ma librairie favorie, et je jure devant Dieu (que je sois maudit sur sept générations si je ne tiens pas ma promesse) d'en faire un compte-rendu ici-même, le cas échéant en plusieurs billets. Je suis sûr que nous avons là, au MoDem, les éléments d'une réflexion très intéressante sur le co-développement.

Par ailleurs, je signale la conclusion d'humanite, qui me paraît très sensée : Prahalad ne s'intéresse qu'à l'aspect économique, or, pour humaniste, il est difficilement imaginable de promouvoir l'esprit d'entreprise en dehors d'une démocratie libérale. Je suis 100% d'accord avec lui, et c'est ce que je dis souvent ici, d'ailleurs. Seule la démocratie peut garantir un droit et une justice fiable et laisser suffisamment d'espace de liberté pour que les initiatives privées puissent s'exprimer. On trouve ces idées très bien dites chez Montesquieu et Tocqueville, par ailleurs.

Commentaires

  • Merci pour le relais !

    J'ai effectivement eu une "révélation" en lisant ce livre. Et ceci pour deux raisons.

    D'abord en tant que citoyen, parce que je m'imaginais comme beaucoup que le développement du Tiers-Monde devait passer essentiellement par une coopération Nord-Sud. Celle-ci peut sans doute avoir son importance dans les cas désespérés (après-guerre, désastre climatique), mais elle ne remplacera pas l'énergie que porte un peuple, même pauvre. J'ose un raccourcis, mais le développement économique d'un pays fonctionne un peu comme celui d'une entreprise : ce sont les collaborateurs qui font le succès de la boutique.

    Ensuite en tant que chef d'entreprise, influencé par les dogmes du marketing. Au titre desquels on doit mettre systématiquement une offre suffisante pour qu'un marché soit viable. Prahalad démontre que le moindre dollar trouve une dépense en face de lui. Magique non ?!

    Dans la même veine, je suis en train de lire "Vers un nouveau capitalisme" de Muhammad Yunus, Prix Nobel de la Paix et fondateur de la Gramen Bank, qui développe le concept de Social Business. Un concept qui a vu une application concrète lorsqu'a été créée une joint-venture avec Danone. Un concept qui n'a rien à voir avec le mouvement à la mode des entreprises occidentales qui adoptent soudainement une attitude sociale... sur le papier !

    Sarah Abdelnour en a fait un excellent exposé sur nonfiction.fr à l'adresse suivante :

    http://www.nonfiction.fr/article-1008-le_social_business_en_question.htm

    Je ferai aussi une fiche de lecture de ce livre sur mon tout jeune blog !

    (J'avais prévenu : mes commentaires peuvent être longs, très longs...Et que cela serait-il si je devais parler d'un ami que nous avons en commun, un certain Joseph Aloys^^)

  • Bonjour Pierre

    Vos commentaires sont la bienvenue ici. Je vais aller consulter le lien que vous proposez.

  • "le développement du Tiers-Monde devait passer essentiellement par une coopération Nord-Sud"

    effectivement, ce n'est le cas que dans les situations de crise. C'était aussi le cas il y a 50 ans quand des pays pauvres se sont retrouvés indépendants, avec un appareil d'État à gérer mais sans cadres, sans diplômés pour les gérer. Aujourd'hui, les ressorts de la croissance d'un territoire sont sur le territoire, non dans la bienveillance d'un État tiers.

    Cela ne veut pas dire qu'un transfert financier (redistribution) des riches vers les pauvres soit condamnable. Au contraire, celui qui existe est scandaleusement insuffisant.

    C'est simplement un problème d'injustice. Un enfant n'a pas la même nourriture, à la même éducation, les mêmes réseaux de relation, selon l'endroit où il naît. Donc il n'a pas les mêmes chances de créer, d'entreprendre, etc.… de "développer son pays" comme on dit. La tâche est cent fois plus facile pour l'enfant français que pour l'enfant tchadien.

    Exemple : l'école devrait être gratuite et obligatoire jusqu'à un âge comme 14 ou 16 ans dans le monde entier. (Avis personnel, certes !).

  • @ Fred
    Je ne suis pas d'accord avec toi : la redistribution n'est pas la panacée, à mon avis. En revanche, l'image d'une protection de l'éco-système de la richesse chez les pauvres me plaît bien. C'est à mon avis sur cet aspect que devrait se construire en priorité le co-développement.

  • C. K. Prahalad n'aborde pas le sujet de la pauvreté sous l'angle des relations Nord-Sud dans ce livre. Il a souhaité se concentrer sur une vision de stratégie d'entreprise qui aborde un marché réputé difficile. Cette démarche traduit bien l'émergence de penseurs de haut niveau au sein même des Etats pauvres ou en développement. D'ailleurs Kofi Annan en a fait un membre de la Commission spéciale sur le secteur privé et le développement dans le cadre du Programme de développement des Nations Unies. C'est le seul lien qui rattache Prahalad aux relations Nord-Sud.

    Tout au plus Prahald évoque-t-il les agences de développement et d'aide comme l'un des agents opérationnels, mais ni comme le principal, ni comme le leader de ces agents.

    Ce qui est intéressant, aussi, dans cette démarche, c'est le côté moderne de l'organisation de l'entreprise, qui doit être entièrement tournée vers l'innovation. Chose que je n'ai pas abordée dans ma note.

  • @pierre

    le livre est commandé, je vais le lire

  • @heretique : vu - je reformule ma pensée (!) : "l'aide au développement", entendue comme aide sur le moyen-long terme au développement économique ou au développement d'États, n'a plus beaucoup de sens aujourd'hui.

    En revanche, l'égalité des droits, la liberté d'aller et venir sur la planète, la fraternité entre les peuples, sont plus nécessaires que jamais, et ce ne sont pas les États pauvres avec leurs pauvres moyens qui peuvent les assurer.

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