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Economie - Page 23

  • La corde pour nous pendre...

    Je considère la situation de la Grèce, à l'heure actuelle, et je me dis vraiment que si on la lâche, c'est à dire qu'elle fait défaut de paiement, on est foutu. Que se diront les marchés ? Que l'euro n'est pas une monnaie fiable, que l'Europe n'est pas une entité sûre, et donc, que n'importe quel état européen peut faire défaut, désormais.

    Et là, je vous dresse le tableau de la suite : panique générale sur les marchés, personne ne sachant plus où placer ses fonds pour qu'ils soient sûrs. Je ne parle même pas des banques que tout le monde conchie imbécilement : si jamais les États crament, elles, elles sont carbonisées. Personne pour les recapitaliser, et des actifs pourris à la pelle. Y'aura plus que les belles démocraties que sont la Chine, les pétro-monarchies ou encore la Russie pour racheter pour l'euro symbolique toutes les banques européennes d'un coup. 

    Et là, ceux qui pleurent sur les salauds de banquiers qui se goinfrent auront une raison de pleurer pour quelque chose, parce que les Chinois, les Russes et consorts, ils ne nous feront pas de cadeau. Aucun.

    Ah oui, les Russes, vous savez les meilleurs alliés stratégiques de la France, selon Marine Le pen qui se pâme chaque fois qu'elle voit Poutine. Ben tiens, y'a une institution russe qui lui conviendrait bien à la Marine : l'asile de fous.

    En somme, si on ne tient pas le défilé des Thermopyles, les Perses, passent, quoi.

    Quand je pense qu'il y a des andouilles pour estimer qu'on a coulé trop de fric en Grèce, que les Grecs n'ont qu'à se démerder, ou encore qui comparent la situation grecque à celle de l'Argentine il y a 15 ans, en faisant valoir que cette dernière s'est finalement redressée. Tu parles, Charles...Il n'y avait pas de crise des dettes des États, à cette époque, et elle n'entraînait pas toute une zone dans sa chute.

    Bref, on a tous la corde autour du cou, mais le problème, c'est que c'est la même corde. Alors si jamais il y en a un qui est pendu, devinez un peu ce qu'il se passe pour les autres...

    Le truc, c'est qu'on a un gros souci ; on est dans la ligne de mire des agences de notation, et là, la politique économique de la France va être un exercice de haut équilibre :

    - soit on tente de réduire drastiquement les déficits en baissant la dépense publique et en montant les impôts, mais on casse la croissance. Perspectives de croissance en berne ? Tac, note dégradée par les agences.

    - soit on tente de relancer la croissance et on y va mollo sur les impôts, et dans ce cas, déficits, et paf, perspectives de croissance en berne, note dégradée.

    Il faut donc une équation gagnante, c'est à dire croissance + réduction des déficits. C'est exactement ce qu'a calculé Bayrou qui est convaincu qu'on ne peut pas s'en sortir sans associer les deux (d'où son fameux slogan, Produire, Instruire, Construire).

    Mais c'est pas joué. Ça va être très chaud. Super chaud, même. Sur le fil du rasoir. Un pas de côté, et on chute...

    Moi, je crois que les gens sont prêts à faire des efforts en général : tenez, prenez la Grèce. Les Grecs étaient résignés et admettaient d'en prendre plein la gueule quelque temps. Pourquoi sont-ils dans la rue aujourd'hui ? Parce que ce sont toujours les mêmes qui paient cash. Les petits, les salariés, les fonctionnaires, et pendant ce temps, les professions libérales continuent à frauder, les armateurs à être exemptés d'impôts et l'église orthodoxe à ne pas payer un kopeck de taxes foncières alors que les Grrecs ordinaires la paient 6 ou 7 fois. Je serais là-bas, moi, pour une fois, je serais un chasseur de koulaks, et pourtant, ceux qui me lisent savent que ce n'est pas vraiment la ligne du blogue...Dans une crise d'une telle ampleur, il faut être irresponsable pour ne pas partager l'effort. Et pourtant, le gouvernement local est censé être socialiste...Comme quoi, nul n'est prophète en son pays !

    Il faudra donc avoir en permanence le souci de la justice, quoi qu'il advienne dans l'avenir pour la France. C'est le seul fil auquel tous les Français sans distinction peuvent accepter de se rattacher.

  • Moody's ira, Moody's illa, solvet saeclum in favilla

    Dies iræ, dies illa
    Solvet sæclum in favilla,
    Teste David cum Sibylla.
    Quantus tremor est futurus
    Quando judex est venturus
    Cuncta stricte discussurus.

    Cela te fit quelque chose, lecteur, l'amusant petit texte ci-dessus ? Je te traduis ? Jour de colère, que ce jour-là : il réduira en poussière notre siècle. David et la Sybille l'ont prédit, terrible sera notre terreur quand le Juge viendra, avec d'implacables verdicts.

    J'aime bien ma traduction, tiens.

    Si je faisais une variante ?

    Moodys' ira, Moody's ira, Solvet sæclum in favilla, Teste Bayroo cum Hsedecim. Quantus tremor est futurus, Quando debitio ventura, Cuncta stricte discussura.

    Pas mal, non ? Moody's, tout le monde connaît. Debitio, c'est dette en latin, et pour Bayroo et Hsedecim, le premier devrait être identifiable par tout le monde, et le second, en principe, les initiés connaissent...

    Voyons, voyons, n'est-ce pas François Bayrou qui disait il y a 6 jours, Grèce, Espagne, Italie, au bout du chemin il y a la France ? L'agence de notation Moody's a donc abattu ses cartes.

     Usura crescens  Hausse des taux

    Tuba mirum spargens sonum

    Per sepulcra regionum

    Coget omnes ante thronum.

    La trompette répandant la stupeur

    parmi les sépulcres, rassemblera

    tous les hommes devant le trône. 

    Les promesses, elles ne vont plus être tenables si Mood'ys dégrade notre note. En effet, la hausse du montant des remboursements anéantira nos économies et nous rentrerons dans le cercle vicieux dans lequel est plongé la Grèce.

    Le problème, à mon avis, c'est que nous sommes arrivés un peu à la limite ce que permettait la fameuse RGPP (Réforme Générale de Politiques Publiques). Aujourd'hui, il ne s'agit pas seulement de réduire les frais partout, mais carrément de considérer les missions que l'Etat doit abandonner. Eh oui, nous en sommes là... D'une certaine manière, des réductions drastiques partout, c'est la politique du pire au sens où cela amène à mal exercer les missions de l'Etat partout. Certaines préfectures fonctionnent au ralenti. Je l'ai toujours dit : une politique cohérente est faite d'économies ciblées.

    En revanche, il est possible que le prochain gouvernement soit contraint d'abandonner des pans entiers de son action. Ce ne peut être, évidemment, son action régalienne (impôts, sécurité, armée) ou stratégique (Education, Santé). Le reste, il va falloir sérieusement y réfléchir...

    En tout cas, il y va de la responsabilité de tous ceux qui sont susceptibles de sérieusement exercer le pouvoir de proposer des plans crédibles, désormais, faute de quoi le tort causé à la France et aux Français pourrait être considérable. Et ce ne sont pas les incantations des furieux contre le libre-échangisme et la mondialisation qui y changeront grand chose.

  • Banques : il a du courage, Bayrou.

    Moi, quand je vois mon homme politique favori choisir la voie de la vérité et dou courage pour dire, les choses, je me pâme d'aise.

    Écoutez bien la vidéo ci-dessous :


    Crise bancaire : qui est coupable ? par buildfreedom

    Nom de Zeus ! C'est ce que je dis depuis un moment déjà. Ce sont les États qui ont planté les banques. Bah oui, François : en effet, ce sont bien les États qui ont poussé les banques à acheter leurs actifs pourris. Si les banques risquent aujourd'hui des dépréciations, c'est bien à cause des dettes que les États laxistes pourraient ne pas être en mesure de rembourser.

    Les États, en principe, c'est censé être le premier maillon de la chaîne, le plus solide ; le dernier rempart. 

    J'ajoute une chose, par rapport à ce que dit Bayrou : les États ne se sont pas contentés de plomber les banques, ils affolent aussi les marchés qui ne savent plus vers quoi se tourner pour trouver une sauvegarde en cas de pépin.

    Pourquoi les marchés dérivés explosent-ils en volume ? pourquoi la finance enfle-t-elle indéfiniment là-bas ? Eh bien parce que de plus en plus, les acteurs économiques cherchent à se prémunir contre le risque. 

    Je ne dis pas que la spéculation ne vient pas troubler des mécanismes qui en théorie ont vocation à protéger et non à accroître l'insécurité. Certes. Je ne le nie pas. Mais la spéculation n'est pas le moteur du marché dérivé. Le moteur du marché dérivé, c'est la peur. La crainte du défaut.

    Le discours de Sarkozy à l'heure actuelle, et a fortiori celui des Socialistes, particulièrement Martine Aubry, Ségolène Royal et Arnaud Montebourg, montrent qu'ils cherchent des bouc-émissaires à la crise.

    La banque, le banquier, sont des cibles tellement faciles. Pourtant, elles ne sont en rien comptables de l'actuelle crise. En rien.

  • Mais comprennent-ils ce qu'est un dividende ?

    Parfois, je désespère : dans ce pays, les 4/5ème des responsables politiques ne comprennent pas ce qu'est une entreprise et surtout, la relation qui lie étroitement investisseurs et entreprises. Je lis dans les propositions des 6 candidats socialistes que chacun escompte baisser la fiscalité sur les bénéfices des entreprises quand elles réinvestissent et l'accroître quand elles distribuent des dividendes.

    Mais, nom de Zeus : vont-ils enfin comprendre que ce qui attire l'investisseur, c'est la perspective de dividendes importants ! Pénaliser la distribution de dividendes, c'est flinguer les perspectives de développement de l'entreprise. Une entreprise, ça ne fonctionne pas en circuit fermé, nom de Zeus, et si ça veut attirer du fric, ça doit bien en distribuer de temps en temps pour prouver que c'est rentable, c'est quand même pas compliqué à comprendre !

    Le vrai problème, c'est de licencier du personnel pour gonfler le bilan de l'entreprise. Là-dessus, il y a peut-être un moyen d'intervenir délicatement (pas avec de gros sabots), mais gêner les mécanismes d'investissement, ce n'est vraiment pas le moment de le faire en pleine crise économique.

    Quand je pense à Bayrou qui voulait faire de la France un pays pro-entreprise en 2007...eh ben c'est pas gagné...

    A l'époque où je lisais la Croissance et le Chaos de Christian Blanc, je m'étais montré convaincu par ses clusters qui ont donné nos actuels pôles de compétitivité. Je me suis demandé, au fil du temps, pourquoi ils ne rencontraient guère le succès attendu.

    En fait, je crois que les choses tournent mal quand l'État met ses gros patauds dans la fine mécanique entrepreneuriale. Ce n'est pas à l'État de décréter qui est innovant ou non. Les vrais entrepreneurs, les bons investisseurs, sauront toujours dénicher l'opportunité là où elle se trouve.

    Si on veut stimuler les entrepreneurs audacieux, les investisseurs qui aiment le risque, il faut faire un pont en or au capital-risque : c'est lui qui va naturellement vers les coups de poker. Tous les joueurs de poker le confirmeront : un coup de poker qui marche rapporte le pactole.

    Bon, c'est excessif ce que je dis : en réalité, l'entrepreneur qui va solliciter du capital-risque a étudié de très près la situation du marché qu'il vise et je pense qu'en fait, son projet est tout l'inverse du coup de poker.

    Si l'on doit créer une fiscalité particulière, c'est à dire une absence de fiscalité en fait, c'est sur ca capital-là pour le booster à des niveaux très hauts. Eh si on veut attirer le chaland, il faut promettre aussi une fiscalité exceptionnelle sur les dividendes issus du capital-risque. Là, on mettra déjà beaucoup plus de chances du côté de l'innovation...

    Allez, François (Bayrou) toi qui veux produire en France, retiendras-tu mon raisonnement pour ton programme économique à la présidentielle ?

  • Dette et budget : que réduire ?

    Tiens, mon confrère de centre-droit Crapoto me signale un jeu amusant en flash, mis au point par le Figaro. Dans le principe, cela me rappelle le fameux cyber-budget mis en ligne par Copé il y a 5 ans.

    En la circonstance, j'ai choisi l'objectif "Très rigoureux" d'un déficit public ramené à 3%. Je dois trouver 52 milliards d'euros en jouant sur la réduction des dépenses et l'augmentation des recettes (les impôts, quoi...).

    Bon, l'action extérieure de l'État, ne pas la diminuer, c'est notre Soft power ! Hop, j'augmente de 9% le budget : ça commence bien ! Une dépense en plus !!!

    Bon, l'aide publique au développement, bon, désolé, mais on a notre propre déficit, alors je taille dans les dépenses : suppression de la moitié des aides directes aux pays en développement et suspension de l'aide aux pays d'où viennent les immigrés. En fait, sur ce point, on devrait plutôt inciter des entreprises à sous-traiter là-bas certaines tâches pour créer du développement que de filer du cash.

    La culture, ensuite. Le problème, avec la culture, c'est ce que l'on appelle "culture". Moi j'ai toujours trouvé la culture d'état hypertrophiée. La sensibilisation à la culture, elle se fait plutôt à l'école. Bref : paf, finies les subventions au spectacle vivant. Toc, supprimées. Ensuite, baisse du budget de la culture de 10%. Cessons de financer notamment les spectacles du show-bizz, réduisons à néant ou presque le coût des émissions de variété sur les chaînes publiques : Reservoir Prod ira trouver d'autres gogos. En fait, j'ai même une meilleure idée : privatisons complètement France 2. On pourra réaffecter une petite partie des sommes au spectacle vivant, tiens.

    La défense : on se barre d'Afghanistan. Hélas, on ne peut rien pour les Afghans à l'heure actuelle, cela nous coûte une fortune et des morts pour rien car l'opinion afghane ne nous est nullement reconnaissante de notre présence, au final. Ce n'est que lorsque les peuples se soulèvent qu'on peut les aider.

    Développement durable : pas besoin de personnel qui ne sert qu'à édicter toujours plus de normes impraticables. Allez, hop, purge de 10% des effectifs. Tant pis aussi pour les routes et les autoroutes pour un an. Les mesures écolo-blabla, elles vont devoir se financer un peu plus : au bout d'un moment, les solutions, pour s'imposer, il faut aussi qu'elles soient un minimum rentables et pas des pompes à finances publiques.

    L'enseignement scolaire : oulah, lui, il a déjà tellement pris dans la g... qu'on n'y touche plus pour l'instant.

    La Justice, ça merde vraiment trop : on a des procès qui durent des années et des années. J'aimerais bien l'augmenter, mais là, ce n'est vraiment pas possible. On verra quand on aura réduit le déficit.

    Recherche et enseignement supérieur : ce sont les parents pauvres ! 3% d'augmentation mais il faut vraiment développer les partenariats entreprises-universités.

    Sécurité : on en a beaucoup fait pour la sécurité routière, je trouve, et ça bouffe beaucoup de moyens pendant que les petites gens sont terrorisées sur de larges parcelles de la république. Allez, toc, on divise par deux les moyens de cette niche budgétaire, et encore, je suis bon...ça ne tiendrait qu'à moi...

    Solidarité/Insertion : on ne peut décemment pas y toucher. A la limite, il faudrait même presque l'augmenter, mais bon, s'il faut veiller au grain sur les dépenses, on ne peut pas pour l'instant.

    Travail et emploi : supprimer Pôle emploi ? ça merde déjà tellement...Le chômage est important, donc ce n'est sans doute pas le moment de tailler là-dedans, mais je suis convaincu que les sommes qui y sont déversées ont vocation à être réparties différemment.

    Ville et logement : La politique de la ville, c'est la ville, au fond, pas l'État. Je laisse les aides au logement, encore que...il y aurait beaucoup à dire, mais je baisse le budget d'au moins 10% et encore, je suis bon.

    Autres missions de l'État : 5% en moins sauf sur la Santé qui demeure un objectif prioritaire.

    La Sécurité Sociale : là, en revanche, hausse de la CSG, hausse des cotisations retraites et je baisse de 10% les médicaments remboursés. Ça fait des sous, tout ça !

    Les impôts

    J'augmente l'impôt sur le revenu des plus riches : la tranche supplémentaire que veulent créer Jean Arthuis et François Bayrou, quoi. Je ne touche pas au reste.

    TVA : +2 points. Indispensable pour financer notre modèle social.

    ISF : je taxe les très grandes fortunes d'un point de plus.

    Niches fiscales : ça va raboter ! Les niches en faveur de l'Outre-mer, c'est généralement une grosse arnaque qui n'amènent aucun développement. Tac, supprimées.

    Fini le taux réduit de TVA pour la restauration rapide : en plus ça nous coûte en problèmes de santé toute cette junk-food !

    La TVA à 5.5 sur la restauration rapide, trop basse : je la remonte, mais à 21.6 comme tout le reste. UN taux intermédiaire à 12% me paraîtrait correct. Dommage, le flash du Figaro ne permet pas de subtilité dans les ajustements.

    Nom de Zeus, j'y suis presque ! Il faudrait que j'arrive à 52 milliards, et je 50.92...voyons voyons, que faire d'autre ? Ah, trouvé : le taux de 5.5% sur l'amélioration des bâtiments anciens, terminé. Pas une urgence, ça...Aaaaah : je suis à 55.95 milliards. Un peu de marge de manoeuvre. L'an prochain, je réaffecterai quelques fonds à la justice.

    Blood'n nuts : 246 de score, on me dit que je pénalise la croissance pour deux ans et que je manque de clairvoyance ! Ben ouais, mais les gars, tant qu'on aura une dette mastodontesque, on ne peut pas trop faire autrement...

  • Alors comme ça il devait y avoir pénurie de main d'oeuvre ?...

    Je me souviens encore des articles d'idées que l'on trouvait dans plusieurs magazines et journaux de gauche il y a encore trois à quatre ans. L'immigration de travail y apparaissait comme un phénomène inéluctable en raison du vieillissement de l'Europe et des besoins croissants en main d'oeuvre. Ah oui.

    Sauf qu'aujourd'hui, l'OIT (Organisation Internationale du Travail) tire la sonnette d'alarme. Ce sont des dizaines de millions d'emploi qui sont menacés de disparition dans les années à venir, dans les seuls pays du G20. Et elle observe justement qu'une part croissante de ceux qui ont un emploi l'ont sous un statut précaire.

    A côté de cela, comme je l'ai observé récemment, il ne faut pas confondre l'immigration de travail et la recherche désespérée d'un petit job par les étudiants étrangers. Cela ne frappe pas Guéant plus que cela.

    Autant je pense qu'il ne faut pas avoir trop d'états d'âme avec l'immigration irrégulière, autant les étrangers qui viennent étudier ici devraient être protégés, et d'ailleurs, ils sont en règle.

    Après, si beaucoup d'étudiants étrangers viennent en France, c'est très certainement aussi parce que nous avons réduit notre présence partout à l'étranger. Il serait bien plus astucieux que nos grandes écoles développent des antennes un peu partout dans le monde, et pas seulement des programmes d'échanges avec les super "high-schools" chères au sieur Descoings.

    Si ces antennes existaient, elles auraient bien sûr vocation à se mettre en relation avec les entreprises locales ou avec les entreprises françaises produisant à l'étranger.

    Cela suppose une véritable diplomatie culturelle pour promouvoir la francophonie. Autant dire qu'on est loi, voire très loin, du compte depuis fort longtemps.

  • Ne pas lâcher la Grèce...

    La Grèce est en mauvaise posture : elle a beau se démener et enfiler les mesures d'austérité, rien n'y fait, elle s'enfonce, presque inexorablement.

    Je ne puis que plussoyer l'analyse de Thibault Mercier, un économiste de la BNP. Les Grecs et la Grèce ont consenti des efforts déjà considérables. Le problème, c'est qu'il leur faudrait du temps pour consolider leurs mesures, or, les prêteurs vivent dans l'angoisse d'un défaut de paiement du pays.

    Et de fait, la Grèce n'est plus maîtresse de son sort car elle n'a plus les moyens, en dépit des mesures prises, de rembourser toute seule la dette. Et pour la fraude fiscale, comme fait le fait observer Thibault Mercier, on ne la résoud pas en quelques mois. En revanche, le fait est que les autorités grecques ont tout intérêt à pénaliser plus durement encore les fraudeurs. Dans le contexte actuel, frauder est un crime contre la Grèce toute entière. Et à vrai dire, compte-tenu de la situation du pays, certains privilèges laissent rêveur.

    La Grèce ne peut pas s'en sortir sans justice fiscale : si ce sont les mêmes qui sont toujours et constamment tapés, cela ne va pas. Pour une fois, il faut faire rendre gorge aux koulaks. Et je le dis sérieusement...

    Toute la difficulté, pour nous autres Européens, c'est de ne pas lâcher la Grèce, tout en l'amenant à mettre fin aux abus inacceptables en temps de crise. 

    Certains proposent une tutelle économique de la Grèce : la mort dans l'âme, les Grecs devront l'accepter s'ils sont en défaut de paiement et que l'Europe prend en charge ses "mensualités".

    A vrai dire, Athènes peine à se séparer de ses bijoux de famille, ce que l'on peut comprendre : qui a envie de brader son patrimoine ? IL n'en reste pas moins que les Grecs n'auront peut-être bientôt plus le choix. C'est le drame du surendettement : l'usure amène l'usure et la défaillance d'autres défaillances.

    En revanche, il est à la fois irresponsable et idiot de laisser planer le spectre d'une éviction de la zone euro. Cela donnerait une image désatreuse de la solidarité européenne et affaiblirait chaque pays européen individuellement. 

    J'ajoute une dernière chose : on jette très facilement la pierre aux Grecs, mais j'observe que les divers services de la Commission européenne qui ont distribué abondamment les fonds structurels sont au moins autant et largement comptables de ce désastre, car, quand il le fallait, ils auraient du conditionner leur octroi à un niveau acceptable de transparence fiscale.

  • Mais kiçonkons ! Ils s'en prennent aux cadres maintenant...

    J'ai un peu laissé passer le traitement de l'info, mais je la reprends tout de même avec un peu de retard. J'aurais pas du écrire kiçonkon mais kilèkon, plutôt ! Bruno vient de faire exploser en vol le connomètre. Chapeau.

    Mais ces mecs-là, est-ce qu'ils réfléchissent, parfois ? Faudrait qu'ils bossent dans la vraie vie, de temps en temps, plutôt que de vivre de la politique, cela leur ferait du bien et ça leur raffraîchirait les neurones.

    Dernière idée géniale en date, revenir sur les conditions d'indemnisation des cadres au chômage. Le Maire trouve que la France est trop généreuse.

    Andouille ! Si jamais les cadres décidaient de quitter l'assurance chômage et de créer leur propre caisse, tu pourrais aller pleurer ta mère, gars : ce sont eux qui cotisent le plus, et ils paient bien plus qu'ils ne récupèrent d'indemnités. En fait, on peut même dire qu'ils tiennent à bout de bras les autres.

    Un cadre, c'est un mec qui travaille généralement au forfait, du moins dans le privé : pas d'horaires définis. Tous ces riches que des gens comme Hollande (apparatchik qui n'a jamais rien foutu d'autre que d'être élu ou dans les rouages de son parti) conspuent, ils bossent comme des brutes. 

    Bon, moi, j'ai un petit métier : je ne gagne pas énorme, mais je ne suis pas non plus pauvre. Classe moyenne, quoi. Mais mes horaires sont relativement protégés. Je discutais une jour (en fait, il y a longtemps) avec un gars qui bossait chez Andersen Consulting du temps où cela ne s'appelait pas encore Accenture et je lui dis : tiens, tu sais, je gagne plus que toi. Il me regarde l'oeil torve (on sortait de deux heure trente de cours de karaté et on était séché) et interrogatif. Je continue alors : ben oui, j'ai rapporté ce que j'estime être ton salaire au nombre d'heures réelles que tu bosses, et j'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer ; je ne suis pas sûr que tu gagnes le SMIG...

    Bon, évidemment, je n'ai pas compté ses primes. C'est vrai. Mais il faut bien comprendre un truc : aussi bien dans le privé que dans le public, quand tu commences à vraiment grimper les étages, tu le fais à la force du poignet. Tu peux être nommé chef par la grâce d'un potental local ou national, mais sous-chef, en règle général, tu t'es bien fait chier pour le devenir. Et ça continue pour le rester...

    A côté de ça, il y a évidemment des gens très modestes qui bossent aussi comme des fous. J'ai des exemples déments qui me viennent à l'esprit. Dans mon village d'origine, je connais deux ouvrières agricoles (des voisines) qui bossent depuis toujours ou presque. Elles ont commencé à travailler aux champs à l'âge de 14 ans. Cela fait presque 50 ans qu'elles se crèvent la paillasse à aller trimer en se levant à 4 heures du matin pour aller arracher des bottes de carotte ou des pommes de terre, cueillir des haricots et cetera...Le montant de leur retraite ? 450 euros. Non non, je ne blague pas. On ne vit pas avec 450 euros. En fait, on ne survit pas non plus. Coup de pot, leur maison est à elles. Oui, mais avec 450 euros, on ne peut payer ni les charges ni le médecin ni tellement d'autres dépenses...

    Autre exemple qui me vient à l'esprit : encore une femme. Cumul de handicaps : éloignement géographique. Elle vient de la Nièvre pour travailler à Paris et subit toutes les grèves et les pannes de la SNCF et de la RATP. Lever 4 heures du matin, retour 8 heures du soir pour une société de prestation de services à la personne. En ce moment, elle a de sacrés ennuis de santé : une tension qui fait le yoyo et puis le coeur qui se serre. Débuts d'infarctus. Si par malheur elle s'arrête de bosser, elle est foutue. L'indemnisation de l'assurance maladie ne lui permet pas de payer son loyer, ses impôts et sa nourriture. Il ne lui est donc possible que de mourir à la tâche. C'est dégueulasse. Je sais. Moi aussi ça me fout les boules. 

    Je disais tout ça pour rappeler qu'il n'y a pas que les cadres et que je ne me suis pas lancé dans un panygérique exclusif de la bourgeoisie de notre pays.

    Je note cependant que ceux qui gueulent le plus contre les cadres sont souvent ceux qui en foutent le moins. Et puis c'est toujours plus sympa, comme le dit le Faucon, d'aller taper la niche du voisin que la sienne.

    Bref, c'était une mauvaise idée (une de plus) de l'entourage de Sarkozy. C'est peut-être leur conversion à un trait fameux de notre Batave nationale (oups, j'ai dérapé) en 2007, vous savez, le "moi j'aime pas les riches"...Y'avait un blogue parodique, mais il s'est arrêté de publier, sniff...Mas bon, allez savoir pourquoi, j'ai bien l'impression d'avoir trouvé qui le tenait :-D 

    Bon, fantôme de h16, qu'est-ce que t'attends pour te remettre au boulot, espèce de feinéant, sale riche, vil koulak capitaliste ! Cadre !

  • Grèce, c'est pas foutu !

    Très intéressante la synthèse de Massimo Prandi dans le quotidien les Échos sur le plan imaginé par le cabinet McKinsey pour sortir la Grèce de l'ornière.

    Il ne lui faudrait pas grand chose, à ce pays, pour devenir le nouveau tigre de l'Europe.

    Je pense qu'un début de prise de conscience voit le jour en Grèce sur la question de la fiscalité et de la fraude. Lever l'impôt, n'en déplaise aux libéraux, est la première prérogative d'un État, et la propension à mal l'exercer en est le signe le plus avéré de déliquescence. 

    Il me semble que si la Grèce doit faire des efforts considérables pour réduire son secteur public, elle a en revanche tout intérêt à affecter une part des économies réalisées dans ses tribunaux et ses services de contrôle fiscal. L'argent ainsi injecté doit pouvoir rapporter très gros en principe. 

    L'indicateur numéro 1 qui pourrait ainsi commencer à rassurer les marchés (parce que pour l'instant, ils ne parient pas un kopeck sur la Grèce), c'est la publication trimestrielle de l'indice de recouvrement de l'impôt en Grèce.

    Après, il faut libérer les énergies, notamment entrepreneuriales. 3% par an pendant 10 ans, 500 000 nouveaux emplois en Grèce, c'est possible.

  • Borloo et Bayrou pourraient s'allier, mais...

    Laureline Dupont de Marianne a constaté à peu près les mêmes choses que moi : il y a une comptabilité presque parfaite entre les propositions de Bayrou et celles de Borloo. En fait, elle va même plus loin que moi : elle pense que Borloo a lu Bayrou. Les centristes sont généralement gens pragmatiques, et cela ne m'étonne guère qu'ils se rejoignent dans nombre de domaine. En ce qui concerne le transfert de la protection sociale sur la TVA, je rappelle même que Borloo avait fait la proposition en juin 2007 ce qui avait eu le don de provoquer l'ire de l'UMP et de Nicolas Sarkozy. On y arrive pourtant.

    Je l'ai déjà dit ici, s'il n'y avait François Bayrou, je voterais sans doute pour Jean-Louis Borloo. 

    Non, ce qui me gêne avec Borloo, ce ne sont pas les idées. C'est la crédibilité. Il avait l'occasion, en 2007, de soutenir le programme de l'UDF et de Bayrou qui était peu ou prou ce qu'il défend à l'heure actuelle. Il avait même reçu une lettre de supplication de la plus grande partie des cadres du Parti Radical ainsi que des jeunes radicaux. Il n'en a rien fait. Je le redis, son rôle dans l'affaire Tapie et ses relations avec l'individu m'inspirent la plus grande méfiance. Je n'ai pas observé d'impact significatif de sa part dans le gouvernement Fillon depuis 2007. En revanche, j'ai bien pris note que c'est son recalement qui sa sonné pour lui l'heure de la charge contre son ami Nicolas.

    Plus fâcheux : Jean-Louis Borloo, à l'inverse de François Bayrou, annonce par avance son ralliement non à une majorité d'idées, mais à une majorité politique, puisque d'ores et déjà, c'est l'UMP qui bénéficiera de son appel à report au second tour.

    C'est triste. Borloo et Bayrou se barrent la route l'un à l'autre. Hélas, les centristes authentiques le savent, et Arthuis l'a finement observé : sans indépendance, pas de crédibilité. Je connais Bayrou. Il est sincère. Tout son livre est orienté vers la volonté de créer un arc politique central. C'est cette majorité d'idées qui l'intéresse et non sa personne comme sont toujours pressés de le déclarer les zélotes qui font profession de l'enfoncer. Si Borloo faisait le choix de l'indépendance (mais il en est incapable) je pense que Bayrou serait prêt à s'effacer pour laisser au meilleur centriste et à la démocratie sociale les chances de réaliser le score le meilleur.

    En tout cas, je me réjouis de ce que les idées de Bayrou fassent leur chemin. Sur la dette, par exemple et la nécessaire réduction des déficits. Il fait le bon choix en décidant de soutenir la Règle d'or. 60% des Français en approuvent d'ailleurs le principe.

    Aussi bien Borloo que Bayrou ont raison en admettant de longue date le principe de se ranger à une TVA (Borloo) ou une CSG (Bayrou) sociale pour financer notre protection. A gauche, on se couvre de ridicule en jurant que les riches paieront. C'est en dizaines voire en centaines de milliards que se chiffrent nos besoins de financement pour notre protection sociale. Taxer les 80 000 Français les plus riches ne rapporte pas même 1/2 milliard de dollars. On peut bien sûr (il le faut) réduire le train de vie de l'État, mais il va falloir trouver autre chose que le seul non-remplacement des départs à la retraite. Comme l'observe François Bayrou, dans son 2012 État d'urgence, dans l'Éducation Nationale ils n'ont pas même rapporte le demi-milliard.

    La réalité est en fait la suivante : pour combler nos déficits, soit il faut sabrer très sérieusement nos dépenses, c'est à dire appliquer des recettes néo-libérales dans toute leur rigueur, soit taxer la richesse comme des brutes, comme le prône la gauche de la gauche. Dans les deux cas, on obtiendrait des résultats catastrophiques, soit dans le domaine social soit dans le domaine économique.

    Quand aux solutions souverainiste et nationaliste, elles explosent le connomètre : se retirer de l'euro et laisser galoper l'inflation ou créer de la monnaie à tire-larigot c'est un billet aller sans retour vers la ruine de notre pays à commencer par les petits épargnants qui par sécurité ont pris des bons du trésor et autres obligations d'État. Il ne suffit pas de faire des dessins sur un joli morceau de papier pour régler une dépense : il faut que le morceau de papier soit assis sur une crédibilité (industrielle, économique, financière, budgétaire) mais ce léger détail ne semble pas avoir frappé plus que cela nos souverainistes.

    Bref, Bayrou a inventé un concept politique intéressant, il y a un an : l'espoir crédible. Je pense que c'est le créneau naturel du centrisme et de la démocratie sociale, dont il est lui-même le réprésentant le plus crédible, n'en déplaise à Borloo et ses partisans. C'est dans cette niche (pas fiscale) qu'il faut s'engouffrer et tenter de l'élargir. Enfin, je ne crois pas qu'il faille compter sur l'UMP (comme le fait Borloo) ou le PS (comme le pensent certains militants du MoDem) pour mener cette politique. *

    Il n'y a d'espoir qu'au centre de l'Échiquier politique et c'est ici que se joueront exclusivement les coups gagnants...