Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Economie - Page 19

  • Quelques nouvelles de mon lave-vaisselle français

    J'ai entendu Bayrou dire ce matin que bien des Français pouvaient mettre deux euros de plus pour acheter français. C'est aussi mon avis. Il faisait référence aux malheureuses qui travaillaient pour Lejaby et se trouvent privées d'une existence de labeur.

    Moi, je pense tout de même qu'il y a d'abord un problème de distribution : tenez, ce sont les soldes, actuellement. J'ai fait donc un stock de linge et vêtements divers. Mais faute de temps, je commande par Internet ou je vais dans des enseignes aux choix étendus. On n'y trouve jamais de produits français, et, pour être franc, cette année, je n'ai vraiment pas le temps de me rendre sur 36 sites différents pour sléectionner un panel de vêtements français. Quand j'achète occasionnellement, OK, mais là, je suis sur une logique d'achat en gros.

    A mon avis, c'est une dimension que Bayrou doit introduire dans son programme. Ce n'est évidemment pas simple, parce qu'il est difficile pour l'État de dicter à la grande distribution ce qu'elle doit proposer ou non.

    Pour revenir à mon lave-vaisselle Brandt (Salut la Roche sur Yon, c'est là-bas qu'il est fabriqué), je ne puis que m'en réjouir. Niveau bruit, c'est clair qu'on l'entend nettement moins que mon ancien whirlpool qui n'avait pourtant que 4 ans. Côté séchage, pas de soucis pour les programmes longs. En revanche, pour les programmes très courts (30 minutes surtout), c'est un peu juste, mais largement acceptable.

    L'hâbitacle est très bien pensé. Dans le whirlpool, je ne pouvais passer de très grandes assiettes. Dans le Brandt, c'est possible. En outre, il y a un astucieux système, pour les couverts, qui permet de les fixer dans une sorte de couvercle troué tête en haut. La panier à couverts du bas se divise en deux zones de même que ce couvercle. On peut donc fixer un demi-couvercle et laisser la seconde partie du panier libre. La panier en question glisse sur toute une rangée d'assiettes. Selon le chargement du lave-vaisselle, on peut donc le placer à droite ou à gauche. Bien pensé.

    Il y a un second panier à couverts, mais petit, plutôt pour les petites cuillères, qui se trouve à l'étage supérieur. Côté verre, il y a un bon système pour les verres à pied : on parvient facilement à les bloquer sur les rangées latérales, contrairement au whirlpool. A ce sujet, j'en profite pour dire que Miele ne fait pas mieux sur ce point. Mes parents viennent d'en acheter un, et les verres à pied continuent à s'y promener ou s'entrechoquer désespérément...

    Pour mémoire, mon lave-vaisselle français est un Brandt VH13TFB. Une dernière particularité : il est produit par une SCOOP ! Oui, je m'explique : Brandt a été racheté par Fagor, maque espagnole, qui est elle-même une émanation de la SCOOP basque Mondragon ! Une incroyable épopée à lire sur Wikipedia. Cela dit, malheur à deux, les salariés français ne sont pas des socios et ils ne bénéficient donc pas de tous les avantages inhérents à ce statut...

  • Bayrou et l'industrie

    Impossible de s'intéresser aux problèmes de l'industrie en France sans lire si possible en détail le rapport sénatorial piloté et déposé par Alain Chatillon (Sénateur UMP) le 05 avril dernier sur le sujet.

    Quand j'ai lu l'État d'urgence de François Bayrou, je m'étais interrogé sur sa volonté de laisser les industries françaises externaliser certains segments de leur production. Cela me semblait s'opposer au Made in France qu'il prônait. C'est en lisant le rapport que j'ai compris.

    En fait, c'est exactement ce que font les Allemands : contrairement aux Français, ils ne délocalisent jamais toute une production, mais des segments seulement. En France, dès que l'on exporte, on tend à produire tout dans le pays du marché visé. Il n'y a pas de réflexion véritable sur la segmentation de l'industrie, alors que nous devrions nous préoccuper au premier chef de conserver sur place tout ce qui porte une forte valeur ajoutée.

    Il y a de ce fait toute une réflexion à mener sur la formation de nos ouvriers. On a eu, à mon avis, grand tort de supprimer dans l'enseignement les filières E, du temps des bacs A, B,C, D et cetera. A la place, on a créé l'inspide section STI dont les débouchés professionnels ne sont guère clairs. Avec les bac E, la France avait pourtant généré des techniciens-ingénieurs d'une qualité exceptionnelle. Comme le disait récemment Bayrou au Figaro, nous étions un pays d'ingénieurs nous sommes devenu un pays de financiers.

    On doit repenser le métier d'ouvrier, à n'en pas douter, de manière à ce qu'il devienne celui d'un technicien supérieur. De ce fait, il y a une vraie réflexion à mener sur les filières techniques et professionnelles. Pour l'instant, on essaie bien de donner de la valeur ajoutée à ces filières par création de diplômes supérieurs ad hoc, mais le résultat se fait attendre.

    Bayrou voulait faire de la France un pays pro-entreprises en 2007 et toute son action est tournée vers les PME. Je pense qu'il n'est pas le seul à avoir ce souci, mais dans les faits, la consanguinité est si forte entre les grands groupes et les principaux partis, que les PME sont toujours les laissées pour compte des pratiques des grands partis. 

    L'environnement global français ne leur demeure donc pas favorable. Bayrou voulait en 2007 (et le propose à nouveau pour 2012) simplifier profondément l'environnement juridique et fiscal de l'entreprise. Sarkozy s'est emparé de la question en 2008, et, le résultat des courses, c'est qu'il a créé 500 pages supplémentaires de codes divers. Il faut, je le pense, une véritable détermination pour atteindre cet objectif. 

    L'une des faiblesses de l'industrie française, c'est ses investissements en recherche et développement : insuffisants il ne permettent pas de faire émerger des produits à la fois hauts de gamme, high tech et de qualité. Il est donc essentiel pour les entreprises de dégager des marges. Si la taxe sur les transactions financières est mise en place, Bayrou escompte en utiliser une partie pour faire baisser les charges qui pèsent sur le travail. Ce faisant, évidemment, les entreprises retrouveraient de petites marges de manoeuvre.

    En somme, si je récapitule le programme de Bayrou tel qu'il s'esquisse, voilà ce que j'y trouve :

    - Favoriser la segmentation de  l'industrie : externalisation des segments à basse valeur ajoutée et  localisation de ceux qui ont une forte valeur ajoutée.

    - simplifier considérablement le cadre juridique dans lequel évoluent les entreprises, particulièrement les PME.

    - développer une filière professionnelle et technique de haute qualification.

    - accroître les marges des entreprises en dégageant des marges de manoeuvre sur les charges du travail, de manière à permettre des investissements plus importants en RD

    - favoriser les rapprochements en réseaux des entreprises, et faire de l'État un acteur stratégique de ces rapprochements

    - développer un label Made in France afin de faire des consommateurs des acteurs du redressement de leur propre pays

    Il a évidemment d'autres idées en tête, mais je pense que ce sont les grandes lignes.

  • Ces c... qui voudraient m'empêcher d'hériter ou de léguer

    Y'a un truc à la mode, au moins sur la Toile, en ce moment, c'est de taxer les héritages jusqu'à la moëlle. Rien à foutre de leur pseudo-solidarité et de leur morale à deux sous, moi.

    Au nom de quoi des gens qui ne sont absolument pour rien dans l'effet d'accumulation de capital que je peux réaliser devraient en hériter ? Au nom de quoi l'État aurait le droit de me spolier de ma précieuse épargne ? Épargne que j'accumule pour ma descendance à force de parcimonie et d'économies (Nota bene : c'est juste un cas d'école, pour ce qui me concerne, je suis un panier percé...).

    Cette générosité avec l'argent des autres a le dont de m'agacer suprêmement. Moi, je dis, à chacun son fric et liberté de faire ce que l'on veut avec, y compris en termes d'héritage. On est déjà suffisamment taxé de son vivant sans en plus l'être jusque dans la mort.

    Voilà, c'est dit, ça va mieux : je vous attends, tas de gauchos chasseurs de koulaks qui ne manquerez pas de clamer que je suis un sale capitaliste droitier, indidivualiste, libéral (ça, c'est le gros mot), égoïste et réactionnaire.

    Donc l'impôt sur les successions, moi, s'il se mettait en place à 85%, je convertis mon fric en lingots d'or et je le planque, voilà. Ou alors je trouve une autre embrouille, ou je déménage, bref, je vais en un endroit où l'on respecte encore un minimum la propriété individuelle. La collectivisation progressive des biens et des richesses, moi, ça m'insupporte.

  • L'un des deux conseillers économiques de Marine Le pen me répond

    Marianne2 a repris sur son site l'article que j'écrivais hier sur le mauvais protectionnisme de Marine Le pen.

    Bruno Lemaire l'un des deux principaux conseillers économiques de Marine Le pen m'a répondu en commentaire. Fermeture ou bug, pas moyen d'en publier un en réponse sur le site de Marianne, alors du coup, je réplique ici et porte le débat sur mon propre blogue.

    Voilà sa réponse tout d'un bloc de mauvaise foi :

    Humm, j'ai rarement lu autant de mauvaise foi dans un même article, même si son auteur n'a pas peut de dire pour qui il roule. Juste 3 points, car cela n'en mérite pas plus. 1) Sur les 75 milliards de déficit commercial, il y en a déjà 30 dus à nos échanges avec l'Allemagne (que l'auteur ne soupçonne pas, dans ses comparaisons pseudo-historiques et assez nauséabonds, de vouloir reconstruire - pacifiquement cette fois - le troisième Reich), plus 20 milliards avec la Chine. Je ne pense pas que ces deux pays nous vendent pourtant beaucoup de pétrole. 2) Marine Le Pen n'a jamais dit qu'elle voulait que la France se replie sur elle-même, mais qu'elle voulait des écluses, c'est à dire des accords de réciprocité, entre les différents pays. C'est ce que souhaitait Keynes en 1944, pour l'ensemble des nations, en 1944. Je ne savais pas que Keynes était un fasciste ou un nazi camouflé. 3) La France importe 495 milliards, et n'en exporte que 420 milliards. En cas de fermeture complète des frontières - ce que seul l'auteur de cet article semble imaginer - un simple élève de CM2 comprendrait que les pays exportateurs nets (de 75 milliards) auraient plus à perdre que la France dans ce contexte stupide. Ils perdraient ... 75 milliards de plus que la France. Marine Le Pen veut relancer les exportations, et la production intérieure, pour avoir des échanges équilibrés. Cela ne me semble ni stupide, ni impossible. Très cordialement Bruno Lemaire, Professeur Emérite HEC.

    Et voici ma réponse :

    Les accords de réciprocité, ils existent : cela s'appelle l'Union européenne, à moindre mesure, l'OMC. Ensuite, vous avez réussi l'exploit de démontrer l'inverse de ce que vous vouliez dire : la France est en effet en déficit avec l'Allemagne, or, les règles d'échange entre les deux pays sont parfaitement équitables. Vous voulez faire quoi ? fermer les frontières avec l'Allemagne ? Pour le reste, que nos échanges soient équilibrés ou non avec l'Allemagne et la Chine, cela ne change rien au fait que hors pétrole, notre balance commerciale est à l'équilibre. Vrai ou faux ? Je vois que vous admettez qu'une fermeture des frontières serait donc un contexte stupide, c'est vous-même qui le dîtes ! Moi, je lis ce que je lis. Au chapitre Fiscalité, dans votre programme, il est écrit : «Il convient de mettre en place des droits de douane afin de rétablir une juste concurrence avec les pays dont l’avantage concurrentiel est issu du moins disant social et des manipulations monétaires.» L'avantage concurrentiel ne s'exerce que dans des secteurs spécifiques, évidemment, je ne vous l'apprends pas. En réalité, nous sommes excédentaires avec nombre de pays émergents au moins disant social et monétaire. Que comptez-vous faire ? Taxer leurs produits ? Ils feront pareil avec les nôtres. Citez-moi un exemple de pays dans le monde qui pratique la politique que vous préconisez et auquel cela réussit industriellement. Je suis preneur.

    Je conclus simplement avec quelques données : nos principales exportations vont vers l'Allemagne,  l'Italie, la Belgique, l'Espagne, le Royaume-Uni, les USA, les Pays-Bas, la Suisse, la Chine et la Russie.

    Nos importations, elles, viennent essentiellement d'Allemagne, de Chine, de Belgique, d'Italie, d'Espagne, des USA, du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de la Russie et de la Suisse.

    Vous comptez faire quoi ? Taxer les importations de ces pays ? Vous avez vu la structure de nos exportations ? 

    Nos déficits bilatéraux ? La Lybie, que voulez-vous, on leur achète du pétrole. La Russie, ce sont aussi des matières premières. Vous n'allez pas taxer des matières premières ??? Les autres, mis à part la Chine, ce sont nos partenaires européens ou occidentaux.

    Voyez la structure de nos exportations et constatez qu'il s'agit d'abord de biens industriels. Les hydrocarbures, à eux seuls, c'est 42 milliards d'euros de déficit dans notre balance. Avec les pétroles raffinés, c'est 9 milliards de plus. 

    Bref, mis à part dans le mur, on ne voit pas où va le projet de Madame Le pen, bien mal conseillée, il est vrai...

  • Le mauvais protectionnisme de Marine Le pen

    Si Marine Le pen accédait au pouvoir en France, les agences de notation seraient très embêtées : pas parce qu'elles sont le «mal» supra-national et libéral mais plutôt parce qu'il leur faudrait créer la catégorie ZZ- pour donner une valeur aux mesures que la candidate du Front National prendrait.

    Enlevez la facture pétrolière et la France devient tout de suite excédentaire sur la balance de ses exportations. 80% de ses exportations sont des produits manufacturés issus d'usines. Si on s'amuse à faire joujou avec nos taxes, les autres en feront autant. L'inconvénient, c'est qu'avec la structure de notre balance commerciale, nous ne serons pas gagnants à ce jeu-là...

    Au fond, il n'y a pas de bon protectionnisme, mais celui que Marine Le pen a choisi est le pire, parce qu'il nous conduit à l'autarcie. L'autarcie, on a vu ce que cela donnait avec Ceaucescu ou encore la Corée du Nord. Si l'on remonte plus loin dans l'histoire, le dernier État européen à avoir pratiqué la chose, c'était l'Allemagne nazie. Beau modèle...

    Promouvoir la France, c'est une bonne chose : mais il y a une manière intelligente de le faire, comme par exemple le choix de société que propose Bayrou en faisant des consommateurs Français les acteurs de leur propre promotion et de l'État un stratège, et une manière néfaste et déresponsabilisante comme celle de Madame Le pen dont l'action est tout entière tournée vers l'État promoteur de la taxe et pas du tout vers les initiatives individuelles.

    Son protectionnisme amènera simplement à faire monter artificiellement les prix si jamais il devait s'appliquer. Et c'est tout.

  • Le syndrôme de la désindustrialisation

    J'ai déjà eu l'occasion d'écrire ici toute l'affection et l'estime que je porte au Palais de la Découverte, et, corollairement, le mépris que m'inspire la Cité des Sciences.

    Il n'en a pas toujours été ainsi ; la conception de la Cité des Sciences et de l'Industrie, car tel était son nom d'origine, participait d'un louable effort : il s'agissait de mettre à portée du grand public non seulement les grandes découvertes scientifique modernes mais aussi les fleurons des innovations technologiques de nos meilleures industries. Il y avait ainsi à la Cité des Sciences et de l'Industrie, à son ouverture en 1986, tout un hall consacré aux réalisations industrielles. Je me souviens très bien d'y avoir vu des modélisations de turbines, des robots, et cetera.

    Aujourd'hui, c'est une sorte de no man's land sacrifiant aux lubies boboïstantes et tenu par des fonctionnaires venus on ne sait trop d'où (à la différence du Palais de la Découverte dont les animations sont assurées par des scientifiques). 

    François Bayrou dans son forum sur la production en en France a daté le début de la fin en France aux années 80. Pour moi, c'est plutôt Rocard et son gouvernement qui ont enclenché le mouvement en commençant à laisser les industries se délocaliser ou être revendues à des groupes étrangers pendant que l'on pariait tout sur les services. Les gouvernements de droite puis de gauche qui se sont succédés ensuite ont largement suivi le mouvement.

    L'importance que l'on accorde à la recherche et à l'industrie en France voit un exemple très symptomatique dans le sort qui a été échu au Palais de la Découverte : sous l'égide de Bertrand Delanoë, l'énorme salle qui modélisait une centrale électrique nucléaire a été récupérée par le Grand Palais pour faire de «l'évènementiel» comme on dit, et des expositions. Le Palais de la Découverte a longuement été menacé par des ministres qui voulaient en faire leurs bureaux, et il demeure en sursis.

    Tous ces gens-là se soucient comme d' une guigne de nos industries. Il n'y qu'à lire les réactions des blogueurs de gauche sur la nécessaire réindustrialisation de la France pour comprendre le mépris qu'elle inspire à la gauche en général.

    A Paris, je peste contre l'absence de projet alternatif à celui de Bertrand Delanoë dont la ligne directrice est toute entière festive. Si j'étais maire d'une ville comme Paris, bien loin de sacrifier le Palais de la Découverte, j'aurais au contraire donné la totalité du Grand Palais à la science, et je me serais enorgueilli de faire de Paris la capitale du plus prodigieux espace scientifique ouvert au public, lieu de contact exceptionnel entre les scientifiques de toute obédience et le monde entier.

    Delanoë n'a aucune ambition. Il ne rêve que de fêtes, de Paris-plages, de velib et autres attractions pour touristes et bobos. Ses rénovations (Jean Bouin, Roland Garros, Samaritaine) ne touchent que les loisirs et le commerce. En revanche, côté culture, il a tenté de faire disparaître le Musée en herbe, sacrifie les Serres d'Auteuil, bouffe une partie du Palais de la Décourte, et je passe quelques autres joyeusetés de ce genre. 

    La bataille pour l'innovation et la réindustrialisation, elle se mène en amont, c'est bien celà qu'il faut concevoir, pas en aval, quand il est trop tard, en venant supplier les fonds de pension étrangers ou les multinanionales (y compris françaises) de ne pas délocaliser.

    Bayrou a fait une analyse très particulière de nos maux : au fond, il pense que notre défaite est d'abord psychologique et qu'il n'y aura pas de redressement possible sans combat sur ce terrain. Ainsi, on peut parfois avoir du mal à cerner exactement son programme parce qu'il semble compter prioritairement sur la détermination et la bonne volonté des acteurs, mais les choix opérés par la gauche puis la droite valident au fond son analyse : c'est bien dans les esprits que les décisions les plus désastreuses se prennent avant de nous mener à la catastrophe.

    C'est bien pour cela qu'à Paris, je mène un combat sans merci contre Delanoë et ses séides et que je n'ai pas plus d'estime pour la droite locale qui n'aspire, au fond, qu'à mener la même politique. J'aurais espéré que le centre s'engage sur la voie d'une opposition résolue au Maire de Paris mais le chemin est long...

    J'ai toujours écrit ici que ce sont les clivages qui introduisent une rupture et une chance de succès dans les programmes politiques. Je suis convaincu de la pertinence de cette observation à Paris. Elle vaut pour la France aussi, bier sûr. Bayrou a remporté une première manche dans ce domaine. Il lui reste à gagner les deux suivante.

  • Bayrou et la famille

    Nicolas qui défend contre l'évidence le projet de suppression du quotient familial de Hollande réplique à mes critiques  en commentaires en me demandant ce que propose Bayrou.

    Bayrou s'est insurgé contre le projet socialiste car il revient à s'en prendre aux familles nombreuses au nom de la redistribution. Il fait observer que le quotient familial est un avantage universel et que la République, il a y a près de 60 ans, a choisi cette mesure pour favoriser la natalité. C'en est bien sûr une parmi d'autres.

    De fait, et j'exprime mon propre avis, ne vouloir favoriser que la natalité des familles modestes est une absurdité sans nom. On voit à Paris avec Bertrand Delanoë ce que produit la doxa socialiste : une ville gentrifiée avec deux à trois arrondissements entièrement constituée d'une clientèle parfois misérable et largement assistée. Pendant ce temps, les classes moyennes, même supérieures, doivent décamper. Les familles aisées, elles-mêmes, sont touchées. Delanoë a trouvé des centaines de millions d'euros pour la rénovation de Jean Bouin, pour l'extension de Roland Garros en détruisant en partie les Serres d'Auteuil, mais a réduit en revanche l'allocation pour la garde de petits enfants, tout du moins, pour les familles jugées "aisées"... A Paris, avec des loyers qui se comptent parfois en milliers d'euros, c'est évidemment très subjectif...

    Pour revenir à Bayrou, son projet sur la famille demeure à préciser, mais dans l'ensemble il a une vue assez proche de ce qu'il préconise pour les retraites : un système à points. Fusion de toutes les aides, plutôt que le méandre administratif auquel il faut faire face actuellement, et attribution de points en fonction des situations. Par exemple, femme seule avec enfant(s) = gros bonus de points. Famille avec enfant handicapé, méga gros bonus de points. Voilà, en somme, l'esprit de l'éventuelle réforme qu'il envisage. Il ne reste plus qu'à fixer les critères, mais je ne crois pas me tromper en présentant les choses ainsi, et, si tel était le cas, j'invite le principal intéressé à venir corriger la chose ici.

    Outre les aides fiscales et les aides directes, Bayrou a aussi des idées précises sur les rapports entre l'école et les familles. Il défend particulièrement pour les parents jeunes ou isolés ou tout simplement désemparés l'idée d'une école des parents.

  • Bayrou, le retour du centre-droit et le sort de la France !

    Tous les signaux convergent pour valider un positionnement stratégique que j'ai toujours défendu : l'occupation du centre-droit. De fait, Yves Pozzo di Porgo, Philippe Folliot, Douste-Blazy, Jean Arthuis, Alain Lambert, Anne-Marie Idrac, Dominique Versini, Arnaud Dassier et d'autres encore : il n'y a pas de doutes ! Le centre-droit converge vers François Bayrou. Et ceci ne se vérifie pas que dans les ralliements : dans le dernier sondage de popularité de CSA la cote de François Bayrou est plus forte auprès des Français de droite qu'auprès de ceux de gauche.

    Il se dégage de cette présidentielle un spectacle plutôt inédit et amusant : François Bayrou est un homme du centre. Il est à équidistance presque parfaite du centre-gauche et du centre-droit. La plupart de ses alliés sont au centre-droit. Mais son parti, le MoDem, est de centre-gauche (je l'ai toujours dit). Amusant.

    Il n'y a qu'une seule chose qui peut faire bouger les électeurs sociaux-démocrates : que Hollande commence à dérailler et fasse des concessions importantes aux Verts et, surtout, à l'aile gauche de son parti et au Front de Gauche. Ce n'est pour l'instant pas le positionnement qu'il a choisi. Il est solidement campé sur une posture social-démocrate bien que floue et, à mon avis (et celui de Bayrou) en effet insoutenable pour la France.

    Pour l'instant, c'est à droite que Bayrou peut continuer à espérer grignoter des voix. Toutefois, il y a une condition sine qua non à cela : continuer à émettre des idées.

    Le Made in France a fait l'actualité pendant deux mois. Maintenant, Bayrou doit dire quelles solutions il entend apporter aux délocalisations et comment il entend réindustrialiser la France puisqu'il a fait de ces objectifs ses principaux chevaux de bataille.

    C'est tout à fait fondamental, car l'emploi, la résorption de la dette, le rééquilibrage de notre balance commerciale tiennent tous dans la main de cette problématique fondamentale, ce qui n'a pas échappé à son oeil perspicace.

    S'il parvient à proposer des solutions crédibles et compréhensibles, elles se répandront dans l'opinion, et là, très franchement, vu les préoccupations essentielles des Français à l'heure actuelle, même s'il y a des émeutes à la Gare du Nord comme en 2007, il a gagné la présidentielle, rien ne pourra l'empêcher.

    Il va donc sans dire que la semaine qui s'annonce va être cruciale : au 133 rue de l'Université se tiendra samedi prochain des tables rondes dont l'objet précis sera justement de répondre à ces questions. De ce qu'il se dira, se proposera, et finalement émanera de ces tables va déprendre le sort futur de la France.

  • Sonnez, tocsins, j'ai acheté un lave-vaisselle made in France !

    Et voilà. Ça n'a pas été facile de convaincre ma moitié qui était plutôt orientée "qualité allemande", mais après lui avoir fait valoir a) un classement Que choisir b) l'absence de profondeur de mon porte-monnaie c) le caractère moralement satisfaisant de l'achat, nous sommes devenus les heureux possesseurs d'un lave-vaisselle Brandt, produit à 100% en France. Aucune erreur, sa certification figure ici sur le site de Veritas : l'utile équipement de cuisine est produit à la Roche sur Yon, en Vendée. Comme quoi, le Made in France façon Bayrou, ça marche dès qu'on est informé.

    Ce qui est comique, en revanche, ce sont les techniques de vente au sein du staff technico-commercial chez Darty. Pour tenter de vendre les extensions garantie à 5 ans, on fait valoir que l'appareil va certainement tomber en panne dans les 5 ans parce qu'il comporte beaucoup d'électronique. Perso, j'espère bien en avoir pris pour 10 ans ! Au moins. Le lave-vaisselle est à 499 euros et son extension coûte 129 euros. Tu parles Charles. Il paraît qu'on a une réduction de 20% sur l'achat suivant si on on s'engage à signer l'extension. 20% de 500 euros, ça fait 125 euros, primo, donc, pas l'effet est neutre, et, de surcroît, cela signifie que Darty table sur le fait que les produits vendus sont de la m... en barre. 

    Très mauvaise technique de vente, j'ai failli me casser sans rien acheter.

    In fine, il y a une vraie satisfaction morale à posséder un objet bien de chez nous, sur lequel des machines et des mains françaises se sont penchées. Et tout ça pour un prix particulièrement compétitif.

  • Le sale coup fait à la TVA sociale

    La pertinence de la TVA sociale fait rage au sein de la classe politique, mais aussi parmi les éditorialistes, les blogueurs et plus généralement les journalistes.

    A mon sens, Nicolas Sarkozy lui a fait un sale coup, à la TVA sociale, en l'amenant de manière impromptue, à quelques mois d'une élection présidentielle, alors que le sujet mériterait un long débat des amendements, et que la question du financement de la protection sociale est pertinente.

    L'inconvénient, c'est qu'une telle décision tombe au mauvais moment : nous sommes en crise, le pouvoir d'achat stagne et l'opinion est éruptive avec la proximité de la présidentielle.

    Les Français craignent de perdre en pouvoir d'achat puisque les prix augmenteront mécaniquement. S'il s'agit, par exemple, de ne basculer que les cotisations salariales et non les cotisations patronales sur la TVA, les prix augmenteront peut-être, mais les salaires avec en raison des gains réalisés.

    L'impact sur la compétitivité est controversé. Bayrou faisait observer que ce n'était pas un bon calcul que de tenter de rétablir notre compétitivité en luttant sur le coût du travail. A terme, ce n'est en effet sans doute pas un levier. Mais ce n'est sans doute pas l'objet essentiel de la TVA sociale, même si la baisse des coûts salariaux en est un effet collatéral heureux.

     

    Au passage, la TVA sociale permet de faire la peau au plombier polonais et à la directive Bolkenstein, comme l'observait finement Jean Arthuis en 2006. D'où que vienne le service rendu, la TVA s'applique. Le Danemark l'a fait et ne semble pas s'en porter plus mal. Je crois vraiment, que sur un sujet aussi sensible, il faut rompre avec les postures politiciennes et adopter une attitude courageuse et responsable. Une fois la chose faite, la question est réglée et il n'y a plus à toucher au taux de TVA ensuite. Je ne crois pas, en revanche, comme Jean Arthuis que la TVA sociale ait un impact sur la délocalisation de l'emploi.  

    Taxer notre production pour financer notre protection sociale ne me paraît pas pertinent. En revanche, je reçois parfaitement l'un des arguments de François Bayrou qui observait que la protection sociale était une question de solidarité nationale et que donc, TOUS les revenus sans exception aucune devaient y contribuer. Bayrou dans son État d'urgence table plutôt sur la CSG pour ce faire. Mais j'ai le souvenir que près de 50% des Français sont exemptés d'impôts. Je trouverais donc juste un panachage entre la TVA et la CSG puisque la TVA est réglée par tous les citoyens.