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Economie - Page 18

  • Transition énergétique et menace nucléaire

    François Bayrou a dit de l'énergie nucléaire qu'elle était une énergie de transition. Je partage cet avis. Le poblème, en revanche, c'est la transition vers quoi ? Nous savons désormais qu'une catastrophe nucléaire n'est pas impossible en France. Nous n'y sommes absolument pas préparés. Aucun plan d'évacuation n'existe pour les zones les plus nucléarisées. Que faire le jour où il faudrait évacuer la moitié de la population de la Manche en cas d'accident à La Hague ? Personne n'en sait fichtre rien.

    Éric Besson et EDF ont choisi avec détermination la fuite en avant : nos centrales arrivent bientôt au terme de leur existence prévisionnelle. La réponse à ce coût ? Doubler le temps d'utilisation des centrales ! Il y a une floppée d'experts pour assurer que le risque est proche de zéro, mais, pour ma part, je tends naturellement à penser qu'utiliser un produit au-delà de sa date de péremption expose à des risques d'autant plus majeurs que le délai de grâce aura été dépassé.

    Les Verts n'ont pas tort de faire du nucléaire un casus belli : le problème, c'est qu'ils ont mêlé à leurs considérations écologiques une espèce de bouillabaisse marxiste et morale qui les rend tout sauf crédibles. Ils ne savent que promettre de la sueur (à défaut de sang et de larmes) et de la décroissance. Ils ne veulent pas intégrer la gourmandise énergétique de notre société.

    De ce point de vue, Corine Lepage offre un visage nettement plus raisonnable, mais ses louvoiements, ses atermoiements et ses retournements indignes m'ont rendu le personnage définitivement antipathique en dépit d'idées pourtant intéressantes.

    La transition énergétique devrait être une cause nationale majeure, au même titre que la réindustrialisation de la France. François Bayrou a conscience de cette urgence. Mais comme toute la classe politique et même les experts en énergie, il ne sait pas comment faire. Il a, face à la gauche et à la droite, le mérite de ne pas se lancer dans des projections qu'il sait intenables.

    Il n'en reste pas moins qu'à elle seule, cette question mériterait un forum. Dans son Vivre autrement, Corine Lepage avait imaginé un tel scénario, mais il demeurait entièrement à la charge de l'État. La question est à reposer de manière correcte : comment accomplir un tel objectif dans nos sociétés marchandes, démocratiques et libérales en un temps où les États sont à bout de ressources ?

    Une électricité sans nucléaire coûterait trois fois plus cher d'après les calculs de l'OCDE que ce que nous payons à l'heure actuelle. Économiquement dévastateur.

    Les écologistes ont tout de même le mérite d'avoir commencé à y réfléchir et il faudra certainement les associer à une grande réflexion nationale sur le sujet ; ainsi, l'auteur du blogue J'arrête le nucléaire a procédé à quelques calculs plutôt intéressants : pour un individu isolé, on peut envisager le passage à l'énergie verte, avec par exemple une fournisseur comme Planète Oui. Je ne sais pas comment ils se débrouillent, mais ils parviennent à une offre plus intéressante que celle d'EDF. Le problème, c'est de pouvoir alimenter toute l'industrie, et sur ce point, je ne vois pas d'offre de masse verte capable de répondre à une telle demande.

  • Une politique sociale made in Bayrou

    François Bayrou tenait aujourd'hui le troisième forum de son agenda 2012-2020. Il s'agissait cette fois de définir de quelle manière l'économique et le social pouvaient se marier harmonieusement (ou non...).

    Travail et droit du travail

    François Bayrou a fait sensation en proposant de liquider toutes les formes de contrats autres que le CDI. Quid de la flexibilité pour les entreprises dont les commandes ne sont pas assurées, alors ? Bayrou suggère que des indemnités importantes et fixées à l'avance, d'un montant équivalent à ce qu'accordent les prudhommes en règle générale, figurent dans le contrat, rendant possible son interruption.

    Puisque le droit à la formation existe, Bayrou suggère qu'il soit activé pendant les périodes de chômage principalement. Compte-tenu du désordre général du financement de la formation continue, Bayrou propose qu'une agence nationale de la formation soit créée dont la mission soit de mettre en ordre ce secteur.

    Santé et retraites

    En ce qui concerne les retraites, Bayrou n'a pas changé d'avis et maintient le principe d'une retraite par répartition, mais avec un système à points. La pénibilité, l'action dans la sphère associative, l'éducation des enfants seront intégrées dans le calcul sous forme de bonus. A terme, chacun décidera de l'heure de son départ à la retraite.

    Pour la santé, il s'agit, tout comme pour les retraites, de parvenir à un équilibre. Pas seulement financier. Un équilibre géographique aussi. Sur ce dernier point, Bayrou propose d'élargir le numerus clausus en fléchant pour quelques années vers les déserts médicaux le parcours des entrants surnuméraires dans les professions médicales. Bayrou estime également que la rationnalisation des moyens ne doit pas mener à fermer des services médicaux de proximité majeurs tels que les maternités,  les urgences cardio-vasculaires et les soins ambulatoires. Bayrou propose l'ouverture de maisons médicales avec du personnel compétent plutôt que d'unités hospitalières pour mailler le territoire.

    L'équilibrage de la sécurité sociale est un vrai problème : sur ce point, Bayrou n'a pas proposé de solutions toutes faites, mais il observe que des complémentaires santé gérée par des syndicats et des organisations professionnelles de santé semblent donner de bons résultats en Alsace et en Moselle : il reste à voir comment cela fonctionne pour réfléchir à une généralisation à l'échelle nationale.

    Bayrou compte consacrer au handicap une réflexion particulière : il l'a donc abordé en spécifiant qu'il privilégierait l'accompagnement humain dans ce domaine, mais il a remis à un forum spécifique ce qu'il compte proposer dans ce domaine.

    Le reste de sa politique sociale fera l'objet d'un billet séparé.

  • Redémarrer l'industrie et...l'emploi avec Bayrou !

    J'étais hier soir au forum "Produire en France, oui, mais comment ?" organisé par l'Alliance Centriste pour le compte de François Bayrou. Il y avait là des pointures avec notamment Robert Rochefort, l'euro-député MoDem, Jean-Pierre Peyrelevade, Pierre Gattaz, PDG de Radial et Aurélien Véron, président du Parti Libéral Démocrate.

    Je ne connaissais pas Pierre Gattaz, mais je l'ai découvert : très intéressant ! J'ai retenu de son intervention les choses suivantes

    - il n'y a déjà pas beaucoup de petites industries, écrasées par le poids des très grosses entreprises, mais encore moins d'ETI (Entreprises de taille intermédiaire) quasiment inexistantes en France.

    - opposer petites et grandes entreprises est stérile : il faut au contraire les assoscier (sur cet aspect, un premier bon point pour Bayrou qui propose un crédit d'impôts pour les entreprises qui prennent une participation dans une petite entreprise).

    - Il faut revaloriser l'industrie aux yeux de la jeunesse. Notamment, finance et assurance absorbent tous les ingénieurs, or, pour innover, l'industrie intermédiaire a besoin de personnels formés et diplômés. Une idée très astucieuse : faire venir des enseignants dans les usines et sur les lieux de production pendant une journée. Qu'ils fassent cours dans l'usine, mais en s'arrêtant toutes les deux heures pour que les élèves discutent avec les personnels. Cela peut être fait dès le collège.

    - s'appuyer sur les marchés intérieurs pour disposer d'une assurance avant de se lancer dans l'exportation. Les commandes locales permettent de garder des usines sur place et ce repli possible est fort apprécié en temps de crise. De ce point de vue, les collectivités ne jouent pas leur rôle (Robert Rochefort a évoqué la mairie socialiste de Toulouse qui importe du pavé chinois pour refaire une rue alors qu'il y a une carrière de pierres à quelques kilomètres...)

    - simplifier les normes et au minimum, commencer par les imposer à tous également, par exemple aux entreprises chinoises qui nous inondent de produits fabriqués en Chine.

    - baisser les charges pour permettre l'investissement et l'emploi. Sur ce point, Jean-Pierre Peyrelevade est à 200% sur l'analyse d'Yves Gattaz et rappelle que les entreprises françaises ont les marges les plus basses d'Europe.

    Aurélien Véron a de son côté évoqué les Business Angels rappelant que l'environnement fiscal français ne leur était pas favorable. Bayrou dans son programme prévoit de leur permettre de déduire des impôts leurs pertes. Rappelons que les Business Angels sont des fonds de capitaux qui choisissent de prendre des risques en investissant dans des start-up (entreprises qui démarrent). Aurélien Véron a fait observer que la difficulté à obtenir des financements des banques venait de ce qu'elles devaient renforcer leurs fonds propres, et...elles devaient renforcer leurs fonds propres en raison de la quantité d'actifs pourris d'origine étatique qu'elles avaient été contraintes d'acheter en 2009. 

    C'est près de un million d'emplois qui pourraient être créés en France simplement en réimplantant une industrie manufacturière de biens de consommation. C'est l'un des chevaux de bataille de Robert Rochefort qui constate que pour de nombreux biens, la production n'existe purement et simplement pas ou plus en France.

    Il y a des données qui laissent songeur : Matthieu Lambeaux, le PDG de Findus (spécialiste des surgelés) déclarait qu'il suffirait que chaque foyer français achète deux boites par an (oui, vous avez bien lu ! deux par an seulement !!!) pour créer 100 emplois à plein temps en France !

    - contre le bas de gamme, Robert Rochefort observe aussi que l'absence de produits résistants et le consumérisme forcené nous amène à nous munir de biens que nous remplaçons. Y gagnons-nous ? Non, pas du tout. Acheter deux à trois produits bas de gamme en trois-quatre ans revient même plus cher que d'en acheter un seul dans le même délai. il y a donc une habitude de consommation à modifier mais aussi de production : l'industrie pourrait réaliser une large partie de son chiffre d'affaire sur le service après-vente et les pièces détachées. C'est le cas des automobiles : les moteurs actuels sont quasiment immortels au regard de leurs prédécesseurs, particulièrement la technologie HDI mise au point par peugeot. Il faut donc miser sur la qualité.

    Il y a des gisements de développement énormes en termes d'emploi et de développement dans notre réindustrialisation mais seul François Bayrou semble en avoir pris la mesure avec ses propositions.

  • Banques : Hollande champion de l'air de pipeau !

    Bon, c'est agaçant d'avoir dû aller rechercher une page qui avait moins de 5 jours d'existence en cache, mais je l'ai retrouvée ! Hollande roule des mécaniques avec les banquiers, en dépit de l'aéropage de gros poissons de la finance qui le conseille, mais dans la réalité, il adopte profil bas. Il n'entend absolument pas séparer activités de finances et d'investissement d'un côté, et banques de détail de l'autre, mais simplement scinder au sein de chaque banque les deux choses en filiales. Autant dire ne rien faire, en somme...

    Qu'il revienne à la raison ne me choque pas, mais c'était bien la peine d'adopter des postures révolutionnaires pour finalement faire pschhht.

    Pour ma part, après avoir longtemps hésité sur le sujet, je ne pense finalement pas qu'une telle séparation soit positive, car si elle protège les dépôts de toute spéculation, elle risque aussi d'assécher le crédit en raison de la croissance exponentielle du risque faute de pouvoir s'adosser à la banque de détail en cas de coup dur. 

    Je préfère plutôt qu'on surveille les pratiques spéculatives en légiférant, le cas échéant, pour interdire celles qui seraient plus que douteuses. 

  • Tilt ! J'ai compris comment Bayrou efface le déficit de l'État !

    C'est marrant. Les solutions les plus évidentes, on ne sait pas pourquoi, la plupart du temps, elles sont sous votre nez et on ne les voit pas quand même. Il y avait un truc que je ne comprenais pas clairement dans le programme de Bayrou, c'est comment il s'y prenait pour faire les 100 milliards d'économies nécessaires à l'effacement de notre déficit.

    J'ai compris !

    Suivez bien le raisonnement

    Notre budget annuel est d'à peu près 1100 milliards d'euros. L'inflation en France tourne autour de 2.5% environ. 2.5% de 1100 milliards, cela donne 27.5 milliards. 

    Donc, si on laisse en euros courants le budget de l'État à valeur constante, mécaniquement, par le jeu de l'inflation, nous économisons aux alentours de 25 milliards d'euros à chaque année qui passe. Au bout de 4 ans, les 100 milliards de déficit sont effacés. On peut alors élaborer un budget en équilibre pur, inflation comprise. Mais ensuite, on gagne tout de même de l'argent chaque année, pour une raison très simple : comme le budget comprend une part importante consacrée au remboursement de la dette, dès lors qu'on commence à la rembourser, mécaniquement, au fil du temps, la part consacrée au reste du budget augmente.

    Et voilà comment on rentre dans un cercle vertueux.

    Bayrou a de surcroît fait des hypothèses de croissance très basses, en fait, celles que donnent les organismes internationaux. Pour peu que son réarmement industriel opère, la France pourrait avoir assez rapidement de bonnes surprises.

    Dernier point sur la TVA : Bayrou l'affecte au budget de l'État. C'est un impôt. La protection sociale, c'est financé par les cotisations sociales. Principe qui me paraît très sain.

  • 16 rafales en France seulement ???!!!!

    J'ai entendu que Dassault était bien positionné pour livrer 126 rafales à l'Inde. Mais ce qui m'a fait halluciner, c'est d'apprendre que 16 de ces 126 rafales seront produits et assemblés en France. Le reste, ce sera des sous-traitants français qui fourniront des pièces détachées et l'aéronautique indienne assemblera.

    Je n'en reviens pas. C'est tout ? Je me suis d'abord demandé si notre aéronautique militaire délocalisait (une criminelle issue si tel avait été le cas) mais non : d'une certaine manière, c'est pire que cela ! La France n'est tout simplement pas capable de produire plus d'un coup !

    Sachant que la France a prévu de s'équiper de 11 appareils par an de son côté pour un total de 180 avions de combat, on voit les limites de notre appareil productif. 

    Ouf, Bayrou va pouvoir ajouter une ligne supplémentaire dans son programme de réarmement industriel. Y'a du boulot.

    La consolation, c'est que cette commande consacre les qualités d'un avion victime de sa réputation de looser (sur carnets de commande) et de son prix, mais qui dispose en réalité d'un large éventail de possibilités. Polyvalent, il est capable de missions de reconnaissance, d'interception et de frappes au sol.

    Il ne fait pas de doute que l'intervention en Libye aura été une occasion de faire état de ses performances. Après, j'imagine qu'il y a aussi une dimension stratégique dans le choix indien. Avec la France en fournisseur unique, il y a peu à craindre d'un éventuel embargo en cas de conflit avec le Pakistan comme l'observait fort judicieusement Pierre Conesa chez Marianne2.

    Dassault a des travers, mais il a aussi ses bons côtés, et notamment en ce qui concerne ses règles d'intéressement, il a comme principe immuable de reverser toujours un tiers de ses bénéfices à ses salariés. Si le contrat se concrétise, on va pouvoir sabler le champagne dans les usines du groupe...

  • Bayrou entre emploi et réarmement industriel

    J'avais déjà évoqué le 20 janvier dernier des éléments de la stratégie industrielle de François Bayrou. Le dévoilement et le chiffrage de son projet, ce matin, me permettent d'ajouter quelques éléments.

    Jean Peyrelevade, l'un de ses proches conseillers, s'exprimait ce matin sur France Info et faisait valoir que c'est à tort qu'on faisait porter au coût du travail la baisse de notre compétitivité. En fait, remarque Peyrelevade, nous avons des champions industriels, mais nous avons abandonné une quantité assez invraisemblable de créneaux. Chaque créneau est petit, mais leur somme est mastodontesque. Nous avons un problème de gamme, en somme. Il citait quelques exemples, mais j'ai tout de même retenu que nous importions nos lunettes de plongée du Japon parce que nous n'en produisons pas en France !

    D'une certaine manière, Bayrou tente de prendre en tenailles le problème : il est convaincu qu'il ne faut pas toucher aux salaires car ils sont la garantie de la consommation. Ainsi, s'il escompte bien faire des économies dans les dépenses de l'État, il ne veut absolument pas qu'elles se fassent au détriment des revenus des salariés de la fonction publique. Pas de blocage de points d'indice ni de grilles de salaires avec lui.

    C'est pour cette raison aussi qu'il récuse la facilité (en apparence) qui consisterait à lutter contre les coûts du travail avec d'autres pays. C'est pour cette même raison qu'il estime que la TVA sociale ne saurait en aucun cas apporter un surcroît de compétitivité. Si TVA il doit y avoir (il prévoit une hausse de 1%) c'est exclusivement pour faire partie d'un pack destiné à désendetter l'État.

    La PME demeure pour lui la clef du réarmement industriel. Toutefois, il est difficile d'en favoriser la création ex nihilo, et, s'il approuve l'existence de stratagèmes public, il pense aussi qu'ils ne suffiront pas. Oui à Oseo, bien sûr, mais il faut aller plus loin : il faut que l'investissement puisse s'associer directement à l'industrie. Pour cela, il escompte actionner deux leviers :

    a) l'investissement des particuliers avec un livret épargne industrie qui pourrait proposer d'assez fort rendements et drainer ainsi l'épargne des particuliers.

    b) celui des plus gros acteurs à commencer par les grandes entreprises : l' avantage fiscal lorsqu’une grande entreprise aura créé une structure d'investissement en direction des PME ou pris une participation dans une telle structure me paraît particulièrement astucieux.

    Il y a là une mesure propre à favoriser la constitution de clusters, ces grappes d'entreprises qui ont fait et font encore le bonheur et le dynamisme de la Silicon Valley.

    Bayrou n'a jamais été un admirateur des conflits dans le travail : plutôt que des grèves dures, il préfère la co-gestion. Mais pour lui donner une substance bien plus consistante que la traditionnelle négociation à flux tendus, il suggère d'acter par une loi la participation en dur des représentants des salariés, les syndicats, en somme, aux Conseils d'Administration de toutes les entreprises.

    Voilà qui ferait un bien fou à la démocratie sociale dans le travail. J'imagine la tête des gros actionnaires face aux représentants syndicaux quand il va s'agir de proposer d'éventuelles délocalisations. Nul doute qu'il ne sera plus possible d'agir dans le dos des salariés. Mais ce sera aussi l'occasion de proposer cartes sur table des stratégies. La méfiance se nourrit du secret.

    Le capital-risque doit pouvoir trouver son compte et des compensations dans les risques qu'il prend : l'idée de proposer aux Business Angels la possibilité de déduire leurs pertes de leurs impôts sur le revenu est très forte et très bien pensée. Très bonne incitation fiscale ciblée.

    Les PME auront besoin de pouvoir employer : un emploi sans charge pour les entreprises de moins de 50 salariés pendant deux ans, c'est une sécurité pour les TPE qui grossisssent. Quel est le problème ? Votre entreprise grossit, il y a trop de travail pour vous, mais peut-être pas assez pour votre premier salarié. L'exemption des charges pendant deux ans est un sacré coup de pouce pour voir venir...

    J'ai suffisamment parlé du Made in France et notamment du label que Bayrou entend développer pour y revenir. Je signale toutefois un sondage qui fera taire tous ceux qui affirment que l'ambition de Bayrou relève d'une douce rêverie : 83% des Français sont prêts à payer plus cher pour acheter un produit français. Il n'y a plus que les dirigeants socialistes pour affirmer le contraire. L'idée de Bayrou, qui épousait une aspiration profonde du peuple français continue de faire son chemin.

    Je n'ai pas présenté ici la totalité des mesures de François Bayrou, mais si avec cela, si jamais Bayrou est élu, nous ne retrouvons pas le chemin de la croissance et de l'emploi, je veux bien manger mon ordinateur portable sans aucun assaisonnement...

  • Que faire pour lejaby ? Ben acheter français...

    Ah, lejaby, c'est la grande angoisse des politiques par les temps qui courent : encore une entreprise qui délocalise, encore une usine qui ferme, encore des emplois perdus. Ils y courent tous à Yssingeaux, dans l'urgence de la campagne présidentielle. Hollande, Besson, Wauquiez, Montebourg, tous se pressent au chevet du symbole du textile français agonisant.

    Cette précipitation  traduit surtout l'absence d'anticipation. Elles sont nombreuses, les petites usines, à avoir crevé lentement, d'une mauvaise mort. Il y a, je le crois, chez nombre d'acteurs politiques, maldonne sur le rôle de l'État : tout faire pour retrouver un repreneur, c'est certes louable, mais c'est une réaction dans l'urgence qui se substitue à la vision de fond.

    Il faut voir les procès en sorcellerie ès nationalisme qui sont régulièrement faits à Bayrou depuis qu'il a propulsé Made in France et Achetez français dans la campagne électorale.

    Que faire pour Lejaby ? Eh bien commander un soutien-gorge là-bas, pardi ! Là, je ne peux pas le faire, je ne suis pas une fille. Mais dans le principe, pour deux euros, comme l'observait Bayrou, pourquoi ne pas acheter local ?

    Pour information, les soutien-gorges Lejaby sont en vente chez LemonCurve et en plus, il y a de bonnes soldes : -50% ! Bon, il ya  juste un petit souci : faute d'indications, qu'est-ce qui est produit en France, exactement, dans le tas ?

    Évidemment, le consommateur ne peut être le seul acteur de ce redressement : l'État peut avoir un rôle facilitateur. Auprès des entreprises, en évaluant en amont le danger à venir, d'où l'intérêt d'un Conseil stratégique qui puisse voir venir le temps mauvais et les évolutions de chaque filière, en aval en permettant au citoyen de se fournir localement, c'est à dire en l'informant et en favorisant la distribution des produits locaux dans les principaux dépôts et principales enseignes. Les fondamentaux du programme de Bayrou, en somme.

    Bayrou avait approuvé en son temps la mise en place d'une sorte de fond souverain stratégique : sans en faire une caisse de renflouement, on pourrait aussi penser à une action d'un tel fond dans ce genre de cas, notamment pour favoriser la constitution de SCOP, structures plus fiables que les sociétés classiques pour garantir le bien-être des salariés.

    Il faut évidemment qu'il y ait les compétences nécessaires sur place, mais personnellement, je vois bien un État prêteur/investisseur favorisant l'émergence de SCOP puis rentrant dans ses fonds après remboursement une fois l'usine ou l'entreprise sauvée. Pour une collectivité locale, l'investissement ne me semble pas impossible, puisqu'à ce que j'ai compris, il suffirait de 7 à 10 millions d'euros pour créer une nouvelle entreprise à partir de l'unité de production existante.

    Moi, je crois profondément à l'intelligence collective. Souvent, les êtres qui vivent en société trouvent des solutions collectives naturellement viables. On voit en France plein d'associations faire feu de tout bois là où les services de l'État défaillent et où le privé classique piétine.

    La SCOP, c'est une forme d'intelligence collective viable. De la même façon qu'il faut faire confiance aux Français pour faire preuve d'intelligence collective dès lors qu'ils sont informés. L'État n'a dans cette vision de la société, toute centriste, que vocation à favoriser la rencontre des différents acteurs, sans interférer davantage.

    Au fait, mes jeans de Florac sont arrivés ! :-) M'ont l'air très bien coupés, mes deux Tuff's, mais je vous en donnerai des nouvelles prochainement. Je ne l'ai pas ajouté la dernière fois, mais en fait, les jeans, c'est une création française de Nîmes à l'origine.  D'où la marque Denim. Cette hypothèse est toutefois controversée : selon d'autres sources, le tissu aurait été commercialisé par des marchands Gênois et «jean» serait en fait l'anglicisation de Gênes. Quoi qu'il en soit, c'est bien à un Américain que l'idée est revenue de faire, à partir de cette toile, les pantalons qu'on a par la suite appelés jeans. Voilà, ça c'était le plus pour informer de la suite de ma commande Made in France :-)

  • Hop, j'ai trouvé (et acheté) des jeans Made in France !

    Et hop, salut Florac ! Rien de tel que le jean cévenol. Je songeais, les soldes et embonpoint venant, à me racheter quelques jeans : petit tour sur mes magasins en ligne habituels, visites chez quelques marques connues mais, soudain, inspiration ! Et si je cherchais jean français sur Internet ? Petit tour sur google et...bingo ! Je suis tombé sur le site des Jean's Tuffs. Trois frères résistent encore et toujours l'envahisseur et continuent de produire de la toile de qualité. Je vais pouvoir d'ailleurs vous en donner mon sentiment, j'ai commandé deux pantalons. Bon : ils sont à 59 euros, ok, mais ce n'est pas plus (et même moins en fait) que des jeans de marques diverses mais connues qu'on paie des fortunes, souvent plus de 100 euros/pièce. Quand je dis "on", je veux dire certains, évidemment. 

    La manufacture de Tuff a employé jusqu'à 45 salariés. Aujourd'hui, l'atelier n'occupe plus que trois personne, de novembre à pâques, seulement. Sans doute une activité complémentaire. L'ancêtre des Tuffery, Célestin Tuffery, était lui-même tailleur au début du XXème siècle. La tradition s'est poursuivie envers et contre tout. 

    C'est tout de même dingue, quand j'y pense. Regardez les jeans qui figurent sur le site Levi's, l'une des marques les plus célèbres. Enfin, regardez les jeans mais surtout les prix : de 100 à 400 euros, nom de Zeus ! Et il y a des clients. Alors, bon, avec leurs 60 euros, les trois frères, ça va ils ne volent pas le client, et, au moins, on est sûr qu'il n'y a ni prisonniers chinois (voire nord-coréens) ni enfants dans les ateliers qui triment pour les confectionner. 

    Je ne dis pas que 60 euros c'est donné, mais à qualité et standing comparés, je pense que cela vaut le coup. D'ailleurs, à Florac, tout le monde porte ces jeans.

    Bon, ça va encore faire ricaner l'Nicolas et l'Marc qui jugent insignifiante et grotesque l'idée principale de Bayrou sur le Made in France, l'Romain va encore hurler au loup nationaliste, il n'empêche que quand tu cherches, tu constates que cela tient la route la piste qu'a flairé le Béarnais.

    Allez, Norbert, Jean-Jacques et Jean-Pierre, on est avec vous ! Comme quoi, le Textile n'est pas condamné à s'expatrier nécessairement en Asie.

  • Les propositions d'Hollande ? Que du flan !

    Je vois quelques congénères blogueurs  et plus généralement la pravdasphère (pas mal pravdasphère, je retiens, ça me plait bien) comme le dit ironiquement le Faucon se réjouir du dernier discours de leur leader maximo. Y'a franchement pas de quoi. Passons-les en revue les propositions de Hollande

    Séparer les activités de crédit et de "spéculation" comme le dit joliment Hollande...J'ai longtemps cru que c'était une mesure à prendre pour les banques, mais, à la réflexion, cela risque d'assécher le crédit. Ce sont les activités financières qui permettent aux banques de dégager les bénéfices avec lesquelles elles financent ensuite l'économie. Je ne suis donc pas du tout convaincu de la pertinence de l'idée.

    Interdire les produits financiers sans lien avec l'économie réelle : exemple de formule bateau qui ne veut rien dire. Si Hollande pense à tous les produits financiers qui permettent de se couvrir contre le risque, c'est une très mauvaise idée. Sans couverture de risques, pas de prise de risques, évidemment, donc, là encore, assèchement du crédit. Tout au plus pourrait-on commencer à mener une réflexion sur la possibilité légale de spéculer sur un produit servant à couvrir le risque. Là, cela pourrait avoir un sens. Mais je crois que Hollande est assez loin de cela.

    Tout ce qui est européen, agence de notation, contribution écologique, taxe sur les transactions, ça ne mange pas de pain et ça n'engage à rien. Et en France, concrètement, il propose quoi ?

    La création d'une banque publique d'investissement ? Financée avec quoi ? Sarkozy a déjà mis en place des fonds stratégiques. Il faudra faire des choix pour les financer. A-t-on entendu Hollande s'exprimer à ce sujet ? Non. Comme le disait en réaction Marielle de Sarnez, le discours de Hollande n'est vraiment pas approprié aux temps de crise : quid de la dette, quid des déficits ?

    Création d'un livret d'épargne entièrement dirigé vers les PME et tranche d'imposition supplémentaire sur les gros revenus, ça, ça va.

    Je vois qu'il a encore promis la retraite à 60 ans : de l'esbrouffe. Mensonge. Il n'en fera rien alors qu'on sait que 62.5 ans n'est pas suffisant.

    Encadrer les loyers ? Je pense que le dispositif de 1948 a laissé suffisamment de traces pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Au lieu d'agir en amont, une fois encore Hollande ne pense qu'à taxer et sanctionner. Il aboutira simplement à un blocage du marché immobilier, cela me paraît évident.

    Conclure en faisant de l'adversaire principal la finance, enfin, c'est ridicule. Cela ne veut rien dire. La finance, c'est très vaste. Il faut simplement la remettre à sa vraie place quand c'est possible et limiter les abus, c'est tout. Mais bon, on le sait, depuis 2007, Hollande n'aime pas les riches. Et au fait, et Noah et son évasion fiscale, qui était là, il a un programme spécifique pour les people de gauche, Hollande ?

    Côté social, c'est la gauche, quoi : droit de vote aux étrangers, laïcité, et cetera...Il n'y a qu'une mesure qui reçoit vraiment mon aval, c'est celle de supprimer les exonérations fiscales pour les entreprises qui ne mettent pas en place une véritable parité de salaire entre hommes et femmes à poste égal.