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Economie - Page 20

  • Travail et richesse

    C'était un slogan de Nicolas Sarkozy, en 2007 que de proposer de travailler pour gagner plus. Plus généralement, on trouve souvent chez les Conservateurs cette idée que notre société dégénérée ne travaille pas assez. En fait, c'est un gros pipeau. Un énorme pipeau, même. Ce n'est pas la quantité de travail qui produit la richesse. Tenez, Prenez ces malheureux Grecs : on les a parés de tous les atours de la fainéantise, et, particulièrement en Allemagne il a été de bon ton de conseiller à ces bons à rien de se mettre au travail. Sauf que quelques esprits forts se sont soudainement épris de l'idée d'établir une comparaison sérieuse entre Grecs et Allemands : bilan, en 2008 (donc avant la crise) le Grec moyen a travaillé à peu près 700 heures de plus que l'Allemand moyen. Merci, Slate, pour l'information.

    Le problème, c'est que de ce genre de constat, les Socialistes tirent généralement la conséquence absurde qu'en travaillant moins, on va être plus productif, plus compétitif, et, qui sait, peut-être plus riche. Pipeau aussi. Ça ne marche pas comme ça.

    L'article de Slate observe que les Allemands sont nettement plus économes que les Grecs : le fait de ne pas se gaver de biens de consommation de toutes sortes, ou à défaut de les produire sur son sol comme le suggère un François Bayrou, limite à l'évidence la casse.

    Je suis fasciné par la marque d'hyper-consumérisme que constitue la revente de cadeaux de Noël. Toujours étonné également de voir qu'en temps de crise, le budget fêtes, cadeaux et vacances reste stable : c'est pourtant le premier qui devrait morfler.

    En tout cas, tous les discours sur la valeur travail, mais aussi le partage du travail sont des enfumages en bonne et dûe forme. Ce n'est pas la quantité de travail qui crée la richesse, mais la valeur ajoutée sur le travail. 

    Si l'on veut établir un raisonnement économique pertinent sur le sujet, il faut donc raisonner avant toutes choses en termes de valeur ajoutée. Je ne sais pas, si finalement la TVA sociale est ou non une bonne réforme, mais au moins, pour une fois, l'essai va dans le bon sens.

    Tous les auteurs (anciens ou modernes) que j'ai pu lire récemment vont dans ce sens : Christian Blanc dans La croissance ou le chaos, Jean Peyrelevade dans l'erreur historique de Nicolas Sarkozy, ou plus simplement Schumpeter dans Capitalisme, Socialisme et Démocratie le font valoir.

    Ce n'est donc pas la demande qui crée la richesse, comme le voudraient les Socialistes Keynésiens, mais bien l'offre (enfin, plus exactement, la qualité de l'offre), levier que François Bayrou affirme vouloir actionner dans son État d'urgence.

  • Législatives : Alain Lambert invite Axel Kahn à débattre

    L'air de rien des candidats se positionnent dans de nombreux partis pour les législatives qui suivront l'élection présidentielle. Rappelons en effet qu'elles suivent d'un mois la nomination du chef de l'État.

    On sait que des circonscriptions ont été négociées âprement par les Verts auprès du PS, que Guéant va se présenter à Boulogne-Billancourt, que Ségolène Royal est parachutée à La Rochelle, que Jack Lang est un sans circonscription fixe désormais ou encore que François Fillon compte se présenter à Paris.

    Parlons-en, tiens, de la circonscription de François Fillon : la 2ème, très précisément. Ça chauffe, là-bas, parce qu'il se trouve qu'elle mord en grande partie sur le 7ème. Or, là-bas, il y a une certaine Rachida Dati qui a bien compris que la candidature de Fillon lui servira de marche-pied pour les municipales parisiennes de 2014. Et là...Adieu Rachida, retour à Châlons, comme le dit Morano. La belle n'a donc pas l'intention de se laisser faire. Claude Goasguen qui escomptait devenir le patron de la droite parisienne voit évidemment d'un sale oeil la venue de Fillon, ce qui explique son soutien sans condition à Rachida...

    En face, le PS a décidé de présenter du lourd : le généticien Axel Kahn, ex-Président (son mandat vient d'arriver à terme le 20 décembre dernier) de l'Université Paris Descartes. Rien que ça. Ça va chauffer. Grand désappointement des apparatchicks socialistes locaux, Christophe Girard et Marie-Pierre de la Gontrie, qui s'y verrait bien, d'autant qu'avec la division à droite, il y a peut-être un coup à jouer.

    Mais il pourrait y avoir un trouble-fête dans une bataille rangée qui s'annonce féroce : Alain Lambert, ex-ministre du Budget, est Ornais mais aussi parisien depuis fort longtemps. Il s'intéresse donc à cette 2ème circonscription.On sait que sa candidature sera centriste. Il est donc assez probable que le MoDem le soutienne, d'autant qu'il soutient et conseille François Bayrou, désormais.

    Alain Lambert n'aime pas trop le roman-feuilleton à épisodes que donne l'UMP localement. Il a donc décidé de prendre les devants et propose un débat vif mais cordial à Axel Kahn. A cet effet, il lui a écrit une lettre fort aimable.

    Au menu : la crise financière, la menace qui pèse sur l'euro et sur l'Europe, la réforme des institutions nationales et communautaires ou encore les valeurs de la République. On attend la réponse d'Axel Kahn.

  • Faut-il déléguer la solidarité à l'associatif ?

    François Bayrou a lancé une idée qui pourrait être à mon avis creusée, à la suite d'une visite dans une épicerie sociale.

    La solidarité est un levier efficace, qui ne nécessite que la bonne volonté des gens. Nous devons inventer une société nouvelle, où les initiatives individuelles et associatives sont davantage encouragées et aidées. Elles coûtent souvent beaucoup moins cher qu'une action de l'État. Elles démontrent que l'on peut allier la générosité et l'efficacité.

    C'est une réflexion que je me fais souvent aussi : est-ce que  l'État n'aurait pas intérêt à s'appuyer sur le réseau associatif et sur les initiatives individuelles pour mettre en oeuvre la solidarité ? Les associations de bénévoles maillent bien mieux le territoire que n'importe quel organisme social et savent mieux que l'État quels sont les besoins.

    Je crois davantage en un État facilitateur qui laisse l'intelligence collective s'organiser plutôt qu'en un État omniprésent qui pense à la place des individus.

    En même temps, cette idée doit être pensée en termes économiques, fiscaux et financiers : il ne s'agit pas d'ajouter de nouvelles charges à un État déjà bien trop dispendieux, mais plutôt d'opérer un transfert de responsabilité et...des fonds qui vont avec !

    L'aide aux associations peut aussi se faire sous la forme de biens matériels : terrains, locaux, véhicules, assistance d'un comptable ou d'un juriste, et cetera...

    Je suis pour ma part, amis lecteurs, preneur de données qui pourrait valider (ou infirmer) cette réflexion : des coûts de fonctionnement comparés, par exemple. Si les associations font mieux pour le même prix, mieux vaut verser l'argent que l'État dépensait aux associations. C'est en termes d'efficacité qu'il faut penser en priorité les services rendus, et, pour les associations, c'est leur viabilité (et non leur rentabilité) qu'il faut examiner.

  • Des CDD de 30 mois ?

    J'ai entendu que la CGPME voulait porter la durée maximale d'un CDD de 18 à 30 mois. L'argument avancé, c'est que cela permettrait aux PME qui ne se sentent pas les reins assez solides pour un CDI d'engager tout de même des salariés, mais pour un temps réduit en attendant des jours meilleurs.

    Je suis sceptique. Bayrou avait observé que le CNE de Dominique de Villepin en 2006 était contraire aux conventions du Bureau International du Travail. Je ne sais pas ce qu'il en est de ces 30 mois, mais j'ai un doute sur leur légalité. 

    Bon, évidemment, mieux vaut un CDD de 30 mois que le chômage donc il faut bien considérer la chose, mais il ne faudrait pas que la mesure serve une précarisation rampante l'air de rien.

  • Produire en France : mais comment ?

    L'Institut de l'Entreprise a organisé un sondage très intéressant auprès de plusieurs entrepreneurs sur la thématique lancée par François Bayrou, la production en France. Le sondage est intéressant parce qu'il demande aux entrepreneurs ce qui serait à leur avis nécessaire pour développer le made in France. J'ai toutefois un regret : sur 1000 contacts pris, 92 seulement ont répondu à l'Institut de l'Entreprise.

    Tous s'accordent toutefois à reconnaître que la France souffre avant tout d'une perte de sa compétitivité. Particulièrement, la concurrence des bas salaires, de faibles performances en matière d'innovation et de recherche et des coûts de production trop élevés sont mis en avant.

    Mais ce qui m'a surpris, c'est ce que ces décideurs ont proposé pour redresser l'industrie française : ils placent à une majorité écrasante (96%) l'éducation et la formation comme priorité pour en améliorer sa compétitivité. En deuxième position, on trouve les pôles d'innovation et de recherche. 

    Cela rejoint clairement l'analyse de François Bayrou qui fait du produire et de l'instruire les deux jambes sur lesquelles la France doit marcher. Je pense, si du moins j'en crois l'analyse de Jean Peyrelevade, l'un de ses conseillers économiques, qu'il s'accorde à penser que les marges des entreprises sont trop faibles ce qui les empêche de développer leur RD. L'idée de s'appuyer sur la CSG pour financer la protection sociale, en plus d'être plus juste puisqu'elle touche tous les revenus, dégagerait sans doute quelques marges supplémentaires pour les entreprises.

    Je n'ai pas été si surpris de voir arriver la question de la formation et de l'éducation en pole-position : j'avais fait savoir le 26 novembre dernier que la CGPME (Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises) cherchait à pourvoir 250 000 emplois. La CGPME, s'appuyant sur une enquête du CREDOC (dont Robert Rochefort, proche conseiller de François Bayrou, a longtemps été le directeur), constatait que 7 entrepreneurs sur 10 peinaient à trouver chaussure à leur pied quand ils recrutaient.

    A ce sujet, il y a  eu un soupçon sur la nature et la qualité des emplois proposés : j'ai donc contacté le service de communication de la CGPME pour en savoir plus, et, voilà ce que j'ai obtenu comme éléments supplémentaires : 

    - A ce jour le salaire médian proposé s’établit à 1990€ (même si la plupart des offres ne mentionnent pas cet élément.)

    - 44% des offres dans le secteur des services ; 40% dans l’industrie ; 16% dans le commerce

    - 69% des offres en CDI ; 31% en CDD

    En termes d'emplois, il y a en tout cas un problème d'adéquation entre formation et demande. Il serait intéressant de demander aux chefs des PME s'ils pensent eux aussi que ce décalage affecte leur compétitivité.

    Il est également intéressant de constater que les entrepreneurs sont une large majorité à n'avoir que faire des subventions et aides publiques. 

    Il y a en revanche un impondérable qui demeure un obstacle apparemment insurmontable, c'est celui des coûts salariaux : pour les 2/3 des décideurs qui ont répondu, c'est l'obstacle principal à la production en France.

    Je me suis fait sur ce point une réflexion : si ce sont les coûts salariaux qui génèrent le plus de problème, il faudrait les rendre sinon marginaux, du moins secondaires dans le coût final d'un produit. Ceci est envisageable avec une mécanisation accrue de l'industrie. En effet, une machine est une machine : si dans la production, la machine entre pour 80% et l'homme pour 10%, même si l'homme français coûte le double de l'homme chinois, par exemple, il n'impacte pas fortement le coût final du produit.

    L'inconvénient, dans une telle hypothèse, c'est qu'il faut soit accroître la production en vendant plus, soit perdre significativement des emplois. Enfin, je dis ça, après tout, je ne suis ni entrepreneur, ni industriel ni économiste (pour ces derniers, on dit toutefois que Dieu les a créés pour tenir compagnie aux météorologistes...).

    Bayrou organise un forum à ce sujet en janvier : nous en saurons sans doute plus à ce moment-là.

  • Au protectionnisme, Bayrou oppose le commerce loyal

    Le protectionnisme ne va pas tarder à émerger comme thème de campagne majeur : il transparaît déjà plus ou moins à travers le "Made in France". Plusieurs candidats (Marine le Pen, Nicolas Dupont Saint-Aignan, Jean-Luc Mélenchon) en ont fait leur bâton de maréchal.

    Dans son État d'urgence, Bayrou a dénoncé les lourdes conséquences du protectionnisme pour une nation exportatrice comme la nôtre, d'autant que ce sont les machines et les biens industriels qui consistuent le principal de nos exportations, contrairement à une idée reçue (eh oui, le luxe et l'agro-alimentaire sont rélégués bien en deçà...).

    Il en a en revanche tiré une nouvelle idée, à la croisée du commerce équitable et d'une interprétation de feu le Traité Constitutionnel Européen. La notion de concurrence libre et non-faussée peut s'interpréter de plusieurs manières : à l'économie en jugeant qu'il faut faire sauter toutes les protections sociales, et, au contraire, largement en considérant tous les éléments qui rentrent dans le coût d'un objet.

    C'est la fusion de l'idée qui se trouve derrière le commerce équitable et de cette dernière interprétation de la concurrence non-faussée qui a donné à Bayrou l'idée d'une concurrence et d'un commerce assis sur des bases loyales.

    Cela suppose, par exemple, pour une entreprise qui exporte ses produits en Europe, de ne pas s'exonérer des contraintes et normes qui valent au sein du marché européen en délocalisant sa production là où ces normes n'existent pas.

    Ce sont les pistes que le MoDem et plus généralement le Parti Démocratique Européen défendent depuis un bon moment. Marielle de Sarnez, en particulier, depuis qu'elle a été réélue député européenne, est en pointe sur cette idée de commerce loyal, c'est d'ailleurs le sens d'un amendement qu'elle avait déposé pour la période 2009-2014 auprès de la commission du commerce de l'UE.

    Le gouvernement français, sous l'égide de Christine Lagarde, a tenté de réaliser à l'échelle européenne la proposition de François Bayrou d'un Small Business Act pour les PME. La procédure semble longue. le dossier a été déposé en 2008.  Il y a eu  une réponse de la Commission sous forme d'une loi en décembre 2008. Et en février dernier, la Commission a décidé d'évaluer les effets des décisions de 2008 afin de considérer ce qu'il demeurait à faire. Christine Lagarde a aussi confié à l'avocat Fabrice Demarigny la mission de faire des propositions dans le domaine juridique, ce qu'il a fait. Elle a donc adressé le rapport à le Commission Européenne en mars 2010.

     L'idée de Bayrou a donc fait son chemin... Quelle traduction de ces orientations en France, en revanche ?

    Un petit rappel, le SBA repose sur 10 principes :

    1 Créer un environnement dans lequel les entrepreneurs et les entreprises familiales peuvent prospérer et où l’esprit d’entreprise est récompensé.

    2 Faire en sorte que les entrepreneurs honnêtes qui ont dû déposer leur bilan bénéficient rapidement d’une seconde chance.

    3 Définir les règles selon le principe « Penser petit d’abord ».

    4 Assurer la réactivité des administrations aux besoins des PME.

    5 Adapter les outils des pouvoirs publics aux besoins des PME : faciliter la participation des PME aux marchés publics et mieux exploiter les possibilités qui sont offertes aux PME en matière d’aides d’État.

    6 Faciliter l’accès des PME au financement et mettre en place un environnement juridique et commercial favorisant la ponctualité des paiements lors des transactions commerciales.

    7 Aider les PME à profiter davantage des potentialités du marché unique.

    8 Promouvoir le renforcement des qualifications au sein des PME et l’innovation sous toutes ses formes.

    9 Permettre aux PME de transformer les défis environnementaux en opportunités.

    10 Encourager et aider les PME à tirer parti de la croissance des marchés.

     La création de la médiation du crédit aux entreprises est par exemple l’une des mesures concrète prise par la France dans le cadre de la mise en place du SBA. On peut également citer l’internationalisation des PME par le biais des aides financières en faveur des exportations, des stratégies d’accès aux marchés et la participation à des salon ou l’accès des PME aux marchés publics. 

    Là encore, on se heurte à un problème d'information : les marchés publics semblent désormais plus accessibles aux PME, mais la plupart d'entre elles ne le savent pas ! C'est en ce sens que François Bayrou parlait de mutualiser les moyens juridiques des PME. Tout comme dans le cas du Made in France, c'est l'information qui fait défaut aux PME pour profiter à plein de ces nouvelles opportunités.

    Marielle de Sarnez défend l'idée d'une réindustrialisation pas seulement de la France, mais de la totalité de l'Europe afin de lui redonner de la vigueur : en somme, la recette Bayrou appliquée à l'Europe toute entière. Il reste à voir quelle suite va être donnée à cette proposition. Je suppose que son groupe, le PDE (Parti Démocratique Européen) va déposer prochainement un amendement et des propositions en ce sens.

    Nul doute qu'il reviendra au prochain président de la France de concrétiser davantage le mouvement initié depuis 2008. Dans ce genre de cas, mieux vaut confier les rênes de l'attelage à son promoteur, et, en la circonstance, il semble bien que cela soit François Bayrou...

  • Bayrou/Le pen, la bataille du Made in France

    Il fallait s'y attendre, à partir du moment où François Bayrou a amené dans la campagne le Made in France, tous ses concurrents allaient y aller de leur petite touche sur la question.

    Le cas de Marine Le pen mérite toutefois une attention particulière. J'ai lu le programme  présidentiel de Marine Le Pen. Surprise ! On pourrait croire à un certain nombre de convergences entre Bayrou et Marine Le pen : elle aussi parle de réindustrialisation, de simplification administrative, de planification, de made in France et a même récupéré le Small Business Act de Bayrou de 2007. Mais la comparaison s'arrête là. Nombre de mesures économiques génèrent des conséquences très différentes selon le contexte dans lequel on les applique. En outre, Marine Le pen assure que le FN a toujours défendu ces propositions. C'EST FAUX. Page 41, voici le programme économique de Jean-Marie Le pen en 2007 : aucune des mesures que je cite ci-dessus n'y figure. En revanche, voici celles de François Bayrou en 2007 : il n'y a pas le commissariat au plan ni le label Made in France, mais le reste y est. Le label Made in France est une idée qui est venue à Bayrou en 2008 quand il a commencé à s'intéresser à la réindustrialisation avec Jean Peyrelevade que le sujet passionnait depuis longtemps. Le rapport de Yves Jégo lui a fourni la matière finale pour formuler ses premières propositions dans le domaine. 

    Finalement, ces mesures sont comme du souffre : en tant que tel, le produit n'est pas explosif, mais mélangez-le avec du salpêtre et ça fait boum. Ainsi, le fond de la relance économique de Marine Le pen, c'est d'abord et avant tout la barrière douanière. Bayrou l'a montré très clairement dans son État d'urgence : un tel choix est suicidaire parce que la France est une nation exportatrice, et ce, même si notre balance commerciale connaît un fort déficit. Sur la question du protectionnisme, on trouve un discours similaire chez Mélenchon et plus généralement à la gauche de la gauche, comme par exemple chez le blogueur SuperNo.

    Il faudra donc que FN, décroissants et Frontistes de Gauche m'expliquent ce qu'ils comptent faire des entreprises françaises qui exportent. Il y a la solution de l'autarcie, évidemment, mais les deux exemples immédiats qui me viennent en tête, la Roumanie de Ceaucescu et la Corée du Nord, ne plaident pas vraiment pour elle.

    Ce que l'on peut exiger, en revanche, c'est le respect de normes communes pour tout bien vendu dans l'espace européen : le MoDem plaide de longue date en ce sens, et Marielle de Sarnez fait même souvent valoir qu'il faut porter le combat jusque dans les cercles de l'OMC.

    La gauche pourtant modérée semble faire une fixation sur le Made in France dans lequel elle voit une dérive nationaliste. Dérive qu'elle oppose à l'Europe. Je l'ai déjà dit mais il me faut le répéter : le label Made in France paraît plus gênant à cette gauche-là que par exemple la certification AB pour l'écologie ou encore la mention fair trade Max Havelaar pour le commerce équitable ? Est-ce que des magazines comme Que Choisir ou 60 millions de consommateurs sont nationalistes quand ils demandent à savoir d'où vient tel ou tel produit ?

    Qu'a constaté Bayrou ? Qu'il y avait un gisement d'emplois, de croissance et de productivité dans le sentiment patriotique des Français, et qu'on pouvait même espérer rééquilibrer notre balance commerciale grâce à ce gisement-là. Est-ce mal ? Lui-même, très attentif à acheter du Made in France, a constaté que c'était un vrai labyrhinte pour parvenir à trouver une information exhaustive et transparente sur le sujet. Que souhaite François Bayrou ? Éclairer le citoyen-consommateur. Est-ce mal ? La gauche modérée peut-elle m'expliquer quelle dérive nationaliste elle voit dans cette volonté ? Elle rêve de quoi, cette gauche modérée ? d'une Cinquième Internationale sans pays ni nations ? C'est le mot France qui la gêne ? Par ailleurs, Bayrou a une idée plus large, puisqu'il envisage un tel étiquetage à l'échelle européenne, tout simplement, et cet étiquetage-là profiterait à tous les citoyens européens, et pas seulement aux citoyens français. Une version expurgée et raisonnable du localisme cher aux écologistes, en somme.

    Bref, entre une extrême-droite et une extrême-gauche qui ne rêvent que de barrières, une gauche bon teint qui rêve d'effacer les frontières et les pays, il me semble que la proposition de François Bayrou réalise une synthèse heureuse dans laquelle tout un chacun pourrait se reconnaître.

  • Acheter français ou Made in France c'est mal ?

    Depuis que Bayrou a amené dans la campagne présidentielle le Made in France, on se déchaîne à gauche et à droite. 

    Il est devenu de bon ton d'accuser Bayrou de nationalisme, et mon camarade de Lyonnitudes, tout comme l'équipe d'Éva Joly et même François Hollande n'ont pas manqué de marcher dedans.

    Moi, j'appelle Bayrou à ne pas se laisser intimider. Non, ce n'est pas du nationalisme que d'appeler à acheter la production française ou même de la marque française. J'avoue que c'est très surprenant des Verts qui prônent le localisme que d'attaquer Bayrou parce qu'il fait valoir l'intérêt économique d'acheter ce qui se produit sur notre sol : il me semble que cela se combine très bien avec le concept qu'il développe, l'écologie positive, et puis, Hervé Torchet le démontre clairement dans son dernier billet, il est évident que cela réduit considérablement le bilan carbone du bien produit. Hervé fait au passage une observation de bon sens avec ses AOC qui sont des certificats indiscutables de localisme.

    Il y a plus : Robert Rochefort, ancien président du CREDOC et expert économique du MoDem a fait un calcul très simple dont je rends compte ici : 

    Tous les mois les français dépensent 36 milliards d'euros dans l'achat de produits industriels de consommation. Cela fait un peu plus de 400 milliards d'euros par an. Si l'on change uniquement 10 pour cent de notre consommation, c'est a dire 10 pour cent des produits que l'on achète qui viennent d'ailleurs que l'on transforme en produit que l'on achète en France, cela permettra de réduire de moitié le déficit de notre commerce extérieur, qui s'élèvera cette année à 75 milliards d'euros . Ces 40 milliards de plus vont permettre la relance pour l'activité économique de notre pays sans 1 euro d'impôt en plus.

    L'idée tombe très bien car elle rencontre la volonté du peuple : les Français sont justement prêts à acheter made in France et même à payer 10% plus cher si le produit est certifié production locale.

    Pour répondre au Parisien Libéral, la proposition de Bayrou ne concerne pas la seule indsutrie même s'il faut rappeler que c'est elle qui a la plus forte valeur ajoutée mais toute l'économie dématérialisée, cela va de soi.

    Laurent de Boissieu a judicieusement mis en garde contre une confusion entre acheter français et acheter Made in France. Je pense que Bayrou est clair sur le sujet. Il s'agit bien de Made in France dont il veut parler. Toutefois, le fait d'acheter français ne ferait pas pour autant de lui un nationaliste comme je l'ai entendu, et ensuite, évidemment, le fait d'acheter des marques françaises contribue aussi à l'enrichissement de notre pays. C'est je pense ce que fait observer le Parisien Libéral. Nous sommes d'accord, il s'agit de jouer sur les deux tableaux, mais certainement pas avec des mesures protectionnistes comme veut le faire le Front National.

    A droite, on dénonce un mesurette, mais on s'empresse d'embrayer sur le même discours. Tous ces gens-là, au fond, ne me semblent pas partager une conviction profonde de Bayrou qui est une donnée fondamentale dans sa manière de raisonner. Bayrou, et plus généralement toute la tradition libérale et centriste depuis Montesquieu, a toujours fait de l'individu le centre de toute action. Or, Bayrou croit profondément dans le pouvoir du citoyen-acteur. Le citoyen n'est pas de son point de vue un être passif qu'il faut mener à la shlague ou au contraire qu'il faut couver façons Care à la Martine Aubry. C'est d'abord un individu libre, capable d'agir sur son environnement. Acheter Made in France, c'est agir sur l'environnement économique. Il y a une efficience naturelle du citoyen-acteur en laquelle François Bayrou place une profonde confiance. Il a observé la manière dont l'intelligence collective, quand on ne la recouvrait pas d'une chappe de plomb, se montrait capable de réaliser les productions les plus efficaces et les plus inventives. Wikipedia, par exemple, qui fascine Bayrou. Bayrou est un humaniste car il croit en l'être humain. C'est cela la marque de fabrique de l'humanisme. Il ne suffit pas de le dire pour être un humaniste. Il faut en prendre acte dans son mode opératoire de pensée. 

    Libérer les énergies, les initiatives, c'est l'idée de départ du programme du MoDem, le parti de François Bayrou. C'est aussi pour cette raison que l'État bayrouiste n'a pas pour vocation d'écraser l'individu, ni de se déinstéresser de son sort, pas davantage de prendre des décisions à sa place mais, au contraire, de lui faciliter ses choix, car c'est la liberté de l'individu qui est l'objet principal de cet État-là. Et il y a un lien consanguin, à n'en pas douter, entre la liberté et le bonheur.

    Il est indigne de chercher à culpabiliser les adeptes du Made in France, comme cherchent à le faire ignominieusement la gauche et quelques autres beaux esprits ; il faut au contraire en faciliter le choix par le citoyen en lui garantissant une information fiable, le label à étoiles de Bayrou autrement dit.

    L'humanisme de Bayrou se retrouve à nouveau à travers sa conception du rapport de l'homme à la nature : ce qu'il appelle l'écologie positive. C'est autour des liens que l'homme tisse avec la nature que l'écologie doit s'avancer. Ainsi les abeilles dont les écologistes ne parlent plus assurent 50% de notre alimentation. Pourquoi se concentrer exclusivement sur le nucléaire ? Yan Werhling faisait observer fin novembre que le vrai problème, ce n'est pas tant le nucléaire que les énergies fossiles en général qui nous mèneront immanquablement vers une crise similaire aux crises financières que nous vivons. Bref, notre écologie doit être empreinte d'un pragmatisme certain et dégagé de toutes formes d'idéologie et de jugements moraux en soi. J'aurai l'occasion d'y revenir dans un prochain billet.

  • A vouloir flinguer Bayrou, Barthès s'est pris les pieds dans le tapis.

    Barthès aime bien faire le malin : il a voulu démontrer que Bayrou faisait l'inverse de ce qu'il prônait parce qu'il est monté dans une audi noire après un meeting. Sauf qu'à trop vouloir en faire, on finit par raconter des conneries, et ce n'est pas la première fois au Petit Journal : l'audi en question était celle d'un conseiller municipal de Pau, pas celle de Bayrou qui est...une renault twingo ! La twingo I a été produite en France et en Espagne. La twingo II est produite en Slovénie. Dans tous les cas de figure, Renault est censée être une marque française.

    Par ailleurs, depuis 2011 la voiture familiale de Bayrou est une peugeot  3008 fabriquée en France à 100% !

    J'ajoute que sur la situation qu'a voulu exploiter Barthès, Bayrou a du monter dans l'audi parce que son épouse était repartie avec la peugeot 3008 , tout simplement.

    Les prédicateurs de vertu, fussent-ils des humoristes, m'ont toujours agacé. Venant d'un mec qui touche 150 000 euros brut par mois, ça énerve passablement. Barthès a surtout montré sa profonde méconnaissance de l'industrie automobile. Beaucoup de véhicules sont aujourd'hui des assemblages et ce ne sont pas forcément des marques françaises qui produisent en France.

    De produites en France (à peu près intégralement) il resterait à l'heure actuelle les citroën DS3, DS4 DS5, C6 et C8, les peugeots 807, 3008 et 5008, les  renault laguna III,III Estate, III coupé, Clio III et IV sport, la Mégane III cabriolet, la Scénic III, la toyota yaris, et, enfin, les trois marques françaises produisent leurs utilitaires en France.

    D'autres modèles peuvent être produits en France, mais pas seulement, si bien que l'on ne sait exactement ce que l'on achète.

    Comme quoi, ce n'est pas si simple, Monsieur Barthès...Alors avant de faire le malin...

  • Made in France by François Bayrou

    Le Made in France façon Bayrou suscite manifestement des adhésions nombreuses mais également des interrogations. A vrai dire, j'ai fait comme François Bayrou : j'ai consulté avec la plus grande attention le rapport d'Yves Jégo sur le Made in France. Évidemment, Yves Jégo rit un peu jaune : ce n'est pas dans son camp (celui de Nicolas Sarkozy) mais en face, dans l'opposition, qu'on lit ses rapports. Bayrou s'intéresse depuis un bon moment à cette piste : en fait, il suit avec beaucoup d'attention les études qui paraissent et enquête lui-même depuis la fin 2008.

    Le Made in France côté acheteur n'est évidemment qu'un aspect de la stratégie globale de François Bayrou pour stimuler la production française, mais je vais m'y intéresser en particulier. 

    J'entends beaucoup de commentateurs assurer qu'il s'agit là de la reprise d'une vieille idée ; c'est bien possible, mais Bayrou y ajoute une dimension typiquement de notre époque : l'information. Il ne suffit pas de dire qu'il faut acheter français, il faut s'assurer que l'information donnée sur l'origine du produit ne soit pas biaisée et trouver un moyen de centraliser les données.

    Et on est là au coeur du problème. Tenez, chez moi, mon lave-vaisselle est à l'agonie et rend l'âme. Du coup, j'escompte hâter ses funérailles et le remplacer, cette fois, par un lave-vaisselle français. Je me suis rendu sur hexaconso puis la fabrique hexagonale mais pas d'informations sur l'électro-ménager français là-bas. Nada également sur le site Made in France. J'avais par chance entendu parler de l'association Pro-France, dont Yves Jégo est le président : ouf, j'ai trouvé là-bas un lien qui renvoyait au site Veritas, organisme de certification : une fois sur le site Veritas, j'ai fini par repérer la liste des produits labellisés Made in France. J'ai compté le nombre de clics, sans parler des lectures de page nécessaires : plus d'une douzaine. Ça va, je suis persévérant... Bon, dans la liste, on trouve les lave-vaisselles Fagor-Brand-Sauter-De Dietrich, ouf ! Après, évidemment, il restait à savoir si de gros distributeurs assuraient la vente des marques concernées. Ouf une deuxième fois : c'est le cas chez Darty ! IL ne me reste plus qu'à devenir moyennant un prix très raisonnable l'heureux possesseur d'un lave-vaisselle français. Cela devrait venir pour Noël. Au passage, les peix pratiqués par Fagor tordent le cou à l'idée que le produit français serait plus cher que les autres ; au contraire, chez Darty, les lave-vaisselle fagor font partie des moins coûteux.

    Inversement, quand je me rends sur des sites de fabricants français, notamment dans le textile, je vois qu'ils ne sont pas distribués dans les chaînes de textile. Je m'extasiais récemment d'avoir trouvé des chaussettes françaises chez Arthur, mais en fait, bleuforêt, archiduchesse en produisent depuis longtemps. D'une certaine manière, je me demande si ce n'est pas le commerce électronique qui pourrait sauver ces petits fabricants, puisque les gros ne les distribuent pas ; mais même sur internet, il est préférable de s'organiser en centrales. 

    En fait, il manque une très grosse centrale de l'envergure d'un priceminister ou quelque chose de ce genre pour lancer en grandes pompes le Made in France. Cela reste à inventer, puisqu'actuellement, ce sont des volontaires (Hexaconso, la fabrique hexagonale,Made in France, Pro France) qui font à leur manière le job. 

    J'ai lu et entendu dans la presse cette semaine que Bayrou faisait du neuf avec du vieux puisque l'idée était ancienne. Je pourrais répondre avec humour qu'il entre en force dans l'économie du recyclage, technologie particulièrement novatrice à l'heure actuelle. Mais au fond, ce sont ses contradicteurs qui n'ont pas perçu l'étendue exacte de son idée. 

    Il a raison de créer un buzz énorme sur la question et les fabricants français peuvent le remercier, parce que juste avant Noël, c'est du pain bénit pour eux : on en parle partout, et, du coup, les Français vont davantage penser à acheter français. Cet homme-là n'est même pas encore élu qu'il stimule déjà la production française... :-)

    Nous vivons dans une société d'hyper-communication : une communication spécifique, quand les circonstances s'y prêtent, peuvent générer une vraie lame de fond. Comment croyez-vous qu'Apple soit sorti de l'ornière il y a dix ans ? On la voyait morte, puis l'idée géniale a fait surface, assortie d'une communication extraordinaire. Quand j'y pense : Apple est sorti du marché des ordinateurs il y a une dizaine d'années et revient aujourd'hui par la porte des tablettes avec leur i-pad, et plus généralement l'internet mobile. Or, l'informatique mobile remplace désormais les outils statiques...Qui l'eût cru ? Mais ils ont aussi une communication extraordinaire : ils réussissent à faire faire des heures de fils à une floppée de fan à chaque sortie d'un nouveau produit. Vous imaginez un peu ce que cela serait si on parvenait, en France, à orchestrer une campagne de ce niveau sur le Made in France ? On ferait exploser les compteurs et les chaînes de fabrication des producteurs français !

    Au-delà ce cet aspect, ce qui est novateur, dans l'approche de Bayrou, c'est d'avoir compris qu'il y avait une demande forte en ce sens. Les sondages convergent pour garantir un effet certain de la mesure qui consisterait à attribuer un pourcentage de label Made in France.

    Bayrou a dressé dans son État d'urgence une esquisse de sa stragégie : une prise en tenaille entre d'un côté le sentiment du consommateur, fortement favorable à son label et de l'autre un environnement favorable à l'entreprise en jouant sur la fiscalité : pour l'instant, seuls les salariés et l'entreprise financent l'essentiel de notre protection sociale. Ce n'est pas juste, car la protection sociale concerne la totalité de notre société. Comme l'observe parfois Jean Peyrelevade, les entreprises françaises sont celles qui obtiennent les marges les plus faibles d'Europe sur leur valeur ajoutée. Or, ce sont précisément ces marges qui permettent d'investir en recherche et développement. Rééquilibrer le coût de la protection sociale permettrait en passant aux entreprises de desserrer l'étau qui les étrangle. Une CSG qui taxerait TOUS les revenus (plus-value,capitaux, travail,retraites, et cetera...) favoriserait donc l'investissement sur notre sol. Plus généralement, à l'inverse de ce qui est fait depuis des années, le projet de François Bayrou est spécifiquement orienté vers l'offre et non vers les demande.

    François Bayrou a fait de la production sur le territoire national son principal cheval de bataille. Le «Made in France» est l'axe stratégique principal de son programme économique. La seule autre force politique à s'en préoccuper, même si ce n'est qu'un axe secondaire de son projet, c'est le Front National .

    Sauf que le FN propose, en fait de programme économique et industriel, de taxer moins les biens produits en France et plus ceux venus de l'étranger. Programme dangereux s'il en est : les pays touchés par ces mesures ne manqueront pas d'en faire autant et toute l'industrie d'exportation française sera frappée durement. C'est bien les risques de ce protectionnisme-là contre lesquels Bayrou met en garde dans son État d'urgence ; je pense d'ailleurs qu'il vise directement le Front National dans son livre sur ce sujet.

    Les autres forces politiques essaient d'enfourcher un cheval de bataille qu'elles ont toujours délaissé : l'UMP n'a pas cru bon de prêter aux travaux d'Yves Jégo l'attention qu'ils méritaient, quant aux autres...dans les milieux de gauche aisés, quand on prononce le mot "France" ou qu'on évoque les identités régionales, on est renvoyé au nationalisme et aux dérives identitaires. Autant dire que ce n'est pas la gauche bien-pensante qui risque d'avoir ce genre d'idées : elle traite le made in france comme elle traite la francophonie. Par le mépris.

    Ce n'est pas un hasard si c'est un agrégé de lettres classiques, pétri d'humanités françaises qui a cette idée : Bayrou s'est toujours montré en pointe dans la défense d'une certaine idée de la France. Rappelez-vous les Européennes de 2009 : on lui a reproché de parler de la France quand il s'agissait d'élections européennes. J'entends parfois, à l'inverse, certains le qualifier d'européiste.

     Sa démarche marque bien, pourtant, à quel point il croit à une France forte. Forte, mais pas isolée : il ne la dissocie pas de l'Europe, mais, comme le disait le MoDem en 2009, l'Europe est forte de ses nations, et les nations européennes sont fortes de l'Europe. C'était la conclusion du groupe Identités et Valeurs du MoDem. C'est cette dialectique dans laquelle évolue Bayrou, ce qui permet à la fois de dire de lui qu'il a une posture gaullienne, et en même temps de reconnaître en lui un Européen convaincu.