Le protectionnisme ne va pas tarder à émerger comme thème de campagne majeur : il transparaît déjà plus ou moins à travers le "Made in France". Plusieurs candidats (Marine le Pen, Nicolas Dupont Saint-Aignan, Jean-Luc Mélenchon) en ont fait leur bâton de maréchal.
Dans son État d'urgence, Bayrou a dénoncé les lourdes conséquences du protectionnisme pour une nation exportatrice comme la nôtre, d'autant que ce sont les machines et les biens industriels qui consistuent le principal de nos exportations, contrairement à une idée reçue (eh oui, le luxe et l'agro-alimentaire sont rélégués bien en deçà...).
Il en a en revanche tiré une nouvelle idée, à la croisée du commerce équitable et d'une interprétation de feu le Traité Constitutionnel Européen. La notion de concurrence libre et non-faussée peut s'interpréter de plusieurs manières : à l'économie en jugeant qu'il faut faire sauter toutes les protections sociales, et, au contraire, largement en considérant tous les éléments qui rentrent dans le coût d'un objet.
C'est la fusion de l'idée qui se trouve derrière le commerce équitable et de cette dernière interprétation de la concurrence non-faussée qui a donné à Bayrou l'idée d'une concurrence et d'un commerce assis sur des bases loyales.
Cela suppose, par exemple, pour une entreprise qui exporte ses produits en Europe, de ne pas s'exonérer des contraintes et normes qui valent au sein du marché européen en délocalisant sa production là où ces normes n'existent pas.
Ce sont les pistes que le MoDem et plus généralement le Parti Démocratique Européen défendent depuis un bon moment. Marielle de Sarnez, en particulier, depuis qu'elle a été réélue député européenne, est en pointe sur cette idée de commerce loyal, c'est d'ailleurs le sens d'un amendement qu'elle avait déposé pour la période 2009-2014 auprès de la commission du commerce de l'UE.
Le gouvernement français, sous l'égide de Christine Lagarde, a tenté de réaliser à l'échelle européenne la proposition de François Bayrou d'un Small Business Act pour les PME. La procédure semble longue. le dossier a été déposé en 2008. Il y a eu une réponse de la Commission sous forme d'une loi en décembre 2008. Et en février dernier, la Commission a décidé d'évaluer les effets des décisions de 2008 afin de considérer ce qu'il demeurait à faire. Christine Lagarde a aussi confié à l'avocat Fabrice Demarigny la mission de faire des propositions dans le domaine juridique, ce qu'il a fait. Elle a donc adressé le rapport à le Commission Européenne en mars 2010.
L'idée de Bayrou a donc fait son chemin... Quelle traduction de ces orientations en France, en revanche ?
Un petit rappel, le SBA repose sur 10 principes :
1 Créer un environnement dans lequel les entrepreneurs et les entreprises familiales peuvent prospérer et où l’esprit d’entreprise est récompensé.
2 Faire en sorte que les entrepreneurs honnêtes qui ont dû déposer leur bilan bénéficient rapidement d’une seconde chance.
3 Définir les règles selon le principe « Penser petit d’abord ».
4 Assurer la réactivité des administrations aux besoins des PME.
5 Adapter les outils des pouvoirs publics aux besoins des PME : faciliter la participation des PME aux marchés publics et mieux exploiter les possibilités qui sont offertes aux PME en matière d’aides d’État.
6 Faciliter l’accès des PME au financement et mettre en place un environnement juridique et commercial favorisant la ponctualité des paiements lors des transactions commerciales.
7 Aider les PME à profiter davantage des potentialités du marché unique.
8 Promouvoir le renforcement des qualifications au sein des PME et l’innovation sous toutes ses formes.
9 Permettre aux PME de transformer les défis environnementaux en opportunités.
10 Encourager et aider les PME à tirer parti de la croissance des marchés.
La création de la médiation du crédit aux entreprises est par exemple l’une des mesures concrète prise par la France dans le cadre de la mise en place du SBA. On peut également citer l’internationalisation des PME par le biais des aides financières en faveur des exportations, des stratégies d’accès aux marchés et la participation à des salon ou l’accès des PME aux marchés publics.
Là encore, on se heurte à un problème d'information : les marchés publics semblent désormais plus accessibles aux PME, mais la plupart d'entre elles ne le savent pas ! C'est en ce sens que François Bayrou parlait de mutualiser les moyens juridiques des PME. Tout comme dans le cas du Made in France, c'est l'information qui fait défaut aux PME pour profiter à plein de ces nouvelles opportunités.
Marielle de Sarnez défend l'idée d'une réindustrialisation pas seulement de la France, mais de la totalité de l'Europe afin de lui redonner de la vigueur : en somme, la recette Bayrou appliquée à l'Europe toute entière. Il reste à voir quelle suite va être donnée à cette proposition. Je suppose que son groupe, le PDE (Parti Démocratique Européen) va déposer prochainement un amendement et des propositions en ce sens.
Nul doute qu'il reviendra au prochain président de la France de concrétiser davantage le mouvement initié depuis 2008. Dans ce genre de cas, mieux vaut confier les rênes de l'attelage à son promoteur, et, en la circonstance, il semble bien que cela soit François Bayrou...
Commentaires
La loyauté du commerce est une notion très subjective.
Mais au premier abord, ça peut vouloir dire que la TVA dite "sociale" est déloyale car elle n'intègre pas le cout de la protection sociale au prix des produits.
CQFD.
La loyauté du commerce est une notion très subjective.
Mais au premier abord, ça peut vouloir dire que la TVA dite "sociale" est déloyale car elle n'intègre pas le cout de la protection sociale au prix des produits.
CQFD.
La loyauté du commerce est une notion très subjective.
Mais au premier abord, ça peut vouloir dire que la TVA dite "sociale" est déloyale car elle n'intègre pas le cout de la protection sociale au prix des produits.
CQFD.
@Pierre
Pourquoi ?
@Pierre,
http://fr.wikipedia.org/wiki/TVA_sociale
;)
Mais...Je vous comprends un peu, une "cata" pour les retraites qui sont passées à un système par capitalisation outre-rhin, et grèves il y a eu^^^.
Pourquoi ? Si une partie du travail et des charges est exclue du prix des produits, la concurrence est faussée !
@Pierre
Je ne comprends toujours pas votre raisonnement : le but de la TVA sociale est justement d'intégrer le coût de la protection sociale sur le sol national afin d'éviter le dumping social ailleurs.
Je ne comprends pas comment on pourrait "éviter le dumping social ailleurs"...
Les seules choses que nous maitrisons sont :
1 -- les conditions sociales et fiscales de la production en France,
2 -- les conditions fiscales de la consommation en France, via la TVA.
Si une partie des charges sociales de la production française (locale + export) sont transférées sur la consommation intérieure (TVA sociale), alors le prix des produits exportés est sous-évalué car une partie des charges de leur production n'y serait plus intégrée : retraite, maladie, chômage, etc.
D'où mon soupçon d'échange déloyal.
Euh...L'héré,
Suis passée sur le site natio...FB le candidat ou M'me dS ?!
Pfiouou, la rafale^^^.
Dslée, de cette im-pertinance, une de plus à mon compte... ;o)))
@ Monsieur L'Hérétique,
On en finira donc jamais avec ce stupide aveuglement idéologique ?
L'Europe n'a absolument rien à craindre à rétablir les procédures normales de protectionnisme... et pour cause !
Seuls les pays européens ont été assez fous pour ouvrir en grand leur marché intérieur et diaboliser le protectionnisme !
Les autres pays vers lesquels, on pourrait vouloir exporter ou continuer à exporter n'ont jamais supprimer les outils de protections de leur marché !
Cette crainte, exprimée par Bayrou au sujet de lourdes conséquences imaginaires, est totalement absurde !
Rétablir le protectionnisme en Europe ne ferait qu'amener un retour à l'équilibre...
@Abd Salam
Vous n'ignorez pas que l'Europe exporte plus qu'elle importe : qu'arrivera-t-il pour nos entreprises qui exportent ?
@Pierre
En tout cas, pas plus déloyal que dans les pays où il n'y a tout simplement pas de protection sociale.
La loyauté des échanges avec les pays émergents reste une notion très subjective. Quand les plus anciens n'ont toujours été que paysans, quand les structures familiales traditionnelles assurent les solidarité inter-générationnelles, etc. il me semble très délicat d'établir des comparatifs de "protection sociale" pour évaluer la loyauté des échanges.
En revanche, la notion est beaucoup plus claire pour les pays développés et pour les pays européens en particulier. Dans ce cas, la "TVA sociale" constitue bien une forme de dumping social, c'est même l'argument avancé par ses promoteurs.
@Pierre,
J'vous manque? Depuis le qu'le mécano à fermé boutique^^^?
Dommage qu'il n'y ait eu aucune introspection personnelle à ce sujet! Rhooo
Les dernieres obligations sont les plus difficiles
MM. MITTERRAND, DELORS, CAMUDESSUS et LAMY, tous socialistes, ont fait sauter en 1983 les barrières douanières protégeant les pays Européens (LE MONDE-Aquilino MORELLE 8-9-2011) contre la concurrence inadmissible des salaires de misère chinois, d'horaires de travail inhumains, sans protection sociale. Aucun pays rémunérant convenablement ses salariés ne peut résister à cette concurrence, sauf (provisoirement) l'Allemagne, à raison de sa supériorité technique, et il en résulte un déficit généralisé permanent et croissant des balances commerciales. S'y ajoute la scandaleuse sous-évaluation du Yuan de 50%. A cela nous répondons par la diminution des salaires (scandaleuse!), et la réduction des emplois et des investissements (idiote car aggravant la récession). Ce système a conduit la République de WEIMAR à HITLER, et nous conduira à la ruine et à la révolte. Le plus grave est l'installation en Chine de nombreuses entreprises occidentales qui y prostituent leur technique et en profitent financièrement, à l'abri de ce système dictatorial inique et cruel.
Tout ceci a été prévu, expliqué, dit et écrit par les deux prix NOBEL d'économie Maurice ALLAIS et Joseph E. STIGLITZ, et par l'économiste Antoine BRUNET, mais aucun homme politique n'en parle, ni les socialistes car ils en en sont fautifs, ni la droite car d'aucuns, de plus en plus nombreux, en profitent.
J'aimerais avoir tort. Mais si le but est de trouver le bien-être en diminuant les salaires, il faut le dire. Le MEDEF, il faut le reconnaître, a eu cette franchise.
Dans ces conditions, il me reste à nous souhaiter à nous tous une fort belle apocalypse financière, en exploitant les pauvres des pays pauvres pour fabriquer des pauvres dans les pays riches, la seule chose qui importe étant de faire monter les cours des actionnaires qui n'en ont pas besoin.
Jean-Jacques MEYSEMBOURG
PS Je recommande la lecture des livres des trois économistes précités, dont vous trouverez les références et la documentation sur INTERNET.
Concernant les solutions financières que nous proposent les candidats (M. BAYROU faisant exception), je rappelle le mot de CHURCHILL disant ne pas croire aux statistiques, sauf à celles qu'il avait lui-même falsifiées!
@Jean Jacques,
Vous avez omis que dans les années 80, la Chine fonctionnait sous un système de double monnaie: yuan pour les étrangers et investisseurs et yuong pour sa population et réseau intérieur, avec interdiction d'exportation de monnaie hors certains circuits.
Ainsi lors d'achat à faire dans les commerces les étrangers payaient en Yuan surévalués et les Chinois en Yuong.
Ce schéma de double monnaie, ne me parait plus du tout envisageable en europe et puis a favorisé un marché parallèle très trouble^^^, échanges de monnaie illicites sur les marchés et ailleurs, meme si cela a occasionné un essors certain pour le pays, très important pour une poignée^^^ mais moindre tout de meme pour la base.
Faut pas croire, quand j'évoque un certain passé, du vécu terrain...
Tant francais, qu'US et Chinois à l'époque.
Pour d'autres pays à cette époque avec aucune double monnaie: le japon, l'inde, la thailande le pakistan; singapour, un monde à part^^^Qu'on va dire.
Néanmoins, je me demande comment va pouvoir évoluer dans le temps, une certaine "union monnaitaire" sud-américaine, qui a fait le choix de suivre l'exemple chinois mais démultiplié avec aucune unité territoriale and Co.
@ Jean-Jacques MEYSEMBOURG
Toute votre démonstration est censée, c'est un fait que la perméabilité du travail (personnes et capitaux) crée un dysfonctionnement, dès lors que leur valeur n'est pas absolue au sens propre du terme.
Maintenant quoi? Nouvelle économie? travailler moins pour gagner moins? je suis pour... reste une idée difficile à faire passer, et à réaliser.
@Pas convaincu,
Vous n'etes pas intéressant vous n'avez jamais rien apporté aux débats...
Très franchement dslée de devoir dire, ce que tout le monde pense tout bas.
Tiendez, vous faites pour moi partie du registre de certains democrates à la mode "free" sans frontières chez qui lorsque vous intervenez sur un billet précis, le dernier...Eh ben votre commentaire déposé figure sur un antérieur de son choix.
Voila, dans la vie, il y a les vrais démocrates et puis les autres^^^.
Dslée, Fred, mais lààà, vraiment too much...! Bons soins! Fuck u ^^^.
Oups, ai oublié de dire au FredLN, que je n'ai strictement rien à faire de ses ambitions d'élévations personnelles, d'autant plus lorsqu'il raconte des clowneries quand aux retraites, ailleurs^^^.
Bah, vouais: un simple alignement sur le mode de fonctionnement de régimes spéciaux bien de chez nous...Elèvement par le haut.
Ensuite, je n'aime pas alors vraiment pas du tout!!! de voir mon com déposé sur le dernier billet d' aujourd'hui de ces mois et année se retrouver à figurer à commenter un de ses billets de l'année passée...
Vomis, votre mode de fonctionnement Fred! Définitevement guérie meme d'envisager de déposer à nouveau un com chez vous.
@ Martine
Haha... Tout le monde pense tout haut que vous ne faites qu'emmerder le monde. Je ne prétend pas apporter quelque chose au débat, mais je ne crois pas lui nuire, au moins.
:p, je ne nuis à rien, je démystifie les "z'auto-proclamés importants" et leurs astuces...
Vous n'avez pas aimé, le volet Chine? Dommage, du vécu rien que du vécu pourtant! Personne n'ose l' évoquer, ne trouvez-vous pas cela étrange?
Ce n'est ni plus ni moins que l'analyse de Maurice Allais, libéral pour l'efficacité économique et socialiste pour le partage de la richesse, une concurrence saine et libre et non faussé ne peut fonctionner qu'avec des pays de même niveau économique, à défaut on sombre dans le dumping!
Donc le protectionnisme peut être un outil de régulation